[TCE] Persée, 1770 (LULLY, Niquet - 06/04/2016)

Un petit commentaire venu du site Opéra baroque sur cette version remaniée :

Citation :

L’œuvre, réduite à quatre actes, pour donner plus d'étendue aux divertissements et profiter de tous les progrès de la danse, fut exécutée en 1770 pour l'inauguration de l'Opéra Gabriel, à l'occasion du mariage de Louis XVI et Marie-Antoinette. C'est en 1748 que Louis XV avait repris le projet de Louis XIV de créer un véritable théâtre au château de Versailles, et en avait chargé Ange-Jacques Gabriel, premier architecte des Bâtiments du Roi. La décision ne fut toutefois prise qu'en 1768, dans l'optique des fêtes destinées à accompagner le mariage du Dauphin, futur Louis XVI, fixé au 16 mai 1770. Augustin Pajou, d'une famille de sculpteurs, fut chargé de la décoration sculptée de la salle et du foyer, Louis Jacques Durameau de la décoration picturale de la salle. La salle fut conçue par Gabriel de façon à servir successivement de salle de théâtre, salle de concert, salle de bal et de festin, avec un plancher mobile qui pouvait élever le parterre jusqu'à hauteur de la scène.

C'est le lendemain du "festin", le 17 mai, que fut donné Persée, devant la famille royale, avec une distribution réunissant Sophie Arnould, soprano, Henri Larrivée, basse-taille, une machinerie préparée par Arnoult, et des danses où se produisirent Mlle Heinel, Mlle Guimard, Mlle Dervieux, et Vestris, danseur aérien dont on disait qu'il ne touchait le sol que par déférence pour ses camarades.

La musique de Lully avait été remaniée par Rebel, Francoeur, Bury et Dauvergne, le livret par Joliveau. Les décors étaient au nombre de cinq : une place publique, les jardins du palais de Céphée, l'antre des Gorgones, la mer et le rocher d'Andromède, la Gloire finale avec l'autel de l'hymen et de l'Amour. Durant cette scène, un aigle vint allumer le feu sur l'autel de l'hymen pendant que des chants appropriés célébraient le mariage du Dauphin et de l'archiduchesse d'Autriche. On avait réuni quatre-vingt-dix instrumentistes, cent choristes, dix solistes et trois cents figurants. Louis-René Boquet avait réalisé les costumes. Les décors furent très longs à changer, car la machinerie n'était pas encore au point, et Marie-Antoinette ne parvint pas à dissimuler son ennui.

Bachaumont commente dans ses Mémoires secrets : L'Opéra de Persée, joué avec toute la pompe et toute la magnificence du spectacle, n'a point eu de succès. On a trouvé mauvais que le sieur Joliveau se fût avisé de changer le poème de Quinault, ou plutôt de le profaner par ses corrections sacrilèges... On a déjà observé que le genre de la musique ne pouvait affecter que désagréablement les oreilles de Madame la Dauphine, accoutumées jusqu'à présent seulement à la vivacité et à la légèreté de la musique italienne... En tout l'exécution a été plus que médiocre.

Distribution :

Direction : Hervé Niquet

Persée : Mathias Vidal
Andromède : Hélène Guilmette
Mérope : Katherine Watson
Phinée : Tassis Christoyannis
Céphée : Jean Teitgen
Vénus : Chantal Santon-Jeffery
Cassiope : Marie Lenormand
Mercure : Cyrille Dubois
Méduse : Marie Kalinine
Sténone : Thomas Dolié
Euryale : Zachary Wilder

Le Concert Spirituel
Chœur du Concert Spirituel


Donc si LULLY est en tête, on aura quand même un ouvrage adapté de LULLY... dommage
Après peut-être que ce sera passionnant aussi! Je n'avais pas trop fait attention à cette version de 1770.

Sinon, quelqu'un a des infos sur un éventuel enregistrement? Je n'ai strictement rien trouvé sur les différents sites de salles où va se faire ce concert ou chez le Concert Spirituel!

