Wagner - Ring - Levine (CD & DVD)

Si quelqu'un veut présenter la version, qu'il ne s'en prive pas.

Xavier a écrit:

Je parlais du studio qui est très lent. (bien plus que le DVD!)

Mais par contre je ne comprends pas que Morris puisse laisser glacial là-dedans... (et on est HS)

Eh bien, c'est extrêmement suveillé sur le chant, mais premièrement je n'aime pas son timbre ni son placement (c'est typiquement américain, un masque un peu nasal, assez grisaille comme couleurs), secondement au niveau des intentions, ça reste extrêmement scolaire, au début des adieux, l'explosion d'affection, eh bien, il ne se passe pas beaucoup. Toujours plus qu'Adam, certes.

En revanche, je l'aime bien avec Haitink, plus d'épaisseur dans les intentions, plus proche de ce que fait Hale par exemple (dont la voix est pour le coup très belle).

Quant au DVD, il m'a déjà surpris par sa lenteur hier. Tu me fais terriblement peur.

DavidLeMarrec a écrit:

Quant au DVD, il m'a déjà surpris par sa lenteur hier. Tu me fais terriblement peur.

Je préfère mille fois ça à Boulez ou un autre TGV.

Je ne trouve pas le DVD tellement lent en fait, c'est plutôt dans la moyenne je trouve.
Par contre le studio est lent, surtout la fin du 3è acte et les adieux. Et pourtant je trouve que ça marche très bien. Comme son Parsifal.

Si, le DVD est quand même lent je pense, d'ailleurs lorsqu'on regarde les minutages... Cela dit, comme je joue plus souvent que je n'écoute ça, et que les tenues sonnent mal au piano, on augmente naturellement le tempo, et ça peut donner une image faussée de la tradition.

Néanmoins, néanmoins, il m'a bien semblé !

Xavier a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

Quant au DVD, il m'a déjà surpris par sa lenteur hier. Tu me fais terriblement peur.

Je préfère mille fois ça à Boulez ou un autre TGV.

La différence est que pour Boulez le chanteur est bon.

Il ne s'agit pas de TGV ou de petit train, en fait, mais du tempo juste, et surtout habité en conséquence. Là, j'avais l'impression d'un flot continu assez plane, dès qu'était prononcé le mot "adieu".

Comme quoi ces histoires de tempi sont subjectives...
Pour moi Boulez n'est absolument pas le tempo juste ici, ça gâche tout même. (heureusement Gwyneth arrête de chanter à ce moment-là )

Ensuite je parle globalement, la Walkyrie de Levine en DVD n'est pas particulièrement lente j'ai l'impression, il prend plutôt son temps dans les moments qui le nécessitent mais sait s'emporter ce qu'il faut à la fin du I par exemple. (ce n'est peut-être pas très rapide, mais pas mou ou sans énergie)
Haitink ou Mehta dans le récent DVD me paraissent vraiment plus lents, ou moins vivants en tout cas.

Xavier a écrit:

Comme quoi ces histoires de tempi sont subjectives...
Pour moi Boulez n'est absolument pas le tempo juste ici, ça gâche tout même. (heureusement Gwyneth arrête de chanter à ce moment-là )

Souvenir trop lointain, mais je n'avais pas été gêné. La difficulté est surtout du côté de l'absence d'esprit à l'orchestre.

Citation :

Haitink ou Mehta dans le récent DVD me paraissent vraiment plus lents, ou moins vivants en tout cas.

Haitink moins vivant, oui, mais plus habité.

Pas facile de faire des AR comme ça entre le topic Haintink et celui là pour répondre...
Globalement d'accord avec David sur Morris, ses sonorités nasales et le fait que l'incarnation me semble plus fouillée chez Haitink qu'avec Levine. Mais le phrasé , la conduite de la ligne sont impeccables et pour moi c'est important d'où une très grande supériorité sur Mc Intyre qui a bien du mal à conduire ses phrases jusqu'au bout.

Haitink moins vivant mais plus habité, il me seble comprendre votre ressenti. J'ai l'impression qu'il y a chez Haitink un parti pris qui est d'étouffer les paroxysmes, les envolées lyriques comme on dit, par exemple qu'il étouffe ses cuivres en les alourdissants et en les empêchant d'exploser, comme si le soucis de faire ressortir de manière détaillée chaque pupitre conduisait souvent à ne pas mettre en évidence l'un d'eux alors qu'il le faudrait. Parfois ça fonctionne mais à certains moments, j'en ressentais une grande frustration...

Ericc a écrit:

Pas facile de faire des AR comme ça entre le topic Haintink et celui là pour répondre...

