Beethoven: les quatuors (présentation et discographie)

Oui, voilà, exactement : du sans-vibrato, mais qui sonne moderne-contemporain, tout en entendant que les modes de jeu puisent plutôt aux baroqueux qu'aux Arditti…

Très neuf et très convaincant, en effet.

Bon j'ai trouvé pour une bouchée de pain sur le site de Gibert deux volumes par les Brentano (13, 15 et 16). Vos commentaires me font envie.
Hâte d'écouter cela,

• Quatuor nº13 en si bémol majeur, op. 130. Grande Fugue op. 133
Quatuor Brentano: Mark Steinberg, Serena Canin (violons), Misha Amory (alto), Nina Lee (violoncelle)
Princeton University, XI.2012
æon

Deuxième volet de ces derniers quatuors par les Brentano - et je suis toujours aussi admiratif de leurs qualités musicales comme de leur capacité à renouveler la perception de ces quatuors! Par rapport aux 15ᵉ et 16ᵉ enregistrés un an plus tôt, on dirait que leur son s’est encore affiné et que leur palette s’est encore enrichie - ou peut-être est-ce tout simplement que l’op. 130 / 133 le requérait.

De fait ce qui frappe ici, c’est d’abord la multiplication des modes de jeu - sur un fond qui reste celui de l’épure «contemporaine» de ces lignes très droites, parfois aérées et individualisées au point d’en sembler presque indépendantes (c’est très sensible dans la Cavatine qui me semble n’avoir jamais été rendue avec ce côté dénudé, presque disjoint), on entend à tout moment passer des sonorités archaïsantes qui évoquent tantôt des frottements grêles de vièles à archet, tantôt un timbre «pleuré» de violes de gambe, ou encore des coups d’archets claquants, quasi ribattuto col legno... Et cependant tous ces effets restent d’une remarquable discrétion, comme juste esquissés, mais suffisant à créer de subtiles différenciations de textures.

Cela, joint à leur remarquable souplesse rythmique, permet aux musiciens de structurer leur discours comme une succession de cellules distinctes, de longueurs inégales, dotée chacune de sa pulsation et de son grain propre - on sent ainsi passer imperceptiblement comme des fragments de quatuor haydnien, des réminiscences de danses folkloriques, des échos de consorts anglais...

Enfin, l’exceptionnelle discipline chambriste des Brentano (leur capacité à changer de phrasé, d’intonation, de mode de jeu tous au même moment ou au contraire à se répondre en opposition ou en écho, à maîtriser les circulations entre les pupitres) leur permet d’agencer les succession de ces cellules selon des modes extrêmement variés: tantôt par ruptures, tantôt par tuilages, tantôt par des effets d’effilochement...

Comme je l’ai déjà dit, cette manière permet ainsi aux Brentano de mettre en relief d’une manière  assez unique le caractère de dissémination ou de diffraction du matériau musical qui fonde la modernité esthétique de ces quatuors. Une synesthésie qui m’est venue spontanément en écoutant ce disque, c’est ce que l’on ressent en regardant de très près certaines petites natures mortes cubistes,

comme ce Picasso de 1914:

des matériaux plastiques hétérogènes avec chacun leur texture et leur forme propre (cartons ou papiers découpés peints ou bruts, taches craquelurées de peinture à l’huile mêlées de sable, lignes et hachures de fusain...), agencés entre eux selon des modes divers (collage, surcharge, capillarité, surlignage, ombrage...) dessinant cependant une figure d’ensemble, le tout dans une sorte de lumineuse ascèse de la couleur et du dessin.

Et puis, dans une sorte de renversement paradoxal, la Grande Fugue: où les Brentano montrent qu’ils sont aussi capable de déployer dans la durée une vraie puissance dynamique (cette ampleur des unissons!), de tenir fermement une architecture formelle d’une densité folle - sans jamais renoncer pour autant à leurs caractéristiques (l’individualisation des voix, la variété des modes de jeu.) Totalement confondant.

