Liszt: oeuvres pour piano seul hors sonate en si mineur

Diablotin a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

Pardon de paraître obsédé par ce critère, mais ce n'est pas trop lointain et réverbéré ?  Les captations de Lortie sont en général plutôt bonne, mais dans ce répertoire, j'ai peur que ce ne soit un peu confortable tendance flou…

Je ne peux pas te répondre pour ce disque, mais celui consacré aux paraphrases d'opéra, chez le même éditeur, est vraiment très bien enregistré : piano très bien timbré, belle image sonore, très belle dynamique !

Oui, je suis d'accord: le CD Lortie consacré aux paraphrases d'opéra est génial, surtout pour l'Ouverture de Tannhäuser.

Ça existe des disques moyens (en qualité) de Lortie ? (c'est une que question honnête)

Je ne connais pas assez bien sa discographie pour répondre avec certitude, mais ce que je connais de lui (quatre disques Chopin de 2009-2014, les Années de pèlerinage, concertos de Poulenc avec Gardner) m'a toujours beaucoup plu.

Après, les réponses risquent de beaucoup varier selon tes interlocuteurs: je pense que des pianophiles naturels (tu sais: ceux pour qui chaque pain de Sofronitzky est à chérir comme un miracle du génie recréateur et qui trouvent des pianistes comme Hamelin, Bavouzet ou Planès ne savent pas ce que c'est que de la musique) risquent de ne pas beaucoup l'apprécier.

EDIT: Si, il y a un enregistrement de Lortie que je n'ai pas tellement aimé, c'est la Sonate pour violon et piano de Franck avec Dumay, chez Onyx (c'est le disque Jacqueline de Romilly & Alain Juppé jouent Franck & Strauss) - non que ce soit moyen, au contraire: contre toute attente, j'avais trouvé ça excessif (excessivement «romantique», disons.)


Sinon, personne n'a écouté le disque de Bonatta dont je parlais juste avant?

C'est très tentant (mais probablement tout à fait introuvable à présent ?).

Merci Benedictus, de Louis Lortie je connais ses Ravels (piano solo et concertos), et quelques sonates de Beethoven.J'ai écouté ses Saint-Saens récemment et comme à chaque fois il attire encore mon attention. J'ai l'impression que c'est un superbe pianiste, et ca semble collabore avec votre grand estime de ses Chopin, Liszt.

Bruno Luong a écrit:

Ça existe des disques moyens (en qualité) de Lortie ? (c'est une que question honnête)

En eux-même, les disques de Louis Lortie ne sont bien sûr pas mauvais ... Mais son répertoire est tellement balisé qu'il n'est pas difficile de trouver plus intéressant ailleurs.

Par exemple pour les paraphrases d'opéras de Franz Liszt    

Spoiler:

Benedictus a écrit:

Sinon, personne n'a écouté le disque de Bonatta dont je parlais juste avant?

Non, je ne crois pas connaître ce pianiste.
Le disque pourrait bien m'intéresser. Mais quand tu dis qu'il joue ça avec chaleur et élan, j'avoue tout de même être légèrement dubitatif (*).

Dans ces oeuvres tardives de Liszt, j'aime déjà beaucoup Dezso Ranki (comme d'habitude   ) et Erno Szegedi (chez Hungaroton) sinon.

EDIT 25/01/2020

(*) Pour être plus explicite, je trouve assez curieux de jouer avec "chaleur et élan" des œuvres qui s'intitulent tout de même :
« Mauvaise étoile ! Sinistre »
« Sur la tombe de Richard Wagner »
« Insomnie ! Question et réponse »
« La lugubre gondole »
« Nuage gris »
« Élégie »
« A la mémoire de Petöfi »
« Les funérailles de Monsonyi »

Tiré de Playlist

Mefistofele a écrit:

Kaleidoscope / Franz Liszt (Shin-Haea Kang)
Un récital Liszt, a priori pas mon cœur de cible, mais j'en ai lu une critique si dithyrambique (dont le fait que la pianiste est parrainée par Martha Argerich) que je lui ai donné sa chance.

Au programme...:

C'est stupéfiant. On dirait que tout est facile, les grandes études sont jouées avec un aplomb et une vitesse extraordinaires, et des pièces pour lesquelles je n'ai d'ordinaire que peu le goût m'ont charmé l'oreille du début à la fin. Je ne suis pas capable de jouer au jeu des comparaisons, mais des recommandations de cette eau-là sont plus que bienvenues, car à mesure de me réconcilier avec Franz !

En playlist, mabuse a écrit:

J'ai bien dû passer une bonne partie de mon dimanche sous la couette à écouter ça ...