J'ai posé directement la question à la personne avec qui j'ai retravaillé le portrait d'Hervé Niquet en novembre dernier. Reste plus qu'à attendre sa réponse

Le CMBV est moins prodigue en enregistrements, en général ; Bru Zane capte presque systématiquement, pas eux (sans doute des fonds moindres, ou alloués à d'autres activités comme la recherche et la formation).  

Donc pas sûr – et puis autant on peut toujours espérer vendre une Flûte Enchantée rafistolée, autant un LULLY retouché par un sous-ramiste, pas sûr que ça déchaîne les enthousiasmes, surtout avec une distribution de spécialistes certes phénoménaux, mais pas forcément vendeurs (il aurait fallu mettre Alagna en Euryale).

D'ailleurs j'ai toujours une place à vendre, 10€ maintenant (au lieu de 30), et j'offre les croissants.

Merci pour les réponses... bon, alors on va espérer...

On verra bien ce que dira le Concert Spirituel

Au moins une captation radio, peut-être ???

bAlexb a écrit:

Au moins une captation radio, peut-être ???

J'espérais, mais en général, c'est indiqué sur les sites des lieux de concert. Là rien nul part

Réponse du Concert Spirituel : Un CD de Persée va être enregistré; pas plus de précisions pour l'instant

luisa miller a écrit:

Réponse du Concert Spirituel : Un CD de Persée va être enregistré; pas plus de précisions pour l'instant

Super merci! Sûrement chez Glossa comme Les Fêtes de l'Hymen et de l'Amour...

Ce serait autre chose qu'un concert, on parlerait de publicité mensongère...
Qu'on dise : basé sur l'oeuvre de LULLY, ou avec de vrais pépites des LULLY... pourquoi pas! Mais la grande majorité de l'ouvrage n'est clairement pas du LULLY.

Bon, après c'est intéressant et des fois chouette. mais loin de la grandeur d'une tragédie lyrique. Je vais essayer de faire un CR, mais un peu plus tard...

"Transgénique" : http://www.forumopera.com/persee-lully-paris-tce-lully-transgenique .

Malgré le peu d'informations sur le site du TCE, certaines documentations expliquaient que la musique avait été remaniée par D'Auvergne et Rebel surtout... et dès l'ouverture, on entend en effet que ce n'est plus du LULLY, mais bien une oeuvre de son temps une oeuvre plus classique que baroque où Gluck et Gossec sont très présents. Si on va retrouver par moments des restes de LULLY dans les récitatifs ou dans le troisième acte, la majorité de la partition reste totalement revisitée d'un point de vue orchestre et dramaturgie. Le livret est refondu en 4 actes et on perd ce foisonnement d'intrigues qui font le charme des tragédies lyriques. Ici tout est beaucoup plus simple et direct.
La musique n'est pas mauvaise, mais présenter cela comme le Persée de LULLY, c'est comme vendre un vin commun dans une bouteille de grand cru ! Tromperie sur la marchandise !
Mais bon, une fois passé la déception, la marchandise n'est pas si mauvaise... elle reste juste en dessous de ce que l'on pouvait espérer. On trouve plus de grand choeur et de musique festive ici... et surtout deux grands airs à roulade pour cloturer l'ouvrage. Le texte a aussi été modifié et adapté...

Niveau interprétation, c'est surtout d'un point de vu diction que l'on a de gros soucis ! En dehors des deux hautes-contre (Vidal et Dubois), l'ensemble des chanteurs reste peu compréhensible. Si cela est compréhensible pour certains, c'est assez étrange pour une habituée du répertoire baroque comme Chantal Santon-Jeffery ! Manque de préparation ? Nécessité de grossir la voix pour passer un orchestre plus touffu que chez LULLY ou même Rameau ?

Sinon, le chant est plutôt bon, avec Teigten impressionnant et Santon magnifique... Guilemette reste un peu anonyme en Andromède, alors que Christoyannis semble vraiment peu concerné tant par le texte que par le chant.
Restent les deux champions de la soirée... Cyrille Dubois propose un chant toujours aussi ciselé et précis, avec une délicatesse d'émission qui laisse rêveur. La tessiture haute de Mercure ne lui pose aucun soucis.
Mathias Vidal est lui aussi impressionnant d'engagement dans le texte et dans le style. Que ce soit la déclamation lullyste ou l'air à effet, il reste admirable d'aisance et de beauté !