C'est toujours difficile de comparer des opus différents, mais comment situerais-tu les Brentano par rapport aux Ebène?

Pour essayer de le dire rapidement: les Brentano sont beaucoup plus clairs et lumineux de timbres que les Ébène - plus fins ou légers aussi, en termes de texture d'ensemble («fluet» si on aime moins); l'interprétation ne me semble pas mettre tout à fait l'accent sur la même chose (mais comme tu dis, il faudrait entendre les Ébène dans les derniers quatuors ou les Brentano dans les Razumovsky, dans ce sont des mondes différents): les Ébène me semblent plus dans une approche plus expressive, les Brentano plus structurale.

Leurs principaux (et peut-être même seuls) points communs me paraissent en fait résider dans l'individualisation très marquée des voix et la dimension concertante (les circulations, les réponses...) - disons leur côté très chambriste, en tant qu'il s'opposerait à une conception plus «symphonique» du quatuor (que pourraient représenter les Emerson, par exemple.)

De tout manière, j'ai énormément aimé les Ébène et les Brentano (dont j'attends encore de recevoir le disque 12/14); je vais aussi tâcher d'y écouter les Terpsycordes (que j'adore dans Haydn.)

On sait: tu recommandes...

... le Quatuor Pascal:

Merci pour vos réponses, éclairantes chacune à leur façon. J’attends les Brentano et j’achèterai sans doute l’intégrale des Ébènes quand je la trouverai en occasion -je commencerai à avoir un paquet de versions pour ces quatuors, mais autant dans certaines œuvres je cherche une version qui me satisfasse, autant dans d’autres, j’ai besoin d’approches contrastées.

Parlant des Ebène dans ces quatuors, savez-vous si leur disque récent des Razumovsky sera repris dans l'intégrale à venir, ou s'il s'agit d'un enregistrement différent ?

Roquefort a écrit:

Parlant des Ebène dans ces quatuors, savez-vous si leur disque récent des Razumovsky sera repris dans l'intégrale à venir, ou s'il s'agit d'un enregistrement différent ?

J'avais compris qu'il s'agissait bien du premier volume de leur intégrale qui va être publiée au fur et à mesure...
Et il y aura probablement un coffret pour Noël

mabuse a écrit:

Roquefort a écrit:

Parlant des Ebène dans ces quatuors, savez-vous si leur disque récent des Razumovsky sera repris dans l'intégrale à venir, ou s'il s'agit d'un enregistrement différent ?

J'avais compris qu'il s'agissait bien du premier volume de leur intégrale qui va être publiée au fur et à mesure...
Et il y aura probablement un coffret pour Noël

J'ai vu que le coffret allait paraître en avril, d'où mon étonnement de sortir un premier volume puis directement l'intégrale quelques mois plus tard (sauf s'il s'agit réellement d'un enregistrement différent).

En effet, c'est annoncé pour le 3 avril ...


Je partage ton étonnement, Roquefort : ceux qui ont acheté le CD des Razumovsky vont probablement pouvoir encore le récupérer 6 mois plus tard dans le coffret...
Peut-être s'agit-il d'enregistrements différents... J'envisagerais plutôt que le 'Service Marketing' d'Erato soit qu'une bande de [bip].

Je lis sur leur site :
D’avril 2019 à janvier 2020 le  Quatuor parcourt le monde pour une quarantaine de concerts dans 18 pays et sur les 6 continents. Ce tour du monde bénéficie d’un programme de compensation carbone, orienté vers la reforestation.
Le premier volume qui paraît le 27 septembre (2019) a été enregistré en live à Vienne afin de préserver toute la sève et la ferveur nourrie par la présence du public.

