Les Symphonies de Sibelius

Benedictus a écrit:

Ben, un peu du genre des tiennes: c'est comme ça que Voltaire appelait Göteborg (Wikipédia dit «nom français mais peu usité.»)

En l'occurence, c'est la coquetterie d'Alpha. Quand j'avais vu pour la première fois la pochette, j'ai dû chercher pro faire le lien avec Göteborg.
Je vais l'écouter aussi, c'est sûr.

arnaud bellemontagne a écrit:

Je partage votre enthousiasme concernant cette lecture de Rouvali (merveilleux sens du timbre+ direction électrique). J'espère que c'est le premier jalon d'une intégrale...

Pour l'instant, probablement pas à l'ordre du jour : un peu jeune pour ça, et c'est cette symphonie qu'il fait tourner dans ses concerts.

Benedictus a écrit:

Ben, un peu du genre des tiennes: c'est comme ça que Voltaire appelait Göteborg (Wikipédia dit «nom français mais peu usité.»)

Tout à fait, mais c'est amusant, tant en français on ne rencontre plus guère que Göteborg…

DavidLeMarrec a écrit:

arnaud bellemontagne a écrit:

Je partage votre enthousiasme concernant cette lecture de Rouvali (merveilleux sens du timbre+ direction électrique). J'espère que c'est le premier jalon d'une intégrale...

Pour l'instant, probablement pas à l'ordre du jour : un peu jeune pour ça, et c'est cette symphonie qu'il fait tourner dans ses concerts.

Dommage, il a le potentiel pour nous concocter une intégrale de référence.

Un jour sûrement, mais je vois mal où il aurait le temps d'en maturer six autres en si peu de temps ! Là on sent qu'il a vraiment mis ses forces dans celle-ci pour la relire d'une façon singulière et pertinente, je ne suis pas sûr que ce soit possible dans le cadre d'une intégrale, et encore moins aussi vite après ses débuts.

Effectivement, s'il s'y met, j'écouterai ça très attentivement !

Diapason présente ce disque de Rouvali comme le "premier volume d'un cycle Sibelius", mais si le disque lui-même n'en dit pas davantage...

C'est bien un cycle qui s'annonce :
Par ici.

(Le Gothenburg Symphony et son chef d'orchestre Santtu-Matias Rouvali publient le premier volet de leur cycle Sibelius "Jean Sibelius: Symphonie n ° 1 et En Saga' sur Alpha".
Au retour de sa sortie, l’orchestre, avec le soutien de Harrison Parrott, entreprend une importante tournée européenne des symphonies de Sibelius dans des villes comme Hambourg, Berlin, Cologne, Vienne, Salzbourg, Munich et Francfort.)

Jaky

Super nouvelle !

Ça ne dit pas le périmètre dudit cycle, mais ça veut déjà dire qu'il y en aura d'autres… !

Super nouvelle, merci!

Et puis, preuve du caractère puissamment revivifiant des lectures sibéliennes de Rouvali: elles nous valent deux messages de Mike et Jaky qui n'avaient plus posté depuis bigrement longtemps!

Jaky a écrit:

C'est bien un cycle qui s'annonce :
Par ici.

(Le Gothenburg Symphony et son chef d'orchestre Santtu-Matias Rouvali publient le premier volet de leur cycle Sibelius "Jean Sibelius: Symphonie n ° 1 et En Saga' sur Alpha".
Au retour de sa sortie, l’orchestre, avec le soutien de Harrison Parrott, entreprend une importante tournée européenne des symphonies de Sibelius dans des villes comme Hambourg, Berlin, Cologne, Vienne, Salzbourg, Munich et Francfort.)

En fait, sur la chaine Vimeo du symphonique de Göteborg, on trouve (en version intégrale) quelques autres Sibelius par Rouvali (Symphonie 5, Kullervo, Nymphe des bois...)... Donc, le garçon a déjà quelques autres cordes sibéliennes à son arc!

Rechercher sur google "vimeo rouvali", ça roule direct...

Cette journée ne cesse de s'améliorer.

Merci Ptitof !!

J'ai donc regardé / écouté la Cinquième.

Moins enthousiasmant que la Première : les mêmes qualités peuvent être moins déterminantes (cette impression de ponts continus donne de la modernité à la Première… dans la Cinquième, elle renforce plutôt la difficulté à être tout le temps saisi dans les grands aplats de transition).

