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| Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky | |
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Auteur | Message |
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DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97900 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Lun 30 Oct 2017 - 20:49 | |
| - clemensnonpapa a écrit:
- D'ailleurs, je me rappelle avoir été aussi très agréablement surpris par cette même distribution, lors de l'écoute comparée de la Musique pour cordes de Bartók...
Y a-t-il d'autres disques Jansons/Oslo de cette qualité ? Les Sibelius bien sûr (2,3,5,7) chez EMI ; il y eu mieux dans le genre limpide et élancé depuis (Oramo, Rattle, Storgårds…), mais à l'époque, c'était assez original (il y avait des Sibelius nerveux, mais plus épais, comme Bernstein-NYP, Ashkenazy ou les deux intégrales Maazel) et vraiment très réussi, malgré les prises de son EMI pas très détaillées. Et puis ses Tchaïkovski chez Chandos, de très loin la meilleure intégrale à mon avis (enfin si, j'aime presque autant Masur, pour d'autres raisons) : il y a là un sens de la danse incroyable, qui sans en faire une bigarrure folklorique, réussit des aspects souvent gommés par les autres (la Troisième Symphonie en particulier), tout en portant les plus célèbres à un rare degré de virtuosité formelle. Plus récemment, la Septième de Mahler lumineuse et très enthousiaste que je mentionnais ci-dessus. Beaucoup moins couvaincu par son intégrale Rachmaninov (Symphonies, Poèmes symphoniques, Concertos), mais il faut dire que je n'aime pas trop ces œuvres – sauf les concertos, mais ça ne m'a pas du tout marqué dans cette version, alors que j'aime beaucoup Rudy. Il faudra que je retente, c'était il y a très longtemps (probablement le premier coffret, hors opéra, que j'aie acheté). En tout cas, ça j'en suis assez sûr, prise de son très étroite et « bouchée », dans le goût des Mahler et Szymanowski de Rattle à Birmingham. |
| | | abbado71 Mélomane averti
Nombre de messages : 200 Age : 31 Date d'inscription : 19/10/2009
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Lun 30 Oct 2017 - 21:15 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- clemensnonpapa a écrit:
- D'ailleurs, je me rappelle avoir été aussi très agréablement surpris par cette même distribution, lors de l'écoute comparée de la Musique pour cordes de Bartók...
Y a-t-il d'autres disques Jansons/Oslo de cette qualité ? Les Sibelius bien sûr (2,3,5,7) chez EMI ; il y eu mieux dans le genre limpide et élancé depuis (Oramo, Rattle, Storgårds…), mais à l'époque, c'était assez original (il y avait des Sibelius nerveux, mais plus épais, comme Bernstein-NYP, Ashkenazy ou les deux intégrales Maazel) et vraiment très réussi, malgré les prises de son EMI pas très détaillées.
Et puis ses Tchaïkovski chez Chandos, de très loin la meilleure intégrale à mon avis (enfin si, j'aime presque autant Masur, pour d'autres raisons) : il y a là un sens de la danse incroyable, qui sans en faire une bigarrure folklorique, réussit des aspects souvent gommés par les autres (la Troisième Symphonie en particulier), tout en portant les plus célèbres à un rare degré de virtuosité formelle.
Plus récemment, la Septième de Mahler lumineuse et très enthousiaste que je mentionnais ci-dessus.
Beaucoup moins couvaincu par son intégrale Rachmaninov (Symphonies, Poèmes symphoniques, Concertos), mais il faut dire que je n'aime pas trop ces œuvres – sauf les concertos, mais ça ne m'a pas du tout marqué dans cette version, alors que j'aime beaucoup Rudy. Il faudra que je retente, c'était il y a très longtemps (probablement le premier coffret, hors opéra, que j'aie acheté). En tout cas, ça j'en suis assez sûr, prise de son très étroite et « bouchée », dans le goût des Mahler et Szymanowski de Rattle à Birmingham. On peut rajouter ses Honegger de références et son triptyque romain de Respighi aussi avec Oslo. Et un live de Petrushka avec le Concertgebouw absolument magistral pour rester dans Stravinski mais en quittant Oslo |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Lun 30 Oct 2017 - 21:19 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- De ma liste, il reste un très célèbre (il y aura au moins une version de ce chef), et un publié récemment, pas largement distribué, qui n'a vraisemblablement pas pu être testé.
- Mes pronostics:
La très célèbre: Bernstein / LSO. La publiée récemment: au pire Currentzis, au mieux Litton / Bergen.
- DavidLeMarrec a écrit:
- Les Sibelius bien sûr (2,3,5,7) chez EMI ; il y eu mieux dans le genre limpide et élancé depuis (Oramo, Rattle, Storgårds…), [...]
[Les Rachmaninov:] prise de son très étroite et « bouchée », dans le goût des Mahler et Szymanowski de Rattle à Birmingham. Mais justement, les Sibelius ne sont pas eux aussi gâchés par cette prise de son? |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Lun 30 Oct 2017 - 22:03 | |
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| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97900 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Lun 30 Oct 2017 - 23:26 | |
| - Benedictus a écrit:
- DavidLeMarrec a écrit:
- De ma liste, il reste un très célèbre (il y aura au moins une version de ce chef), et un publié récemment, pas largement distribué, qui n'a vraisemblablement pas pu être testé.
- Mes pronostics:
La très célèbre: Bernstein / LSO. La publiée récemment: au pire Currentzis, au mieux Litton / Bergen.
Je ne réponds pas tout de suite pour laisser à Mélo le soin des révélations. Dans tes propositions, une exacte, une fausse mais que j'aime bien, et une parmi les quatre que j'aime le moins. - Citation :
- Mais justement, les Sibelius ne sont pas eux aussi gâchés par cette prise de son?
H.S. : - Spoiler:
Non, vraiment pas. Je veux dire qu'il y a plus transparent, mais c'est magnifique est enthousiasmant quand même, parce que son spectre est déjà très aéré.
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| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Lun 30 Oct 2017 - 23:42 | |
| Au 3° rang du classement général : SVAROG éliminé ! Une version que certains comme Ravelavélo ont soutenue tout au long du jeu. Mais surtout une version clivante qui a recueilli d'importants écarts à chacun des quatre tours, semant même le trouble chez certains auditeurs comme Bloups qui pour les tours deux-quatre a successivement évalué 2/10, 10/10, 4/7.- Qui était Svarog au premier tour ? :
Svarog était Dodola qui se plaçait en troisième position du groupe E, avec une moyenne à 6,8/10 -plus d'un point derrière Muti et Svetlanov.
Anaxagore : 7/10 Bonne prise de son, un peu distante mais sans trop de réverbération. L’introduction est bonne mais sans grande originalité. Il m’a semblé entendre une toux étouffée. Serait-on en public ? Les augures sont exécutés au tempo giusto par un orchestre suffisamment précis et transparent aux timbres assez rêches. Cette version ne joue en tout cas pas la carte de la sensualité immédiate. Les trompettes détachent excessivement leurs accords, 5 mesures après 28. On entend bien les huit cors à 29. À 43, la synchronisation est perfectible (les timbales juste avant 44 !!!). Dans l’ensemble tout cela est bien, mais rien ne m’enthousiasme absolument.
Clemens : 6/10 Pas mal de souffle pour cette version. L'intro commence bien, avec une ambiance soignée, puis elle ralentit, devient un peu statique, peu engageante. Les Augures sont plus vivants, au moins au départ, car ça retombe un peu plus loin. Dodola tourne parfois à vide (5'45) et ne raconte pas grand-chose. Le Jeu du rapt est bien mieux, avec des percussions bien nettes.
Benedictus : 6/10 Un gros orchestre à la sonorité très ample et un peu ronde mais assez généreux en couleurs (le tout souligné par une prise de son assez riche) - a priori pas trop ma tasse de thé, donc. La direction est d’une maîtrise assez imparable, certes, mais je la trouve vraiment trop «stabilo»: elle tend à surligner (de façon parfois même un peu trop spectaculaire, voire bruyante) les effets extérieurement les plus évidents de la partition, plutôt que de se risquer à en faire ressortir les logiques internes ou à en proposer une interprétation plus personnelle. C’est très bien fait mais pas spécialement délicat et ça me laisse sur ma faim.
Warren : 5/10 Introduction assez atmosphérique, orchestre qui se tient tout à fait bien, avec des bois étonnamment narquois pendant les Augures, des trompettes nettes mais jamais envahissantes... d'où vient alors un très net sentiment d'ennui qui me prend ça et là, même à la réécoute ? En fait, c'est typique d'une version où il n'y a selon moi pas grand chose à reprocher et c'est bien là le problème : pas de saillance, une vision globale qui manque de sauvagerie et même, tout simplement, d'impact physique, malgré un léger mieux pendant le Rapt où les cuivres (glissandos) et les percussions se réveillent un peu. Après une écoute totale du groupe, je confirme mes 1ères sensations : c'est honorable, mais en rien marquant...
Ravelavélo : 9,5/10 Belle réverbération au début, donne une bonne impression d'agréable perspective, beau mélange parmi les instruments, ça me plait assez pour son aspect primitif, exotique et sauvage, le discours musical est bien étalé, manque peut-être un peu de sonorités graves, les aigus un peu aigrelets, mais c'est bien compensé par les cordes bien centrées avec les trompettes tout près, la petite Marche se fait avec un peu trop de retenue, léger manque d'ouverture, par contre les percussions sont toutes en puissance, assez ahurissantes à entendre. Cette version est d'importance pour sa fougue, voire sa violence, l'orchestre se déchaine et ça laisse une très forte impression.
Cello : 8/10 On commence de manière un peu lointaine. Je ne suis pas fan du solo de basson, trainant et aboyant en alternance. L’entrée des autres instruments est assez convaincante mais confuse parfois et crée pas vraiment d’excitation. Les pizzicatos sont très bien mais encore une fois un peu trop discrets à la première apparition. J’aime par contre beaucoup les accents dans les augures printaniers, on avance et sur un bon tempo à mon sens. Les tricotages en arrière-plan sont bien audibles et de façon générale, les interjections de l’orchestre plutôt réussies : les notes répétées rapidement sont même impressionnantes vers la fin et les percussions bien sonnantes. Malheureusement, on a des cuivres un peu vilains vers 6:00. Les danses des adolescentes marquent bien leurs appuis même si j’aimerais globalement plus d’énergie. La fin est d’ailleurs assez lente. Une lecture analytique, intéressante mais qui manque légèrement de vitalité.
Xavier : 6,5/10 J'aime beaucoup la prise de son, très claire, précise. (un petit peu de souffle mais ça ne me gêne pas) Tout me va très bien jusqu'à ces trompettes vraiment trop en dehors à 3'56, jusqu'à même ce petit pain à 4'05. Tiens, une bizarrerie à 5'06, les violons II entrent arco alors qu'ils sont censés être col legno. A 7'00, encore des trompettes qui pétaradent et couvrent tout, on n'entend presque pas la réponse des 4 flûtes. (alors qu'elles sont f et les trompettes mf) En fait les trompettes ici ne connaissent pas le p et le mf pourtant assez souvent écrits, c'est tout f ou ff, c'est tout de même un peu embêtant pour les équilibres et la puissance des crescendos. C'est bien mais pas emballant, pas hyper beau ni hyper sauvage.
Mhnuym : 6,5/10 Une bonne version mais sans peut-être un peu trop neutre. La prise est claire malgré le souffle pas vraiment gênant. Dans l'introduction, on entend bien les différents instruments même je n'aime pas trop le son du basson. Un tempo assez allant pour les augures mais les trompettes couvrent vraiment trop le reste à certains moments.
Eusèbe : 6,5/10 L'appel du basson semble venu de loin. Belle clarté des cuivres et bois. Mais ça manque d'un je ne sais quoi de plus sauvage qu'on attend dans une telle oeuvre. Rien de dommageable, mais pas d'inspiration particulière ici. Un peu sage.
- Qui était Svarog au second tour ? :
Svarog était Pscipolnitsa, avec une moyenne de 6,8/10 dans le groupe C qui la situait là encore plus d'un point derrière Muti. Beaucoup de bonnes notes, mais un 2/10 infligé par Bloups.
Marchoukrev : 7/10 Un peu de mal à rentrer dans les rondes printanières, qui sont vraiment lentes. Cuivres très stridents aux alentours des deux minutes, peut-être un effet de la prise de son. En tout cas ça réveille : le contraste avec les rondes un peu molles est assez surprenant. Le jeu des cités rivales est bien meilleur. Là encore, une version assez engagée, avec du rythme et de la violence. La prise de son n’est pas très flatteuse mais ce n’est pas encore rédhibitoire. La Danse de la terre est le meilleur passage. Elle démarre au quart de tour en tout cas. Parfaite exécution, à un défaut près : on n’entend pas assez les cordes (problème de micros probablement).
Anaxagore : 6,5/10 Encore une belle prise de son. L’orchestre, de qualité un peu inférieure, est capté d’assez près sans réverbération. Le tempo des Rondes est assez allant et les cordes détachent bien leurs noires. Par contre, les doubles croches des timbales à 53 sont savonnées. Les numéros 54 et 55, pris rapidement, sont très incisifs : c’est bien. On notera le tempo ritenuto assez outré et caricatural à 58. La polyrythmie du Cortège du Sage est bien au rendez-vous et le prestissimo de l’Adoration de la terre dépote vraiment. Mais j’ai au total le sentiment d’une moindre maîtrise ; et aucune valeur ajoutée ne vient pallier celle-ci.
Ravelavélo :8,5/10 L'unité de l'oeuvre semble meilleure ici, tout comme la qualité sonore claire et limpide, beaux effets percussifs, excellente perspective, belle présence des violons qui sont expressifs, très animés et agiles, ici sans doute la meilleure direction d'orchestre qui ne cède pas à la tentation des effets gratuits qui vont font sursauter. Il ne faut pas aller trop loin dans les extrêmes: on entend rien et soudain tout explose, ici moins que dans les deux versions précédentes. Tempo plutôt lent, mais pas tout au long. J'imagine la difficulté de bien équilibrer la dynamique d'une telle oeuvre pour ne rien perdre dans les moments calmes versus les fortissimos qui explosent et qui peuvent saturer le son et être désagréable à l'écoute, ce qui n'est as le cas ici.
Abbado : 7/10 Versions assez classique qui ne m’emballe pas vraiment mais qui est pourtant belle, avec du détail mais je ne trouve pas de cohérence dans le propos (de profondeur). Pour moi cela manque de sauvagerie. Mais globalement je n’ai pas pas grand-chose à reprocher, surtout que ça mont en puissance.
Roderick : 8,5/10 Une prise de son qui me plait assez dans la mise en avant (parfois excessive ?) des cuivres. Tempo initial qui me sempble un peu trop lent mais ça n'empêche pas une certaine vivacité. Les Cités Rivales me plaisent beaucoup, ainsi que la Danse de la Terre. Une version qui ne joue pas d'effets "faciles" mais qui, en particulier à la seconde écoute, m'a conquis.
Bloups : 2/10 La première chose qui marque dans les Rondes Printanières c’est que les vents paraissent bien loin (surtout les bois). Les altos qui ont le thème sonnent plutôt moches. Et les motifs rythmiques sont beaucoup trop saccadés. Dans le tutti il y a un peu (beaucoup en fait) trop de cuivres. Le vivo est très vif (et toujours trop de cuivres). On dirait que le chef veut faire ressortir tous les jeux possibles sur les nuances/tempo là où la partition offre la possibilité (c’en est caricatural dans le début des Jeux, là où il y a trop de cuivres). Le Cortège est très en place, surement trop, ça n’avance pas assez (et il y a toujours trop de cuivres). Le Sage arrive au bon moment pour une pause salvatrice pour les oreilles ici. La Danse de la Terre sonne très musique hollywoodienne dans le grain des cuivres (orchestre/chef américain(s) ?). Le crescendo final est pas mal fait mais dur de monter quand les cuivres sont depuis le début trop forts. Trop de cuivres, trop d’effets et peut-être pas assez de Stravinsky. Je n’aime pas du tout.
Xavier : 7/10 Voilà ce qui ressemble à mon idéal pour ces rondes: cordes profondes, grosse caisse audible, sans plus, tempo mesuré, sonorité voluptueuse et climat légendaire, prise de son très claire, un peu de souffle mais ce n'est rien. Le tam-tam est un peu faible pendant le tutti, ça n'explose pas assez, c'est un détail mais ça change pas mal de choses. Pain de trompette dans l'aigü à 2'33, assez dommageable. A 3'27 le ritenuto demandé est vraiment exagéré, effet que je trouve assez ridicule. Les cors canardent un peu trop par moments. A partir de 3'57 les pizz de cordes ne sont pas très clairs, et parfois un peu en retard sur le reste. (à moins que ce ne soit l'inverse) Version un peu ENORME, efficace et réussie dans son genre, mais pas très fignolée dans le détail je trouve, manquant de raffinement.
Fomalhaut : 8/10 Quasiment la même durée que la précédente ! Un début lent et mystérieux, une suite dynamique mais un peu trop pesante, à mon sens. L'impression finale est cependant celui d'une interprétation bien construite. Pas mal.
