Orgue baroque germanique -instruments et répertoire

Un nouveau topic dédié à l'orgue baroque & classique (instruments et répertoire) d'Allemagne centrale et méridionale : Westphalie, Rhénanie-Palatinat, Hesse, Thuringe, Saxe, Brandebourg, Thuringe, Bavière.
Et aussi à l'Autriche, du moins septentrionale et centrale puisque la facture méridionale s'apparente plutôt à l'Italie, auquel cas on se référera à ce topic : https://classik.forumactif.com/t8100-l-orgue-italien-facture-repertoire-discographie

Pour l'Allemagne du Nord, voir plutôt ce topic : https://classik.forumactif.com/t7336-l-orgue-baroque-en-allemagne-du-nord

Pour J.S. Bach spécifiquement, voir ici : https://classik.forumactif.com/t1663-bach-oeuvres-pour-orgue

Et pour l'orgue romantique allemand, voir ici : https://classik.forumactif.com/t8069-mendelssohn-schumann-brahms-et-l-orgue-romantique-allemand

Les compositeurs qui vont nous intéresser ici : J.K. Kerll, J. Pachelbel, F. Zachow, J. Kuhnau, les Krieger, J.H. Buttstett, G. Böhm, J. Walther, D.M. Gronau, G.F. Kauffmann, J.C. Altnikol, J.L. Krebs, W. F. Bach, G.A. Homilius, C.P.E. Bach, J.G. Müthel, J.C. Schmügel, J.C. Kellner, J.G. Albrechtsberger, J.H. Knecht...

Mélomaniac, in playlist le 20 02 2017, a écrit:

Abbaye St. Georg de Grauhof/Goslar (Allemagne, Basse-Saxe)


Georg Friedrich Kauffmann (1679-1735) :

Fantaisie en sol majeur
sélection de chorals du Harmonische Seelenlust

= Maurizio Croci, orgue Treutmann de l'Abbaye de Grauhof/Goslar

(Stradivarius, octobre 2004)

On retient de ce compositeur qu'il fut l'infortuné compétiteur de Bach pour récupérer le poste d'organiste de la prestigieuse Thomaskirche de Leipzig en 1723.
Recopié par quelques uns de ses contemporains (on raconte que Bach s'en inspira pour certaines de ses oeuvres comme les Variations canoniques), imprimé de son vivant, vanté par Matheson pour un traité de composition aujourd'hui perdu : voilà qui atteste la notoriété de Kauffmann, qui dépassait largement l'audience de sa ville de Merseburg.
La postérité en décida autrement, et on compte aujourd'hui bien peu d'enregistrements qui lui sont consacrés.
Celui-ci lui est entièrement dédié, et s'avère excellent !
Quelques chorals sont filigranés par le hautbois (une spécialité du compositeur), et l'on trouve au programme la Fantaisie, seule "pièce libre" qui nous en reste.
Le recueil Harmonische Seelenlust comporte de précieuses indications quant au style de ces chorals, qui s'imprègne de l'esthétique galante. Il précise aussi les registrations attendues. Le livret du CD les mentionne ainsi que celles choisies par l'interprète : passionnant !
L'instrument de Grauhof (un de mes préférés au sein du patrimoine baroque), capté à hauteur de buffet (peu de réverbération donc, mais une flagrante présence des timbres dans un esprit concertant qui sied à ces pièces) se montre parfaitement adéquat. Il dispose notamment d'anches aux claviers, permettant de suivre les recommandations du compositeur qui raffolait de mélanges savoureux.
Un disque à thésauriser pour tous les amoureux de l'Empfindsamkeit appliquée à la dévotion du choral luthérien  

Mélomaniac, in playlist le 17 02 2017, a écrit:

La Klosterkirche de Rheinau (Suisse)


Johann Krieger (1652-1735) :

Toccata en ut majeur
In dich hab ich gehoffet Herr
Prélude, fugue et Passacaille en ré mineur

= Annerös Hulliger, orgue Leu de l'église conventuelle de Rheinau

(Koch, décembre 1994)

Un instrument de trente jeux sur deux clavier et pédalier, aux sonorités typées mais très séduisantes,
construit en 1711 par Johann Christoph Leu, issu d'une prestigieuse dynastie de facteurs sud-allemands.