C'est-à-dire qu'on en est à plus de 80 pages sur le fil général du Ring (1600 messages donc, sans parler du fil DVD très fourni également), ça devient franchement impossible à manipuler.

Là, au moins, on regroupe les messages par unité de sens, c'est plus agréable et plus utile, je trouve.

Citation :

Haitink moins vivant mais plus habité, il me seble comprendre votre ressenti. J'ai l'impression qu'il y a chez Haitink un parti pris qui est d'étouffer les paroxysmes, les envolées lyriques comme on dit, par exemple qu'il étouffe ses cuivres en les alourdissants et en les empêchant d'exploser, comme si le soucis de faire ressortir de manière détaillée chaque pupitre conduisait souvent à ne pas mettre en évidence l'un d'eux alors qu'il le faudrait. Parfois ça fonctionne mais à certains moments, j'en ressentais une grande frustration...

Pour cette impression-là, c'est sans doute autant EMI que Haitink qui est en cause... le côté étouffé est malheureusement leur marque de fabrique depuis longtemps.

Il faut redire quelques détails à propos de la distribution des deux versions.

Les seules différences:

-Siegfried est chanté par Jerusalem dans le DVD et Goldberg dans le CD
-Gibichungen médiocres dans le DVD (Lisowska et Raffell), bien meilleurs dans le CD (Weikl et Studer)
-Les 2 premières nornes sont tenues par Dernesch et Troyanos dans le CD (Bean et Castle dans le DVD)
-Dans Siegfried, l'oiseau est tenu par Upshaw dans le DVD et Battle dans le CD
-Dans le Crépuscule, on a Ludwig dans le DVD et Schwarz dans le CD

Pour ma part je recommande plutôt le DVD à cause du live plus vivant, plus rapide.
Le CD est vraiment magnifique à écouter, d'une perfection orchestrale assez dingue, avec des adieux de Wotan très lents mais vraiment magnifiques par exemple... Mais tout n'est pas passionnant de bout en bout, alors qu'on ne s'ennuie pas une seconde avec le DVD.
Je ne suis pas objectif car c'est la version avec laquelle j'ai vraiment découvert l'oeuvre, mais ça reste pour moi une des toutes meilleures versions, Levine a un des plus beaux sons d'orchestre wagnérien que j'aie pu entendre.
Dans les rôles principaux, la distribution est à mon sens irréprochable. (Morris, Behrens, Jerusalem, Salminen, Norman, Moll, Ludwig, Zednik...)

Xavier a écrit:

Le CD est vraiment magnifique à écouter, d'une perfection orchestrale assez dingue, avec des adieux de Wotan très lents mais vraiment magnifiques par exemple... Mais tout n'est pas passionnant de bout en bout, alors qu'on ne s'ennuie pas une seconde avec le DVD.
Je ne suis pas objectif car c'est la version avec laquelle j'ai vraiment découvert l'oeuvre, mais ça reste pour moi une des toutes meilleures versions, Levine a un des plus beaux sons d'orchestre wagnérien que j'aie pu entendre.

Dans les rôles principaux, la distribution est à mon sens irréprochable. (Morris, Behrens, Jerusalem, Salminen, Norman, Moll, Ludwig, Zednik...)

J'aime cet orchestre, plutôt lent au vu du minutage, mais je ne ressens pas cette lenteur, c'est tendu, habité, avec une certaine grandeur. ça me paraît curieusement moins lent que Haitink que je trouve mou (cf. fil Ring-Haitink )

Pour la distribution, elle est en effet globalement irréprochable, un bonheur que d'entendre ces voix que tu cites, mais deux défauts quand même : Gary Lakes. Franchement n'y avait-il pas meilleur Siegmund sur le marché ? Certes il y a toutes les notes, ce qui est déjà bien, mais l'expression est terriblement gauche, on n'imagine pas une seconde quelle séduction peut exercer ce Siegmund grimaçant, et surtout le timbre est toujours très laid ! Quel dommage, quand on a en face Norman et Moll ! Et au disque il y a le Siegfried de Goldberg... Deux défauts regrettables, surtout pour Siegfried qu'on entend plus longtemps.

Quant à Behrens, je ne suis pas fanatique de sa voix en Brünnhilde, mais la caractérisation, l'engagement sont impressionnants. Elle est fragile, volontaire et forte à la fois. Simplement, même si je m'y suis fait, j'ai toujours l'impression en l'écoutant que c'est une petite voix dans des habits trop grands, ou que c'est la petite soeur de Brünnhilde qui veut faire comme sa grande soeur et qui a peur de ne pas y arriver. Surtout dans le Crépuscule.

