Schumann - Lieder

Tout ça constitue effectivement une magnifique somme (les artistes invités, ce n'est pas n'importe qui non plus !) regroupant les cycles Schumann de Gerhaher, parmi les tout meilleurs qu'on puisse entendre et/ou espérer, et permettant de tout entendre, avec pas mal de nouveautés.

En plus le livret contient des introductions, un classement clair (même une annexe par poètes !) et les textes (monolingues, certes, mais c'est toujours une base de départ confortable pour ceux qui veulent ensuite des traductions).

Je le reçois demain!

Cela ne semble pas encore disponible sur mon service de streaming (Qobuz) mais je réécoute du coup l'un des disques précédents du duo, Frage contenant entre autres les Sechs Gesänge, op. 107. C'est superbe, si l'ensemble de l'intégrale est à ce niveau cela fait effectivement envie.

Par contre, j'ai été frappé par la photo de couverture dont l'étrangeté m'a accroché l'oeil. Si je ne me trompe pas ce serait l'oeuvre de Hadi Karimi qui réalise des portraits 3D hyper réalistes de diverses personnalités et qui a notamment fait toute une série sur les compositeurs. Une recherche sur google images avec son nom donne l'impression d'ouvrir un cabinet des curiosités peuplé de statues de cire, j'ai trouvé ça très angoissant...

Il a fait Clara également.

Benedictus a écrit:

• Schumann:

Christian Gerhaher (baryton)¹, Julia Kleiter (soprano)², Wiebke Lehmkuhl (mezzo-soprano)², Gerold Huber (piano)
Munich, I-II.2017¹, XI.2019²
Sony

Admirables version des Kerner (déjà parue dans le disque Frage) et du recueil op. 127 et découverte du petit cycle à deux voix. Lectures colorées (voix et instrument), articulés avec beaucoup de relief, très intensément habitées - avec (on s’en doute) une conscience verbale et stylistique remarquables.

J'ai un faible pour ces cycles avec de véritables duos simultanés, particulièrement l'opus 34. Et puis il y a les trois liederspiele (pour ceux qui n'ont sont pas familiers, trois cycles à 4 voix, dont des duos et des quatuors, qui racontent par touches une petite histoire) dans le coffret ! (Mais je n'en suis pas encore arrivé là, je n'en suis qu'à Dichterliebe, disque n°4.)

Dichterliebe, c'est bien un nouvel enregistrement, il n'ont pas repris celui qui était déjà paru chez RCA (qui était déjà une très grande version)?

Ce soir, je programme les cycles «féminins» du coffret (en ce moment, les trios de l'op. 114 ensuite les Stuart par Wiebke Lehmkuhl et Frauenliebe par Julia Kleiter.)

Tout à fait ! Drosselbart a très bien détaillé ce qu'il en était en page précédente.

... Et j'enchaîne à mon tour sur ces nouvelles Dichterliebe!

Jusqu'ici le niveau d'ensemble est carrément impressionnant pour une intégrale : chaque opus pris séparément, les enregistrements de ce coffret pourraient facilement se classer parmi les versions les plus abouties, les plus belles (ces timbres!) et les plus habitées - et en même temps, on tient une «vraie» intégrale: exhaustive, avec un appareil critique non négligeable, portée par une vraie conception interprétative d'ensemble.

Voilà.

Coffret acheté, je ne peux que me joindre au concert de louanges : les couleurs, l'attention du mot, la finesse sans maniérisme... à ne pas rater.

Sans maniérisme, je ne sais pas. Mais d'un maniérisme tellement soigné et pensé que ce n'est pas une faute de goût.

En tout cas: sans aucun effet gratuit, ou qui ne réponde à la fois à une réflexion approfondie sur le texte musical et poétique, et à une conscience exacte de ses moyens vocaux. Ce pourquoi, même si c'est vraiment très travaillé, le résultat paraît évident, comme allant de soi.
Je pense que c'est un peu ce que voulait dire Drosselbart à la page précédente, quand il écrivait:

Citation :

J'ai toujours l'impression que tout ce travail d'orfèvre donne naissance à une simplicité presque naturelle.

Ça force vraiment l'admiration.

La simplicité, je ne dirais vraiment pas ça non plus, mais le résultat, oui, paraît se couler de façon extrêmement calibrée dans l'esprit de l'œuvre, sans lui imposer une surcouche.

