Les meilleures sorties en musique médiévale

Récemment j'ai découvert ceci :


J'ai adoré.

L'interprétation est plastiquement exemplaire, et la prise de son créée une atmosphère très chaleureuse (sans nuire à la précision de cette prise).
Les instrumentistes font un travail de reconstitution très intéressant et les chanteurs sont splendides, leur chant suit parfaitement les inflexions du texte et de la musique.
Les œuvres sont très intéressantes, et permettent de comprendre d'où vient la musique de la Renaissance (d'ailleurs la notice est très précise sur les différents styles coexistant au début du XVe).

J'espère qu'Arcana va rééditer d'autres albums de cet ensemble.

Au détour de mes recherches en musique médiévale, je me suis rendu compte qu'il existe pas mal de CDs qui ne sont pas consacrés à un compositeur mais à un thème, style:

Monsters, Mazes and Masters
ou
Medieval Gardens in Music

Ce genre de disque m'intéresse. Est-ce qu'il y en aurait un à recommander?

L'ensemble La Reverdie a enregistré plein de disques sur ce type de thèmes, il sont à peu près tous recommandables et sont réédités depuis peu de temps.

Ah oui, tiens. J'ai vu leur CDs il y a quelques semaines.

En regardant rapidement, j'ai repéré Bestiarium et Nox Lux qui développent des thématiques qui pourraient m'intéresser (respectivement animaux, nature et nuit, jour).

Merci alexandre.

Vinocuakosecomeakikinsky a écrit:

Mélomaniac a écrit:

Spoiler:

non, non, non, NON !!!...

Si, Si, Si, SI !

alexandre. a écrit:

Récemment j'ai découvert ceci :

Spoiler:

J'ai adoré.

L'interprétation est plastiquement exemplaire, et la prise de son créée une atmosphère très chaleureuse (sans nuire à la précision de cette prise).
Les instrumentistes font un travail de reconstitution très intéressant et les chanteurs sont splendides, leur chant suit parfaitement les inflexions du texte et de la musique.
Les œuvres sont très intéressantes, et permettent de comprendre d'où vient la musique de la Renaissance (d'ailleurs la notice est très précise sur les différents styles coexistant au début du XVe).

J'espère qu'Arcana va rééditer d'autres albums de cet ensemble.

Un des sommets de la production de l'ars subtilior dans les années 1990 (j'avais acheté ce CD dès sa parution chez Arcana).
Oui, l'exécution est d'une extraordinaire finesse de réalisation. Les voix sucrées, veloutées, chaleureuses, épousent les moindres courbes d'un délicat instrumentarium de fûtes, organetto, cordes pincées, qui nous vaut des joutes et entrelacs d'un extrême raffinement. On peut aussi faire son miel avec la réédition de cet album soliste de Christophe Deslignes, chez Ricercar :

Spoiler:

Au demeurant, d'autres disques du même ensemble italien ont suivi chez le même éditeur, et chez Erato, mais la plupart sont hélas indisponibles.

Plus récemment : un insolite album consacré à une décapante lecture du Codex Faenza 117 nous a montré que la réflexion musicologique de Mala Punica reste toujours aussi aiguë, et sa concrétisation toujous aussi perfectionniste.

Mélomaniac a écrit:

On peut aussi faire son miel avec la réédition de cet album soliste de Christophe Deslignes, chez Ricercar :

Tu me donnes envie d'essayer, surtout si c'est un enregistrement (hautement) recommandable. Je n'ai jamais eu l'occasion d'entendre de la musique avec organetto, et Christophe Deslignes fait figure de grand spécialiste en la matière...

 Réédition du Jeu des Pèlerins d'Emmaüs par l'Ensemble Organum, en série économique.

http://www.amazon.fr/Jeu-P%C3%A8lerins-dEmma%C3%BCs-Anonyme/dp/B00GS601IQ

Roderick_U, in Playlist, a écrit:

Gothic Music in Bohemia 13-15th Century

 


 C'est bien ça Roderick ?
 
Tu peux préciser le programme ?

Volontiers, le programme est là : Gothic Music in Bohemia 13th-15th century

Pour ce qui est d'un avis personnel : les oeuvres sont formidables, en particulier les courtes pièces de minnesänger du début que je découvrais et les Machaut... mais pour l'interprétation c'est pas génial. Très "scolaire" en fait, surtout dans les virelais, et les voix ne sont pas très belles. C'est peut-être sur les Dufay que c'est le mieux, mais il y a tellement plus inspiré ailleurs... très dispensable.

 Je furète pas mal dans ce répertoire mais j'avais encore jamais croisé ce disque.

