Bruno Mantovani

Les CD, il en sortait déjà régulièrement, et a pour son âge une belle discographie!
Et le DVD, c'est peut être le chorégraphe qui a décidé les décideurs, le marché du DVD de ballet fonctionnant bien avec des arguments de vente extra-musicaux ; mais moi j'en suis surtout ravi pour la musique (et en plus le spectacle est superbe).

Bonjour à tous.

Je n'ai pas l'habitude de répondre aux gentils mots ou aux propos plus virulents qui sont publiés sur les forums musicaux.

J'ignore si diriger le CNSMDP facilite les choses en ce qui concerne les publications de CDs ou DVDs (c'est peut-être le fait d'avoir une carrière musicale qui permet d'accéder à ce genre de postes, non ?), mais ce que je peux dire, en l'occurrence, c'est que je découvre qu'il y a une video de Siddharta qui va bientôt être commercialisée !

Alors, merci aux participants de classik forumactif pour l'info ! Je vais essayer de me procurer la chose, tout de même !!!

Amitiés,

Bruno

Quant au CD avec Aeon, je suis au courant, pour le coup ! Ainsi que pour les suivants !

bmantovani a écrit:

Quant au CD avec Aeon, je suis au courant, pour le coup ! Ainsi que pour les suivants !

Quels suivants? Il faut nous en dire davantage…

AB1885 a écrit:

bmantovani a écrit:

Quant au CD avec Aeon, je suis au courant, pour le coup ! Ainsi que pour les suivants !

Quels suivants? Il faut nous en dire davantage…

Acquiers peut-être déjà les précédents . Le forum n'aura pas l'exclusivité

Siegmund a écrit:

Acquiers peut-être déjà les précédents .

Il n'y en a pas tant que cela malheureusement, et le premier contient des pièces qui ne sont vraiment pas les meilleures. Troisième Round contient déjà quelques bijoux, et puis il y a Le Sette Chiese, même si je n'aime pas beaucoup la lecture très sèche de Mälkki. Mit ausdruck avec Nott a enfin paru, ou c'est celui-ci qui est annoncé ?

Ben, je m'intéresse…

J'ai déjà les Sette chiese. Et j'en suis ravi.

Le compositeur Mantovani a retenu mon attention depuis quelques années déjà, mais je m'y suis attaché plus particulièrement depuis l'audition de son Concerto pour deux altos et orchestre, donnée à Liège et précédée d'une présentation par l'auteur.

Je suis curieux maintenant de découvrir ses œuvres nouvelles.

Pour la discographie :
http://www.brunomantovani.com/fr/discographie.html

Pour ma part, je possède Troisième Round / Le Sette Chiese / Art d'Echos. Et c'est tout à fait fascinant

Siegmund a écrit:

Pour la discographie :
http://www.brunomantovani.com/fr/discographie.html

Pour ma part, je possède Troisième Round / Le Sette Chiese / Art d'Echos. Et c'est tout à fait fascinant

C'est surtout D'un rêve parti, où à part Les Danses Interrompues, on n'a que des pièces vraiment pas majeures.

Donc le concerto pour clarinette basse, qu'on nous promettait pour 2004, n'est toujours pas sorti.

Si, le concerto pour clarinette basse est sorti depuis des années : disque "Schubert dialog", orchestre symphonique de Bamberg. http://www.bambergsymphony.com/54.html

Quant aux futures parutions, un CD avec Varduhi Yeritsyan, Frédérique Cambreling et le quatuor Danel autour de quatuors et quintettes (dans le courant de l'année), puis un autre de musique de chambre en 2012 avec Claire Désert et les Wanderer. C'est une exclu !

Et un autre volume d'orchestre, aussi…

Merci pour la précision !

Je profite que vous soyez là, Monsieur, pour vous féliciter car j'ai adoré le concert "tout contemporain" que vous avez dirigé à Toulouse en novembre. J'ai aimé toutes les pièces présentées ( http://www.onct.mairie-toulouse.fr/fr/concerts/13nov.php ), particulièrement D'Aller de Leroux, et c'est en partie aussi grâce aux quelques mots que vous dit sur chaque pièce.