Je pense aussi que le CD des 7 et 8 était un produit d'appel, que je me réjouis, du coup, de ne pas avoir acheté ! Erato (doncn Warner) est coutumier du fait : je crois me souvenir que pour l'intégrale Beethoven par les Artemis, un quatuor ne figurait que dans le coffret, ce qui obligeait ceux qui avaient acheté les volumes au fur et à mesure à tout racheter s'ils voulaient vraiment une intégrale.

Eusèbe a écrit:

Je pense aussi que le CD des 7 et 8 était un produit d'appel

Ici, on est quand même pas loin de la publicité mensongère.

Lu encore sur le site du Quatuor Ebène :
« D’avril 2019 à janvier 2020, le Quatuor Ébène parcourt le monde pour une quarantaine de concerts dans 18 pays et sur les six continents.
Tout leur voyage est placé sous le signe du partage, au-delà des frontières géographiques et culturelles.
...
Choisir l'enregistrement en live afin de préserver toute la sève et la ferveur nourrie par la présence du public affirme une audace que peu de quatuors avant les Ébène se sont accordés. »

 J'apprécie beaucoup leur modestie.
...

Sinon parmi les nouveautés, je signale aussi :

Le Miró Quartet chez Pentatone.
Ça m'a semblé digne d'intérêt... Avec Pentatone, on a au moins toujours de belles prises de son.

Une autre intégrale à venir le 27 mars :

Kuss Quartet chez Rubicon.
Des enregistrements de concerts, quelle audace !

Sony réédite les Juilliard :


Et Melodiya, le mythique Quatuor Beethoven :

En 50 ans d'activité, c'est eux qui ont créé la plupart des quatuors de Chostakovitch, Prokofiev & co ...
Cette intégrale du début des années 70 me semble caractéristique de leur style, plutôt motorique et rustique ... C'est à connaître !

Bonjour Mabuse, peux-tu m'indiquer où tu as trouvé le coffret melodiya en vente ? Je n'ai pas trouvé sur les sites courants… Merci d'avance.

ici

Mariefran a écrit:

Bonjour Mabuse, peux-tu m'indiquer où tu as trouvé le coffret melodiya en vente ? Je n'ai pas trouvé sur les sites courants… Merci d'avance.

Volontiers  

Rubato a écrit:

ici

ou là :
 https://melody.su/en/catalog/classic/41751/
 https://www.prestomusic.com/classical/products/8719770--beethoven-complete-quartets

Ah, ce n'est pas encore paru ! En tout cas, c'est une bien bonne nouvelle ! Merci à vous deux pour les liens.
Je connais cette intégrale par des repiquages de LP : c'est âpre et "sale" mais très original. J'adore ! Seul l'opus 18 avait été réédité en CD. Leur opus 132 est bouleversant, à ne pas manquer.

mabuse a écrit:

Le Miró Quartet chez Pentatone.
Ça m'a semblé digne d'intérêt... Avec Pentatone, on a au moins toujours de belles prises de son.

Toi, tu les trouves belles, leurs prises de son? Je conçois qu'on puisse aimer ce côté homogène et confortable (certes du détail et de la présence, mais avec toujours ce halo de réverbération qui remplit le spectre et arrondit les harmoniques, et cette façon de lisser les dynamiques extrêmes...), mais ça me semble a priori assez à rebours de ton goût pour les choses un peu âpres ou rugueuses.

mabuse a écrit:

Et Melodiya, le mythique Quatuor Beethoven :

En 50 ans d'activité, c'est eux qui ont créé la plupart des quatuors de Chostakovitch, Prokofiev & co ...
Cette intégrale du début des années 70 me semble caractéristique de leur style, plutôt motorique et rustique ... C'est à connaître !

Alors, ça, ça fait super envie, merci de l'avoir signalé!

:coucou Mariefran !

