Lectures

Tiens, David, je serais curieux de savoir ce que tu en penses.

Un privé à Babylone de Richard Brautigan.

Frère Elustaphe a écrit:

Un privé à Babylone de Richard Brautigan.

Ah, ça, c'est très bien. D'ailleurs, tout Brautigan est très bien.

Oui !
Je l'ai lu presque sans m'arrêter. J'en connais quelques autres dont Sucre de pastèque et la pêche à la truite en Amérique.

Sir Gawain and the Green Knight, un des fleurons de la "renaissance allitérative" du milieu du XIVème siècle. La traduction en anglais moderne rend bien la scansion très marquée de ce type de poésie tout en préservant une langue souple et naturelle, sans archaïsme ni rigidité excessive.

Jusqu'à présent, ça me plaît bien plus que Le Morte d'Arthur de Malory que j'avais trouvé extrêmement répétitif, tant au point de vue des aventures que des tournures littéraires, ainsi que très "premier degré". Le symbolisme est plus développé et mystérieux dans Sir Gawain and the Green Knight, avec de possibles échos à des légendes très anciennes, et un aspect surnaturel bien présent.

C'est trop bien

Je me suis enfilé Salammbô, j'en voulais encore, encore... alors je me suis lancé dans Bovary - certes, ce n'est pas tout à fait la même chose...


Sinon, entre temps, pour respirer, Bizarre ! Bizarre ! de Roal Dahl, des nouvelles très courtes plus ou moins intéressantes. Ce qui est super, c'est de voir comment il arrive à brosser des portraits très précis (et amusants) en une ou deux phrases.

J'ai tenté Rigodon de Céline : c'est absolument illisible

Oui, c'est le dernier, c'est ça? Effectivement là on a atteint un point de non-retour. En plus moi j'avais commis l'erreur de vouloir le lire quasi directement à la suite du Voyage, il y avait comme un contraste. Je n'ai jamais dépassé les premières pages.

Oui, c'est son dernier. Reclus à Meudon avec ses chiens après avoir fait de la prison en Allemagne à la Libération.
Extrait (dialogue avec des journalistes qui veulent une interview) :

Spoiler:

Les ponctuations collées au mot et non suivies de majuscules sont dans le texte. J'ai tenu 50 pages à tout casser.

Ça me donne férocement envie de retenter la lecture ce que tu cites en fait!

jerome a écrit:

Oui, c'est son dernier. Reclus à Meudon avec ses chiens après avoir fait de la prison en Allemagne à la Libération.

Je crois que c'est au Danemark, où il s'était réfugié avant même la fin de la guerre, que les autorités locales ont fini par l'emprisonner, pendant l'année 1946, afin de calmer les Français et leurs incessantes demandes d'extradition.
Finalement il fut relâché début 1947 et put vivre un exil "normal" au Danemark jusqu'en 1951, année de son amnistie et de son retour en France.

Viens de finir L'élégance du hérisson, c'est très sympa. Jolie histoire, touchante parfois, "édifiante" sans être nunuche.
C'est plutôt bien écrit, mais le style tarabiscoté des phrases qui semblent dévoiler chaque intention de l'auteur sont parfois fatigantes. Surtout que le discours est farci de considérations philosophiques, plus esthétiques que convaincantes, sur l'Art, sur les rapports entre les hommes etc. Ce n'est pas inintéressant en soi, pas plus que le résumé de toute la pensée de Husserl ou le détail de certains chapitres d'Anna Karénine, mais ce n'est pas ce que j'attends en lisant un roman. On croirait que l'auteur cherche à prouver sa crédibilité en faisant étalage de ses connaissances (plus ou moins précises).
Bref, je sais que c'est dans l'esthétique du moment, mais quand ça sent trop le nombril, aussi beau soit-il, ça m'agace.

Citation :

On croirait que l'auteur cherche à prouver sa crédibilité en faisant étalage de ses connaissances (plus ou moins précises).
Bref, je sais que c'est dans l'esthétique du moment, mais quand ça sent trop le nombril, aussi beau soit-il, ça m'agace.

La lecture de l'article "Comment naissent les romans - huit romancier nous livrent leurs secrets" du Télérama de cette semaine m'a donné la même impression que ce que tu décris. C'est pénible. Le pire que j'aie lu à cet égard, dans le genre "nombril à fleur de peau", c'est Christian Bobin.

