Votre dernier film visionné

Mikio Naruse : Le fard de Ginza        1951


Dans ce film, Kinuyo Tanaka joue le rôle d'une femme qui travaille comme hôtesse dans un bar, elle vit avec son petit garçon et son ex-mari vient lui rendre visite de temps en temps. Le film prend son temps et se déroule dans une grande sérénité, tout est très équilibré. Je n'ai pas grand-chose à dire sur le film si ce n'est que je l'ai bien aimé et que j'en retiendrai les scènes de déviation ponctuelle : l'intermède où les personnages observent le ciel étoilé, l'intermède un peu étude d'urbanisme sur Tokyo et plus spécifiquement sur Ginza, les séquences avec le fils sont parfois marrantes, aussi.

Un drôle de colonel (1968) Jean Girault

Une toute jeune fille romantique se sentant mal à l’aise dans sa famille s’évade en lisant des contes fantastiques. Son livre favori « le Labyrinthe » lui ouvre une nuit les portes d’un autre monde. Sarah voit son jeune frère, Toby, enlevé par une troupe de lutins aux ordres du séduisant et cruel Jareth. Elle part au secours de l’enfant et pénètre dans le labyrinthe qui mène au palais du ravisseur. « Labyrinthe est à la fois un récit d’aventures et une plongée dans les rêves et les sentiments d’une jeune fille au seuil de la maturité.
L'édition Blu-ray lui rend hommage comme il se doit...
Bon, même si c'était bien à l'époque, il a pris un coup de vieux !
Mais rien que pour Bowie qui est sublime, Jennifer Connelly s'en tire très bien aussi...
Et que dire en toute logique, la chanson que propose Bowie me donne encore aujourd'hui des frisons...
Super sympa à revoir !

Ali Akika & Anne-Marie Autissier : Voyage en capital        1978


Ça fait assez longtemps que je voulais voir des réalisations d'Aki Akika (que l'on pourrait la plupart du temps ranger dans le style documentaire — celui-ci est justement celui qui déroge un peu à cette classification), il a notamment réalisé L'olivier (au sein du groupe de cinéma de l'université de Vincennes) un documentaire sur la Palestine et sa colonisation par l'état d'Israël, il a aussi réalisé (avec Autissier) Larmes de sang qui s'intéresse aux femmes immigrées en banlieue parisienne ; il a aussi réalisé un film sur le massacre d'algérien(ne)s le 17 octobre 1961. Dans Voyage en capital, il se passe au milieu des années soixante-dix et suit à la fois un ouvrier algérien né en Algérie et une étudiante d'origine algérienne mais née en France, vivant tous deux en banlieue parisienne ; ils se croisent à l'aéroport, l'étudiante revenait de sa première visite en Algérie, l'homme revenait de sa visite habituelle à sa famille. J'ai beaucoup aimé la manière dont le film articule leurs trajectoires respectives de manière indépendantes (avec, pour chacun, leurs propres évènements importants) mais à la fois avec des points de rencontre parce qu'ils ont tous les deux les mêmes origines — et vivent donc parfois les mêmes choses (le racisme, l'impérialisme, mais pas seulement), prennent part aux mêmes luttes, on les voit par exemple assister tous les deux à une réunion de soutien au peuple palestinien ; le film montre aussi bien l'aspect interconnecté des luttes sur des sujets qui seraient a priori différents : ils manifestent en soutien à la Palestine mais aussi contre les prisons. J'ai trouvé le film vraiment agréable, intéressant et bien solide sur ses appuis.

Pachy a écrit:

Et que dire en toute logique, la chanson que propose Bowie me donne encore aujourd'hui des frissons...

C'est quelle chanson ? Elle figure sur certains de ses albums ?