Merci pour le programme, intéressant et varié en soi. Mais si tu dis que l'interprétation n'est pas à la hauteur...

 Que devient le catalogue de feu le label Opus 111 ?

Il s'y niche des pépites comme ce disque, l'un des plus émouvants et réjouissants jamais consacré aux Cantigas de Santa Maria.

Mélomaniac, in Playlist, a écrit:

Llibre Vermell de Montserrat

In virgule gracie
Tanto sono da Gloriosa
A Madre de Jhesu-Cristo
Mui grandes noit'e dia
Casta catolica
O virgo splendens
Stella splendens in monte
Laudemus virginem / Splendens ceptigera
Los set gotyx
Cuncti Simus
Polorum Regina
Inperayritz de la ciutat joyosa
Ad mortem festinamus

= Alla Francesca

Emmanuel Bonnardot : voix, rebec, cistre, vièle valencienne, cloches
Raphaël Boulay : voix
Pierre Hamon : cornemuse, flûtes, tambour catalan, grelots
Brigitte Lesne : voix, harpe, tambourin à cymbalettes
Carles Mas : flabiol, tambours, cymbalettes, crécelle
Catherine Sergent : voix
Membres du Choeur d'enfants de la Maîtrise de Notre-Dame de Paris

(Opus 111, novembre 1994)

Un album dédié aux chants et danses médiévaux qui se pratiquaient à la dévotion mariale lors du pélerinage vers Montserrat et sa Vierge miraculeuse.

Une des grandes tueries du Huelgas Ensemble avant son passage chez Sony, -album réédité en collection économique :

http://www.amazon.fr/gp/product/B002NZJMOK

Et aussi dans ce coffret : http://www.amazon.fr/Baroque-Christmas-%C3%89dition-Adam-Gumpelzhaimer/dp/B00KZ5RPLC

Mélomaniac, in playlist, a écrit:

Antiennes cypriotes de l'Avent, ca. 1390

Nos demoramur - O Sapientia incarnata
Pictor eterne syderum - O Adonay domus Israel
Cunti fundent precamina - O radix Yesse splendida
Quis igitur aperiet - O clavis David aurea
Veni splendor mirabilis - Lucis eterne splendor
Quis possit dignexprimere - O rex virtutum gloria
Magne virtutum conditor - O Emanuel rex noster
Tu nati nata suscipe - O sacra virgo virginum
Homo mortalis firmiter - Hodie puer nascitur

= Paul van Nevel, Huelgas Schola & Ensemble

Chant : Josep Cabre, Jean-Yves Guerry, Anne Mertens, Nele Minten, Marie-Claude Vallin, Godfried van de Vyvere, Katelijne van Laethem, Rika Wouters

Wim Becu, Harry Ries, Willy Verdievel : trombone basse
Willem Bremer, Bart Coen : flûte à bec
René van Laken : rebec, vièle

(DHM, juin 1989)

Une chose à ne pas oublier, c'est l'extrême longueur de la période appelée moyen-âge, qui conduit à associer des choses aussi différentes que Pérotin, Adam de la Halle, l'Ars subtilior, et finalement Dufay, Busnois... qui sont AMHA une transition amorcée vers la Renaissance.
J'ai répondu "étrange" au sondage, et pas du tout dans un sens négatif ; un de mes disques préférés sont les Motets isorythmiques de Dufay par Van Nevel, dont les cadences finales sont à la fois étranges à nos oreilles et fascinantes !
J'ai aussi un beau disque de Memelsdorf sur l'Ars subtilior (Anthonello de Caserta et al.).

Oui, c'est clair qu'entre les organa de l'école de Notre-Dame de paris, et les volutes de l'Ars Subtilior, y a quelques continents d'intervalle.

On avait déjà disctutaillé avec Lucien sur l'opportunité de créer une nouvelle architecture des topics de musique ancienne sur le Forum, mais le projet est resté lettre morte

Mélomaniac, in playlist, a écrit:

(Arcana, juin 1994)

    Un disque beau à pleurer, une poignante merveille signée de l'équipe des soeurs Caffagni et De'Mircovich, flanquée ici de quelques voix masculines.
Les cloches, le crincrin naïf de la vielle apportent leur concours à ce feu de joie spirituelle, éblouissant de la première à la dernière minute.
Ca nous rappelle aussi la prodigieuse décennie du label Arcana piloté par Michel Bernstein, qui a produit tant de pépites dans le répertoire de la musique ancienne, dûment récompensées par la presse, et surtout par l'affection des mélomanes.

Benedictus a écrit:

Je ne connais pas celui-ci, mais j'avais adoré Speculum Amoris et Suso in Italia Bella, par les mêmes.
C'est du même niveau de réussite, j'imagine?

