Votre sélection de lieder/mélodies

Soyez remercié, Double Ravel, de vos éclaircissements, tout ce ci est en effet passionnant.

Mais lorsque vous dites que :

ravelavelo a écrit:

Le vent de la Révolution française n'a pas atteint l'Allemagne de Schubert.

Je préciserais que ce vent de liberté révolutionnaire a bien secoué le monde germanique au temps de Beethoven et de Schubert, de Goethe et de Herder, mais comme un séisme idéologique. Quant à la réalisation politique de cet élan libéral, après la refonte qu'est la Confédération germanique en 1815, elle se fera par assouplissements progressifs mais irrésistibles des monarchies par contrecoup des révolutions en France, en 1830 et en 1848.

Ces questions d'histoire culturelle sont très intéressantes, et la mention que vous faites du cas de Johann Mayrhofer ne nous éloigne pas (trop ?) du sujet du Lied, puisque poète et fonctionnaire de la censure impériale, Schubert a mis de ses textes en musique. Ouf, nous ne digresserions pas outre mesure... qu'en pensent nos censeurs administrateurs ? Ou bien y a-t-il des endroits mieux choisis pour parler d'histoire culturelle ?

De toute façon, il n'existe pas vraiment de style révolutionnaire à cette époque, me semble-t-il (j'avais essayé, sur ce forum d'abord, de dire pourquoi, mais je ne serais pas fâché d'être contredit). Les événements politiques ont été trop rapides pour avoir le temps d'influer profondément sur les façons de composer. La révolution a lieu ensuite, lorsque le romantisme s'est déjà bien installé et que les compositeurs se mettent à édifier chacun leur propre système…

Donc tout au plus, ce serait une rémanence politique dans les textes utilisés par les compositeurs du tournant du XIXe (ce que l'on trouve en effet chez Beethoven – là, tout de suite, chez Schubert, je ne vois pas bien).

Ben moi non plus je ne vois pas grand chose qui chez Schubert puisse être rattaché, même à postériori, à un élan de jacobinisme. Et à une sympathie rétrospective pour la geste napoléonienne encore moins, ce qui peu s'expliquer par une enfance viennoise passablement secouée par les menées impériale. C'est pourquoi, quitte à lier Schubert à un mouvement culturel, je dirais plus Biedermeier que Strum und Drang.

Sur la question de l'influence de la Révolution française sur la musique je trouve votre synthèse convaincante et ce n'est pas moi qui pourrai apporter la contradiction que vous souhaitez. A part une vogue de la marche militaire en France, qui durera à peu près autant que le calendrier Révolutionnaire, je ne vois pas.

Chantaient-on beaucoup, dans les Clubs parisiens, pendant la Convention, je ne suis pas bien sûr ? Je ne connais presque rien de l'histoire de ces chants révolutionnaires dont on parle souvent parce que deux ou trois d'entre eux sont devenus (et pour cause) illustres, y en avait-il tant que ça ? J'en doute un peu. Que l'on chantât en revanche dans les salons de l'émigration, voilà qui n'est pas douteux.

Guillaume Colnot a écrit:

Chantaient-on beaucoup, dans les Clubs parisiens, pendant la Convention, je ne suis pas bien sûr ? Je ne connais presque rien de l'histoire de ces chants révolutionnaires dont on parle souvent parce que deux ou trois d'entre eux sont devenus (et pour cause) illustres, y en avait-il tant que ça ? J'en doute un peu.

Si, si, ils étaient nombreux (il fallait bien que les chansonniers vivent !), c'était un relais de propagande important pour le pouvoir (avec, paradoxalement ou pas, une liberté bien moindre des artistes !), il en reste beaucoup. C'est sans doute là où la différence non seulement de contenu idéologique, mais de style (plus direct, moins précieux) a été la plus frappante.

En revanche, pour la musique, il s'agissait souvent de reprises de mélodies d'Ancien Régime (ou des nouvelles composées sur le même patron, de toute façon).

Ce n'est pas que je manque de choses à écouter (Dieu sait !!) mais auriez-vous quelque conseil discographique concernant ces chants révolutionnaires ?

Les Lunaisiens en ont fait (mais personnellement, je n'aime pas du tout), sinon il faut aller fureter dans les disques de chants historiques et traditionnels, ça se trouve par-ci par-là (beaucoup sont épuisés ou très mal distribués, évidemment).

En cas de désespoir, on peut toujours faire une petite moisson sur YouTube…

Évidemment, et pour revenir au sujet du Lied, il demeure tout de même des influences évidentes du climat Sturm und Drang évoqué par Ravelavelo dans le corpus schubertien, un éclatant exemple en est bien entendu le Roi des Aulnes, accomplissement tout à fait fascinant et que je classe sans hésiter parmi ce que je préfère dans ce vaste répertoire que forment Lieder et mélodies. 'videmment.

@ David LeMarrec : Alors je puiserai au Tube, car ma résidence en contrée germanique me tient un peu loin du folklore jacobin (et de ses médiathèques)... Ach, schade !

Voici quatre Lieder de Schubert avec les liens pour les écouter en ligne,: les trois premiers sont interprétés par Dietrich Fischer-Dieskau, baryton et Gerald Moore au piano.

* watch?v=BR8_n-B8qu0 Der Wanderer D.493 et watch?v=q0Bu1FL8ulA]D.649 (sur deux poèmes de deux poètes différents: Schmidt von Lübeck et Schlegel sur le thème du voyage et de l'errance.)

* watch?v=L0gXy9oHzVY Sehnsucht D.656 (sur un poème de Goethe sur le thème du vague-à-l'âme).

Le dernier, par Kathleen Battle, soprano accompagnée de James Levine au piano et Karl Leister à la clarinette.
* watch?v=JmH8jLAoKXU Der Hirt auf dem Felsen D.965 (sur deux poèmes de Müller et Ense sur les thèmes de la contemplation et de l'espoir.)

Merci de retirer les liens non libres de droits.

Die heimkehr / Le retour

Belle découverte avec ce magnifique cycle , d'un compositeur très peu connu, qui fut aussi un grand juriste et homme politique.
Johann Vesque von Püttlingen, dit Johann Hoven, né à Oppeln dans le Royaume de Prusse le 23 juillet 1803 et mort à Vienne le 29 octobre 1883, est un compositeur autrichien de musique romantique.Wiki
Le cycle ,tiré des Tableaux de voyage de Heine est vraiment superbe et l'on a la traduction et la présentation de ce compositeur peu connu,avec le livret.Vraiment une oeuvre à découvrir.Schubert n'est pas loin, mais ça reste assez personnel et passionnant .Marcus Schäfer est assez convaincant, mais ça mérite sûrement d'autres enregistrements.