Merci pour cette collaboration entamée avec l'orchestre du Capitole et j'espère que l'on aura droit à plein de créations

Chouette!

Bonjour, je me permet de vous conseiller le nouveau CD de Bruno Mantovani qui vient tout juste de sortir. Au programme, trois œuvres orchestrales qui m'ont vraiment fasciné : "Concerto pour 2 altos", "Time Stretch (on Gesualdo)", "Finale". Les 2 dernières pièces constituent le début (1er et dernier mvt) d'une future suite pour orchestre. Le double concerto est quand à lui énorme en tous sens : près de 40 minutes, une lutte constante entre solistes et orchestre, un vrai combat (ça m'a fait un peu penser à la démarche de "Troisième Round" ...). On a d'ailleurs l'impression que la pièce est écrite pour 1 altiste avec 4 bras, car les 2 solistes sont constamment entrain de "parler" alternativement ...
Pour se faire une idée : http://www.musicme.com/Bruno-Mantovani/albums/Mantovani:-Concerto-Pour-Deux-Altos,-Time-Stretch-&-Finale-3760058361122.html

C'est admirablement enregistré en plus !

Oui en effet, l'enregistrement est très bon (l'orchestre est peut être pris de manière un peu lointaine selon moi, mais ça donne l'impression qu'il n'est qu'une sorte de machine implacable ...). Et les interprètes sont toujours au plus près d'une musique qu'ils défendent vraiment avec convictions ! En clair : un excellent compositeur, de très grands interprètes ... un TRÈS BEAU CD !!!

Très belle piece que l'ausdruck pour clarinette basse! on regrette que ça ne dure pas autant qu'un long concerto

A l'écoute de Finale pour orchestre :

Encore une boule de feu La gestion de l'énergie chez ce compositeur est toujours aussi magistrale

Bon après, résultat paradoxal de méthodes de composition et d'orchestration à l'évidence très raffinées et abouties ; pour une attention de l'homme, semblant parfois peu raffinée et un quelque peu brouillonne ou redondante.

Mais quelle énergie, et quelle musique chargée, bavarde ... Très bon ! Fin en bout de course en revanche ...

Ophanin a écrit:

Siegmund a écrit:

Mantovani - Concerto pour deux altos et orchestre

Alors, c'est bien ?

En fait, mon écoute du jour sonne fort différemment de mon écoute, plus calme du fond de mon lit d'hier soir ; je suis toujours déstabilisé quand ça me fait ça

Toutefois, je te dirai que ce n'est pas l’intérêt de son dernier CD, c'est trop écrit au kilomètre, une sorte de longue fresque fourre tout où l'on trouve des choses forts belles et sensibles mêlées dans une relance un peu routinière.

En revanche les deux autre pièces de ce CD, sont bien plus plaisantes. Dans Finale l'on a a une des plus belles page du compositeur avec une introduction magnifique, d'une belle finesse et déjà pleine des matériaux plus explosifs qui se mettent en place.
Et Time Strech n'est pas mal du tout non plus, une sorte de petite bombe cuivrée, où l'on devine les sueurs de l'orchestre qui fait de son mieux et relativement propre, mais on sent les limites.

Mais globalement, ce n'est pas à mon sens sa meilleure parution CD, c'est même une petite moyenne. Toutefois, c'est fort bon quand même, et ceux qui comme moi admire la gestion de l'énergie chez ce compositeur et ce style sonore très rouge roche seront très content quand même.

Et j'en viens encore à rectifier mes propos précédents, puisque je me fais vraiment fasciné par Time Strech, son énergie cuivré et sa fin splendide. Je crois que c'est maintenant ce qu'il y a de mieux dans cette dernière parution, et véritable apothéose de ce style. Finale aussi est vraiment de plus en plus dans mon cœur.

