Anthologies et récitals de clavecin

Le nouveau disque de Jean Rondeau, qui s’appelle “Gradus ad Parnassum”, est très réussi à mon avis, surtout dans la sonate de Haydn et le Debussy. Le ton de son clavecin est coloré, une de mes amies m’a dit qu’elle le trouve psychédélique dans le Debussy! Je vais le voir en concert à la fin de la semaine prochaine, et il serait intéressant de voir si l’effet sur le disque est due à la prise de son. De tout façon ce qu’il fait sur le disque est hyper impressionnant!

Mandryka a écrit:

C'est juste incroyablement divertissant. Je pense que même les gens qui ne toucheraient jamais ce genre de musique  devraient faire une pause dans leur Beethoven et leur quoi que ce soit et l'essayer. Il faudrait être un vrai grincheux pour ne pas sourire en l'ecoutant." />

DavidLeMarrec a écrit:

En effet : collection de danses de types différents, toutes endiablées, sur clavecin et sur orgue.

(Vraiment bizarre d'avoir donné ce titre – pour ne rien dire de la pochette – pas du tout représentatif.)

Ecouté à mon tour et beaucoup aimé, je connaissais pas grand chose de Storace (La folia sur Savall Altre Follie, et pièces éparses, chez Jean Rondeau Melancholy Grace, par exemple).

Très séduit et amusé par ce vrai faux carnet de voyage sicilien    

@DLM quelques explications sur le Pizzaïolo
http://www.musicweb-international.com/classrev/2022/Jun/Storace-pastorale-ECL2101.htm

xoph a écrit:

Mandryka a écrit:

C'est juste incroyablement divertissant. Je pense que même les gens qui ne toucheraient jamais ce genre de musique  devraient faire une pause dans leur Beethoven et leur quoi que ce soit et l'essayer. Il faudrait être un vrai grincheux pour ne pas sourire en l'ecoutant." />

DavidLeMarrec a écrit:

En effet : collection de danses de types différents, toutes endiablées, sur clavecin et sur orgue.

(Vraiment bizarre d'avoir donné ce titre – pour ne rien dire de la pochette – pas du tout représentatif.)

Ecouté à mon tour et beaucoup aimé, je connaissais pas grand chose de Storace (La folia sur Savall Altre Follie, et pièces éparses, chez Jean Rondeau Melancholy Grace, par exemple).

Très séduit et amusé par ce vrai faux carnet de voyage sicilien    

@DLM quelques explications sur le Pizzaïolo
http://www.musicweb-international.com/classrev/2022/Jun/Storace-pastorale-ECL2101.htm

Je rejoins le concert d'éloges. J'ai beaucoup aimé l'écoute ce disque. La diversité des instruments utilisés contribue à multiplier les couleurs et permet de découvrir ce compositeur inconnu dans des conditions idéales. Sans surprise j'ai beaucoup aimé les passacailles, au ton grave et processionnel mais également joyeux, celle en fa au clavecin et celle en la à l'orgue qui clôt le disque. La follia à l'orgue accompagnée de percussions aussi. Un très beau programme, réfléchi, avec un petit extrait sonore qui introduit chaque pièce de ce voyage imaginaire en Sicile et qui intrigue un peu (j'ai écouté sur Spotify sans avoir accès au livret).

Manhan Esfahani poursuit son travail de mise en lumière du clavecin moderne

Bohuslav Martinú (1890-1959)

Concerto pour clavecin et petit orchestre, H 246
Hans Krása (1899-1944)

Musique de chambre pour clavecin et 7 instruments
Viktor Kalabis (1923-2006)

Concerto pour clavecin et orchestre à cordes, op. 42

Mahan Esfahani, clavecin Georg Zahl 1971-72
Prague Radio Symphony Orchestra
Alexander Liebreich, direction

Trois belles œuvres, différentes dans l'esprit (et les dates de composition). Le concerto de Viktor Kalabis est d'une très très grande intensité, il utilise le clavecin comme instrument moderne (très au delà des réminiscences baroques, qu'il peut y avoir chez Martinú par exemple, aussi grinçantes soient-elles).

Viktor Kalabis fut le mari de Zuzana Růžičková, claveciniste tchèque à laquelle la renaissance du clavecin après guerre doit tant (première intégrale Bach, je crois). Zuzana Růžičková fut la dédicataire de ce concerto* , Mahan Esfahani fut son élève.