Outre leur projets respectifs (les deux albums que tu cites sont des albums à thème, comme la plupart de ceux de La Reverdie), si ont doit se risquer à un niveau global d'accomplissement artistique : je placerais Laude di Sancta Maria deux ou trois coudées au-dessus de Suso in Italia Bella, et sensiblement au même niveau que Speculum amoris (voire un chouïa plus haut car ici on est constamment au sommet d'émotion, avec un taux de dépressurisation > 0.01 %)
Le genre de disques que, très sincèrement, on ne peut écouter autrement que transi et le coeur serré.
Enfin attention, les recettes sont assez simples, car ce sont des chants populaires : monodiques, à peine ornés, mais soulignés de grisants faux-bourdons.
Mais d'un entrain et d'une foi qui mettent dans le mille.
Je classe volontiers ce CD dans le Top 10 des plus grandes réussites de la discographie médiévale de la décennie 1990.

Je l'avais acheté à sa parution, mais je viens de constater qu'il a été (enfin) réédité, en double album couplé avec un autre programme (celui-là un des rares de La Reverdie que je n'ai jamais entendu) : http://www.amazon.fr/Laudarium-Songs-Popular-Devotion-Century/dp/B00NGSCMIG

Le nouveau disque de La Reverdie va paraître :

http://www.amazon.fr/Venecie-Splendor-Celebrations-Serenissime-Republique/dp/B00XQJUR2I

La musique médiévale ca manque de mélodie, mais c'est intéressant.

Raté : il n'y a justement que ça, de la mélodie...

Golisande a écrit:

Raté : il n'y a justement que ça, de la mélodie...

Moi aussi je le sais maintenant  

Retour annoncé d'un des disques les plus emblématiques de l'ensemble Gilles Binchois de Dominique Vellard :

http://www.amazon.fr/Banquet-du-Voeu-1454/dp/B014Q29ADA

Un disque que j'avais acheté à sa parution y a une vingtaine d'années, et que je n'avais écouté depuis longtemps.
Toujours aussi émoustillant !

Mélomaniac, in playlist, a écrit:

Dança Amorosa

Danses du Moyen-Âge italien

Federico Maria Sardelli, flûte à bec, cor de chamois, bombarde, cromorne
Ugo Galasso, flûte à bec, bombarde, cromorne, chalumeau
Bettina Hoffmann, vièle, rebec, trompette marine
Gian Luca Lastraioli, cistre, ûd
Annaberta Conti, organetto
Paolo Fanciullacci, cornemuse, zampogne
Susanna Gianno, harpe
Luca Brunelli Felicetti, tambours, darbukka, nacaires, cloches, tambourin, guimbarde
Massimo Risaliti, tambour, crotales, grelots

(Opus 111, avril 1994)

Que des tubes du Trecento & Quattrocento (La Manfredina, Chominciamento di gioia, Lamento di Tristano...) joués en couleurs éclatantes (voyez l'instrumentarium !),
avec toute la verve qu'il faut, et percussions à tous les étages.

J'allais benoitement écrire qu'il s'agit d'un des plus beaux enregistrements du Huelgas Ensemble, mais en définitive leur production ne comporte guère que des triomphes.
En tout cas, ce fut un de leurs premiers albums que j'achetai, quand mon intrépide adolescence s'intéressait fébrilement à ce répertoire.
Toujours un must dans la discographie du dernier Moyen-Âge, dont les virtuoses pyrotechnies polyphoniques ont trouvé peu d'équivalent avant le XX° siècle.
Je suppose même que Lucien aime beaucoup.

Mélomaniac, in playlist, a écrit:

Gaston Febus, Livre de la Chasse (Paris, BN)


Musique à la Cour de Gaston Febus (1331-1391), Comte de Foix et de Béarn

Le Mont Aon de Thrace
En seumeillant
Febus mundo Oriens - Lanista vipereus - Cornibus
Tres dous compains
Altissonis aptatis - Hin principes
Fumeux fume
Inter densas - Imbribus irriguis
Se Galaas

Irène Heuvelmans, Cecile Roovers, Carole Schlaikjer, Marie-Claude Vallin, Godfried Van de Vyvere, Katelijne Van Laethem, cantus
Marius Van Altena, baryton, ténor
Harry Van der Kamp, Kees-Jan de Koning, basses

Wim Becu, trompette
Bart Coen, Peter de Clercq, Baldrick Deerenberg, flûtes à bec (ténor, alto, de basset, basse, contrebasse)
Simen Van Mechelen, Harry Ries, saqueboutes
An Van Laethem, vièle

Direction : Paul Van Nevel

(Sony, octobre 1991)

Flûtes envoûtantes, voix enivrantes -l'ésotérisme psychédélique du Fumeux fume de Solage. Et le Se Galaas écrit par Johannes Cuvelier à la toute fin du XIV° siècle : une tuerie !
Un somptueux voyage dans les éblouissantes complexités rythmiques de l'Ars subtilior, pioché dans les fameux manuscrits de la Bibliothèque capitulaire d'Ivrea, et MS 564 du Musée Condé de Chantilly.

en effet, un très très bel album.

