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| Britten, musique vocale (hors opéras) | |
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Auteur | Message |
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Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91596 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Mer 4 Déc 2013 - 20:32 | |
| Je ne sais pas s'il y a mieux mais globalement c'est du très bon. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Mer 4 Déc 2013 - 20:47 | |
| - bAlexb a écrit:
- J'ai posté un peu plus haut sur la page quelques pistes pour Phaedra, les Illuminations qui ont été rééditées par Naxos .
Certes oui pour les cantatrices, mais le chef Stewart BEDFORD ne fais apparemment pas l'unanimité .... Mais je pense que je vais l'acheter ce coffret ! Merci à bAlexb et Pr Xavier. |
| | | Fuligo Déesse du scalpel
Nombre de messages : 3788 Age : 44 Localisation : Nothingness, SK Canada Date d'inscription : 10/01/2006
| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Mer 4 Déc 2013 - 20:53 | |
| Moi c'est le contraire: j'aime bien Bedford, mais pas du tout Lott. Pourtant je dois dire que pour les Illuminations, ça reste un bon choix. C'est une œuvre que je n’apprécie toujours pas complètement faute d'avoir trouve une version qui me plait totalement. Langridge, Murray, bien; je ne connais pas le Our Hunting Fathers de Bryn-Julson. C'est malin, il va me le falloir maintenant |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Jeu 5 Déc 2013 - 0:42 | |
| Après l'intervention, le jugement de Salomon de Fuligo, déesse tranchant dans le vif, C'est sûr, j'achète. Je n'ai pas une oreille assez aguerrie pour déterminer qui eut dû chanter avec qui. .... Mais diable ! nous n'avons même pas parlé des orchestres !!! Le Northern Sinfonia et l'Orchestre de Chambre Anglais (sic :les références que m'a donné le vendeur, quidam tout à fait sérieux au .demeurant !) Allez savoir si ce ne sont pas des fanfares municipales ! Je vous dirais ça bientôt..... |
| | | Rav–phaël Mélomane chevronné
Nombre de messages : 6516 Age : 31 Localisation : Nice/Paris Date d'inscription : 17/07/2011
| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Jeu 21 Aoû 2014 - 15:38 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- Rav-phaël a écrit:
Britten. — Sérénade pour ténor cor et cordes
Très beau disque. Padmore n'est pas très différent de ses devanciers (Thomson, Hill, Langridge, Bostridge…), même profil vocal, avec des inflexions globalement plus sobre (un peu plus lisse mais aussi plus élégant) ; l'intérêt vient surtout de l'orchestre, plus affûté que d'habitude, avec des attaques bien nettes. Très beau. J'aime vraiment bien ce CD ! En même temps je n'ai pas d'autre choix pour la Sérénade, quelle autre version tu me conseilles ? - Polyeucte a écrit:
- Si je puis me permettre, Bostridge est magnifique je trouve...
Mais oui, ce disque est superbe avec un Padmore splendide en effet... Bin oui, je me suis vraiment habitué à Padmore, tout comme David a dit, avec un très beau timbre de voix je trouve ! Toutes ces qualités me parlent parfaitement, et puis on s'y attache . Mais c'est quand même important de découvrir comment qu'ils font les autres !
Merci pour ton conseil . |
| | | Polyeucte Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20753 Age : 41 Date d'inscription : 03/07/2009
| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Jeu 21 Aoû 2014 - 15:56 | |
| Ah mais je suis totalement d'accord... Padmore a une voix magnifique... mais lui manquerait presque un petit côté étrange que j'aime beaucoup chez Bostridge... ce côté pâle et presque translucide... (et depuis que je l'ai vu dans ce cycle, je revois ce grand adolescent malingre et timide en plus...) - DavidLeMarrec a écrit:
- Rav-phaël a écrit:
- J'aime vraiment bien ce CD ! En même temps je n'ai pas d'autre choix pour la Sérénade, quelle autre version tu me conseilles ?
Franchement, c'est assez proche, tout dépend ce que tu cherches. Pour l'ensemble, c'est aussi bien que ceux que j'ai cités. Pour les cordes, c'est même mieux. Sinon, si tu veux un ténor encore meilleur, il y a Langridge, très expressif. Et pour le cor, pas mieux que Neunecker avec Bostridge et Metzmacher (pas le même disque que celui indiqué par Polyeucte, que je n'ai pas encore écouté, mais dont le corniste est en général totalement exceptionnel – celui que j'aime le plus avec Neunecker, en fait ).
Après, différent, il y a Pears et Britten (avec Brain ou Tuckwell, je ne suis plus sûr), mais franchement, c'est moins bien. Pears/Britten, c'est bien mais moins gracieux je trouve. Chouette aussi, la version de Anthony Rolfe Johnson dirigée par Bryden Thomson (qui nous offre en plus les Illuminations par Felicity Lott!) Sinon dans le genre étrange et très différent, y a bien un certain Kozlovsky, mais je ne dis rien... |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97921 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Jeu 21 Aoû 2014 - 15:57 | |
| - Rav-phaël a écrit:
- J'aime vraiment bien ce CD ! En même temps je n'ai pas d'autre choix pour la Sérénade, quelle autre version tu me conseilles ?
Franchement, c'est assez proche, tout dépend ce que tu cherches. Pour l'ensemble, c'est aussi bien que ceux que j'ai cités. Pour les cordes, c'est même mieux. Sinon, si tu veux un ténor encore meilleur, il y a Langridge, très expressif. Et pour le cor, pas mieux que Neunecker avec Bostridge et Metzmacher (pas le même disque que celui indiqué par Polyeucte, que je n'ai pas encore écouté, mais dont le corniste est en général totalement exceptionnel – celui que j'aime le plus avec Neunecker, en fait ). Après, différent, il y a Pears et Britten (avec Brain au cor), couleurs plus franches et étonnantes, mais franchement, c'est quand même moins bien. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97921 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Jeu 21 Aoû 2014 - 16:01 | |
| - Polyeucte a écrit:
- Ah mais je suis totalement d'accord... Padmore a une voix magnifique... mais lui manquerait presque un petit côté étrange que j'aime beaucoup chez Bostridge... ce côté pâle et presque translucide... (et depuis que je l'ai vu dans ce cycle, je revois ce grand adolescent malingre et timide en plus...)
Sur le strict plan vocal, Padmore a pour lui l'élégance (là où Langridge et surtout Bostridge soulignent beaucoup), mais sa voix est clairement moins personnelle et marquante qu'eux, ou que Thompson (avec Lloyd-Jones) et Hill (avec Hickox). Mais globalement, ce sont quand même des versions assez ressemblantes. - Citation :
- Sinon dans le genre étrange et très différent, y a bien un certain Kozlovsky, mais je ne dis rien...
Vu le contraste relativement réduit entre versions, c'est peut-être le meilleur conseil. |
| | | Rav–phaël Mélomane chevronné
Nombre de messages : 6516 Age : 31 Localisation : Nice/Paris Date d'inscription : 17/07/2011
| | | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97921 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Jeu 21 Aoû 2014 - 16:13 | |
| Oh non, ce n'est pas un mauvais interprète du tout ! Mais il y a souvent mieux parmi les britanniques qui ont suivi. |
| | | Polyeucte Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20753 Age : 41 Date d'inscription : 03/07/2009
| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Jeu 21 Aoû 2014 - 16:15 | |
| Oui, c'est un peu ingrat comme voix je trouve. mais très expressif par contre... |
| | | Fuligo Déesse du scalpel
Nombre de messages : 3788 Age : 44 Localisation : Nothingness, SK Canada Date d'inscription : 10/01/2006
| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Jeu 21 Aoû 2014 - 17:27 | |
| - Polyeucte a écrit:
- Oui, c'est un peu ingrat comme voix je trouve. mais très expressif par contre...
