TCE saison 2009-2010

Goerne, j'ai déjà donné cet été à Salzbourg, un des pires Liederabende de ma vie (je suis en train de chercher ce que j'ai bien pu voir de pire ). Une fois ça va, deux fois, bonjour les dégâts!

Justement, à propos de Goerne, personne n'a vu son Paulus de la semaine dernière ? On n'est pas obligé d'aimer ce genre d'œuvre - moi j'adore -, en tout cas il était fabuleux !

Bertram a écrit:

Justement, à propos de Goerne, personne n'a vu son Paulus de la semaine dernière ?

Si.

Je m'en faisais une joie, mais c'est un peu long d'une traite en concert (la première partie, c'était parfait).
Je redoutais avec quelque raison la mollesse de Masur dans Mendelssohn.

Sinon, l'oeuvre est superbe, et les chanteurs étaient magnifiques, avec une mention spéciale pour Stotijn encore une fois.


Pour Goerne, il était admirable, oui, surtout à partir de la déchéance de Paul, c'était extrêmement détaillé et expressif. Un peu plus sur la réserve dans la première partie très lyrique.
Et il était visiblement très ému de revivre avec Masur son souvenir d'étudiant de Leipzig.

Ah je suis rassuré, je commençais à croire que, ces soirs là, tout le monde était parti danser la Carmagnole ou faire du troc...

Je ne savais pas que Goerne l'avait chanté avec Masur à Leipzig. Je comprends mieux pourquoi il avait en effet l'air ému : j'ai rarement vu un chanteur suivre aussi attentivement le déroulement de tout le concert, en dodelinant comme un ours sur sa chaise...c'était attendrissant. Les autres solistes aussi étaient très concentrés sur la musique, c'est rare.

Je te rassure, c'était moment que j'attendais avec beaucoup d'intérêt.

Non, il ne l'avait pas chanté, il avait juste assisté à la représentation. Tu imagines bien l'effet d'être de l'autre côté du miroir, avec Masur dans l'état de santé dégradé où il semble être.

Effectivement, il faisait mine de chanter les lignes des choeurs... et paraissait presque ailleurs.

Ah d'accord, je le comprends. J'ai chanté dans les chœurs d'Elias et c'est un grand souvenir. Quand je pense que GB Shaw se plaignait d'entendre les deux oratorios de Mendelssohn toutes les semaines !

Les représentations de Falstaff ont commencé mercredi, y en a-t-il qui y sont déjà allés? J'ai mes places pour mardi, en espérant que je pourrai y être à l'heure...

Non, et je n'irai peut-être pas, mais ça fait terriblement envie en tout cas.

J' y suis allée en 2008; C'était bien chouette !

Bon et bien confirmation, très beau spectacle ce soir pour la dernière de Falstaff au TCE. La distribution était très bonne, j'aime de plus en plus M-N Lemieux qui pourtant il y a 5 ou 6 ans m'avait laissé le mauvais souvenir d'une femme assez jeune déjà chevrotante. Falstaff excellent dans son rôle (Anthony Michaels-Moore), j'ai été déçu par Meg (Caitlin Hulcup), sa voix portait très peu. Enfin bon ce n'est pas comme si son rôle était prépondérant. Ce qui m'a frappé, c'est que j'ai trouvé le public du TCE beaucoup moins indiscipliné que celui de Pleyel (j'avoue avoir un peu rit en lisant le commantaire sur le concert de Zimerman à Pleyel). Ca toussotait, certes, mais ce n'était pas le tonnerre que l'on a l'habitude d'entendre entre chaque mouvement à Pleyel...
Dans la fosse Gatti s'en est très bien tiré, et je loue l'excellente initiative de faire saluer les instrumentistes sur scène avec les chanteurs!

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J'espère ne pas enfreindre les lois du forum...

Concert de dimanche après-midi :

Mahler, Symphonie n°6
Bernstein, West Side Story (danses symphoniques)
bis : Ravel, Boléro

Orchestre Lamoureux
Yutaka Sado


Bon, déjà il faut dire que j'étais assez malade ce jour là, et que la chaleur associée au mal de ventre n'aide pas beaucoup...
Je voulais découvrir la sixième de Mahler. C'est fait, on ne m'y prendra plus. Ne goûtant déjà guère le symphonique pur, si j'avais su que ça durait une heure et demie je crois que je me serais abstenu.
J'ai pourtant bien aimé les deux premiers mouvements ! Ça ne me parle pas autant que ses lieder, mais il y a une ironie sympathique là dedans. Les deux derniers mouvement ont été une torture, vraiment. On aurait dit que ça ne finirait jamais, dès qu'il y avait un mouvement bien conclusif et qu'on pouvait espérer, au bout de trois quart d'heure, l'accord final, Mahler repartait dans une phrase d'une longueur affolante, et cela au moins quatre fois d'affilée. Le tout dans un style grandiloquent à grand renfort de percussions, j'avais mal au crâne. Je savais que les mahleriens étaient des gens pervers, mais à ce point...

