Vos peintres favoris

vartan a écrit:

J'aime de plus en plus Delacroix.

Qu'est-ce qu'il est cru ce portrait, limite trivial ! Il ose.

C'est bien le regard du Don Juan de Pouchkine sur la pauvre enfant.

Delacroix est toujours fortiche, il est vrai. Ce que j'aime encore le moins, c'est son portrait de Chopin et le tableau militant des manuels scolaires.

felyrops a écrit:

Voilà, mon cher, va voir le catalogue renaud-giquello@wanadoo.fr de la vente du 30 et 31 mai prochain, puis regarde LHOTE André sous le n° 283.
Bonne chance, il ne partira pas pour rien! Mais essaye quand'même de le rappatrier. ((perso, je ne mettrai pas d'enchère).

Merci de l'indication mais le lien arrive ailleurs je crois. Mais pour Lhote, je ne me ruinerai pas pour lui, quand même.

ah oui, quand même, moins saignant que Soutine mais quel mouvement!

C'est La fiancée du vent.
C'est assez cru et violent dans le hachage des touches de couleurs. Malgré tout la tendresse est souvent présente dans ses toiles.

DavidLeMarrec a écrit:

Delacroix est toujours fortiche, il est vrai. Ce que j'aime encore le moins, c'est son portrait de Chopin et le tableau militant des manuels scolaires.

Oui, bis. Il m'évoque furieusement Berlioz. Même tons chauds, bouillonnement de la toile à la limite du désordonné, rutilance et moiré des effets de couleur.

vartan a écrit:

C'est La fiancée du vent.

Il ne lui arrange pas le nez, au caractère plus discret, tout de même.

Citation :

C'est assez cru et violent dans le hachage des touches de couleurs. Malgré tout la tendresse est souvent présente dans ses toiles.

Au point de faire peur, à ce qu'on dit.
Je ne suis pas très sensible à ce qu'il fait, mais il faut dire que tous ceux qu'elle a fréquentés m'apparaissent de plus en plus comme des nains.

vartan a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

Delacroix est toujours fortiche, il est vrai. Ce que j'aime encore le moins, c'est son portrait de Chopin et le tableau militant des manuels scolaires.

Oui, bis. Il m'évoque furieusement Berlioz. Même tons chauds, bouillonnement de la toile à la limite du désordonné, rutilance et moiré des effets de couleur.

Berlioz, désordonné ? Son modèle était Gluck, tu sais ?
D'accord pour la rutilance, les surprises, mais il y a chez Berlioz une régularité un peu académique aussi, et un côté m'as-tu vu de l'orchestration. Je ne trouve pas cela chez Delacroix, où les mouvements se justifient pleinement.

Au point que je verrais plus du David que du Delacroix pour Berlioz, à choisir. (j'ai bien dit à choisir)

Oui, le Gluck on l'entend très bien chez Berlioz (j'écoute le chasseur danois en ce moment, c'est assez gluckien en effet), mais désordonné c'est mal décrit en effet, c'est cette emphase à en rajouter orchestralement qui donne parfois le sentiment que tout va s'écrouler sous le poids. La structure un peu trop riche orchestralement me donne ce sentiment d'impatience, de bouillonnement "désordonné", on pourrait plutôt dire qu'il y a quelque chose de turbulent derrière ce classicisme.

DavidLeMarrec a écrit:

Au point que je verrais plus du David que du Delacroix pour Berlioz, à choisir. (j'ai bien dit à choisir)

Comme je trouve David figé et totalement inexpressif, pas loin de Puvis de Chavanne (que j'aime paradoxalement pour sa froideur)... Quitte à choisir, je préfère Delacroix.

vartan a écrit:

Oui, le Gluck on l'entend très bien chez Berlioz (j'écoute le chasseur danois en ce moment, c'est assez gluckien en effet),

Moui, bof. Ce ne sont pas ses mélodies qui le sont le plus, elle font plus penser aux choses galantes de salon de l'époque.

Citation :

mais désordonné c'est mal décrit en effet, c'est cette emphase à en rajouter orchestralement qui donne parfois le sentiment que tout va s'écrouler sous le poids. La structure un peu trop riche orchestralement me donne ce sentiment d'impatience, de bouillonnement "désordonné", on pourrait plutôt dire qu'il y a quelque chose de turbulent derrière ce classicisme.

Oui, tout à fait, et même devant ce classicisme.

Mais tout ça n'en fait pas du Delacroix pour moi. (il est où, le classicisme ?)

DavidLeMarrec a écrit:

Mais tout ça n'en fait pas du Delacroix pour moi. (il est où, le classicisme ?)