 

Mélomaniac, in playlist le 17 02 2017, a écrit:

La Kiliankirche de Bedheim (Allemagne -Thuringe)


Johann Pachelbel (1653-1706) :

Magnificat v. toni -fugues
Aria en sol majeur

= James David Christie, orgue Schippel & Seeber de l'église St. Kilian de Bedheim

(CPO, août 2012)

Tiré du volume 2 de l'intégrale Pachelbel en cours chez ce label, paru voilà quelques semaines.
Cet instrument possède une remarquable particularité (unique dans le monde de l'orgue baroque) : le buffet principal de 1711 (ci-dessous à gauche) et le positif en nid d'hirondelle (1721, à droite) se font face dans la nef, à 20 mètres de distance !
Une liaison mécanique relie ces deux buffets, et l'ensemble est jouable par les deux claviers d'une même console.
Vous comprendrez mieux grâce à cette vidéo YT : /watch?v=muS0f-wqkXo

Mélomaniac, in playlist le 17 02 2017, a écrit:

Église Sankt Wolfgang de Salzkammergut (Autriche)


Johann Christoph Friedrich Bach (1732-1795) :

Allegretto con variazioni, W 12,2

= Franz Haselböck, orgue de l'église Sankt Wolfgang de Salzkammergut

(Hänssler, 1991)

Combientième rejeton de Jean-Sébastien ?
Si vous avez du mal à vous repérer dans la généalogie, c'est simple : https://fr.wikipedia.org/wiki/Famille_Bach
Une succulente guirlande de 18 variations sur l'air Ah vous dirai-je maman (vous savez, cette jolie mélodie que DLM ne sait pas jouer sans partition   ),
servies par un instrument melliflu et gorgé de saveurs.
Écouté deux fois
Et vu le panorama, je vais illico chercher un hôtel dans le coin pour mes prochaines vacances en Autriche  

Tiré de ma playlist dominicale.
J'avais évoqué ci-dessus le volume II de l'intégrale Pachelbel en cours d'enregistrement chez CPO, voilà ci-dessous un programme tiré du volume I.

Mélomaniac, in playlist, a écrit:

Église de Suhl (Allemagne, -Thuringe) :

Johann Pachelbel (1653-1706) :

Praeludium en ré mineur
Magnificat I. toni -fugues 1-4
Magnificat VIII. toni -fugues 5-8
Aria en ré majeur

= James David Christie, orgue Eilert/Köhler de l'église de Suhl

(CPO, août 2012)

Tiré d'un CD qui inaugurait l'intégrale de l'oeuvre d'orgue de Pachelbel enregistrée chez le label CPO.
Ce dissonant Praeludium placé en exergue reste une des pièces les plus connues du compositeur.
Les fugues 5-18 du Magnificat primi toni sont jouées par Jürgen Essl à Wolfegg dans le disque 3 du coffret.
Les quatre premières fugues figurent ici car elles brodent sur le Choral Jesus Christus unser Heiland, associé à la Résurrection de Pâques auquel ce premier CD est consacré.

Mélomaniac, in playlist, a écrit:

Église St. Katharina de Wolfegg (Allemagne, Bade-Wurtemberg) :

Johann Pachelbel (1653-1706) :

Magnificat I. toni -fugues 5-18
Vater Unser im Himmelreich (Seiffert 55-56)
Durch Adams Fall ist ganz verderbt -bicinium & konbinationsform

= Jürgen Essl, orgue Hör de l'église St. Katharina de Wolfegg

(CPO, juillet 2010)

Voici la suite de ce Magnificat du premier ton.
Joué sur un des plus séducteurs instruments d'Allemagne méridionale (qui compte pourtant beaucoup de joyaux), aux timbres melliflus, et doté d'une soubasse 16' à faire trembler les murs.
C'est cet orgue que Kei Koïto avait choisi pour son formidable disque consacré au répertoire baroque sud-germanique (chez DHM).
Entendre successivement les deux chorals (le Vater Unser et le Durch Adams) permet de constater la similitude de leur profil monodique, pur et simple pour l'humble prière du Notre Père / altéré pour illustrer la chute du premier homme.