Clemens : 5,5/10 Les rondes sont déséquilibrées par des bois trop en retrait. Dans le vivo, les cuivres sont trop forts (et il me semble avoir entendu un pain). Le ralentissement des jeux est outré, ce n'est pas très seyant. A 4'05, la montée des contrebasses claque bien et le cortège est réussi. La danse souffre d'une balance étrange. Presque tout se passe à gauche, laissant la percu gronder seule à droite.
Cello : 8/10 Rondes Printanières. Le tempo est bon mais il y a un léger manque de fluidité. Les cordes râpent comme je veux. Tout considéré, ça commence plutôt bien. La reprise est intense mais encore un peu raide, les cuivres en fusion captent l'attention. Jeu des Cités Rivales, tout en contrastes (tempo, volume), les cuivres persévèrent dans leur folie et gagnent mon adhésion. Le Cortège du Sage déborde de fougue tout en ménageant une fin pleine de mystère, l'effet global est réussi. L'Adoration de la Terre débute un peu en surface mais bénéficie d’un crescendo bien géré. Une version qui a des atouts certains, en particulier les cuivres qui font le show, mais qui manque un tout petit peu de souplesse.
- Qui était Svarog au troisième tour ? :
Svarog a connu là son heure de gloire sous l'avatar de Didilia : largement en tête du groupe B (presque deux points devant son challenger !) et en seconde position du classement général, un point derrière Triglav -version finaliste non encore révélée Roupoil et Fomalhaut restèrent tièdes, mais on compte plusieurs 9 et 10/10.
Anaxagore : 8/10 Très bel orchestre très bien enregistré dans une salle avec pas mal de réverbération. Le tempo adopté est très, très, très lent. On sent un chef qui veut jouer la carte du mystère, mais cela en devient un peu anémique. À 91, avec les Cercles, cela accélère légèrement mais très peu. L’accélération est plus franche à 93. Le son est assez massif avec des basses très présentes. Je ne suis pas trop convaincu par cette partie lente. La Glorification de l’élue, qui contraste avec violence, est par contre tout à fait remarquable. C’est très axé sur la puissance avec des cuivres qui déchirent et des percussions remarquables. Les timbales sont impeccables. C’est de bon augure (sans mauvais jeu de mots) pour la Danse sacrale. Dommage pour cette partie lente qui s’enlise un peu.
Bloups : 10/10 Cette introduction est assez magique ! D'une lenteur assez extrême mais qui ne gâche rien à la beauté de cette musique. On entend de très beaux détails. Les violons sont magnifiques, le violon solo a un très beau son aussi mais manque peut être d'un peu de synchronisation avec flute et hautbois. Pas grand chose à dire sur le reste de cette intro mais c'est L'avantage d'un tempo lent c'est que toutes les minimes variations de tempo demandées pour faire ressortir les dynamiques s'entendent. Tous les piu mosso sont bien exécutés et la transition avec les Cercles rend la chose assez magique. Il y a un contrôle des dynamiques excellent, les parties plus rythmées (sur les pizz des cordes) sont très bien faites ! La transition avec la Glorification est plutôt brutale (c'est ce qui est demandé en même temps) mais ça reste dans la bonne route. On avance vers quelque chose, il y a une vraie vision, construction cohérente de l'ensemble. C'est peut-être un peu trop massif mais c'est brillant. Excellent.
Roupoil : 5/10 Le début est lent comparé aux autres concurrents du groupe, mais c'est très maitrisé. On entend les détails, simplement le tempo tend à rendre la lecture un peu scolaire, ça manque de contrastes dynamiques. On finit tout de même par rentrer dedans et se laisser bercer par ce bel orchestre. Pas grand-chose à dire, tout est bien exécuté et reste dans cette optique ample, du moins jusqu'à l'accelerando à 102 qui est beaucoup trop direct et rate son effet (forcément, c'est brutal après un tel début). La fin est à nouveau relativement lisse, c'est très très bien exécuté, l'équilibre entre les timbales et l'orchestre est bon, mais on aurait quand même envie d'aller secouer un peu cet orchestre qui a sûrement les moyens de faire beaucoup plus. Je suis globalement déçu.
Xavier : 8,5/10 Un peu de souffle mais ça sonne très bien, large, clair. Le début est très lent et très mystérieux, j'aime beaucoup. Parfois les vents ne sont pas tout à fait justes, on sent un live très tendu (malgré le tempo) et sur des oeufs. Par contre avec ce tempo il faut reconnaître que le passage des trompettes seules finit par paraître bien bien long... La Glorification de l'élue est tout bonnement géniale, sauvage, urgente, tendue, puissante, je regrette juste les "pouet" de tubas assez moches.
DBL : 7/10 Prise de son claire je me sens en immersion. L’ambiance mystérieuse est bien restituée, quelque chose se construit et s’installe. Beaux timbres. Version un peu sage dans les passages lents. On termine avec une glorification très animée. Ensemble cohérent et pas mal du tout.
Ravelavélo : 10/10 Dix minutes pile au chrono! Version léthargique, soporifique? Qualité sonore un brin au-dessus de la moyenne qui lui confère une certaine douceur, le climat est à la détente dans la première partie du moins puis le mystère s'installe avec une ambiance assez intense, les pauses sont ici bien marquées comme on peu s'en douter, on capte bien les détails. Les deux dernières minutes nous réservent du tonitruant de bonne facture dans une excellente interprétation "live" avec très peu de bruits dans la salle.
Benedictus : 9/10 Très bien. J’imagine qu’on critiquera la lenteur de l’Introduction et des Cercles mystérieux, mais personnellement, je trouve ça très réussi, car il y a un travail très fouillé sur la tension/détente dans les phrasés et sur de légères variations de dynamiques qui installe un climat de mystère et de tension vraiment prenant. La mise en place y est en outre très précise: on perçoit vraiment bien les tuilages entre les pupitres, et le solo de violoncelle possède un beau relief. J’ai un peu moins aimé le passage aux trompettes, trop indolent, qui semble marquer une baisse de tension. La Glorification est excellente - éruptive, d’une poussée irrésistible, et en même temps d’une grande maîtrise (beau relief des timbales). Seule réserve: les timbres instrumentaux ne sont pas assez typés pour me séduire totalement (c’est clair et un peu lisse là où j’aime des couleurs plus crues et des textures avec plus de grain).
Clemens : 10/10 Version très lente, expressive, avec de belles couleurs. Quelques bruits parasites de ci de là, mais qui ne gênent en rien ce qui semble être un live très bien enregistré. La lenteur pourrait être rédhibitoire, mais il n'en est rien. La narration est bien contrôlée, Bidilia ne perd jamais le fil, ce qui n'est pas du tout évident dans ce morceau. La mise en place est impeccable, les phrasés sont soignés. Malgré tout, dans les cercles, la lenteur comment à peser un peu. La glorification rompt avec ce parti pris, c'est une excellente surprise. La timbale est bien charpentée, ça tabasse comme il faut. Il manque peut-être un grain de folie mais ça reste excellent. Impressionnant pour un live !
Fomalhaut : 5/10 Une interprétation bien construite : après un début pesant et massif qui donne un sentiment de mystère, cela s'éclaircit et s'anime. Mise en place soignée et phrasés nuancés. Lenteur certaine que d'aucuns trouveront excessive mais me semble globalement adaptée à ce passage. Orchestre de qualité. L'enregistrement parait toutefois manquer de finesse et être excessivement réverbéré, du moins sur mon installation. Ceci écrit, l'ensemble laisse l'impression d'une leçon de direction d'orchestre plutôt que celle d'une interprétation habitée.
Roderick : 9,5/10 On attaque fort avec une version live qui prend le temps d'installer une atmosphère mystérieuse et qui finit en fanfare. Malgré les qualités de Morana et Perun, ma préférée du groupe.
- Vos commentaires au quatrième tour :
Après un éclatant troisième tour, l'ignivome Svarog connaît ici un retour de flammes, avec une moyenne inhibée à 5/7, et d'importants écarts entre les auditeurs.Clemens : 2/7 Ça commence assez lentement, et c'est plutôt réussi. Là, il y a du caractère. En revanche, dès l'entrée du cor anglais de l'action rituelle, c'est le désenchantement. Le pauvre bougre n'est pas très assuré, la note flotte sans grande justesse. A 2'24, les cordes sont trop poussées en avant. Le son est un peu "brut", avec des cuivres rugueux qui peuvent se révéler stridents par moments. Ce n'est pas forcément un mal, mais ici, quand ça fanfaronne, ça fait bazar. Globalement, ce n'est pas aussi bien tenu que les autres finalistes. Quant à la danse, un ralentissement incongru ruine son élan vers 7'20...
Abbado71 : 5/7 Le début est criant, agressif à souhait. L'orchestre soutient la aussi le chef comme un seul homme. Le tempo est plus lent que Jarillo ce qui ne pose pas de problème avec tant d'agressivité dégager. Cette agressivité disparait peu à peu d'ailleurs avant de revenir dans la danse sacral que je trouve un peu confuse cependant (mais de qualité quand meme , je ne fait pas la fine bouche) . Certains déséquilibres dans le tempos me posent un peu problème (bien qu'ils soient volontaires) et je ne trouve pas qu'il apporte grand choses. Mais globalement c'est quand même très bon par l'atmosphère et l'agressivité de cette version.
Fomalhaut : 5/7 Un enregistrement stéréophonique très large et un orchestre de qualité...Les cordes sont très "confortables" et sonnent magnifiquement. L'interprétation est très nuancée mais les phrasés sont quelques fort banals et un rien trop appuyés. Impression désagréable, l'orchestre recule à la moitié du parcours et la fin est confuse. Une prise de son inégale qui dévalue l'interprétation, à mon sens et sur mon installation. Pas mal mais trahi par la technique !
Eleanore-clo : 6,5/7 Svarog aura-t-il réussi à forger la version idéale qui nous éclairera de sa beauté ? Un début très posé. Les timbales à l’honneur face à des cuivres un peu en retraite. Une version très analytique à 0mn45. Chaque instrument fait entendre sa voix. A 1mn30, une ambiance mystérieuse qui me fait étrangement penser à Lakmé et à son « où va la jeune hindoue ». Du souffle, l’enregistrement ne doit pas être de 2017 ! 2mn07, l’atmosphère ténébreuse, presque occulte se déploie avec à 2mn20 un dialogue entre les flûtes et les cordes. A 2mn55, une marche vers la mort. Les ancêtres sont sanguinaires ? Le retour des clarinettes fait de nouveau penser à l’Inde. Et pourtant, nous sommes en Russie ! Un point commun que Nehru et Khrouchtchev n’auraient pas renié ! A 4mn19, les grands coups d’archet déchirent la toile sonore comme un couteau déchirerait un drap. A 5mn17, une union diabolique des cordes et des cuivres qui se conforte à 6mn01. A 6mn34, il se confirme que la version prend son temps, assoit les choses. A 7mn09, une luxuriance de cuivres ! A 7m57, la vitesse d’exécution, relativement lente, donne un petit côté saccadé comme si l’élue, hypnotisée, avançait d’un pas heurté, convulsif. Une fin hallucinée à 8mn40.
Cello : 6,5/7 Ça en jette tout de suite, avec de vrais coups de fouet ainsi que des cordes mugissantes et caverneuses. Le tempo paraît assez pressant, plus rapide que Jarilo mais après vérification, cela ne semble être qu’une illusion due sans doute à un discours plus tendu. Il y a davantage de détails que dans la version précédente. Clairement, on est à un ou deux degrés de finition plus haut. L’Action Rituelle des Ancêtres se fait explosive et offre des bois mieux articulés que chez Jarilo, c’est franchement virtuose. La Danse Sacrale est violemment extatique, comme je pouvais l'espérer. Il y a une ou deux choses auxquelles je trouverais à redire: des transitions un peu imprécises et un final légèrement confus dans son bouillonnement halluciné mais en conclusion, avec un orchestre superlatif et une direction qui arrache et qui sait ce qu'elle veut, cette lecture prend facilement la tête.
Bloups : 4/7 Début beaucoup plus lent. Ca résonne et ça brille aux cuivres ! Dans l’Action rituelle, on revient dans une dimension plus conventionnelle. Le cor anglais est aussi beau dans le thème qu’il est important en base rythmique de la flûte alto. Les tremolo aux cordes sont aussi bien menés. Le problème : les tuttis : trop de cuivres beaucoup trop généreux et de la place pour personne d’autre. Et dans le second gros tutti du tableau, les percussions sont beaucoup trop en avant. La Danse Sacrale se veut dès le début irrégulière pour saisir l’auditeur. Pourquoi pas, les impacts aux cuivres me gênent beaucoup, ce qui devient gênant quand les trompettes ont leur motif descendant qui en est parfois stridant. Au fur et à mesure qu’on avance dans le tableau, ça s’accélère, ça s’intensifie mais le déséquilibre de la prise de son est trop gênant pour moi (la partie autour de 7’30 avec les accords scandés au violon montre le sommet du problème de la présence des cuivres enregistrés ici). Par contre l’approche de l’accord final avec la montée en tension et la percussion qui ouvre le dernier accord, tout cela est plutôt bien fait et agréable. => Dommage les cuivres.
Ravelavélo : 6/7 Léger recul des micros qui donne une perspective un peu lointaine et une vision globale sur l'orchestre. Intéressant comme approche musicale, peut-être une version un peu ancienne. Percussions nettement plus présentes ici dès le début. Peut-être moins chatoyant que Jarilo. c'est bien rythmé, on capte bien les détails, les notes stacatto sont nettement perceptibles. Le suspens surgit, version intense qui capte davantage mon attention que la précédente.
Anaxagore : 1/7 La sonorité de l’orchestre est moins ronde, avec des cuivres nettement plus acides. L’Evocation des ancêtres adopte un tempo heureusement plus lent que dans Jarilo. Le lento de l’Action rituelle est par contre assez allant. Le cor anglais à 129 et à 130 a des problèmes de justesse. À 132, je n’aime vraiment pas le phrasé des trompettes : elles sautillent de manière ridicule, s’inventant un staccato non écrit. La Danse sacrale est prise assez rapidement. Si l’orchestre a une sonorité plus aigre et rauque qui est ici bien en situation, sa maîtrise technique est par contre nettement moindre que dans Jarilo : çà et là, on sent qu’il atteint ses limites. Dans l’absolu, tout cela n’est pas mal, mais cette version est pour moi nettement inférieure à la précédente.
Eusèbe : 6/7 Orchestre puisssant, aux percussions qui claquent. Pour le Sacre, je trouve cette violence particulièrement bienvenue.
Benedictus : 6/7 Des timbres et des textures assez extraordinaires, avec énormément de couleurs et de relief. L’interprétation est très engagée, presque brutale dans la gestion de la dynamique et cinglante dans les accentuations - tout à fait le genre «méchant» que j’aime. Seul reproche: des fluctuations de tempo souvent contre-intuitives (certains ralentissements). C’est peut-être ponctuellement un peu moins «propre» que les autres versions (c’est un live?), mais j’en aime le côté physique et très habité.
Xavier : 6/7 Prise de son spectaculaire et très claire, transparente même. (un peu de souffle sur la bande, mais ce n'est pas très gênant) Version plus vivante, plus charnue, un live il me semble. A 3'10 je ne comprends pas ce qui se passe dans les percussions, on entend un double coup de timbales systématiquement sur les contretemps au lieu des deux timbales ensemble. Ca ressemble vraiment à quelque chose de rajouté, ou alors les deux notes sont faites comme une sorte d'arpégé, en tout cas je n'aime pas du tout. (ou alors c'est une question d'édition?) C'est un peu moins rapide que Jarilo, mais c'est plus méchant, plus sauvage, il y a ici une vraie explosion des timbres. Par contre je suis vraiment déçu du tempo pris à 7'19 qui marque un vrai ralentissement par rapport à ce qui précède et pour moi ça gâche un peu ce passage (un des plus incroyables de l'oeuvre), même si ça correspond bien au tempo métronomique indiqué sur la partition. (mais il est bien demandé de garder le même tempo que précédemment) Timbales pas exactement en place sur la toute fin. Qu'est-ce que c'est que ce bruit bizarre juste avant le tout dernier accord?? En tout cas ça n'est pas sur la partition. Version géniale, mais avec 2-3 trucs bizarres quand même.
Pipus : 6/7 Une prise de son qui me plait, des percussions brutales qui nous plongent dans la violence de la scène. Malgré quelques légères pertes de tension, j'ai été pris par l'élan général de cette version qui telle Svarog, crache le feu.