Réédition en coffret de cinq albums (Speculum Amoris, Insula Feminarum, O Tu Chara Sciença, Nox Lux...) enregistrés dans les années 1990 par l'ensemble italien La Reverdie :

Des piliers de la discographie médiéviste qui s'appuient sur une sérieuse érudition dans l'exploration des thématiques abordées.

https://www.amazon.fr/Knights-Maids-Miracles-Spring-Middle/dp/B01M3O72BK

L'occasion de rappeler ce disque cardinal, toujours aisément trouvable en CD : https://www.amazon.fr/Music-Crusades-Musique-temps-croisades/dp/B0000041XJ
Comparé à l'interprétation par Alla Francesca (à plusieurs voix), Nigels Rogers fait mieux sentir la dimension polémique et s'avère plus rythmé, mais aussi plus émouvant.

Mélomaniac, in playlist, a écrit:

Nigel Rogers


Thibaut de Champagne (1201-1253) :

Au tens plain de felonnie

Nigel Rogers, ténor
James Tyler, luth
Eleanor Sloan, rebec

(Argo, septembre 1970)

Une des plus touchantes chansons médiévales, d'une courageuse clairvoyance en ces ères de croisades.
En voici les paroles, et leur traduction ici : http://www.moyenagepassion.com/index.php/tag/au-tans-plein-de-felonie/

Au tens plain de felonnie
D’envie et de traïson,
De tort et de mesprison,
Sanz bien et sans cortoisie,
Et que entre nos barons
Faisons tot le siecle empirier,
Que je voi escomenïer
Ceus qui plus offrent reson,
Lor vueil dire une chançon.

Li Roiaumes de Surie,
Nous dit, & crie à haut ton,
Se nos ne nos amendon
Por Deu, que n’i alons mie,
N’i ferions se mal non :
Dex aime fin cuer droiturier
De tel gent se veut aidier
Cil essauceront son nom,
Et conquerront sa maison

Encor aim mielz toute voie
Demorer ou saint païs
Que aler povres, chaitis
La ou ja solas n’auroie.
Phelipe, on doit paradis
Conquerre par mesaise avoir,
Que vos n’i troverez ja, voir,
Bon estre, ne jeux, ne ris,
Que vos aviëz apris.

Amors a coru en proie
Et si m’en meine tot pris
En l’ostel, ce m’est avis,
Dont ja issir ne querroie,
S’il estoit a mon devis.
Dame, de cui biautez fet oir,
Je vos faz or bien a savoir,
Ja de prison n’istrai vis,
Ainz morrai loialz amis.

Dame, moi couvient remaindre,
De vos ne me quier partir.
De vos amer et servir
Ne me soi onques jor faindre,
Si me vaut bien un morir
L’amor qui tant m’assaut souvent.
Ades vostre merci atent,

Que bien ne me puet venir
Se n’est par vostre plaisir.
Chançon, va moi dire Lorent
Qu’il se gart bien outree ment
De grant folie envahir,
Qu’en li auroit faus mantir.

Un autre tube du répertoire, dans une interprétation enflammée et orientalisante, bien dans la veine de Binkley & co.
Le CD se trouve ici : https://www.amazon.fr/Musique-Medievale-P%C3%A9lerinage-Camino-Santiago/dp/B00742F4PI

Mélomaniac, in playlist, a écrit:

Richard Levitt


Thibaut de Champagne (1201-1253) :

Seigneurs sachiez qui or ne s'en ira

= Richard Levitt, contreténor ; Thomas Binkley, Studio der frühen Musik

(Electrola,1972)

    La voix de Levitt me fait clignoter de partout.
Ici dans une sulfureuse interprétation d'une des plus célèbres chansons de croisade, que j'avais incluse dans mon tout premier BT.
Vous pouvez en profiter ici : http://www.moyenagepassion.com/index.php/2016/03/25/thibaut-de-champagne-et-son-chant-de-croisade-par-richard-levitt/

Tirés de mon programme médiéval de mercredi, quelques disques emblématiques du répertoire,
parfaits dans leur genre pour une initiation.