Par contre, je crois maintenir pour le concerto pour deux altos, plein de belles choses, mais une structure pas top et des longueurs qui tournent un peu à vide (enfin si ce n'était pas aussi agité, on pourrai le dire).

Attention tout de même à vos conditions d'écoute. Incroyable comme la pièce sonne différemment sur mon bon système que sur mon nomade (un peu confuse).

Je reviens souvent sur "Blue girl with Red Wagon" pour quator à cordes et piano. Une œuvre vraiment fascinante, que (je radote) je ne peux que vous recommander. Pleine d'énergie, de couleurs, de pulsations aussi ; et avec une atmosphère très intéressante.


Robert Guinan, Blue Girl with Red Wagon, 1984

A la suggestion de Xavier je déplace une partie de commentaire que j'ai posté dans le fil "vous et le contemporain" :

De Mantovani, je possède le Concerto pour deux altos, Time Stretch et Finale. L'enthousiasme manifesté par Siegmund dans le fil consacré à ce compositeur m'a donné l'envie de les écouter plus attentivement. Ces trois oeuvres peuvent paraître ardues voire longues (concerto), mais c'est parce qu'elles dévoilent sans empressement les trésors qu'elles contiennent. Chaque écoute me fait découvrir des subtilités, des traits d'intelligence, des beautés nouvelles qui me donnent l'envie d'y revenir sans trop attendre.

Il y a dans la musique de Mantovani une complexité de saveurs qui s'harmonisent au fur et à mesure que l'on se familiarise avec l'architecture de l'oeuvre. Et c'est cette révélation sans empressement qui me fait distinguer la musique avec laquelle j'ai envie d'entretenir une relation à long terme.

Igor Viesna a écrit:

La Symphonie n°1 "Idée fixe" de Mantovani : très grosse claque.
Des motifs répétés sans aucun systématisme - c'est bien l'idée d'obsession, d'"idée fixe". Une partie de la réussite de cette oeuvre réside dans une orchestration très fine. Tantôt la musique se déploie merveilleusement et enveloppe l'auditeur, tantôt elle se rétrecit : la partie centrale de l'oeuvre est une sorte de quatuor à cordes, un vrai combat entre les pupitres du premier rang des cordes, un peu dans la veine du Troisième round.
Superbe prestation de l'orchestre et excellente direction de Rophé.

DavidLeMarrec a écrit:

Merci pour le compte-rendu alléchant (d'accord sur le Stravinski et le Berio, d'ailleurs), c'était donc du bon Mantovani – la note de programme me faisait peur, je craignais qu'il ne se singe lui-même (et autant sur des pièces courtes, le procédé de transition rythmico-timbrale est fascinant, autant sur une demi-heure, surtout vu sa veine moins inspirée ces derniers temps…).

J'ai été retenu au boulot, donc je n'ai pas pu en être, mais je vais écouter la retransmission, puisque c'était bien !

lucien a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

surtout vu sa veine moins inspirée ces derniers temps…).

c’est bien, mais on est quand même un peu là-dedans, à mon avis.

DavidLeMarrec a écrit:

Mais toi tu n'aimes pas vraiment les Sette Chiese, c'est ça ?  Le Mantovani que j'aime, c'est celui du programme de ce soir : Troisième Round, Streets (et puis Les Danses Interrompues, Mit Ausdruck, L'Autre Côté, Allemande, Turbulences…). Je visais plutôt les œuvres moins typées depuis 2010 (les cantates par exemple, où le résultat ne tient vraiment pas l'ambition du programme).

lucien a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

Mais toi tu n'aimes pas vraiment les Sette Chiese, c'est ça ?

si si.

DavidLeMarrec a écrit:

Le Mantovani que j'aime, c'est celui du programme de ce soir : Troisième Round, Streets (et puis Les Danses Interrompues, Mit Ausdruck, L'Autre Côté, Allemande, Turbulences…). Je visais plutôt les œuvres moins typées depuis 2010 (les cantates par exemple, où le résultat ne tient vraiment pas l'ambition du programme).

les Cantates, je ne connais pas, mais je pensais aux Concertos de chambre, par exemple.

