Beat Furrer (1954-)

Juste pour le principe, un fil sur ce compositeur suisse installé depuis plus de trente ans en Autriche, fondateur de l'ensemble Klangforum Wien, et auteur notamment d'oeuvres scéniques qui peuvent difficilement être qualifiées d'opéras, mais qui ouvrent toutes grandes les portes de l'imaginaire.

D'abord, pour plus d'informations, la page de Furrer sur l'indispensable base de données de l'Ircam; son éditeur discographique est Kairos

J'ai été notamment confronté à deux de ses partitions :
* Fama, un "théâtre de l'écoute" inspiré par Ovide et par Mademoiselle Else de Schnitzler;
* Tout récemment (samedi dernier !) Lotofagos-Szenen, autrement dit l'alliage de Lotofagos pour soprano et contrebasse et de Lotofagos II pour 2 sopranos, ensemble et électronique (assez discrète, spatialisante, atmosphérique, vraiment convaincante même pour quelqu'un d'assez rétif à l'électronique comme moi). Cette pièce a été donnée sous la direction du compositeur à Metz dans le cadre d'Acanthes 2010, et c'était vraiment frappant de voir le public qui avait applaudi poliment les oeuvres précédentes s'enthousiasmer à très juste titre pour ce chef-d'oeuvre, désormais intégré dans une autre oeuvre scénique (Wüstenbuch, créé en mars à Bâle puis Berlin, mais hélas pas encore programmé en France - mise en scène Christoph Marthaler).

J'ai bien du mal à parler sur cette musique qui me fait un très fort effet, mais vraiment, si vous avez l'occasion...
(Les deux oeuvres dont je viens de parler ont été enregistrées à l'exception de Lotofagos II...)

Je découvre en ce moment : Aria(1999), Solo (1999) et Gaspra (1988), disque Kairos interprété par l'Ensemble Recherche. Je connais le nom Beat Furrer depuis très longtemps mais n'avait pas eu l'occasion d'écouter sa musique jusque là.

C'est une musique effectivement surprenante, en suspension, insaisissable et intrigante, désarticulée.
De prime abord un paysage sonore dans lequel je me sens bien malgré l'aspect déconcertant de la partition.

Et maintenant, me voici immergé dans une oeuvre très originale et d'une beauté plus immédiate : "Apon" pour orchestre et récitant (?) en deux mouvements.
Le premier mouvement est sans doute le plus fascinant, la voix récitante, somnanbulesque, comme une litanie monochrome est encadrée par des harmoniques électronisants et cristallins de l'orchestre.
Dans le second mouvement, l'orchestre reprend ses droits en s'imposant par un Forte grimaçant qui s'épanouit et s'appaise dans des textures sonores carrément savoureuses bien qu'inouïes.

Je ne te laisserai pas causer seul, et aurai du répondant dans quelques jours !

Je compte sur toi, je pense que ce compositeur pourrait t'intéresser.

aroldo a écrit:

Je compte sur toi, je pense que ce compositeur pourrait t'intéresser.

J'en ai déjà une petite idée, très sonore en effet.

Dans les quelques œuvres que je connais de lui, j’apprécie beaucoup ce compositeur qui semble un peu boudé sur le forum.
J’aime sa verve rythmique lié à une immédiateté de l’intention, ce qui n’empêche nullement l’exigence du propos.
Une belle veine post-lachenanienne dans l’écriture instrumentale.

Je l'ai souvent vu passer en playlist, mais je ne sais plus par qui précisément.

(J'ai dû en écouter distraitement une ou deux fois, je ne peux pas t'aider sur ce coup…)