Qu'écoutez-vous en cet instant précis? (Avril 2006)

DavidLeMarrec a écrit:

Lupu est le dieu de Schubert. Homogénéité, pudeur, grâce discrète, esprit des phrasés... Ce n'est pas un grand virtuose, mais un véritable esthète.

C'est assez vrai, sauf qu'il loupe des notes dans les moments musicaux, un peu étrange quand même vu le niveau du bonhomme...

Pff je l'ai vu dans un concerto de Beethoven récemment et c'était prodigieux, léger comme l'air, somptueux, lyrique, chantant, subtil... avec un corps et la grâce d'un bûcheron...

C'est franchement pas le concerto du siécle!!! Rien de caractéristique, pas de thème meneur et des allanguissements............. poua, interminables.

Sinon j'ai écouté ca:



Un bon imitateur de Vivaldi et Lully.

Jorge a écrit:

C'est franchement pas le concerto du siécle!!! Rien de caractéristique, pas de thème meneur et des allanguissements............. poua, interminables.

Bah si justement, c'est le concerto du siècle! Et dans une de ses plus belles interprétations! C'est vraiment dommage que tu n'aimes pas...

adriaticoboy a écrit:

Et dans une de ses plus belles interprétations!

Je n'ai que ca.

Non, c'est franchement mauvais.

Jorge a écrit:

adriaticoboy a écrit:

Et dans une de ses plus belles interprétations!

Je n'ai que ca.

Non, c'est franchement mauvais.

Je déteste ce genre de sentence péremptoire. Ce concerto n'est pas mauvais. Tu ne l'aimes pas (pour l'instant), c'est tout.

Mauvais est peut etre mal choisi. Bon à titre d'exemple, je lui donnerais 6/10 à ce concerto. Rien n'est mauvais, mais rien n'est beau non plus. Je ne trouve pas l'émotion, pas de thème qui me parle.

L'interprétation, elle, est géniale.

Le concerto n°2 que j'écoute actuellement est meilleur de ce côtè la.

En fait en écoutant tout ca, je me dis que pour rendre compte de la richesse de ces oeuvres il me faudrait la partition.

Dans les oeuvres vraiment romantiques, il me faut toujours la partition.

Donc en écoute là:



Fort joli celui ci.

Jorge a écrit:

Mauvais est peut etre mal choisi. Bon à titre d'exemple, je lui donnerais 6/10 à ce concerto. Rien n'est mauvais, mais rien n'est beau non plus. Je ne trouve pas l'émotion, pas de thème qui me parle.

L'interprétation, elle, est géniale.

Tu es jeune, tu as besoin d'émotions fortes! Serkin est extraordinaire dans ce concerto mais peut-être n'est-il pas suffisamment romantique pour te faire vibrer et te faire ressentir la puissance dévastatrice de ce concerto! Dans ce cas, tente des lectures encore plus extrêmes comme celles d'Hélène Grimaud (sans rire) ou Arrau.

J'avais commencé pae Grimaud mais c'était pire. Il n'y avait pas la beauté plastique qu'il y a là. Je parle bien de la musique, pas de l'interpréte.

Jorge a écrit:

En fait en écoutant tout ca, je me dis que pour rendre compte de la richesse de ces oeuvres il me faudrait la partition.

Dans les oeuvres vraiment romantiques, il me faut toujours la partition.

Voilà au moins une sage réflexion!

Pour moi c'est du classique! Un très grand disque.

Juste avant de me lancer dans la suite de ma découverte de Wagner (suite et fin de Siegfried) ce soir.

Coelacanthe le feu-follet a écrit:

Je croyais que tu écoutais papa pingouin...

N'ayant pas trouvé la pochette sur Amazon, j'ai décidé d'écouter de la bonne musique (sur Fr Musique soirée bossa nova, j'ai décidé de ressortir mon double album fétiche De Moraes, Creuza, Bethania) et puis à cette heure-ci les enfants sont au lit.