@ Benedictus : Il me semble qu'en musique de chambre (ou petits effectifs), PentaTone c'est très très bien. Les problèmes de focale, de flou et de rabot sont surtout patents dans les grands enregistrements orchestraux et lyriques.

mabuse a écrit:

Et Melodiya, le mythique Quatuor Beethoven :

En 50 ans d'activité, c'est eux qui ont créé la plupart des quatuors de Chostakovitch, Prokofiev & co ...
Cette intégrale du début des années 70 me semble caractéristique de leur style, plutôt motorique et rustique ... C'est à connaître !

Aussi disponible en streaming

mabuse a écrit:

 Réédition annoncée de l'intégrale des quatuors de Beethoven par le Quatuor Pascal :

Enregistrée dans les années 50, des interprétations particulièrement chics, très alla française.

J'en ai entendu des extraits sur un site de vente en ligne et malheureusement la remastérisation semble bien pourrie ...
A éviter alors, surtout que sur le net on peut l'entendre dans de bien meilleures conditions (ex : watch?v=NhGqcn4rWLY)

mabuse a écrit:

...

Sinon parmi les nouveautés, je signale aussi :


Et Melodiya, le mythique Quatuor Beethoven :

En 50 ans d'activité, c'est eux qui ont créé la plupart des quatuors de Chostakovitch, Prokofiev & co ...
Cette intégrale du début des années 70 me semble caractéristique de leur style, plutôt motorique et rustique ... C'est à connaître !

Ecouté ce qui me sert d'étalon pour une intégrale (5, 7, 15)
C'est en effet un Beethoven très droit, sans recherche d'ornementation, de beauté des timbres ou de raffinements dans le dialogue. Tout cela est mis au service d'une urgence rarement à ce point tenue, à laquelle contribue la verdeur des cordes russes. On cherchera ailleurs l'extase contemplative, ici c'est plutôt le rythme, le mouvement, la tension. Un Beethoven à l'os. Un excellent contrepoint, aussi cohérent que légitime, à d'autres lectures.

Je viens d'écouter quelques extraits de ce quatuor Beethoven, c'est moi qui rêve ou pas masi j'ai l'impression que le transfert est pas la bonne vitesse, le diapason est 1/4 de ton trop haut. Ce qui explique certains impression de dureté.

Je préfère nettement les Juilliard.

Oriane, in playlist, a écrit:

Mélomaniac a écrit:

Ludwig van Beethoven (1770-1827) :

Quatuor à cordes n°12 en mi bémol majeur, Op. 127
Quatuor à cordes n°14 en ut dièse mineur, Op. 131

Martin Beaver, violon
Kikuei Ikeda, violon
Kazuhide Isomura, alto
Clive Greensmith, violoncelle

(Harmonia Mundi, mai 2008)

Tu recommandes ce disque ?

Oui, de très haut volée.
Diapason d'or à sa parution.
Ce coffret réunissant les ultimes quatuors concluait la seconde intégrale du Tokyo String Quartet (la première pour RCA, il y a une trentaine d'années).
Avec deux nouveaux membres (Martin Beaver, et Clive Greensmith).
« Une sorte de renaissance, retrouvant leur identité première faite de vivacité, d'extrême finesse et de fraîcheur » selon Jean-Michel Molkhou.

Top, je le programme.

Merci beaucoup !

Roquefort a écrit:

Parlant des Ebène dans ces quatuors, savez-vous si leur disque récent des Razumovsky sera repris dans l'intégrale à venir, ou s'il s'agit d'un enregistrement différent ?