Par ailleurs, l'orchestre m'a semblé moins assuré (surpris par pas mal d'attaques pas nettes, dont les appuis hésitants des grands appels de cor du final…), voire pas très enthousiaste… dans le premier mouvement, il lui faut quasiment la moitié pour se donner à plein.

C'est enthousiasmant par moment, et pas au plus haut standard à d'autres, étonnant. (Ce qui rejoint l'idée qu'il ne faut peut-être pas tout graver tout de suite.)

DavidLeMarrec a écrit:

Super nouvelle !  

Ça ne dit pas le périmètre dudit cycle, mais ça veut déjà dire qu'il y en aura d'autres… !

Dans la petite vidéo promotionnelle qui accompagne ce CD sur Amazon, on voit écrit : "#SANTTUSIBELIUS1 Complete symphonies & poems Volume 1". Je pense que c'est assez clair que l'on aura une intégrale !

Benedictus a écrit:

Super nouvelle, merci!

Et puis, preuve du caractère puissamment revivifiant des lectures sibéliennes de Rouvali: elles nous valent deux messages de Mike et Jaky qui n'avaient plus posté depuis bigrement longtemps!

Un peu stupéfait par cet enthousiasme qui ne repose que sur l'interprétation de la 1ère symphonie qui n'est pas la meilleure du lot (A mon sens et à mes oreilles, bien sûr).
Ne vendons pas la peau de l'ours finlandais avant de l'avoir écouté...

fomalhaut

Personne ne dit que ce sera la meilleure intégrale !

Simplement, après une Première aussi différente (et réussie), on est très curieux de découvrir le reste. On émettra une opinion ensuite, mais pour l'instant on est contents de l'annonce, c'est tout.

Hi hi, vive Classik, tombé par hasard sur une notule concernant l'intégrale Jarvi/ODP des symphonies, je venais voir s'il y avait quelques retours et évidemment il y en a déjà plein.

Je vais évidemment me laisser avoir, alors que j'ai déjà facilement quatre ou cinq intégrales de ses symphonies, mais j'ai un tel souvenir des concerts à Pleyel que même la pochette hideuse ne me freinera pas (puis les enregistrements de l'ODP ne sont pas si fréquents).

Je me suis finalement pris P. Järvi / OdP en dématérialisé, mais il n'y a aucun livret d'accompagnement, aucune précision sur les lieux et dates d'enregistrement... Un possesseur de la version CD aurait-il ces renseignements?

Benedictus a écrit:

Je me suis finalement pris P. Järvi / OdP en dématérialisé, mais il n'y a aucun livret d'accompagnement

Mais que fait la Cololice ?

Ben, dans tout ce que j'ai téléchargé en dématérialisé, ces derniers jours (entre autres Mahler 3 et Berlioz par Roth, Offenbach/Gulda par Moreau, les cantates françaises par Eva Zaïcik, Via Crucis par de Leeuw / Gand, le récital d'Elsa Dreisig avec Salomé en français - on ne voit que trop, hélas, quelles pernicieuses influences je subis...), l'éditeur joignait un livret en pdf, mais pas RCA pour ces Sibelius.

Et bien moi dans mon beau coffret en dur j'ai un beau livret, et oui monsieur.

La couverture représente ce bon Parvi sur un rivage (semblant plus Atlantique que Finlandais).
On y trouve sinon les dates d'enregistrement, une bio de Paavo, et une de l'orchestre.

Et surtout un petit texte de Paavo sur les symphonies et comment elles sont ancrées dans sa formation de chef.
Plus amusant il explique que Paavo Berglund lui aurait affirmé connaître quelqu'un qui aurait récupéré chez l'éditeur les plaques d'impression d'une partie de la partition de la huitième, la symphonie disparue.

Et sinon je n'ai écouté que la première pour l'instant, concert auquel j'étais d'ailleurs, et la prise de son est exceptionnelle, rendant encore plus imposante l'interprétation très rythmée et nerveuse de Jarvi et de l'orchestre sur cette première.
(par contre il n'avait pas fait la deuxième à Pleyel aussi en 2012, j'aurais juré y avoir assisté)

C'est sympa de te vanter d'avoir un livret et de ne pas donner l'info demandée.

Prosopopus a écrit:

On y trouve sinon les dates d'enregistrement, une bio de Paavo, et une de l'orchestre.

Si tu pouvais me communiquer les lieux et dates d'enregistrement des différentes symphonies, je t'en serais très reconnaissant (je suis probablement un peu maniaque: j'aime bien avoir ces informations-là dans les index de mes fichiers.)

