Petit guide discographique de la mélodie britannique.

Ivor GURNEY (1890-1937)

Songs

Susan Bickley: soprano
Iain Burnside: piano



Une très belle surprise ici (je ne connaissais pas le compositeur jusqu'à présent), et je trouve que Gurney se démarque des compositeurs dont j'ai déjà parlé.
Pas de coloration "folk" ici, un style bien personnel et une écriture que j'ai trouvée plus "moderne" avec des mélodies élaborées.

L'interprétation n'est pas en reste, avec la mezzo-soprano Susan Bickley et le pianiste Iain Burnside qui commence à nous être familier.

Le programme:

Spoiler:

Seulement la moitié des textes (anglais) dans le livret, l'autre moitié étant protégée par copyright.

Ralph VAUGHAN WILLIAMS

- Songs of travel
- The house of life
- Linden Lea
- Four poems by Fredegond Shove

Roderick Williams / Iain Burnside



On retrouve les Songs of travel que chante également Bryn Terfel sur l'album "The vagabond" (voir plus haut).

Pour le reste du programme, les mélodies étant jouées plus ou moins sur le même tempo, lent, il s'y dégage une certaine mélancolie, voire monotonie sur la durée, une impression que ces mélodies se ressemblent.
C'est sans doute le fait d'une unique écoute pour l'instant.

Détails du programme:

Spoiler:

Textes de présentation uniquement (anglais / allemand).

BRITTEN

-Songs and proverbs of William Blake (Op.74
-Tit for Tat (sur des poèmes de Walter de la Mare)
-Folk songs

Roderick Williams / Iain Burnside



-Songs and proverbs of William Blake:
7 proverbes suivis de sept poèmes, les proverbes servant de lien.

La musique accompagnant les proverbes est basée sur un même motif de 4 notes, semblable à la série de variations servant d'interlude entre les scènes de "The turn of the screw".

-Des compositions de jeunesse pour les 5 poèmes de "Tit for tat"

-Des arrangements de chansons folk (10) pour clore le programme. Changement d'ambiance donc. Parmi ces folk-songs, j'ai reconnu dans "O Waly, Waly" une chanson qu'interprète Graeme ALLWRIGHT sous le titre "La mer est immense".

Détails du (beau) programme:

Spoiler:

Textes en anglais sauf pour les 5 poèmes de "Tit for tat"

Les Blake sont tout de même assez déconcertants, avec leur univers mi-naïf mi-sarcastique et leur style un peu expérimental. Je ne connais pas cette version, mais j'aime beaucoup l'éloquence de Gerald Finley et le piano toujours remarquable de Julius Drake (Hyperion). En revanche, j'ai longtemps été tenu à l'écart de l'œuvre par la version du compositeur et Fischer-Dieskau (Decca): l'anglais de DFD, sans être particulièrement mauvais, sonne tellement bizarre qu'il m'a toujours gêné.

Benedictus a écrit:

Les Blake sont tout de même assez déconcertants, avec leur univers mi-naïf mi-sarcastique et leur style un peu expérimental.

Ah j'aime bien.

Oui, Finley / Drake ça doit être bien; par contre je ne suis pas un inconditionnel de Fischer-Dieskau pour qui les "Blake" ont d'ailleurs été composés  

Benedictus a écrit:

Les Blake sont tout de même assez déconcertants, avec leur univers mi-naïf mi-sarcastique et leur style un peu expérimental. Je ne connais pas cette version, mais j'aime beaucoup l'éloquence de Gerald Finley et le piano toujours remarquable de Julius Drake (Hyperion).

Il s'agit de cette version, je suppose.

Oui, excellente.

Rubato a écrit:

Benedictus a écrit:

Les Blake sont tout de même assez déconcertants, avec leur univers mi-naïf mi-sarcastique et leur style un peu expérimental. Je ne connais pas cette version, mais j'aime beaucoup l'éloquence de Gerald Finley et le piano toujours remarquable de Julius Drake (Hyperion).

Il s'agit de cette version, je suppose.  

Benedictus a écrit:

Oui, excellente.