Mélomaniac, in playlist, a écrit:

Carmina Burana (XI°-XIII° s) :

Bacche, bene venies
Virent prata hiemata
Nomen a solempnibus
Alte clamat Epicurus
Vite perdite
Vacillantis trutine
In taberna quando sumus
Dic, Christi Veritas -Bulla fulminante
Licet eger
Si vocatus ad nupcias
Fas et nefas ambulant
Flete flenda
Homi qui vigeas
Procurans odium
Crucifigat omnes

= Clemencic Consort

(Harmonia Mundi, 1975-1978)

   
Un des disques qui m'initia à la musique médiévale.
Du fait, à chaque réécoute, le premier titre réveille aussitôt les savoureux souvenirs de la découverte de ce répertoire.
Je ne vous traduirai pas le refrain, ça pourrait nuire à ma réputation :
Istud vinum, bonum vinum,
vinum generosum,
reddit virum curialem, probum animosum

Mélomaniac a écrit:

Philippe Le Chancelier (1165-1236) :

Luton carens et latere
Sol oritur in sydere
Clavus pungens acumine
Si vis fera frui luce
Gedeonis area
Dic, Christi Veritas
Veritas, equitas

Barbara Thornton, chant, organetto
Benjamin Bagby, chant, harpe
Ensemble Sequentia

(Harmonia Mundi, novembre 1986)

Mélomaniac a écrit:

Adam de La Halle (c1220-1288) :

Li dous regars
je muir
A jointes mains
Dieu soit en cheste maison
Hé, Diex
Or est baiars
A Dieu comant amouretes
Bonne amourete
Dame or suis trais
Fi maris
Tro désir
Dieu comment porroie
Fines amouretes

= Safford Cape, Pro Musica Antiqua

(Archiv, juin 1953)

Mélomaniac a écrit:

Philippus de Caserta (c1350-1420) :

Par les bons Gedeon et Sanson délivré
Il n'est nulz homs en ce monde vivant

Lena Susanne Norin, contralto
Eric Mentzel, ténor
Stephen Grant, basse
Randall Cook, viola d'arco
Crawford Young, luth

(Arcana, janvier 1996)

Mélomaniac a écrit:

Gillebert de Berneville (fl. 1250–80) :

De moi doleros vos chant

= Thomas Binkley, Studio der frühen Musik

(Telefunken, avril 1974)

Tiré d'un album cultissime.
Et ici, une des mélodies les plus déchirantes du répertoire médiéval

Ça se trouve ici : watch?v=Upbn7LyFd_o

Mélomaniac a écrit:

Bernatz de Ventadorn (c1130-1190) :

Can vei la lauzeta mover
Non es meravelha s'eu chan
Can l'erba fresch'e.lh folha par
Pois preyatz me, senhor
Bel m'es can eu vei la brolha
En cossirer et en esmai
Era.m cosselhatz, senhor
Tuit cil que.m preyon qu'eu chan

Anne Azéma, Jean-Luc Madier, François Harismendy, chant
Margriet Tindemans, vièle
Cheryl Ann Fulton, harpe
Joel Cohen, voix, luth oriental

(Erato, septembre 1993)

À la suite des échanges en Playlist entre charles.ogier, David et Mélo, la semaine dernière, au sujet de l’essor de la polyphonie pendant le Bas Moyen Age:


• Beneath the Northern Star. The Rise of English Polyphony, 1270-1430
The Orlando Consort
Loughton (Essex), IX.2015
Hyperion

Une excellente anthologie, à tous points de vue.

D’abord, sur le plan de la «méthodologie historique»: elle présente l’intérêt de couvrir cette évolution sur une durée assez longue et vraiment pertinente et, tout en soulignant le rôle-clef de Dunstaple, se focalise davantage sur les processus que sur les «grandes figures»; elle permet de mettre en évidence la singularité de la trajectoire insulaire (par rapport à ce qui se passe sur le continent); elle évite toute projection rétrospective à partir de la Renaissance en montrant au contraire à quel point l’essor de la polyphonie n’était, à l’origine, qu’un devenir possible, et ce en soulignant l’enracinement des premiers chants à trois voix dans les cadres harmoniques de la musique médiévale - jusqu’au premier Credo à quatre voix de l’Old Hall Manuscript.

Par ailleurs, les œuvres retenues, sont assez saisissantes et, surtout, l’interprétation de l’Orlando Consort est tout à fait remarquable: des voix masculines avec des timbres au grain assez marqué et à l’articulation franche, un ensemble à la tessiture plutôt haute mais avec des permutations fréquentes qui varient à propos les équilibres (hormis la dernière pièce, toutes sont à trois voix en un-par-partie et partagées entre un contre-ténor, deux ténors et un baryton.) Si les timbres restent clairs, on évite opportunément le lissé des ensembles anglais - ce qui est d’ailleurs cohérent avec le propos.