Mais on a le Hunding de Moll et le Wotan de Morris, la Sieglinde de Norman, le superbe Hagen de Salminen (mon Hagen préféré je crois), sans oublier la superbe Fricka de Ludwig, et d'autres.

Je parle du CD car je ne connais pas grand-chose du DVD. J'ai regardé l'acte I et le début de l'acte II de La Walkyrie et le prologue du Crépuscule, et j'ai beaucoup aimé, malgré une mise en scène bien prosaïque (mais ne déterrons pas ce vieux sujet). Et là, j'ai découvert Gary Lakes en chair et en os, ce qui ne compense vraiment pas, mais alors vraiment pas la voix...

Hippolyte a écrit:

J'aime cet orchestre, plutôt lent au vu du minutage, mais je ne ressens pas cette lenteur, c'est tendu, habité, avec une certaine grandeur. ça me paraît curieusement moins lent que Haitink que je trouve mou (cf. fil Ring-Haitink )

Je suis assez d'accord, le studio est quand même lent (surtout certains passages en fait) mais dans l'ensemble ça ne paraît pas mou, c'est toujours vivant.
Même effet que pour les autres Wagner de Levine. (les Maîtres chanteurs en DVD, Parsifal en DVD ou chez DG)

Citation :

Pour la distribution, elle est en effet globalement irréprochable, un bonheur que d'entendre ces voix que tu cites, mais deux défauts quand même : Gary Lakes. Franchement n'y avait-il pas meilleur Siegmund sur le marché ? Certes il y a toutes les notes, ce qui est déjà bien, mais l'expression est terriblement gauche, on n'imagine pas une seconde quelle séduction peut exercer ce Siegmund grimaçant, et surtout le timbre est toujours très laid !

Je ne trouve pas ça terriblement passionnant, mais pas non plus moche ou vulgaire, et surtout le timbre ne me déplaît pas!
Comme tu l'as dit, c'est tout de même très bon techniquement.
Il y a mieux, mais ça ne fait pas tâche à mon sens, je l'écoute même avec plaisir.

Citation :

Quant à Behrens, je ne suis pas fanatique de sa voix en Brünnhilde, mais la caractérisation, l'engagement sont impressionnants. Elle est fragile, volontaire et forte à la fois. Simplement, même si je m'y suis fait, j'ai toujours l'impression en l'écoutant que c'est une petite voix dans des habits trop grands, ou que c'est la petite soeur de Brünnhilde qui veut faire comme sa grande soeur et qui a peur de ne pas y arriver. Surtout dans le Crépuscule.

Je vois ce que tu veux dire, et c'est surtout vrai quand on l'écoute après des Nilsson ou Flagstad. (et même face à la Sieglinde de Norman, sa voix paraît plus claire, moins forte)
Il y a une fragilité toujours qui perce dans sa voix, c'est même ce que j'aime!
Et pourtant, elle avait une projection incroyable et la voix n'était absolument pas petite!
C'est ce qui en fait une exception remarquable à mon sens, une voix énorme sans en avoir l'air, sans en avoir les défauts habituels. (manque de souplesse, de nuances, impression de forçage, etc...)

Lakes a une très belle voix moi je trouve. C'est sur que c'est pas l'incarnation la plus profonde mais c'est très correct.