Prosopopus a écrit:

Plus amusant il explique que Paavo Berglund lui aurait affirmé connaître quelqu'un qui aurait récupéré chez l'éditeur les plaques d'impression d'une partie de la partition de la huitième, la symphonie disparue.

Oui, enfin, je me méfierais quand même de ce que peuvent se raconter des gars qui ont un prénom de plante opiacée.

Je suis comme ça. Plaisir d'offrir, joie de recevoir.
(bon je n'avais pas vu la demande en vrai)

Du coup :
Pleyel :
17/18 octobre 2012 (symphonie n1)
29/30 janvier 2014 (symphonies n6 et 7)
Philharmonie :
17/18 mars 2015 (symphonie n2)
9/10 septembre 2015 (symphonie n5)
2/3 mars 2016 (symphonie n3)
30/31 mars 2016 (symphonie n4)

Par contre les deux dates de représentations sont indiquées à chaque fois, cela pourrait indiquer un peu de montage avec deux prises ?

Merci!

Oui, probablement.

Ce scherzo sur la première !
Puis quand on revient sur des choses plus romantiques et élégiaques dans le dernier mouvement il sait bien ralentir un peu la cadence et ajouter un peu de rubato tout de même le Paavo, tout en détaillant bien les instruments, très beau aussi le crescendo de la troisième minute du dernier mouvement, avec l'entrée fracassante des timbales et la sonorité très glacée des violons qui se font ensuite plus caressant.

L’intérêt de ces pages d'ici qui suivent la parution des Jean Sibelius par Paavo Jarvi, c'est certes pas la surprenante frénésie d'enthousiasme  de nos chers co-commentateurs    pour admirer l'interprétation parisienne ,  mais l'impression qu'ont raison ceux qui préfèrent (et heureusement on a encore heureusement le choix le plus souvent) acheter la version CD qu'une vague version lâchée, bâclée en diffusion dématérialisé!

eslios a écrit:

L’intérêt de ces pages d'ici qui suivent la parution des Jean Sibelius par Paavo Jarvi, c'est certes pas la surprenante frénésie d'enthousiasme  de nos chers co-commentateurs    pour admirer l'interprétation parisienne ,  mais l'impression qu'ont raison ceux qui préfèrent (et heureusement on a encore heureusement le choix le plus souvent) acheter la version CD qu'une vague version lâchée, bâclée en diffusion dématérialisé!

Mais enfin, c'est exactement la même interprétation et le même mixage… même la qualité sonore peut être équivalente (voire supérieure). Donc lorsque le livret est inclus, à part la superbe boîte en plastique, je ne vois pas trop ce que ça change à l'écoute…

Prosopopus a écrit:

Ce scherzo sur la première !
Puis quand on revient sur des choses plus romantiques et élégiaques dans le dernier mouvement il sait bien ralentir un peu la cadence et ajouter un peu de rubato tout de même le Paavo, tout en détaillant bien les instruments, très beau aussi le crescendo de la troisième minute du dernier mouvement, avec l'entrée fracassante des timbales et la sonorité très glacée des violons qui se font ensuite plus caressant.

Ah oui, Järvi est le maître absolu pour traiter les transitions comme des thèmes sophistiqués à part entière !

Et particulièrement abouti dans cette Première.

• Symphonies nº1 en mi mineur, op. 39¹, nº4 en la mineur, op. 63² et nº5 en mi bémol majeur, op. 82³
Paavo Järvi / Orchestre de Paris
Paris, X.2012¹, III.2016², IX.2015³
RCA

Impression assez conforme à ce qui s’est plus haut: la 1ᵉ est irrésistible (cet élan et art des transitions! - mais après Rouvali, l’impression de retrouver une manière assez traditionnelle de gérer le contrepoint et le flux), peut-être la plus belle 4ᵉ au disque pour moi (des atmosphères sonores totalement envoûtantes, tant par les couleurs que par le grain, et un sens très subtil de la progression - cette manière de faire imperceptiblement avancer les passages en apparence suspendus) et une 5ᵉ assez décevante - ne serait-ce que par rapport à mon souvenir de concert: j’y retrouve bien les trouvailles de textures (les col legno des contrebasses!) mais pas du tout la poussée et la tension.

J'ai écouté les 2, 4, 6, 7 et Tapiola par Oramo et Birmingham: tout est excellent, assez urgent, mention spéciale pour la 4è et la 7è, parmi les meilleures que je connaisse.