J'ai fait une petite écoute comparative sur des extraits entre cette version et celle de Roderick Williams / Iain Burnside: les voix sont différentes mais les interprétations se valent.
À ce niveau, ce n'est plus qu'une affaire de goût personnel, amha .

Roderick Williams / Iain Burnside.

J'avais beaucoup aimé le volume "Earth and air and rain" de Finzi.

Celui-ci m'a laissé un peu sur ma faim.

Programme:

Spoiler:

A propos de Earth and Air and Rain, connais-tu le double CD paru sous ce titre chez Hyperion et qui rassemble tous les cycles de Finzi sur des poèmes de Thomas Hardy, par Martyn Hill et Stephen Varcoe avec Clifford Benson au piano?

Et globalement, Finzi, ça se rapprocherait de quoi?

Benedictus a écrit:

A propos de Earth and Air and Rain, connais-tu le double CD paru sous ce titre chez Hyperion et qui rassemble tous les cycles de Finzi sur des poèmes de Thomas Hardy, par Martyn Hill et Stephen Varcoe avec Clifford Benson au piano?  

Et globalement, Finzi, ça se rapprocherait de quoi?

C'est celui-ci   ; je ne le connais pas , mais ce sont de bons interprètes (Stephen Varcoe beau baryton).
programme:

Spoiler:

On peut trouver les autres poèmes de Hardy sur ce volume chez naxos:


programme:

Spoiler:

Sinon pour le style, on peut parfois penser à Quilter, Butterworth, voire Britten de jeunesse, mais sans le côté "folk" que l'on trouve parfois chez ces derniers.

J'ai réécouté l'album "I said to love" (que j'ai mieux apprécié cette fois); c'est de la belle mélodie, souvent dans des tempos lents ou moyens, comme dans l'op.18 "Before and after summer".

Si tu aimes la "mélodie anglaise" de cette époque, je pense que tu aimeras Finzi.

Spoiler:

ou

Philip Langridge
Steuart Bedford

Cet album est parsemé de petites perles, dans chaque opus.

The Holy sonnets of John DonneOp.35
Composé en 1945.
Style agité, déclamatoire, mais un moment d'apaisement avec le beau Since she whom i lov'd.

Seven sonnets of Michelangelo Op.22
Achevé en 1940 pour Peter Pears.
Chanté en italien dans un style moins déclamatoire; de beaux moments ici aussi.

Winter words Op.52 sur des textes de Thomas Hardy.
Composé en 1953. Le compositeur planchait alors sur son opéra The turn of the screw.

Et pour conclure deux mélodies à nouveau sur des textes de Thomas Hardy.

Rien à jeter !

Belle interprétation.

Pour moi, un indispensable.  

Détails:

Spoiler:

Ah, oui, ces trois cycles-là sont clairement des chefs-d'œuvre.
Langridge / Bedford non seulement dans mon souvenir c'est excellent, mais ça permet d'avoir les trois sur un seul disque.

Ian VENABLES (1955)



2 cycles:
- The song of the Severn Op.43.
5 mélodies pour baryton, quatuor à cordes et piano, qui rendent hommage à la rivière "The Severn" dans le Worcestershire.

- The pine boughs past music
4 mélodies pour baryton et piano.

Ambiance bucolique pour ces deux cycles.

- Quatre mélodies pour baryton et quatuor à cordes.
- Cinq mélodies pour baryton et piano.

Roderick Williams : baryton
Carducci strings quartet
Graham Lloyd: piano

L'utilisation du quatuor à cordes vient rompre une monotonie que l'on pourrait ressentir à l'écoute de ces mélodies.
Mais cela reste très plaisant et c'est très bien interprété.

Détails du programme:

Spoiler:

BRITTEN

Spoiler:

J'en dirai quelques mots plus tard...

Excellente version, en effet: Langridge, déjà... Prestations instrumentales épatantes. Seules réserves:
1. Derek Lee Ragin, qui, aux défauts structurels des contre-ténors dès qu'il s'agit de dire, ajoute un timbre vraiment moche - (dommage, parce que sinon Langridge / Finley, ça aurait pu être idéal dans Journey of Magi; du coup, mieux vaut retourner à Pears / Bowman / Shirley-Quirk.)
2. Je ne suis pas trop convaincu par l'enchâssement de Still Falls the Rain dans le mélodrame The Heart of the Matter (malgré M.)