Je savais que là je me ferais avoir. Tu as tout à fait raison, je ne peux pas l'expliquer, mais ce peintre et ce musicien sont indissociables pour moi, moins sur la forme sans doute finalement.

On dirait un match de ping pong. Je suis impatiente de voir qui de Delacroix ou de David va l'emporter.

vartan a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

Au point que je verrais plus du David que du Delacroix pour Berlioz, à choisir. (j'ai bien dit à choisir)

Comme je trouve David figé et totalement inexpressif, pas loin de Puvis de Chavanne (que j'aime paradoxalement pour sa froideur)... Quitte à choisir, je préfère Delacroix.

Il manquerait à David des couleurs plus vivantes, celles d'Ingres par exemple (plutôt celui de Virgile que l'Odalisque), pour faire du bon Berlioz. Encore que, les Sabines, ça me semblerait assez bien convenir.

Delacroix
Prenons du connu.
Une succession de petites scènes dans cette grande fresque, des scènes très classiques en fait. Le nabab pensif, le cheval rétif, la femme abusée (sabine aussi), le sac de la ville au fond à droite (on ne le voit pas facilement).
La structure de ce tableau est lui aussi surchargé à s'écrouler. C'est aussi riche en couleurs (désolé cette repro est mauvaise, pas le temps d'en chercher une autre) comme toujours ces tons chauds.

David
Scène identique: le rapt des Sabines.
Rien à voir en effet.

En dehors de la personne de Sardanapale, on peut opposer trait à trait chaque détail. La vie semble quitter les scènes de David et au contraire déformer les corps chez Delacroix comme s'ils débordaient de cette vitalité. C'est assez saisissant mais 28 ans séparent ces deux toiles quand même.

Tout à fait, mais pour Les Sabines, j'entends les Troyens, alors que pour Sardanapale, j'entends Shéhérazade de Ravel...

Je mettrais les Troyens entre les deux quand même... Shéhérazade je ne connais pas, mais du Ravel en Delacroix ? Tu exagères, il est habituellement plus sage mais chatoyant en même temps, frais toujours. Je verrais bien un Seurat plutôt.

vartan a écrit:

Je mettrais les Troyens entre les deux quand même... Shéhérazade je ne connais pas, mais du Ravel en Delacroix ? Tu exagères, il est habituellement plus sage mais chatoyant en même temps, frais toujours.

Shéhérazade porte tout de même des saveurs délicates mais épicées. Evidemment, ça n'a pas l'aspect tourmenté de Sarda, mais ce faux désordre, cette richesse visuelle ou sonore... ça ne fonctionne pas mal.

Citation :

Je verrais bien un Seurat plutôt.

Toi, tu n'aimes vraiment pas Ravel.

Les concertos pour piano, l'Enfant, Shéhérazade, ce ne sont tout de même pas des pastels plats ! Tiens, l'Enfant aussi, avec ses désordres, n'irait pas si mal avec Sarda, même s'il y aurait sans doute un peu plus de douceur dans le coloris et dans les courbes ; mais le patron pourrait être le même.

ce genre de perversion (opposées) est totalement étranger à Ravel à mon avis, même la froideur de David (le peintre)

Ah, mais personne n'a dit qu'il y avait un rapport entre Ravel et David. En tout cas, je n'en vois pas.

C'est moi où vous faites des correspondances musique/peinture ?

Wolferl a écrit:

C'est moi où vous faites des correspondances musique/peinture ?

Va plutôt voir dans le fil plat du jour, toi !

DavidLeMarrec a écrit:

Wolferl a écrit:

C'est moi où vous faites des correspondances musique/peinture ?

Va plutôt voir dans le fil plat du jour, toi !

Quelle agressivité...
Oui, j'ai vu, le modérateur fou n'est pas dans les parages

Mais toute l'érotisme de la peinture de Delacroix est bien absente de la musique de Ravel, non ?

vartan a écrit:

Mais toute l'érotisme de la peinture de Delacroix est bien absente de la musique de Ravel, non ?

Mais as-tu sérieusement déjà écouté du Ravel?

vartan a écrit:

Mais toute l'érotisme de la peinture de Delacroix est bien absente de la musique de Ravel, non ?

Ah oui, Shéhérazade, le duo des fauteuils, le duo des chats, qu'est-ce que c'est éthéré !

Xavier a écrit:

vartan a écrit:

Mais toute l'érotisme de la peinture de Delacroix est bien absente de la musique de Ravel, non ?

Mais as-tu sérieusement déjà écouté du Ravel?

Le chat me fait penser qu'il y a un piège...

Si ce n'est pas le cas, Vartan, laisse-moi te dire de la façon la plus désagréable qui soit que tu es gro-tesque.