Tout a fait mon sentiment. Parfois 2 compense 1, et parfois c'est juste pas possible. la Serenade tombe dans le très bien compensé en ce qui me concerne. Ce qui est amusant, c'est que je tolère Pears de mieux en mieux au fur et a mesure que mon anglais qui s’améliore. Au dela du timbre, l'articulation bizarre me crispe, mais l'accentuation (niveau scansion) est super je trouve (je n'y étais pas sensible avec un anglais médiocre). En fait il aurait du réciter au lieu de chanter |
| | | Polyeucte Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20753 Age : 41 Date d'inscription : 03/07/2009
| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Ven 31 Oct 2014 - 17:16 | |
| Je viens d'écouter les Illuminations, chantées par Karina Gauvin, avec Jean-Marie Zeitouni et les Violons du Roy pour la partie orchestre... Ce dernier est vraiment superbe, à la fois sec et chaleureux, vif et précis... assez impressionnant en fait! Par contre Gauvin ne m'a pas vraiment convaincu. La diction est un peu floue quand ça devient trop lyrique et le timbre globalement trop opulent je trouve pour ce cycle... ce n'est pas assez incisif et précis à mon goût. (mais mon goût c'est Micheau hein! ) |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97921 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Ven 31 Oct 2014 - 22:04 | |
| - Polyeucte a écrit:
- Par contre Gauvin ne m'a pas vraiment convaincu. La diction est un peu floue quand ça devient trop lyrique et le timbre globalement trop opulent je trouve pour ce cycle... ce n'est pas assez incisif et précis à mon goût.
Très proche de ce que j'ai ressenti moi aussi… et pourtant, elle peut être excellente en français (sa Leïla !)… mais dans un contexte plus ample. |
| | | bAlexb Mélomane chevronné
Nombre de messages : 8514 Age : 43 Localisation : Rhône-Alpes Date d'inscription : 18/10/2010
| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Mar 5 Mai 2015 - 22:40 | |
| Adrian Thompson avec Lloyd-Jones (Bornemouth Sinfonietta) dans le traditionnel couplage Illuminations, Nocturne, Serenade, vous connaissez ? |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97921 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Mer 6 Mai 2015 - 10:04 | |
| Oui ! Plus belle version de la sérénade après Langridge-Bedford, en ce qui me concerne. Très belle voix stable et limpide, et couleurs nocturnes très réussies. |
| | | bAlexb Mélomane chevronné
Nombre de messages : 8514 Age : 43 Localisation : Rhône-Alpes Date d'inscription : 18/10/2010
| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Mer 6 Mai 2015 - 11:02 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- Oui ! Plus belle version de la sérénade après Langridge-Bedford, en ce qui me concerne. Très belle voix stable et limpide, et couleurs nocturnes très réussies.
Alors je commande ! Et avec d'autant plus de confiance que ton avis rejoint assez le mien au sujet de Langridge, cf. supra . ("Meilleur" que Britten/Pears ?) |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97921 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Mer 6 Mai 2015 - 14:11 | |
| Je n'étais pas très convaincu par Pears-Britten par rapport à l'offre discographique généreuse (le cor un peu « droit » de Brain, Pears pas très gracieux, la prise de son moins précise que les suivants), mais en la réécoutant récemment (merci Benedictus !), j'ai été très impressionné par son aspect « méchant » et moderne. Très différent des autres.
Je n'ai pas entendu de mauvaise version de toute façon, mais Thompson échappe à l'affectation de Bostridge (que j'aime beaucoup) et me paraît plus direct que Padmore (idem), avec surtout en prime un corniste remarquable (c'est là où Hill-Hickox me touche un peu moins, par l'orchestre et le corniste). |
| | | gluckhand Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4967 Localisation : Amiens Date d'inscription : 15/07/2013
| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Jeu 31 Déc 2020 - 7:03 | |
| On ne parle pas souvent de Britten,ici et comme aussi le grand chef Giulini se fait lentement oublier,comme Abbado d'ailleurs ,il est bon de se remémorer ce beau disque dans un répertoire inhabituel à ce chef, mais qui sait traduire comme d'habitude,toute la beauté de ces deux oeuvres de Britten.Robert Tear n'est sans doute pas Peter Pears et d'ailleurs, il y a d'autres versions , plus émouvantes ou qui ont plus d'intériorité ou de panache, elles sont légion. Mais restons en là et savourons ce déjà très beau disque.La Sérénade écrite pendant la guerre en 1943 , pour Pears et le grand corniste Dennis Brain,est très belle .Et bien sûr, on ne peut aussi qu'être sensible ,nous français,à la belle poèsie de Rimbaud,dans les superbes Illuminations, même si j'y préfère une soprano en général,bref c'est toujours un régal d'écouter du Britten ,avec sa grande sensibilité ou délicatesse, pour moi, c'est une musique ,un peu hors du temps et encore plus avec ce disque,qui réunit des interprètes disparus . |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Sam 13 Mar 2021 - 21:59 | |
| - En Playlist, Benedictus a écrit:
- En faisant du rangement, je suis retombé sur ces deux très vieux CD:
• Seven Sonnets of Michelangelo, op. 22. Winter Words, op. 52 Anthony Rolfe Johnson (ténor), Graham Johnson (baryton) VII.1985 Hyperion
• Songs and Proverbs of William Blake, op. 74 Benjamin Luxon (baryton), David Willison (piano) Snape, IV.1986 Chandos
À l’époque, c’était les seules versions disponibles (et encore: Hyperion et Chandos, il fallait passer par l’import): ça a donc été mes versions de découverte. Et rétrospectivement, ça reste des versions assez idéales pour moi: des voix magnifiques, des approches où la grande subtilité verbale n’empêche pas de typer assez fortement l’univers propre de chaque cycle.
