Schoenberg et Zemlinsky à Pleyel 27/11/10

Quel programme ce week-end!

samedi 27/11 2010 20:00

Orchestre Philharmonique de Radio France
Alan Gilbert : direction
Yvonne Naef : mezzo-soprano
Doug Fitch : mise en lumières

Alexander Zemlinsky
Lieder sur des poèmes de Maeterlinck

Arnold Schönberg
Pelléas et Mélisande op. 5

J'ai ma place.
Un programme rare, même si on a déjà eu eu l'opus 5 de Schoenberg avec le philhar il n'y a pas si longtemps.
Ce qui m'inquiète c'est la mise en lumière, que nous réserve-t-on ?

Une fois n'est pas coutume. Ce jeunot de Gilbert ne vous impose pas du John Adams, du John Williams, ou du Wynton Marsalis.
Le public New Yorkais, lui, n'est pas tous les jours si veinard.

http://liveweb.arte.tv/fr/video/Pelleas_et_Melisande_par_l_Orchestre_Philharmonique_de_Radio_France/

Utnapishtim a écrit:

Ce qui m'inquiète c'est la mise en lumière, que nous réserve-t-on ?

J'ai pu voir ça ce matin (juste Pelléas), c'est pas mal du tout : une projection de dessins qui suivent globalement la trame narrative de la pièce, mais sans la linéarité qui aurait pu faire tomber le résultat dans le vulgaire, on reste toujours à mi chemin entre le figuratif et abstrait, assez sobre. C'est joli et souligne bien certains effets musicaux, certaines ambiances. Intéressant.
L'oeuvre je ne la connaissais pas bien, il y a de très beaux moments et ça m'a semblé globalement bien interprété (parfois un petit manque de lisibilité dans la masse orchestrale, des vents qui manquent de soutien, des passages à vide côté direction). J'aime décidément beaucoup le timbre de Radio France.

Merci, ça me rassure !
Le Philhar ya que ça de vrai à Paris !

Je confirme ce que dit Wolferl sur les images projetées: c'était assez discret, pas inoubliable certes, mais mi-abstrait mi-figuratif, je n'ai pas regardé du début à la fin certes, je ne suis pas sûr que ça le méritait (étant donné que ça détourne un peu l'attention inévitablement), mais c'était moins gênant que les horreurs qu'on s'était bouffées pour les concerts Varèse de l'an dernier par exemple.
Y a pas à dire, ce Pelléas de Schoenberg, en concert, c'est du bonheur à l'état pur.
Pourtant il y a certains moments où on se dit que ça manque quand même un peu de respiration, on étouffe un peu, mais il y a des thèmes tellement irrésistibles, et une tension harmonique perpétuelle si passionnante... L'orchestration est un peu plus ampoulée et moins variée que dans les Gurrelieder, ça n'est pas le point fort de l'oeuvre je trouve, et c'est vrai que ce soir ça manquait parfois un peu de clarté. (c'est pour ça que j'aime tant la version Barbirolli)
Mais la direction de Gilbert était superbe dans l'ensemble, une vision ample et très bien construite, avec une battue souple et toujours en mouvement.

Les lieder de Zemlinsky, plus chambristes voire intimistes, étaient superbes aussi, même si Naef manquait un tout petit peu de variété de couleurs à mon sens.

Un concert magnifique mais un peu court finalement, on aurait aimé une petite passacaille de Webern en plus, ou bien le Pelléas de Fauré pour rester dans la thématique Maeterlinck!

Je n'ai pas grand chose à ajouter à ce qu'a dit Xavier. Naef a été très bien, le Philhar en grande forme et Gilbert impérial. En bref j'ai adoré !
J'ai rarement vu le Philhar faire une telle ovation à un chef ! Comme je m'y attendais peu de monde... mais un public qui a beaucoup applaudi. Un peu court, mais très chouette.
J'espère que ce sera aussi bien la semaine prochaine ! encore du Zemlinsky !

Ah oui quand même, j'ai oublié de parler du public... y avait quoi, même pas la moitié de la salle de remplie?
La dernière fois que j'ai vu ça à Pleyel, c'était pour l'Acte préalable de Scriabine.
En gros, les meilleurs concerts sont toujours vides.
Par contre ceux qui étaient là étaient contents, en effet.

A peu près les mêmes impressions de Xavier tant sur le concert même, que sur le public ...
Bizarre en effet de ne voir presque personne dans cette salle. Les premiers rangs étaient vides. Au moins cela permettait-il d'aller se placer un peu mieux que notre placement initial et éviter les quintes de toux à répétition ^^

Belle découverte pour Zemlinsky, mais le gros morceau restait Schoenberg.
Je ne parle pas des images, j'ai un peu regardé, mais cela m'a vite lassé à vrai dire. Sinon une très belle direction et un orchestre avec de l'ampleur et de la puissance. Des cuivres parfois un peu agressifs, un manque de hiérarchisation à certains moments, mais sinon beaucoup d'émotions et une plongée totale dans l'oeuvre !

Et pour avoir parlé avec quelques connaissances musiciennes de l'orchestre, il semblerait en effet que les musiciens aient beaucoup apprécié de jouer cette pièce et je trouve que cela se sentait (c'est pas tjs le cas)

J'y étais également, dans une salle à moitié vide, quelle tristesse.
Comme d'habitude, j'ai adoré ce qu'a proposé Naef, sublime de chant, de timbre, peut être effectivement un peu trop monochrome, mais alors quels aigus !!! J'ai vraiment adoré cette musique uqe je ne connaissais pas et d'une grande délicatesse en fait. Bon, je passerai sous silence les textes de Maeterlinck qui ne me semblent pas aussi bons que ceux de Pelléas.
Superbe deuxième partie également, mais j'ai pu constater avec dépit que le son de l'orchestre est écrasé lorsqu'on était dans les premiers rangs du parterre, et que pour du symphonique pur, ce ne sont pas les places idéales. Les cuivres et les percussions ne passent pas le rideau des cordes en fait. Très beau Pelléas dirigé par Gilbert, qui est très intéressant à regarder diriger.
Xavier, est ce que les moments les plus touffus orchestralement de Pelléas dont tu parles (et je me suis fait la même remarque hier) ne correspondent pas au moment où Golaud entraine Pelléas dans des souterrais suffocants ?

Richard a écrit:

Xavier, est ce que les moments les plus touffus orchestralement de Pelléas dont tu parles (et je me suis fait la même remarque hier) ne correspondent pas au moment où Golaud entraine Pelléas dans des souterrais suffocants ?

Je ne sais pas, j'essaie plutôt de ne pas me soucier de l'argument, tant je trouve la musique de Schoenberg, pourtant superbe, totalement à côté de l'esprit de Maeterlinck.

C'est plutôt une remarque générale d'ailleurs, pas liée à un passage en particulier.

Richard a écrit:

une salle à moitié vide

On ne peut certes pas lire dans la conscience de tous ceux qui ont choisis de ne pas aller Salle Pleyel la semaine dernière. Mais enfin, Alan Gilbert n'a pas eu le temps de se faire une réputation suffisante pour attirer le public. Et ce fut tout de même une décision bizarre de la part des administrateurs de l'Orchestre de New York, que de chosir ce parfait inconnu (même s'il est vrai que le nombre des chefs prestigieux semble diminuer inexorablement).

Le concert est en ligne ici: http://www.citedelamusiquelive.tv/Concert/0953738.html