Les compagnons de la marguerite (1967) Jean Pierre Mocky

Antoine et Colette
Baisers volés

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Laurier Fourniau
Low notes

J'ai pensé tout d'abord que sa façon d'aborder le violoncelle allait être aussi précise qu'envoûtante : plans serrés sur chevilles et sourdine, et puis ça devient plus vaporeux : "elle se mord les lèvres à chaque fois qu'elle passe d'allegro à pizzicato" (c'est curieux comme formulation) ; "certains compositeurs donnent au violoncelle des fréquences si basses - low notes - qu'on ne les entend plus après 22 ans" (Wispelwey et son diapason à 392 Hz peut aller se rhabiller). On hésite un peu entre crier à l'enfumage, ou le couvrir de lauriers (oui, pardon).
Premier film plutôt engageant entre sincérité et bullshit (je me serais bien passé d'Hollywood en point de mire, et cri de ralliement cinéphile).

https://cinevox.be/fr/low-notes-premier-film-atypique-de-laurier-fourniau/

Craignant les débordements d'un superhéros aux pouvoirs infinis, le justicier de Gotham City, lui-même doté d'une détermination et d'une force de frappe redoutables, affronte le sauveur des temps modernes adulé de Metropolis sous le regard du monde entier qui se demande quel type de héros lui convient le mieux.
C'est un drôle de film, toujours le même problème du combat entre le mal et le bien...
Néanmoins, les trucages y sont remarquables et les acteurs bien dans leurs rôles..

Maurice Tourneur : Cécile est morte        1944

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Pour ce film, Jacques Tourneur confie à Jean-Paul Le Chanois l'adaptation du roman homonyme de Georges Simenon, un roman faisant intervenir le personnage de l'inspecteur Maigret. J'ai trouvé le film globalement agréable à suivre (très chouette lumière contrastée) tout en trouvant qu'il manquait tout de même de rythme : l'intrigue est assez sinueuse mais le film semble donner un ton assez égal à toutes les séquences du film, comme si Tourneur avançait et l'histoire courrait sur le côté ; dans cette idée, le fait qu'Albert Préjean joue le rôle de Maigret m'a un peu perturbé, je crois que j'aime bien mais il a une interprétation assez distanciée — et ça m'a fait d'autant plus bizarre qu'en terme de mise-en-scène, on veut performer le personnage car il se balade toujours avec sa pipe.

Vacances romaines (1953) William Wyler

La grande lessive (!) (1968) Jean-Pierre Mocky

Domicile conjugal

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Sophie Fillières : La belle et la belle        2018

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C'est le premier film de Sophie Fillières que je vois et il me semble que c'est l'avant-dernier film de sa filmographie — je ne sais pas si elle avait terminé le dernier avant sa mort prématurée l'année dernière. Ce film est une comédie romantique où une femme (interprétée par Sandrine Kiberlain) assez angoissée (et dont les angoisses sont ravivées à la suite de la mort de son amie) rencontre une jeune femme (interprétée par Agathe Bonitzer) à une soirée qui lui ressemble de manière assez troublante, et pour cause : il s'agit d'elle dans sa vingtaine. Il s'ensuit quelque chose d'assez léger où le personnage de Kiberlain donne des conseils à son soi à venir, elle semble aussi établir un terrain médian pour gérer son anxiété ; cela amène parfois à des scènes amusantes et si le film se laisse regarder, je trouve que ça ne fonctionne jamais véritablement — et ce, peu importe par où on le prenne.

Les Couloirs du temps : Les Visiteurs 2 (1998) Jean-Marie Poiré

L'Amour en fuite

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Xavier a écrit:

L'Amour en fuite

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Ah oui ? autant que Domicile conjugal ? Ça fait un bail que je n'ai pas vu ces films mais pour L'amour en fuite, j'avais le souvenir de quelque chose d'un peu timoré et plat.

Je n'ai pas tellement d'avis tranché sur tel ou tel volet, j'ai regardé l'ensemble en une semaine, et j'ai à peu près tout aimé pareil.
J'ai aimé le côté nostalgique du dernier volet, les flashbacks (même si un peu trop longs pour moi vu que je venais tout juste de voir les films précédents), et la fin.