L'équilibre entre l'orchestre et le clavecin, l'engagement de l'orchestre contribuent à la beauté de ce disque, et à porter ce programme ambitieux.

https://www.clicmusique.com/martinu-krasa-kalabis-concertos-pour-clavecin-esfahani-liebreich-p-109296.html

* Version au disque, par Zuzana Růžičková et Viktor Kalabis - Supraphon
PS : je vois que Jory Vinikour l'a aussi enregistré

Spoiler:

Programme:

Frescobaldi and the South

Francesco Corti: clavecin

Beau récital de clavecin autour de Frescobaldi.
C'est une sélection d'œuvres représentatives des principaux genres de clavier de l'époque: toccata, capriccio, ricercare et partita.

Les pièces de Frescobaldi sont entrecoupées par les compositions d'artistes contemporains de Frescobaldi. Tous ces artistes étant actifs dans le sud de l'Italie du XVII^e ainsi qu'à Rome, à l'époque où Frescobaldi y a vécu.

Francesco Corti utilise deux clavecins italiens: Philippe Humeau, Barbaste de 2005, et de 2007.
Le diapason est à 440Hz.

Très belles sonorités de ces instruments.
J'avais déjà apprécié le jeu de Corti dans son album consacré aux suites et ouvertures de Haendel.

Une écoute, et déjà conquis!

En effet, à part Rossi (pour Rome), pas exactement de superstars passées à la postérité !

J'ai mis ça de côté, Corti est un super claveciniste (j'aime même ses Bach, c'est dire).

Rubato a écrit:

The Fall of the Leaf

English keyboard music
on the Rucellai virginal

Giulia Nuti: Rucella virginal, ca. 1590

Programme:

Alors ce n'est pas un clavecin, mais une épinette, autour de laquelle règne encore un certain mystère, puisque l'on a encore du mal à déterminer sa provenance.
L'instrument a été mis à jour dans les années 1980, alors qu'il "séjournait" dans les greniers du Palazzo Rucellai à Florence!

J'ai été surpris par l'ampleur de sa sonorité...elle a du coffre cette épinette!

Pour le programme, on trouve certains des "maitres" britanniques de l'époque: Byrd, John Bull, Dowland, Morley, Tomkins, Peter Philips et Martin Peerson.
C'est l'alliance de de la musique pour clavier anglaise et de la facture italienne (l'Angleterre n'a jamais produit d'école de facteurs de clavecin ou d'épinettes).

J'ai reconnu l'air de Dowland "Can she excuse" que je connais dans sa version chantée (que j'aime beaucoup d'ailleurs!)

J'avais déjà apprécié Giulia Nuti dans ses précédents albums Le Coeur Et l'Oreille et Les sauvages; c'est du même niveau ici, excellent!

Je trouve également ce disque épatant. L'épinette-virginal est très belle (Giulia Nuti à l'entendre a presque fait le disque pour elle), sa sonorité ample et pourtant douce (très différente d'un clavecin - je me suis presque demandé si on était pas avec des cordes en boyau sans filetage, comme pour un Lautenwerk - clavecin luth, mais je crois que c'est l'attaque de la corde au milieu qui produit cet effet), très bien enregistrée. C'est presque pour moi une révélation, et la musique est magnifique.

Mandryka a écrit:

Le nouveau disque de Jean Rondeau, qui s’appelle “Gradus ad Parnassum”, est très réussi à mon avis, surtout dans la sonate de Haydn et le Debussy.

Je le trouve aussi très réussi : Le Haydn, le Debussy, mais aussi la fantaise de Mozart. Construction circulaire autour de “Gradus ad Parnassum” très chouette aussi

Spoiler:

Mandryka a écrit:

Le ton de son clavecin est coloré, une de mes amies m’a dit qu’elle le trouve psychédélique dans le Debussy! Je vais le voir en concert à la fin de la semaine prochaine, et il serait intéressant de voir si l’effet sur le disque est due à la prise de son. De tout façon ce qu’il fait sur le disque est hyper impressionnant!

Alors qu'est-ce que ça a donné en concert, l'effet Aline Blondiau en moins ?

Détails:

Jean-François Dandrieu (1682-1738)

Livres de pièces de clavecin
Pieter-Jan Belder

Pas mal du tout ces livres de pièces de clavecin de Dandrieu, que je découvre depuis quelques jours.
Certaines suites m'ont fait penser à Couperin, surtout dans le livre I.

Pieter-Jan Belder joue sur un clavecin par Titus Crijnen (2013), d'après Blanchet, 1733.

4h1/2 de clavecin environ...j'y suis allé doucement! (il me reste quelques suites du livre III à écouter).