Franz Liszt : Harmonies Poétiques et Religieuses
Yury Favorin, piano
Muso ‎(2013)

Allez... Encore une fois pour la route  

albatros a écrit:

Que j'emprunte ce matin, et c'est effectivement bon, percussif à souhait et brillant (Steinway D274). J'ai récemment découvert Favorin avec son remarquable Prokoviev/Popov/Feinberg . Favorin enregistre des pièces 'secondaires' au disque, bravo.

 albatros.
Si ça te plait, tu peux aussi écouter l'intégrale des Années de pèlerinage que Favorin a joué en concert à RadioFrance l'an passé.
Le concert a été diffusé sur France Musique :
https://classik.forumactif.com/t9124-radio-france-recital-piano-yury-favorin-liszt-07-04-19?highlight=liszt

Je trouve quand même ses Harmonies Poétiques et Religieuses assez massives.
En période hivernale, ça a l'avantage de tenir bien chaud mais c'est peut-être un peu indigeste à la longue.

Cet après-midi, j'ai trouvé ça sur YouTube :

Decca (2016)

Ça m'a beaucoup plu. Le jeu de Roberto Plano est beaucoup plus nuancé que chez Favorin. Et son piano Fazioli F278 a des sonorités magnifiques qui ne sont pas sans rappeler celles du Steingraeber de 1873 joué par Andrea Bonatta (cf. le message de Benedictus page précédente), mais en plus charnu tout de même.
Je suis impatient de recevoir le CD.

mabuse a écrit:

Benedictus a écrit:

Sinon, personne n'a écouté le disque de Bonatta dont je parlais juste avant?

Non, je ne crois pas connaître ce pianiste.
Le disque pourrait bien m'intéresser. Mais quand tu dis qu'il joue ça avec chaleur et élan, j'avoue tout de même être légèrement dubitatif (*).


EDIT 25/01/2020

(*) Pour être plus explicite, je trouve assez curieux de jouer avec "chaleur et élan" des œuvres qui s'intitulent tout de même :
« Mauvaise étoile ! Sinistre »
« Sur la tombe de Richard Wagner »
« Insomnie ! Question et réponse »
« La lugubre gondole »
« Nuage gris »
« Élégie »
« A la mémoire de Petöfi »
« Les funérailles de Monsonyi »

Je suppose que tu l'as écouté, à présent, puisque tu en fais la promo...  
Pour répondre à ta question (si tu ne l'as pas déjà fait par toi-même): quand je dis que Bonatta joue ça avec chaleur et élan, ça n'a rien à voir avec le climat plus ou moins sinistre des pièces: ça signifie juste qu'il y met un certain lié, de la prégnance mélodique et rythmique, des phrasés contrastés et de la couleur instrumentale - là où la plupart des interprètes de ces pièces recherchent plutôt une sorte de détaché et de détimbrage généralisés.

En Playliszt, charles.ogier a écrit:

Franz Liszt
Dernières pièces pour piano
- Mosonyis Grabgeleit, S. 194-Le cortège funèbre de Mosonyi
- Elegie No. 1, S. 196
- Dem Andenken Petöfis, S. 195-À la mémoire de Petöfi
- Elegie No. 2, S. 197
- Trübe Wolken, S. 199-Nuages gris
- Die Trauer-Gondel, S. 199a/1-1ère version-La lugubre gondole
- Die Trauer-Gondel, S. 200/1-2ème version- la lugubre gondole
- Venezia, S. 201
- Schlaflos ! Frage und Antwork, S. 203-Insomnie!—Questions et réponses
- Am Grabe Richard Wagners, S. 135-Sur la tombe de R.W.
- Unstern!, S. 208 -Étoile de malheur
- Trauervorspiel und Trauermarsch, S. 206-Prélude et Marche funèbre
- En rêve, S. 207 "Nocturne"
- Bagatelle ohne Tonart, S. 216a-Bagatelle sans tonalité

Andrea Bonatta & piano Liszt/Eduard Steingraeber

Label Naïve classique

Sur l'attentionnée indication de Mabuse renvoyant aux excellents commentaires de Benedictus sous le fil "liszt-oeuvres-pour-piano-seul-hors-sonate-en-si-mineur"


Le dépouillement de la musique, l'éloignement du Monde.
Un très beau piano, magnifiquement servi par A.B.
Un CD marquant.

mabuse a écrit:

Je trouve quand même ses Harmonies Poétiques et Religieuses assez massives.
En période hivernale, ça a l'avantage de tenir bien chaud mais c'est peut-être un peu indigeste à la longue.

Cet après-midi, j'ai trouvé ça sur YouTube :

Decca (2016)

Ça m'a beaucoup plu. Le jeu de Roberto Plano est beaucoup plus nuancé que chez Favorin. Et son piano Fazioli F278 a des sonorités magnifiques qui ne sont pas sans rappeler celles du Steingraeber de 1873 joué par Andrea Bonatta (cf. le message de Benedictus page précédente), mais en plus charnu tout de même.
Je suis impatient de recevoir le CD.