Igor Viesna a écrit:

@Rubber Non, je n'étais pas invité. Seuls les deux premiers rangs de la corbeille de face étaient réservés, mais il y avait manifestement davantage d'invités que cela.

@David et Lucien
De Mantovani je ne connaissais que superficiellement le Troisième round et Turbulences. Les sonorités stridentes du 3eR m'avaient rebuté à la première écoute. Je n'attendais pas grand-chose de cette création, sinon d'être séduit. Peut-être ma naïveté m'a-t-elle permis d'être conquis plus facilement.

lucien a écrit:

en fait, j’étais persuadé d’avoir écouté (plusieurs fois, même) Troisième Round et le reste du cd, mais en fait il semble que non.
il va falloir que je corrige ça au plus vite (mais ça attendra quand même).

J’ai écouté deux cantates (1 et 4) et en fait j’ai trouvé ça très bien, moi, surtout la quatrième. Et certainement pas moins typé (au contraire, je dirais même).
Par contre, j’ai écouté son second quatuor (2014) diffusé dimanche sur France Musique... beaucoup de notes en batterie comme dans la symphonie... et cela ne m’a vraiment pas convaincu.
Pour la symphonie, mon impression était positive, mais je réécouterai pour me faire une idée / un avis un peu moins flou(e).

Paraît la semaine prochaine un enregistrement des oeuvres pour choeur par Accentus.

http://www.accentus.fr/disques/mantovani-voices/

Citation :

Bruno Mantovani (1974)
Cinq poèmes de Janos Pilinszky
Vier geistliche Gedichte
Monde évanoui (Fragments pour Babylone)
Cantate n° 4 « Komm, Jesu, Komm »
Sortie le 1er juin 2015 chez naïve.

La cantate n°4, écrite en 2012, est l'oeuvre la plus récente. Les autres datent de 2004 ou 2008.
Entendu quelques extraits dans une émission consacrée à Mantovani sur FMusique (Le Magazine). Le Komm, Jesu, Komm déménage pas mal, mais c'était trop court pour se faire une idée.

Ah tiens, ce serait donc (comme tout le monde) un admirateur de Kurtág ? Parce que pour découvrir Pilinszky quand on est français, c'est souvent la porte d'entrée…

Sinon, la Quatrième Cantate, j'étais à la création, et j'avais trouvé ça assez mauvais ; pour ne rien arranger, la note d'intention ne correspond pas du tout au résultat – s'il y a vraiment une volonté de faire écho à la tradition de la basse continue, on pourrait difficilement faire plus raté.
Et j'étais déçu de ce que les qualités orchestratoires de Mantovani ne passent pas du tout dans le chœur, où ça sonnait beaucoup plus comme de l'expérimentation assez gratuite et pas très structurée.

Curieux des autres pièces néanmoins, j'ai prévu d'écouter le CD (dont je n'avais pas encore vu le programme complet).

DavidLeMarrec a écrit:

Sinon, la Quatrième Cantate, j'étais à la création, et j'avais trouvé ça assez mauvais ; pour ne rien arranger, la note d'intention ne correspond pas du tout au résultat – s'il y a vraiment une volonté de faire écho à la tradition de la basse continue, on pourrait difficilement faire plus raté.
Et j'étais déçu de ce que les qualités orchestratoires de Mantovani ne passent pas du tout dans le chœur, où ça sonnait beaucoup plus comme de l'expérimentation assez gratuite et pas très structurée.

je n’ai pas lu la note d’intention (parfois il vaut mieux).
à vrai dire je trouve ça pas si mal qu’il fasse un peu autre chose que ses « qualités orchestratoires »... ces deux instruments, j’ai trouvé ça très bien.
pour le chœur, « expérimentation assez gratuite et pas très structurée », ce n’est pas du tout ce que j’entends...  pourtant moi je suis très vite réticent dès qu’un chœur est utilisé de façon un peu expérimentale.