Bref, autant vous dire que la deuxième partie, après avoir repris ses forces, était nettement plus sympathique. Un peu déçu néanmoins de n'avoir pas entendu Tonight et America...

En bis, un Boléra de Ravel magnifiquement interprété.

Comme tout le concert d'ailleurs.
Chez Mahler j'ai l'impression que l'orchestration était assez opaque, car les bois se fondaient complètement dans les cordes (au moins une centaine). Alors quand dans les deux autres pièces tous les pupitres se détachaient parfaitement. Un Bernstein très coloré et dans le Boléro d'excellents solistes. Je crois que c'est un des meilleurs orchestres parisien que j'aie pu voir, du très très haut niveau, aussi bien du côté des cordes bien saillantes (quoique manquant un peu de chaleur) que des vents (cuivres irréprochables !)
Ce qui m'avait attiré c'était surtout Sado, qui confirme être un excellent chef. Sa gestique est très expressive, presque théâtrale, lorsqu'il saute, imite des instruments, étend les bras en croix... Il déploie une énergie suffisante pour l'orchestre entier, et ça se ressent vraiment.

Bref, même si la moitié du coincert à été assez pénible, j'en suis sorti très content.

Pour avoir pas mal subi Yutaka Sado, ce n'était pas forcément le meilleur guide pour ce genre de découverte...

Wolferl a écrit:

Concert de dimanche après-midi :

Mahler, Symphonie n°6
Bernstein, West Side Story (danses symphoniques)
bis : Ravel, Boléro

Orchestre Lamoureux
Yutaka Sado

[...]
Ce qui m'avait attiré c'était surtout Sado, qui confirme être un excellent chef. Sa gestique est très expressive, presque théâtrale, lorsqu'il saute, imite des instruments, étend les bras en croix... Il déploie une énergie suffisante pour l'orchestre entier, et ça se ressent vraiment.

Bref, même si la moitié du coincert à été assez pénible, j'en suis sorti très content.

Content d'être sorti ?
Quant à Sado, c'était son dernier concert avec Lamoureux qu'il quitte après 17 ans de bons et loyaux services.

Vu les Choéphores ce soir (vraiment super quand on aime le rapport texte-musique).

Le voisin devant moi lisait une feuille imprimée parlant de l'oeuvre, tirée de... Diaire sur sol.

La célébrité te guette

Et la faillite le TCE : il n'a pas acheté le programme de salle, du coup.

Tu devrais avoir honte !!!

Tu es vraiment lu par n'importe qui.

En même temps, étant le deuxième résultat sur Google sur le sujet, il était un peu obligé de tomber sur moi. (Personne ne s'intéresse à ce truc, manifestement.)

Public glacial comme j'ai rarement vu, même pour du contemporain vaseux. Des fois, lorsque je braille, mes voisins s'animent un brin, en se disant que finalement c'était peut-être pas si nul, mais là.

Cela dit, je conçois très aisément qu'on trouve cette musique redondante et vaine, c'est vraiment rituel, comme truc.

J'y étais ! Je ne connaissais rien de Milhaud (à part le viaduc), et ça m'a bien botté ! D'abord la partie plutôt sombre avec choeur de femmes qui chantent sur un mode assez enfantin (c'est assez inquiétant comme atmosphère). Puis tout d'un coup, ça passe à une litanie tribale. Les choeurs étaient très bien en place, j'ai vraiment adoré ! C'est toujours au TCE que je fais mes meilleures découvertes cette saison (Andromaque !).
Par contre, je n'ai rien compris à ce que racontaient les solistes, entre celle qui machait un chewing-gum et le type qui aboyait, je n'ai plus qu'à aller faire un tour sur CSS pour savoir de quoi ça parle (moi non plus je n'ai pas acheté de programme) !
Déçu par le public, moi aussi. Quand un grand nom vient, même si sa prestation n'est pas terrible, il est acclamé. Là, on a un orchestre qui se décarcasse (et qui est loin d'être inefficace) à nous faire découvrir des choses jamais données en concert... et le public applaudit à peine par politesse
Au moins, la faible affluence était une aubaine pour prendre une place de seigneur.