Tiré de ma playlist dominicale.
Pour faire suite au précédent message, voilà ci-dessous un programme tiré du volume I (disque 5) de l'intégrale Pachelbel en cours chez CPO.

Mélomaniac, in playlist, a écrit:

La Michaelerkirche de Vienne (Autriche)


Johann Pachelbel (1653-1706) :

Hexacordum Apollinis, VIII 6-11

= Jürgen Essl, orgue Sieber de l'église Saint-Michel de Vienne

(CPO, avril 2010)

Un instrument d'une quarantaine de jeux, riche en 8'.
Ce recueil de six Arias reste une des plus stimulantes contributions de l'Allemagne baroque sud-allemande.
Les plus connues sont la troisième et la dernière (la succulente Sebaldina, dédiée à une église de Nuremberg) dont Gustav Leonhardt laissa une resplendissante interprétation chez Sony.
Ici, les tempi que choisit Essl tendent à brusquer le lyrisme de la n°3, et les registrations sont un chouïa trop épaisses.
En tout cas, les fabuleuses couleurs de l'orgue viennois suffisent à emballer  

.....

J'aime bien l'aria sebaldina de Günther Fetz à Weingarten. La partita de Bohm sur le même disque, freu dich sehr,  est également magnifique.

Pour mémoire, et pour le plaisir d'entendre un instrument slovaque dans un programme Kerll, dont sa fameuse Passacaille,
ici jouée de façon calme et fouillée à défaut de trouver tout l'élan nécessaire aux envolées (Leonhardt à Schlägl reste ici inimitable !)
D'esthétique voisine à la facture sud-allemande, l'orgue construit par Bartolomej Fromm (1600-1665) remonte au milieu du XVII° siècle,
et demeure un des plus anciens que ce pays ait gardés presque intacts.
Typique de la transition entre la Renaissance et le premier Baroque, son buffet sculpté abrite neuf jeux sur un seul clavier (sans pédalier).
Dont une Waldflöte 2' bouché -à cheminée, chose rarissime dans la facture slovaque de l'époque.
Tempérament mésotonique et octave courte, bien sûr.

Mélomaniac, in playlist, a écrit:

La ville de Kežmarok, au pied des Hautes Tatras (Slovaquie)


Johann Kaspar Kerll (1627-1693) :

Passacaglia
Toccata 4. Cromatica con durezze e ligature
Battaglia

= Ján Vladimír Michalko, orgue Fromm de la Basilique svätého Kríža de Kežmarok

(Diskant, septembre 2005)

Tiré d'un SACD qui regroupe l'oeuvre d'orgue (chorals et pièces libres) de ce fils Bach, dont l'univers musical se situe
au croisement de la rigueur contrapuntique et d'une imagination musicale dont l'Empfindsamkeit annonce la sensibilité romantique,
dans un langage bien plus fluide que son frère Carl Philipp Emanuel.

Mélomaniac, in playlist, a écrit:

Münsterkirche Sankt Alexandri d'Einbeck (Allemagne, Basse-Saxe) :

Wilhelm Friedemann Bach (1710-1784) :

Fantaisie en ut mineur, Fk. 15
Fantaisie en ré mineur, Fk. 19
Huit Fugues, Fk. 31
Fugue en ut mineur, Fk. 32
Fugue en fa majeur, Fk. 33
Fugue en sol mineur, Fk. 37

= Friedhelm Flamme, orgue Hillebrand de la Collégiale Sankt Alexandri d'Einbeck

(CPO, août 2009)

Je vous avais annoncé dimanche que je vous présenterais cet instrument : récent (2008), installé par la manufacture Hillebrand
en cette église-halle gothique dont les antécédents remontent au XI° siècle.
L'orgue actuel (37 jeux sur deux claviers & pédalier) synthétise plusieurs phases de son histoire : une moitié répond à l'esthétique XIX°, pour les jeux de fond.
Mais la composition (plenum notamment) reste aussi fidèle à l'instrument que construisit Christian Vater dans les années 1730.