Jorge a écrit:

C'est franchement pas le concerto du siécle!!! Rien de caractéristique, pas de thème meneur et des allanguissements............. poua, interminables.

Non mais faites-le taire!

Le 2è mouvement au moins, si c'est pas beau ça...

"Pas de thème meneur"...
Tu peux ne pas aimer, mais pas dire n'importe quoi.

lenain202 a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

Dans ce cas, inutile d'aller voir ailleurs. Lupu est le dieu de Schubert. Homogénéité, pudeur, grâce discrète, esprit des phrasés... Ce n'est pas un grand virtuose, mais un véritable esthète.

En fait je n'ai aucune version des Moments musicaux chez moi.
Ca fait un certain moment déjà, peut etre qu'il faudrait que je la réecoute mais on m'a endormi ce CD...
Si je devais en choisir une de mémoire, ce serait un mélange de Brendel, de Kovacevich et d'Edwin Fischer, mais c'est vrai que je ne trouve pas mon ideal chez un seul interprète.

Lupu est à l'opposé de Brendel, et assez loin de Kovacevitch. Rondeur et non ascétisme, phrasés longs et soyeux et non recherche de ruptures.

Dans les sonates, j'adore Planès qui allie à la grâce absolue d'un Lupu une vision un brin plus analytique. Car Lupu l'est très peu, tout est placé dans cette spontanéité typiquement schubertienne qui réussit avec tant de naturel dans ses lieder, dans sa cinquième symphonie...

Swarm a écrit:

C'est assez vrai, sauf qu'il loupe des notes dans les moments musicaux, un peu étrange quand même vu le niveau du bonhomme...

Justement non, ça ne m'étonne pas du tout. Il est peut-être le soliste avec la technique la moins solide, parmi ceux encore en activité qui ont beaucoup enregistré. En concert, je l'avais vu très en difficulté. L'intérêt chez Lupu est ailleurs. Etonnant, au passage, parce qu'on ne sent pas la fragilité dans son jeu.

En fait, Lupu a plutôt une technique et une sensibilité d'accompagnateur de lied, et de grand accompagnateur. C'est ce qui fait son charme en tant que soliste discret et touchant, c'est aussi ce qui caractérise sa technique limitée. Ca ne me dérange vraiment pas du tout !

sofro a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

Dans ce cas, inutile d'aller voir ailleurs.

Lupu est le dieu de Schubert. Homogénéité, pudeur, grâce discrète, esprit des phrasés... Ce n'est pas un grand virtuose, mais un véritable esthète.

Ailleurs que dans Schubert, le résultat est variable.

Tout à fait d'accord avec le commentaire. J'ajouterais que ses Brahms sont des modèles d'intériorité, de sobriété, de respect pour la musique...

Une première ! Pour la peine, si d'aventure tu passes à Bordeaux, je t'offre un verre !

Intériorité, sobriété, je souscris tout à fait.

Jorge a écrit:

Dans les oeuvres vraiment romantiques, il me faut toujours la partition.

Certes, c'est plus complexe à recevoir, sans doute, mais il y a un problème dans ces oeuvres ou dans ton écoute, si tu ne peux pas comprendre sans la partition - ce n'est pas fait pour !

Xavier a écrit:

"Pas de thème meneur"...
Tu peux ne pas aimer, mais pas dire n'importe quoi.

Je vais venir au secours de Jorge.

Il exprime bien évidemment un avis subjectif. Un thème meneur n'est pas forcément une notion d'analyse musicale, ce peut être aussi une impression. D'emblée, ce n'est pas forcément évident.

En outre, le premier mouvement a un côté obstiné qui peut très bien gêné. Tous ces trilles (outrés ) me font assez penser au Prometheus de Wolf (on a les références qu'on peut) : il y a quelque chose d'infiniment crispant dans cet espèce de tapage nerveux, en boucle.