J'ai moi aussi découvert le Ring avec cette version mais en DVD. Ma deuxième version sera le Ring de Copenhague.
Le volet dans lequel Behrens m'a le moins convaincu est Siegfried. Elle est une Brünnhilde magnifique malgré quelques difficultés dans les aigus et un grave pas très beau dans Götterdämmerung. Elle est très impliquée sur le plan dramatique dans le dernier volet. Son annonce de la mort dans Die Walküre est remarquable, émouvante. Elle est ultra féminine et sensible.
Siegfried Jerusalem est le Siegfried à la mode à l'époque. ll est convaincant au niveau de l'incarnation, poétique dans Siegfried, drôle parfois. Le timbre est magnifique. C'est très bien chanté. Il est génial en Loge, truculent sans être vulgaire car son chant est très maîtrisé.
Lakes est tout à fait convenable en Siegmund même s'il y a beaucoup mieux pour ce rôle : Vickers, Domingo. Je préfère Lakes à Vinay par exemple. Son timbre n'est pas désagréable.
Norman est parfaite vocalement mais je n'ai pas le frisson comme quand j'écoute Rysanek. C'est une excellente Sieglinde cependant.
Moll chante parfaitement bien le rôle de Hunding mais c'est plat et sommaire dans la caractérisation du personnage.
Morris est un très grand Wotan, touchant dans Die Walküre. Il offre le portrait le plus convaincant dans Siegfried.
Wlaschiha est un très bon Alberich mais s'il y a sûrement meilleur, par exemple Zoltán Kelemen que je connais uniquement dans Das Rheingold dans la version studio de Karajan, rôle dans lequel il m'a convaincu à la fois vocalement mais surtout au niveau de l'incarnation.
Ludwig est très bien en Fricka (il faudra que je revois la scène dans laquelle elle interprète Waltraute dans Götterdämerung). La voix est évidemment usée à cause de l'âge mais elle a de beaux restes et une vrai science du chant. Je la préfère dans Die Walküre car elle brûle les planches dans le rôle et incarne magistralement le personnage.
Salminen est remarquable sur le plan du chant. Il me convainc plus en Fafner qu'en Hagen. Il est imposant en Hagen par sa taille mais il n'a pas la noirceur d'autres interprètes (Greindl à mon avis même si je ne l'ai pas entendu dans le rôle, je me base uniquement sur ce que j'ai lu sur des forums). Il a une voix profonde et magnifique cependant, ce qui est déjà très bien.
Zednik est formidable en Mime, dans Siegfried en particulier. C'est un excellent comédien, l'incarnation est très intelligente et parfaitement menée. La voix est idéale pour le rôle.
Birgitta Svendén est superbe en Erda.
Lisowska et Raffell sont désastreux en Gibichungen.
Marie Anne Häggander est une belle Freia.
Direction de Levine qui est très bonne même si cela manque de flamme parfois, les tempi sont appropriés à mon avis, il y a de très belles couleurs orchestrales et de la poésie dans cette direction.

aurele a écrit:

Le volet dans lequel Behrens m'a moins convaincu est Siegfried. Elle est une Brünnhilde magnifique malgré quelques difficultés dans les aigus et un grave pas très beau dans Götterdämmerung. Elle est très impliquée sur le plan dramatique dans le dernier volet. Son annonce de la mort dans Die Walküre est remarquable, émouvante. Elle est ultra féminine et sensible.

Tiens c'est curieux moi je trouve que Siegfried est celui qui lui convient le mieux vocalement, justement elle a les aigüs pour. (ce n'est pas le cas de toutes les Brünnhildes!)
Mais elle est remarquable dans les 3 volets de toute façon.

Xavier a écrit:

Tiens c'est curieux moi je trouve que Siegfried est celui qui lui convient le mieux vocalement, justement elle a les aigüs pour. (ce n'est pas le cas de toutes les Brünnhildes!)
Mais elle est remarquable dans les 3 volets de toute façon.

Je ne l'ai vue et entendue qu'une fois dans chaque Brünnhilde. Il faudra que je fasse des comparaisons. Je l'ai préférée dans Götterdämmerung.

Je suis globalement assez d'accord avec Aurele, sauf sur quelques points majeurs.

aurele a écrit:

Lakes est tout à fait convenable en Siegmund même s'il y a beaucoup mieux pour ce rôle : Vickers, Domingo. Je préfère Lakes à Vinay par exemple. Son timbre n'est pas désagréable.

Tout dépend de ce que tu entends par "convenable". Mais préférer Lakes à Vinay ! J'avoue que ça me dépasse. Vinay a un côté brut, sans le raffinement d'un King ou d'un Jerusalem, mais l'expression et l'incarnation de ce Siegmund plus "popu" sont magnifiques : le timbre est incomparable, l'expression n'est pas à côté de la plaque, ni gauche ni outrancière. Le Siegmund de Vinay d'une certaine manière fait une belle synthèse du personnage : viril et brut, tendre et vulnérable. On comprend que Sieglinde fonde. Tandis que Lakes n'est qu'un tâcheron lourdaud qui a bien appris les notes et essaie tant bien que mal, mais surtout très gauchement, d'incarner un personnage dont il n'a pas une seconde la grâce. Par moments, on croirait entendre Mime, vous ne trouvez pas ?

Citation :

Moll chante parfaitement bien le rôle de Hunding mais c'est plat et sommaire dans la caractérisation du personnage.

Vraiment, j'aime beaucoup Moll que je ne trouve absolument pas "plat" ni "sommaire". Il n'a pas la noirceur d'un Greindl, il est plus grand seigneur, un seigneur offensé, avec cette retenue glaçante. Je trouve au contraire cette conception intéressante, moins strictement manichéenne que d'habitude.