Sibelius est un compositeur choyé par le disque.
J'attends avec grand hâte l'Intégrale de ses symphonies par Rattle/Birmingham, justement.
Je possède déjà la Deuxième sur long-jeu et la qualité d'interprétation me convient tout-à-fait par son côté sinistre et lugubre, comme l'a déjà écrit David LeMarrec...
Je lorgne aussi sur l'Intégrale de Berglund/Bournemouth.

Xavier a écrit:

J'ai écouté les 2, 4, 6, 7 et Tapiola par Oramo et Birmingham: tout est excellent, assez urgent, mention spéciale pour la 4è et la 7è, parmi les meilleures que je connaisse.

Très belle intégrale que j'ai connue sur les recommandations de David. Tout ne m'emballe pas sur des détails qui relèvent plus de la question de goût que de la critique objective mais globalement c'est une intégrale que je sais que je peux toujours écouter. Personnellement c'est la 5è que je trouve la plus réussie, sans doute ma version préférée de cette symphonie. Tu parles d'urgence, justement le 2nd mouvement enchaîné (je parle bien de la 2è partie du 1er mouvement) est totalement irrésistible dans sa progression. Je vois que tu ne l'as pas encore écoutée, tu peux te jeter dessus.  

Ravélavélo a écrit:

Je lorgne aussi sur l'Intégrale de Berglund/Bournemouth.

Berglund reste un de mes premiers choix dans Sibelius, du moins en tant qu'intégrale. Mais comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire, il y a peu d'intégrales où je trouve mon compte sur l'ensemble du corpus, et justement je trouve que l'intégrale avec le philharmonique d'Helsinki est plus réussie sur l'ensemble, plus homogène. C'est celle-là que j'ai préféré acheter. En plus c'est réédité par warner à prix très abordable avec de beaux compléments : Tapiola, Les Océanides, L'origine du feu et un des meilleurs Kullervo au disque.

Iskender a écrit:

globalement c'est une intégrale que je sais que je peux toujours écouter.

Pour les couleurs et l'élan, c'est vraiment ce qu'on fait de mieux, même si la discographie est suffisamment riche pour proposer aussi bien par ailleurs (Rattle-Berlin, Storgårds-BBC, Ashkenazy-Philharmonia, Maazel-Pittsburgh…).

Citation :

Berglund reste un de mes premiers choix dans Sibelius, du moins en tant qu'intégrale. Mais comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire, il y a peu d'intégrales où je trouve mon compte sur l'ensemble du corpus, et justement je trouve que l'intégrale avec le philharmonique d'Helsinki est plus réussie sur l'ensemble, plus homogène.

Je trouve celle avec Helsinki un peu molle, Bournemouth, tout en ayant moins de couleurs, de souplesse (et surtout pas la même prise de son…) que les intégrales plus récentes, me paraît beaucoup plus subtile, comme s'il avait à manœuvrer un esquif plus léger.

Celle avec le COE est vraiment particulière en revanche, pas complètement convaincu par le côté dégraissé.

Courez-y si vous ne connaissez pas, ne serait-ce que pour la beauté de l'orchestre (je ne sais pas si j'ai déjà entendu plus beau dans ces oeuvres) et la lisibilité exceptionnelle de tous les plans sonores. (des arrière-plans qu'on entend rarement aussi bien, la prise de son est vraiment fabuleuse)
Des flûtes à tomber.
En complément, un Tapiola du même niveau.

Très beau en effet. La progression m'avait parue moins implacable / logique que dans mes chouchoutes, mais en termes de beauté sonore, très réussi en effet.

Oui, il y a quelque chose d'un peu étale dans cette version, mais ça ne manque pas de tension pour autant, et c'est tellement beau que ça passe tout seul.

Xavier a écrit:

Courez-y si vous ne connaissez pas, ne serait-ce que pour la beauté de l'orchestre (je ne sais pas si j'ai déjà entendu plus beau dans ces oeuvres) et la lisibilité exceptionnelle de tous les plans sonores. (des arrière-plans qu'on entend rarement aussi bien, la prise de son est vraiment fabuleuse)
Des flûtes à tomber.
En complément, un Tapiola du même niveau.