Miscellanées
Élisabeth Joyé: clavecin

Très beau récital de clavecin d'Élisabeth Joyé qui a choisi d'interpréter des pièces qui lui sont chères, avec lesquelles elle entretient une relation particulière.

Elle utilise trois instruments:
Le virginal italien.
L'épinette polygonale à la quarte inférieure.
Le clavecin à l'octave supérieure.

C'est le virginal qui est le plus utilisé. Les deux autres instruments permettent de créer des contrastes (sonores) à des "moments clés".

23 titres pour 14 compositeurs (du 16^ème au début du 18^ème).
Très agréable à écouter.

J'aime beaucoup ce disque (comme tout ce que fait Elisabeth Joyé)
On avait un peu parlé boutique dans la question musicale du jour

xoph a écrit:

J'aime beaucoup ce disque (comme tout ce que fait Elisabeth Joyé)
On avait un peu parlé boutique   dans la question musicale du jour

Ah oui...je n'avais pas vu, mais c'était pendant mon absence.

Rubato a écrit:

Miscellanées
Élisabeth Joyé: clavecin

Très beau récital de clavecin d'Élisabeth Joyé qui a choisi d'interpréter des pièces qui lui sont chères, avec lesquelles elle entretient une relation particulière.

Elle utilise trois instruments:
Le virginal italien.
L'épinette polygonale à la quarte inférieure.
Le clavecin à l'octave supérieure.

C'est le virginal qui est le plus utilisé. Les deux autres instruments permettent de créer des contrastes (sonores) à des "moments clés".

23 titres pour 14 compositeurs (du 16^ème au début du 18^ème).
Très agréable à écouter.

Oh oui, c'est très très bon ça, merci Rubato.
Je pense que ça plairait bien à Xoph aussi, notamment les différentes sonorités des deux instruments moins usuels. Le son de l'épinette on dirait presque un jouet, c'est d'une délicatesse.
Tout est à peu près dans ce même style délicat presque naïf mais on y rencontre parfois des choses ludiques et originales. Ce n'est pas forcément surprenant mais c'est fréquemment intrigant.
Chaudement recommandé.

EDIT : ah bah j'ai répondu sans voir la réponse de Xoph justement, j'avais visé juste, hé hé.

On trouve quelques pièces de Johann Caspar Ferdinand Fischer dans le Miscellanées d'Élisabeth Joyé, et bien sûr dans le disque qu'elle lui avait consacré : Uranie.

Fischer, également présent dans ce disque d'Andreas Staier : Méditation (sur ma mort future), titre emprunté à Froberger. Les pièces ici retenues, de Fischer, sont d'un caractère spéculatif (tirées de l'Ariadne Musica, recueil qui peut préfigurer le Clavier bien tempéré), tout comme les pièces de Froberger ou Louis Couperin. En ce ton, qui fait la part si belle au suspens et au silence, les Anklänge (échos) de Staier se fondent avec une grande sensibilité, et une modernité pourtant affirmée. Les liens qui les unissent aux "méditations" qui précèdent sont d'évocation, ou d'intériorisation, jamais d'imitation. Selon les mots de Staier, elles sont "nées de conversations que j’ai eues à plusieurs reprises avec le compositeur Brice Pauset à propos de ce que signifie composer à notre époque, et en particulier de ce que signifie et implique le fait d’écrire pour des instruments historiques". L'album se clôt sur un prélude et fugue en mi majeur du WTK II de Bach, ou redémarre puisqu'il ouvrait sur un prélude et fugue de Fischer en mi majeur.

Magnifique disque de clavecin contemporain (et qui fait si bien entendre comme contemporains Froberger, ou Louis Couperin), magnifique disque de clavecin !

• Andreas Staier (né en 1955)
Anklänge - six pièces pour clavecin
• Johann Caspar Ferdinand Fischer (1656-1746)
Ariadne Musica
• Louis Couperin (1626-1661)
Pavane en fa dièse mineur
• Johann Jakob Froberger (1616-1667)
Ricercar IV, Fantasia II, Méditation sur ma mort future
• Johann Joseph Fux (1660-1741)
Fugue (du Gradus ad Parnassum)
• Jean-Sébastien Bach (1685-1750)
WTK II, prélude et fugue en sol majeur

Andreas Staier, clavecin, d'après Hieronimus Albrecht Hass 1734, par Anthony Sidey et Frédéric Bal, Paris 2005

Super claveciniste et super organiste. Quand je l'ai entendu pour la première fois, il y a quinze ans, il accompagnait des chanteuses (Isabelle Desrochers, je crois ?) au clavecin dans des salles de cinéma (L'Archipel), puis j'ai perdu sa trace… je suis ravi de voir qu'il creuse depuis quelques années son sillon discographique, avec quelques très beaux disques (dont une intégrale de l'orgue de Couperin sur les meilleures orgues possibles).