Citation :

Salminen est remarquable sur le plan du chant. Il me convainc plus en Fafner qu'en Hagen. Il est imposant en Hagen par sa taille mais il n'a pas la noirceur d'autres interprètes (Greindl à mon avis même si je ne l'ai pas entendu dans le rôle, je me base uniquement sur ce que j'ai lu sur des forums). Il a une voix profonde et magnifique cependant, ce qui est déjà très bien.

Son Hagen me paraît justement un point fort, sinon le point fort de ce Crépuscule. Il me semble bien assez noir. Je lui trouve surtout, en plus de la noirceur, la tranquillité de celui qui, est sûr de lui pour accomplir son terrible dessein. Ce qui donnerait au personnage une subtilité et une profondeur que n'ont pas d'autres interprètes plus sommaires ? Quel Hagen lui opposerais-tu à part Greindl ?

aurele a écrit:

Salminen est remarquable sur le plan du chant. Il me convainc plus en Fafner qu'en Hagen. Il est imposant en Hagen par sa taille mais il n'a pas la noirceur d'autres interprètes (Greindl à mon avis même si je ne l'ai pas entendu dans le rôle, je me base uniquement sur ce que j'ai lu sur des forums). Il a une voix profonde et magnifique cependant, ce qui est déjà très bien.

Hippolyte a écrit:

Son Hagen me paraît justement un point fort, sinon le point fort de ce Crépuscule. Il me semble bien assez noir. Je lui trouve surtout, en plus de la noirceur, la tranquillité de celui qui, est sûr de lui pour accomplir son terrible dessein. Ce qui donnerait au personnage une subtilité et une profondeur que n'ont pas d'autres interprètes plus sommaires ? Quel Hagen lui opposerais-tu à part Greindl ?

Je ne suis qu'un débutant dans cette oeuvre. Je n'ai vu pour le moment que la version du Met en DVD et écouté des extraits de diverses versions, quelques versions de Die Walküre et la version Karajan de Das Rheingold. Je ne connais même pas le Hagen de Greindl. J'ai seulement opposé Salminen et Greindl par rapport à ce que j'ai lu.

Greindl est plus mordant que Salminen, qui est trés noir mais peu mobile.

Par contre, pour écouter son Hagen, il faut aller chez Böhm ou le dernier Kna : chez Krauss je le trouve bien moins électrique.

Guillaume a écrit:

Greindl est plus mordant que Salminen, qui est trés noir mais peu mobile.

Oui, Salminen garde une certaine distance, comme si Hagen était aussi le spectateur de son stratagème.

J'ai écouté le Rheingold studio, et c'est vraiment remarquable, sans faille aucune.

Le son d'orchestre obtenu par Levine est vraiment un des plus beaux qui soient, et des meilleurs qu'on puisse entendre chez Wagner.
Les cuivres ici sont toujours très bien intégrés, voire presque voilés (écoutez les quelques mesures avant la dernière grande tirade de Wotan, "Abendlich..."), comme en retrait, ils n'éclatent et ne brillent qu'à certains moments choisis, ça n'en est que plus efficace! L'équilibre d'ensemble est vraiment remarquable, le fondu général, la sonorité des cordes, tout ça est superbe.
La direction de Levine est lente si on regarde le minutage (2h36), mais ça ne saute pas aux oreilles, jamais d'impression de lenteur excessive ou gênante, à l'oreille ça sonne même moins lent qu'Haitink par exemple. (qui a 7 ou 8 minutes de moins)
Ca sonne large et équilibré, jamais vraiment lent ou trop sage comme Haitink.
La 1ère scène est vraiment superbe, grâce à un trio de filles du Rhin remarquable. (notamment la Woglinde de Hei-Kyung Hong)
Deux mots sur la distribution, Morris-Wotan, Ludwig-Fricka, Jerusalem-Loge, Wlaschiha-Alberich, Zednik-Mime, Svenden-Erda, tout ça c'est comme dans le DVD et c'est du tout bon, Jerusalem est vraiment à écouter pour qui est habitué aux Loge bouffes ou cabotins du style Zednik ou Clark.
Très beau Fasolt de Moll aussi.
Parmi les beaux studios modernes que sont Janowski, Haitink et Levine, pour Rheingold, c'est cette version-ci qui a ma préférence.

1er acte de la Walkyrie: ça dépote bien pour un studio!