- Mais qui donc était Svarog ? :
Un des plus vieux enregistrements parmi les trente sélectionnés, et en tout cas le seul qui soit allé aussi loin dans la course. La prise de son, fort ample et réverbérée, contribue à la spatialisation des sortilèges. Ça nous vient d'un multirécidiviste, un des chefs dont on possède plusieurs témoignages dans le Sacre. Le label WHRA a même édité une bande avec le même orchestre, capté en février 1951 -le jeune maestro avait 32 ans.- Voilà donc la version classée 3° sur trente :
Leonard Bernstein, Orchestre philharmonique de New York (CBS, janvier 1958)
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| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97900 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Lun 30 Oct 2017 - 23:50 | |
| Une de tes chouchoutes, n'est-ce pas ? Découverte grâce à toi il y a quelques années, en tout cas. J'aime beaucoup, mais il y en a une autre de lui que j'aime encore plus : moins sauvage (encore que ce ne soit pas non plus complètement débridé ici), d'une certaine façon plus juste (un peu moins de violence et un peu plus de danse et de couleurs, disons). |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Lun 30 Oct 2017 - 23:59 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
Une de tes chouchoutes, n'est-ce pas ?
Absolument ! Au rayon sauvage/saignant, je la range au même rayon que Dorati/Minneapolis (même si la prise de son Mercury est radicalement opposée), Solti/CSO ou Monteux/SFSO, qui furent toutes précédemment éliminées. - DavidLeMarrec a écrit:
Découverte grâce à toi il y a quelques années, en tout cas.
Ah tiens, j'avais oublié. - DavidLeMarrec a écrit:
J'aime beaucoup, mais il y en a une autre de lui que j'aime encore plus
Oui, avec le LSO, là je me souviens qu'on avait discuté des mérites respectifs de ces versions. Là seule chose que je préfère dans la conventionnelle version londonienne, c'est la pochette A choisir, je lui préfère encore le live chez DG avec le Philharmonique d'Israël. Bien plus spontané, avec des transitions très naturelles, des bois très fleuris. Même si l'orchestre a l'arrière-train un peu lourd parfois, notamment les cordes.
Dernière édition par Mélomaniac le Mar 31 Oct 2017 - 0:07, édité 1 fois |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91579 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Mar 31 Oct 2017 - 0:03 | |
| - Mélomaniac a écrit:
- DavidLeMarrec a écrit:
Une de tes chouchoutes, n'est-ce pas ?
Absolument ! Au rayon sauvage/saignant, je la range au même rayon que Dorati/Detroit (même si la prise de son est radicalement opposée), Solti/CSO ou Monteux/SFSO, qui furent toutes précédemment éliminées.
Tu veux dire Dorati/Minneapolis? |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97900 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Mar 31 Oct 2017 - 0:08 | |
| - Mélomaniac a écrit:
- Oui, avec le LSO, là je me souviens qu'on avait discuté des mérites respectifs de ces versions.
Là seule chose que je préfère dans la conventionnelle version londonienne, c'est la pochette A choisir, je lui préfère encore le live chez DG avec le Philharmonique d'Israël. Bien plus spontané, avec des transitions très naturelles, des bois très fleuris. Même si l'orchestre a l'arrière-train un peu lourd parfois, notamment les cordes. Le Philharmonique d'Israël est quand même bien à la peine dans ses années, il se prend un peu le décor dans ce Sacre (au moins pour les timbres, mais il me semble que même pour la netteté de mise en place, ce n'était pas fameux…). Non, je n'aime vraiment pas, alors que le LSO a une éloquence toute particulière, déchaînée, certes, mais avec une juste mesure poétique dont manque la version NYP (excellente néanmoins). Bon, Benedictus avait donc trouvé celle-là, celle que j'écoute le plus volontiers avec Jansons-Oslo. Reste la quatrième qui ne figure probablement pas dans le panel (mais qui aurait pu aller loin, considérant la prise de son extraordinaire de réalisme qui fait la particularité du label). Nous verrons. |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Mar 31 Oct 2017 - 0:10 | |
| - Xavier a écrit:
Tu veux dire Dorati/Minneapolis?
Oui merci, gros lapsus, je pensais Minneapolis et j'ai écrit Detroit. La version Decca fut une de mes premières en CD, je l'avais acquise en coffret avec les trois grands ballets stravinskiens d'avant-guerre. C'est vraiment autre chose, une approche plutôt large et symphonique. |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91579 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Mar 31 Oct 2017 - 0:11 | |
| Je préfère très largement cette version Bernstein à ses deux autres. L'écoute en aveugle me confirme que j'aime beaucoup cette version, même si elle est un peu inégale. Celle avec le LSO paraît bien pâle et vieillote en comparaison je trouve, quand à la version d'Israël, effectivement l'orchestre se prend le décor, on peut le dire comme ça.
Dernière édition par Xavier le Mar 31 Oct 2017 - 0:12, édité 1 fois |
| | | Anaxagore Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3094 Age : 59 Date d'inscription : 06/01/2012
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Mar 31 Oct 2017 - 0:12 | |
| Si j'excepte la Glorification de l'élue qui m'a un moment fait penser au paradis, rien ne m'a vraiment enthousiasmé dans cette version ... Je lui trouve certes des qualités mais aussi trop de défauts pour me laisser emporter. Cela dit, quand je vois l'enthousiasme général, je me dis que je devrais la réécouter dans de meilleures conditions .
Dernière édition par Anaxagore le Mar 31 Oct 2017 - 0:28, édité 1 fois |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91579 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Mar 31 Oct 2017 - 0:14 | |
| - Mélomaniac a écrit:
- Xavier a écrit:
Tu veux dire Dorati/Minneapolis?
Oui merci, gros lapsus, je pensais Minneapolis et j'ai écrit Detroit. La version Decca fut une de mes premières en CD, je l'avais acquise en coffret avec les trois grands ballets stravinskiens d'avant-guerre. C'est vraiment autre chose, une approche plutôt large et symphonique.
Moi aussi j'ai beaucoup écouté Dorati/Detroit, chez Decca, couplée avec l'Oiseau de feu sur mon CD. Je crois que c'était ma première version après Ansermet, chez Decca aussi. (que je n'aime plus du tout) Très bien mais très différent de la version Mercury en effet. (comme son Mandarin merveilleux, par exemple) |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Mar 31 Oct 2017 - 0:18 | |
| Je vais m'absenter mercredi, aussi pour ne pas vous faire guetter mon retour, je vais certainement publier la seconde place ce soir, et le vainqueur demain soir. Si vous n'y voyez pas d'inconvénient, -bien sûr : je ne voudrais pas vous infliger trop d'émotions fortes en une seule soirée Mais si vous préférez étirer le suspense, le vainqueur sera annoncé ce week-end. |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91579 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Mar 31 Oct 2017 - 0:21 | |
| Malheureusement, pas de suspense pour moi, jusque là je n'ai vraiment pas cherché à reconnaître, mais là, j'ai bien reconnu une version et j'ai déduit l'autre sans le vouloir...
Par contre je ne sais pas qui est premier et qui est deuxième. (mais ça ce n'est pas très important) |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Mar 31 Oct 2017 - 0:38 | |
| Bernstein / New York - en fait ça correspond assez bien à mon souvenir: des trucs qui me plaisent énormément et d'autres nettement moins côté direction comme côté orchestre, mais un engagement qui finit par l'emporter. Bon, j'attends avec impatience la suite... (Même si l'écoute en continu des deux finalistes m'a finalement moins enthousiasmé que certaines découvertes fragmentées des tours précédents.) |
| | | Ravélavélo Mélomane chevronné
Nombre de messages : 9125 Localisation : Pays des Bleuets Date d'inscription : 28/09/2015
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Mar 31 Oct 2017 - 0:46 | |
| - Mélomaniac a écrit:
- je vais certainement publier la seconde place ce soir, et le vainqueur demain soir.
Si vous n'y voyez pas d'inconvénient, -bien sûr
Je n'en vois aucun. Le suspens a assez duré. |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91579 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Mar 31 Oct 2017 - 0:46 | |
| - Benedictus a écrit:
- (Même si l'écoute en continu des deux finalistes m'a finalement moins enthousiasmé que certaines découvertes fragmentées des tours précédents.)
Si ça se trouve ça a fait ça à tout le monde, et peut-être que ce ne sont les versions préférées de personne... c'est tout à fait possible. |
| | | Ravélavélo Mélomane chevronné
Nombre de messages : 9125 Localisation : Pays des Bleuets Date d'inscription : 28/09/2015
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Mar 31 Oct 2017 - 0:47 | |
| @ Mélomaniac: Et puis on va pouvoir en discuter pendant ton absence.
Dernière édition par Ravélavélo le Mar 31 Oct 2017 - 2:03, édité 1 fois |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Mar 31 Oct 2017 - 1:19 | |
| - Xavier a écrit:
peut-être que ce ne sont les versions préférées de personne...
Certes parfois on a l'impression que les gagnants de ce genre d'exercice ont réussi à se frayer un chemin entre les gouttes, et s'imposent pour des raisons consensuelles. C'est peut-être le cas pour la #2 que je vais afficher dans quelques instants. Mais pour la #1 (que j'afficherai demain soir) ça m'étonnerait qu'elle ait triomphé par le juste milieu, parce qu'avant de remporter la finale, elle s'était imposée : première au classement général du second tour ! première au classement général du troisième tour !! première au classement général du quatrième tour !!! Bref |
| | | Octavian Glasse les fraises
Nombre de messages : 7333 Age : 41 Localisation : Près du Vieux Port Date d'inscription : 07/05/2008
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Mar 31 Oct 2017 - 1:21 | |
| Cette version Bernstein, je l'ai commandée il y a deux mois et demi maintenant, j'attends toujours de recevoir mon CD. |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Mar 31 Oct 2017 - 1:42 | |
| Au 2° rang du classement général : ZORYA éliminé ! Porté par seize auditeurs, le cinquième tour a tranché : 74,2 points pour Zorya et 85,8 pour Stuhac. Zorya revient de loin ! Elle avait de justesse échappé à l'élimination au premier tour ; et dans les suivants, elle sut chaque fois tirer son épingle du jeu sans jamais s'inscrire comme la meilleure.- Qui était Zorya au premier tour ? :
Avec une moyenne de 6,1/10 qui le reléguait au quatrième rang du groupe A, Kresnik avait failli passer à la trappe. Aucun score d'enthousiasme dans le jury, et même un coup de sabre dégainé par Bloups.
Anaxagore : 6,5/10 Ici la prise de son est nettement supérieure, sans trop de réverbération, et avec un très bel orchestre. L’introduction est très belle et très détaillée, avec des timbres délectables. Les augures et les danses sont joués avec précision, dans un tempo très sage, pour une vision assez légère, agreste et détendue de la partition. Je note qu’on entend opportunément les accords de septième aux cors, 3 mesures après 29, mais que les vents sont une nouvelle fois mal synchronisés à 46. Tout cela est très bien mais manque peut-être d’un peu de folie.
Eleanore-Clo : 8/10 Un basson profond qui crie son désespoir. Le soleil se lève. C’est le solstice d’été. Les autres bois tanguent. Tous sont en extase devant le jour naissant. 1mn18, l’orchestre danse. 1mn45, des flutes inquiètes. Une version sombre. Une danse désarticulée à 2mn35. Reprise du basson à 2mn53. Superbes pizzicatos à 3mn16 puis des cordes agressives, comme il le faut. 4mn10 : les cordes manquent peut être de puissance. Des timbales cassantes à 4mn40. Un cor cherche la délivrance à 5mn10. Superbe danse sauvage à 5mn37. Kreznik appelle l’orage à 6mn49. Le vent souffle. Orgie de cuivres à 7mn15, les éclairs zèbrent le ciel. La pluie tombe drue, noyant les danseurs. Apaisement à 8mn. Fin à 8mn21.
Clemensnonpapa : 6,5/10 Entame un peu morne, qui manque d'expression. On retrouve ce défaut à la toute fin. C'est une critique que j'étendrais à l'ensemble du morceau, que je trouve parfois interprété de manière trop scolaire (même si ça s'améliore au fur et à mesure). Dans le registre des défauts qui attirent l'oreille : des appels de clarinettes picc bien mous à 2'20 et les mêmes avec les cors anglais assez moches à 5'50.
Benedictus : 5/10 Orchestre assez fin et précis, aux timbres bien définis à défaut d’être très marquants. Mais la direction me semble manquer d’une vision très forte de l’œuvre. L’introduction donne l’impression d’un note-à-note très détaillé mais trop précautionneux, qui évite de faire des choix ; la suite est plus originale, dans la mesure où elle paraît vouloir éluder la brutalité, la densité de la partition - les attaques sont très arrondies (les Augures), le spectre sonore très allégé; il y a un joli sens du rebond rythmique, mais on entends là comme une espèce de suite de danses pastorales. Sur la durée, ça peut donner une lecture intéressante dans le contre-emploi (un Sacre dansant mais apaisé, serein, idéal pour les amateurs de Dubois). Mais sur l’extrait sélectionné, ça sonne vraiment trop gentil.
Emeryck : 6,5/10 Le basson de l'introduction est expressif et la prise de son est bonne mais qu'est-ce que c'est lent ! Les sonorités de l'orchestres sont belles mais j'ai l'impression que c'est parfois un peu dépareillé. À 3'10, il y a un gros loupé aux cordes. La Danse est pas mal mais manque de rapidité.On n'entend pas assez le chant des cors à 5'52... mais on entend bien les percussions dans le Jeu du Rapt.
Bloups : 2/10 Le basson est faux dans son solo ça gâche déjà le début. C’est assez lent (ou alors c’est le faux qui fait ralentir le temps ?). Par contre le cor anglais sonne plutôt bien tout comme les autres bois. La fin de l’intro est plutôt bonne. Les cordes sont plutôt brusques dans la transition et ça ouvre un II qui avance peu et est un peu trop sautillant. Ca continue et le III n’est pas très réjouissant dans la perspective d’un mouvement qui avance vraiment. Les cuivres qui donnent de gros impacts ont tendance à ramollir l’ensemble plutôt que le dynamiser. Le début du IV est peu précis, pas très dynamique et profondément ennuyeux. Et ça se hâte brusquement à la toute fin sans grande raison. Bilan de tout ça : version pas du tout convaincante
Ravelavélo : 6,5/10 Le thème initial se déploie avec agilité.Rien ne retient mon attention, rien de significatif, à part peut-être un bel échange entre les instruments (vers 3min28), d'autres échanges suivent (avec la trompette notamment). Assez conventionnel.
Xavier : 8/10 J'aime beaucoup le début, surtout le cor anglais. A 2'22 le hautbois n'arrive carrément pas à faire son trille, bizarre pour un enregistrement de studio me semble-t-il. A part ce détail, tout est parfaitement en place, l'orchestre très beau, chaque solo a sa personnalité mais sait se fondre dans l'ensemble, les cordes sont bien tranchantes, c'est équilibré au niveau des tempi. Pas une grosse claque, mais une très bonne version.
- Qui était Zorya au second tour ? :
Zorya était Topielec et arrivait en seconde position du groupe D, grâce à un tir groupé de votes consensuels (moyenne à 8 tout rond, notes échelonnées entre 7 et 9/10). Clemens avait succombé, de même qu'Anaxagore qui y voyait une sorte de perfection. Et cette fois Bloups rendait les armes.
Roupoil : 7/10 Un peu dans la lignée de Bannik, une version assez classique et relativement sage (la danse de la terre est malgré tout animée bien comme il faut), mais maitrisée et plaisante. L'orchestre me semble quand même moins beau que pour Bannik, ce qui me pousse à être un peu plus sévère pour la notation.
Clemens : 9/10 Des rondes magnifiques, prenantes, aux timbres savoureux. Les percus secouent bien (1'45) et les glissandi sont comme il faut, ni trop timides, ni trop exagérés. A 6'00, l'ambiance est très soignée, et plus tard, le crescendo bien puissant. J'achète.
Anaxagore : 9/10 Bonne prise de son pour un orchestre de qualité, aux sonorités assez rondes. Les Rondes adoptent un tempo très modéré et offrent un beau contraste à 53 avec un timbalier précis. Les 54 et 55 contrastent par leur rapidité et sont incisifs et précis. Le Tranquillo n’est ni trop lent ni empesé. On retrouve précision, équilibre suprême, rigueur, mais aussi modération, voire une certaine légèreté de trait pour le Jeu des cités rivales et pour le Cortège du sage. Les textures des bois sont idéalement transparentes à 60 et avant 64 on entend bien la montée des trompettes. On notera qu’on entend ici aussi les hautbois dans le Cortège du sage (c’est hélas trop rare) et la polyrythmie y est idéalement mise en valeur. L’ Adoration de la terre ose enfin un vrai prestissimo et l’explosion finale est réjouissante. Voilà une version remarquable, rigoureuse, précise, objective, analytique, plus légère qu’ailleurs mais évidemment sans la sauvagerie et la folie qu’on serait aussi en droit d’attendre. Une certaine forme de perfection.
Emeryck : 7/10 La prise de son est claire, ici. Les altos chantent bien à 0'45. Le contraste est très bon à 53. Les acciaccaturas sont un peu lentes à 56. La prise du 57 est pas mal. À 67, le cor III est peut-être un peu trop en dehors. Le guiro (?) est vraiment fort à 70. Il y a du bizarre à 6'09 et à 7'17. Le motif intervenant à la quatrième mesure du 73 n'est peut-être pas assez marqué. Ça reste tout de même une version qui me plait.