Abnegor a écrit:

Déçu par le public, moi aussi. Quand un grand nom vient, même si sa prestation n'est pas terrible, il est acclamé. Là, on a un orchestre qui se décarcasse (et qui est loin d'être inefficace) à nous faire découvrir des choses jamais données en concert... et le public applaudit à peine par politesse
Au moins, la faible affluence était une aubaine pour prendre une place de seigneur.

Je ne sais pas s'il y avait plus de monde la veille à Lille pour le même concert, bien que je connaisse des personnes qui sont venues de l'étranger pour entendre cette oeuvre rarement donnée.
Mais c'est bien ce peu de curiosité du grand public qui est décourageant et oblige les organisateurs, pour survivre, à toujours donner la même 9e symphonie de Beethoven ou autre monstre sacré du répertoire.
En tout cas, ça devrait passer sur France musique le 14 avril à 16h.

Oui, l'Orchestre de Lille est conforme à lui-même : son un peu gris, pas spécialement voluptueux, mais alors des merveilles d'articulation, tout est limpide, précis, réalisé avec esprit. Même dans la Cinquième de Beethoven, j'ai peine à trouver mieux. Et les choeurs, techniquement on peut trouver les voix un peu limitées (on entendait du souffle, ce n'était pas du chant tout à fait "plein"), mais alors, quelle articulation extraordinaire. Tout le texte n'était pas intelligible dans le Milhaud, mais on pouvait difficilement faire plus.

Beaucoup plus déçu par les solistes (mais ce n'est pas très important) et surtout la récitante, sonorisée (difficile cela dit d'y échapper), qui déclamait à un rythme quotidien (fin de phrases un peu mangées), et sans ampleur incantatoire.

Mais quel bonheur d'entendre cette oeuvre en concert, et de l'entendre merveilleusement exécutée (pourtant, avec Markevitch au disque, la concurrence est rude).

Le public était vraiment désespérant. C'était tellement moins que des applaudissements polis que j'ai trouvé ça humiliant pour les artistes. Surtout que c'est quand même un programme pas réexploitable tous les jours, tous ces efforts pour...

J'ai fortement pensé à la réplique d'un personnage d'Anouilh dans Colombe, en sortie de scène : Ils étaient durs, ces cochons-là !

DavidLeMarrec a écrit:

Oui, l'Orchestre de Lille est conforme à lui-même : son un peu gris, pas spécialement voluptueux, mais alors des merveilles d'articulation, tout est limpide, précis, réalisé avec esprit.

C'est pas ce que j'avais remarqué en le voyant à Pleyel dans l'ouverture de Tanhauser, j'avais été rythmiquement entre deux chaises pendant tout le concert...

L'Orchestre de Lille doit travailler moins sérieusement le sous-répertoire, c'est tout.

Là, comme à chaque fois que je les ai entendus, c'était vraiment irréprochable.

Moi aussi, je suis alle voir/ecouter ce concert hier soir et j'etais vraiment embete.

Peut-etre que ca ne correspond pas a ma culture ou ma sensibilite, mais Gloria pouvait egalement s'appeller "Haribo" -- on aurait mieux su a quoi s'attendre.

Milhaud... je ne sais pas a quoi je m'attendais, mais pas a un truc si paresseux, sans "punch", un brouillon des formes qui perd le contenu...

David a trouve plus haut une description presque chirurgicale de ce que j'ai ressenti apres le concert: une musique redondante et vaine.

Et malgre tout, je trouvais l'accueil du public lamentable - j'avais presque honte. Le meme public qui ovationne Muti et son Bolero de Ravel (repete une fois - meme pas), et boude cet orchestre qui cherche a produire de l'or a partir du charbon...

Ce que tu dis me paraît fondé sur des choses tout à fait objectives qui sont présentes dans cette musique et peuvent rebuter.

Personnellement, c'était un des plus beaux concerts de ma saison, parce que ces oeuvres me parlent (particulièrement les Choéphores), pour d'autres raisons que celles qui t'ont rebuté.

DavidLeMarrec a écrit:

Ce que tu dis me paraît fondé sur des choses tout à fait objectives qui sont présentes dans cette musique et peuvent rebuter.

Personnellement, c'était un des plus beaux concerts de ma saison, parce que ces oeuvres me parlent (particulièrement les Choéphores), pour d'autres raisons que celles qui t'ont rebuté.