Coffret commandé.

Benedictus a écrit:

En tout cas: sans aucun effet gratuit, ou qui ne réponde à la fois à une réflexion approfondie sur le texte musical et poétique, et à une conscience exacte de ses moyens vocaux. Ce pourquoi, même si c'est vraiment très travaillé, le paraît évident, comme allant de soi.

C'est tout à fait ça, l'art cache l'art.

Rubato a écrit:

Coffret commandé.

L’autre miracle de cette intégrale!

Ce coffret semble en effet miraculeux.

Un petit mot sur le côté éditorial du coffret "Alle Schumann" présenté par Drosselbart.

Le titre "Alle Lieder" pourrait laisser penser qu'il s'agisse d'une intégrale, mais ce n'est pas le cas puisqu'il manque des Lieder de jeunesse, c'est à dire ceux des années 1827-1828:
Wo0121 (1 à 6) / Wo019 / Wo010...des Lieder que l'on retrouve dans l'intégrale Hyperion.

Par contre ce que j'ai apprécié, c'est que les "éléments" d'un opus ne soient pas dispersés sur plusieurs volumes (sur 4 CD parfois) comme c'est le cas chez Hyperion.
D'ailleurs chez Hyperion je n'ai pas (re)trouvé l'op. 114...à vérifier.

Pour l'interprétation, je rejoins ce qui a été dit plus haut (4 volumes d'écoutés pour l'instant) et je suis conquis. Il sera difficile de faire mieux. C'est fabuleux!

Ce coffret m'a ramené vers le classique dont je n'avais plus écouté une note depuis fin avril!
Merci Drosselbart pour ta présentation.

J'ai fini l'écoute du coffret "Alle Lieder" qui est absolument remarquable. Pour moi c'est un sans faute, et pour une intégrale c'est quand même rare.

Et c'est pratiquement une redécouverte des Lieder de Schumann. Je ne suis pas certain d'ailleurs de retourner vers l'intégrale Hyperion, ou alors pour faire quelques comparaisons.

Oui, ce coffret est "miraculeux"!

À l'écoute du coffret "Alle Lieder", la beauté de certains Lieder s'est vraiment révélée.

Un exemple: de l'op.101 Minnespiel Aus F. Ruckerts "Liebesfruhling" je retiens le troisième Lied:

"Ich bin dein Baum, o Gärtner" Un duo/dialogue entre l'arbre et son jardinier...qui m'a fait une très forte  impression; c'était comme  une redécouverte.
Une véritable perle, tellement belle! et j'y reviendrai régulièrement.

L'interprétation ici est remarquable, d'une grande sensibilité, vraiment touchante, et c'est ce qui fait toute la différence avec les autres versions que j'ai pu entendre.

Ich bin dein Baum, o Gärtner, dessen Treue
Mich hält in Liebespfleg' und süßer Zucht,
Komm, daß ich in den Schoß dir dankbar streue
Die reife, dir allein gewachs'ne Frucht.

Ich bin dein Gärtner, o du Baum der Treue!
Auf and'res Glück fühl ich nicht Eifersucht,
Die holden Äste find ich stets aufs Neue
Geschmückt mit Frucht, wo ich gepflückt die Frucht.

Les trois Liederspiele (plein de bijoux là-dedans !) sont aussi très réussis dans la version Höll (avec Shirai, Protschka…).

DavidLeMarrec a écrit:

Les trois Liederspiele (plein de bijoux là-dedans !) sont aussi très réussis dans la version Höll (avec Shirai, Protschka…).

Tu parles de l'op.74?

Rubato a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

Les trois Liederspiele (plein de bijoux là-dedans !) sont aussi très réussis dans la version Höll (avec Shirai, Protschka…).

Tu parles de l'op.74?

Pas seulement, l'opus 74 est le premier des trois cycles à quatre voix et petite intrigue. L'opus 101 est le deuxième.

DavidLeMarrec a écrit:

Rubato a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

Les trois Liederspiele (plein de bijoux là-dedans !) sont aussi très réussis dans la version Höll (avec Shirai, Protschka…).

Tu parles de l'op.74?

Pas seulement, l'opus 74 est le premier des trois cycles à quatre voix et petite intrigue. L'opus 101 est le deuxième.

Et le troisième est l'op.138, c'est bien ça?