Pas forcément un disque facile, mais réellement passionnant.

Et puis un des compositeurs a un nom que Mélo va adorer...

SPLENDOR DA CIEL
La Morra

J'ai hésité entre les sujets "Médiéval" et "Renaissance", les compositions que l'ont retrouve ici se trouvant à un moment "charnière", la fin du XIVe et le début du XVe siècle.
Mais l'ambiance générale est plutôt médiévale".

À l'origine,un document du XVe découvert à Florence début des années 1980.
Mais il s'agit d'un palimpseste, illisible à l'époque.
Il faudra attendre l'année 2013 pour que le manuscrit soit déchiffré grâce aux techniques modernes comme la caméra multispectrale haute résolution !

216 pièces sont pour l'instant identifiées.

Pour cet album, nous retrouvons des œuvres des compositeurs:

Piero Mazzuoli (1386-1430)
Giovanni Mazzuoli (le père, c.1350-1426)
Paolo da Firenze (1355-1436)
Antonio da Bolagna (?-1340-60)
Hubertus de Salinis
Giovanni da Cazscia

Et des compositions anonymes.

On trouve donc sur cet album, des œuvres monodiques et polyphoniques, ainsi que des instrumentaux; clavecin, petit orgue, flûte à bec, luth et fiddle.
Les chants sont soit "a capella", soit accompagnés par les instruments cités.
Des ballata, des madrigaux et des motets constituent l'essentiel du programme.

L'interprétation est de haut niveau à tous points de vue; c'est un vrai régal.
...en espérant que d'autres de ces œuvres "ressuscitées" seront enregistrées .  

Spoiler:

Ce coffret regroupe les quatre volumes:

I / BALADES A III CHANS
...of Trebor and others

II / FLEURS DE VERTUS
Refinement in songs of late gothic

III / EN DOULZ CHASTEL DE PAVIE
Music at the court of Gian Galeazzo Visconti c.1400

IV / CORPS FEMENIN
Duke John of berry's lyrical avant-garde

Les sources proviennent essentiellement du Codex Chantilly c. 1390

Interprétation par le "Ferrara Ensemble" de Crawford Young.

Sanctus
Les saints dans la polyphonie du XIIIe siècle

Diabolus in Musica.

En voilà un bel album !

Du chant monodique, du chant polyphonique, un peu de percussion sur le "Gaudens in Domino" (surprenant), quelques arpèges de harpe sur l'un des titres.
Les voix graves prédominent, ce qui n'est pas pour me déplaire.

L'album s'achève sur le "Sederunt omnes" de Pérotin, un long organum à 4 très mélismatique.

Programme:

Gaudens in Domino / anonyme / conduit à 3
Petre amas me / Léonin / organum à 2
Pater sancte / anonyme / conduit à 1
Kyrie summe rex / anonyme / conduit à 3
Sanctus perpetuo / anonyme / conduit à 3
Preciosus / anonyme / organum à 3
Regi regum / anonyme / conduit à 2
Sederunt omnes / Pérotin / organum à 4

Pour qui aime cette période, c'est hautement recommandable !
Les Diabolus in Musica sont excellents.

HISTORICA SANTI MARTINI
Grand office solennel de la "Saint Martin d'Hiver", Basilique Saint-Martin de Tours XIIIe siècle.

Plain-chant et polyphonies à voix d'hommes.

Diabolus In Musica

Spoiler:

Commentaire après de nouvelles écoutes.

HILDEBRANDSTON
Chansonniers Allemands du XVè siècle

Ferrara Ensemble

Spoiler:

J'étais persuadé d'en avoir parlé...ben non.

Chansons et pièces instrumentales en Allemagne au XVè siècle.
Des chants accompagnés ou a capella, à une voix ou plus. On approche parfois d'une certaine polyphonie.

Onze instrumentaux, avec de très belles sonorités.
C'est d'une grande sobriété et on ressent comme une sorte d'apaisement à l'écoute de cet album.

Les textes, chantés en Allemand ont leur traduction française.

Vraiment bien !

Rubato a écrit:

On approche parfois d'une certaine polyphonie

Et même d'une polyphonie certaine, par exemple dans le fameuse chanson Hildebranston (Ich will zu Land ausreiten...) où deux seules voix (dialogue entre un père et son fils
qui se reconnaissent à la fin) donnent l'illusion de trois ou quatre, par les effets de croisement, les canons, les retards, les sauts de tessiture...
Magnifique album, récompensé à sa parution par la presse (Diapason d'or, notamment), qui impose son rythme d'écoute et recrée patiemment un univers
pas si souvent abordé au disque, celui de la chanson germanique au crépuscule du Moyen-Âge.