Benedictus a écrit:

2. Je ne suis pas trop convaincu par l'enchâssement de Still Falls the Rain dans le mélodrame The Heart of the Matter (malgré M.)

C'est voulu par le compositeur, il me semble.  
C'est différent dans la version que tu cites ?

Concernant Derek Lee Ragin, il faut que je réécoute.

Rubato a écrit:

C'est voulu par le compositeur, il me semble.  
C'est différent dans la version que tu cites ?

Oui, mais The Heart of the Matter est un ajout de circonstance au Canticle III. D'ailleurs, il ne figure pas dans l'enregistrement des Canticles par Britten et Pears.

Benedictus a écrit:

Rubato a écrit:

C'est voulu par le compositeur, il me semble.  
C'est différent dans la version que tu cites ?

Oui, mais The Heart of the Matter est un ajout de circonstance au Canticle III. D'ailleurs, il ne figure pas dans l'enregistrement des Canticles par Britten et Pears.

En fait c'est plutôt "Canticles III" qui a été incorporé à "The heart of the Matter" en 1956 avec ajout de trois nouvelles mélodies pour la circonstance. C'est sous ce titre que ce programme fut interpréré pour la première fois par Pears, Brain et Britten, avec Edith Sitwell en tant que narratrice.

Oui, mais Canticle III avait été composé en 1954 (et créé en 1955 - déjà avec Pears & Brain), comme une œuvre autonome.

Benedictus a écrit:

Oui, mais Canticle III avait été composé en 1954 (et créé en 1955 - déjà avec Pears & Brain), comme une œuvre autonome.

Oui. C'est vrai que c'est un peu curieux; n'aurait-il pas été un peu "poussé" par Edith Sitwell, d'après ce que j'ai pu lire ?

Je dois dire que je reste fidèle à cette version... que je trouve assez magnifique pour les trois chanteurs ainsi que les instrumentistes...

Ah oui! que du "beau monde"

Rubato a écrit:

Ah oui! que du "beau monde"

J'adore Bostridge dans Britten... et en effet, que du beau monde!

Je réécoutais l'album de Ian VENABLES, et je confirme ce que j'ai pu en dire ici:

C'est agréable, plaisant, mais sans plus. Pas vraiment de moments forts.
Une relative déception.

J'avais un peu délaissé le genre...
Retour donc, avec ce très bel album de mélodie d'Ivor Gurney.
Un régal, et pour qui aime le genre, c'est à ne pas manquer.

L'interprétation est excellente (belle voix de la mezzo Susan Bickley); et bien sûr le piano de Iain Burnside.

Je recommande l'album Songs of Madeleine Dring de Stanford Olsen, Timothy Hoekman, Wanda Brister. Madeleine Dring était une compositrice et actrice anglaise. Ses mélodies présentent des degrés de sophistication divers, mais sont toutes très évocatrices. Une belle découverte qui a bercé mes oreilles ces derniers jours.

Écouté aujourd’hui:


• BUTTERWORTH: Six Songs from A Shropshire Lad. Bredon Hill and Other Songs from A Shropshire Lad
Roderick Williams (baryton), Iain Burnside (piano)
Westleton, I.2010
Naxos

Rubato avait déjà parlé de ce disque à la page précédente. Une lecture absolument évidente de ces piliers du répertoire de la mélodie britannique: assurément un jalon essentiel. Voir ici.