Luis Buñuel : Un chien andalou        1929


Alors là, il y avait un bail que je n'avais pas revu ce classique ! Je pense que ça faisait partie des premiers films que j'ai regardés et qui m'avaient plu, c'est dire ! Par contre, j'ai été assez surpris par la musique : dans mon souvenir, il y avait des parties avec une musique de tango et aussi des extraits de Tristan und Isolde de Wagner : ici, le premier est passé à la trappe. Concernant le film lui-même, je l'ai trouvé globalement assez amusant, avec quelques trouvailles ponctuelles assez irrésistibles (bien sûr, le célébrissime alliage de l'œil, du rasoir et du nuage effilé mais aussi la main avec les fourmis) et j'ai été frappé de voir à quel point les intertitres étaient trollesques : il s'agit exclusivement d'indications de temps qui n'ont absolument aucune importance/incidence, comme s'il s'agissait de détourner les intertitres. Bon, sinon, j'ai été tout de même un peu déçu car au-delà de ça, il n'y a pas non plus grand-chose et pour rester dans des films surréalistes, je préfère des choses plus tardives comme Meshes of the afternoon.

Luis Buñuel : L'âge d'or        1930


Un peu pareil que pour Un chien andalou : j'ai vu ça il y a assez longtemps et ne me souvenais presque uniquement de la scène où Jésus sort paisiblement sur un pont après avoir participé à une orgie. Là aussi, il y a plusieurs moments qui m'ont fait rire — qui découlent principalement de la volonté que le film a de choquer : cette scène où une femme dit à l'homme qui est avec elle "heureusement, j'ai tué les enfants" avec un ton très calme ou alors la scène où un gars shoote dans un violon avec un acharnement particulier tout en marchant normalement sur le trottoir. Je trouve malgré tout que ça fonctionne un peu moins bien qu'Un chien andalou notamment parce que le film devient un peu lassant sur la longueur ; malgré tout, il y a une partie que j'aime bien, c'est celle avec le concert. Dans cette scène, un orchestre joue dans un château pour une soirée bourgeoise et on dirait que le film essaie de détourner ça : ne sont montrés quasi-exclusivement l'homme et la femme qui se sont détournés de la soirée (donc pas le groupe de bourgeois) tout en utilisant la ligne dramatique de la musique qui est jouée pour eux.

Olivier Dahan : La môme        2007


Je n'avais toujours pas vu ce film qui a pourtant eu un sacré succès lors de sa sortie (et pas qu'en France, comme on pouvait s'y attendre), c'est une assez grosse production (un peu plus de vingt millions d'euros de budget) et un film assez long : deux heures vingt. Comme son nom l'indique, ce film est un biopic sur Édith Piaf (qui est interprétée par Marion Cotillard) qui est en fait une succession de réminiscences de la chanteuse sur son lit de mort. J'ai trouvé le film assez informatif (je ne connaissais quasiment rien sur la vie de Piaf : je ne savais même pas que Marcel Cerdan était mort dans le crash d'un avion) et plutôt divertissant mais je l'ai quand même trouvé un peu bancal. Tout d'abord, la non linéarité du récit ne marche pas trop et est assez bizarre (on pourra toujours parader en disant "oui mais c'est un rêve...") : d'abord, le film fait des allers-retours entre le début et la fin, comme s'il allait converger vers le centre mais finalement, sans que la narration du film devienne complètement linéaire, c'est tout de même la logique d'exposition chronologique qui gagne (avec une période floue, quand même, qui culmine dans la scène de la montre et de la mort de Marcel Cerdan — ce passage est chouette mais le réalisateur n'en fait finalement pas grand-chose, pourtant le motif un peu évasif de cette montre était intéressant) ; en plus de ça, je n'ai pas aimé la mise-en-scène plus que ça : par moments (surtout au début, je trouve), il y a beaucoup de mouvements de caméra, de figuration, de reconstitution mais je trouve que ça ne rime à pas grand-chose.