Buxtehude (1637-1707)
Suites et variations
Mitzi Meyerson, clavecin 1983 par Mark Stevenson, d'après Dulcken

Assez rarement jouées à ma connaissance, et certainement éclipsées par les œuvres vocales, sacrées, pour orgue, ou musique de chambre de Buxtehude. J'aurais été bien en peine de savoir sur quel fil poster à part celui-ci.
La Capricciosa, 32 variations sur une aria, aurait pu servir de terreau aux Goldberg. Sarah Cunningham écrit dans le livret que le Quodlibet des variations Goldberg (dernière variation) cite le thème de la Capricciosa (mais c'est un thème populaire). Très belles variations – "an adventurous range of imagination and a free association of ideas". Les suites proposées sont peut-être moins marquantes.
Les tempéraments inégaux sont précisés, et choisis selon les tonalités, soit Bendeler (1688), soit Werckmeister (1698). "L'effet en est particulièrement sensible pour des oreilles modernes dans les passages chromatiques". Ça s'entend !
Très beau clavecin.

Je vais y jeter une oreille!

Je n'ai rien de Buxtehude...il serait temps!

Rubato a écrit:

Je vais y jeter une oreille!

Je n'ai rien de Buxtehude...il serait temps!

D'après moi, c'est quand même pas le plus intense du grand Bux (si tu connais pas), mais c'est loin d'être négligeable !

Je pensais en parler après avoir reçu le disque en dur, mais ce sera dans un bout de temps, d'autre part l'article de clic musique dit à peu près tout, et livre des extraits du livret d'Helga Váradi

Superbe album !

Bartók & Baroque
Jean-Sébastien Bach, François Couperin, Domenico Scarlatti, Béla Bartók

Helga Váradi, clavecin (le Ruckers de Neuchâtel -1632/1745* + clavecin moderne à deux claviers de l’atelier de Martin Vyhnálek)

« Au chapitre transcriptions [des Mikrokosmos], il faut faire remarquer que quelques morceaux – les numéros 76, 77, 78, 79, 92, 104b, parmi les plus faciles, et les numéros 117, 118, 123, 145, parmi les plus difficiles – conviennent aussi au clavecin. Sur cet instrument, les doublements d’octaves s’effectueront grâce à la registration. » Béla Bartók

Helga Váradi m'a tout l'air épatamment épatante (dans sa rare discographie). Pas la première à explorer les Mikrokosmos au clavecin, mais c'est très chouette (et le montage, tout au moins avec le Bach et le Scarlatti est très pertinent, avec Couperin je m'interroge plus)

Pas si facile à trouver, me semble
https://www.deezer.com/fr/album/49617342

 (les Bartók ! j'en avais pas un souvenir aussi intense par Huguette Dreyfus**, au clavecin s'entend)


PS :
https://www.clicmusique.com/bartok-baroque-oeuvres-pour-clavecin-varadi-p-100495.html
par Bertrand Abraham

PS 2 : *
https://collections.mahn.ch/fr/notice/aa-2958-clavecin-b57d6dc7-a0b2-4b13-96b2-2ce299ea1597

PS 3 : **
que je réécoute présentement, très beau aussi, plus du côté des énigmes que de l'énergie rythmique si présente chez Helga Váradi.

Nouveau disque de  Frescobaldi de Lydia Maria Blanc -- c'est très doux, coloré et lyrique -- j'adore.




https://lydiamariablank.net/frescobaldi/

https://www.artistcamp.com/lydia-maria-blank/~frescobaldi-toccate-e-partite-libro-i-capricci-recercari/9008798508457/index.html

https://open.spotify.com/album/6f4r3IKCSPZGQ3undILXo7


Elle m'a envoyé ce poème -- que je partagerai pour votre plaisir


I would like to bring to your attention
the most recent release of stellamaris:
A Frescobaldi dedicated production
that will bring joy to your listeners.

You'll find it on artistcamp
ready for radio play;
high fidelity files, sonic lamps
to listen to everyday.

Feel free to check out
the artist's other releases,
there is no doubt about
the supreme art of the pieces

that Lydia Maria Blank let bloom.
Welcome to her majesty's room!