Ravelavélo : 7/10 Même durée d'exécution que la version précédente, même sentiment de lenteur et de lourdeur, les accents sont découpés de façon plus nette et plus précise ici. La dynamique m'apparait meilleure et plus égale, les percussions sont bien présentes. Si la durée est la même, j'ai quand même l'impression que c'est joué plus rapide, celle-ci me plait davantage.
Eleanore : 8/10 Début pondéré à 0mn20. La main de l’esprit sort de l’eau. Elle regarde à gauche, puis à droite, cherchant ses futures victimes. Les trémolos de flutes correspondent aux vaguelettes à la surface de l’eau. A 1mn43, l’esprit sort du lac et danse devant les futurs noyés. A 2mn31, vite fuyons. A 3mn, un temps de relâchement, doux, paisible. En fait, une version se caractérisant par un bel équilibre entre tous les instruments. Superbes trompettes à 4mn18. Les villageois se préviennent de l’arrivée de Topielec. Vite, fuyez. 5mn20, quelle tension et quel güiro. L’épouvante est là. 6mn16, nous nous dirigeons vers une nouvelle acmé. L’esprit a saisi la main d’une habitante et l’entraine de force vers le lac pour la noyer.
Bloups : 9/10 Parti pris initial plutôt lent mais les instruments que ce soit dans la partie rythmique ou pour les thèmes sont très beaux. Le tutti est très complet et sonne très bien. De même le vivo dynamise le tout pour rendre une bonne première partie d’extrait. Dans les Jeux, la dynamique mise en place aux cuivres (nuances, ...) est vraiment intéressante. Les trompettes un peu lointaines dans leur solo ne gênent pas bien au contraire. La partie ostinato violoncelle/contrebasse est très bien menée pour le dynamisme du tableau. Dans le Cortège on entend des détails très intéressants (basson, cors graves) qui apportent une excellente base rythmique très bien récupérée ensuite par les percussions. La Danse de la Terre avance aussi beaucoup. Une course folle, presque frénétique, se met en place entre les pupitres de violon à la fin. Le crescendo final est parfait ! Excellente version !
- Qui était Zorya au troisième tour ? :
Zorya était Svantovit. En fâcheuse posture dans le groupe A (troisième place), mais heureusement quatrième au classement général, ce qui lui valut une sélection pour le pénultième tour. Aucune note méchante, mais d'un côté une prudence (Roupoil, Anaxagore, Benedictus, Ravelavélo), de l'autre des admirateurs (Clemens, Xavier, Bloups).
Eleanore : 8/10 Le dieu de la guerre va donc se mêler au sacre du printemps. Hum. Je croyais qu’il combattait les œufs contaminés au Fipronil et les cassait avec son épée ? Il a dû changer de mission sur injonction du Kremlin ! Espérons qu’il respectera les jeunes vierges ! Même si de la part d’un guerrier, j’ai beaucoup de doute ! Les flutes attaquent un peu mollement. Cela va être dur d’être hypnotisée. Bon, après, on sait bien que les dieux de la guerre ne donnent pas dans le médical ou dans la dentelle ! 1mn30, limite atonal. A 1mn42, les violons pleurent. Une pâte orchestrale très (trop) homogène à 2mn05. Des violoncelles un peu mous à 2mn30. Les clarinettes manquent aussi d’entrain à partir de 2mn48. 3mn49, que c’est lent. L’interprétation regarde du côté de Debussy. A 4mn, les violoncelles pleurent aussi. Que se passe-t-il ? Le PSG a-t-il perdu ? Mais que fait Neymar ? Bon sang de bonsoir ? A 4mn33, beau solo de flute alto. 5mn35, que c’est triste. Mais ces danseuses sont censées être joyeuses. Les cors manquent de punch. Elles ont surement pris le mauvais Lévothyroxv ! A 6m40, cela s’accélère. Les timbales nous réveillent à 6mn51. Une musique très sèche, très rythmique. On croirait entendre un cœur qui battrait la mesure à l’arrière-plan. Des trompettes très acides à 7mn41. La danse s’accélère, les pieds frappent le sol en cadence. Mais cela manque de crédibilité. Je suis certaine que les danseuses portent des chaussons en semelle de feutre !
Cello : 8,5/10 Introduction : J’ai l’impression que c’est joué note par note, qu’il n’y a pas de direction globale. Les tuttis sont mollassons, encore une fois. On arrive parfois à la limite de l’audible. Par contre les traits ascendants médiocres dans les deux versions précédentes se tiennent bien mieux ici, ils sont plus nets et, de façon générale, les timbres sont riches et détaillés. Les Cercles mystérieux des adolescentes sont pleines de charme, c’est peut-être une version à laquelle il faut laisser le temps de s’installer. Oui, plus ça va et plus j’apprécie le côté charnu du dialogue qu’elle nous propose. Glorification de l'élue : ça se confirme, malgré quelques points mineurs, on est bien au-dessus de Prove et Siwa. Je suis particulièrement impressionné par la claque avec laquelle cette section est amenée. Une belle lecture qui aurait pu figurer plus haut si l’introduction ne m’avait pas paru si amorphe.
Bloups : 9/10 J’ai l’impression que le début est pris plus rapidement que d’habitude. Ce n’est pas grave puisque ça introduit une dimension d’impatience vers la suite. Tout n’est pas bien propre dans les changements de lignes mélodiques entre les instruments (juste avant le solo de violon, la transition flute/hautbois s’entend un peu trop). L’ambiance globale par contre est parfaite. Certains points qu’on n’entendait pas forcément bien dans les autres versions (clarinette basse ou violoncelle solo) sont particulièrement réussis ici !). Dans les Cercles, enfin ça avance. On sent de l’impatience. La dynamique des nuances est particulièrement réussie et les instruments sonnent particulièrement bien (flûtes et violoncelles) notamment. La transition vers la glorification ensuite est particulièrement bien menée. La timbale très présente au début sait se faire un peu plus discrète ensuite. Les motifs rythmiques, détails mélodiques... tout est bien réalisé. Un vrai plaisir. Seule petite réserve : c’est un peu trop statique. Excellente version.
Anaxagore : 6/10 Bel orchestre nettement mieux enregistré. Le tempo de l’introduction est d’emblée assez allant, mais les contrastes agogiques sont néanmoins bien respectés. La transparence des textures est suffisante mais je ne retrouve pas ici la magie qu’offraient les deux versions précédentes. C’est joué beaucoup plus …platement. La transition vers la Glorification de l’élue est vraiment impressionnante et celle-ci éclate avec puissance. Les percussions sont mises en avant, mais les cuivres sont un peu en retrait. Ici aussi, je reste en définitive sur ma faim coté sauvagerie. Svantovit ne déchire pas assez mes tympans … Cela dit, soyons clair, tout ceci est d’un niveau supérieur, … mais il faut faire des choix.
Roupoil : 5/10 Ça part aussi assez vite. On entend beaucoup plus les vents que les cordes, ça me gène. Ensuite, au contraire, ce sont les trombones qui sont complètement effacés derrière les cordes. De façon générale, je trouve qu'il y a des problèmes d'équilibre dans cette version (on entend pas certaines choses, comme les pizz aux cordes à 97). C'est dommage car il y a des passages très réussis (à 87 par exemple) et un discours moins lisse que chez PROVE par exemple. La timbale est très massive sur la fin, trop à mon goût, même si là aussi il y a de l'animation. Je suis partagé mais pas convaincu dans l'ensemble.
Ravelavélo : 5/10 Le tempo est plutôt allègre au départ, ça défile avec de l'allant. Il en va ainsi durant les six premières minutes puis soudain tout éclate et la présence des percussions est sollicitée de belle manière de même que les cuivres qui tirent bien leur épingle du jeu.
Clemens : 10/10 Une version hédoniste très travaillée, menée de main de maître. L'attention aux détails permet de maintenir l'intérêt tout le long de l'introduction. Ensuite, dans les cercles, on trouve une magnifique flute veloutée et des lignes mélodiques très expressives. Dans la glorification la timbale prend bien aux tripe, ça claque comme il faut. Du travail d'orfèvre.
Eusèbe : 8/10 Du haut niveau aussi. Ce sont ici les variations d'intensité qui retiennent mon attention, avec une grande réussite dans les passages pianissimo. C'est pris assez rapidement et c'est un parti pris qui peut se défendre, en tous cas ici parfaitement justifié par la réussite. Pas de temps mort.
Xavier : 9/10 Version plus récente semble-t-il, instrumentalement peut-être plus précise que les deux précédentes. Au début il faut monter le son par rapport aux versions précédentes, ça semble terne, mais une fois qu'on a monté le son on se rend compte que ça n'est pas terne du tout. Version sur laquelle je n'ai pas énormément de choses à dire: excellente version en tous points, quasi-idéale, aucun détail ne me semble manquer à l'appel, ce n'est pas non plus lisse ou propret, c'est très bien conduit, c'est sauvage et très beau à la fois. On peut juste objecter que ce n'est pas une version qui a une personnalité folle et qu'on reconnaîtrait parmi d'autres... hormis pour son excellence. Mais ça me va bien!
Benedictus : 6/10 Là aussi, une image sonore un peu déconcertante avec des instruments étouffés et d’autre trop en avant, avec des effets de compacité pas très heureux. Dans l’Introduction, les tempi sont très allants, les phrasés sont assez longs, avec beaucoup de contrastes de rythmes, d’accentuation et de dynamiques, mais aussi des césures un peu trop marquées; en revanche, les timbres ne sont pas assez typés (avec quelques traits un peu moches dans la petite harmonie) pour mon goût, et les textures manquent de relief. La progression des Cercles est un peu plus plate et univoque. Assez animée côté tempo, la Glorification manque cependant un peu de relief dans l’image sonore et de hargne dans les phrasés; j’ai aussi regretté des percussions trop en avant et des cuivres étouffés. Au total, je ne suis qu’à moitié convaincu.
- Qui était Zorya au quatrième tour ? :
Zorya était Jarilo, qui a su s'imposer d'une courte tête devant Rod (Jansons, qui aurait donc pu accéder en Finale !) Moins de deux décimales les séparait. Néanmoins, avec une moyenne de 5,13/7, Jarilo restait nettement derrière Svetovid (x¯=6,42), l'autre finaliste qui a remporté cette Écoute comparée. Hormis Anaxagore qui a noté sous la moyenne, les autres évaluations variaient entre bon et excellent.
Clemens : 5/7 Je n'ai pas noté beaucoup de choses sur cette version. Peut-être un manque de nerf de-ci de-là, un passage à vide vers 6'30, un petit manque de folie à la fin... Sinon, c'est très bien réalisé, mais sans panache.
Abbado : 6,5/7 Grosse impression tout d'abord dans la qualité de l'enregistrement que j'aime particulièrement avec une grande profondeur ! Et quel équilibre trouvé par le chef ! du grand art! pour moi ! Le chef insuffle tous le long de l'extrait une vrai dynamique et une rigueur rythmique qui me fait penser à Solti(ce n'est bien sur pas lui je pense) et qui convient tout particulièrement içi donnant un coté tranchant, actif. Quel orchestre aussi qui adhère et soutient le propos en mettant à disposition toute son savoir faire ! Un enregistrement studio vraiment top pour moi.
Fomalhaut : 7/7 Un enregistrement qui ne doit pas être des plus récents mais qui est très équilibré...et donne une impression de confort, sensation paradoxale quand on écoute le Sacre ! La dynamique est très étendue et spécialement étudiée, dirait-on, et on a affaire à un orchestre de luxe. L'interprétation est nuancée et les tempi, relativement rapides, appellent l'adhésion. Le ressenti est celui d'une marche soutenue et impitoyable. Bien (mais quelque peu aidé par la technique ?)
Eleanore : 6/7 Le fertile Jarilo sème-t-il pour récolter la version idéale ? Très bel équilibre entre cuivre et timbales à 0mn08. Les ancêtres sont parfaitement honorées par les danseuses ! Le cor anglais est noble à souhait à 0mn52. La flute alto lui donne une belle réplique, très affirmée. Beaucoup de retenue. Les trompettes se marient parfaitement avec la flute. La pâte orchestrale est bien équilibrée. On croirait une marche. Les cordes font leur retour à 2mn. Elles sont très soyeuses, se lamentant sans retenue. Les cors sont cassant, dramatiques à souhait. Une bien belle version. A 3mn, une montée vers la sauvagerie, inéluctable. A 3mn24, retour des clarinettes, mystérieuses à souhait. Puis la clarinette basse annonce les grands coups d’archets. Et le retour des cymbales à 4mn15. Des trompettes stridents à souhait. Une quasi-marche des cors. Beau mariage cuivre percussion à 6m11. La danse sacrale s’emballe vers la folie à 7m16. Fin sèche comme un coup de fouet à 8m18.
Cello : 5/7 Les cordes sont suaves, les cuivres riches et crissants, les accents bien marqués et le climat prenant, j’aime bien ce début. Par contre, il me semble percevoir des fluctuations de tempo gênantes et quelques approximations aux bois. Cela déroule tranquillement et c'est pas mal du tout mais pas particulièrement mémorable. Au final, un orchestre rutilant dans une vision énergique mais assez banale.
Bloups : 7/7 Dès le début, dans l’éovocation on est dans le sauvage et une folle intensité offerte par les timbales. L’action rituelle possède une très belle pulsation d’ensemble que ce soit dans les moments les plus forts ou dans les plus petits accompagnements. J’aime beaucoup au tout début les temps/contre-temps pas très réguliers sur le thème flûte alto/cor anglais (ils sont taquins ces deux-là) qui donnent presqu’un peu de swing. Les deux tuttis sont vraiment excellents ensuite. Ca pète de partout sans que les cuivres n’en soient trop désagréables. La transition vers le final de la clarinette est aussi très bien fait. La Danse Sacrale vient couronner le tout. Rien ne dépasse, c’est sauvage. Les cuivres/percussions laissent la place aux cordes. Les trompettes sont mordantes dans leurs cris. Les notes sont d’une sécheresse bienvenue. L’intensité aux cordes dans les passages en trilles/appogiature est folle ! Dans la partie finale (à partir de 167) on avance de manière inéluctable vers la folie. On finit dans un bel état de stress ! => Version excellente.
Ravelavélo : 4/7 On dirait la musique d'une série télévisée. La dynamique est très grande, vaste, étendue et excellente, début lent et silencieux avant la marche éléphantesque aux allures de parade, la flûte un peu en retrait tout comme la clarinnette un peu plus loin, on laisse toute la latitude à l'artillerie lourde composée des cuivres, des cordes et des percussions qui s'amène en martellant ses pas à l'allure saccadée, syncopée. C'est bien découpé, taillé au couteau avec une précision chirurgicale. Je garde quelques réserves, quitte à réviser ma note à la hausse après l'écoute des autres versions. Mais c'est l'inverse qui va se produire, je révise à la baisse: Jarilo, plus intense, meilleurs effets orchestraux.
Anaxagore : 3/7 D’emblée, on est frappé par une sonorité ronde d’orchestre de luxe (orchestre américain ?), lequel est, qui plus est, très bien enregistré. Le tempo est très (trop) rapide pour l’Évocation des ancêtres. Il en va de même pour le Lento à 128 qui ouvre l’Action rituelle. La Danse sacrale est elle aussi prise assez rapidement. Le chef imprime une réelle urgence à l’ensemble et donne une lecture supérieurement aboutie sur le plan technique, et très virtuose. Je déplore néanmoins une certaine uniformité des tempi, dans la rapidité. J’aimerais un peu plus de retenue. Par ailleurs, c’est trop luxueux, pas assez « primitif », avec des sonorités trop rondes. Au demeurant, c’est remarquablement réalisé et de très haut niveau.
Eusèbe : 4,5/7 Très bel orchestre, mais n'est-ce pas un peu sage, malgré le parti-pris de rapidité ? Dans un autre répertoire, cela gênerait sans doute moins, mais il ne peut ici être question seulement de chercher un beau son.
Benedictus : 4/7 Là aussi, plus une lecture «intellectuelle» que «physique»: c’est net, précis, très axé sur la progression du discours. Ça a beaucoup de relief (les textures) mais manque un peu de chaleur (les timbres). Une belle énergie: il y a de la tension et de l’impact - en revanche, ça court vraiment trop la poste pour moi (avec des phrasés souvent trop courts).
Xavier : 5,5/7 Sur tout le début de l'extrait, c'est très rapide mais je trouve ça assez froid, hiératique. C'est pareil pour la suite en fait, c'est vraiment une excellente version, très précise (à part deux pains de cors à 6'46-6'47), très punchy, mais sans excès ni vraie sauvagerie, c'est peut-être le seul reproche qu'on puisse lui faire.
Pipus : 4/7 Belle démonstration de musique, les sonorités sont amples et équilibrées, mais il manque de la vigueur, de la rugosité ; c'est beau mais on n'y croit pas suffisamment.