Je m’intéresse beaucoup aux œuvres d’orgue de Georg Muffat en ce moment. As-tu entendu le Muffat de Heinz Göttsche à Marmoutier et à Meissenheim? J’aime bien Kelemen et Gester mais je préfère Gottsche. Il y a deux 33 tours, mais j’ai un bon transfert si tu les veux.

Mandryka a écrit:

As-tu entendu le Muffat de Heinz Göttsche à Marmoutier et à Meissenheim?
J’aime bien Kelemen et Gester mais je préfère Gottsche.

Connais pas, je vais essayer de trouver ça en CD (pour des raisons techniques je n'écoute pas de dématérialisé depuis quelques mois.)
J'aime beaucoup le disque de Martin Gester à Saint-Antoine-l'Abbaye, notamment l'interprétation de la Passacaille, d'une souplesse, d'une faconde exceptionnelles !

Mélomaniac a écrit:

Connais pas, je vais essayer de trouver ça en CD (pour des raisons techniques je n'écoute pas de dématérialisé depuis quelques mois.)
J'aime beaucoup le disque de Martin Gester à Saint-Antoine-l'Abbaye, notamment l'interprétation de la Passacaille, d'une souplesse, d'une faconde exceptionnelles !

Pas de CD pour les deux disques de Gottsche autant que je sache. J’ai un ami qui a fait le transfert.

En ce moment j’écoute baucoup le nouveau disque de Muffat de Cyril Pallaud à Sierentz, je ne sais pas si je l’aime ou je le déteste, mais de toute façon l’orgue est intéressant!

Le Gester est une disque magnifique, je suis d’accord.

Je me demande s’il y a des remarques sur l’interprétation de la musique de l’orgue dans l’introduction d‘Apparatus Musico Organisticus.  Je n’arrive pas à trouver une traduction en anglais ou français, et mon latin n’est pas à la hauteur! Selon Gunar Letzbor (dans son essai pour son enregistrement des sonates et partitas de Bach) l’introduction d’Armonico Tributo est très importante pour l’art de jouer la musique baroque de violon alors . . .

Nouvelle parution du CU III sur le Tost à Waltershausen.  L’interprétation est extravertie, dynamique et pleine de vie - une vie qui vient de l’interaction des voix ainsi que la pulsion en avant. La prise de son est excellente.

En plus Jörg Halubek a enregistré les chorals de Leipzig - la parution serait en novembre.

(Si c’est pas le bon fil, désolé! C’est pas évidant . . .)

• Hieronymus PRAETORIUS: Magnificat primi toni. Magnificat secundi toni. Choralfantasie «Wenn mein Stündlein vorhanden ist». Magnificat tertii toni. Magnificat quarti toni. Lucis Creator optime. Veni Creator spiritus. Veni Redemptor Gentium. Choralfantasie «Christ, unser Herr, zum Jordan kam».
Friedhelm Flamme (orgue Scherer de la St. Stephanskirche de Tangermünde, 1624)
Tangermünde, VIII.2007
CPO

Le premier CD de cette intégrale en deux volumes.

Du bel orgue du tout premier baroque allemand: quelque chose de très luthérien - pas de grands effets ni d'hypercomplexité, mais un beau contrepoint qui avance ferme et droit, très sobrement ornementé, dans un climat de piété terrienne. Le jeu sans fioritures de Flamme me semble bien correspondre à cette esthétique qui bannit toute effusion «mystique»; et les sonorités de Tangermünde (bien captées, mais pas forcément exploitées ici au maximum de leur typicité timbrale) permettent de saisir le détail de l’écriture dans une belle luminosité.