Il est certain que la captation, réverbérée, du Steinway de Favorin alourdit un jeu particulièrement 'fervent'. Par comparaison au disque de Plano, que je te remercie de me faire découvrir, s'agissant de la Bénédiction de Dieu, 13'44 pour le premier, 18'03 pour le second... Favorin me conte cependant une histoire, triste mais passionnée, d'un romantisme peut être différentiellement trop atermoyant, mais que je conserve, (pour le moins) pour ses différences.

albatros a écrit:

Il est certain que la captation, réverbérée, du Steinway de Favorin alourdit un jeu particulièrement 'fervent'. Par comparaison au disque de Plano, que je te remercie de me faire découvrir, s'agissant de la Bénédiction de Dieu, 13'44 pour le premier, 18'03 pour le second... Favorin me conte cependant une histoire, triste mais passionnée, d'un romantisme peut être différentiellement trop atermoyant, mais que je conserve, (pour le moins) pour ses différences.

Sinon j'ai réécouté ce disque dont je vantais les mérites et ça a été plutôt une déception ...

Liszt : Late piano music
Ernö Szgedi, piano
Hungaroton (enregistrement de 1967)

Les pianophiles vont adorer... Un piano bastringue joué par un pianiste approximatif et enregistré sur un dictaphone  
Moi, avec le temps, je deviens peut-être trop douillet

Les tempi sont pris avec particulièrement de retenue  
Ex : En rêve 3'17 à comparer avec Louis Kentner 2'35, Clidat 2'08, Brendel 2'10, Volodos 2'39, Leslie Howard 2'02, Ranki 1'37, Bonatta 2'41 ...

J'ai beaucoup écouté ça dernièrement :

Josef Bulva plays Franz Liszt
2CDs Sony/RCA (2015)

CD 1
1) Grandes Études de Paganini No. 4 in E major
2) Grandes Études de Paganini No. 3 in G sharp minor (La Campanella)
3) Études d’exécution transcendante No. 5 in B flat major (Feux Follets)
4) Rhapsodie espagnole
5) Sonata in B minor

CD 2
1) Hungarian Rhapsody No. 2 in C sharp minor
2) Polonaise No. 2 in E major
3) Études d’exécution transcendante No. 8 in C minor (Chasse sauvage)
4) Études d’exécution transcendante No. 9 in A flat major (Ricordanza)
5) Mephisto Waltz
6) Piano Concerto No. 1 in E flat major (+ Orchestre Philharmonique du Luxembourg / Daniel Nazareth)

Josef Bulva est un pianiste d'origine tchèque assez méconnu et que je découvre...
Cette anthologie permet de découvrir des enregistrements qu'il a réalisés entre 1960 et 2014 de quelques oeuvres "brillantes" de Liszt.
L'ensemble forme un tout globalement homogène avec des interprétations qui, je dirais, se distinguent par une technique particulièrement virtuose et des lectures toujours très spirituelles et d'une grande clarté.
Personnellement, je trouve que c'est un vrai petit bonheur d'entendre ça

https://www.josefbulva.com/home-fr.html

Personnellement ,je reste fidèle à cette version de Jorge Bolet, ça a dû être cité ici et ce n'est pas très novateur,mais j'aime beaucoup cette clarté, cette lenteur voulue,cette respiration chez lui.




J'ai écouté ,il y a peu de temps un disque de  Frederic Lamond (1868-1948 ) pianiste écossais ,dont Liszt avait été le professeur, et dans tout ce qui est virtuosité, plus personne ,je pense ne pourrait jouer de cette façon avec tant de dextérité . "Feux Follets" reste un véritable exercice d'équilibriste.Bien d'autres morceaux
sont incroyablement naturels, pourtant en regardant sur Wikipédia, il était plutôt spécialiste des sonates de Beethoven, avant l'arrivée de Schnabel..Bon l'empêche pas l'autre.


Il suffit que je dise que Lamond soit difficilement dépassable comme dexterité, pour justement trouver après un enregistrement ou le pianiste s'en donne à coeur joie, pour la vitesse d'exécution,il s'agit de Jérome Rose, pianiste américain né en 1938,mais je pense que Earl Wild ( 1915-2010)ferait aussi ,tout à fait bien l'affaire pour la virtuosité.

Constatant que j'avais très peu d’œuvres pour piano de Liszt, je me suis procuré ce coffret:



...ce qui donne déjà un bon aperçu

J'ai commencé l'écoute et j'en suis très satisfait!

J'ai bien avancé l'écoute de ce coffret de Jorge Bolet, et j'en suis pleinement satisfait.