Là encore un timing qui annonce quelque chose de lent, et on est une nouvelle fois surpris, en fait les passages plutôt lents ou en suspens sont vraiment pris dans des tempi larges, mais toute la fin est vraiment passionnée et intense! (les violons sont même à deux doigts de dérailler dans la dernière phrase!)
Quelque chose de très beau donc, contemplatif dans tout le début (les soli de violoncelle, clarinette, etc...) mais qui s'emballe réellement de façon très convaincante ensuite.
Je reprends ma comparaison avec Haitink que j'avais réécouté dernièrement, il y avait une certaine mollesse dans ce 1er acte, malgré encore une fois un timing plus court... mais ça sonnait assez retenu, sage.
Ici non, ça sonne large, rond et magnifiquement bien dans les passages lents, mais vif et dramatique quand il le faut, notamment la fin.
On peut juste regretter un Moll un peu placide, Lakes et Norman me convainquent complètement. (cette dernière vraiment fascinante)

Et je me rends compte que ça rejoins complètement ce que disait Hippolyte plus haut:

Hippolyte a écrit:

J'aime cet orchestre, plutôt lent au vu du minutage, mais je ne ressens pas cette lenteur, c'est tendu, habité, avec une certaine grandeur. ça me paraît curieusement moins lent que Haitink que je trouve mou (cf. fil Ring-Haitink )

Oui, et dans mon souvenir, c'est surtout très cohérent : les trois voix sont à peu près de volume égal, elles jouent des nuances et du phrasé dans un même style, au même niveau d'engagement (même Moll, finalement, c'est une interprétation assez forte, ce calme et cette retenue dans un rôle de méchant). Et le son, vibré et riche, des instruments y répond bien aussi. Cet acte, par sa cohérence, est finalement un vrai achèvement du style wagnérien des 80-90s.

Si le 2è acte de la Walkyrie est peut-être le premier moment un peu moins fort de ce Ring, le 3è est par contre vraiment superbe.
La façon dont Levine suit ses chanteurs, ça me semble vraiment au-dessus de ce que font beaucoup de chefs.
Les deux premières scènes sont vraiment vives, alors que les adieux de Wotan sont prises à un tempo très lent, un moment complètement suspendu, sublime...
Magnifique Morris.
Et la première grande tirade de Brünnhilde dans la 3è scène, qui commence dans l'extrême grave, je trouve que personne ne fait ça mieux que Behrens. Par contre, pour la fin, on la sent un peu moins investie qu'en live.
Tout ça est au-dessus de tout reproche bien sûr d'un point de vue orchestral.

Xavier a écrit:

Magnifique Morris.

C'est en souvenir de cette splendeur que le public du Met se montre très indulgent pour ses prestations approximatives aujourd'hui.

♫ a écrit:

Xavier a écrit:

Magnifique Morris.

C'est en souvenir de cette splendeur que le public du Met se montre très indulgent pour ses prestations approximatives aujourd'hui.

C'est sur.
Il devrait avoir la sagesse de se retirer.

C'est un peu la tarte à la crème, ça. Je trouve Morris bien sûr très inférieur à ce qu'il a été, mais encore amplement correct.

C'est vrai en revanche que comme pour beaucoup de chanteurs célèbres déclinants (et de chanteurs célèbres tout court...), on peut trouver mieux sur le marché dans les rôles où il est engagé.

Je n'en dirais pas autant de Samuel Ramey qui commence vraiment à être difficilement écoutable certains soirs.

Mais c'est compliqué, parce qu'il y a toujours des petits malins pour déceler qu'un chanteur est usé avant les autres, alors pour s'orienter...

Xavier a écrit:

Si le 2è acte de la Walkyrie est peut-être le premier moment un peu moins fort de ce Ring, le 3è est par contre vraiment superbe.
La façon dont Levine suit ses chanteurs, ça me semble vraiment au-dessus de ce que font beaucoup de chefs.
Les deux premières scènes sont vraiment vives, alors que les adieux de Wotan sont prises à un tempo très lent, un moment complètement suspendu, sublime...
Magnifique Morris.
Et la première grande tirade de Brünnhilde dans la 3è scène, qui commence dans l'extrême grave, je trouve que personne ne fait ça mieux que Behrens. Par contre, pour la fin, on la sent un peu moins investie qu'en live.
Tout ça est au-dessus de tout reproche bien sûr d'un point de vue orchestral.

T'es chiant, du coup j'ai encore craqué sur internet... Et si je commence la série, il faudra bien que je la termine...
Non, d'après ce que je lis, ça devrait vraiment me plaire et puis j'ai adoré le live musicalement.