Tout pareil ! Face à une telle oeuvre, on est soit rebuté soit à fond dedans. Ça m'évoque des choses assez personnelles, c'est dans un sillage que j'ai déjà croisé dans ma vie "pré-musique-classique" et qui n'était pas uniquement musical.

Merci le TCE : j'en suis pour les baffes de cette saison à Wozzeck, Andromaque, La Bohème et Les Choéphores ! Contre zéro baffes à l'Opéra de Paris. À Pleyel, quelques très bons concerts, mais aucun ne me vient assez spontanément à l'esprit pour gagner le titre de Baffe.

Abnegor a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

Ce que tu dis me paraît fondé sur des choses tout à fait objectives qui sont présentes dans cette musique et peuvent rebuter.

Personnellement, c'était un des plus beaux concerts de ma saison, parce que ces oeuvres me parlent (particulièrement les Choéphores), pour d'autres raisons que celles qui t'ont rebuté.

Tout pareil ! Face à une telle oeuvre, on est soit rebuté soit à fond dedans. Ça m'évoque des choses assez personnelles, c'est dans un sillage que j'ai déjà croisé dans ma vie "pré-musique-classique" et qui n'était pas uniquement musical.

Il y a objectivement des choses faibles sur le plan strictement musical ; c'est l'évocation qui est forte !

Citation :

Merci le TCE : j'en suis pour les baffes de cette saison à Wozzeck, Andromaque, La Bohème et Les Choéphores ! Contre zéro baffes à l'Opéra de Paris. À Pleyel, quelques très bons concerts, mais aucun ne me vient assez spontanément à l'esprit pour gagner le titre de Baffe.

Pour moi, à Pleyel, je n'y suis pas allé très souvent, mais je n'y ai entendu que d'excellentes choses : Desmarest-Campra par Christie, le War Requiem par Metzmacher, L'Oiseau de feu encore par Metzmacher.

Mais effectivement, pour le TCE, Andromaque et les Choéphores, youpie. J'ai été moins impressionné par les Goerne que j'y ai vus (Schöne Magelonne et Paulus), mais c'était tout de même excellent.
J'ai par ailleurs entendu ma plus belle Cenerentola, à la radio, sur France Mu, qui en provenait...

Abnegor a écrit:

Contre zéro baffes à l'Opéra de Paris.

Il fallait aller à Siddhartha... La chorégraphie n'était pas transcendante malgré de très belles trouvailles (et Nicolas Le Riche est phénoménal). Par contre, la musique m'a vraiment enthousiasmé.

Je suis tentée par La Calisto de Cavalli

Je pense y aller mais je ne sais pas quand.

Mais j'hésite

Il y a Auvity qui chante, ça devrait te décider tout de suite

Hidraot, j'espère que as écouté cet opéra avant que de formuler des conseils inconsidérés.

David tu as vraiment besoin de casser le moral d'Hidraot?

DavidLeMarrec a écrit:

Hidraot, j'espère que as écouté cet opéra avant que de formuler des conseils inconsidérés.

j'irai au ciné

David, n'aura pas réussit à me dissuader, j'y vais demain

Je n'essaie pas de dissuader qui que ce soit, je préviens, nuance.

Au pire, tu aurais une très bonne surprise.

Il n'y a vraiment pas de quoi s'inquiéter. La Calisto, c'est un bijou d'humour, de poésie, d'invention ; un livret merveilleux, une musique d'une infinie variété... Chaque fois qu'elle est donnée, que ce soit la célèbre production de Wernicke partout en Europe (Bruxelles, Montpellier, Lyon, Luxembourg, Berlin, Barcelone, Salzbourg, Vienne !), celle plus récente de David Alden à Munich ou d'autres, le public adore...

J'ai quand même une crainte, qui s'appelle Macha Makaieff. Mais n'anticipons pas !

La salle n'etait pleine. Pendant les entractes ca sentait plutot "vide" -- ce qui etait assez bizarre pour le TCE et pour une soiree de la premiere. Manifestement meme les "baroqueux" ne sont pas tres fans de la musique ancienne.

Le spectacle est vraiment tres bien chante; la musique vaut ce qu'elle vaut (pour es aficionados c'est peut-etre un regal -- pour moi c'est un peu trop long). Rousset et son orchestre sont OK.