En ce moment, je lis l'intégrale des oeuvres de Dante, j'ai commencé par "De l'éloquence en langage vulgaire", la démarche dans l'argumentation au début est assez marrante . Me demandez pas pourquoi j'aime bien lire ça.

Pour ceux qui ont juste lu le Voyage de Céline, je vous conseille de lire Mort à Crédit, qui se déroule en fait avant le Voyage chronologiquement.
Pour la suite, il y a Guignol's band, Féerie pour une autre fois, d'un château l'autre.... mais c'est déjà moins agréable à lire.

Mort à crédit est pour moi le plus grand roman qui ait jamais été écrit dans toute l'histoire de l'humanité... C'est un roman qui me rend malade : il suffit que je l'ouvre n'importe où au hasard et que je lise deux phrases pour avoir envie d'arrêter d'essayer d'écrire et de me mettre à la poterie. Tout y est parfait. Chaque mot, chaque virgule...

Picrotal a écrit:

Mort à crédit est pour moi le plus grand roman qui ait jamais été écrit dans toute l'histoire de l'humanité... C'est un roman qui me rend malade : il suffit que je l'ouvre n'importe où au hasard et que je lise deux phrases pour avoir envie d'arrêter d'essayer d'écrire et de me mettre à la poterie. Tout y est parfait. Chaque mot, chaque virgule...

en effet, c'est très très efficace comme écriture. Il n'y a rien de trop et c'est d'une force incroyable, avec des images fulgurantes.

Les racines du mal de Maurice G. Dantec. J'en suis à plus de la moitié, avis plutôt mitigé pour le moment...

C'est pourtant la meilleure moitié, d'après moi. Enfin, la fin part un peu en vrille.

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C'est le côté SF et pédanterie scientifique qui me rebutent le plus en fait.

Si vous n'avez que ça à faire, allez voir quelques interviews de l'auteur en vidéo : c'est un vrai connard.

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jerome a écrit:

Si vous n'avez que ça à faire, allez voir quelques interviews de l'auteur en vidéo : c'est un vrai connard.

Il a déraillé (à quel moment ?) au point de ressembler aux paranos de ses romans. De toute façon je ne supporte pas les gens qui gardent leurs lunettes de soleil pendant les interviews.

Je me souviens d'une interview au moment de l'élection d'Obama où il défendait Bush comme dernier représentant de la croisade du Bien contre le Mal, expliquait que s'il y avait des attentats islamistes en Europe et non plus aux Etats-Unis, c'était parce qu'on avait pas de Guantanamo, et disait qu'Obama allait entraîner l'apocalypse en refilant les clés de la dernière forteresse du monde libre aux grands méchants bobos internationalistes de l' "Onuzie" ...

A propos, WoO, tu n'en as pas trop sué ?

Olivier a écrit:

jerome a écrit:

Si vous n'avez que ça à faire, allez voir quelques interviews de l'auteur en vidéo : c'est un vrai connard.

ouais j'ai le souvenir de l'avoir vu chez Ardisson : une horreur. C'est le genre de mec qui soutient les théories du complot (enfin je l'imagine bien comme ça).

Dantec ? C'est un gros américano-sioniste exalté ! Il croit peut-être à certains complots mais certainement pas à ceux auxquels tu penses !

Un peu de Lacan:

Encore, Le séminaire Livre XX, Jacques Lacan

Ce que Lacan disait des femmes, étude de psychanalyse, Colette Soler

Bon sang, tes profs de musico vont pas comprendre tes copies si tu continues à te cultiver comme ça !

DavidLeMarrec a écrit:

Bon sang, tes profs de musico vont pas comprendre tes copies si tu continues à te cultiver comme ça !

Quoi, c'est pas bien Lacan? Viens te battre!

C'est pas ça (je laisse le pourfendage à d'autres de ma connaissance ), c'est juste que tu te rendras vite compte que déjà que les étudiants de musico ne savent pas grand'chose en musique (voire, si certaines choses qu'on m'a racontées sont exactes, ce que je ne puis vérifier, les profs...), alors dans les autres domaines...

DavidLeMarrec a écrit:

C'est pas ça (je laisse le pourfendage à d'autres de ma connaissance ), c'est juste que tu te rendras vite compte que déjà que les étudiants de musico ne savent pas grand'chose en musique (voire, si certaines choses qu'on m'a racontées sont exactes, ce que je ne puis vérifier, les profs...), alors dans les autres domaines...

Oh, de toute manière, je ne leur en demandais pas tant . Tu m'auras bien préparé à m'attendre au pire en tout cas!