Oui, je suis d'accord, c'est bien de se renouveler, mais si c'est pour tirer des ficelles déjà usées (et pas forcément les meilleures à disposition), bof.

Effectivement, expérimentation est un grand mot, mais disons que je n'absolument pas vu à quoi servaient les effets parsemés… Pourtant, je suis plutôt très bien disposé à l'endroit de sa musique, mais là, le rapport entre le texte, le projet, la musique (et même un quelconque intérêt), je suis passé totalement à côté – et, malgré mes efforts, j'ai eu l'impression d'une musique de commande qui n'obéissait pas à une nécessité très impérieuse.

(Moi j'aime beaucoup les chœurs expérimentaux… s'il y a un effectif qui se prête toujours aussi bien aux purs aplats d'accords parfaits qu'à la fantaisie la plus débridée, c'est bien le chœur !)

Pilinszky est l'un des poètes hongrois les plus traduits. Je crois qu'il a une mini notoriété à l'étranger.

DavidLeMarrec a écrit:

(Moi j'aime beaucoup les chœurs expérimentaux… s'il y a un effectif qui se prête toujours aussi bien aux purs aplats d'accords parfaits qu'à la fantaisie la plus débridée, c'est bien le chœur !)

sans doute, mais moi dès que ça devient théâtral ou que ça joue un peu trop sur les registres, genre les trois quarts de ce que j’ai entendu par les Neue Vocalsolisten, ça m’énerve.

bon, j’ai enfin écouté Troisième Round... et je n’ai pas aimé.

Klee offre décidément des choix de pochettes diverses et variées…

Bruno Mantovani – Mirare 2013

Huit Moments Musicaux Pour Violon, Violoncelle Et Piano (2008) - Trio Wanderer
Cinq Pièces Pour Paul Klee Pour Violoncelle Et Piano (2007) - Violoncelle Raphaël Pidoux Piano Vincent Coq
Suonare Pour Piano (2006) Piano Claire Désert
D’Une Seule Voix Pour Violon Et Violoncelle (2007) – Violoncelle : Raphaël Pidoux ; Violon : Jean-Marc Phillips-Varjabédian
All’Ungarese Pour Violon Et Piano (2009) - Piano : Claire Désert ; Violon : Jean-Marc Phillips-Varjabédian

Gros coup de cœur.


Je découvre la musique de Bruno Mantovani par le biais de cet ensemble de pièces de musique de chambre et c’est vraiment très envoutant. Beaucoup de sonorités trainantes, un geste musical qui allie les moments très contemporains (des hachures fréquentes, des sonorités un peu acides) et d’autres plus proches d’une vision post-romantique comme lors des mélodies au sein des huits moments musicaux ou lorsque le rythme se fait plus rapide.
On sent des influences minimalistes avec le jeu sur les répétitions ou plus modernistes, mais avec une vision très personnelle.

Ce que j’ai préféré c’est le traitement du piano, le registre aigu souvent privilégié et la sonorité tout en rebond très stravinskienne. De manière générale il y a une vraie façon contemporaine de jouer les instruments mais j’ai trouvé que ça ne se reposait pas sur les effets habituels.

Donc au milieu de ce programme la sonate pour piano m’a énormément plu, le propos qui se développe dans des aigus martelés permettant de faire ressortir les notes plus graves et douces comme si elles étaient sur un autre plan, il y a pratiquement trois lignes mélodiques qui s’affrontent pendant tout le long du morceau, en se croisant plus ou moins, les graves percussifs, les notes médianes jouées massivement en les laissant sonner et les aigus très staccato. Au fur à mesure les valeurs changent mais le morceau vient toujours se ressourcer dans les aigus.

Une grande réussite pour moi et c’est en plus très bien joué et capté, tout le disque bénéficiant de belles sonorités et d’une interprétation très précise.
Du coup j’ai suivi un peu les conseils du topic pour creuser les œuvres de Bruno Mantovani.

Mantovani: Le Sette Chiese pour ensemble (2002) (Ensemble InterContemporain, Susanna Mälkki).