DavidLeMarrec a écrit:

Les trois Liederspiele (plein de bijoux là-dedans !) sont aussi très réussis dans la version Höll (avec Shirai, Protschka…).

Oui, je les ai réécoutés, op.74 et op.138...duos, quatuors...vraiment bien!

J'ai fait un petit rapprochement entre le "Ich bin dein Baum" (op.101) dont j'ai parlé plus haut, et "In der Nacht" de l'op.74. On peut y trouver des points communs dans la "construction" des deux Lieder, un poème court, des rythmes lents, un peu la même ambiance musicale à l'oreille.
J'ai beaucoup aimé.

Je me suis remis à "piocher" dans le beau coffret "Alle Lieder" (Christian Gerhaher et Gerold Huber...et autres), et c'est toujours un régal.

Je vais certainement rejeter une oreille aussi au coffret Hyperion...je sais qu'on a affaire à des interprètes hautement recommandables.

p.s.:

Oui, on pense moins à Hyperion parce qu'ils ne sont pas là en flux, mais superbe projet – et les albums que j'ai pu écouter sont remarquables. (Les duos avec Röschmann & Bostridge !)

Je poursuis ma réécoute de Lieder de Robert, avec cette fois le coffret Hyperion.

Approche chronologique ici avec pour débuter les WoO121 (1 à 6) et quelques autres non numérotés, ce qui donne 11 Lieder composés entre février 1827 et août 1828, et déjà de très belles choses.
Ils sont interprétés par Mark Padmore, puis, le duo (chant en alternance) de "Der Fisher" avec Christopher Maltman.

Il faudra attendre le début de l'année 1840, c'est à dire une douzaine d'années pour que Schumann se remette à composer pour le Lied.

Et ce sera Myrthen Op.25, cycle de 26 Lieder composés entre janvier et mai 1840.

Quand j'entends Der Nussbaum, et bien que ne soit pas ici ma version "chouchou", j'ai ce petit frisson...dès les premières notes chantantes du piano, je suis sous le charme...oui, j'adore ce Lied!

Myrthen, cadeau de Robert, offert à Clara pour leur mariage...l'édition est bordée d'une couronne de myrtes, une magnifique bordure imprimée en vert.
...Que tout cela est romantique!

Ce cycle est interprété ici par Ian Bostridge et Dorothea Röschmann, et bien sûr Graham Johnson au piano pour cette intégrale.

Rubato a écrit:

Myrthen, cadeau de Robert, offert à Clara pour leur mariage...l'édition est bordée d'une couronne de myrtes, une magnifique bordure imprimée en vert.
...Que tout cela est romantique!

Pendant que Madame élevait les enfants, apportait l'argent du ménage avec ses concerts, recopiait ses partitions, faisait répéter ses chanteurs… mais avait l'interdiction de travailler son piano parce que ça dérangeait Monsieur.

(Le couple Schumann n'est idéal que pendant ses deux premières années, voire ses six premiers mois… après Robert abandonne le journal commun et s'enfonce dans ses troubles, ce n'est pas facile tous les jours. Il critique même les compositions de Madame sans ménagement – voire son jeu, alors même qu'il l'empêche de travailler !)

Citation :

Ce cycle est interprété ici par Ian Bostridge et Dorothea Röschmann, et bien sûr Graham Johnson au piano pour cette intégrale.

C'est vrai, la vie ne devait pas toujours être "facile" pour Clara, on est d'accord.

Je ne le mentionnais pas pour casser l'ambiance, mais leur couple est souvent présenté comme un emblème d'osmose amoureuse et artistique, je mentionnais juste en passant qu'en réalité c'était beaucoup de travail (surtout pour elle).

...continued

Vier Duette Op.34 Composés du 2 au 20juillet 1840

- Liebesgarten (Reinick)
- Liebhabers Ständchen (Burns)
- Unterm Fenstern (Burns)
- Familien-Gemälde (Grün)

Version Dorothea Röschmann / Ian Bostridge:        
Version Sibylla Rubens / Martin Mitterrutzner:        

Une (petite) préférence donc, pour la version de l'intégrale Hyperion.