[Playlist]

Frederick Delius
Songbook 1

Mark Stone : baryton
Stephen Barlow : piano

Très belle interprétation de Mark Stone & Stephen Barlow.

voir ici

Sir Arthur Somervell (1863-1937)

Maud
A Shropshire Lad

Roderick Williams, baryton
Susie Allan, piano



Une figure majeure du monde musical anglais de la toute fin XlXème, un peu oubliée aujourd'hui. Son inspiration montre une facilité mélodique certaine et ses songs sont peut-être la meilleure part de son oeuvre, surtout quand elles sont servies par le talent de Roderick Williams. On sent que Somervell a du écouter beaucoup Mendelssohn, Schumann, Brahms et dans une moindre mesure Schubert, quoiqu'il en soit ces 2 cycles que sont Maud (Alfred Tennyson) et A Shropshire Lad (A.E. Housman) révèlent une sensibilité très fine pour la prosodie anglaise. Comme le dit Roderick Williams, normalement peu enclin à explorer le répertoire Victoriana du tournant XlXème XXème, [Maud] est "an examination of turbulence, obsession, paranoia and the fear of loneliness". C'est cette parenté poétique avec les grands cycles de Lieder germaniques qui l'a poussé à s'intéresser à Somervell.

Les parties de piano sont très élaborées. Un disque vraiment recommandable et la voix de Williams est une pure splendeur.

Ah, ça m'intéresse...je vais y jeter une oreille!

Oh, ça vient de paraître vendredi, ça ! C'est sur ma liste des prochains jours…

Merci beaucoup pour l'introduction Actéon, ce fait encore davantage envie !

[Playlist]

George BUTTERWORTH

Songs from a Shropshire Lad
Folk songs from Sussex

Roderick Williams / Iain Burnside

Quel bel album, toujours le même plaisir; pour Songs from a Shropshire Lad bien sûr mais aussi pour les Folk songs from Sussex tellement réjouissants !
J'en ai dit deux mots page précédente, et Benedictus en a fait une belle présentation ici.

Oh oui, quel album fondamental !

Actéon a écrit:

Sir Arthur Somervell (1863-1937)

Maud
A Shropshire Lad

Roderick Williams, baryton
Susie Allan, piano



Une figure majeure du monde musical anglais de la toute fin XlXème, un peu oubliée aujourd'hui. Son inspiration montre une facilité mélodique certaine et ses songs sont peut-être la meilleure part de son oeuvre, surtout quand elles sont servies par le talent de Roderick Williams. On sent que Somervell a du écouter beaucoup Mendelssohn, Schumann, Brahms et dans une moindre mesure Schubert, quoiqu'il en soit ces 2 cycles que sont Maud (Alfred Tennyson) et A Shropshire Lad (A.E. Housman) révèlent une sensibilité très fine pour la prosodie anglaise. Comme le dit Roderick Williams, normalement peu enclin à explorer le répertoire Victoriana du tournant XlXème XXème, [Maud] est "an examination of turbulence, obsession, paranoia and the fear of loneliness". C'est cette parenté poétique avec les grands cycles de Lieder germaniques qui l'a poussé à s'intéresser à Somervell.

Les parties de piano sont très élaborées. Un disque vraiment recommandable et la voix de Williams est une pure splendeur.

Je viens de l'écouter ce matin. Deux beaux cycles effectivement (avec un texte de Edgard Poe entre les deux), et servis par le talent inaltérable de Roderick Williams accompagné ici au piano par Susie Allan.

Christopher Maltman : baryton
Joseph Middleton : piano

Un bel album thématique sur lequel je reviendrai demain.

Oh oui, il est très très bien ! Impatient de lire ta critique !

Sur le même thème, il y a Severn & Somme, par Roderick Williams  et Susie Allan, dans un programme axé autour de Gurney et Venables.
Découvert récemment, je suis assez friand de ce dernier compositeur, assez rétro et doux-amer.

Intéressant l'album que tu cites; je suis passé à côté et je vais aller y jeter une oreille.

Alors dans le même thème, on peut aussi ajouter le bel album de Ronald Corp, Fields of the Fallen

Il y a aussi celui de Bostridge/Pappano "Requiem - The Pity of War"

Pour en revenir à l'album The Soldier - "From Severn to Somme"

Même thématique donc, autour de la guerre en général, et en particulier celle de 14/18..."la grande"

Le programme:

La liste des compositeurs montre que le programme est copieux.
Il y a donc une majorité de mélodies anglaises, mais on y trouve également du français, de l'allemand et du russe.