• Michael PRAETORIUS: Choralfantasia «Wir gläuben all an einen Gott». Choralfantasia «Christ unser Herr zum Jordan kam». Choralfantasia «Ein feste Burg ist unser Gott»
Jean-Charles Ablitzer (orgue Scherer de la Stephanskirche de Tangermünde, 1624)
Tangermünde, VI.2005
Alpha


• Jacob PRAETORIUS le Jeune: Vater unser im Himmelreich. Von allen Menschen abgewandt
Léon Berben (orgue Scherer de la Stephanskirche de Tangermünde, 1624)
Tangermünde, VIII.2003
Ramée

J’avais dit la semaine dernière que, dans le disque Hieronymus Praetorius de Friedhelm Flamme chez CPO, les sonorités de l’orgue Scherer de la Stephanskirche de Tangermünde (voir photo dans le post ci-dessus) n’étaient «pas forcément exploitées ici au maximum de leur typicité timbrale»: ce n’est pas le cas dans ces deux disques - Jean-Charles Ablitzer comme Léon Berben sont au contraire des organistes qui jouent à fond la logique des instruments d’époque, faisant ressortir les spécificités des orgues sur lesquels ils jouent (jusqu’aux bruits de clapets, de soufflerie et de tirettes!), les intégrant même à un discours musical fondé sur les inégalités et l’ornementation, ce qui donne à leurs enregistrements une saveur archaïsante que je trouve, malgré (ou grâce à?) leurs légères duretés et leur aspect sonore un peu disjoint, d’une infinie séduction.

Au sujet des compositeurs: les Praetorius dont on entend ici les œuvres ne sont pas de la même famille (en fait tous deux avaient le patronyme courant de Schultze, dont Praetorius est la latinisation), et ne procèdent pas exactement de la même esthétique. Avec Michael (1572-1621), on a à faire à un homme de la Renaissance, à un compositeur de cour itinérant, à un théoricien, qui emprunte au folklore nord-allemand comme à la sophistication des modèles vénitiens: on entend de fait une musique en même temps plus imaginative, à la fois plus élaborée dans ses formes et plus chatoyante. Avec Jacob le Jeune (1586-1651), on est plus enraciné dans une pratique ecclésiale et locale (hambourgeoise), et vraiment au cœur de l’École du Nord (élève de Sweelinck, collègue de Scheidemann, maître de Weckmann) et de son esthétique à la fois élaborée et empreinte d'une sobre piété.

Deux maîtres-disques pour aborder ce répertoire du premier baroque allemand.

Benedictus a écrit:

[size=31]• Michael PRAETORIUS: Choralfantasia «Wir gläuben all an einen Gott». Choralfantasia «Christ unser Herr zum Jordan kam». Choralfantasia «Ein feste Burg ist unser Gott»[/size]
Jean-Charles Ablitzer (orgue Scherer de la Stephanskirche de Tangermünde, 1624)
Tangermünde, VI.2005
Alpha

Merci beaucoup pour cette recommandation. Jusque-là j'écoutais essentiellement l'orgue de Pachelbel, notamment dans les enregistrements de Joseph Payne. Buxtehude à peine, et Bach que très rarement. Mais ce disque correspond absolument à ce que j'apprécie dans ce répertoire. Les couleurs, la présence de l'instrument, et surtout cet appaisement tout en simplicité et en retenue...

Après Michael, je vais donc essayer Jacob (j'ai souvenir d'un Hieronymus Praetorius - encore une autre Schultze, où ces gens sont-ils liés ?)

EDIT: Tu en as parlé juste au dessus, je sais donc où aller vérifier !

Si tu as aimé cet instrument, il faut absolument que tu écoutes ce disque - d’autant que la musique de Scheidemann me semble assez propre à te plaire:


• Heinrich SCHEIDEMANN: Œuvres pour orgue
Bernard Foccroulle (orgue Scherer de la Stephanskirche de Tangermünde, 1624)
Tangermünde, V.2002
Ricercar


Un autre instrument que j’aime énormément, et tout à fait adapté à ce premier baroque allemand, c’est le Arp Schnitger de l’église Sankt Ludgeri de Norden en Frise-orientale. On peut l’entendre dans ces deux disques que je ne peux que te recommander:


• Diderik BUXTEHUDE: L’Œuvre pour orgue, vol. 4
Jean-Charles Ablitzer (orgue Arp Schnitger de l’église Sankt Ludgeri de Norden, 1688-1692)
Norden, VIII.1989
Harmonic Records

(J’en avais récemment touché un mot ici.)