Je commence à écouter le studio de Siegfried, dont l'acte 1, pour l'instant n'est pas aussi passionnant que les volets précédents.
Néanmoins le chant de la forge est plutôt réussi, dans des tempi modérés.
Goldberg s'est fait tirer dessus de partout pour ces enregistrements, et pourtant, si son Siegfried ne fait pas assez héroïque par rapport à un Jerusalem ou d'autres valeureux Siegfried bien connus, en écoutant ça sans a priori, je trouve que ça passe très bien, certes on a peur qu'il se fasse bouffer par l'orchestre, mais la voix sonne jeune je trouve, personnellement je trouve son Siegfried plus crédible que certains ténors trop lourds. (et puis c'est tellement plus musical que les récents Jung, Treleaven, West...)
Hippolyte, qu'est-ce qui te gêne tant chez lui?
Certes, il y a plus passionnant, et plus héroïque, mais enfin c'est bien chanté et loin d'être désagréable je trouve.

Côté prise de son, quelques points de montage malheureusement trop audibles (mais bon ça me gêne parce que j'écoute au casque, sinon ça passe surement inaperçu), et dans l'ensemble les voix ne sont pas trop mises en avant, l'orchestre est au contraire très présent.

Mêmes impressions aux actes suivants concernant Goldberg, je ne comprends toujours pas ce qu'on lui reproche.
Je peux comprendre qu'on préfère des formats plus héroïques, mais je trouve que c'est une approche qui se défend, et qu'il l'assume avec musicalité.

Xavier a écrit:

Tout dépend du background de la personne...
Pour quelqu'un qui n'est pas hyper habitué à l'opéra, ou à Wagner, ou bien qui veut découvrir cette oeuvre colossale et pas forcément évidente à appréhender par une mise en scène "facile" et qui en tout cas ne détournera pas le livret, c'est la bonne version.

Et théâtralement (uniquement les chanteurs), que vaut Levine ? (par rapport à Barenboïm par exemple)

Tu parles de la version DVD ou CD?

Jette un oeil aux pages précédentes et vois si ça n'y répond pas. (sinon je peux préciser des choses)

Du DVD bien sûr.

Je viens de relire et à part le commentaire d'aurele incomplet mais déjà intéressant, rien sur la performance théâtrale des chanteurs. (une bonne compenserait, pour moi, largement la mise en scène)

Tu parles de performance théâtrale sans prendre en compte la mise en scène? Je ne suis pas sûr de comprendre.

Xavier a écrit:

Tu parles de performance théâtrale sans prendre en compte la mise en scène? Je ne suis pas sûr de comprendre.

Exactement, puisque j'ai compris qu'il n'y avait pas vraiment de mise en scène. Est-ce que les chanteurs ont su jouer un peu d'eux même ? (j'imagine qu'ils ne sont pas immobiles).

Si ils sont quasiment immobiles.

Dave a écrit:

Xavier a écrit:

Tu parles de performance théâtrale sans prendre en compte la mise en scène? Je ne suis pas sûr de comprendre.

Exactement, puisque j'ai compris qu'il n'y avait pas vraiment de mise en scène. Est-ce que les chanteurs ont su jouer un peu d'eux même ? (j'imagine qu'ils ne sont pas immobiles).

Je trouve Behrens et Salminen très convaincants scéniquement parlant, et Zednik, évidemment.
Jerusalem se débrouille pas trop mal, comme chez Barenboïm.
Norman ne bouge pas beaucoup, mais reste fascinante à voir.

C'est vrai que Behrens, qui n'était pourtant pas toujours un tempérament sur scène (!), est ici très convaincante. Mais enfin, ça ne bouge jamais pour le reste, il n'y a pas d'intentions précises autres que celles de sa spontanéité assez inspirée.

DavidLeMarrec a écrit:

C'est vrai que Behrens, qui n'était pourtant pas toujours un tempérament sur scène (!), est ici très convaincante.

C'est pourtant ce qu'on lit souvent.
Tu l'as vue combien de fois sur scène?

Xavier a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

C'est vrai que Behrens, qui n'était pourtant pas toujours un tempérament sur scène (!), est ici très convaincante.

C'est pourtant ce qu'on lit souvent.
Tu l'as vue combien de fois sur scène?

