SM – Schumann, Mahler – Ticciati, Andsnes, DSO – 12/02/2022

SAMEDI 12 FÉVRIER 2022 – 20h30
La Seine Musicale, Auditorium Patrick Devedjian

Robert Schumann – Concerto pour piano op. 54

Gustav Mahler – Symphonie n° 1 "Titan"

Leif Ove Andsnes, piano
Deutsches Symphonie-Orchester Berlin
Robin Ticciati, direction

Ce concert paraît devoir bien se tenir à la Seine Musicale, qui s'offre un week-end avec deux orchestres en tournée, le DSO ce soir et l'Orchestre symphonique des Flandres demain (Requiem de Fauré avec Roderick Williams, Hana Blažíková et le Chœur de chambre philharmonique estonien).

J'y vais d'abord pour découvrir l'orchestre et le chef, j'en ai un peu assez des deux œuvres.

Oui, un chef particulièrement intéressant pour ce que j'ai entendu de lui au disque - avec des options interprétatives très singulières mais très convaincantes dans La Mer ou dans la 6ᵉ de Bruckner - et un orchestre que j'aime beaucoup (très lisible sans pour autant sonner «light» - très focalisé mais le grain est dense - et toujours très engagé.)

Et puis Andsnes, c'est quand même toujours du très beau piano (même si ce n'est pas l'interprète le plus échevelé qui soit!)

Très intéressé par ton retour!

Oui, très bel attelage, mais les œuvres ne me motivent pas (je viens d'entendre un très beau Schumann, et il y aura probablement 5 ou 6 Mahler-1 la saison prochaine…).

Et comme j'ai déjà entendu le DSOB (c'était mon premier concert symphonique quand je suis arrivé à Paris, en 2009 : avec Metzmacher dans L'Oiseau de feu intégral ! ).

C'est marrant "SM Schumann" comme titre de sujet.

Belle soirée à Boulbi : après le Schumann de Grimaud et Harding dix jours plus tôt, ce qui frappe dès l’entrée est le son plus sombre et plus musculeux de l’orchestre, caractère sombre qui reste une marque germanique. Les cordes dominent, denses, les traits des cordes graves se détachent avec un beau grain. Les trompettes étaient d’époque (?), pétaradantes. Le concerto n’a pas l’aspect de course vers l’avant que lui donnait Grimaud, tout reste construit et dessiné avec netteté. J’étais derrière le piano, que j’entendais convenablement mais sans vraiment en distinguer toutes les nuances, donc je ne peux trop parler de Andsnes, mais son jeu m’a paru de très belle facture. En bis une pièce de Dvořák.

La symphonie : Ticciati en donne une lecture très tendue, contrastée avec des tempos très vifs dans les mouvements allants, qui permettent à l’orchestre de mettre en valeur son énergie. L’attaque du deuxième mouvement, par exemple, est très dense et très véloce et donne le ton pour la suite. Le troisième mouvement, pris nicht schleppend, comme demandé, ménage des contrastes frappants, avec des tempos en accordéon. Le quatrième est très bien construit, le thème initial revient d’une façon émouvante, et le finale explose vraiment de joie. Ticciati conserve d’ailleurs toujours un visage ouvert et souriant, et un geste énergique. Seul le début du premier mouvement m’a paru peut-être manquer de mystère, la nature s’éveille et éclate un peu trop vite. La sonorité du DSO reste étagée et lisible, même dans les grands tutti, les cordes sont presque rugueuses.

Ayant lu vos avis sur chef et orchestre, je guettais une interprétation différente, je ne sais pas si je l’ai entendue, mais ça restait néanmoins tout à fait réjouissant. Peut-être une salle à l’acoustique plus généreuse aurait-elle permis un déploiement plus complet des émotions. L’auditorium est correct mais a tendance à tasser un peu le son, et à peu flatter les vents, en particulier les bois. On y perdait des qualités chantantes, illustratives, de la symphonie. Par ailleurs les quatre premiers rangs du parterre avaient été retirés, et le cinquième donnait de plain-pied sur les musiciens.

Je retournais à la Seine Musicale pour la première fois depuis un long moment (deux ans?) : salle presque pleine, pas mal de non-habitués (applaudissements entre les mouvements), et une bonne partie des places était à 10€. La passerelle qui doit permettre un accès plus rapide à la salle depuis le métro est presque achevée, le chantier de la ligne 15 bat son plein. On a envie de croire à la réussite de cet endroit, qui est vraiment assez beau, malgré des défauts (coursives au parcours pas clair, mais comme elles offrent de grandes vues sur la Seine on fait avec ; normes sécuritaires et sanitaires qui empêchent la circulation fluide à travers le bâtiment que prévoyait sa conception).

Le seul point noir de la soirée : un ballet exaspérant de retardataires qu'on place un par un, à leur siège numéroté, pendant tout le concerto.

Concert très réussi, réservé de longue date ! C'est rare que des concerts de cette envergure soient programmés dans cette salle ; et bien qu'y étant déjà allé plusieurs fois, je n'ai véritablement pris la dimension acoustique de cet auditorium que samedi soir.