Les deux Lieder sur les poèmes de l'écossais Robert Burns (traduits en allemand par Wilhelm Gerhard) sont mes préférés; le rythme est très enlevé, et on pourrait penser à une sorte de concurrence entre les deux interprètes...réjouissant

Rubato a écrit:

Les deux Lieder sur les poèmes de l'écossais Robert Burns (traduits en allemand par Wilhelm Gerhard) sont mes préférés; le rythme est très enlevé, et on pourrait penser à une sorte de concurrence entre les deux interprètes...réjouissant

Oh oui, la sérénade de l'amoureux éconduit, quel petit bijou ravissant et amusant !

DavidLeMarrec a écrit:

Je ne le mentionnais pas pour casser l'ambiance, mais leur couple est souvent présenté comme un emblème d'osmose amoureuse et artistique, je mentionnais juste en passant qu'en réalité c'était beaucoup de travail (surtout pour elle).

La parole est à la défense!

C'est quand même Robert qui "poussa" Clara à la composition, alors qu'elle s'en sentait incapable, et surtout pour le Lied. Robert s'y prendra à plusieurs fois, et finalement Clara s'y mettra, en composant trois Lieder (qu'elle trouvait nuls) qu'elle offrira "à Robert tendrement aimé par sa Clara" pour Noël 1840.

Parmi ces trois Lieder on trouve Am Strande, et pour un coup d'essai, c'est une belle réussite.

Rubato a écrit:

C'est quand même Robert qui "poussa" Clara à la composition, alors qu'elle s'en sentait incapable, et surtout pour le Lied.

Ça, c'est sûr, c'est pas Gugus qui pourrait en dire autant...

Benedictus a écrit:

Rubato a écrit:

C'est quand même Robert qui "poussa" Clara à la composition, alors qu'elle s'en sentait incapable, et surtout pour le Lied.

Ça, c'est sûr, c'est pas Gugus qui pourrait en dire autant...

Gugus...

Oui, ce fut moins "drôle" pour Alma.

Je continue à "picorer" dans le coffret Hyperion.

Un rappel de la distribution:

Soprano: Dorothea Röschmann – Juliane Banse – Stelle Doufexis – Kate Royal – Edith Barlow
Felicity Lott – Lydia Teuscher – Christine Schäfer – Geraldine McGreevy – Katherine Broderick
Mezzo-soprano: Daniela Lehner – Ann Murray – Melanie Lang – Leigh Woolf
Ténor: Mark Padmore – Ian Bostridge – Nicky Spence – Adrian Ward – Adrian Thompson
Baryton: Christopher Maltman – Oliver Widmer – Simon Keenlyside – Jonathan Lamalu
Stephan Loges – Hanno Müller-Brachmann – Lukas Kargl
Récitant: Christoph Bantzer
Percussion: Marcus Gruett
piano: Graham Johnson

Rubato a écrit:

Je continue à "picorer" dans le coffret Hyperion.

Un rappel de la distribution:

Soprano: Dorothea Röschmann – Juliane Banse – Stelle Doufexis – Kate Royal – Edith Barlow
Felicity Lott – Lydia Teuscher – Christine Schäfer – Geraldine McGreevy – Katherine Broderick
Mezzo-soprano: Daniela Lehner – Ann Murray – Melanie Lang – Leigh Woolf
Ténor: Mark Padmore – Ian Bostridge – Nicky Spence – Adrian Ward – Adrian Thompson
Baryton: Christopher Maltman – Oliver Widmer – Simon Keenlyside – Jonathan Lamalu
Stephan Loges – Hanno Müller-Brachmann – Lukas Kargl
Récitant: Christoph Bantzer
Percussion: Marcus Gruett
piano: Graham Johnson

Il n'a pas choisi les pires représentants anglo-germaniques du liederabend !

Oui, les deux premières années, ils écrivaient un journal commun, Robert a publié des lieder de Clara enlacés avec les siens… Mais il n'a jamais recommencé. Alors même qu'elle recopiait ses partitions à lui, il a lâché un jour à des amis, à propos de son Quintette « un homme comprend mieux ». Ça a bien commencé mais la dynamique n'est pas du tout resté la même.

Citation :

qu'elle offrira "à Robert tendrement aimé par sa Clara" pour Noël 1940.

Oui, ce fut un petit moment de lumière pour eux deux, pendant cet hiver accablé sous le Blitz.

DavidLeMarrec a écrit:

Citation :

qu'elle offrira "à Robert tendrement aimé par sa Clara" pour Noël 1940.

Oui, ce fut un petit moment de lumière pour eux deux, pendant cet hiver accablé sous le Blitz.

J'ai mis 1940!