Ravel est un voyeur autiste, sa perception de l'érotisme est toujours "extérieure" et parfois enfantine (ce qui fait sa force) on peut de ce fait le ressentir à mon avis comme exempt de toute sensiblerie et de toute manifestation physique destructurante. A vrai dire, dans l'exemple des Sabines je le vois plus amateur de David, même si le serment des Horaces conviendrait mieux
?

Il n'y a pas cette sûreté du dessin chez Ravel ! Ni ces couleurs sombres et stables.

Il y a plutôt un éclat fugace, incertain, des tons plutôt clairs, des courbes.

A la rigueur, je ne serais pas contre le pointillisme, mais plutôt van Rysselsberghe que Seurat.

Citation :

Il n'y a pas cette sûreté du dessin chez Ravel ! Ni ces couleurs sombres et stables.

là tu as sans doute raison, ça doit être comme Kokoschka, Delacroix est un médiocre dessinateur
coupons-court à l'impressionisme et au sensualisme


Lebedev-Manifestation (anti-HHS)

C'est comme ça que tu ressens Debussy, si j'ai bien compris ?

Euh, non, le chat je l'ai mis ici pour faire mignon, il n'y a pas de sous-entendu.

Ah oui, donc il faut en revenir à la première impression. Je disais quoi, grotesque ?

Pathétique pour Bellini et grotesque pour Ravel, mon pauvre Vartan, je t'habille et l'été qui arrive...

Ben oui, quoi ! Debussy est mille fois, que dis-je, un millions de fois plus érotique que Ravel.

Après dire qu'il n'y a pas de sensualité dans la musique de Ravel serait une ineptie, mais comparons ce qui peut l'être.

Mais non, Debussy, c'est minéral. Suspendu, admirable, presque glaçant de beauté. Ravel est moins sérieux, plus badin, plus chaleureux. Debussy est bleuté, Ravel orangé comme un sari.

Und sw.
(Traduction : et c'est reparti !)

Oui, enfin, on va pas en faire une salade de cabillaud de cette affaire.

Surtout qu'à force d'y perdre du temps, ma crème va brûler.

Oui, le temps de prendre l'express Roma via Potsdam.

Du crois que beaucoup d'autres sont au diapason ?

DavidLeMarrec a écrit:

Du crois que beaucoup d'autres sont au diapason ?

Il y a le diapason français de la convention de Paris de 1859 confirmée à Vienne en 1885 qui le fixait à 435 Hz et le diapason anglais de 450 Hz, le 440 de nos jours et le fameux 415 des vieux, voire 385 des très vieux.

Alors David, quel diapason, je te le demande ?

vartan a écrit:

Ben oui, quoi ! Debussy est mille fois, que dis-je, un millions de fois plus érotique que Ravel.

Mais tu ne connais pas Schéhérazade...

Moi j'aime bien le 390 de Charpentier, mais il paraît qu'il faut lire la revue homonyme pour tout savoir sur les jeux d'époque, alors...

Xavier a écrit:

vartan a écrit:

Ben oui, quoi ! Debussy est mille fois, que dis-je, un millions de fois plus érotique que Ravel.

Mais tu ne connais pas Schéhérazade...

Et toc !

Xavier a écrit:

vartan a écrit:

Ben oui, quoi ! Debussy est mille fois, que dis-je, un millions de fois plus érotique que Ravel.

Mais tu ne connais pas Schéhérazade...

C'est pas avec UNE oeuvre que Ravel va racheter sa divine raideur qui parcourt le reste de son oeuvre (à part peut-être quelques pièces de piano et Daphnis, je veux bien l'admettre).

vartan a écrit:

Xavier a écrit:

Mais tu ne connais pas Schéhérazade...

C'est pas avec UNE oeuvre que Ravel va racheter sa divine raideur qui parcourt le reste de son oeuvre (à part peut-être quelques pièces de piano et Daphnis, je veux bien l'admettre).

Vraiment je me demande ce que tu connais de Ravel.

On ne va pas faire la liste, presque toute sa musique symphonique et tout son piano, des mélodies et quatuor, l'enfant et les concertos et... si j'ai aussi Shéhérazade. Je l'écoute immédiatement.

Mais franchement tu ne trouves pas plus de sensualité et d'érotisme chez Debussy que chez Ravel ?

Non pas forcément.
Ca dépend des oeuvres.

Je trouve Ravel toujours plus sage même dans tout le raffinement de ma mère l'Oye ou de Daphnis.
Debussy déborde plus dans des zones sensibles, plus charnelles (mais c'est vrai que si on parle de la fin de sa vie ce n'est plus vrai).