J'ai également beaucoup apprécié cette intégrale, objectivement dirigée et magistralement interprétée.
Un (petit) bémol, la "minceur" des compléments (Tapiola et la Valse triste) : Quatre CDs, ne pouvait-on pas donner quelques autres poèmes symphoniques ?

fomalhaut

4 CD, 4h20 de musique, c'est loin d'être indigne.
Et puis il y a Tapiola dans une super version, c'est le principal.

Les compléments varient énormément selon les intégrales, ça va de rien du tout à une grande collection des principaux poèmes symphoniques. Comme ses poèmes symphoniques m'intéressent peu, j'avoue que ce n'est pas un critère discriminant, mais ce peut effectivement en être un intéressant à l'achat !

Xavier a écrit:

4 CD, 4h20 de musique, c'est loin d'être indigne.
Et puis il y a Tapiola dans une super version, c'est le principal.

Oui mais j'aurais aimé y trouver le premier, En Saga, et le plus original, Luonotar !

fomalhaut

• Symphonie nº4 en la mineur, op. 63
Sakari Oramo / City of Birmingham Symphony Orchestra
Birmingham, V-VI.2000
Erato

Je découvre (un peu après tout le monde) cette intégrale... Et je dois dire que c’est effectivement enthousiasmant! Dans cette symphonie, on voit se mettre en place une lecture vraiment typée, avec deux caractéristiques vraiment saillantes:
- un travail extraordinaire sur les timbres - ici, j’ai été vraiment frappé par le grain des cordes graves et les couleurs, à la fois très fines et très franches, de la petite harmonie, dont le dialogue semble en quelque sorte structurer l’image orchestrale tout au long de la symphonie;
- une mise en valeur de l’écriture rythmique, qui en fait l’élément central du discours, articulant un sens continuel du rebond, de la relance (qui assure l’élan et la progression du discours) avec un travail sur l’agogique qui fait ressortir les contrastes rythmiques (organisant les jeux de tension-détente et les ruptures quasiment comme dans un ballet.)

Ce double travail sur les timbres et les rythmes confère à cette symphonie une dimension «folklorisante» qui n’est pas la plus fréquemment explorée - et fait saillir de nombreux détails de la partition qui renouvelle réellement l’écoute.

(Par ailleurs, c’est très frappant de découvrir ces couleurs-là au CBSO quand on se souvient de la grisaille des disques de Rattle avec cet orchestre.)

J’ai hâte d’écouter les autres!

• Symphonie nº5 en mi bémol majeur, op. 82
Sakari Oramo / City of Birmingham Symphony Orchestra
Birmingham, IV.2001
Erato

Après l’enthousiasme de la 4ᵉ, grosse déception, en revanche pour cette 5ᵉ. (Enfin, déception relative, et d’abord par rapport à mes attentes: ça reste dans l’absolu tout à fait écoutable, et même bon.)

Le travail sur les couleur et les textures reste extraordinaire - enfin sauf que le col legno des contrebasses dans le Finale (dont je suis assez fétichiste) y est assez raté: on les entend plus que dans toutes les autres versions, P. Järvi / ODP excepté - mais chez ce dernier, ça s’intégrait vraiment dans l’arc du discours musical, alors qu’ici ça sonne plutôt comme un bruitage extérieur. Mais tout le jeu sur les timbres, les textures et les dynamiques des cuivres, par exemple, est à se mettre à genoux (et même assez unique dans ce que je connais de la discographie.)

En fait, le principal problème pour moi vient de la façon dont Oramo gère ici l’élément rythmique - ce qui m’avait enthousiasmé dans la 4ᵉ me semble en fait moins opérant dans la 5ᵉ: les tempi sont globalement très vifs, avec des appuis rythmiques très marqués assurant un rebond constant; le problème est ici que, dans les passages les plus lents de la partition, ces tempi très vifs et ce côté dansant de l’allure (à quoi s’ajoute le côté très uniment lumineux de la sonorité orchestrale) évacue toute impression de mystère ou de solennité, sans vraiment réussir à en faire quelque chose d’autre: ça progresse, il y a de l’élan, mais ça sonne assez prosaïque - voire au pire un peu grandiloquent (parfois un côté «fanfare» dans les passages cuivrés.) Par ailleurs, à certains moments, les accélérations donnent une impression de bousculade dans les phrasés, là où, dans la 4ᵉ, les passages les plus vifs respiraient mieux. Il y a néanmoins de très beaux passages, très réussis, dans la veine colorée et folklorisante qui est celle d’Oramo - mais sur la totalité de l’œuvre, ça m’a semblé assez inégal.

Cela dit, je vais quand même écouter l’ensemble de l’intégrale.