La dernière fois que je l'ai vue en direct, c'était pour Elektra à l'Opéra de Paris, en 1987. Je te prie de croire que ça déménageait ! (et pour le reste, excusez du peu, Christa Ludwig, et l'excellente Jeanine Altemeyer, sous la direction de Seiji Ozawa)

En ce qui concerne les Walküre de James Levine, j'étais loin d'être au clair, alors je m'y suis collé et voila le résultat de ma mise au point.
je connais actuellement 6 versions de la WK par Levine ce sont dans l'ordre d'entrée en scène: Siegmund - Sieglinde - Hunding - Wotan - Brünnhilde - Fricka -

V01/ 8-4-1989 (video) S.Jerusalem - J.Norman - K.Moll - J.Morris - H.Behrens - C.Ludwig
V02/ 3-4-1993 G.Lakes - M.Gessendorf - M.Salminen - J.Morris - G.Jones - C.Ludwig
V03/ 1995 (Bayreuth)- P.Elming - T.Kiberg - H.Sotin - J.Tomlinson - D.Polaski - H.Schwarz
V04/ 6-4-2009 J.Botha - W.Meier - J.Tomlinson - J.Morris - I.Theorin - Y.Naef
V05/ 11-4-2009 G.Lehmann - W.Meier - J.Tomlinson - J.Morris - I.Theorin - Y.Naef
V06/ 5-5-2009 XXX- A.Pieczonka - R.Pape - J.Morris - L.Watson - Y.Naef
XXX= Au moment du "Winterstürme" Placido Domingo quitte la scène et est remplacé par Gary Lehmann (l'expression "au pied levé" doit bien s'appliquer ici)
Voila. Peut-être en existe t-il d'autres; je ne les connais pas.

Tu te trompes 89 c'est Lakes en Siegmund

Cololi a écrit:

Tu te trompes 89 c'est Lakes en Siegmund

Eh oui !
Caramba ! Jerusalem, c'est son père !

Ou son fils

J'ai trouvé une autre version Levine que je n'ai jamais entendue.
Sur le site du Met
1° avril 2000
Domingo, Voigt, Halfvarson, Morris, Eaglen, Schwarz
Quelqu'un connait ?

vieille cire a écrit:

J'ai trouvé une autre version Levine que je n'ai jamais entendue.
Sur le site du Met
1° avril 2000
Domingo, Voigt, Halfvarson, Morris, Eaglen, Schwarz
Quelqu'un connait ?

Ce sont vraiment de très belles soirées.

J'en suis à la fin du 2è acte de ma réécoute du Crépuscule. (studio)

Qu'on ne me dise plus que Behrens c'est trop lisse ou désincarné, on dirait qu'elle se jette dedans comme un live, la voix est même un peu déchirée et elle appuie ses graves très bizarrement. (par contre les aigüs sont presque toujours beaux)
M'enfin ça en jette, idem pour l'orchestre!
Goldberg par contre pour le coup c'est assez sage, mais bien chanté tout de même.

http://www.amazon.de/Die-Walk%C3%BCre-Ga-Behrens/dp/B0048IDR5A/ref=sr_1_13?s=music&ie=UTF8&qid=1293707449&sr=1-13

Il s'agit de la réédition de Die Walküre en collection économique chez Deutsche Grammophon dans la version de studio. Personnellement, cela ne m'intéresse pas spécialement. La version en DVD me suffit sachant qu'il y a peu de changements au niveau des distributions.

J'ai fini par regarder ces DVD qui étaient en attente sur leur pile depuis assez longtemps... et je n'ai pas trop aimé... C'est très bien fait, bien filmé, mais il y a au final assez peu à voir (le Ring strasbourgeois en cours, mis en scène par David McVicar, est beaucoup plus intéressant) l'orchestre est à mon avis pachydermique sans le début de commencement d'une idée (Knappertsbusch, c'ets lentissime aussi, mais ça avance bien plus qu'ici) et les chanteurs me passionnent moyennement, quelles que soient leurs qualités, réelles pour certains (Morris est un Wotan plausible, mais comparé à Hotter, voire à Stewart; ...), mais ils manquent à mon avis d'incarnation (cela étant, mon oreille est peut-être déformée par une fréquentation trop intensive des live des années 40 - 50). A la limite, je préfère le Ring de Chéreau, même si, réduit à sa bande-son, il reste peu de choses...
Au final, une impression mitigée, et en attendant la parution d'un Ring en DVD qui saura me plaire, je vais les laisser dormir à nouveau sur leur pile en attendant des jours plus propices pour re-regarder tout cela...

aurele a écrit:

http://www.amazon.de/Die-Walk%C3%BCre-Ga-Behrens/dp/B0048IDR5A/ref=sr_1_13?s=music&ie=UTF8&qid=1293707449&sr=1-13

Il s'agit de la réédition de Die Walküre en collection économique chez Deutsche Grammophon dans la version de studio.

Ca ne vaut pas trop le coup, la réédition du Ring entier est à 51 euros.

Attention, révélation qui tue.

Spoiler:

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Sacrée revelation en tout cas!