• Heinrich SCHEIDEMANN: Œuvres pour orgue
Bernard Coudurier (orgue Arp Schnitger de l’église Sankt Ludgeri de Norden, 1688-1692)
Norden, X.1995
BNL

Message personnel à l'attention de Mélo:

Je ne suis clairement pas le chœur de cible, mais autant Praetorius par Ablitzer m'a beaucoup plu, autant Scheidemann en soi (et Foccroulle n'y change rien) reste un peu nu et répétitif de pièce en pièce pour me passionner tout à fait.

(Juste pour prévenir que ce n'est pas tout à fait équivalent : à côté de Scheidemann, M. Praetorius c'est du Frescobaldi ou du Froberger…)

Oui, je ne t'aurais pas spontanément recommandé Scheidemann - mais là, je répondais à Drosselbart: je pense au contraire que lui en appréciera la piété un peu nue, et sans doute davantage que certains ornements fantasques de Buxtehude (même par Ablitzer.)

Bien sûr.

Je témoignais juste de mon écoute (et du caractère vraiment distinct de ces deux univers).

Côté Pachelbel, il faut signaler l'intégrale CPO en cours (avec Jürgen Essl notamment), qui a la particularité d'avoir gravé des pièces jamais enregistrées auparavant (la Chaconne en sol, mon œuvre chouchoute absolue du corpus, jubilatoire série de variations sur un thème extrêmement français), et joué avec beaucoup d'intelligence.

L'intégrale Bouchard (Dorian Sono Luminus), elle, est superbement captée sur des orgues savoureuses (et de très près, ça devrait te parler côté netteté de la polyphonie et absence de réverbération), mais je trouve les phrasés assez carrés, peu d'arrières-plans. (Cela dit, le gain côté registration est tel que ça reste quasiment un premier choix !)

Merci pour tous ces bons conseils !

Benedictus a écrit:

• Heinrich SCHEIDEMANN: Œuvres pour orgue
Bernard Foccroulle (orgue Scherer de la Stephanskirche de Tangermünde, 1624)
Tangermünde, V.2002
Ricercar

Bien vu pour Scheidemann. Je ne le connaissais que de nom, à une époque où je restais loin du répertoire d'orgue. C'est exactement ce que j'aime dans cette musique luthérienne du temps de la guerre de Trente ans. Austérité, piété et ferveur. Et pourtant, quels grands moments de réjouissance, surtout avec cet instrument superbe... La toccata WV 43 est une pure expression de joie, simple et naïve.  

En tous les cas, je vais continuer à explorer les disques que tu as évoqué.

DavidLeMarrec a écrit:

Côté Pachelbel, il faut signaler l'intégrale CPO en cours (avec Jürgen Essl notamment), qui a la particularité d'avoir gravé des pièces jamais enregistrées auparavant (la Chaconne en sol, mon œuvre chouchoute absolue du corpus, jubilatoire série de variations sur un thème extrêmement français), et joué avec beaucoup d'intelligence.

L'intégrale Bouchard (Dorian Sono Luminus), elle, est superbement captée sur des orgues savoureuses (et de très près, ça devrait te parler côté netteté de la polyphonie et absence de réverbération), mais je trouve les phrasés assez carrés, peu d'arrières-plans. (Cela dit, le gain côté registration est tel que ça reste quasiment un premier choix !)

J'avais assez aimé certains éléments du premier volet de l'intégrale CPO, même si par moments c'est presque un peu trop "bruitiste" pour moi (et Dieu sait que j'aime le son des instruments). J'ai le souvenir de quelques pièces qui craquent vraiment de tous les côtés. Il faudrait que j'y retourne, histoire de sortir des tempi de Payne qui sont parfois un peu atypiques, et dont les enregistrement sont pas mal réverbérés.