Le livret est en effet magnifique mais Macha Makeieff n'a rien fait avec. Elle s'est contantee de monter un spectacle "zoli". C'est un travail de decoratrice/plasticienne et non pas d'une regisseuse. Du coup, toutes les ficeles qu'elle a pu tirer pour jouer sur les ambiguites des personages, des tromperies amoureuses etc etc, tout ca c'est reste un peu mou, amorphe, gentillet... et, au final, --soyons francs-- assez chiant.
C'est d'autant plus surprenant que sa mise en scene contredit presque completement son beau discours sur cette video. Son spectacle est compose des jolies images sans qu'elle creuse dans le texte plus que ce qu'on fait en lisant le synopsis.

Le point le plus incomprehensible de la soiree etait la reaction du public qui a crie bravo et ces memes personnes, en sortant du theatre, parlaient que c'etait "pas top"...

On hue Norma au Chatelet et on applaudit a ca -- c'est a ne rien comprendre.

Je ne regrette absolument pas d'être allée voir cette Calisto.

C'était vraiment remarquable ! En plus la salle était loin d'être pleine ce qui nous a permis de nous replacer dès le début au premier balcon légèrement sur le côté.

Du point de vu de la mise en scène, j'ai été très agréablement surprise moi qui m'attendais à un truc horrible ... C'était effectivement une jolie mise en scène mais moi ça me suffit et je préfère quelque chose qui mette en valeur le spectacle plutôt que quelque chose d'un peu plus recherché mais qui gâche tout. Et puis il y avait quand même quelques subtilités.
Vu le livret, que je trouve vraiment génial, on aurait pu rapidement tourner à la grivoiserie mais là ce n'est vraiment pas le cas. J'ai trouvé le tout très juste, légèrement décalé comme le suggère le livret.

Pour la musique maintenant, les chanteurs ont tous été vraiment très bons. Sophie Karthaüser vraiment géniale,l'ayant déjà vu en salle, je n'avais jamais pris conscience de cette voix superbe, un timbre très beau, un vibrato d'une ampleur confortable ni trop serré, ni trop lâche, une très belle découverte.
Je partiellement réconcilier avec Véronique Gens qui a fait une très bonne prestation en Junon jalouse. Je regrette juste qu'elle ait gagné à l'appaudimètre.
Lawrence Zazzo en Endymion et Marie-Claude Chappuis en Diane forment un duo passionné et doux.
Giovanni Battista Parodi en Jupiter est remarquable par la qualité de sa voix de fausset lorsqu'il se travestit en Diane. Sa voix de poitrine est elle aussi très belle. Il forme avec Mercure (Mario Cassi) un couple de malfaiteurs, on se retrouve presque avec le couple Don Giovanni/Leporello.
Milena Storti a su tirer partie de son rôle, Lymphée.
Venons en à Pan admirablement interprété par Cyril Auvity. Il a vraiment une très bonne projection en salle, je pensais que ce rôle était un peu haut pour lui mais il s'en tire à merveille.
La suite de Pan avec Sabina Puertolas et Graeme Broadbent est sur le plan musicale comme théâtrale excellente.

Rousset est ici vraiment très inspiré, il a su dégager une palette de couleur impressionnante de son orchestre. Pas très juste au début et pas très en phase, tout s'est arrangé par la suite. Un continuo jamais pareil, très riche : harpe, clavecin, orgue, théorbe, archiluth, viole, guitare.

En résumé une très belle réussite avec une mise en scène jolie et tout à fait adaptée, des chanteurs excellents et un orchestre riche en couleurs.

Il y a une retransmission radio le samedi 22 mai sur France Musique.

Hidraot a écrit:

Du point de vu de la mise en scène, j'ai été très agréablement surprise moi qui m'attendais à un truc horrible ...

Avec Makeïeff, c'est difficile tout de même. Tu n'as pas vu de mises en scène à l'Opéra-Comique ? C'est toujours décoratif au minimum (pour la direction d'acteurs, c'est très variable).

Citation :

Je partiellement réconcilier avec Véronique Gens qui a fait une très bonne prestation en Junon jalouse. Je regrette juste qu'elle ait gagné à l'appaudimètre.

Il y a grandement une part de notoriété aussi dans les applaudissements.


Content que ça t'ait plu.

DavidLeMarrec a écrit:

Hidraot a écrit:

Du point de vu de la mise en scène, j'ai été très agréablement surprise moi qui m'attendais à un truc horrible ...

Avec Makeïeff, c'est difficile tout de même. Tu n'as pas vu de mises en scène à l'Opéra-Comique ? C'est toujours décoratif au minimum (pour la direction d'acteurs, c'est très variable).