Et puis de toute manière, je vais selon toute vraissemblance être l'élève du Maître.

Je recheche un magazine portant sur la bio cellulaire... c'est un peu désespéré, mais si quelqu'un connaît ça...

Era a écrit:

Je recheche un magazine portant sur la bio cellulaire... c'est un peu désespéré, mais si quelqu'un connaît ça...

C'est pour quelle utilisation? Tu as bien plus vite fait de lire des bouquins non?

Magazine ... connais pas, mais il y a un super livre :



Super bien fait, super complet (2261 pages ) avec des super schéma !!!

Je voulais plutôt un truc pour me tenir au courant des avancées ! Mais je crois que je vais me rabattre sur Sciences et Vie

Ah ok

Era a écrit:

Je voulais plutôt un truc pour me tenir au courant des avancées ! Mais je crois que je vais me rabattre sur Sciences et Vie

Oui, la biologie cellulaire c'est du costaud quand même, donc s'il existe un magazine spécialisé, je ne pense pas qu'il soit très accessible.

Autant se rabattre sur des magazines de "vulgarisation", où les principales découvertes sont expliquées de toute manière.

Tu as bien biofutur ... Je crois que ça correspond à tes attentes mais ce n'est pas très accessible. C'est un mensuel.

Après, rien ne t'empêche, pour peu que tu aies vraiment envie de t'y intéresser, de t'acheter un petit manuel pour apprendre quelques bases pour être capable de suivre.

Par exemple ça:
http://www.unitheque.com/nature/Manuel_de_poche_de_biologie_cellulaire-28854.html?&rubrique=ACFA
Tu verras dans le sommaire de quoi est-ce que ça cause dans l'ensemble.

Wolfgang a écrit:

Oh, de toute manière, je ne leur en demandais pas tant . Tu m'auras bien préparé à m'attendre au pire en tout cas!

Il vaut mieux que tu saches ou tu vas avant, comme ça ou tu ne seras pas surpris et déjà préparé ton repli, ou tu seras agréablement surpris, et je serai ravi que tu me dises que j'ai honteusement exagéré et que finalement c'est presque intéressant de temps en temps.
De toute façon, c'est toi qui suivras les cours de cette année, pas nous, et c'est toi qui jugeras en dernière instance.

Mais la preuve que tu as bien fait d'en causer :

Citation :

Et puis de toute manière, je vais selon toute vraissemblance être l'élève du Maître.

C'est ce qui peut t'arriver de mieux, je crois.

Je suis sur le point de terminer "Vies minuscules" de Pierre Michon...Un magnifique livre. On m'avait dit, si tu aimes Gracq, il faut lire Michon, il n'y a pas grand chose à voir entre les deux écrivains, sauf évidemment une qualité de langue sublime...
Bref, je suis toujours assez handicapé pour parler des livres que j'ai aimés, mais je vais essayer de donner mon sentiment au sujet de celui-ci, qui raconte à travers différentes vies de personnes de sa famille (ou pas) sa difficulté d'écrire, est très émouvant...Parfois, le style semble plus reserré, heurté, et même plus laborieux que le style plus aérien d'un Gracq qui semble écrire avec beaucoup plus de facilité, mais en compensation, ces êtres réels qui peuplent le roman de Michon ont une épaisseur et une humanité qu'on ne trouve pas forcément chez Gracq dont la principale qualité n'est pas forcément dans l'humanité de ces personnages (je pense à Aldo du "Rivage des Syrtes" ou bien à l'aspirant Grange du "Balcon en forêt") mais dans la qualité descriptive des éléments de l'attente présente dans ces deux romans...Enfin, je trouve que dans ce livre, Michon touche aux aspects les plus fragiles de la vie, la trace qu'on laisse à l'heure de la mort et bien après, inexistante ou presque, la mort d'un enfant, le rôle du livre, la difficulté d'écrire et d'être soi-même...

J'ai moi-même découvert Michon au printemps dernier, avec son dernier "roman" (?) Les Onze. Et j'ai été scotché. Je l'ai commencé dans le TGV qui me ramenait à Lyon, fini en arrivant chez moi et presque aussitôt après j'en ai fait la relecture intégrale, à voix haute cette fois, pour ma compagne dans la soirée. Et dans l'enthousiasme, une bonne partie de mes lectures d'été a été consacrée à des œuvres de cet auteur (il m'en reste encore heureusement ), et les hautes couvertures orangées des éditions Verdier ont commencé à s'installer de manière de plus en plus visible dans ma bibliothèque.