Oui, Hildebranston , grande chanson, sans doute l'un de mes titres préférés de ce superbe album.

Coffret en promo (21,72€ à cette heure) pendant les soldes.
Je connais la plupart de ces disques, à ce prix-là c'est une aubaine :

https://www.amazon.fr/gp/product/B07J35QFR1

Hildegarde von Bingen : quels sont les enregistrements recommandables de ses oeuvres ?

Belcore

Johannes de Lymburgia ca.1380-ca.1440

Gaude Felix Padua

Le Miroir de la Musique
Baptiste Romain



Voix: soprano / mezzo-soprano / ténor / baryton.
Instruments: luth / guitern / harpe / organetto / vielle / rebec.

Après plusieurs écoutes, le constat reste le même: je n'arrive pas à vraiment apprécier cet album.

C'est simple, à l'écoute je m'y ennuie!
Les compositions se ressemblent, il n'y a pas non plus de changement de rythme. Ça manque "d'aspérités".

Ce n'est pas désagréable à écouter, mais ce n'est pas suffisant.

L'interprétation n'est pas à mettre en cause, non, c'est plutôt la musique de Johannes de Lymburgia qui ne me touche pas.

Dommage !  

Thibaut de Champagne (1201-1253)

Le chansonnier du roi

Amour courtois et chevalerie au XIII^e siècle

Spoiler:

Thibaut de Champagne (roi de Navarre) nous a laissé une soixantaine de chansons, toutes extraites du manuscrit intitulé plus tard "Le chansonnier du roi".

Ce manuscrit  renferme plus de 450 chansons de trouvères, 55 chansons de troubadours, 40 motets et 3 lais.(c.1250 à c.1300).
Les 60 chansons de Thibaut ont été rajoutées postérieurement.

L'origine du "chansonnier" est un peu confuse, et après de multitudes péripéties, il fut acheté par Mazarin vers 1640 et  entré à la bibliothèque du roi (Louis XIV) en 1668...
d'où son appellation Le chansonnier du Roi.

Les chansons sont chantées en vieux français.
Chansons d'amour courtois et chevalerie (pas toujours très courtois ni chevaleresque!), chanson satirique, politique, chanson de croisade.

Au cours de mon écoute l'une des chansons m'a fait penser à Jaufré Rudel ...(voir "L'amour de loin" de Kaija Saariaho)

La chanson satirique est de Hue de La Ferté et s'adresse directement à Thibaut.
La "chanson de croisade"  Seigneurs, sachez que qui ne s'en ira pas désormais...a été écrite par Thibaut entre 1235 et 1239 avant son départ pour la 6^ème croisade.

Dans ses chansons "d'amour courtois", Thibaut s'adresse directement à sa dame, parfois sous forme de dialogue.

Tous les (très beaux) instrumentaux sont de compositeurs anonymes.

Un superbe album de musique médiévale, avec chants et toute la panoplie des instruments de l'époque.
Excellente interprétation de Alla Francisca et Brigitte Lesne.

Graduel d'Aliénor de Bretagne
Plain-chant et polyphonie (XIII^e -XIV^e siècles)

Ensemble Organum
Marcel Pérès

Spoiler:

Aliénor de Bretagne (1275-1342), 16^e abbesse de l'abbaye de Fontevraud, lieu où fut enregistré cet album.

Ce recueil contient des pièces en chant grégorien et un répertoire propre, des séquences, des lectures et 3 pièces polyphoniques.

Ces 3 pièces polyphoniques sont:
Séquence: Verbum bonum
Credo in unum Deum
Séquence: Res est admiribilis, qui enchaîne avec le Benedictamus Domino.

Personnellement j'ai ressenti un effet polyphonique également dans le deuxième alleluia Nigra sum sed formosa, si l'on considère qu'un chant parallèle à la quinte est polyphonique.

Qu'elles soient monodiques ou polyphoniques, toutes ces pièces sont très belles, dès la première séquence chantée par des femmes.
Le kyrie (tropé) qui suit est superbe. Le trope est chanté par une voix solo de femme, la mélodie reprise par le chœur féminin, avec des voix d'homme (graves) en fond.

L'épitre "Saint-Paul à Titus" est un peu particulier; il alterne chant en français (le trope) et chant en latin, les deux parties étant chantées par une voix d'homme,
en l'occurence Marcel Pérès.
Bon, ce n'est pas ma pièce préférée...peut-être qu'avec le texte ça passerait mieux.

Le credo qui suit, polyphonique, utilise tous les intervalles, ce qui créé de furtives dissonances du plus bel effet.