Mantovani: Streets pour ensemble (2006) (Ensemble InterContemporain, Susanna Mälkki).

Mantovani: Eclair de lune pour trois groupes instrumentaux et électronique (2007) (IRCAM, Ensemble InterContemporain, Susanna Mälkki).

Premier contact pour ma part avec la musique de Mantovani et j’en ressors plutôt convaincu.

J’ai beaucoup aimé la première oeuvre, Le Sette Chiese (2002), inspirée de l’architecture des sept églises de Bologne. L’écriture est atonale mais toujours intelligible et respectueuse de l’oreille. Elle est puissamment évocatrice même si, en dépit des titres des pièces, elle suggère davantage une diversité d’atmosphères que des images visuelles. Mais surtout, tout en assurant une continuité suffisante, elle arrive à ménager une très remarquable diversité de textures, de couleurs, d’alliages de timbres qui rendent l’écoute toujours surprenante. C’est, de mon point de vue, une très grande réussite.

J’ai été un peu moins conquis par les deux pièces suivantes, Streets et Eclair de lune, même si cela reste très agréable à écouter.

Dans Streets (2006), le compositeur veut suggérer l’expérience de la multlplicité des activités humaines dans une rue de New York qui, en raison même de leur extrême diversité, s’annulent mutuellement et créent une impression de statisme. La pièce m’a fait songer à Berio. Un peu comme dans certaines compositions de ce dernier (les Chemins), les diverses notes d’un accord pivot sont alternativement répétées pour servir de points de référence à des broderies très virtuoses des divers instruments de l’ensemble. Et il en résulte effectivement un sentiment de statisme, réalisant à cet égard le pari du compositeur. Mais cela ne va pas plus loin…

Dans Eclair de lune (2007), le compositeur marie les sons instrumentaux aux sons électroniques et les noces sont plutôt réussies. Mais, comme souvent dans ce genre de composition, j’ai quelque mal à percevoir un propos qui dépasse la simple contemplation de la beauté du matériau musical. C’est agréable mais sans plus.

Une belle découverte néanmoins surtout pour Le Sette Chiese.

Tu as une grosse période contemporaine en ce moment non ?
Comme tu le dis très bien la musique de Mantovani propose une très remarquable diversité de textures, de couleurs, d’alliages de timbres, c'est pour moi aussi une belle découverte.
Par contre je n'ai pas poursuivi avec les mêmes oeuvres que toi.




Cello Concerto
Jean-Guihen Queyras,
Rundfunk-Sinfonieorchester Saarbrücken dirigé par Günther Herbig


Le concerto pour violoncelle donc, une oeuvre assez courte de 18 minutes, dans laquelle j'ai distingué deux parties, une première où le violoncelle reste en retrait de l'orchestre, sporadique dans ses effets, et une seconde où l'orchestre engloutit le violoncelle dans des ostinatos et des heurts divers.
On retrouve un aspect très sec et abrupt des percussions, une pulsation très contemporaine mais avec des recherches harmoniques qui permettent d'éviter l'aridité.
Vraiment une belle musique, sinueuse mais jamais ennuyeuse.
La prise de son live est perfectible mais elle apporte une réverbération et un souffle qui vont bien à l'oeuvre.




Troisième Round pour saxophone et ensemble
La Morte Meditata pour mezzo-soprano et ensemble instrumental
Turbulences pour ensemble

Ensemble TM+ dirigé Laurent Cuniot
Vincent David (saxophone et il les a vus accessoirement...)
Sylvia Marini-Vadimova (mezzo-soprano)

Le concerto pour saxophone donc, une oeuvre plus technique peut-être, tant le saxophoniste est sollicité, d'abord par un jeu d'écho avec un ostinato de clarinette (il me semble ?). On retrouve un peu le même principe d'affrontement que dans le concerto pour violoncelle, mais avec des respirations plus amples, lorsque le saxophone laisse résonner ses notes.
(comme pour les oeuvres de musique de chambre j'aime là aussi beaucoup la façon dont est traité le piano)

J'ai été moins conquis par La Morte Meditata mais parce que j'ai toujours du mal avec la voix, surtout qu'ici elle affronte une orchestration bien tortueuse.

