Programme :
VARÈSE : Amériques (version révisée)
BRUCH : Concerto pour violon et orchestre n°1
STRAVINSKY : Petrouchka (version de 1947)
Distribution :
SERGEY KHACHATRYAN violon
ORCHESTRE NATIONAL DE FRANCE
CRISTIAN MĂCELARU direction
Retrouvailles après avoir laissé l'ONF jeudi soir à RF après le programme autour de Petrouchka. Étant enthousiasmé par cette précédente soirée, j'étais ravi de réentendre ce même morceau dans l'acoustique de la PP.
Dès l'entrée dans la salle, j'ai été impressionné par le nombre de musiciens sur scène. Le plateau, pourtant immense, était plein !
La salle, elle, était franchement mal remplie (à part le parterre). J'avais, d'ailleurs, troqué une place de catégorie 2 à 42 € (abonnement PP) contre une place de catégorie 1 à 15 € (offre "printemps" RF) : être mieux placé en gagnant de l'argent, c'est formidable !
Varèse : j'avais tenté d'écouter le morceau au disque (Boulez, et un live de Pintscher), sans succès. Et pourtant, samedi, ce morceau m'a fasciné, absorbé, hypnotisé ! Le ballet des percussions m'a rappelé la symphonie n°2 de Thomas Larcher entendue quelques semaines plus tôt (OP/Mäkelä), mais ce morceau-là a cent ans de plus ! La mélodie lancinante, répétitive, agaçante, envoutante à la flûte fait l'effet d'un charmeur de serpent. Sirènes omniprésentes, mais invisibles depuis ma place. Pas moins de 15 percussionnistes. Projection sonore extraordinaire. Dans cette musique assez difficile, Macelaru fait des miracles : interprétation lisible sans être dépouillée, dense, musicale en diable, avec sa présence charismatique... même si le centre de gravité du morceau se situait plutôt vers le fond de la scène.
Vraiment un morceau à voir sur scène, plus qu'à écouter au disque. Mais, à revoir absolument !
On lit dans le programme de salle que la version révisée prévoit un effectif réduit : la version initiale doit être incroyable !
Bruch : à la lecture du programme de la soirée, je m'étais dit qu'il semblait assez mal construit. Un concerto romantique après un morceau aussi difficile, pour ensuite revenir à de la musique relativement moderne... Je m'attendais à ce que Bruch soit le ventre mou de la soirée, et j'ai été largement contredit ! Dès les premières notes du premier mouvement, le violoniste arménien Khachatryan m'a conquis : justesse infinie, son d'une grande douceur mais avec le mordant nécessaire, jeu passionnément souple, semblant naturel et facile, coulant de source... Accompagnement à l'orchestre exceptionnel : un passage du premier mouvement m'a tiré quelques larmes, totalement inattendues. Mouvement lent d'une nostalgie non feinte. Finale vibrant. Moment suspendu, magique !
Rappels :
- sonate n°1 d'Ysaÿe (je ne sais plus quel mouvement), avec un passage exceptionnel à peine susurré, mélancolique à souhait,
- improvisation sur un chant traditionnel arménien du Xème siècle (si j'ai bien compris même si ça m'étonne), archaïsant et charmant (joué donc la veille de la commémoration du génocide arménien).
Violoniste à suivre et à revoir.
Stravinsky : une version encore plus rêche et âpre que l'avant-veille à RF, Macelaru semblant accentuer sur les dissonances, les ruptures de rythmes et de mélodies. Encore une fois, fascinant, foisonnant, extraordinairement captivant.
Gros succès à l'applaudimètre.
C'est pour ce genre de soirées que je vais au concert !