(Si ça intéresse quelqu’un, je pourrais peut-être essayer de faire un présentation des grands cycles de mélodies de Britten, avec une discographie sélective.) |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Jeu 18 Mar 2021 - 15:41 | |
| • The Holy Sonnets of John Donne, op. 35- Philip Langridge (ténor), Steuart Bedford (piano) Londres, XII.1995 & I.1996 Naxos- Mark Padmore (ténor), Roger Vignoles (piano) Londres, VI.2008 Harmonia MundiDeux excellentes versions, assez sensiblement différentes mais complémentaires. Langridge, c’est une voix assez dégingandée, certes vieillie (1995-96, c’est assez tard: le timbre est assez blanchi, au spectre un disjoint et étroit, comme rétracté sur le formant métallique) mais remarquablement tendue et focalisée - et surtout le ténor compense (un peu, toutes proportions gardées, à la DFD dernière manière) par un art renouvelé du mot: il y a d’abord ici comme une préséance du parlé sur le chanté - et cette intense précision verbale, prosodique, cette intuition exacte du détail prosodique confère comme rarement une sorte d’évidence paradoxale à l’écriture mélodique si élusive de Britten, qui semble alors procéder directement de la rhétorique (complexe, et souvent abstruse) de Donne; il y a aussi une façon assez saisissante de retourner en qualités expressives les fragilités vocales, en jouant sur les inégalités de registre et les raucités de texture pour exalter le texte. Langridge atteint ici une forme d’expressivité exacerbée qu’on pourra peut-être trouver excessive (un peu comme Pears - mais en tout de même moins tarabiscoté, et avec moins de scories d’émission) mais qui me semble assez idéalement correspondre à l’esthétique de l’œuvre; en outre, l’accompagnement de Bedford souligne et amplifie cet art des ruptures et des sinuosités, par un jeu de piano assez sec, plus en contrastes de textures et en gradations de rythmes et de dynamiques qu’en fluidité et en couleurs (faisant notamment ressortir de manière étonnante certains effets pointillistes, ou les boucles proto-minimalistes de Since she whom I loved.) Probablement la version qui atteint le plus nettement à la singularité de l’œuvre (mais ce qui, du coup, n’en fait pas la plus immédiatement séduisante.) La version Padmore, c’est un peu l’inverse - non que la diction de Padmore soit en retrait, ou que son chant soit moins investi: simplement, la voix, plus juvénile, a aussi quelque chose de plus souple, le timbre en est plus velouté et coloré; par ailleurs, l’approche semble au contraire rechercher davantage la ductilité mélodique de la phrase, comme pour intégrer dans un flux prosodique les discontinuités rhétoriques que Langridge met à nu, au prix d’une déclamation moins accidentée qu’on pourra juger, selon les attentes, un peu trop retenue ou d’une admirable sobriété. (Rien de lisse pour autant: le chant est toujours comme frémissant de sous-courants inquiets.) Et l’accompagnement de Vignoles, beaucoup plus fondu, avec d’amples résonances et une riche palette de couleurs participe aussi à cette esthétique. C’est davantage un lyrisme sombre et ténu, mais aussi un peu fuyant, plus inscrit dans une tradition postromantique, qui se donne ici à entendre - quelque chose de plus sophistiqué et stylisé, et d’une séduction plus immédiate. |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Sam 15 Mai 2021 - 16:05 | |
| - Mélomaniac, in playlist, a écrit:
Benjamin Britten (1913-1976) :
Children's Crusade, Op. 82
Le Chef : Mark Emmey Le petit Juif : John Wojciechowski Les deux Frères : Raymond Hayes, Stephen Daniels Garçon de la légation nazie : Adrian Thompson Garçon au tambour : Colin Morris Le Chien : Graham Preston Les Amoureux : Barnaby Jago, John Wojciechowski Ian Cobb, John Clegg, piano Jonathan Smith, orgue du centre St John's, Smith Square de Londres Eric Crees, John Tobin, Chris Tingley, Richard Courtney, Brian Elton, Graham Herbage, percussion Benjamin Britten, Chœur de garçons de la Wandsworth School
(Decca, octobre 1969)
Sorte de cantate antimilitariste écrite à l'occasion du cinquantenaire du fonds Save The Children, et créée en 1969 à la Cathédrale St Paul de Londres. Le texte de Bertolt Brecht se trouve ici illustré par une musique atonale, et particulièrement lugubre, dont le hiératisme peine à émouvoir. Une des œuvres les plus abstruses et éprouvantes de Britten, d'autant qu'elle est censée être jouée par des enfants, mais qui continue d'être programmée à travers le monde.
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| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Ven 18 Mar 2022 - 14:38 | |
| • Sérénade pour ténor, cor et cordes, op. 31¹. Nocturne, op. 60, pour ténor, 7 instruments obligato et cordes²Martyn Hill (ténor), Frank Lloyd (cor)¹, Richard Hickox / City of London Sinfonia; Robert Jordan (basson), Rachel Masters (harpe), Anthony Halstead (cor), Janos Keszei (timbales), Helen McQueen (cor anglais), Duke Dobing (flûte), Michael Pearce (clarinette)² Kilburn, V.1988 Virgin ClassicsSuperbes versions (pas réécoutées depuis longtemps.) À l’époque de sa parution, ça avait vraiment fait l’effet d’une proposition alternative, tant la manière vocale tranchait avec les autres versions disponibles: une voix ronde et souple, au timbre velouté, déployant avec beaucoup d’aisance des lignes assez longues, et pourtant une diction d’une netteté impeccable, et d’une expressivité toute en simplicité et en sobriété: tout l’inverse à la fois de Pears / Britten II (un peu en mode «DFD années 70-80»: voix blanchie et souffle court, émission étranglée et avec quelques scories, style tarabiscoté) comme de Tear chez Giulini (intensément proféré mais au timbre pas très beau et à l’émission fruste); certain amis britténiens trouvaient à l’époque ces versions Hill / Hickox vocalement trop hédonistes et trop distanciées dans l’expression. À la réécoute, je la trouve au contraire assez admirable, d’une grande subtilité et d’une belle maîtrise - même si depuis, d’autre versions très réussies lui ont succédée dans un style vocal très proche (Ainsley, Padmore.) Le seul reproche qu’on pourrait formuler concerneraient le timbre un peu ingrat du cor de Frank Lloyd dans la Sérénade, mais la mobilité des phrasés et les jeux sur l’émission (il parvient à créer de véritables effets de texture) compensent largement. Si les cordes semblent captées de façon un peu nébuleuse (ou alors ce serait un tropisme de Hickox? comme il a surtout enregistré chez EMI et Chandos dans les années 80-90, difficile à dire…), ça confère tout de même une qualité de suspension onirique qui convient bien aux œuvres; par ailleurs, les instruments obligato du Nocturne sont absolument fantastiques: très nettement focalisés, presque tranchants, animées voire volubiles, et dotés de timbres riches et évocateurs, captés avec beaucoup de présence, on les sent ici participer activement au déploiement des poèmes. De belles retrouvailles. (Je n’ai pas réécouté les Illuminations, que j’aime nettement moins, mais je garde le souvenir d’une version plus qu’acceptable, avec un français honnête et un bel orchestre.) |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97921 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Ven 18 Mar 2022 - 15:16 | |
| C'est aussi pour moi, avec Langridge et Bostridge, la version que j'aime le plus de la Sérénade. Hickox ne sonne pas du tout nébuleux dans ce qu'il a enregistré hors de ces labels (son Requiem de Mozart, ses Symphonies de Beethoven sont au contraire très nettement phrasés). |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Ven 18 Mar 2022 - 19:00 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- C'est aussi pour moi, avec Langridge et Bostridge, la version que j'aime le plus de la Sérénade.
Langridge, tu parles de la version avec Bedford qui était parue chez Collins avant d'être rééditée par Naxos? Je n'en ai plus aucun souvenir, il faudrait que je la réessaie. Bostridge / Metzmacher ou Bostridge / Rattle? Je garde un excellent souvenir de la première (avec Marie Luise Neunecker ) malgré une prise de son toute pourrie; j'avais aussi beaucoup aimé la seconde, mais dans mon souvenir, j'avais trouvé ça un peu artificiel à la réécoute. - DavidLeMarrec a écrit:
- Hickox ne sonne pas du tout nébuleux dans ce qu'il a enregistré hors de ces labels (son Requiem de Mozart, ses Symphonies de Beethoven sont au contraire très nettement phrasés).
Là, je me demandais si c'est une conception interprétative (comme je le disais, cet effet de voile, onirique et un peu mystérieux, en contraste avec les solistes, eux très nettement phrasés) ou bien juste parce qu'à Londres, dans les années 80, les équipes techniques de Virgin étaient peu ou prou les mêmes que celles de EMI. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97921 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Sam 19 Mar 2022 - 11:47 | |
| Exactement, Langridge-Bedford et Bostridge-Metzmacher (Neunecker m'a ébloui aussi, je trouverais peut-être ça trop beau en réécoutant maintenant, mais quel son, quelle mélancolie). C'est une œuvre où il n'y a pas suffisamment de plans pour que la prise de son (un peu bouchée) ravage tout.