Non jamais et vue la photo qu'il y a sur le site j'avais peur que ça soit trop moderne pour moi.

Citation :

Je partiellement réconcilier avec Véronique Gens qui a fait une très bonne prestation en Junon jalouse. Je regrette juste qu'elle ait gagné à l'appaudimètre.

Citation :

Il y a grandement une part de notoriété aussi dans les applaudissements.

Oui, c'est justement ça que je regrette que pour la notoriété certains soient applaudis plus que d'autres qui le méritent plus.

La Veuve Joyeuse de Mme Makaieff à Lyon était vraiment très laide, pour le coup, en plus d'être sinistre et ennuyeuse (ça existe en DVD)...

Cette Veuve etait doublement penible: deja la traduction/adaptation francaise est vraiment mauvaise (ca tue la moitiee de ce qui est drole dans le texte original), et puis le fait d'inviter un russe chanter la partie ou on devrait croire que c'est un polonais... bref, c'est pour le public de la fin du siecle precedent ou on ne distinguait les russes des polonais, des tcheques et autres peoples slaves. De plus il y avait cette mise en scene avec les dobermans en paille et surtout la derniere partie completement ratee.

Ici c'est moins mauvais - je pense. Les vieux trouveront meme les decors laids car ce sont des couleurs satures et on joue sur le cote d'imagination, d'un reve effervescent... Les decors sont tres fins (malgre les couleurs fortes), mais a part cela, en termes du theatre, c'est une production quelconque. Mais puisque le livret est tellement riche, on ne se plaint pas trop.

Comment vous interpretez le faible taux de remplissage de la salle du TCE pour ce spectacle? On nous raconte que les parisiens adorent le baroque, et au final meme les baroqueux ne viennent pas en masse.

Bon, cette Calisto est moins moche que ladite Veuve, mais c'est quand même pas très beau. La fleur-robinet au premier acte, par exemple, c'est vraiment ridicule, comme sont ridicules ces espèces de grandes tringles qui sortent au 2e acte du cube qui occupe la scène, de façon à faciliter l'ascension. Ceci étant dit, et bien que Makaieff n'ait ici comme ailleurs guère pas l'ombre d'une idée, c'est une production qui au moins n'est pas trop gênante, contrairement à cette Veuve joyeuse, ou au pénible spectacle Weill de la fifille en septembre (on a juste récupéré ici certaines perruques dont on aurait pu se passer).
Musicalement, le résultat est décevant du point de vue de la fosse : c'est à la fois mou et sans couleurs, on en viendrait presque à se convertir aux thèses de René Jacobs tellement la grande beauté de la partition s'en trouve aplatie. En plus Rousset s'est fait imposer le choix d'un même chanteur pour Jupiter et Jupiter en Diane, ainsi que le choix d'une mezzo (assez dépassée) en Linfea, au lieu du ténor comique habituel, contre sa volonté : hélas...
Heureusement, il n'en est pas de même pour les chanteurs : Sophie Karthäuser est vraiment remarquable, comme je m'y attendais à vrai dire ; mais les meilleurs pour moi (donc encore mieux que remarquables!) sont Marie-Claude Chappuis et Lawrence Zazzo, ce qui tombe bien puisqu'ils chantent souvent ensemble. Zazzo est de toute façon pour moi un chanteur exceptionnel, d'une intelligence de phrasé renversante, avec un timbre magique ; je vous donne tout Netrebko, Domingo, Villazon, Di Donato, Gruberova et trois ou quatre cadeaux-bonus pour le prix d'un seul Zazzo.

Du coup, on passe un bon après-midi, mais on est loin de retrouver toute la force de la partition de Cavalli, contrairement aux équipes Jacobs/Wernicke puis Bolton/Alden (ces derniers dans la même optique instrumentale que Rousset, sauf que ça marchait)...
Cela dit, j'aime beaucoup, mais vraiment beaucoup La Calisto, et je ne me lasse pas de la revoir ; cependant, si je puis me permettre, j'aimerais bien aussi pouvoir découvrir de temps en temps un autre Cavalli sur scène...

fliegender a écrit:

Comment vous interpretez le faible taux de remplissage de la salle du TCE pour ce spectacle? On nous raconte que les parisiens adorent le baroque, et au final meme les baroqueux ne viennent pas en masse.

Peut-être qu'avec du baroque français...

WoO a écrit:

Peut-être qu'avec du baroque français...

Peut- être qu'avec du vrai baroque...