Je peux très bien comprendre la perplexité de Jorge, pas la peine de lui tomber dessus. Surtout que par Serkin, trouver de l'émotion n'est pas toujours aisé. En l'occurrence, ça dépend du chef. Avec Szell, ça passe très bien, si j'en juge par le second concerto, plus pianistique et pourtant admirable rien que par la direction.
Mais pour l'ensemble, je préfère tout de même Gilels/Jochum.


Le second concerto est beaucoup plus thématique et accessible, c'est un fait. Et bien plus agréable à écouter de mon point de vue.

C'est bien pour ca que pour l'instant je le prefere largement. Dans celui-là j'ai l'impression de savoir où on va.

Pour le second mouvement du 1, parfois j'ai cru saisir une phrase, croire savoir ce que la suite aller me reserver, sentir quelques émotions arriver. Puis non, rien, changement de direction. Perdu.

Jorge a écrit:

Pour le second mouvement du 1, parfois j'ai cru saisir une phrase, croire savoir ce que la suite aller me reserver, sentir quelques émotions arriver. Puis non, rien, changement de direction. Perdu.

Tu préfères que les chemins soient balisés d'avance comme au 18è?
Tu n'aimes pas être un peu surpris?

"Je prefere ce qui me touche à ce qui me surprend".

Fort juste.

DavidLeMarrec a écrit:

Je peux très bien comprendre la perplexité de Jorge (...)Le second concerto est beaucoup plus thématique et accessible

La composition du 1er concerto n'est pas issue d'un schéma classique, elle a connu un cheminement complexe, cela explique la forme hybride de cette oeuvre, pas très pianistique, avec un plan orchestral fort, un côté incantatoire et répétitif, avec effectivement la récurrence de séquences de trilles exécutés à l'aide des deux mains, que David adore:

Du coup, les repères classiques sont faussés, cela rend ce concerto moins accessible que le second, d'une forme plus conventionnelle et plus pianistique. Lors de sa présentation à Leipzig en 1859, le 1er concerto a été qualifié de "bien difficile à suivre", "symphonie plutôt que concerto" etc... en revanche le second a connu d'emblée le succès.
Bref, il est clair que ce n'est pas par le premier qu'il faut commencer!

Du reste je pense que les interventions sur ce sujet avaient moins pour objet de stigmatiser la perplexité devant l'accès à une oeuvre, tout à fait légitime, que de défendre le génie de l'oeuvre elle-même, qui figure incontestablement parmi les plus grands concertos pour piano de l'histoire de la musique.

DavidLeMarrec a écrit:

Mais pour l'ensemble, je préfère tout de même Gilels/Jochum.

C'est une version que j'aime beaucoup, en regrettant tout de même la balance un peu en faveur de l'orchestre somptueux de Jochum.

Jorge a écrit:

"Je prefere ce qui me touche à ce qui me surprend".

Mais l'un n'est pas forcément exclusif de l'autre! Heureusement que l'on n'a pas toujours à choisir entre les deux!

sofro a écrit:

Du reste je pense que les interventions sur ce sujet avaient moins pour objet de stigmatiser la perplexité devant l'accès à une oeuvre, tout à fait légitime, que de défendre le génie de l'oeuvre elle-même

Ca oui, mais le contester n'était pas, je crois, le propos de Jorge. Simplement qu'il trouvait ça sans intérêt - ce à quoi il aurait été plus exact de répondre que c'était plus la difficulté d'accès que la médiocrité de l'oeuvre qui était en jeu. Ou alors le ton extrêmement tendu qui pouvait déplaire lorsqu'on est familier du classicisme.

Quant aux trilles, bien que n'ayant pas entendu ce concerto depuis à peu près un lustre, je les ai encore dans l'oreille, timbres et tempo d'Arrau en prime.

Attachez vos ceintures! J'ai debusqué la partition. Bon j'y vois plus clair. Mais ca n'a encore pour moi ni queue ni tete.

Ah j'ai trouvé un beau passage.

En fait, ce concerto met un peu trop de temps à demarrer vraiment pour moi.

Jorge a écrit:

Ah j'ai trouvé un beau passage.