- Vos commentaires au cinquième tour :
Pour cette Finale qui permettait de comparer sur l'oeuvre complète, six auditeurs sur seize ont préféré Zorya : Cello, Fomalhaut, Eleanore, Pipus, Roderick, Emeryck -ces deux derniers ont même affiché une nette dilection. Merci aux auditeurs ayant offert un commentaire synthétique qui entremêlait leur jugement sur chaque version. Cependant, pour des raisons pratiques, il me serait fastidieux de les reproduire ici sous forme charcutée. Je ne reprends donc ci-dessous que les commentaires qui fournissaient une analyse individualisée de Zorya. Attention à l'interprétation de la note /10 : ce n'est pas un score absolu, les deux versions devaient totaliser dix points. Il faut donc situer ces notes par rapport à une moyenne de 5/10.Pipus : 5,5/10 Je retrouve la rondeur de timbres que j'ai pu entendre chez Zduhac, sans la même profondeur de spectre mais avec peut-être plus de finesse, de sobriété au final. Les percussions me paraissent plus en retrait malgré une prise de son riche. Pour autant c'est mené avec une belle maîtrise du discours, et à nouveau beaucoup de naturel dans l'enchaînement des scènes. Quelques légères accélérations retiennent l'attention, et jouxtent des lenteurs dont j'aurais peut-être pû me passer. Finalement peut-être la version que je choisirais, pour sa palette sonore de dentelle, moins comblée que chez Zduhac.
Marchoukrev : 4/10 Sans surprise (après tout, la version est finaliste), le début est superbe. Les bois sont précis, chaleureux et la prise de son met l’orchestre en valeur. On entend bien chaque détail de la partition je trouve, c’est vraiment bien mené. Le seul bémol serait peut-être au niveau des Augures printaniers, qui manquent un peu de punch (je les aurais aimés un peu plus rapides, un peu plus échevelés). Le point positif, c’est que du coup on ne perd rien de la précision qui caractérisait l’introduction. Par contre, le jeu du rapt est vraiment incroyable, avec de l’engagement et juste ce qu’il faut de violence. Là, on entend les danseurs haleter, là on se représente le paganisme sanguinaire qui est à l’œuvre. Cela continue comme ça jusqu’à la Danse de la Terre, qui me laisse particulièrement enthousiaste. Cela va être dur pour l’autre version de faire mieux. Cette version de la seconde partie est un peu plus courte que la précédente, mais j’ai un peu le sentiment que ça manque de punch, comme si les musiciens étaient fatigués… Ce que je trouve vraiment décevant ici, c’est le manque d’engagement dans la Danse sacrale : j’ai l’impression que la Danse de la Terre était mieux (après réécoute, je la trouve mieux effectivement). En tout cas, je ne retrouve pas la rage qu’il y a dans le même passage de Zduhac (peut-être celle-ci ménage de plus vifs contrastes de tempi).
Anaxagore : 4/10 L’ironie veut que cette version ait été à deux doigts de passer à la trappe lors du premier tour. Cela seul dit toute la relativité de nos classements. Je l’ai identifiée au quatrième tour après l’avoir confondue avec une autre — qui n’est d’ailleurs pas en lice — lors du second tour. À l’actif de cette lecture : une transparence remarquable des textures, qui fait que l’on entend à peu près tout. Le chef est très attentif à l’équilibre des groupes instrumentaux et donne une lecture objective et très analytique de la partition. On remarque par ailleurs un allègement de la pâte orchestrale qui, s’il favorise la lisibilité, se fait au détriment de la puissance. C’est très précis, très virtuose (hormis ce curieux flottement des vents à 46). Au passif : la sauvagerie de la partition, son « primitivisme, » sont complètement gommés. On peut même déplorer un certain manque d’engagement, une neutralité, une placidité qui m’ont par erreur fait penser à l’art d’un certain chef français bien connu. Au total, en dépit de ses très grandes qualités intrinsèques, cette version aseptisée me semble un peu égarée dans cette finale.
Ravelavélo : 4/10 Bonne rythmique, micros légèrement en retrait. Qu'est-ce qu'on y gagne: une meilleure vue d'ensemble. Cette interprétation est excellente, mais desservie par une prise sonore qui ne lui rend pas tout à fait justice, pas à sa juste valeur en tout cas. On joue avec beaucoup de retenue, de façon pondérée, il y manque un brin de fougue, en plus c'est joué un peu trop lent, impression d'être au ralenti: cette version concède 38 secondes à Zduhac et je me posais la question qu'est-ce que ces 38 secondes représentent sur 15 minutes: une différence énorme dans ce cas-ci. Une lueur d'espoir: cette partie est jouée plus vite que la version adverse. Elle peut décoiffer et renverser la vapeur. 41 secondes. Faut pas oublier que le moment fort de l'oeuvre se trouve dans cette partie. Les timbales ouvrent le bal, la suite me paraît un peu décousue.
Bruno Luong : 6/10 Version relativement plus civilisée avec beaucoup de précision de clarté. Belle couleur d’orchestre avec une grosse caisse impressionnante d’ampleur et les trompettes qui donnent de l’éclat. Prise de son de type multi-micros qu’une grande maison de disque qui a le secret qui participe aux rendus des détails. Le début de la partie Sacrifice est très bien fait avec l’orchestre qui sait jouer soft et qui s’écoute comme de la musique de chambre. Quelles délicieuses envolées dans la Glorification de l’élue. La montée de tension de la dernière partie est époustouflante. Cette version est un régal pour ceux qui veulent écouter avec la partition.
Clemens : 4/10 Là, on est sur une version hyper maîtrisée, avec des équilibres remarquables et ce, tout au long de l’œuvre, sans aucun temps mort. C'est très impressionnant. En comparaison avec Zduhac, on peut toutefois regretter un manque de fièvre. En fait, Zorya a le défaut de ses grandes qualités : le son est probablement un peu trop clinique, trop lisse. Et l'interprétation trop droite, voire un peu tiède par endroits.
Xavier : 2,5 C'est une version dans l'ensemble très précise (à quelques exceptions près, comme les Rondes printanières dont les premières notes sont assez fausses), très belle, très bien exécutée (même si on remarque quelques vraies imperfections de ci de là en y regardant de plus près, voire de vrais pains), avec des tempi plutôt vifs dans l'ensemble (surtout dans la 2è partie en fait), le tout avec une belle prise de son. C'est une version "de finale", c'est-à-dire une version qui peut faire consensus, qui n'a pas de parti-pris très marqué, pas de timbres très typés, pas de tempi excessifs dans un sens ou dans l'autre, sans que cela donne une version tout à fait lisse pour autant. Mais au final, c'est un peu froid, un peu clinique, pas tout à fait sauvage. La première partie est même assez peu engagée finalement. Pour la deuxième, c'est vraiment bien dans l'ensemble, même si je préfère d'autres versions.
Bloups : 4,5/10 Intro calme, basson pas juste, très bon équilibre et un beau mouvement. Augures presque trop calmes, c’est très articulé, cor anglais très en avant. Jeu du rapt : problème de syncro ? Excellent dans certains passages (n°46). Rondes printanières très accrocheuses, tutti excellent. Jeu des cités rivales : pas grand-chose à dire. Cortège du sage : impressionnant de détails et énorme dans la densification sonore. Pour conclure la première partie la Danse de la terre a une dynamique et une accélération globale excellente qui finit brillamment ! Dans la deuxième partie : l’intro est assez conventionnelle quoique le passage avec les trompettes n’est pas particulièrement ennuyeux pour une fois. Pas d’immobilisme dans les Cercles mystérieux qui avancent comme il faut. La Glorification est brillante et on entend toujours certains détails bien riches. Pour L’Evocation on prend un début rapide mais punchy. C’est plaisant. L’Action Rituelle est menée par des flutes, clarinettes, cor anglais de très haut niveau. Le thème des trompettes est excellement fait. Et que dire des tuttis ! La Danse Sacrale c’est très en place, peut-être un peu trop. Au niveau instrumental on a la montée en intensité, on la manque peut-être un peu trop au niveau du rythme et de la dynamique. En conclusion sur cette version : une prise de son ultra-valorisante pour les instrumentistes tant individuellement que pour tout l’orchestre. C’est très clair, plutôt précis et vraiment plaisant. Le seul défaut que je lui trouve c’est d’être trop rigide dans les deux extrêmes (Intro/Augures et Danse Sacrale) alors qu’ils savent se laisser emporter dans les parties intermédiaires (Cortège du Sage, Glorification et Action Rituelle excellents !)
Cello : 6/10 Une version qui se montre sensuelle et poétique, sans pour autant arrondir les angles : elle n’hésite pas à balancer des claques quand il faut. Surtout, j’ai le sentiment qu’ici, une histoire nous est contée ce qui lui permet au final de se démarquer de sa rivale. J’y relève des dialogues magiques aux bois (avec de magnifiques fusées dans l’Introduction), du suspense (les pizzicatos avant les Augures Printaniers), du mystère (la fin du Cortège du Sage) et dans l’ensemble, une expressivité remarquable. Techniquement, il y a peut-être des détails perfectibles, notamment une certaine raideur tout au long du second tableau, mis à part dans la Glorification de l'Élue qui est de plus amenée par un raclement génial. Mais pinailler sur ces points paraît oiseux en regard du tableau vivant qui nous est peint. Si Zorya s’est imposée sans discussion dans la première partie, je lui ai trouvé une nette baisse de régime dans la seconde. Zduhac, plus uniforme, y a fait au moins jeu égal, probablement même mieux.
Fomalhaut : 6/10 Un excellente prise de son et une interprétation parfaitement maitrisée...Trop maitrisée même dans la première partie qu'on attend plus exubéranre, plus "sauvage". Interprétation très stricte, détaillée, nuancée et contrastée qui s'affirme au fur et à mesure que l'on avance dans la partition. Ainsi, on trouve dans la seconde partie l'entrain et l'élan qu'on souhaitait entendre dans la première partie. Est-ce voulu ? On peut très bien imaginer une telle graduation et, pour ma part, j'adhère finalement à cette démarche. Zduhac est une interprétation égale alors que Zorya est une interprétation évolutive ? Très bien.
Emeryck : 7/10 Bel équilibre d'ensemble, beaux timbres, prise de son assez proche mais pas trop proche non plus. Cette version me semble très engagée et dans les moments où Stravinsky indique fff, la puissance orchestrale est véritablement là ! Je trouve cette version très expressive (cf. le trait de violoncelle solo à 90) et les contrastes sont souvent éclatants. J'ai toujours du mal avec le manque de legato à 132, je ne sais pas si c'est dû à une impossibilité technique... Le 186 est absolument haletant et le crescendo final très bien mené. Toutefois, cet alanguissement du nonolet final est original mais ne me convainc pas vraiment.
- Mais qui donc était Zorya ? :
Version à laquelle je reste très attaché, puisque ce fut non seulement mon premier Sacre en CD, mais aussi mon tout premier CD ! Objectivement, même si je ne l'imaginais pas accéder en Finale (d'ailleurs elle a obtenu cette faveur de haute lutte), cette lecture possède de nombreux atouts : un orchestre supervirtuose, une prise de son dynamique et souple, un chef à la fois sensuel et analytique. Ses qualités expliquent autant les raisons de son succès que ses difficultés à convaincre pleinement. Car cette démonstration reste peut-être un peu froide, les options trop neutres ?
A vrai dire, la première partie ne casse pas la baraque. Mais ensuite, certains moments s'avèrent anthologiques : la fine effervescence de la Danse de la terre, le fier panache de la Glorification, et cette Danse sacrale à tombeau ouvert, qui tout en restant impérieusement contrôlée atteint une transe vertigineuse. On observera d'ailleurs les tempi fort vifs qui innervent la Seconde partie (on ne s'en rend pas compte tant l'orchestre maîtrise tous les paramètres, y compris la difficulté rythmique sur laquelle de nombreuses baguettes se cassèrent les dents), et qui sans outrance extérieure activent des ferments inexorables. Vissés à bloc par une progression organique (comme l'avait deviné Fomalhaut), ces ressorts de tragédie propulsent la danse finale tel un exutoire de la plus haute nécessité, littéralement transcendante. Celle où le tribut s'investit d'une incarnation théophanique qui en devient le moteur. L'Élue offerte aux dieux, qui en ont pris possession pour sceller le pacte vernal de l'éternel recommencement. Réécoutez cette Danse sacrale !, c'est là que culmine le génie de cette version certes magistrale dans sa réalisation, mais surtout d'une intimidante intelligence.
- Voilà donc la version classée 2° sur trente :
Riccardo Chailly, Orchestre de Cleveland (Decca, novembre 1985)
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| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Mar 31 Oct 2017 - 1:55 | |
| C'était la première fois que je l'écoutais. (Et à en juger par mes notes, je n'ai jamais été tellement convaincu.) |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91579 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Mar 31 Oct 2017 - 1:57 | |
| - Mélomaniac a écrit:
Zorya revient de loin ! Elle avait de justesse échappé à l'élimination au premier tour
Tu avais même annoncé son élimination par erreur il me semble. Du coup, vu que le nom de Chailly n'est jamais reparu, je savais qu'il était dans les dernières phases... C'est vraiment une bonne version. Avec Chailly, on imaginerait un truc lisse et hédoniste, mais non, c'est vraiment une très bonne version, très en style, très vivante. |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Mar 31 Oct 2017 - 2:06 | |
| Oui, désolé. Enfin, tout le monde n'avait pas aperçu cette brève bévue, ou peut-être avaient-ils oublié cette version qui se réinvite ici sur le podium. Rien d'ostentatoire, mais quelle maîtrise ! Une transe à froid, d'une prodigieuse concentration. Une excitation à fleur de peau (la fin pugilistique de la Danse des adolescentes). J'écoute souvent la Glorification ou la Danse sacrale, pour me faire plaisir. Les percus (timbale, grosse caisse) y sont formidables, martelant une impitoyable frénésie. Dans la discographie, il n'y a qu'une poignée de versions qui atteignent cette authentique virtuosité : non le déballage vulgaire, mais une totale maîtrise des moyens et des effets. |
| | | Ravélavélo Mélomane chevronné
Nombre de messages : 9125 Localisation : Pays des Bleuets Date d'inscription : 28/09/2015
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Mar 31 Oct 2017 - 2:17 | |
| - Xavier a écrit:
- Benedictus a écrit:
- (Même si l'écoute en continu des deux finalistes m'a finalement moins enthousiasmé que certaines découvertes fragmentées des tours précédents.)
Si ça se trouve ça a fait ça à tout le monde, et peut-être que ce ne sont les versions préférées de personne... c'est tout à fait possible. C'est un peu mon cas également, je n'avais vraiment aucune préférence parce que j'en connaissais aucune. |
| | | Bloups Mélomane averti
Nombre de messages : 125 Date d'inscription : 30/03/2017
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Mar 31 Oct 2017 - 9:06 | |
| Je reviens d'un long week-end et que de bouleversements ! Salonen > Je ne connaissais pas a priori mais visiblement j'ai plutôt aimé jusqu'à la fin. Je réécouterai quelques extraits pour me souvenir du début mais c'est dommage que ça finisse mal. Ancerl > Zut, j'ai la version Gold remasterisée et j'ai clairement l'impression de passer à côté d'un truc. Autant le Petrouchka en première partie du disque ne me gêne pas (surement parce que je n'ai pas de version de référence en tête), autant le Sacre me semble insipide et surtout moche. Je vais essayer de réécouter ça mais j'ai l'impression de passer à côté de quelque chose. Jansons > Rien à dire, dans l'ensemble ça me semblait bien sans vraiment se rater dans la dernière partie, je vais essayer de me procurer un enregistrement intégral. Bernstein > Ahlala ! Je me souviens parfaitement du 2ème extrait beaucoup trop hollywoodien qui m'avait cassé les oreilles Il faudra que j'essaie de trouver ça pour écouter la première partie en entier, ça me réconciliera peut-être avec la version. Chailly > Je ne me souvenais pas que tu l'avais indiquée par erreur au début (et pourtant j'avais vu le message ). C'est amusant parce qu'il y avait 2 versions du Sacre dans les placards familiaux que j'avais fouillé pour l'occasion dont celle-ci. Et puisque je ne connaissais pas l'oeuvre et que le premier tour m'avait plu j'avais essayé de l'écouter en entier mais Chailly m'a fait arrêter au bout de 5 minutes tellement je trouvais le début insupportable, au moins ça reste en accord avec les avis généraux Ce n'est qu'en le réécoutant par hasard cette semaine que je me suis rendu compte du basson faux au début qui recoupait l'une des deux finalistes. Je suis impatient de voir le vainqueur de cette écoute |
| | | eleanore-clo Mélomane averti
Nombre de messages : 198 Date d'inscription : 04/12/2009
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Mar 31 Oct 2017 - 9:21 | |
| Bonjour Quel suspense ! En attendant de connaitre le champion des champions, voici une écoute comparative faite en son temps.... Suite à laquelle je confie avoir acheté, pour sa qualité et son couplage, la Tilson-Thomas / San Francisco. Comparatif Radio Classique Très cordialement Eléanore |
| | | clemensnonpapa Mélomane averti
Nombre de messages : 179 Date d'inscription : 10/11/2012
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Mar 31 Oct 2017 - 9:37 | |
| Que de surprises ! Il me semble avoir déjà écouté cette Bernstein 58, que j'avais trouvée foutraque, tellement que c'en était catastrophique à mes oreilles. Lors de cette écoute, je n'ai pas du tout eu la même impression. Au point que je me demande si c'est bien celle-ci que j'avais récupérée (ce que vous racontez de la version avec l'orchestre d'Israël me semble plus convenir à mon souvenir). Pour celle-ci, je retiendrai surtout un début de deuxième partie aux petits oignons. Et lorsque vers la fin j'ai trouvé que ça faisait "bazar", le nom de Bernstein m'est venu à l'esprit, mais je pensais plus à la version avec le LSO... Quant à Chailly, je n'aurais pas du tout associé son nom à cette version. Encore un chef sur lequel j'ai beaucoup d'a priori... Je ne l'imaginais pas capable d'une telle précision, ni même d'une certaine objectivité. Pour tout dire, j'imaginais plutôt Salonen dans ce rôle Excellente découverte Enfin bref, je suis complètement à côté de la plaque, et c'est ça qui est amusant ! Vivement la révélation finale... |
| | | Cello Chtchello
Nombre de messages : 5766 Date d'inscription : 03/01/2007
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Mar 31 Oct 2017 - 10:15 | |
| - Xavier a écrit:
- Avec Chailly, on imaginerait un truc lisse et hédoniste, mais non, c'est vraiment une très bonne version, très en style, très vivante.
