Programme :
GABRIEL FAURÉ : Pavane
SERGUEÏ PROKOFIEV : Concerto pour piano et orchestre n°2
FRANCIS POULENC : Gloria
MAURICE RAVEL : La Valse
Distribution :
VANNINA SANTONI soprano
SEONG-JIN CHO piano
CHŒUR DE RADIO FRANCE
CHRISTOPHE GRAPPERON chef de chœur
ORCHESTRE NATIONAL DE FRANCE
CRISTIAN MĂCELARU direction
Concert de rentrée lancé avec un enthousiasme un peu fatigué. Auditorium affiché complet, mais comme toujours avec pas mal de places vides permettant de se replacer efficacement.
Scoop annoncé par Benjamin François : Macelaru voit son contrat avec l'ONF prolongé jusqu'en 2027. Annonce très applaudie.
Photographe présent dans la salle, qui n'hésite pas à se placer longuement devant les spectateurs pour officier, se fichant totalement qu'il puisse obstruer la vue...
Programme très enthousiasmant, pas mal de tubes, mais surtout que des morceaux que j'adore : l'un de mes concertos préférés, la Valse que j'aime intimement, un Poulenc qui me restait à découvrir en salle... Le parti pris interprétatif sur la lenteur et la densité ne m'aura pas convaincu, c'est dommage !
Fauré : trop lent, ça s'étale, ça s'effiloche. Pas convaincu du tout.
Prokofiev : tempo lent voire très lent également. Pianiste déjà vu une fois me semble-t-il (peut-être un Rachmaninov 1 au TCE ?), et qui ne m'a pas convaincu. Allures d'artiste maudit, tout en noir, visage masque sans le moindre sourire ni la moindre expression, jouant caché dans ses cheveux mi-longs. Délégation coréenne dans la salle, probablement l'ambassadeur, entouré d'agents de sécurité. Dans les couloirs, des panneaux fléchés indiquent "Ambassade de Corée du Sud", étrange ! Beaucoup de spectateurs asiatiques, aux prises avec des ouvreuses qui ne parlent pas vraiment anglais et qui se perdent entre les loges (nouvelles recrues pour la nouvelle saison ?). Retour sur le pianiste : pas mal d'angoisse et de trac se dégagent de ce visage sans expression, de ces mains qui tremblent et de ce tabouret sans cesse replacé, monté ou abaissé. Tempo très lent, presque à la Ivo Pogorelich par moments (pas dans ses versions extrêmes tout de même). Cadence du premier mouvement prise très lentement, et avec plusieurs défauts (deux mesures escamotées, quelques notes à côté tout à fait pardonnables étant donnée la difficulté de la partition), mais qui atteint néanmoins son objectif : c'est frissonnant, jouissif, l'entrée puissante de l'orchestre bien en place offrant la détente prévue après ce long moment de tensions : c'est toujours un merveilleux passage ! Les trois mouvements suivants sont plus rapides, mais comparativement à d'autres versions entendues en concert ou au disque, c'est bien lent ! Qu'importe, j'adore ce concerto, beaucoup de joie de l'entendre !
Délégation coréenne applaudissant debout.
Un rappel non identifié, Macelaru assis sur son estrade, fixant le pianiste droit dans les yeux. Morceau peut-être baroque, plein d'ornementation, comme au clavecin.
Poulenc : première fois en salle. Tout à fait convaincu par la partition, bien dans le style de Poulenc, enlevé, inventif, volubile... Tempo lent encore, mais ayant beaucoup moins d'éléments de comparaison, j'en ai moins souffert que dans le concerto. Magnifique soprano, pénétrée par son interprétation, parfois les larmes aux yeux, émue et émouvante. Agnus Dei de haute voltige saisissant. Beaucoup de joie se dégage de ce morceau ! Souvenirs d'une soirée autour de la Figure humaine du même compositeur la saison passée, où j'avais également pris beaucoup de plaisir.
Ravel : je désespère d'entendre en salle une version totalement convaincante de l’œuvre, après une belle version par l'OPRF et Mikko la saison passée. Les concerts où elle est jouée comme ouverture ne sont jamais bons : le début, où les contrebasses sortent du silence, est toujours couvert par les derniers spectateurs qui s’assoient. Benjamin François a annoncé une version inédite de la partition, reconstituée à partir de quatre manuscrits de Ravel récemment redécouverts : à part l'absence de glissando chez les harpes (et c'était dommage), pas entendu de grande modification. Encore une fois parti pris interprétatif forcément subjectif qui ne m'a pas convaincu : grosse baisse de tension dans la transition annonçant la dernière exposition du thème de la valse avant le final, c'est sûrement utile pour faire sonner puissamment le thème par contraste, mais ce n'est pas ce qui est attendu ni prévu, le thème devant être transfiguré et joué encore plus fort. Pas rare que ce "défaut" se retrouve aussi dans les versions piano(s). Notes finales ratées : ce qui doit s'entendre distinctement bsi #sol bsi la ré, s'est transformé en un vague accord de ré arpégé.
Triomphe dans la salle.