Le recueil s'achève avec la dernière pièce polyphonique, Res est admirabilis, très beau.

Toutes les pièces polyphoniques sont à 2 voix.

Bon, pour ma part, c'est un régal !

Superbe disque, en effet! Je l'avais adoré dès sa sortie.

Cela dit, si tu ne le connais pas déjà, je te recommande aussi ce très beau disque, intitulé Le Livre d'Aliénor par l'ensemble De Cælis de Laurence Brisset, enregistré lui aussi à Fontevraud, en 2016, et paru chez Bayard Musique.


J'avais eu la chance de les entendre dans ce même programme un peu avant l'enregistrement aux Billettes, et voici ce qu'en écrivais:

Benedictus a écrit:

Un ensemble féminin que j’ai adoré au disque (En l’amoureux vergier, chez Aeon, est un de mes disques de chevet, probablement ce que j’ai entendu de plus beau dans l’ars subtilior) et dont je retrouve ici toutes les qualités : diction remarquable, prégnance rythmique, précision dans la mise en place du tissus polyphonique, choix idéaux quant à l’ornementation et à l’improvisation – et surtout les couleurs des timbres individuels, remarquablement travaillés. Du coup, ces polyphonies médiévales se révèlent d’une grande séduction (bien plus que dans le disque d’Organum, par exemple). Très belle création de Philippe Hersant, Chanson de Guillaume d’Aquitaine (autour du fameux « farai un vers de dreit nien ») : on part d’une polyphonie d’apparence très médiévale tardive (même si l’harmonie y est déjà plus tendue) qui dérive peu à peu vers le style très reconnaissable d’Hersant (les ostinati quasi répétitifs, les frottements harmoniques, les effets de clusters…)

Ah oui, j'ai eu un œil dessus il n'y a pas longtemps en faisant des recherches sur Aliénor.

Merci de rafraîchir ma mémoire.

Benedictus a écrit:

Spoiler:

Rubato a écrit:

Ah oui, j'ai eu un œil dessus il n'y a pas longtemps en faisant des recherches sur Aliénor.

Merci de rafraîchir ma mémoire.

Du coup j'ai réécouté des extraits...et je pense que je vais le commander!

EDIT: c'est fait !

Benedictus a écrit:

J'avais eu la chance de les entendre dans ce même programme un peu avant l'enregistrement aux Billettes, et voici ce qu'en écrivais:

Benedictus a écrit:

Un ensemble féminin que j’ai adoré au disque (En l’amoureux vergier, chez Aeon, est un de mes disques de chevet, probablement ce que j’ai entendu de plus beau dans l’ars subtilior) et dont je retrouve ici toutes les qualités : diction remarquable, prégnance rythmique, précision dans la mise en place du tissus polyphonique, choix idéaux quant à l’ornementation et à l’improvisation – et surtout les couleurs des timbres individuels, remarquablement travaillés. Du coup, ces polyphonies médiévales se révèlent d’une grande séduction (bien plus que dans le disque d’Organum, par exemple). Très belle création de Philippe Hersant, Chanson de Guillaume d’Aquitaine (autour du fameux « farai un vers de dreit nien ») : on part d’une polyphonie d’apparence très médiévale tardive (même si l’harmonie y est déjà plus tendue) qui dérive peu à peu vers le style très reconnaissable d’Hersant (les ostinati quasi répétitifs, les frottements harmoniques, les effets de clusters…)

Je n'aurai pas grand chose à rajouter au commentaire de Benedictus !
Dès la première écoute j'ai été séduit par cet album et leurs interprètes que je découvre.
Je rejoins tout ce qui est dit dans son commentaire.

J'ai apprécié aussi de retrouver deux œuvres de Jaufré Rudel, qui à chaque fois me renvoie vers Kaija Saarihao et son "amour de loin", dont on retrouve le thème ici:

"Amour de terre lointaine,
Pour vous tout mon cœur est dolent;"

L'introduction avec la composition d'Hersant est aussi très réussie et nous met d'emblée dans l'ambiance de cet album.

Je ne ferai pas de comparaison avec le disque d'Organum, puisque l'on ne retrouve pas ici les mêmes pièces, à part les deux séquences Res est admirabilis et le Verbum bonum.

Et puis celui d'Organum est entièrement consacré au graduel d'Aliénor de Bretagne tandis que l'album de l'ensemble De Caelis nous renvoie également à Aliénor d'Aquitaine.

Très belle interprétation de l'ensemble De Caelis, avec parfois un accompagnement discret à l'organetto joué par Laurence Brisset.

Merci à Benedictus de m'avoir rappelé l'existence de cet album.