- Mélomaniac a écrit:
- Rien d'ostentatoire, mais quelle maîtrise !
Une transe à froid, d'une prodigieuse concentration. Une excitation à fleur de peau (la fin pugilistique de la Danse des adolescentes). J'écoute souvent la Glorification ou la Danse sacrale, pour me faire plaisir. Les percus (timbale, grosse caisse) y sont formidables, martelant une impitoyable frénésie. Dans la discographie, il n'y a qu'une poignée de versions qui atteignent cette authentique virtuosité : non le déballage vulgaire, mais une totale maîtrise des moyens et des effets.
- clemensnonpapa a écrit:
- Quant à Chailly, je n'aurais pas du tout associé son nom à cette version. Encore un chef sur lequel j'ai beaucoup d'a priori... Je ne l'imaginais pas capable d'une telle précision, ni même d'une certaine objectivité. Pour tout dire, j'imaginais plutôt Salonen dans ce rôle Excellente découverte
Chailly est une version plutôt méconnue mais que je place très haut depuis des années. Il faut dire que l'ayant découverte juste après Karajan II et Stravinsky, c'était tout un monde vivant, rugueux et coloré qui s'ouvrait à moi. Je suis évidemment très content de la retrouver à ce stade. |
| | | Bruno Luong Mélomaniaque
Nombre de messages : 1750 Date d'inscription : 07/08/2012
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Mar 31 Oct 2017 - 11:05 | |
| Ca ne change rien, mais je voudrais rectifier l'erreur de la compta (ou résumé ?) : j'ai donné 4/10 à Chailly. Mes 6 points vont au vainqueur. |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Mar 31 Oct 2017 - 23:03 | |
| Bon, et donc, finalement, qui est le vainqueur? |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97900 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Mar 31 Oct 2017 - 23:13 | |
| - Spoiler:
Darlington-Duisburg, je suis sûr ! #LeQuatrième - Spoiler:
Ou pas.
|
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| | | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Mar 31 Oct 2017 - 23:48 | |
| Au 1° rang du classement général : ZDUHAC a gagné ! Dans ce genre d'exercices, il arrive que des versions se fraient un discret chemin vers le podium, qu'elles conquièrent moins par une adhésion enthousiaste de l'auditoire que par l'absence de griefs. Là pour cette Écoute qui s'achève, on ne soupçonnera pas le vainqueur d'avoir triomphé par hasard, ou par consensus mou. Le palmarès est impressionnant. Hormis un premier tour plutôt timide, un galop d'essai, la suite est un triomphe : Au second tour, vous avez classé Zduhac au premier rang Au troisième tour, vous avez classé Zduhac au premier rang ! Au quatrième tour, vous avez classé Zduhac au premier rang !!! Une performance d'autant remarquable que les compteurs étaient chaque fois remis à zéro, et les concurrentes réanonymisées. Bref, y a pas photo, Zduhac mérite incontestablement d'avoir remporté cette Écoute comparative.- Qui était Zduhac au premier tour ? :
Zduhac était Sudice, troisième dans le groupe A, derrière Chung et Karajan. Benedictus et Clemens n'en avait pas raffolé, mais Bloups la préférait du lot.
Anaxagore : 6/10 La prise de son est à nouveau plus proche. Et cela concourt à la réussite d’une magnifique introduction, transparente, avec des bois de qualité où l’on entend presque tout. Les augures sont pris dans un tempo plus rapide que chez Percunatel et on retrouve ici une urgence malgré tout bienvenue. Le problème, c’est que la battue du chef n’est pas très régulière (petit problème de synchronisation avant 25). C’est très vivant, mais il accélère progressivement et gratuitement jusqu’à 37. Cela me dérange un peu dans une oeuvre où la rigueur de la battue me semble assez primordiale. Stravinsky est assez précis dans ses indications de tempi : il n’est pas besoin d’en rajouter. C’est dommage parce que voilà un chef qui y croyait.
Eleanore : 7,5/10 un peu de souffle ? Le basson ne peut pas s’exprimer librement, les Parques lui ont envoyé les hautbois et les clarinettes pour le surveiller ! Belle polyphonie des bois. 2mn14, les clarinettes sont décidément en verve. Le basson manque décidément de lyrisme. A 3mn48, les contrebasses claquent un peu comme des fouets alors que je préférerais que les archers créent une timbales de cordes, comme un roulement puissant qui vibre. Revoilà les hautbois et le cor anglais. 4mn20, les Sudice vont-elles couper le fil ? Un cor plein d’allant à 4mn50. 5mn14, les flutes sont à l’honneur. Le discret triangle fait entendre sa voix à 5mn30. Des voix folles s’expriment à 6mn20. Les cuivres se déchainent à 7mn10. Retour au calme à 7mn43. Fin à 8mn08.
Clemensn : 4/10 Cette version ne m'a pas emballé, au point que je n'ai pas noté grand-chose. Je me demande s'il n'y a pas quelques problèmes de justesse dans certaines voies intermédiaires de l'intro. L'équilibre orchestral est parfois précaire, certains timbres sont un peu ingrats. Le tout est souvent plat, à 7'50 il n'y a aucune ambiance. A 4'28, la note basse est tenue trop longtemps, bizarre bizarre.
Benedictus : 4/10 Un orchestre pas très beau (sans même avoir ce genre de vraie mocheté qui parfois me plaît tant), ni très ample, desservi par une prise de son beaucoup trop proche, qui, dans l’introduction, fait ressortir des timbres un peu aigrelets (et des choses qui m’ont semblé parfois un peu limite en termes de justesse et de coordination) et surtout sonne un peu bordélique, sans vrais étagement de plans ni hiérarchie de voix. Le chef procède souvent à des effets d’accélérations un peu arbitraires qui nuit aux phrasés et n’ont pas de contrepartie en termes de dynamique - sans que ça aboutisse à un vrai sentiment d’ivresse: souvent, ça paradoxalement urgent mais assez prosaïque.
Emeryck : 6/10 L'introduction est belle et expressive ; la lecture me paraît étrange : certains détails sont très audibles et pourtant "anecdotiques". Le passage vers 2'06 est expressif, mais l'accord aux cordes à 3'00 est faux. La danse est attaquée assez sauvagement, mais pourquoi ce piano sub. à 4'25 ?? Le reste me semble bien, peut-être un peu lent par moments.
Bloups : 9/10 Le basson dans l’entrée est bon. Le cor anglais un peu moins, d’ailleurs il semble faux. Le début est assez brouillon. On entend beaucoup de détails mais je trouve que ça surcharge plus que ça n’apporte à cette intro. Dans le II les cordes sont lointaines et pas toujours précises (niveau rythmique) – enfin surtout au début, ça s’améliore au fur et à mesure. Transition très profonde avec le III où les cordes entrent enfin complètement dans la pièce. Les solos des vents y sont très agréables (la flûte alto a des couleurs très intéressantes) et le tutti qui suit est ébouriffant ! Puis vient le IV qui conclut magnifiquement l’ensemble avec un dynamisme (accentuation, phrasé) très bon (seule réserve : les cuivres en font parfois trop). Bilan : quel dommage ce début d’intro raté ! Mais pour le reste c’est vraiment très très fort
Ravelavélo : 7/10 Rien de particulier à signaler avec cette version, au début du moins. Rythme un peu accéléré qui garde sur le qui-vive. Quelques nuances intéressantes qui ressortent ici peut-être plus qu'ailleurs. Les percussions sont un peu trop en retrait.
Xavier : 6,5/10 Solo de basson avec un petit vibrato qui ne me plaît pas trop. Bassons d'intonation très douteuse à partir de 0'50. Idem pour les violons à 2'58. Après c'est plutôt une bonne version, rien de très mauvais mais rien de remarquable non plus.
- Qui était Zduhac au second tour ? :
Avec une éclatante moyenne de 8,9/10, Zduhac était Vila, très largement en tête du groupe D, et premier au classement général, devant Leshy (Jansons, 8,7). Hormis Ravelavélo et son tiède 5/10, aucune note inférieure à 8. Quatre auditeurs sur sept ont même accordé un 10/10 !!!
Roupoil : 10/10 Dès le départ, cette version instaure une atmosphère prenante (malgré une fois de plus des appogiatures marquées, mais tout de même moins que chez Stuhac), l'orchestre a une belle personnalité (ces cordes qui vibrent un peu), et on sent immédiatement une urgence qui donne juste envie d'écouter la suite. On ne sera pas déçu, c'est de loin la version la plus impressionnante du lot au niveau de la dynamique, les contrastes entre les différentes sections sont parfaitement marqués, ça claque vraiment sans perdre en lisibilité dans les passages rapides, tout n'est pas parfait dans les détails (on n'entend pas forcément tout dans la danse de la terre) mais le chef a tout compris au Sacre alors je mets quand même la note maximale.
Clemens : 8/10 Ça ronfle grave sur le premier temps des rondes. C'est un peu surprenant, mais ça me plait bien. En revanche les trois autres temps sont une chouille trop mécaniques, ça ne m'emporte pas. Quel dommage, parce que par ailleurs, c'est très bien mené, très habité. Autre détail qui m'a sorti de l'immersion : le ralentissement disgracieux dans les jeux des cités rivales. Mais Vila se situe tout de même à un haut niveau.
Anaxagore : 9,5/10 Ici la prise de son permet une présence très physique de l’orchestre, qui est par ailleurs très bon. Les Rondes sont, pour une fois (enfin), plus allantes. Le contraste à 53 est magnifique avec un timbalier très précis. Les trompettes vrillent les tympans : j’aime ça. Ces Rondes sont très réussies … Les 54 et 55 sont rapides et même sauvages : ça coupe, ça tranche dans le vif … Le tranquillo n’est pas trop lent…et surtout ne ralentit pas avant 57. Le Jeu des cités rivales adopte un tempo dans la norme mais montre davantage de sauvagerie que Topielec. Le Cortège du sage est plus rapide que dans Topielec, mais l’orchestre y est aussi beaucoup plus massif. La transparence s’en ressent, sans que cela noie la polyrythmie de la procession pour autant. L’Adoration la terre offre ici aussi un vrai prestissimo qui est très hargneux et sauvage. Magnifique conclusion. Assurément une très grande version qui allie assez idéalement engagement, rigueur et précision.
Emeryck : 10/10 La prise de son semble proche. Il y a un bel équilibre à 51 qui aboutit sur un très beau contraste à 53 même si l'attaque des timbales sur le temps reste un peu lente (petites notes). Alors là, les cuivres sont sacrément puissants ! Le 54 est pris avec la vivacité nécessaire. Le chant à 56 est très expressif. L'entrée à 57 est réussie, tout comme le crescendo à 62. À 5', la grosse caisse est un peu forte. Au début du Baiser, les quelques notes de contrebasson ressortent suffisamment. Le motif intervenant à la quatrième mesure du 73 est ici très clair et c'est fascinant de l'entendre voyager au sein de l'orchestre ! Le 72 est très réussi.
Ravelavélo : 5/10 Encore cette impression de lenteur apparentée à la lourdeur (au début du moins). Version moyenne, je la place en-dessous de la précédente.
Eleanore : 10/10 Les nymphes dansent pour séduire les villageois. Très beau début, très équilibré. Des clarinettes tristes à souhait. Superbes trémolos à 1mn, exactement ce qu’il faut. Les timbales manquent un peu de puissance, l’instrumentiste a dû être séduit par les nymphes. Des cordes en folies à 2mn16. On imagine, un vent soufflant follement. La tension se relâche à 2mn38. Des cors fiers à 3mn13. A 4mn, la danse devient folle, enragée, empreinte de violence. Nous sommes glacés d’effroi à 5m08. Une version très sombre. A 5m52, reprise du tourbillon. La nymphe nous enserre et tourne de plus en plus vite, nous emmenant vers un paroxysme d’ivresse.
Bloups : 10/10 Le début est ultra soutenu et pesant. Pourquoi pas. L’agressivité de la base rythmique est très intéressante notamment lorsqu’on compare au liant des thèmes (altos, cors jouent leur thème très legato), paradoxe très intéressant qui apporte une vision originale. Le tutti est excellent dans ses couleurs et par le côté ineluctable que met en avant la timbale très claire et les cuivres stridents. Vivo très bien. Dans le tranquillo, le trille initial de la flute paraît étonnamment long. Ça surprend. Les Jeux sont bien en place avec une base rythmique très forte. L’instabilité/accélération qui mène au Cortège rend le mouvement vraiment excellent et on ne s’y ennuie pas loin de là ! Dans le Cortège, la place laissée à chaque percussion progressivement apporte vraiment une couleur originale et intéressante à l’ensemble. Le Sage après est très calme. Dans la danse de la Terre, la dynamique des triolets et quintolets rend tout de suite le tout plus dynamique. C’est vif et efficace ! Excellente version, la meilleure de ce groupe.
- Qui était Zduhac au troisième tour ? :
Zduhac était Triglav, qui avec une moyenne de 9,05/10 pulvérisa les concurrents ! Le premier challenger traînait un point derrière, c'était Didilia-Bernstein dans le groupe B. L'excellent score s'expliquait aussi par l'absence de dissidence : cette fois Ravelavélo rallia le concert de louanges ; les "pires" notes émanaient de Benedictus et Anaxagore, et encore ces deux 8/10 ne présentaient rien d'odieux.
Eleanore : 10/10 le dieu aura bien besoin de ses trois têtes pour surveiller tous les membres de Classik Forum qui notent cette interprétation ! Un bel envoutement jusque vers 0mn30. Quelles flûtes ! Très belle pâte orchestrale et de superbes reprises de l’orchestre. Une flute piccolo présente et bien adaptée. Une musique lente à la limite du supportable. Des cordes soyeuses à 1mn45. Les cuivres rythment cette danse mystique. De très belles trompettes à 2mn32. Une tension permanente avec une pulsion lente. Les clarinettes se joignent à la danse à 3mn02. A 4mn32, les jeunes filles s’interrogent sur le sacrifice. Est-il nécessaire ? A 4mn59, une des danseuses tente de fuir. Superbes cordes à 5mn29. Des cors tristes à 6mn13. Le printemps de la nature et son exigence de sacrifice est un dieu cruel. Les victimes courbent le dos. La danse est lente. A 7mn35, les timbales marquent l’arrivée de Triglav. Il va chercher son dû. De grands coups d’archets dessinent une marche puissante, implacable. A 7mn53, les jeunes femmes essaient de fuir. A 8mn15, elles s’enfuient de tous côtés mais les séides du Dieu les rattrapent. L’horreur est là.
Cello : 9,5/10 Introduction : La prise de son me parait très bonne. La musique se déploie amplement, avec des couleurs plutôt glacées et des timbres qui ont du corps. Cela marche franchement bien. Les tuttis sont assez monstrueux, éruptifs, on sent la menace poindre. Le feu et la glace. Vers 4 :10, les graves apportent une bonne assise qui permet à la musique de se développer pour le reste de l’introduction. Cercles mystérieux des adolescentes : Bon tempo, entraînant et bien ferme. Je regrette juste le côté monochrome, blanchâtre des timbres. Glorification de l'élue : Superbement amené, comme une charge inattendue et ça déménage sans qu’on perde des détails. Une très bonne version avec une vraie personnalité. Elle pourrait juste bénéficier de plus de couleurs mais sinon, c’est clairement la meilleure du groupe à mon sens.
Bloups : 8,5/10 Beaucoup de son dès le début (effet de prise de son ? orchestre plus massif ?). La dynamique sonore est plutôt bonne mais l’ensemble est un peu mou. Un défaut de l’intro (à partir du violon solo), les phrases sont en soufflet : ça ne commence pas trop fort, ça monte, ça redescend et ça coupe avant la phrase suivante. C’est bof. Après, les piqués rythmiques aux cordes sont bien faits, le piu mosso reste dans une dynamique proche. La clarinette basse là encore ressort tout particulièrement bien ! Dans les Cercles, les cordes sont belles mais c’est à peu près tout. La transition vers la Glorification est bien faite. La dynamique ici est parfaite ! Les timbales sont en retrait comme il le faut je pense et ça avance continuellement. La version est là encore très bonne.