Xavier a écrit:

Je n'ai pas tellement d'avis tranché sur tel ou tel volet, j'ai regardé l'ensemble en une semaine, et j'ai à peu près tout aimé pareil.
J'ai aimé le côté nostalgique du dernier volet, les flashbacks (même si un peu trop longs pour moi vu que je venais tout juste de voir les films précédents), et la fin.

Et oui ... rien que pour ce baiser entre JP Léaud et Dorothée alternant avec les images des 400 coups où il est dans le manège ... ça vaut déjà le coup.

Luis Buñuel : Las Hurdes, tierra sin pan        1933

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Comme l'explique très bien le documentaire d'animation Buñuel après l'âge d'or, il est difficile pour Buñuel de trouver de l'argent mais son ami, le sculpteur Ramón Acín lui promet de financer son film s'il gagne à la loterie ; c'est effectivement ce qu'il se passera — et le réalisateur mettra au bout. Le documentaire porte sur la région des Hurdes, dans le sud-ouest de l'Espagne et plus particulièrement sur la pauvreté extrême de ses habitant(e)s. Le documentaire est assez bizarre car pas mal de scènes sont provoquées (la chute des chèvres par un coup de fusil, l'âne attaqué par les abeilles qui avait préalablement été recouvert de miel) et le ton est finalement assez paternaliste, du genre : heureusement que l'école est là pour les civiliser ! Le film donne toutefois, j'imagine, une idée de la vie dans cette zone de l'Espagne — et sera tout de même censuré pendant plusieurs années par le gouvernement espagnol.

Quelques mots sur Spider de David Cronnenberg. Un film assez difficile à suivre, tellement il semble oppressant ,par son sujet ou son histoire. Inutile de dire que le personnage principal est formidable, pour jouer si bien,un tel personnage.On a parlé de chef-d'oeuvre à propos de ce film.Je ne suis toujours pas sûr ,d'en avoir bien compris les tenants et les aboutissants.Il y a beaucoup à dire sur la symbolique dans ce film mais je suis pas assez doué pour le faire.J'ai voulu plusieurs fois, ne pas aller jusqu'au bout et parfois , en voyant ce genre de films,je plains les critiques.

J’avais beaucoup aimé (si « aimer » est le mot qui convient en l’occurrence), au point de le voir trois fois – moins que certains autres films du réalisateur – précisément parce qu’on ne comprend pas tout du premier coup, et que la fascination opère à fond sur moi…

Après il faut tout de même préciser que c’est d’assez loin le Cronenberg le plus glauque , à tous égard d’ailleurs (les couleurs, l’ambiance…); mais je comprends que tu aies eu envie d’en parler, c’est un film qui reste…

Tiens, je crois que je ne l'ai vu qu'une fois, il y a très longtemps. A réessayer.

Il y a des Cronenberg qui m'ont plus emballé (Videodrome, Faux-semblant, le Festin nu, Crash, eXistenZ, tous antérieurs d'ailleurs), mais celui-là est assez unique en son genre, ne serait-ce que par son ambiance qui colle littéralement au cerveau... On n'est pas très loin de Lynch en un sens, mais c'est bien du Cronenberg et c'est encore plus poisseux et glauque qu'Eraserhead (et jamais drôle, ou alors d'un humour vraiment hyper tordu)...
Après il y a aussi très longtemps que je ne l'ai pas vu, je ne sais pas si je "marcherais" toujours autant aujourd'hui.

Golisande a écrit:

Il y a des Cronenberg qui m'ont plus emballé (Videodrome, Faux-semblant, le Festin nu, Crash, eXistenZ, tous antérieurs d'ailleurs), mais celui-là est assez unique en son genre, ne serait-ce que par son ambiance qui colle littéralement au cerveau... On n'est pas très loin de Lynch en un sens, mais c'est bien du Cronenberg et c'est encore plus poisseux et glauque qu'Eraserhead (et jamais drôle, ou alors d'un humour vraiment hyper tordu)...
Après il y a aussi très longtemps que je ne l'ai pas vu, je ne sais pas si je "marcherais" toujours autant aujourd'hui.