Turbulences retrouve un peu les mêmes sonorités que le concerto Troisième Round, avec des glissandis plus marqués et soutenus par un alliage de sonorité des percussions. C'est je trouve sa pièce la plus complexe, portant bien son nom tant tout semble assez heurté, jusqu'au dénouement un peu languissant et inquiétant.


J'aime décidément beaucoup sa musique.

Une série d'entretiens du compositeur sur France Culture :
https://www.francemusique.fr/emissions/les-grands-entretiens/bruno-mantovani-compositeur-1-5-98334
https://www.francemusique.fr/emissions/les-grands-entretiens/bruno-mantovani-compositeur-2-5-98342
https://www.francemusique.fr/emissions/les-grands-entretiens/bruno-mantovani-compositeur-3-5-98352
https://www.francemusique.fr/emissions/les-grands-entretiens/bruno-mantovani-compositeur-4-5-98375
https://www.francemusique.fr/emissions/les-grands-entretiens/bruno-mantovani-compositeur-5-5-98475


Fascinante personnalité.

Je crois que c'est le compositeur contemporain préféré de Cololi.

Rocktambule a écrit:

Un programme étrange et assez mal construit. L'entracte est arrivé dès 20h20, alors qu'on avait la sensation de s'être juste assis... Salle très très mal remplie, et j'avais moi-même réservé uniquement grâce à la promotion de fin d'année. Je me demande si ce programme n'a pas fait peur au public : une partie entière consacrée à Mantovani a dû effrayer, alors qu'il aurait été si simple d'équilibrer avec une petite ouverture de 5 minutes d'un compositeur connu.

Mantovani : je m'attendais à détester, et finalement, ça a été la bonne surprise du jour ! J'ai beaucoup aimé l'ambiance sonore générale, notamment au début du morceau. C'est difficile à décrire, comme l'impression que l'orchestre tourne autour d'un même accord (si bémol / sol), qui donne tout son ton à la pièce. C'est assez insaisissable, voire impalpable, et même à la réécoute sur Youtube, j'ai du mal à le cerner. J'ai tenté d'écouter le madrigal de Gesualdo dont c'est inspiré, et je n'y vois aucun point commun (j'ai encore une grosse marge de progression donc). C'est rare que j'apprécie une œuvre contemporaine aussi instinctivement, et je la conseille à ceux qui ne la connaissent pas.
Mantovani était présent dans la salle, et il est revenu pour entendre Mahler.

Mailman a écrit:

Le morceau de Mantovani m'est passé complètement au-dessus de la tête...je n'ai rien compris à ce morceau, rien qui accroche. Je n'ai aucune compétence "savante" pour apprécier la musique moderne et m'en remets aux émotions qu'elles transmettent, et parfois elles parviennent à créer des atmosphères qui me touchent, ce qui n'a pas été le cas de cette oeuvre.

[…]

Et je te rejoins sur la construction bancale du concert : programme assez léger quand même, et entracte après 15 minutes de musique seulement.

Time Stretch est en tout cas assez typique de la musique de Mantovani : des strates superposées, à la fois proche de nappes mais très rythmiques, des transitions qui se font par les timbres plus que par les thèmes… J'aime énormément personnellement, mais c'est très différent du discours habituel de forme sonate fondée sur des mélodies, clairement.

Dans le même goût que Time Stretch (et en mieux !), il faut écouter Troisième Round (sur le même disque que Time Stretch, ça ne coûte pas cher !) et Le Sette Chiese (même si l'enregistrement de ce dernier est un peu froid et frustrant par rapport à la création !).

[Moi non plus je n'ai jamais pu entendre les références, de même que pour Mit Ausdruck, son concerto pour clarinette basse supposé constituer un hommage à Schubert – on entend subrepticement Marguerite au Rouet, mais à part ça… Œuvre délectable nonbstant !]