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 Britten : musique orchestrale

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Mélomaniac
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MessageSujet: Britten : musique orchestrale   Britten : musique orchestrale EmptyLun 12 Nov - 5:50


Smile Un sujet consacré à la musique orchestrale de Britten, hormis les Sea Interludes pour lesquels existe déjà ce topic :
https://classik.forumactif.com/t3487-benjamin-britten-four-sea-interludes

On pourra aborder ici la discographie de la Simple Symphony, la Sinfonia da requiem, les Variations sur un thème de Frank Bridge,
le ballet The Prince of the Pagodas, et bien sûr son œuvre la plus célèbre : The Young Person's Guide to the Orchestra.




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MessageSujet: Re: Britten : musique orchestrale   Britten : musique orchestrale EmptyLun 12 Nov - 5:52

Mélomaniac, in playlist, a écrit:

Britten : musique orchestrale Mzolom10
Catégorie orchestrale -rang 196°/250



Britten : musique orchestrale Britte21
Benjamin Britten (1913-1976)


Benjamin Britten (1913-1976) :

Sinfonia da Requiem

= Benjamin Britten, Orchestre de la Radio danoise

(Decca, septembre 1953)

Smile Une des premières réalisations d'envergure du jeune Britten, qui en 1939 avait reçu commande de la diplomatie britannique pour célébrer les festivités
d'une grande puissance étrangère.
Le compositeur apprit qu'il s'agissait du Japon, pour commémorer le 2600 ème anniversaire de la dynastie régnante, et accepta à condition qu'il pût choisir le sujet et la forme.
Écrite en six semaines, cette Sinfonia da Requiem déplut au commanditaire responsable de la cérémonie, un frère du Prince Fumimaro Konoye,
qui en dénonça le caractère chrétien et le ton lugubre impropre aux réjouissances de l'événement.
Elle fut toutefois jouée en mars 1941 au Carnegie Hall de New York sous la direction de John Barbirolli, puis à Boston sous l'initiative de Serge Koussevitzky
qui en fut impressionné et suscita la commande de Peter Grimes.
Trois parties, tirées de la structure de la Missa pro defunctis, où se reflètent l'anxiété liée à la situation géopolitique de l'époque, où fusent les bruits de guerre,
et dont la conclusion sereine exprime les vues antimilitaristes qui alimenteront l'opéra Owen Wingrave.
Outre son activité de compositeur, Britten fut un remarquable chef d'orchestre, d'un répertoire allant de Bach à Chostakovitch (et excellent dans Mozart).
Et bien sûr dans ses propres œuvres dont il laissa des lectures de référence chez Decca, tant par leur légitimité que par leur stricte valeur interprétative,
toujours d'actualité malgré la discographie engrangée depuis les décennies.

.
Ainsi cet enregistrement de 1953, que je trouve encore supérieur au remake stéréophonique de décembre 1964 avec le Philharmonia de Londres.
Malgré les enviables alternatives gravées par Giulini, Kempe, Previn ou Rattle, ces sessions de Copenhague concentrèrent une étonnante intensité,
depuis le râle du contrebasson, l'omineux martèlement des timbales au début du Lacrymosa où la baguette de Britten maintient
un climat d'inquiétude douloureuse sans forcer la noirceur du propos.
La captation très propre et transparente permet d'apprécier à nu l'instrumentation, et valorise en toute clarté l'incandescence du climax,
entraîné par une ponctuation idéalement lancinante et morbide.
La transition vers le Dies Irae précipite une vertigineuse danse macabre dont les pupitres soulignent la causticité. Les redoutables trémolos de flûte, les triple-croches
exigées des trompettes sont rendus avec toute la virtuosité requise par un orchestre urticant et corrosif à souhait, gouailleur mais tenu d'une main de fer.
Et qui mieux que Britten pourrait exhaler la prière pacifiste du Requiem aeternam, lui qui déclarait en avril 1940 au New Yor Sun « all I'm sure of is my own anti-war
conviction as I write it ». Dans le grain acidulé des souffleurs danois, dans la droiture des archets, cette dernière partie de sa Sinfonia trouve ici
une respiration saine et éloquente qui a fière posture.


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Mélomaniac
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MessageSujet: Re: Britten : musique orchestrale   Britten : musique orchestrale EmptyLun 12 Nov - 6:17

Benedictus, in playlist, a écrit:

Mélomaniac a écrit:

le râle du contrebasson, l'omineux martèlement des timbales [...]
La captation très propre et transparente permet d'apprécier à nu l'instrumentation [...] un orchestre urticant et corrosif à souhait [...] le grain acidulé des souffleurs danois, [...] la droiture des archets [...] une respiration saine et éloquente qui a fière posture.



Ça fait super envie, tout ça! bounce (En plus j'aime beaucoup l'œuvre.)
Ça se trouve en CD, cette version danoise?