Anaxagore : 8/10 Enregistrement visiblement plus récent et d’excellente qualité. L’orchestre, superlatif, est enregistré d’assez près et sa présence est impressionnante. La transparence des textures est à nouveau optimale, même si les timbres, beaux, sont aussi beaucoup moins typés. Comme dans Svantovit, je ne retrouve pas ici la magie de Prove et de Siwa. Le côté « impressionniste » de cette partie lente ne ressort pas assez à mon goût. Les contrastes agogiques sont par ailleurs insuffisants. La Glorification de l’élue par contre est sauvage et puissante à souhait. Dommage que les timbales ne ressortent pas davantage. C’est excellent néanmoins.
Roupoil : 9/10 Orchestre massif dès le départ, plus étouffant que mystérieux. Mais c'est très beau ! Les détails ressortent impeccablement, ça a de la personnalité, c'est de loin le meilleur début du groupe pour moi. À 91, on ne sent pas vraiment de rupture de tempo comme dans d'autres versions (j'aime autant mais je ne suis pas sûr que ça respecte vraiment la partition). La progression vers 103 est moins intéressante que le début, avec moins d'intentions, et on perd un peu en précision sur la fin. Il faudra voir si tout ça tient bien jusqu'au bout, mais c'est la version du groupe qui m'a le plus accroché.
Ravelavélo : 9/10 Excellent enregistrement, la meilleure qualité sonore du Groupe, c'est assez flagrant si on compare à la version précédente. La qualité du discours musical s'en trouve rehaussée, tous les instruments sont mis en valeur sans heurt ni bousculade jusqu'au moment fatidique qui s'enchaîne de façon naturelle avec force et vigueur.
Clemens : 9/10 Cette version pâlit en comparaison de Svantovit, mais reste de très grande qualité, dans un registre différent. L'introduction est très bien faite, même si je trouve qu'elle manque de personnalité. Idem pour les cercles. En revanche, la glorification sort vraiment du lot. Les percus sont impeccables, c'est mené tambour battant, sauvage, plus engagé que Svantovit. Superbe.
Eusèbe : 10/10 Beaucoup d'intensité. L'orchestre est superbe, on entend parfaitement les différents pupitres. Quant à l'atmosphère, elle est mystérieuse à souhait dans cette partie. Rien de languissant dans ces passages où le risque de s'endormir est grand. Quant au déchaînement de la glorification, la sauvagerie primitive est bien là. Je trouve cela assez idéal !
Xavier : 9,5/10 Peut-être le plus beau début de tout ce groupe, c'est très vivant comme son, mais le tutti mf qui revient plusieurs fois manque un peu de basses et il y a un tout petit défaut d'intonation parfois parmi les bois. Là je trouve que ça devient difficile à départager, on est dans l'excellence encore une fois, les tempi sont un peu plus lents que dans Svantovit, mais ce n'est pas ça qui peut me faire pencher pour l'un ou pour l'autre. Il m'a semblé entendre un ou deux bruits parasites, c'est peut-être un live. (si c'est le cas, chapeau!) Un peu plus de folie et d'imprévu peut-être ici...
Benedictus : 8/10 Une image orchestrale très dense et très ample, captée avec beaucoup de présence et de relief, avec des contrastes de textures très marqués qui m’ont beaucoup plu; les timbres sont beaux mais presque trop pour mon goût, et pas tout à fait aussi typés que je le souhaiterais. La lecture a beaucoup de personnalité: dans l’Introduction et les Cercles, des contrastes de tempo très marqués compensent des phrasés longs et sinueux mais que j’aurais préféré plus accentués; la Glorification est très réussie, avec beaucoup d’ampleur dans les dynamiques, ce qui donne une vraie puissance, et une certaine souplesse dans la gestion rythmique, qui empêche l’impression de raideur métronomique ressentie ici dans pas mal d’autres versions; en revanche, j’aurais préféré un peu plus de tranchant dans les attaques. Mais au total, c’est très impressionnant.
- Qui était Zduhac au quatrième tour ? :
Sous les traits de Svetovid, Zduhac poursuivait son irrésistible ascension, et crescendo ! En effet non seulement cette version domina les tours 2, 3 et 4, mais elle amplifia chaque fois son score ! Avec 9,2/10, elle galopait presque deux points devant son immédiat challenger, Jarilo-Chailly (7,3/10). Onze des treize auditeurs ont attribué des notes au delà de 9/10, et la petite moitié d'entre eux accordèrent la note suprême !DBL : 7/7 Ici les timbres sont très beaux avec une belle prise de son qui les met en valeur. L’ensemble est cohérent et très plaisant. Ma version préférée.
Roderick : 6,5/7 Une version d’autant plus remarquable que bien que semblant toujours sur un fil, elle ne tombe jamais dans le précipice. Prise de son idéale, on entend tout. Globalement une impression de puissance de bout en bout.
Clemens : 6,5/7 Ici, la prise de son est excellente, les timbres sont magnifiquement colorés (la flute !), les percussions claquent sans retenue, c'est un grand plaisir. L'ensemble est très bien mené là aussi, avec moins de tension toutefois. Je regrette que certaines articulations soient un peu floues, que certaines attaques des cordes soient brouillonnes. A 5'18, ces cordes entrent trop faiblement par rapport aux cuivres. A 174, la timbale explose tout, peut-être trop, d'ailleurs, mais j'aime bien quand même. Et le final est réussi.
Roupoil : 7/7 Là pour le coup, on est dedans dès le départ, en partie probablement grâce à une prise de son qui nous plonge au coeur de l'orchestre. Les interventions des vents sont vraiment habitées, les accents globalement plus marqués, c'est très très bien. La danse sacrale est prise rapidement, on pourrait craindre que ça ne tourne à la bouillie, mais pas du tout, ça reste formidablement tenu, ce côté "précipitation maitrisée" donne une force inexorable à laquelle je ne résiste pas.
Marchoukrev : 6,5/7 Le tempo est assez proche des deux autres versions. Là encore, j’aime beaucoup l’évocation des ancêtres. La construction est parfaite, la dynamique excellente. Passage incroyable aux percussions vers 06’40, franchement c’est du grand art. Une belle prise de son. Globalement, je crois que c’est encore plus engagé que Rod et Zaria.
Xavier : 6,5/7 Dès les premières notes, ça rugit carrément. Excellente version là encore, plus spectaculaire que la précédente, avec des percussions vraiment énormes. (et plus spectaculaire également au niveau de la prise de son) On retrouve les accents que je n'aime pas beaucoup sur les trémolos de violons à 2'26 (une mesure avant 133 sur la partition), mais c'est un détail. Danse sacrale plus rapide que chez Rod; j'adore. D'ailleurs c'en est trop pour le timbalier qui s'embrouille à 6'27, dommage. (on est visiblement en live) A 7'52, tout est trop fort par rapport à ce qui est indiqué sur la partition (piano pour les cors), mais j'imagine que le chef et l'orchestre sont emportés par la furia incroyable qu'ils sont en train de déployer. Pour un live, le résultat global est extraordinaire malgré tout. Je mets donc une excellente note malgré ce petit problème de timbales sur la fin.
Bloups : 7/7 Début plutôt lent mais avec un dynamisme des nuances et formes extrême. L’Action Rituelle est très bien menée grâce au rythme des basses qui permet au cor anglais et à la flûte alto de se mêler l’un dans le thème de l’autre. Le thème à la trompette est fait de manière intéressante, ni complètement détaché, ni legato. Pourquoi pas (j’ai tendance à préférer tout détaché mais ce n’est qu’un détail). La couleur des cordes est superbe ! Les deux gros tutti sont exécutés superbement bien avec un appui non ostentatoire des cuivres qui permettent aux autres d’exister (tremolo des cordes qui arrachent !). La transition vers la Danse Sacrale à la clarinette basse est bien faite. La Danse Sacrale commence et va garder tout au long de sa réalisation une intensité folle et des dynamiques extraordinaires. Les pizz aux cordes avancent superbement et ça fourmille de partout. Tout est extrêmement bien détaillé et très précis. Les couleurs que permettent les cuivres sont superbes. Après 167 on conserve cette impression de course à l’abîme. La partie avec le solo de timbale appuyé par les percussions (puis les cors/cuivres qui se rajoutent) est absolument fou ! Ca avance, c’est rapide mais jamais superficiel. La montée en tension permanente vers la fin, c’est quelque chose ! Excellente version (celle des 6 finalistes que je préfère sans aucune hésitation).
Ravelavélo : 6,5/7 Meilleur son ici, qualité nettement supérieure. Cela donne tout de suite en partant un préjugé favorable à l'interprétation. Beaucoup de volume, pas de saturation. Beaucoup de présence instrumentale, des percussions à leur place, tout en puissance sans enterrer le reste de l'orchestre.
Emeryck : 7/7 La prise de son est déjà beaucoup moins réverbérée, c'est beaucoup plus propre. Je ne suis toujours pas convaincu par le phrasé à 132. L'attaque du 142 est un peu rapide, pareil pour celle du 167. À la fin, on entend bien les percussions, la tension est présente.
Anaxagore : 4/7 La prise de son, transparente, est encore mieux réussie ici. La présence de l’orchestre, capté d’assez près, avec peu de réverbération, est très physique. L’Evocation dans ancêtres et le Rituel adoptent un tempo très modéré. La Danse sacrale par contre est prise vraiment très rapidement. Dans l’absolu, c’est pour moi un peu trop rapide (la précision rythmique s’en ressent parfois), mais c’est d’une âpreté, d’une sécheresse et d’une violence qui sont vraiment impressionnantes. C’est en tout cas très convaincant et j’aime également beaucoup.
Benedictus : 7/7 Là, au contraire, c’est très physique, avec des timbres très riches, des textures denses et nuancées, des effets de dynamique très amples; des tempi rapides qui n’empêchent pas des phrasés travaillés, un engagement quasi furieux qui n’empêche pas la précision. Vraiment la quadrature du cercle.
Abbado : 7/7 Là encore du grand art, plus agressive que la précédente. Pas grand-chose à dire si ce n'est que c'est pas loin de la perfection pour moi (je pense également reconnaitre cette version qui entre dans mon hall of fame du Sacre. Tout y est, l'atmosphère, la sauvagerie, un certain laissé aller (contrôlé) qui est bien nécessaire pour lâcher les chevaux et donner un élan de feu.
Fomalhaut : 5/7 Dans l'ensemble, une belle prise de son malgré une légère confusion dans les dernières deux minutes. La, l'orchestre est pris de très près et cela s'entend...un peu trop ! Une interprétation bien construite à la fois sauvage et nuancée quoique trop rapide dans la dernière partie ou la musique devient, par ailleurs, bruyante et ostentatoire. Pas mal sinon bien.
- Vos commentaires au cinquième tour :
Verdict suite à l'écoute de l'oeuvre complète, dix auditeurs sur seize ont préféré Zduhac : Bloups, Anaxagore, Benedictus, Marchoukrev, Ravelavélo, Clemens, Bruno, DBL, Roupoil, et Xavier -ces trois derniers on même signifié une préférence d'au moins 3/10 points. Le plus réfractaire : Emeryck, qui avait nettement favorisé Zorya. Le plus enthousiaste, ou du moins le plus tranché : Xavier. Attention à l'interprétation de la note /10 : ce n'est pas un score absolu, les deux versions devaient totaliser dix points. Il faut donc situer ces notes par rapport à une moyenne de 5/10.Pipus : 4,5/10 Des sonorités très belles, très rondes, qui laissent l'expression aux notes et au rythme, plus qu'aux timbres (bien que ceux-ci soient très bien restitués par la prise de son). Finement menées, les mouvement s'enchaînent avec évidence, presque en douceur malgré l'urgence de la musique. Beaucoup de profondeur et de richesse dans le spectre sonore (les rondes printanières). Point important à mes yeux, les percussions sont bien rendues (encore une fois quelle précision dans l'enregistrement), présentes, bien qu'à l'instar de l'ensemble de la version elles restent peu agressives.
Marchourev : 6/10 Je sens que ça va être très bon. Le velouté du basson initial, l’acidité des cuivres et des autres bois, la furie des cordes et des percussions : tout y est ! Cette version est un peu plus rapide que la précédente, avec une prise de son un peu moins nette (mais qui reste excellente) et du coup moins « aseptisée ». J’ai l’impression qu’il y a plus de risques dans cette interprétation, que l’orchestre et le chef s’exposent plus… Le dernier geste d’alacrité orchestrale est vraiment impressionnant, avec une danse de la Terre qui trépigne… Je pense que je préfère un peu cette version, en ce qui concerne la première partie. L’atmosphère mystérieuse de l’introduction est superbement rendue, avec des détails instrumentaux parfaitement audibles : le résultat est tout à fait excellent. Par rapport à la Première Partie, je pense également qu’il y a du mieux dans les parties rapides (notamment à la toute fin du ballet, quelle sauvagerie !), qui sont plus vives et plus engagées. La Danse sacrale est l’une des meilleures que j’ai entendues. On va voir, ce que ça donne avec l’autre version.
Anaxagore : 6/10 La version présente peut par contre légitimement y trouver sa place. Je ne l’avais pas reconnue de suite, mais elle figure en bonne position dans ma discothèque. Son principal atout est une prise de son superlative, très physique, très charnelle, et cela en dépit d’un âge vénérable qui en étonnera plus d’un. Les cuivres de l’orchestre s’en donnent à coeur joie, mais la pâte orchestrale ne montre par contre pas la même transparence que Zorya : des détails sont çà et là malencontreusement noyés. Il reste qu’on a ici un réel engagement du chef, tout à son affaire dans ce répertoire, une urgence communicative et une sauvagerie non feinte, même si les couleurs de l’orchestre demeurent pour moi trop civilisées. L’enthousiasme du chef se traduit par des tempi à mon sens parfois outrés (comme cette accélération non notée dans les Augures ou le tempo que je trouve un peu trop rapide dans la Danse sacrale, avec les flottements dans la mise en place qui s'ensuivent). Si ce n’est pas la version que j’aurais spontanément portée à la première position, elle ne déshonore néanmoins pas le podium et a toute sa place sur les premières marches
Ravelavélo : 6/10 De belles harmonies donnent un air fort juvénile au tout début, la clarinette ricane, l'armée suit au pas non loin derrière. Le crescendo s'en vient;: bel équilibre, pas trop punché du genre à vous faire sursauter, belle définition sonore, clarté, limpidité: les cuivres les bois, les percussions, rien à redire, on maintient le suspense, musique narrative: on écoute comme un histoire. Timbales comme un peu en retrait durant la sixième minute. Plus loin ça pétarade comme on peut s'y attendre: pas de surchauffe pour les tympans. Excellente prise sonore de type 'rapprochée': belle présence, climat nébuleux, vaporeux, qui va s'éclaircir progressivement. Vraiment d'une limpidité irréprochable. Cette partie nous livre le moment fort de l'oeuvre, tout se joue, vers la huitième minute. La fin est plutôt exubérante.
Bruno Luong : 6/10 La 1ere partie est d’une perfection rarement atteinte, aussi bien dans l’exécution orchestrale que la rendue de l’intention de la partition : la sauvagerie à l’état pur. Les coups de fouets du augures printaniers sont juste ce qu’il faut : pas trop mou ni trop, mais décisif sans hésitation. Les grondements des Rondes printanières sont impressionnants. Le Jeux de la cité un peu trop rapide que la moyenne, mais j’aime bien. Le contraste de tempi entre la Glorification de l’élue et évocation des Ancêtres sont très juste et très bien vue.
Clemens : 6/10 Cette version est énorme. Par le son déjà, très physique (quelles percussions !), très coloré, envoutant. Ensuite, par l'énergie qu'elle déploie : engagement, nerf, tension et quand il le faut, de la fureur. C'est une vraie expérience. Alors bien sûr, certains équilibres orchestraux pourraient être meilleurs, on trouve de-ci de-là quelques imprécisions, mais qu'importe, Zduhac est magnifique et emporte tout sur son passage. Plus granuleuse, plus vivante, plus fougueuse. C'est ma préférée.
Xavier : 7,5/10 Deux bassons vraiment pas beaux, et faux, entre 0'50 et 1'05. A 2'58, l'accord des altos, vraiment pas beau non plus. (et faux également) A 5'06 les violons II qui entrent arco au lieu de col legno... et je reconnais donc l'une des versions que j'ai notées au 1er tour, moyennement d'ailleurs. D'une manière générale je trouve que les trompettes pétaradent vraiment trop, sont souvent beaucoup trop en avant. (à partir de 10'01 c'est un peu pénible par exemple) La première partie est pour moi globalement assez réussie, mais pas exceptionnelle. J'avais largement préféré Chung (Kupalo au 1er tour), pour ce que j'en avais entendu.