Je note également pour l'intégrale Bouchard. Curieux d'entendre ça. La description est tentante !

Le volume 2 de Pachelbel-CPO, que j'écoute souvent, n'a pas du tout ce problème (je n'avais pas remarqué sur les autres cela dit).

Payne est beaucoup plus tradi tout de même, plus enveloppant et modéré.

De Bouchard, je trouve le volume 2 très réussi, alors que les défauts / limites s'entendent beaucoup plus dans le 7. (Je ne crois pas avoir écouté les autres, à la vérité.)

D'ailleurs, question aux hôtes habituels des fils organistiques (et pour recentrer un peu celui-ci sur son aire géographique, parce que, avec Scheidemann, on est parti très au nord...):
Que me recommanderiez-vous comme disques pour découvrir:
a) les répertoires organistiques d'Allemagne centrale et méridionale?
b) les orgues historiques les plus typées d'Allemagne centrale et méridionale?
Les deux ne devant pas obligatoirement se recouper.

(Je me doute bien que tout ça risque d'être un peu trop rococo pour mon goût, mais ce n'est pas grave.)

J'imagine que tu dois connaître le disque de Kei Koito qui regarde vers le Sud, ou plutôt comment ce Sud, ses discontinuités formelles, ses épisodes affectifs contrastants finiront par "se fondre dans l'encrier de J.S.Bach".
Pachelbel - Froberger - Muffat (Georg) - Kerll - Fischer. Organ Music Before Bach
Orgue Jakob Hör (le bien nommé) 1736 - Hermann Weber 2008, Wolfegg (près du lac de Constance), église paroissiale Ste Catherine, Allemagne.

PS :

Mélo parle de cet orgue - Jürgen Essl / Pachelbel:

Oui, oui, celui-là, je l'ai déjà (heureusement, d'ailleurs, parce qu'il semble être devenu à peu près introuvable - ou alors d'occasion à des prix assez excessifs.)

J'aurais justement parlé de ce disque Kei Koito, qui met (bien plus qu'Essl) en avant les spécificités timbrales du Hör de Wolfegg.

Pour le reste, considérant qu'à la fois Bach et le timbre de la plupart de ces orgues ne sont pas ma priorité, je ne suis pas le mieux placé pour donner des conseils. (J'ai écouté des trucs, mais pas forcément le fin du fin. Et je ne sais plus forcément quoi !)

DavidLeMarrec a écrit:

considérant qu'à la fois Bach et le timbre de la plupart de ces orgues ne sont pas ma priorité,

Euh... Bach? Pas le Bach, si? Parce que là, justement ma question porte éventuellement sur C.P.E. et W.F., mais pas sur J.S. - et plutôt sur les Pachelbel, Muffat, Böhm, Kerll, Fischer, Kuhnau & Co.

(Sinon, tu m'avais aussi vanté les tuyauteries d'Erfurt, de Callenberg et de Waldsassen - elles n'entreraient pas dans la catégorie?)

Benedictus a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

considérant qu'à la fois Bach et le timbre de la plupart de ces orgues ne sont pas ma priorité,

Euh... Bach? Pas le Bach, si? Parce que là, justement ma question porte éventuellement sur C.P.E. et W.F., mais pas sur J.S. - et plutôt sur les Pachelbel, Muffat, Böhm, Kerll, Fischer, Kuhnau & Co.

Oui, mais il y a quand même une grosse partie du catalogue obstruée par J.S., quel que soit l'instrument. (Par ailleurs, j'aime bien Pachelbel, surtout ses fugues et chaconnes, mais Muffat, Böhm, Kuhnau, j'avoue que ça me laisse vraiment froid la plupart du temps, cette joliesse un peu ronde – à tout prendre, J.S. j'aime pas trop, mais c'est intéressant !)

Citation :

(Sinon, tu m'avais aussi vanté les tuyauteries d'Erfurt, de Callenberg et de Waldsassen - elles n'entreraient pas dans la catégorie?)