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Pour Virgin, je ne peux pas te dire si c'était les mêmes ingénieurs / le même matériel / la même esthétique : en musique de chambre, ils ont fait des choses assez nettes (et quelquefois vraiment réverbérées, comme les Beethoven des Borodine), très différentes de la sècheresse pâteuse qui prévalait chez EMI ; et pour le reste, j'ai surtout entendu leur legs baroque, pas du tout capté de la même façon.
De tête, je ne suis plus trop sûr de ce qu'ils ont capté en symphonique. (Les derniers Mozart dirigés par Menuhin, c'était Virgin ou EMI ? C'est très décent côté son.) |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Dim 20 Mar 2022 - 19:19 | |
| • Seven Sonnets of Michelangelo, op. 22 (1940)Mark Padmore (ténor), Iain Burnside (piano) Londres, IX.2006 & II.2007 Signum Classics• The Holy Sonnets of John Donne, op. 35 (1946). Winter Words, Lyrics and Ballads of Thomas Hardy, op. 52 (1953)Mark Padmore (ténor), Roger Vignoles (piano) Londres, VI.2008 Harmonia Mundi• Sechs Hölderlin-Fragmente, op. 61 (1958). Who are these children? op. 84 (1969)Mark Padmore (ténor), Roger Vignoles (piano) Londres, II.2004 HyperionAujourd’hui, réécoute chronologique de tous les cycles pour ténor et piano de Britten par Padmore: le galbe et le velouté de la voix, la netteté verbale et la sobriété interprétative (qui n’est pas pour autant de la neutralité: c’est très engagé, mais plus dans le sens d’une sorte de stylisation déclamatoire que de l’exaltation des étrangetés de la prosodie) en font des versions assez idéales pour une écoute en continu (ou pour une découverte) - là où écouter à la suite les enregistrements de Pears ou de Bostridge pourrait à la longue se révéler un peu éprouvant. Et ce sont des qualités qui se révèlent particulièrement payantes dans les Donne (dont j’avais déjà dit un mot un peu plus haut) et les Hölderlin (on pourrait peut-être trouver ça un peu lisse pour le Michel-Ange et les Thomas Hardy.) À noter aussi qu’on a ici l’intégralité de Who are these children?, d’après les poèmes de William Soutar - dont la rareté au disque s’explique probablement à la fois par leur particularité linguistique (le cycle fait alterner des poèmes en gallois et des poèmes en anglais - Bostridge, par exemple, n’a enregistré que les poèmes en anglais) et le style assez abstrus du dernier Britten. Évidemment, excellent accompagnement, qu’il s’agisse de Burnside ou de Vignoles. S’agissant des compléments (pas écoutés aujourd’hui): - Le disque Signum, consacré comme l’indique le titre Britten Abroad aux mélodies inspirés par des poèmes en langues non-britanniques: on y trouve aussi le cycle The Poet’s Echo sur des poèmes de Pouchkine (chantés en russe) et les Sechs Hölderlin-Fragmente par Susan Gritton, et huit arrangements de chants traditionnels français par Susan Gritton et Mark Padmore, et Um Mitternacht (Goethe) par Mark Padmore. - Le disque Harmonia Mundi est complété par trois arrangement de Purcell et cinq de folksongs des îles britanniques. - Le disque Hyperion propose, outre le même lied Um Mitternacht, le cycle A Young Man’s Exortation de Finzi (sur des poèmes de Thomas Hardy) et le rare cycle Boyhood’s End de Tippett.
Dernière édition par Benedictus le Mar 3 Mai 2022 - 0:08, édité 1 fois |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Dim 10 Avr 2022 - 2:09 | |
| • Sérénade pour ténor, cor et cordes, op. 31Neil Mackie (ténor), Barry Tuckwell (cor), Steuart Bedford / Scottish Chamber Orchestra Édimbourg, V.1988 EMI Classics «British Composers »Grande version méconnue - et très «légitime» (Neil Mackie a été l’élève de Pears, Barry Tuckwell tenait déjà la partie de cor dans le second enregistrement de Pears et Britten, Stuart Bedford était l’assistant de Britten.) Neil Mackie s’y révèle vraiment excellent (malheureusement capté très en retrait.) Outre sa pointe d’accent écossais (sensible quand on a les interprètes anglais dans l’oreille), ce qui distingue surtout son interprétation, c’est son art du phrasé - tout y est: une maîtrise du souffle sur la longueur assez impressionnante, enté sur un sens très exact de la modulation et du rythme, et le tout subordonné à une déclamation poétique fluide, sobre et directe, où c’est le vers et la phrase qui font sens (et suscitent ponctuellement l’effet vocal); l’émission semble aussi assez peu contrainte (ça n’a pas du tout le côté cravaté d’un Pears ou d’un Bostridge, en particulier.) (À vrai dire, son style est plus proche de celui de son autre professeur, Haefliger, que de celui de Pears.) Et puis, côté instrumental, c’est une des versions particulièrement réussie, qui se distingue par son relief et son tranchant (vraiment étonnant pour une prise de son EMI britannique de 1988!); le cor de Tuckwell y sonne beaucoup moins rond, plus droit que dans la version Pears/Britten, avec des textures plus contrastées (tantôt vaporeux, tantôt rauque et charnu); les cordes ont une sécheresse un peu acide et râpeuse, une netteté dans les attaques, et tout cela permet à Bedford de souligner comme rarement la versatilité de l’écriture rythmique ainsi que les frottements, les tensions de l’écriture polyphonique - sa version ultérieure avec Langridge (très réussie également) produira davantage dans une sorte de tissus atmosphérique qui enveloppe la déclamation; là, c’est davantage un discours qui s’articule de façon différenciée à la déclamation (tantôt à contre-courant, tantôt coextensif, tantôt par de légers déplacements) - et non sans âpreté (esthétiquement, on est en fait pas si loin de la toute première version Britten / Pears, celle avec Dennis Brain et le Boyd Neel String Orchestra.) |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Dim 10 Avr 2022 - 2:16 | |
| Cette semaine, en Playlist: - Benedictus a écrit:
• Sacred and Profane, op. 91 Marcus Creed / RIAS-Kammerchor Berlin, X.2000 Harmonia Mundi
Une suite de huit poèmes médiévaux mis en musique pour chœur a cappella, typique du Britten tardif: écriture harmonique et rythmique complètement instable et élusive, agitées de frottements, de syncopes, de dissonances, d’inégalités, et traversée comme par éclairs de consonance et d’homorythmie; climat poétique insaisissable et comme condensé ou raréfié, où tous les visages de l’inquiétude se mêlent aux intuition d’une pureté extatique. Superbe (mais pas évident.) - Mefistofele a écrit:
- Écouté dans une version autre (Spicer) mais fortement séduit. Je n'y ai pas saisi l'inquiétude, mais les frissons et fièvres, l'instabilité et la pureté extatique, définitivement. Encore merci de la suggestion !