Mais voilà, il n'y a sans doute pas de version parfaite, et je vais plébisciter ici cette version, pour son élan général, sa fougue, sa folie par moments, surtout dans les parties les plus rapides comme la danse de la terre ou la danse sacrale. Pourtant, les deux versions sont excellentes, et si je devais réévaluer les deux mêmes versions dans un mois, ou un an, il n'est pas impossible que je fasse l'inverse... C'est moins rectiligne que Zorya, moins froid, plus imprévisible, ça ressemble un peu à du live je trouve. Et à partir de la Glorification de l'élue je trouve que c'est génial jusqu'au bout. (dommage que tout ne soit pas de ce niveau) Un petit accident chez les timbales à 15'32, mais si c'est un studio, ça n'a pas été retouché et on garde cette impression de lecture sur le vif, avec les risques que cela comporte. J'aime la prise de son très proche, spectaculaire, tranchante, quasiment sans réverbération.
Ce sont deux versions de grande qualité, mais sans doute pas mes préférées (sauf peut-être pour le dernier quart de Zduhac, vraiment génial)
Bloups : 5,5/10 Excellents solistes dans l’intro (le basson en fait-il trop ?). Dans les Augures, ça manque un peu de mordant au début mais ça s’améliore vite mais ça avance de mieux en mieux vers un Jeu du rapt qui est vraiment fou ! Et enfin on respire dans la transition vers les Rondes Printanières (à moins que ce ne soit le début ? je n’ai jamais vraiment compris où ce tableau commençait ?). En tout cas après c’est assez sauvage et accrocheur dans la partie plus rythmée. De très beaux thèmes dans les Jeux. Le Cortège ensuite est un peu trop statique quand on voit ce que l’orchestre a su faire avant. La Danse de la Terre est par contre bien plus convaincante (le passage avec les altos/violons qui virevoltent est excellente !). L’intro de la deuxième partie est particulièrement ennuyeuse jusqu’aux moments piu mosso. Les Cercles ne sont pas non plus bien fameux, sauf que dès que les instrumentistes ont leurs thèmes, ça réveille l’ensemble avec la partie à base de pizz qui est bien dynamique. Heureusement, on sombre à nouveau dans la folie avec la Glorification qui est excellente ! L’Evocation est prise plutôt lentement. Le thème cor anglais/flûte est vraiment génial ! Les tuttis ensuite sont très bien menés tant dans la sécheresse des timbres que la vivacité des accentuations [je me suis perdu dans les tableaux ici mais tant pis]. Le gros plus de cette version c’est cette Danse Sacrale finale qui n’est que folie, risque, rage tout en restant éclatant, précis... Cette manière de finir est impressionnante. En conclusion ici : c’est une version qui voit se défaut ressortir quand on l’entend après Zorya. Cependant, c’est du très très bon. Les mouvements rapides sont tous superbement exécutés. L’orchestre est assez extraordinaire. Seule réserve : le temps mort assez terrible dans les 5-6 premières minutes de la deuxième partie.
Cello : 4/10 Cette lecture propose une plastique luxueuse (timbres suaves, phrasés d’orfèvre, large éventail dynamique), un contrôle impressionnant de précision et une uniformité dans la qualité. Le déploiement des bois dans l’Introduction est superbe. Parmi les autres choses qui m’ont fait tendre l'oreille, je note des Cercles Mystérieux des Adolescentes qui sont dansants mais comme murmurés, étrangement convaincants et des pas furtifs dans l’Action Rituelle des Ancêtres. Mais je trouve tout ça trop froid et poli, pas assez viscéral. Dans cette version, le brin de crasse salutaire est presque totalement absent. Le seul moment qui m’a réellement coupé le souffle est le final, enfin de la folie ! Tout est remarquable de bout en bout mais il manque une personnalité. C’est une Bentley qui roule sur pilote automatique.
Fomalhaut : 4/10 Une excellente prise de son également, peut-être quelque peu tapageuse, une interprétation soignée, incisive et percutante ou on trouve, dans la première partie, la "sauvagerie" qui faisait quelque peu défaut dans l'interprétation de Zorya. Par contre, petit bémol à l'écoute de la seconde partie ou cette "sauvagerie" devient excessive et fatigue quelque peu, on perd l'évolution qui me semble-t-il fait la force de Zorya. Très bien, mais légèrement moins très bien que Zorya.
Emeryck : 3/10 Prise de son assez bonne mais vraiment très très proche - des bruits de souffle se font souvent entendre, notamment au début. Cette version me semble globalement moins engagée que Zorya ; enfin, c'est un crescendo très progressif d'intensité. À 3'00, l'accord des cordes sonne bizarrement. Les percussions me semblent vraiment trop en retrait, à certains moments, c'est dommage...
- Mais qui donc était Zduhac ? :
Encore un jeune chef sur le podium, 32 ans lors des sessions. Avec le même orchestre il grava aussi une faramineuse version des Tableaux d'une Exposition. Si on m'avait demandé un pronostic pour les médailles, j'aurais cité Bernstein, Dorati, Solti et celle-ci. Quels atouts ! Une superbe prise de son, renversante, où l'on entend les moindres détails, mais aussi d'un stupéfiant relief global. Et un orchestre de luxe, qui pendant une décennie avait forgé une exceptionnelle discipline sous la férule d'un redoutable chef hongrois. Virtuosité, mais aussi un brio, un apparat typique que fit fructifier un autre Hongrois qui l'année suivante allait prendre les rênes pour trois glorieuses décennies. Jusqu'à en faire une phalange émérite, parmi les plus célèbres du globe, -parfois au prix d'un certain clinquant, ou d'une routine chromée. Ici, l'ostentation s'intègre implacablement à cette spectaculaire lecture du Sacre. Le jeune maestro veille méticuleusement aux rouages rythmiques, aux nuances dynamiques, mais surtout il porte la partition à bout de bras, la propulse avec une incroyable force charismatique. Là où Chailly cultivait une certaine sobriété, organisait un rituel presque ascétique, ici la baguette libère les pulsions primitives en un rite torrentiel ! Les digues sautent, les carcans explosent, mais l'orgie ne vire jamais à un désordre que ce maestro (à considérer l'ensemble de sa discographie, tôt et toujours féru d'une précision presque maniaque) ne saurait tolérer. Chailly resserrait le drame dans une constriction centripète, aux réseaux calculateurs, aux tensions progressivement asphyxiantes, aux soumissions révélatrices. Ici les coutures cèdent, la peau craque, le muscle gonfle et exhibe une libératoire célébration des instincts, une ivresse émancipatrice et terriblement communicative.
En schématisant, Zorya l'apollinien, Zduhac le dionysiaque ?- Voilà donc la version victorieuse :
- Euh vous voulez vraiment savoir maintenant ? :
- Bon alors voilà... :
- ...l'Élue de vos suffrages :
Seiji Ozawa, Orchestre symphonique de Chicago (RCA, juillet 1968)
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| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Mar 31 Oct 2017 - 23:57 | |
| Elle aussi, c'est la première fois que je l'entendais. Ce qui est amusant, en relisant les commentaires, c'est que plus on avançait dans la partition, plus je lui trouvais des qualités.
En tout cas, merci pour un certain nombre de très belles découvertes: le choix des versions retenues était vraiment original.
Cela dit, je note que tu n'as retenu qu'une version par chef - et pour les récidivistes, on dirait que tu as évité les versions les plus potentiellement consensuelles (Boulez / Cleveland, Monteux / Boston, Salonen / Los Angeles - et pour Markevitch, je vois plusieurs live bien plus tendus que les enregistrements du Philharmonia.) |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91579 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Mer 1 Nov 2017 - 3:31 | |
| C'était déjà une de mes versions préférées, mais je ne l'ai pas reconnue rapidement, parce que je l'ai découverte assez tard, et même si j'écoute souvent le Sacre, j'ai tellement de versions en stock que j'ai tendance à en découvrir une nouvelle quasiment à chaque fois. Il y a par exemple une version de Vasily Petrenko qui vient de sortir.
Bien sûr, il y a Boulez Sony et DG (mais celle-ci est vraiment dispensable), Salonen DG, mais également Levine qui a fait une grande version à mon sens, Dorati Détroit, Roth qui est évidemment très original, Dudamel, Ashkenazy, et j'en passe... J'aurais bien aimé que Levine et Roth fassent partie de la sélection, tout de même. Au final, quelques belles découvertes pour ma part, notamment Muti et Chung (même si je ne suis pas excessivement surpris pour Chung, car je l'avais adoré déjà en concert à Pleyel), et une redécouverte avec Chailly que j'avais dû écouter une fois en passant. |
| | | Bloups Mélomane averti
Nombre de messages : 125 Date d'inscription : 30/03/2017
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Mer 1 Nov 2017 - 9:11 | |
| Donc une version que je ne connaissais évidemment pas mais vers laquelle je vais aller sans aucune hésitation très vite. Merci pour toutes ces belles découvertes Cette version a vraiment été passionnante de bout en bout (sauf peut-être le début de la deuxième partie mais bon...) mais au fil des réécoutes de la finale, j'ai presque regretté son manque de clarté surtout comparé à la pureté de Chailly mais je pense en fait que c'est surtout un choix. La folie en tout cas y est bien présente (cette fin !!), c'est vraiment excellent. Et cette pochette |
| | | clemensnonpapa Mélomane averti
Nombre de messages : 179 Date d'inscription : 10/11/2012
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Mer 1 Nov 2017 - 10:07 | |
| Eh bien, cette écoute fut fort passionnante ! Ozawa... Quand je pense que j'ai cet enregistrement dans le coffret Sony du Sacre et que je ne l'ai qu'à peine écouté Tout comme Jansons, c'est un chef qui m'avait très agréablement surpris lors de l'écoute Bartók. C'est dommage qu'il n'ait pas mieux réussi le début de l’œuvre, mais la suite rattrape tout ! Au final, les versions que je retiens de l'exercice sont Ozawa, Chailly et Tilson Thomas. (Je vais aussi en profiter pour jeter une oreille à Levine, ça ne mange pas de pain...) Merci encore à Mélo pour cette sélection de haute volée et cette organisation au cordeau ! |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97900 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Mer 1 Nov 2017 - 11:41 | |
| Ozawa et Chailly au bout du chemin, ça ne paraît pas illogique en effet, aussi bien pour leurs qualités que pour les prises de son. J'ai Ozawa sur ma liste d'attente depuis un moment (puisque je n'écoute pas très souvent le Sacre), mais comme il ne rate jamais rien (d'ailleurs, son Oiseau et son Petrouchka de 47 sont vraiment parmi les meilleures versions également…), même pas ses Mozart et ses Bach… Jamais écouté ces deux-là. Merci à Mélo d'avoir conduit cette écoute avec ton sens de la théâtralité coutumier, et merci à tous ceux qui, en contribuant, l'ont rendue possible. Même sans participer, on en retire quelque chose ! Outre Ozawa et Chailly que je vais à présent écouter en priorité pour vérifier si vous avez aussi mauvais goût que d'habitude et pouvoir me moquer de vous, j'ai découvert Muti-Philadelphie à cette occasion, que je n'aurais en toute honnêteté jamais essayé (la première fois qu'un enregistrement orchestral de Muti m'intéresse), et qui est pourtant une version totalement atypique et fascinante ! Parmi celles que j'aime le plus et qui manquaient, Rattle a bien dû graver ça avec Berlin quelque part… et il y a Darlington avec Duisburg : superbe dans la conception et la réalisation, bien sûr, mais aussi et surtout une prise de son (le label Acousence en est spécialiste) extraordinaire de réalisme, vraiment très proche de ce qu'on entend en vrai dans une salle de concert. Indépendamment de l'interprétation qui est très belle, c'est aussi une véritable expérience atmosphérique. -- Il n'y avait pas dans la liste (hors Ansermet) les versions que je trouve peu réussies : Bernstein-Israel PO (moche et pas mal de hors piste), Litton-Bergen (étrangement hédoniste, froid et tranquille), Abbado-LSO (mou comme leurs Mendelssohn). Ni certaines autres que j'aime, bien sûr ( Roth-Siècles, Solti-Concertgebouw). |
| | | Pipus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3574 Age : 50 Localisation : Vienne... en Isère, pas en Autriche ;-) Date d'inscription : 24/05/2010
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Mer 1 Nov 2017 - 13:15 | |
| Ozawa / Chicago ! Avec Chailly, voici des surprises pour moi malgré la large sonorité de ces versions. Ozawa avait terminé 4e de l'écoute de la 4e symphonie de Brahms |
| | | Anaxagore Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3094 Age : 59 Date d'inscription : 06/01/2012
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Mer 1 Nov 2017 - 14:20 | |
| Un très grand merci à Mélo pour cette écoute comparée vraiment passionnante . C'était mené de main de maître . La sélection était remarquable. On peut bien évidemment regretter certains absents, mais c'est inévitable vu la quantité d'enregistrements existants. Je pense notamment à Boulez/Cleveland I, jadis si souvent cité comme référence. Je me demande comment il se serait comporté dans cette écoute à l'aveugle ... Dans ma sélection personnelle, je retiens, pour les « primitives », Ančerl et Svetlanov. Pour les plus luxueuses, avant tout Muti, puis MTT/Boston et bien sûr Ozawa. J'y ajoute Chailly, pour la perfection de la mise en place, le dégraissage, la transparence et la virtuosité et bien sûr, la plus belle découverte de cette écoute pour moi, Jansons/Oslo que j'ai commandé sans attendre . J'ajoute encore le très atypique Suitner/Dresde, pour le plaisir impur d'écouter la vénérable Staatskapelle dans cette œuvre . Encore merci à Mélo pour tout ce travail . |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97900 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Mer 1 Nov 2017 - 14:41 | |
| - Anaxagore a écrit:
- Je pense notamment à Boulez/Cleveland I, jadis si souvent cité comme référence. Je me demande comment il se serait comporté dans cette écoute à l'aveugle ...
À mon (humble) avis, dans le genre un peu impavide / très détaillé, vous aviez plus marquant dans cette sélection (à commencer par Ančerl, la typicité en sus), mais il est vrai qu'en termes de prestige, il aurait été intéressant de voir le moment de son élimination (sans doute tôt, considérant la concurrence et les attentes de l'auditoire !). |
| | | Anaxagore Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3094 Age : 59 Date d'inscription : 06/01/2012
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Mer 1 Nov 2017 - 15:04 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- Anaxagore a écrit:
- Je pense notamment à Boulez/Cleveland I, jadis si souvent cité comme référence. Je me demande comment il se serait comporté dans cette écoute à l'aveugle ...
À mon (humble) avis, dans le genre un peu impavide / très détaillé, vous aviez plus marquant dans cette sélection (à commencer par Ančerl, la typicité en sus), mais il est vrai qu'en termes de prestige, il aurait été intéressant de voir le moment de son élimination (sans doute tôt, considérant la concurrence et les attentes de l'auditoire !). J'aurais sans doute été l'un des premiers à le dézinguer ... Je n'ai jamais trop aimé les lectures du Sacre de Boulez à Cleveland. C'est pour cela que sa version avec l'Orchestre de l'ORTF m'a tellement surpris par sa sauvagerie. Mais la prise de son (pour autant qu'on puisse parler d'une prise de son) est vraiment trop impossible ... |
| | | abbado71 Mélomane averti
Nombre de messages : 200 Age : 31 Date d'inscription : 19/10/2009
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Ven 3 Nov 2017 - 9:36 | |
| Bravo encore une fois à notre organisateur !! (et désolé de n'avoir pu participer à la finale) Pour les autres versions que j'aime vraiment beaucoup, hormis les 2 finalistes et Mariss Jansons/Oslo Robert Craft qui est forcément intéressante, ne serait-ce que par sa filiation avec Stravinsky mais sa qualité va plus loin Alain Lombard avec Bordeaux dans une versions très personnelle et un jeu sur les équilibres qui me plait vraiment Bernard Haitink en live avec le Berliner |
| | | Ravélavélo Mélomane chevronné
Nombre de messages : 9125 Localisation : Pays des Bleuets Date d'inscription : 28/09/2015
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Ven 3 Nov 2017 - 19:15 | |
| J'adresse mes félicitations et mes remerciements à Mélomaniac pour son sens de l'organisation, bravo aux mélomanes qui ont participé de près ou de loin, en tout ou en partie, on s'est bien amusé d'une façon fort instructive avec de belles découvertes et autant de surprises, |
| | | Pipus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3574 Age : 50 Localisation : Vienne... en Isère, pas en Autriche ;-) Date d'inscription : 24/05/2010
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Ven 3 Nov 2017 - 19:18 | |
| Oui, un grand merci à Mélo pour cette superbe écoute, rondement menée. Encore de belles découvertes, et le plaisir de lire les avis passionnants des auditeurs ! |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky Sam 4 Nov 2017 - 21:58 | |
| - Bloups, au sujet de la version Ozawa, a écrit:
Et cette pochette
On doit ce tableau à l'illustrateur américain Eric Carle (1929-) |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
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| Sujet: Re: Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky | |
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| | | | Écoute comparée : Le Sacre du Printemps de Stravinsky | |
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