Dommage qu'il n'y ait pas la troisième année de pèlerinage...il y a quand même Les jeux d'eau à la Villa d'Este.

Liszt - Edith Farnadi (1955) - Années de pèlerinage, I°année Suisse
Toujours aussi fort ,même si le piano n'est pas toujours beau, le vrai Liszt est sûrement là ,Edith Farnadi sait nous transporter dans ces paysages, et ce n'est pas un voyage,tout confort, pas la première classe,non plus ,faut s'accrocher, et simplement suivre le guide.Mais quel guide,avec elle, on ne sent pas étranger,on participe , on entre dedans, et c'est bien la seule façon d'aimer quelque chose,en y adhèrant totalement.

Liszt - Edith Farnadi (1955) - Années de ... - YouTube

Qu'ajoute Liszt dans ces pièces ? Les originaux ne sont en effet pas très ébouriffants.

Liszt - Sergio Fiorentino (1962) Années de Pèlerinage, I° année, Suisse (S. 160)

0 :00 : Chapelle de Guillaume Tell (Slow — Slower — Allegro vivace) 8 :01 : Au lac de Walenstadt : (Andante placido) 10 :53 : Pastorale : (Vivace) 12 :36 : Au bord d’une source : (Allegretto grazioso) 16 :31 : Orage 21 :07 : Vallée d’Obermann : (Allegro molto — Presto furioso — Meno Allegro — Più moto) 37 :33 : Églogue (Hirtengesang) : (Allegretto con moto) 41 :22 : Le mal du pays : (Slow — Adagio dolente — Lento — Andantino — Adagio dolente — Slent) 47 :58 : Les cloches de Genève : (Quasi Allegretto — Cantabile con moto — Animato — Slent)

Un beau voyage musical avec Fiorentino.Un répertoire un peu délaissé actuellement, il me semble.

Pour l'écouter / https://youtu.be/Z8KByxjy02E?si=pI2H8ZTFxxfRW4oC

• Harmonies poétiques et religieuses
Andrea Bonatta (piano «Liszt» Eduard Steingraeber, Bayreuth 1873)
Bayreuth, IX.1985
Astrée / Auvidis

Grande lecture d'un cycle majeur, qui ne se réduit décidément pas à ses pièces les plus connues, et ici manifestement pensé comme tel: les trois pièces les plus longues et les plus connues (Bénédiction de Dieu dans la solitude, Pensée des morts et Funérailles) y apparaissent intégrées comme autant d’étapes dans une sorte de grand pèlerinage intérieur, où les pièces plus rarement données ont aussi leur place dans l’équilibre d’ensemble.

Cette impression d’unité profonde tient aussi à l’unité esthétique cette belle interprétation ample et décantée, qui vise sensiblement plus à l’exaltation des climats expressifs et des couleurs (harmoniques comme timbrales) qu’à l’exhibition digitale ou à la séduction mélodique (un peu comme le dernier Arrau dans la Bénédiction ou le dernier Richter dans Pensée des morts, mais avec un style différent, moins sombre que le premier, plus lié que le second.) Les amateurs de pianisme furieux trouveront sans doute les Funérailles pas assez véhémentes ou hallucinées - mais pour ma part (outre qu’ici on est tout de même chez Lamartine, pas après une lecture du Dante!) j’aime beaucoup cette lecture méditative et riche d’arrière-plans (tantôt prostrée, tantôt hypnotique, tantôt consolatrice), mais aussi très construite et d’une grande beauté plastique. Et j’ai aussi aimé que les pièces qui peuvent parfois tendre à une certaine fadeur (Ave Maria, Hymne de l’enfant à son réveil) se parent plutôt ici d’une sorte de tendresse grave, que l’Andante lagrimoso soit joué avec cette retenue (et un remarquable sens des ruptures rythmiques), que le Cantique d’amour ait ce caractère de rhétorique exaltée plus que de virtuosité triomphante…

Ce qui donne aussi tout son prix à cet enregistrement, c'est la magnifique sonorité du Steingraeber de Bayreuth, qui allie des délicatesses de pianoforte à une grande profondeur de son, de somptueuses nuances chaudement patinées à l’émouvante fragilité de ses registres un peu disjoints (et ses dynamiques élevées un peu amorties - même si ce dernier point ne plaira sûrement pas à tout le monde.)

À ranger, aux côtés des dernières pièces pour piano par le même interprète sur le même instruments, parmi les grands disques de piano lisztien.

Merci pour la recommandation, je connaissais déjà le disque des oeuvres tardives mais pas celui et c'est en effet magnifique ( pourtant habituellement, je n'accroche pas de bout en bout à cette oeuvre ) ! Tu en parles bien mieux que moi et je ne sais pas trop quoi ajouter...mais merci.