Génie, objectivité et palmarès

Oh que oui. Tu veux un exemple ? Ecoute la subtilité rythmique des violons dans la scène où les filles du Rhin interpellent Siegried, au début du Crépuscule. Tous ces petits triolets de doubles croches glissés dans des groupes binaires. Wagner est rempli de ces trouvailles. Evidemment, si on veut du bourrin, il y  Carl Orff.
C'est pour ça, aussi, qu'il faut un peu parler objectivité. Tu passes des décennies à éplucher les partoches des Quatuors de Beethoven ou celles des grands drames wagnériens et tu t'aperçois que plein de richesses sont encore à découvrir. On meurt avant d'en avoir fait le tour.
Je n'ai même pas commencé à appréhender la musique de Wagner à sa juste valeur. Chaque jour ou presque, je découvre un truc qui me scotche (je suis fou au point d'avoir ses partitions dans mes toilettes  ).

Zeno a écrit:

Oh que oui. Tu veux un exemple ? Ecoute la subtilité rythmique des violons dans la scène où les filles du Rhin interpellent Siegried, au début du Crépuscule. Tous ces petits triolets de doubles croches glissés dans des groupes binaires.

La tu me prends par les sentiments: c'est une des mes scènes préférées du Ring.    

En effet, jamais les jeux de rondes de nos naïades aquatiques n'ont trouvé plus beau chantre.  

Zeno a écrit:

Je n'ai même pas commencé à appréhender la musique de Wagner à sa juste valeur [...] au point d'avoir ses partitions dans mes toilettes

On pourrait se méprendre sur tes propos...  

Les toilettes sont un lieu hautement spirituel. J'y ai rencontré Dieu. Donc je peux bien y stocker les partitions de Wagner.  

Moi j'y feuillette des livres de cuisine pour inspirer mes prochaines recettes.

Sinon divin, il y a peut-être une dimension cosmogonique à ainsi célébrer le cycle de la création et de la destruction

Oui, Shiva est partout.

Donc, j'ai réalisé la synthèse : Shiwagner.

(et ne va pas me l'orthographier autrement, je te prie).  

Zeno a écrit:

Donc, j'ai réalisé la synthèse : Shiwagner.

et ne va pas me l'orthographier autrement, je te prie 

Je n'y aurais jamais pensé  

Ma seule contribution à ce topic est très intéressante ; j'en ai honte.

Pour la peine, je vais au petit coin...

Mélomaniac a écrit:

Moi j'y feuillette des livres de cuisine pour inspirer mes prochaines recettes.

Sinon divin, il y a peut-être une dimension cosmogonique à ainsi célébrer le cycle de la création et de la destruction

Graffiti classique du collège:

"ici tombent en ruines
les délices de la cuisine'.

 

Zeno a écrit:

Il y a des cas de génie mélodique spontané, inépuisable : Schubert, Mozart, Boulez...

C'est une grave et grande question que tu poses là Zeno que je me suis souvent posé , le génie est il inépuisable? je ne le pense pas Mozart, Schubert ou Beethoven semblent avoir été au bout de quelque chose qu'ils auraient sans doute forcément répèté ou imité ;s'ils avaient vécu plus longtemps, les chefs-d'oeuvres ne se dépassent plus au bout d'un moment, après le Chant de la terre que faire pour Mahler, la dixième symphoni ressemble déjà a du déjà écouté mais c'est sûr que je parle là pour ne rien dire lol:coucou:  

Je pense plutôt à ce que nous, mélomanes, y puisons : les oeuvres sont inépuisables, mais ceux qui les ont composés étaient limités, certes.
D'où le fait que je pense, en spiritualiste frapadingue, que les grands génies sont connectés à un principe supérieur dont j'ignore tout, mais dont ils deviennent en quelque sort le canal, à force de quoi, je ne sais pas, d'inspiration, de travail, de souffrance, de folie, de sacrifice, de grâce...
Je ne suis pas le seul à penser cela, mais ici, sur le forum, je le suis et cela ne rend pas ma position facile.