=> https://www.amazon.fr/Simple-Symphony-allemand-Eugene-Gossens/dp/B0031Y4A9E


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Benedictus
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MessageSujet: Re: Britten : musique orchestrale   Britten : musique orchestrale EmptyLun 12 Nov - 6:19

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Benedictus
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MessageSujet: Re: Britten : musique orchestrale   Britten : musique orchestrale EmptyVen 1 Avr - 4:52

Du fil Playlist:
Benedictus a écrit:
Britten : musique orchestrale Britte34
Spring Symphony, op. 44
Sheila Armstrong (soprano), Dame Janet Baker (contralto), Robert Tear (ténor), André Previn / London Symphony Orchestra, London Symphony Chorus / Richard Hickox, St Clement Danes School Boys’ Choir / Keith Walters
Londres, VI.1978
EMI Classics «British Composers»


Une des œuvres les plus protéiformes et chatoyantes de Britten - et ici dans une version pour moi idéale: les timbres, les strates, les textures, les effets de spatialisation y sont rendues avec détail, contrastes et relief (toutes choses qui font cruellement défaut aux versions «historiques» de Beinum et Britten), et Previn organise avec beaucoup de fluidité et de souplesse l’hétérogénéité du matériau (là où chez Gardiner on sent les coutures - et ça gratte.)

Formidable version des Four Sea Interludes en complément - colorée, incisive et pulsée (Sunday Morning y sonne comme du John Adams!)

(Arnaud, si tu ne connais pas, tu devrais essayer.)
arnaud bellemontagne a écrit:
Je connais et j'aime beaucoup. I love you
Mefistofele a écrit:
Fascinant [...]. La Spring Symphony est une sorte de cantate pot-pourri, avec des fragments de Carmina Burana, de l'An Mil et des choses plus Europe Centrale. N'eut été la langue, j'aurais été incapable de situer l'œuvre d'un point de vue géographique. J'avoue que l'incipit et la deuxième partie (carrures étranges de Welcome, Maid of Honour, inquiétudes frémissantes de Waters Above, univers éthéré de Out of the lawn I lie in bed) sont particulièrement saisissants.
Quant aux Four Sea Interludes, un régal ! Tout est très détaché et étagé, articulé, Benedictus évoque Adams, j'ai pensé à Stravinsky également (les cuivres débraillés de l'orage, on dirait un Pétrouchka malveillant !). Quelque chose de beaucoup moins pittoresque que dans mes habitudes, de très viscéral aussi. Un régal absolu !
Mes impressions recoupent complètement celles de Mefistofele sur la Spring Symphony: sur le caractère très composite, et souvent très Europe centrale du langage et des couleurs (ça fait souvent penser à Martinů) et sur le côté à la fois saisissant et insaisissable de la deuxième partie - vraiment le sommet de l'œuvre (pour moi, ces trois «mouvements» comptent à la fois parmi les plus belles pages de Britten, et parmi les plus typiques de son inspiration.) Et cette version Previn est vraiment parfaite, y compris la prise de son¹ - a fortiori après une réécoute des bouts de Gardiner (vraiment pas bon, direction raide, son terne et étroit), de Hickox (malheureusement tout y est noyé dans la réverbération) et de Beinum (une belle poussée enthousiaste, Pears et Ferrier frémissants, mais on a tous les défauts typiques d'une création de cette époque: captation radiophonique calamiteuse et mise en place très approximative.)

(Tout à fait d'accord aussi sur les qualités de cette version des Sea Interludes: le côté «très détaché et étagé, articulé» et cependant pas du tout froid-et-analytique mais au contraire «très viscéral.»)

¹ On a vraiment l'impression que le passage au numérique a été fatal à EMI: il faut comparer la qualité de cette prise analogique de 1978 (présence, couleurs et focalisation des timbres, étagement et profondeur du spectre) avec n'importe quel enregistrement digital des années 80 (les Rattle / Birmingham ou les Chosta de Jansons) pour prendre la mesure du naufrage.
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Mefistofele
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MessageSujet: Re: Britten : musique orchestrale   Britten : musique orchestrale EmptySam 2 Avr - 1:22

Martinů... C'est le nom que j'ai failli citer. Partition décidément que j'ai dans la peau (de même que cette version des Sea Interludes) après 2 nouvelles écoutes entre hier et aujourd'hui.
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Benedictus
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MessageSujet: Re: Britten : musique orchestrale   Britten : musique orchestrale EmptyMar 17 Mai - 3:10

Mefistofele a écrit:
Fascinant [...]. La Spring Symphony est une sorte de cantate pot-pourri, avec [...] et des choses plus Europe Centrale. N'eut été la langue, j'aurais été incapable de situer l'œuvre d'un point de vue géographique.
Benedictus a écrit:
Mes impressions recoupent complètement celles de Mefistofele sur la Spring Symphony: sur le caractère très composite, et souvent très Europe centrale du langage et des couleurs (ça fait souvent penser à Martinů)
Mefistofele a écrit:
Martinů... C'est le nom que j'ai failli citer.

Britten : musique orchestrale Britte46
Spring Symphony, op. 44 (chanté en tchèque)
Milada Šubrotvá (soprano), Věra Soukupová (alto), Beno Blachut (ténor), Karel Ančerl / Philharmonie Tchèque, Chœur Philharmonique de Prague / Josef Veselka, Chœur d’enfants Kühn / Markéta Kühnová
En public, Prague, I.1964
Supraphon


… Et quand en plus, comme ici, c’est chanté en tchèque (et avec des voix tchèques aussi typées que Soukupová et Blachut) et joué avec les timbres de la Philharmonie Tchèque d’Ančerl, la ressemblance avec Martinů est même carrément confondante! Évidemment pas la version qu’il faut pour découvrir l’œuvre (pour ça, comme je l’ai dit plus haut: Prévin est idéal) mais pour l’entendre autrement, c’est vraiment exaltant (les couleurs, le relief, le mordant!)
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