Toutes les sections des Vies... ne m'ont pas autant touchées les unes que les autres mais effectivement c'est un "grand" livre. La parenté avec Gracq te paraîtra peut-être plus frappante encore dans La Grande Beune, une autre de ses plus grandes réussites. De plus tu ne devrais pas y retrouver ce qui te gênait dans le style, Michon le cherchait encore un peu dans Vies minuscules - non pas qu'il en ait vraiment, radicalement, changé depuis, mais il a réussi à effacer le côté un peu "laborieux" qu'on trouve effectivement parfois dans ce premier opus.

Michon craignant de se voir cataloguer "écrivain régionaliste", selon une certaine manie bien française, ces deux-là sont par ailleurs les seuls textes de lui dont l'action se situe à l'époque contemporaine. Beaucoup des textes des années 90 tournent autour de la peinture: Van Gogh dans Vie de Joseph Roullin [pas encore lu], Goya, Watteau et della Francesca dans Maîtres et serviteurs, un obscur disciple italien du Lorrain dans Le Roi du bois. Les Onze, entamé à la même époque mais fini seulement à présent, est une "traversée" (à sa manière) du XVIIIe siècle à partir d'un tableau (imaginaire) représentant les membres du Comité de Salut Public sous la Terreur. J'y retrouve aussi, rétrospectivement, des éléments en provenance de tout le reste de son œuvre au fur et à mesure que je découvre celle-ci: la situation de la vie paysanne, la perte du père, même la convocation finale des "forces" archaïques (Lascaux)... c'est vraiment, je pense, un de ses opus magnum (j'ai la flemme de mettre le pluriel correct), quant à lui il est sans conteste un de ceux qui font que le cœur de la littérature continue à battre en France, quelle que soit l'impression qu'on puisse en avoir...

Octavian a écrit:

J'ai moi-même découvert Michon au printemps dernier, avec son dernier "roman" (?) Les Onze. Et j'ai été scotché. Je l'ai commencé dans le TGV qui me ramenait à Lyon, fini en arrivant chez moi et presque aussitôt après j'en ai fait la relecture intégrale, à voix haute cette fois, pour ma compagne dans la soirée. Et dans l'enthousiasme, une bonne partie de mes lectures d'été a été consacrée à des œuvres de cet auteur (il m'en reste encore heureusement ), et les hautes couvertures orangées des éditions Verdier ont commencé à s'installer de manière de plus en plus visible dans ma bibliothèque.

Toutes les sections des Vies... ne m'ont pas autant touchées les unes que les autres mais effectivement c'est un "grand" livre. La parenté avec Gracq te paraîtra peut-être plus frappante encore dans La Grande Beune, une autre de ses plus grandes réussites. De plus tu ne devrais pas y retrouver ce qui te gênait dans le style, Michon le cherchait encore un peu dans Vies minuscules - non pas qu'il en ait vraiment, radicalement, changé depuis, mais il a réussi à effacer le côté un peu "laborieux" qu'on trouve effectivement parfois dans ce premier opus.

Michon craignant de se voir cataloguer "écrivain régionaliste", selon une certaine manie bien française, ces deux-là sont par ailleurs les seuls textes de lui dont l'action se situe à l'époque contemporaine. Beaucoup des textes des années 90 tournent autour de la peinture: Van Gogh dans Vie de Joseph Roullin [pas encore lu], Goya, Watteau et della Francesca dans Maîtres et serviteurs, un obscur disciple italien du Lorrain dans Le Roi du bois. Les Onze, entamé à la même époque mais fini seulement à présent, est une "traversée" (à sa manière) du XVIIIe siècle à partir d'un tableau (imaginaire) représentant les membres du Comité de Salut Public sous la Terreur. J'y retrouve aussi, rétrospectivement, des éléments en provenance de tout le reste de son œuvre au fur et à mesure que je découvre celle-ci: la situation de la vie paysanne, la perte du père, même la convocation finale des "forces" archaïques (Lascaux)... c'est vraiment, je pense, un de ses opus magnum (j'ai la flemme de mettre le pluriel correct), quant à lui il est sans conteste un de ceux qui font que le cœur de la littérature continue à battre en France, quelle que soit l'impression qu'on puisse en avoir...