Les infos tombent, voici les dates et lieux d'enregistrement



   1.01 . Cd1 philadelphia 06.05.2019 - quatuors n°1, op. 18/1 & n° 14, op. 131 - Beethoven, Van, Ebène Quatuor
   1.02 . Cd2 vienna 11.06.2019 - quatuors n°7, op. 59/1 & n° 8, op. 59/2 - Beethoven, Van, Ebène Quatuor
   1.03 . Cd3 tokyo 16.07.2019- quatuors n°9, op.59/3 & n°13, op.130-"grande fugue",op.133 - Beethoven, Van, Ebène Quatuor
   1.04 . Cd4 sao paulo 18.09.2019- quatuors n°6, op. 18/6 & n°12, op. 127 - Beethoven, Van, Ebène Quatuor
   1.05 . Cd5 melbourne 30.10.2019- quatuors n°2, op. 18/2, n°11, op. 95 & n°10, op. 74 - Beethoven, Van, Ebène Quatuor
   1.06 . Cd6 nairobi 08.12.2019- quatuors n°4, op. 18/4, n°5, op. 18/5 & n°16, op.135 - Beethoven, Van, Ebène Quatuor
   1.07 . Cd7 paris 27.01.2020- quatuors n°3, op. 18/3 & n°15, op. 132 - Beethoven, Van, Ebène Quatuor

Donc (sans surpris) le Razumovsky est le même entre le coffret et le disque séparé en septembre 2019.

Mélomaniac a écrit:

Oriane, in playlist, a écrit:

Mélomaniac a écrit:

Ludwig van Beethoven (1770-1827) :

Quatuor à cordes n°12 en mi bémol majeur, Op. 127
Quatuor à cordes n°14 en ut dièse mineur, Op. 131

Martin Beaver, violon
Kikuei Ikeda, violon
Kazuhide Isomura, alto
Clive Greensmith, violoncelle

(Harmonia Mundi, mai 2008)

Tu recommandes ce disque ?

Oui, de très haut volée.
Diapason d'or à sa parution.
Ce coffret réunissant les ultimes quatuors concluait la seconde intégrale du Tokyo String Quartet (la première pour RCA, il y a une trentaine d'années).
Avec deux nouveaux membres (Martin Beaver, et Clive Greensmith).
« Une sorte de renaissance, retrouvant leur identité première faite de vivacité, d'extrême finesse et de fraîcheur » selon Jean-Michel Molkhou.

J'ai écouté leurs enregistrement des op. 127 et 132. C'est vraiment sublime ! J'en ai encore des frissons.

arnaud bellemontagne a écrit:

Beethoven : Quatuor n°16 (Berg DVD)

J'ai un peu de mal à cerner cet ultime quatuor qui m'enthousiasme moins que ses deux monumentaux prédécesseurs.

Même problème ici, mais écouté en concert cette semaine : vraiment intéressant. On retrouve la démarche de la distribution riche des motifs, mais sans le soutien des contrastes, des mélodies prenantes qui aident d'habitude à frayer son chemin (voire à écouter ça sans aucune connaissance de la forme), ce qui rend l'impression d'ensemble beaucoup plus élusive. Il y a quand même un peu de spectaculaire dans le scherzo, et une superbe amorce de mouvement lent, mais les mouvements extrêmes demandent de vraiment s'attacher au détail du matériau pourtant peu amène.

Je crois que ça s'écoute comme les autres en réalité, mais très attentivement, parce que Beethoven en a retiré toute trace de joliesse (dommage !).

Oui, moi, il m'a toujours paru moins évident que les deux précédent, mais je l'ai toujours beaucoup aimé.

Quatuor n° 16 opus 135


Interpellé par vos commentaires, je viens de l’écouter deux fois aujourd’hui, d’abord par les Mosaïques (2014), puis par les Talich (1972), et je trouve les deux premiers mouvements très chantant et dansant avant, pour le second, de devenir plus véhément.

Mais il y a surtout cette poignante et ineffable beauté tout au long du lent 3ème mouvement, qui n’est pas sans me rappeler l’adagio du quintet D 956 de Schubert par son inexorable désolation, qui constitue pour moi le point culminant de l’œuvre, avant le tonique et très rythmique dernier mouvement (dont le début me rappelle Bartok) qui conclut l’œuvre par un enthousiaste optimisme.

Et, confirmation après ces deux écoutes, ce 16ème quatuor est vraiment mon préféré parmis les derniers de LvB, et en ce qui me concerne, pas du tout rébarbatif ni excessivement austère à mes oreilles.