En fait quand je disais «tous les visages de l’inquiétude», c’est «les frissons et fièvres, l'instabilité»: cette espèce d’ intranquilité protéiforme qui est vraiment au cœur de la musique de Britten (en tout cas de ses pages les plus inspirées - et cette œuvre en fait assurément partie.) |
| | | Mefistofele Mélomaniaque
Nombre de messages : 1459 Localisation : Under a grey, rifted sky Date d'inscription : 17/11/2019
| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Dim 10 Avr 2022 - 11:55 | |
| Ah ! Je comprends mieux. Du coup, vraiment fasciné par cette partition, j'ai été écouter une autre version. Je connais désormais The Sixteen et The Finzi Singers. Et si la version de The Sixteen, dirigés par Partridge, est objectivement la plus belle (pureté, gradation, élancement des lignes), ce sera celle des Finzi Singers et de Spicer que je préfère. Cette dernière est plus vibrée, tendue, terrienne (patent dans I mon waxe wod et Lenten is come), et à mon goût raccord avec le texte. Disons, The Sixteen pour tirer cet opus vers le sacré, The Finzi Singers vers le profane. |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Jeu 21 Avr 2022 - 21:23 | |
| • Les Illuminations, cycle de 9 chants pour soprano et cordes sur des poèmes d’Arthur Rimbaud, op. 18Barbara Hendricks (soprano), Sir Colin Davis / English Chamber Orchestra Londres, X.1993 EMI Classics Le seul cycle de mélodies de Britten qui me résistait jusqu’ici… Mais je ne m’attendais vraiment pas à ce que ce soit Barbara Hendricks et Colin Davis que me le fassent aimer! Paradoxalement (ou pas), la prosodie bizarre fonctionne finalement mieux dans cette approche généreusement lyrique que par une approche déclamatoire-expressionniste - puisque de toute façon, Rimbaud y est totalement distordu par l’écriture vocale, autant qu’il le soit par cette voix-là, qui est absolument somptueuse (d’un point de vue purement glottesque, il y a là-dedans des notes filées et tenues sur le souffle qui sont hallucinantes, et puis le timbre est sublime, dans ces années-là: l’aigu a conservé sa pureté, mais le médium a gagné quelque chose de charnu et d’un peu capiteux qui est à se pâmer de volupté.) D’autant que, quoiqu’on puisse dire de son français (moi le premier, d’habitude), Barbara Hendricks ne rate jamais les lambeaux de phrases laissés intelligibles par Britten: on a même l’impression que l’émission (la plupart du temps d’un flou esthétique très réussi) se focalise à ces moments-là sur la diction (et réussit même alors à faire entendre cette alternance très rimbaldienne de grand ton châtié et de grasseyements faubouriens) - on a vraiment l’impression d’entendre un flux vocal où, de loin en loin, affleureraient, immédiatement reconnaissables, de vraies bribes de Rimbaud. Par ailleurs, on sent ici chez Barbara Hendricks une espèce de sens poétique intuitif, comme si, en-deçà ou au-delà de la déclamation, l’intelligence du texte semblait guider la manière vocale, si «instrumentale» que puisse être cette dernière: certes, on ne comprend que rarement le texte chanté, mais, paradoxalement, on est souvent confondu par la pertinence par rapport au texte d’effets vocaux très fins et très variés - squillo, suspension de la mezza-voce à la limite du susurrement, colorations vocaliques, inflexion ou tenue de la ligne, déplacement de l’accentuation rythmique… Il faut aussi souligner (là aussi: contre toute attente!) ce qu’apportent ici Colin Davis et l’English Chamber Orchestra: ici le côté très rond, velouté et charnu des cordes, la conduite assez ample - mais fluide, et avec un beau sens du rebond - permettent de neutraliser fort heureusement le côté crincrin grinçant et sautillant ou au contraire l’effet tapis de cordes opaques qui est trop souvent le lot ici - l’accompagnement semble vraiment conçu en cohérence avec l’approche vocale. (Et en plus, l’enregistrement est ici sensiblement au-dessus des standards EMI Classics de cette époque!) |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97921 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Jeu 21 Avr 2022 - 22:46 | |
| Oh, voilà qui fait envie, surtout lorsqu'on est sensible à l'investissement et au timbre de Hendricks… (Je crois cela dit avoir déjà écouté, et ne pas avoir vraiment vu la lumière… l'œuvre est en effet un cimetière prosodique…) |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Jeu 21 Avr 2022 - 23:13 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- Je crois cela dit avoir déjà écouté
Oui, puisque c'est grâce à toi que j'ai essayé cette version: - À la page précédente, DavidLeMarrec a écrit:
- La version pour laquelle j'ai le plus de tendresse est celle de Hendricks, beaucoup plus fruitée et mobile, moins pétrifiée par la prosodie bizarre qu'à peu près tous les autres ; bémol important, l'orchestre (English Chamber Orchestra dirigé par Colin Davis) est vraiment mou et imprécis, avec des timbres effondrés (d'autant plus étonnant qu'il est correct chez Bedford à la même époque), la plus mauvaise prestation parmi ce que j'ai écouté.
(En revanche, pas du tout d'accord sur l'orchestre, donc...) - DavidLeMarrec a écrit:
- et ne pas avoir vraiment vu la lumière… l'œuvre est en effet un cimetière prosodique…
Certes, mais je trouve vraiment qu'ici Barbara Hendricks en tire le meilleur de ce qu'on peut en tirer - et à défaut d'être une mise en musique réussie de Rimbaud, ça devient un objet musical un peu bizarre mais assez beau. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97921 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Ven 22 Avr 2022 - 0:20 | |
| Oui, j'en ai le souvenir (lointain, ça fait bien dix ans que je n'ai pas réécouté, je pense ?) comme d'une tentative fruitée et généreuse d'habiter ces poèmes dégingandés et pas toujours adroitement tissés prosodiquement… (Et je me rappelle d'un orchestre terne et poisseux, en effet ; j'avais fait une écoute comparée, et ça n'était pas du tout au niveau de la concurrence.) |
| | | titi 1961 Néophyte
Nombre de messages : 1 Age : 63 Localisation : 18230 saint doulchard Date d'inscription : 02/05/2022
| Sujet: Benjamin BRITTEN et Peter PEARS Lun 2 Mai 2022 - 21:25 | |
| Comment être plus Anglais que quelqu’un qui s'appelle Britten. Et comment Chanter mieux le War Réquiem du premier, quand on s'appelle PEARCE, le R en trop. Ce duo musical hors du commun! Comment être plus complice que ce couple musical et dans la vie! il nous produisent une œuvre majeur de XXé siècle, l'un à la création et l'autre à l’interprétation.
Il restera parmi les "duos" majeurs du siècle dernier, au même titre que SHOSTAKOVICH et MRAVINSKY, uniquement dans le domaine musical pour ces derniers. Aucune de interprétations d’œuvres avec voix d'homme(s) de BRITTEN n'égale les performances de PEARS. On ne dissocieras jamais ces deux immenses artistes. Ils sont liés et sont rentrés dans la postérité pour toujours. |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Lun 2 Mai 2022 - 23:50 | |
| Tout d’abord, sois le bienvenu! Nous autres britteniens ne sommes pas si nombreux ici! - titi 1961 a écrit:
- Aucune de interprétations d’œuvres avec voix d'homme(s) de BRITTEN n'égale les performances de PEARS.