Merci pour ta réponse. C'est dommage que son oeuvre soit si réduite et qu'il écrive si peu...Mais ça a vraiment l'air d'être un lutte terrible pour lui.
C'est quand même une écriture d'orfèvre, très intériorisée...On est loin du souffle un peu plus prosaïque d'un Zola pour prendre un exemple vraiment volontairement à l'opposé...Il paraît que Marie Ndiaye dont on parle beaucoup en cette rentrée littéraire, ça dépote....

Richard a écrit:

Octavian a écrit:

J'ai moi-même découvert Michon au printemps dernier, avec son dernier "roman" (?) Les Onze. Et j'ai été scotché. Je l'ai commencé dans le TGV qui me ramenait à Lyon, fini en arrivant chez moi et presque aussitôt après j'en ai fait la relecture intégrale, à voix haute cette fois, pour ma compagne dans la soirée. Et dans l'enthousiasme, une bonne partie de mes lectures d'été a été consacrée à des œuvres de cet auteur (il m'en reste encore heureusement ), et les hautes couvertures orangées des éditions Verdier ont commencé à s'installer de manière de plus en plus visible dans ma bibliothèque.

Toutes les sections des Vies... ne m'ont pas autant touchées les unes que les autres mais effectivement c'est un "grand" livre. La parenté avec Gracq te paraîtra peut-être plus frappante encore dans La Grande Beune, une autre de ses plus grandes réussites. De plus tu ne devrais pas y retrouver ce qui te gênait dans le style, Michon le cherchait encore un peu dans Vies minuscules - non pas qu'il en ait vraiment, radicalement, changé depuis, mais il a réussi à effacer le côté un peu "laborieux" qu'on trouve effectivement parfois dans ce premier opus.

Michon craignant de se voir cataloguer "écrivain régionaliste", selon une certaine manie bien française, ces deux-là sont par ailleurs les seuls textes de lui dont l'action se situe à l'époque contemporaine. Beaucoup des textes des années 90 tournent autour de la peinture: Van Gogh dans Vie de Joseph Roullin [pas encore lu], Goya, Watteau et della Francesca dans Maîtres et serviteurs, un obscur disciple italien du Lorrain dans Le Roi du bois. Les Onze, entamé à la même époque mais fini seulement à présent, est une "traversée" (à sa manière) du XVIIIe siècle à partir d'un tableau (imaginaire) représentant les membres du Comité de Salut Public sous la Terreur. J'y retrouve aussi, rétrospectivement, des éléments en provenance de tout le reste de son œuvre au fur et à mesure que je découvre celle-ci: la situation de la vie paysanne, la perte du père, même la convocation finale des "forces" archaïques (Lascaux)... c'est vraiment, je pense, un de ses opus magnum (j'ai la flemme de mettre le pluriel correct), quant à lui il est sans conteste un de ceux qui font que le cœur de la littérature continue à battre en France, quelle que soit l'impression qu'on puisse en avoir...

Merci pour ta réponse. C'est dommage que son oeuvre soit si réduite et qu'il écrive si peu...Mais ça a vraiment l'air d'être un lutte terrible pour lui.
C'est quand même une écriture d'orfèvre, très intériorisée...On est loin du souffle un peu plus prosaïque d'un Zola pour prendre un exemple vraiment volontairement à l'opposé...Il paraît que Marie Ndiaye dont on parle beaucoup en cette rentrée littéraire, ça dépote....

http://blogs.arte.tv/Le_poing_et_la_plume/frontUser.do?method=getHomePage

Richard a écrit:

Merci pour ta réponse. C'est dommage que son oeuvre soit si réduite et qu'il écrive si peu...Mais ça a vraiment l'air d'être un lutte terrible pour lui.
C'est quand même une écriture d'orfèvre, très intériorisée...On est loin du souffle un peu plus prosaïque d'un Zola pour prendre un exemple vraiment volontairement à l'opposé...

Je ne sais pas si c'est (toujours?) une "lutte terrible" pour lui, le fait est qu'il ne faut pas compter sur lui pour publier un texte tous les ans comme certains de ses contemporains... Cela dit, une douzaine de textes depuis 1984, quand même. L'impression de rareté est surtout je crois renforcée par le fait que ce sont des textes courts, très serrés, "ramassés": je lisais un entretien avec lui où il définissait son idéal comme un équivalent du sonnet dans le champ du récit. Alors oui en effet écriture d'orfèvre.

Richard a écrit:

Il paraît que Marie Ndiaye dont on parle beaucoup en cette rentrée littéraire, ça dépote....

J'en ai entendu parler aussi, mais je ne connais cette auteure que de nom pour l'instant.

Allez, ce week-end, j'entame "La grande Beune"...