J'ai l'impression que c'est un ressenti rare. Merci de le partager en tout cas !

(J'entends bel et bien ce que tu dis, mais à l'écoute ça ne produit pas le même effet immédiat sur moi que les 4 autres « derniers » quatuors.)

Je rejoins le sentiment de Darkmagus, dont le post m'a donné envie de réécouter cet opus 135 (par les Tokyo aujourd'hui), histoire d'avoir le plaisir d'y revenir mais aussi de constater que mes impressions n'avaient pour l'instant pas changées.
J'ai l'impression que ma préférence pour l'opus 135 parmi les derniers est révélatrice du fait que je suis encore en difficulté sur les opus 130 à 132 dont je remets régulièrement l'écoute sur le métier. Dans le même temps je trouve qu'il s'en dégage une telle évidence et un caractère épuré qui ne tiennent pas qu'à la concision de ce quatuor par rapport aux trois précédents, et qui en font un chef-d'œuvre qui me touche plus.

Ces jours-ci, écoute en boucle de l'intégrale par le QUATUOR EBENE de ces oeuvres qui sont, pour moi, le sommet de Beethoven. Admirable version ! même si, à vrai dire, j'en connais peu en intrégrales, n'ayant eu jusqu'à présent que celle du Quatuor Alban Berg et les derniers opus par les Busch. Ici, dans une captation superbe, en concert, avec la respiration (dans tous les sens du terme, on entend parfois vraiment le souffle des musiciens / du 1er violon ?), une interprétation vraiment superlative, qui chante et vibre, dionysiaque quand il se doit, et des mouvements lents d'une beauté à pleurer...

Anaxagore a écrit:

Iskender a écrit:

Beethoven : Quatuors "Razumovsky" op.59 n°1 & 2 - Guarneri quartet [Philips 1991]

--> Contrairement aux n° 1 & 3, je n'écoute jamais le n°2 (à savoir le 8è quatuor) et pour l'instant ça ne va pas changer

Tu n'aimes pas le 8ème ?

En effet je n'accroche pas du tout. J'y trouve déjà ce que je trouve difficile dans l'écoute des opus 130 à 132, que je remets régulièrement mais ai toujours du mal à appréhender dans leur intégralité. Mon ressenti est qu'on est ici avant tout dans l'écriture pure. D'ailleurs je crois que c'est en parlant du 8ème que Stravinsky disait que Beethoven n'était pas un mélodiste (ce qui n'est d'ailleurs pas forcément une critique).

Iskender a écrit:

Anaxagore a écrit:

Iskender a écrit:

Beethoven : Quatuors "Razumovsky" op.59 n°1 & 2 - Guarneri quartet [Philips 1991]

--> Contrairement aux n° 1 & 3, je n'écoute jamais le n°2 (à savoir le 8è quatuor) et pour l'instant ça ne va pas changer

Tu n'aimes pas le 8ème ?

En effet je n'accroche pas du tout. J'y trouve déjà ce que je trouve difficile dans l'écoute des opus 130 à 132, que je remets régulièrement mais ai toujours du mal à appréhender dans leur intégralité. Mon ressenti est qu'on est ici avant tout dans l'écriture pure. D'ailleurs je crois que c'est en parlant du 8ème que Stravinsky disait que Beethoven n'était pas un mélodiste (ce qui n'est d'ailleurs pas forcément une critique).

Ah, pourtant je trouve que c'est le plus immédiat des trois. La dramaturgie du I, les illuminations soudaines du II (ces lignes conjointes en majeur qui sourdent soudain, un des plus beaux moments de toute la musique pour moi !), la cavalcade folle du IV, c'est une succession de moments d'une intensité rare. Peut-être le quatuor (peut-être l'oeuvre ?) que j'aime le plus de tout Beethoven, d'ailleurs.