Il faut déjà préciser que, convoi de la liberté oblige, le trafic de la ligne 9 a été perturbé toute la journée, avec un métro toutes les 18 minutes. Considérant que c'est plus ou moins le seul moyen d'accéder à cette salle, j'ai eu un petit moment de panique, avant de découvrir le bus 42... qui, lui, roulait... Ouf !

Même remarque que Mickt : des gens sont arrivés jusqu'au début du 3ème mouvement du concerto. Si, au départ, cela m'a bien mis en colère, cela peut finalement se comprendre considérant les difficultés de circulation. Le concert a aussi démarré en retard. Il y aurait eu une petite ouverture avant le concerto, ce serait passé plus inaperçu. J'étais placé au second balcon latéral, sur les places à 10 € (depuis lesquelles on voit très bien en se penchant un peu et on entend parfaitement).

Cadre vraiment agréable, l'architecture de l'auditorium me plaît de plus en plus à chaque visite (même si, au début, je trouvais l'omniprésence des motifs fatigante), les couloirs mériteraient plus de flèches (notamment l'escalier vers le second balcon).
Bar à cocktails sympa pour les after...   On y retrouve néanmoins plutôt des jeunes du secteur que le public de l'auditorium.

Schumann : version solide, et à part un ou deux minuscules accrocs, Andsnes a livré une excellente interprétation. C'est un concerto que j'ai souvent trouvé légèrement surcoté, et qui ne m'a jamais vraiment transporté, même par Argerich qui l'aime tant. Samedi, Andsnes m'a emporté ! Accompagnement dense et très présent, avec un véritable dialogue piano / orchestre.
Acoustique qui sature légèrement dans les tutti, ce qui m'a surpris. Cette sensation ne s'est pas retrouvée lors de la symphonie, ce qui est encore plus surprenant.
Rappel : Dvorak, spring song. Morceau assez doux, avec une sonorité légèrement décalée, et de vagues réminiscences de Marseillaise.

Mahler : d'accord, vous en avez tous marre d'entendre ça... Mais pas moi ! Et cette saison, elle se fait rare (annulation de la Scala/Chailly, de l'ONP/Dudamel).
Tempo rapide voire très rapide, et symphonie qui manquait dans l'ensemble de mystère ou de mysticisme, notamment dans le 3ème mouvement. Mais, dans l'ensemble, c'était magnifique ! Ticciati a livré une version très structurée, très lisible. J'étais accompagné d'un groupe d'amis néophytes (qualité des places à 10 €), et j'avais peur que Mahler passe difficilement : ils ont tous été unanimes, c'était magnifique, lisible, joué avec joie et humilité.
J'ai noté de nombreux accrocs aux cuivres, qui ont fini par me gêner. Cuivres pourtant très beaux, très sonores (pas de protections auditives sur scène, l'horreur !), mais un peu trop souvent à côté notamment lors des accroches.
Dans l'ensemble, c'est un magnifique orchestre.

Ce chef est de ma génération, et il a déjà plus d'une dizaine de disques à son actif. A suivre donc !

C'était une chance qu'un orchestre de ce calibre passe dans cette salle, et avec ce programme !

Xavier a écrit:

C'est marrant "SM Schumann" comme titre de sujet.

Quand j'ai vu " SM " j'ai spontanément eu une pensée malsaine .

Plus sérieusement, Mickt, c'est quoi SM ? parce que moi, je patauge un peu avec ces "initiales" (faute d'un meilleur terme)

luisa miller a écrit:

Quand j'ai vu " SM " j'ai spontanément eu une pensée malsaine    . )

En même temps, quelqu'un qui promet des cages cloutées et des à longueur de flood messages...

luisa miller a écrit:

Plus sérieusement, Mickt, c'est quoi SM ? parce que moi, je patauge un peu avec ces "initiales" (faute d'un meilleur terme)

La Seine Musicale (à Boulogne-Billancourt.)

Benedictus a écrit:

luisa miller a écrit:

Quand j'ai vu " SM " j'ai spontanément eu une pensée malsaine    . )

En même temps, quelqu'un qui promet des cages cloutées et des à longueur de flood messages...

luisa miller a écrit:

Plus sérieusement, Mickt, c'est quoi SM ? parce que moi, je patauge un peu avec ces "initiales" (faute d'un meilleur terme)

La Seine Musicale (à Boulogne-Billancourt.)

Fais gaffe à tes oreilles toi

Merci

Rocktambule a écrit:

Bar à cocktails sympa pour les after...   On y retrouve néanmoins plutôt des jeunes du secteur que le public de l'auditorium.

Tant mieux s'il y a des gens du coin qui y vont, il faut que le bâtiment vive. (quant aux spectateurs ils se dépêchent de rentrer chez eux !)

Citation :

C'était une chance qu'un orchestre de ce calibre passe dans cette salle, et avec ce programme !

Depuis le début la SM programme des orchestres intéressants, plusieurs britanniques notamment. L'orchestre (très bon) du Tatarstan de Sladkovsky était prévu aussi, mais ça a été annulé. On va voir s'ils continuent à avoir les moyens de ces invitations.

luisa miller a écrit:

Plus sérieusement, Mickt, c'est quoi SM ?

Chère luisa je crois qu'il va falloir passer en DM pour convenir d'une date de démonstration.