Hervé Niquet dirige l'orchestre avec la rigueur nécessaire mais propose de belles couleurs et des rythmes bien marqués où on retrouve parfois la touche de LULLY. Choeur et orchestre sont de très haut niveau, avec entre autres un choeur parfaitement préparé (là où il peut être décevant certains soirs...)

Soirée un peu décevante par manque de LULLY... mais intéressante pour l'ouvrage et le chant de certains. La captation de France-Musique et le disque permettront sûrement de mieux saisir les dialogues....

Une autre recension ici : http://www.concertclassic.com/article/persee-de-lully-version-1770-au-theatre-des-champs-elysees-nouveau-look-pour-un-nouveau .

Ma seule vraie déception de la saison, en fait.
Déjà, le fait qu’on annonce comme du Lully ce qui n’était en fait qu’une réécriture rococo, laquelle greffe sur des lambeaux de beaux récitatifs XVIIe des airs à vocalise du pire XVIIIe et d’interminables danses post-ramistes, bon, admettons.
Mais c’est bel et bien l’exécution de la chose qui m’aura le plus déçu. Toutefois, comme je n’aime pas dire de mal d’artistes auxquels on doit par ailleurs beaucoup, je me contenterai de signaler la seule chose que j’ai aimée dans cette soirée, à savoir le récitatif en duo de Persée et de Mercure dans le III par l’impressionnant Mathias Vidal et Cyrille Dubois avec sa curieuse voix dégingandée : cela enfin ressemblait à du Lully excellemment déclamé.

C'est fou l'effet magique des micros : http://www.francemusique.fr/emission/samedi-soir-l-opera/2015-2016/persee-de-jean-baptiste-lully-05-14-2016-19-00

Alors qu'en salle le texte était difficilement compréhensible pour la majorité des chanteurs, l'enregistrement nous donne au contraire un texte très bien dit...
J'imagine que l'enregistrement qui paraitra sera encore mieux vu qu'il semble qu'il ait été réalisé par la suite à Versailles et sans public : /watch?v=OlGISVRRLg4 (air final de Persée par Mathias Vidal...)

En tout cas, passé la déception de ne pas avoir eu droit à un vrai LULLY, l'ouvrage est chouette dans bien des moments!

Oui, enfin les décalages rythmiques (forcément, quand on prononce "victoryeux" au lieu de "victori-eux"...), les micros ne les corrigent quand même pas, j'imagine.

Enfin, maintenant, au moins, si on aime la belle déclamation, on saura quoi faire la prochaine fois: rester chez soi, et attendre la radiodiffusion...

Benedictus a écrit:

Oui, enfin les décalages rythmiques (forcément, quand on prononce "victoryeux" au lieu de "victori-eux"...), les micros ne les corrigent quand même pas, j'imagine.

Non, mais on comprend le texte, ce qui n'était pas vraiment le cas chez beaucoup de chanteurs (en dehors de Vidal et Dubois bien sûr!)

Citation :

Enfin, maintenant, au moins, si on aime la belle déclamation, on saura quoi faire la prochaine fois: rester chez soi, et attendre la radiodiffusion...

Il a pourtant fait des choses plutôt bien dans le domaine... là ça manquait peut-être un peu de travail!

Polyeucte a écrit:

Il a pourtant fait des choses plutôt bien dans le domaine... là ça manquait peut-être un peu de travail!

Ah, mais c'est bien pour cela que je n'ai voulu charger personne dans mon compte-rendu ci-dessus: parce qu'on doit trop de grandes choses à beaucoup des exécutants (Callirohé, Andromaque, Sémiramis...)

Il n'empêche que, là, le manque de travail patent (beaucoup semblaient vraiment en train de déchiffrer) pose quand même un sacré problème vis-à-vis du public, que j'essayais de pointer de façon un peu sarcastique. Si à présent, les représentations payantes sont utilisées comme des répétitions dont l'objectif final serait un disque...