Je connaissais assez mal les quatuors de beethoven, dois-je avouer

J'ai écouté la version du quatuor de Leipzig chez Mdg (superbe prise de son d'ailleurs).

Je n'ai donc pas beaucoup d'expérience sur les différentes interprétations du corpus mais à mes oreilles cela me semble idéal.

Beauté du son, engagement, virtuosité, logique des phrasés.

On pourra peut être trouver cela un peu trop tradi mais à ce niveau d'excellence !

Non, les Leipziger, c'est fabuleux, vraiment rien à retrancher, aucune réserve à formuler.

Ensuite, selon les goûts, on peut privilégier des approches moins lumineuses qu'ici, plus discursives (New Orford) ou folkloriques (Pražak), plus charpentées (Takács) ou plus diamantines (Brentano)…

DavidLeMarrec a écrit:

Non, les Leipziger, c'est fabuleux, vraiment rien à retrancher, aucune réserve à formuler.

Merci David Le Marrec.

Oui, mais je dois avouer un certain tropisme pour les Leipziger.

Je les aime à-peu-près partout (Brahms, Schumann, Schubert, Mozart etc).

Moi aussi !

Et particulièrement dans Schönberg.

(C'est peut-être juste parce qu'ils sont bons, ne nous excusons pas. )

¶ Nouveauté fondamentale : trois nouveaux quatuors de Beethoven composés par Vieuxtemps.

Une question sur l'intégrale des quatuors de Beethoven par les Smetana: j'ai vu une édition chez Supraphon et une chez Denon:

Quelqu'un sait-il si ce sont deux versions différentes, ou simplement deux reports différents des mêmes enregistrements? Y en a-t-il une qu'il faudrait privilégier?

D'après mes recherches, ce serait la même version, la première étant parue uniquement au Japon (Denon)...bon, à vérifier quand même.
Tu n'es pas le seul à te poser la question.

À ma connaissance, il s'agit de la même version, d'abord parue chez Denon et qui ressort à présent chez Supraphon. Je possède le coffret Supraphon qui est très avare d'informations. Il y est juste fait allusion à la Nippon Columbia. Je ne sais pas ce que la Nippon Columbia a comme rapport avec Denon, mais c'est en tout cas japonais.

À noter aussi qu'il existe un enregistrement antérieur des derniers quatuors par les Smetana (également paru chez Supraphon), à ne pas confondre avec ce coffret-ci.

Merci! Et c'est bien? (Je suis en train de réécouter leurs Smetana et leurs Janáček, et j'aime énormément...)

Benedictus a écrit:

Merci! Quelqu'un les a écoutés? (Je suis en train de réécouter leurs Smetana et leurs Janáček, et j'aime énormément...)

Moi j'adore, mais je ne suis peut-être pas très objectif, les bohémiens ayant le don de me faire craquer à chaque coup . Pour les derniers quatuors, je me souviens avoir trouvé la première mouture encore meilleure que la seconde. Disons qu'ils n'ont plus tout à fait la même assurance technique dans cet enregistrement ultime que dans les années 60.

L'intégrale des Belcea, c'est une valeur sûre?

Celle chez ZZT est l'une des plus abouties, oui (avec un côté HIP en sus).

En tout cas vraiment instrumentalement immaculé et conceptuellement inattaquable. (Après, le goût de chacun est juge bien sûr.)

DavidLeMarrec a écrit:

Celle chez ZZT est l'une des plus abouties, oui (avec un côté HIP en sus).

Je pense qu'à présent on trouve plus facilement la récente réédiction chez Alpha.

DavidLeMarrec a écrit:

En tout cas vraiment instrumentalement immaculé et conceptuellement inattaquable.

Exactement - c'est celle que j'ai le plus réécoutée, ces derniers temps.

(Ça explique peut-être pourquoi j'ai à présent envie d'y entendre de vieux quatuors tchèques qui grattent. )