Ah, c'est amusant, je trouve justement que les qualités que tu lui trouves dans la 4 fonctionnent justement à plein dans les symphonies les plus colorées et folklorisantes (2,3,5,7). Avec des instrumentistes qui, individuellement, sont un peu en-dessous des très grands orchestres qui peuplent la discographie, et une prise de son qui est très correcte sans être la plus confortable / détaillée, il tire les équilibres les plus inspirés qui soient, et électrise le discours par sa mise en valeur des rythmes dégingandés propres aux symphonies de Sibelius (énormément de thèmes sont à contretemps)…

Lorsque j'ai dû choisir une version pour illustrer « les plus beaux débuts de symphonie », c'est vraiment celle-là qui m'a paru la plus belle (avec les Ashkenazy sur le vif).

(C'est en tout cas l'intégrale à laquelle je reviens le plus souvent. )

Je rejoins totalement David sur les opus où le style Oramo fonctionne le mieux. Et en effet c'est curieux cette déception sur la 5è Benedictus. C'est pour moi le fleuron de cette intégrale, la version de la 5ème que je choisis pour une intégrale customisée, et tout simplement la meilleure deuxième partie du 1er mouvement (ex mvt II) de la discographie. C'est dire si je place haut cette 5ème par Oramo.

Je dois dire que j'en suis moi-même le premier surpris: j'avais commencé l'écoute du cycle par la 4ᵉ en supposant - après avoir lu les réserves d'Iskender dans les pages précédentes - que ce serait le maillon le moins satisfaisant de cette intégrale, et en m'imaginant en effet que cette 5ᵉ serait un des plus réussis, pour toutes les raisons que vous dites. Or, bizarrement, ça a été tout l'inverse.

• Symphonie nº7 en ut majeur, op. 105
Sakari Oramo / City of Birmingham Symphony Orchestra
Birmingham, I.2003
Erato

Je poursuis donc mon écoute de l’intégrale Oramo - et là, je suis totalement conquis!

Cette façon d’aborder la 7ᵉ en mettant l’accent sur l’écriture rythmique renouvelle complètement l’écoute de l’œuvre. J’ai surtout été frappé par le travail particulièrement fouillé sur l’agogique et l’accentuation des temps, qui creuse les tempos pour accentuer les contrastes de coupe rythmique d’une section à l’autre, met en évidence le jeu des contretemps dans l’énonciation des thèmes, crée dans les transitions un effet de relance par des jeu de retard / rebond... On a finalement l’impression d’entendre dans le mouvement unique de cette symphonie une sorte de «poème chorégraphique», ce qui me semble une approche assez inédite: là où, d’habitude, on a plutôt l’impression d’une progression organique par les timbres (où ce sont les recompositions tuilées des startes instrumentales qui semblent faire passer d’une section à une autre), on a ici l’impression d’une progression cinétique par les rythmes. Et, outre que c’est passionnant, ça possède un effet d’entraînement totalement irrésistible.

Ce qui, au demeurant, ne signifie pas que les timbres ne soient pas travaillés - au contraire: comme cela a déjà été souligné, Oramo obtient des couleurs magnifiques moins par les timbres individuels des instrumentistes que par la pertinence des équilibres dans les alliages. Cela dit, plus encore que les timbres proprement dits, c’est le grain, le relief contrasté des textures qui m’a frappé ici: on a constamment l’impression que le spectre de l’orchestre est rehaussé par des échos d’instruments de musique traditionnelle; outre la saveur particulière que cela confère à cet enregistrement, cela semble renforcer le caractère de danse de la lecture d’Oramo - comme si l’on avait à faire là à une suite de danses folkoriques à peine stylisées, loin des épures abstraites qu’on entend souvent ici.

Une lecture, donc, à la fois totalement exaltante, et d’une très forte singularité interprétative.

Surtout ne manque pas la 6è et Tapiola!

Sinon, j'ai trouvé moi aussi que les sommets de cette intégrale étaient la 4è et la 7è. (mais en fait l'ensemble de l'intégrale se place tout en haut, ou en tout cas très très haut)

Réédition de l'intégrale Sibelius de Saraste, avec la Radio Finlandaise
https://www.amazon.fr/Jukka-Pekka-Saraste-Conducts-Sibelius/dp/B082BWZJ8H/ref=sr_1_1?__mk_fr_FR=ÅMÅŽÕÑ&keywords=saraste+sibelius&qid=1581583438&sr=8-1