Sur ce point, j'apporterai néanmoins quelques amendements: 1. Je dirais «interprétations d’œuvres avec voix de ténor» et non «avec voix d’hommes.» Certaines œuvres de Britten échappent par leur tessiture à Peter Pears - qu’elles aient été composées explicitement pour baryton (comme les Songs and Proverbs of William Blake, ou le rôle-titre d’ Owen Wingrave) ou pour medium voice, donc chantables par un baryton ou une mezzo (comme la plupart des mélodies antérieures à la rencontre avec Pears, et qui sont aussi des jalons important, comme les trois chansons de Beware! de 1922-23 ou le cycle Tit for Tat d’après Walter de la Mare) - sans parler des quelques pages pour contre-ténor, rares mais importantes (comme le rôle d’Obéron dans A Midsummer Night’s Dream.) 2. Je préciserai quand même «interprétations d’œuvres en langue anglaise»: la diction de Pears en français ( Les Illuminations) comme en italien (les Michelangelo Sonnets) et sa déclamation allemande (dans les Hölderlin Fragments), ce n’est vraiment pas ce qui me semble servir au mieux ces œuvres. L’écriture de Britten a déjà tendance à sérieusement distordre la prosodie dans ces langues - avec, en plus, la prononciation, les apertures et les appuis exotiques de Pears, ça devient quand même très problématique. (Depuis, des chanteurs britanniques plus rompus au lied et au seria, comme Ian Bostridge ou Mark Padmore ont proposé des choses plus convaincantes.) 3. Je suis bien d’accord pour dire qu’il y a quelque chose d’ irremplaçable dans les versions de Pears (je pense en particulier au tout premier enregistrement de la Sérénade - celui de 44, avec Brain et le Boyd Neel String Orchestra) - mais je ne dirais pas inégalable. En effet, il y a eu, depuis, beaucoup de remarquables propositions qui apportent vraiment quelque chose de différent à l’intelligence poétique et musicale de ces œuvres - que ce soit en termes d’interprétation verbale (ou bien dans le sens d’une éloquence plus fluide comme Philip Langridge ou Anthony Rolfe-Johnson, ou au contraire d’une expressivité plus sophistiquée comme Ian Bostridge), de plastique vocale (Neil Mackie, lui-même élève de Pears) ou des deux (Mark Padmore ou Martyn Hill.) Je trouverais dommage de se priver de tels apports pour privilégier les seules versions Pears en les posant a priori comme un absolu. (J’ai d’ailleurs surtout parlé ici en pensant aux cycles de mélodies, mais ça vaut aussi pour la musique scénique: la Madwoman de Pears dans Curlew River est certes particulièrement saisissante - mais l’incarnation de Philip Langridge dans la version Marriner est elle aussi assez extraordinaire; tout comme le Captain Vere plus introverti de Rolfe Johnson ou le Peter Quint plus fruste et frontal de Tear qui, à mon sens, proposent des incarnations très différentes et, dramatiquement, psychologiquement, très convaincantes.) Et j’en profite pour signaler cette curiosité: The Heart of the Matter, « a sequence of music with words by Edith Sitwell» qui est une sorte de mise en abîme du Canticle III «Still Falls the Rain», encadré par des songs pour ténor, des lectures de poèmes et des fanfares pour cor et piano. En 1983, Pears en avait réalisé un arrangement, et dans cette version enregistrée en 1986 par Neil Mackie avec Barry Tuckwell et Roger Vignoles, c’est Pears lui-même qui tient le rôle de récitant:
Dernière édition par Benedictus le Mar 3 Mai 2022 - 0:17, édité 5 fois |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Lun 2 Mai 2022 - 23:59 | |
| - titi 1961 a écrit:
- Et comment Chanter mieux le War Réquiem du premier, quand on s'appelle PEARCE, le R en trop.
Malheureusement, le jeu de mots ne marche qu’avec l’accent de Maurice Chevalier: à l’oral, en anglais, pears [pɪəz] et peace [ˈpiːs] sont vraiment fort dissemblables (et pas tellement par le r, en fait.) (Mais c’est joliment trouvé, je l’avoue.) |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Ven 6 Mai 2022 - 2:03 | |
| - En Playlist, Benedictus a écrit:
• Choral Dances from Gloriana, op. 53¹. Five Flower Songs, op. 47. Sacred and Profane, op. 90, Eight medieval lyrics Ian Partridge (ténor), Helen Tunstall (harpe); Harry Christophers / The Sixteen Snape, I.1991; Londres, IV.1991 & IX.1992 Coro
Probablement les plus belles œuvres profanes (malgré le titre de l’op. 90!) pour chœur a cappella de Britten. Je préfère sans doute les versions plus charnues du RIAS Kammerchor, dont j’avais parlé ici et là - mais il faut bien reconnaître que, dans ce style choral très «idiomatique» (les timbres un peu blancs ou translucides, le lissé de l’émission, l’espèce de prééminence des high voices dans le spectre), les Sixteen proposent quand même quelque chose d’assez parfait en termes d’articulation et de précision rythmique (deux points sur lesquelles ces œuvres sont particulièrement requérantes.) |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Dim 28 Aoû 2022 - 3:36 | |
| • Les Illuminations, op. 18, pour voix aiguë et orchestre à cordes. Sérénade, op. 31, pour ténor, cor et cordesª. Nocturne, op. 60, pour ténor, 7 instruments obbligato et cordesᵇAndrew Staples (ténor), Christopher Parkes (cor)ª ᵇ, Daniel Harding / Orchestre Symphonique de la Radio Suédoise; Fredrik Ekdahl (basson), Lisa Viguier Vallgårda (harpe), Tomas Nilsson (timbales), Sofi Berner (cor anglais), Anders Jonhäll (flûte), Andreas Sundén (clarinette)ᵇ. Stockholm, III.2018, IV-V.2019 Harmonia MundiAprès plusieurs écoutes (du moins de la Sérénade et du Nocturne), et pas mal de balancements dans mon appréciation, j’aurais finalement tendance à apprécier de façon globalement positive ce disque. Pour le dire rapidement: dès la première écoute, j’ai été absolument enthousiasmé par le travail de Harding et de son orchestre, et cet enthousiasme ne s’est jamais démenti à la réécoute (Harding est décidément un très grand interprète de Britten, avec tout un art de maintenir la tension du discours orchestral tout en mettant en valeur la richesse de textures et de rythmes que d’autres chefs occultent souvent - il faut vraiment écouter ses enregistrements de Billy Budd et du Tour d’écrou); en revanche, à la première écoute, j’ai été frappé par les prestations très inégales de Staples, mais au fil des réécoutes, ma déception initiale s’est sensiblement tempérée. Je ne me suis pas infligé plusieurs réécoute des Illuminations, une œuvre dont l’importance «biographique» (considérable) me semble assez peu en rapport avec l’accomplissement musical et prosodique (pour le moins discutable): ici, Staples ne fait pas franchement mieux que la plupart des autres ténors de la discographie, mais pas sensiblement pire non plus. Entre la tessiture très tendue dans l’aigu et l’écriture vocale qui distord complètement le texte, c’est une œuvre dont je vois mal comment un ténor pourrait se tirer de façon vraiment convaincante (la seule proposition vocale qui m’ait ici pleinement convaincu, c’est, contre toute attente, celle de Barbara Hendricks, cf. supra); j’ai l’impression qu’il n’y avait pour les ténors proposent que deux types de solutions: ou bien poursuivre la logique expressive tarabiscotée de l’écriture jusqu’à la grimace, au détimbrage ou à l’égosillement (Pears, Bostridge) - mais ça devient vite pénible, tout en restant du grand nawak prosodique - ou au contraire, essayer de se couler dans une logique plus «instrumentale», en essayant de préserver son timbre et un semblant de galbe mélodique en ânonnant le texte d’une façon plutôt lâche - et c’est ce que fait ici Staples, comme d’autres (Hill, Ainsley): ça devient assez flou, mais pas particulièrement beau ou passionnant non plus. En revanche, ce qui est intéressant, c’est la façon dont Harding anime la partie instrumentale qui cesse ici d’être réduite à un accompagnement atmosphérique crincrin: en en faisant ressortir toute l’instabilité, les frottements harmoniques, les élans contrariés et les syncopes, les strates de textures hétérogènes, les boucles obsédantes et les suspensions frémissantes, il semble créer tout un drame sans paroles autour de la voix. C’est probablement dans la Sérénade que Staples m’a d’abord beaucoup déçu: peut-être parce qu’à la différence des Illuminations, c’est une œuvre dont j’attends beaucoup (une de ces œuvres auxquelles je reviens depuis l’adolescence), mais aussi parce que j’attendais impatiemment que Staples l’enregistre depuis ce compte-rendu d’un concert de 2015 par David: - DavidLeMarrec a écrit:
- […] Andrew Staples […] se révèle un petit miracle sonore en vrai : grâce à une émission haute, claire et sonore, il peut se mouvoir dans des configurations légères, suspendues, délicates ou glorieuses. L'agilité est très bonne et l'anglais parfaitement articulé (ce n'est pas un attribut automatique chez ses confrères britanniques !), d'une émotion pudique. En réalité, toute la voix est fondée sur un équilibre très soigné entre l'efficacité d'émission (presque nasale) et la beauté du timbre (avec une rondeur qui s'obtient au contraire plus en arrière de la bouche), avec une émission mixte très souple, qui permet aussi bien le confort dans les parties longtemps très aiguës (en élargissant la voix de tête) que la voix pleine glorieuse (mais agréablement timbrée). Particulièrement impressionnant.