Pour les auteurs, on n'est pas en reste avec:

A.E. Housman (des poèmes de "A Shropshire lad") mis en musique par Butterworth et Somervell. On retrouve d'ailleurs certains de ces poèmes (5) sur l'album "Requiem - The Pity of War"

Sully Prudhomme pour la mélodie "Les berceaux", musique de Fauré.

Henrich Heine - Die beiden Grenadiere mis en musique par Robert Schumann.

Eduard Möricke - Der Tambour - Hugo Wolf.

Andersen (traduit par Chamiso) - Der Soldat - Robert Schumann.

Thomas Hardy - Channel Firing - Gerald Finzi.

Voilà pour les plus connus.

Pour l'amateur du genre, ce sont bien sûr des mélodies que l'on connaît déjà bien, rien de vraiment nouveau, mais rassemblées ici avec cette thématique, cela donne quelque chose de très cohérent, de très varié aussi étant donné la diversité des compositeurs et auteurs.

Pour l'interprétation,Christopher Maltman est vraiment bien; j'avais un peu peur de trouver une voix légèrement usée, mais non, pas de problème.
Très bon accompagnement aussi du pianiste Joseph Middleton.

Une belle réussite (amha).

Rubato a écrit:

Intéressant l'album que tu cites; je suis passé à côté et je vais aller y jeter une oreille.

Alors dans le même thème, on peut aussi ajouter le bel album de Ronald Corp, Fields of the Fallen

Il y a aussi celui de Bostridge/Pappano "Requiem - The Pity of War"

Une belle réussite (amha).

Oui, je les ai tous écouté dans ma rétrospective Grande Guerre, je crois en avoir touché deux mots quand j'ai commenté l'album de Corp (que j'ai beaucoup aimé et découvert grâce à toi)   . Toujours dans le domaine vocal, mais plus du tout britannique ou artistique, j'avais été très agréablement surpris par The Pink Lady, recueil de chansons francophones populaires durant la Grande Guerre. Antimilitarisme, dénonciation des riches, gouaille, on est très loin de la poésie poignante de Gurney ou Stephan (j'adore Pantherlied), mais l'album est de la bonne humeur en barre.



Pour revenir à The Soldier, pas de découverte bouleversante, mais la sélection est aussi intelligente et variée que l'interprétation, et je me joins au rang des conquis.

Mefistofele a écrit:

Sur le même thème, il y a Severn & Somme, par Roderick Williams  et Susie Allan, dans un programme axé autour de Gurney et Venables.
Découvert récemment, je suis assez friand de ce dernier compositeur, assez rétro et doux-amer.

C'est commandé!

[playlist]

Ivor GURNEY (1890-1937)
Songs

Susan Bickley: soprano
Iain Burnside: piano

De très belles mélodies dans une excellente interprétation! J'en ai dit deux mots page précédente

Programme:

Geraldine McGreevy : soprano
Adrian Thompson : ténor
Roderick Williams : baryton
Joh Talbot : piano

Commentaires bientôt.

Tiré de Playlist...


Aux pays où l'on fait la guerre

Enfin, recommendation presque sans mélange pour le magnifique album Heracleitus, autour d'un programme Warlock / Butterworth / Gurney. La voix de Charles Daniels, même si pas nécéssairement mon idéal, est claire et juvenile, héroique et caressante comme il sied au style des Songs. Magnifique accompagnement, et le cycle Ludlow and Teme qui ouvre le CD, avec piano et quatuor est parfaitement enthousiasmant. L'alternance de pièces chambristes (Butterworth et Gurney, d'authentiques raretés) contribute à l'excellence du moment passé.

Je le rajoute sur ma liste!

Pensée émue pour Rubato, Those Blue Rembered Hills, le nouveau disque de EM Records constituant la suite logique d'Heracleitus, est aussi bon que son précécesseur (pour des raisons différentes, comme détaillé ci-dessous).