Le problème est que tu veux en plus des prises de son bien définies, et que je ne connais pas assez bien la discographie. Ce sont des orgues qui m'ont vivement impressionné, oui, mais pour certaines je ne les ai même pas entendues sur disque, simplement par des bandes de concert ou des vidéos YouTube – Waldsassen par exemple, jamais entendu au disque je crois.

DavidLeMarrec a écrit:

– Waldsassen par exemple, jamais entendu au disque je crois.

Après recherche, de toute façons, ça a l'air d'être une grosse machine moderne (second emoitié du XIXᵉ au plus vieux): ce qui est enregistré dessus, c'est surtout du symphonique français (une intégrale Vierne et une intégrale Widor, quand même!), du XXᵉ français (un récital jeune Messiaen / Duruflé chez Wergo, un Chemin de croix de Dupré, un volume de l'intégrale Müller de L'Orgue mystique et... une intégrale Jeanne Demessieux!) et du romantisme, soit original (intégrales Liszt, Franck, Brahms) soit transcrit (un disque Wagner.)

Benedictus a écrit:

une intégrale Jeanne Demessieux!)

Oh, ça m'intéresse ça ! (c'est de la bonne musique, mais je n'en ai quasiment pas croisé au disque jusqu'ici !)

DavidLeMarrec a écrit:

[…] une grosse partie du catalogue obstruée par J.S., quel que soit l'instrument. […] à tout prendre, J.S. j'aime pas trop, mais c'est intéressant ! […]

à adjoindre au florilège DLM, ça faisait un bout de temps cela dit, mais je suis habitué et je réserve les smileys     pour des cas autrement sérieux…

Je n'ai pas l'impression d'avoir grand'chose de scandaleux.

Si tu veux entendre un récital d'orgue sans Bach, il faut être patient. Et je peux en témoigner, j'ai étudié l'orgue : je n'ai joué pendant mes études que du Bach et parfois quelques pièces de démonstration romantiques, raison principale de ma défection d'ailleurs, alors qu'on me proposait une tribune prestigieuse. C'est simplement un fait : Bach occupe une très grosse partie du catalogue des orgues enregistrés, et une partie encore plus colossale des auditions d'orgue.
Donc si l'on n'est pas intéressé, on a un peu l'impression de zig-zaguer. De même que si tu aimes le lied mais pas Schubert ou Schumann, le quatuor mais pas Beethoven, la clarinette mais pas Mozart, le piano mais pas Chopin ou Liszt, etc.

Quant au reste, j'ai donné mon ressenti sur certains compositeurs qui ne me touchent pas… Je ne peux pas le formuler de façon moins polémique que « ne me touche pas », à part mentir…

J'ai conscience que j'ai peu à apporter au débat, mais s'il y avait cinq personnes pour conseiller Benedictus, je vous laisserais tranquilles… C'est toujours plus sympa d'avoir quelqu'un qui répond « je voudrais aider mais je sais pas » plutôt que rien du tout, non ?

Je veux bien être solidaire, surtout que c'est très proche de mon ressenti: JS Bach, j'aime pas trop, mais c'est intéressant!

DavidLeMarrec a écrit:

Benedictus a écrit:

une intégrale Jeanne Demessieux!)

Oh, ça m'intéresse ça !  (c'est de la bonne musique, mais je n'en ai quasiment pas croisé au disque jusqu'ici !)

Apparemment, ça n’existe que sous la forme d’un CD à commander chez l’organiste...

@ DLM + Xavier / J.S.

Je ne pensais pas argumenter sur le fond, mais plutôt relever chez David ce qui peut apparaître comme une forme de ritournelle - avec sa dose de provoc quand même, et dont au fil des ans je me serais accommodé.

Je pensais que le smiley initial disait clairement que je m'en amusais et ne partais pas en guerre.

Je me suis trompé. Pour moi l'"incident" est clos, et suis tout disposé à l'éclaircir en M.P si vous le souhaitez

PS : et je pense (j'espère tout au moins) ne réduire ni l'un ou l'autre d'entre vous à ce désaccord sur la place de J.S.Bach ou à nos ressentis personnels très différents quant l'écoute de son œuvre.