Or, à l’écoute de cet enregistrement, malheureusement… Par rapport au compte-rendu de concert, ce qui frappe dans cet enregistrement, c’est l’impression que les techniques dont l’équilibre permettaient le «miracle» de l’émission mixte en salle semblent plus massivement exploitées: ici, ça nasalise et ça couvre beaucoup, et pour tenir une tessiture manifestement tendue (c’est même ponctuellement assez inconfortable à l’écoute), et ce au détriment de l’articulation - en fait, pour ce qui est de l’articulation, ça ressemble presque à une caricature de l’accent de l’ upper class anglaise, où les consonnes sont si peu articulées que l’on entend toutes les inflexions de l’accent tonique mais presque pas les mots. Déception d’autant plus grande que la diction est beaucoup plus conforme à mes attentes dans le Nocturne qui suit. Par ailleurs, si Harding et les cordes suédoises réalisent ici le même genre de prouesses que dans les Illuminations, le cor de Christopher Parkes m’a paru assez peu distinctif, d’une sonorité étroite, un peu terne et pas spécialement éloquent - rien de rédhibitoire, certes, mais on est en-deçà des propositions les plus marquantes de la discographie, qu’il s’agisse de l’émission sale et méchante de Brain dans la version historique Pears / Britten de 44, ou au contraire de la beauté des cornistes des deux versions Bostridge (les couleurs automnales nimbées de Marie-Luise Neunecker avec Metzmacher, l’incroyable pureté de Baborák avec Rattle.) Et puis, à la réécoute, je suis un peu revenu de ma déception. Déjà, objectivement, la prestations de Staples reste quand même tout à fait honorable (ce n’est pas plus inconfortable que Langridge ou que Pears en 1963, et même si ça n’a pas la netteté déclamatoire que j’escomptais, ça reste intelligible.) Et puis surtout, je me suis dit que Staples avait peut-être été capté un peu trop tard: ce n’est sûrement pas un hasard si il réussit bien mieux le Nocturne - composé pour la voix de Pears de 1958, alors que la Sérénade l’était pour celle de 1943. De fait, je pense que Staples a dû faire des choix pour résoudre des difficultés vocales - et finalement des choix très pertinents: il ne va pas à rebours sa construction vocale (la nasalité, le timbrage en arrière étaient déjà là), il préserve ce qui est manifestement essentiel pour lui (l’agilité, le timbre, et le refus de la surcharge expressive) et trouve une solution qui a le mérite d’une sorte de cohérence «culturelle» (l’espèce d’understatement déclamatoire de cet accent de classe n’a rien d’incompatible avec Keats ou Tennyson.) On peut donc regretter que Staples n’ait pas enregistré cette Sérénade au moment où David l’y a entendu, mais on ne peut lui reprocher la façon dont il la négocie aujourd’hui. Quant au Nocturne, les choses sont pour moi très claires depuis ma première écoute: c’est une de mes versions préférées, et je pense même qu’on tient là la meilleure version récente de l’œuvre. Ici, comme je l’ai dit, aucune réserve sur la prestation de Staples: le texte est très nettement articulé, la déclamation à la fois au cordeau et assez électrisante dans sa sobriété même, le timbre est très beau (là, pour le coup, la compte-rendu de concert de David pourrait s’appliquer au mot près.) Et à le travail orchestral est extraordinaire, très au-delà d’une logique d’accompagnement, qu’il soit mélodique ou atmosphérique: toujours cette façon tendue et détaillée de construire les parties de cordes comme un discours second, et une façon de faire interagir les solos avec le texte, d’une manière non seulement figuraliste mais aussi musicale (rythmique, en particulier, mais qui joue aussi sur le grain instrumental, souvent remarquablement fin et typé - il faut vraiment écouter les à-coups du basson dans le Kraken de Tennyson!) Ne serait-ce que pour cette version du Nocturne, un enregistrement à connaître, malgré une discographie déjà riche. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97921 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Dim 28 Aoû 2022 - 11:21 | |
| J'ai été aussi fasciné par Harding, ce tranchant incroyable (sans rien perdre en poésie) dans des œuvres où l'on est plutôt accoutumé à de la méditation impalpable. Clairement jamais entendu mieux. Effectivement, Staples, que j'ai adoré en salle… m'a paru beaucoup plus égal et terne ici, sans les jeux de miroitement et l'aisance surhumaine qui m'avaient frappés. (Il faut dire qu'il s'est pris 6 ans de carrière très intense entre les deux. Et le disque peut changer les perceptions.) - Citation :
- (les couleurs automnales nimbées de Marie-Luise Neunecker avec Metzmacher, l’incroyable pureté de Baborák avec Rattle.)
Oh oui ! |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Lun 5 Sep 2022 - 21:43 | |
| Tiens, au fait, j’ai fait une recension des versions discographiques de la Sérénade - j’en ai dénombré 24. Il se trouve que, sous un format ou un autre, j’en ai 22 (#discopathesanonymes): il ne me manque que la seconde version Schreier (avec Peter Damm et l’Orchestre de Chambre Slovaque - apparemment, ça n’a existé qu’en microsillon, je n’en ai trouvé de report ni en CD ni en numérique) et le live de Gerald English à Cologne avec Barbirolli.