En fait, ce concerto met un peu trop de temps à demarrer vraiment pour moi.

Ce concerto demande un travail sérieux d'audition: si tu as la partition en main, c'est encore mieux.

DavidLeMarrec a écrit:

Quant aux trilles, bien que n'ayant pas entendu ce concerto depuis à peu près un lustre, je les ai encore dans l'oreille, timbres et tempo d'Arrau en prime.

Il y aurait beaucoup à dire sur les trilles d'Arrau, exécutés souvent non pas avec les doigts mais avec les poignets. Arrau a une manière de rendre les trilles très expressifs, là où les autres font des sonneries de téléphone.

C'est vrai que de ce côté là Serkin c'est pas la joie. Tout coincé et serré.

Après m'être saoulé de Brahms:

Un peu de baroque bien mené:

La Messe pour les instruments au lieu des orgues (M.A. Charpentier), interprètée par Jean Tubery et l'ensemble La Fenice (Ricercar).

c'est très banal car chacun sait que la plus belle musique qui ait jamais été écrite est celle de Marc-Antoine et qu'aucun compositeur n'a jamais été autant assumé la musique que Charpentier.

Citation :

Concerto Köln

...

DavidLeMarrec a écrit:

Mais pour l'ensemble, je préfère tout de même Gilels/Jochum

Moi aussi pour le monumental premier, Gilels/Jochum sans problème. Pour le second il y a plus de possibilités, Serkin (avec Szell ou Ormandy), Richter/Leinsdorf, Arrau/Giulini entre autres, mais mon préféré depuis longtemps reste la remarquable entente entre Backhaus et Bohm.

Légendes de la forêt viennoise, Jascha Hoenstein et l'orchestre de l'opera national de vienne (Chesky Records)...

Ceci écrit, les concertos piano de Brahms sont des oeuvres très bien fréquentées et ou il y a place pour un choix bien plus que pour un verdict !
En ce qui concerne le premier, quelques suggestions :

Backhaus/Monteux (Tahra),
Gould/Adler (MAPA),
Gould/Bernstein (Sony),
Grafman/Münch (RCA),
Katchen/Monteux (Decca),
Kempff/Konwitschny (DGG),

et mon préféré :

Fleisher/Szell (Sony)

fomalhaut a écrit:

compositeur n'a jamais été autant assumé la musique que Charpentier.

Je n'ai rien compris à cette phrase.

Moi non plus, il aurait enlevé le été je n'aurais pas mieux compris d'ailleur...

Coelacanthe le feu-follet a écrit:

Moi non plus, il aurait enlevé le été je n'aurais pas mieux compris d'ailleur...

J'avais enlevé ce mot en trop sans m'en rendre compte.
Je ne comprends toujours pas ce que ça veut dire.

Peut-être qu'il voit la musique comme une pathologie honteuse

J'ai trouvé, il faut lire " ...compositeur qui n'a jamais autant assomé la musique que Charpentier"

vartan a écrit:

J'ai trouvé, il faut lire " ...compositeur qui n'a jamais autant assomé la musique que Charpentier"

Ou peut-être "...compositeur qui n'a jamais autant été assomé par sa propre musique que Charpentier"

Trêve de plaisanteries, Charpentier est un monument, assez ri!

A propos de néoclassieux.

Xavier a écrit:

vartan a écrit:

Charpentier est un monument, assez ri!

"Charpentier est un monument d'ennui!"

Comment peux-tu dire ça? Connais-tu ses leçons de ténèbres?

Non.
Je n'aime pas la musique baroque de toute façon.
(euh ce que j'ai dit était un simple jeu de mots pourri, pas une phrase sérieuse)

Xavier a écrit:

Non.
Je n'aime pas la musique baroque de toute façon.
(euh ce que j'ai dit était un simple jeu de mots pourri, pas une phrase sérieuse)

OK

...mais en l'occurence tu loupes quelque chose, c'est fabuleux:








...et puis moi je n'aimais ni Wagner, ni Scriabine avant d'écouter!

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