Commençons par le "produit d'appel" en ce qui me concerne, la partie vocale est confiée à Roderick Williams, une valeur incontournable dans les Songs. Bien que vendu à sa cause, je rappelerai toutefois sa diction précise, son sens des atmosphères, un timbre flatteur. Aucune réservation personnelle sur le chanteur, là où Daniels ne convenait pas à mon idéal.
La déception (relative) : l'inclusion du quatuor de Gurney, dont c'est la première mondiale. Une jolie pastorale, bien interprétée, un peu longue pour ce qu'elle a à offrir. L'importance du point de vue musicologique se comprend, mais l'adagio seul utilisé comme interlude musical dans la précédente parution m'avait suffit.

Quant au contenu proprement dit...

• Un superbe cycle vocal avec quatuor et piano, The Western Playland (and of Sorrow), pendant moins connu de Ludlow and Teme. C'est un tort, car il contient bien des perles. Pour n'en citer que quelques unes... Reveille déborde de sève et évoque Butterworth, Twice a Week est d'une remarquable tension, The Aspens baigne dans une touchante mélancolie, Is my Team Ploughing donne à entendre le trot des chevaux en parade avant de prendre une tournure plus dramatique, The March revient à une atmosphère apaisée, gonflée de nature, avant une longue coda instrumentale.
  
• 4 songs de Howells, proche de Gurney, aux atmosphères variées : médiévale pour There was a Maiden, insouciante pour Girl's Song, festive pour The Mugger's Song, poésie ineffable enfin pour King David.
  
• 2 songs de Gurney, pour encadrer son quatuor, les superbes Edward, Edward (très dramatique qui aurait eu sa place dans l'album The Ballad Singer) et By a Bierside. Cette dernière, extrêmement poignante et composée dans dans les tranchées, constitue une parfaite conclusion à l'album, avec son élan final vers les cieux.
  

Mes plus vives recommandations !

Je le rajoute sur la liste!!

J'attends ça:

programme::

Avec à l'affiche: Robin Blaze, Allan Clayton, Anna Grevelius, Ruby Hughes, Benedict Nelson, Matthew Rose, Joseph Middleton.

J'aurai l'occasion d'en reparler.

J'en reviens à l'album Purcell/Britten que j'ai présenté ci-dessus.

Curieux album, puisque l'on assiste en quelque sorte à une "collaboration" entre deux compositeurs que plus de deux siècles séparent.

Bien ancrés dans le baroque avec les compositions de Purcell, et la touche "moderne" de Britten avec ses arrangements au piano.

Piano donc, là où l'on s'attendrait plutôt à entendre une "basse continue" en accompagnement, ce qui donne cette sensation d'anachronisme.
Après l'effet de surpris (surtout pour la première partie), on s'y fait très bien.  

Le programme en détail::

Ceci est plus sensible dans ce que j’appellerai la "première partie", avec les textes "sacrés" et aussi les parties consacrées au théatre dans lesquels on trouve arias et récitatifs,
avec des extraits de "Fairy Queen", "Indian Queen" "King Arthur" "The Comical History of Don Quixote"...

La "deuxième partie", sur le CD2 est plutôt la partie "profane", mais j'y reviendrai après une nouvelle écoute.

Tout ceci est fort bien interprété par:
Ruby Hughes : soprano
Anna Grevelius : mezzo-soprano
Robin Blaze : contre-ténor
Allan Clayton : ténor
Benedict Nelson : baryton
Matthew Rose : basse
Joseph Middleton : piano

Les airs que Ferrier a enregistré dans ces versions (en fait, ce doit être pour la radio, de mémoire), ça fait partie des plus belles choses du monde. "Mad Bess", c'est un des trucs qu'elle a le mieux chanté, dans le genre grande scena dramatique, ça dit à tout le monde qu'elle avait parfaitement les moyens d'être une chanteuse d'opéra. Mais je ne sais pas si c'est encore du Purcell.

Disque de chevet, sinon, le récital Baker pour EMI. L'intensité des affects trouve en Baker une interprète hors norme (parfois à la limite de la possession pure et dure ... La Belle Dame sans Merci, hallucinée, est une expérience assez géniale, un de ses moments qui m'ont fait aimer ce répertoire) qui donne autant à des pièces de 2 minutes qu'à un opéra complet, en terme d'investissement comme de déploiement vocal (comme ça n'est pas une voix "facile" on entend toujours l'effort en quelque sorte mais aussi la force).