Je vous livre déjà la liste chronologique sous la forme: année d’enregistrement ténor • corniste • chef / orchestre ou ensemble (label de parution; label de réédition le cas échéant)
1944 Peter Pears • Dennis Brain • Benjamin Britten / The Boyd Neel String Orchestra (Decca; Naxos) 1953 Peter Pears • Dennis Brain • Eugene Goossens / New Symphony Orchestra (Decca; Naxos) 1963 Peter Pears • Barry Tuckwell • Benjamin Britten / London Symphony Orchestra (Decca) 1967 Peter Schreier • Günter Opitz • Herbert Kegel / Rundfunk-Sinfonie-Orchester Leipzig (Eterna/Berlin; Brilliant) 1969 Gerald English • Hermann Baumann • Sir John Barbirolli / Kölner Rundfunk-Sinfonie-Orchester (ICA) 1970 Robert Tear • Alan Civil • Sir Neville Marriner / Northern Sinfonia (EMI; Warner) 1974 Ian Patridge • Nicholas Busch • Sir John Pritchard / London Philharmonic Orchestra (EMI; LPO) 1977 Robert Tear • Dale Clevenger • Carlo Maria Giulini / Chicago Symphony Orchestra (Deutsche Grammophon) 1985 Peter Schreier • Peter Damm • Bohdan Warchal / Orchestre de Chambre Slovaque (Opus) 1988 Martyn Hill • Frank Lloyd • Richard Hickox / City of London Sinfonia (Virgin; Erato) 1988 Neil Mackie • Barry Tuckwell • Steuart Bedford / Scottish Chamber Orchestra (EMI) 1988 Anthony Rolfe Johnson • Michael Thompson • Bryden Thomson / Scottish National Orchestra (Chandos) 1989 Jerry Hadley • Anthony Halstead • William Boughton / English String Orchestra (Nimbus) 1991 Christoph Prégardien • Ib Lanzky-Otto • Osmo Vänskä / Tapiola Sinfonietta (BIS) 1994 Philip Langridge • Franck Lloyd • Steuart Bedford / English Chamber Orchestra (Collins; Naxos) 1995 John Mark Ainsley • David Pyatt • Nicholas Cleobury / Britten Sinfonia (EMI) 1995 Ian Bostridge • Marie Luise Neunecker • Ingo Metzmacher / Bamberger Symphoniker (EMI; Warner) 1996 Adrian Thompson • Michael Thompson • David Lloyd-Jones / Bournemouth Sinfonietta (Naxos) 2003 Toby Spence • Martin Owen • Clio Gould / Scottish Ensemble (Linn) 2005 Ian Bostridge • Radek Baborák • Sir Simon Rattle / Berliner Philharmoniker (EMI; Warner) 2011 James Gilchrist • Jasper de Waal • Candida Thompson / Amsterdam Sinfonietta (Channel) 2011 Mark Padmore • Stephen Bell • Jacqueline Shave / Britten Sinfonia (Harmonia Mundi) 2013 Allan Clayton • Richard Watkins • Markus Däunert / Aldeburgh Strings (Linn) 2019 Andrew Staples • Christopher Parkes • Daniel Harding / Orchestre Symphonique de la Radio Suédoise (Harmonia Mundi)
Si ça intéresse quelqu’un, je pourrais essayer de faire un bref descriptif des versions dont je dispose, quand j’aurai un peu de temps. |
| | | Melody Nelson Mélomane averti
Nombre de messages : 449 Localisation : Albion Date d'inscription : 07/01/2023
| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Ven 2 Juin 2023 - 17:00 | |
| J'ai du mal avec Les Illuminations. Je ne sais pas si c'est à cause de la version que j'ai écoutée (avec Pears), ou si c'est l'œuvre elle-même. Peut-être un peu des deux, mais j'aimerais quand même essayer d'autres versions avant de me faire une opinion. Des conseils? |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97921 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Ven 2 Juin 2023 - 17:28 | |
| La prosodie est très bizarre, oui. Et avec le français déformé de Pears, ça l'est encore davantage. Il y a très peu de versions qui m'ont convaincu (je vais aller regarder ce que j'ai), et je crois que Benedictus partage notre circonspection. |
| | | Francesco Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4116 Localisation : Paris Date d'inscription : 20/05/2010
| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Ven 2 Juin 2023 - 17:33 | |
| Bon, j'avoue ... j'aime beaucoup la version Hendricks-Colin Davis (publié dans un beau double disque). Elle est exotique évidemment, mais je trouve que ça va à ces pages, avec le mystère et la lumière à la fois du timbre de Hendricks qui, dans le grave, a toujours eu un petit côté "groove" que j'aime et qui colore curieusement la pièce. Bon, pour la prosodie ... là aussi c'est assez mystérieux, pour ne pas dire opaque. |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Ven 2 Juin 2023 - 17:47 | |
| - Melody Nelson a écrit:
- J'ai du mal avec Les Illuminations. Je ne sais pas si c'est à cause de la version que j'ai écoutée (avec Pears), ou si c'est l'œuvre elle-même. Peut-être un peu des deux, mais j'aimerais quand même essayer d'autres versions avant de me faire une opinion.
Des conseils? Je serais tenté de dire que c'est normal. En dépit de son importance dans l'itinéraire personnel de Britten, l'œuvre elle-même est une de celles que j'aime le moins: entre la prosodie musicale qui distord complètement le texte de Rimbaud et l'accompagnement en mode néoclassique crincrin: argh!Sinon, si tu as écouté cette version de 1966, Pears y en rajoute encore effectivement une couche - entre la voix complètement blanchie qui s'égosille dans les aigus et l'articulation radicalement inintelligible, c'est carrément abominable: La seule version qui m'ait vraiment réconcilié avec l'œuvre, c'est (contre toute attente) celle de Barbara Hendricks dont je parle en détail un peu plus haut: Après, comme version avec ténor, je ne vois guère recommander que Hill / Hickox (probablement celui qui fait le meilleur boulot pour essayer de rendre le texte intelligible, et des cordes un peu rondes) et Bostridge / Rattle (Bostridge qui joue à fond la posture tarabiscotée-dégingandée, et la miraculeuse transparence des cordes berlinoises): Ça me convainc néanmoins beaucoup moins que la proposition de Barbara Hendricks. (Mais on trouve aussi sur ces disques deux excellentes versions de la Sérénade et du Nocturne.) EDIT: Grillé par David et Francesco, mais il semble se dégager un certain consensus...
Dernière édition par Benedictus le Sam 3 Juin 2023 - 17:20, édité 1 fois |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97921 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Ven 2 Juin 2023 - 17:52 | |
| Pareil que vous de mémoire… j'avais été très séduit par Barbara Hendricks, et quelques ténors anglais élégants comme Hill (ou torturés avec plus de grâce que Pears, comme Bostridge) y réussissaient plutôt bien. L'œuvre reste bizarre. |
| | | Polyeucte Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20753 Age : 41 Date d'inscription : 03/07/2009
| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Ven 2 Juin 2023 - 19:11 | |
| Chez les sopranes, j'avoue beaucoup aimer Félicity Lott... et aussi Janine Micheau (mais là je dois être un peu seul!). _________________ Les Carnets d'Erik, le retour!
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| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97921 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Sam 3 Juin 2023 - 14:19 | |
| Ah oui, Micheau je me rappelle que c'est très différent… impossible de me rappeler en revanche si j'avais adoré ou trouvé ça pâle.
Je vais essayer de retrouver le disque. |
| | | Melody Nelson Mélomane averti
Nombre de messages : 449 Localisation : Albion Date d'inscription : 07/01/2023
| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) Mar 6 Juin 2023 - 16:50 | |
| Puisque vous êtes plusieurs à le recommander, j'ai écouté Hendricks/Davis. Effectivement ça n'a rien à voir! C'est beaucoup mieux que la version avec Pears (vous me direz, ce n'est pas difficile de faire mieux). J'ai aussi écouté Hill//Hickox. Franchement, j'ai essayé. Je n'aime toujours pas l'œuvre |
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| Sujet: Re: Britten, musique vocale (hors opéras) | |
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| | | | Britten, musique vocale (hors opéras) | |
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