Golisande, tu filmes un asile de fous en continu et tu gardes les meilleures scènes, et tu as ,à peu près la même chose,mais sans histoire.
Plusieurs choses me gènent dans ce film, d'abord la présence peu crédible de Gabriel Byrne ( acteur qui fait un come-back en ce moment)
S'il tue sa mère et pas la maîtresse de son père, on n'en comprend pas vraiment la raison.
Ces parallèles ,entre la directrice de l'hospice et la prostituée. Ce recours permanent à son cahier, ou il écrit dans une langue bizarre eccc...
J'ai l'impression qu'il s'est inspiré de films classiques anciens très connus et qui ont eu du succès à leur époque.

Il faudrait que je le revoie pour pouvoir te répondre sur la (ou l'in-)vraisemblance, mais il me semble tout de même que le flottement, l'indécision et l'ambiguïté radicale sur ce plan-là est un des aspect essentiel (sûrement même le plus important) du film qui est en grande partie ou totalement celui que "se fait" le personnage... Et c'est bien ce qui produit l'impression très puissante d'enlisement et de noyade de l'intellect / de la raison à la vision de ce film : c'est évidemment le but recherché et parfaitement atteint par Cronenberg, qui est vraiment un très grand à mon avis.

En revanche je ne me souviens pas du tout d'avoir été gêné par Gabriel Byrne – peut-être parce que je voyais cet acteur pour la première fois ?... Au contraire, je les avais tous trouvés exceptionnels (comme souvent chez Cronenberg d'ailleurs), et pas seulement Ralph Fiennes qui fait évidemment une formidable performance.

D'ailleurs :

gluckhand a écrit:

Golisande, tu filmes un asile de fous en continu et tu gardes les meilleures scènes, et tu as ,à peu près la même chose,mais sans histoire.

Peut-être, à condition que ce soit Cronenberg qui filme...

Golisande a écrit:

Il faudrait que je le revoie pour pouvoir te répondre sur la (ou l'in-)vraisemblance, mais il me semble tout de même que le flottement, l'indécision et l'ambiguïté radicale sur ce plan-là est un des aspect essentiel (sûrement même le plus important) du film qui "se passe" en grande partie ou totalement dans la tête du personnage... C'est d'ailleurs ce qui produit l'impression très forte d'enlisement, de noyade de l'intellect / de la raison à la vision de ce film — c'est évidemment le but recherché et parfaitement atteint par Cronenberg, qui est vraiment un très grand à mon avis.

En revanche je ne me souviens pas du tout d'avoir été gêné par Gabriel Byrne – peut-être parce que je voyais cet acteur pour la première fois ?... Au contraire, je les avais tous trouvés exceptionnels (comme souvent chez Cronenberg d'ailleurs), et pas seulement Ralph Fiennes qui fait évidemment une formidable performance.

Rassures-toi Golisande, j'ai bien compris que Cronenberg se proposait  de jeter un trouble permanent et continu dans la tête du spectateur et il y réussit,,on ne peut le nier.Mais on comprend aussi qu'il sort de prison ( le personnage principal)ou  d'un asile, car vers la fin, le directeur lui dit, vous voilà de retour.
Non l'ambiguité c'est bien au cinéma, car souvent des films nous laissent dans le flou, à la fin,mais là, on ne comprend pas vraiment ,ce qui se passe. S'il a tué sa mère pourquoi? S'il a tué la maîtresse de son père, c'est compréhensible, bref, j'en sais rien.Pour Byrne, il joue souvent les vieux beaux ou les mafieux.Dans ce film ,il est méchant avec son fils et après,il est très gentil, pas vraiment crédible.Mais ce n'est que mon opinion, je peux me tromper.

Leos Carax : Boy meets girl        1984

 +
Il y avait bien longtemps que je n'avais pas vu ce film et je crois que je ne m'étais jamais rendu compte à quel point c'était influencé par le cinéma du premier Godard — et le cinéma muet, bien sûr (Epstein et Griffiths en tête) mais ça je l'avais déjà remarqué. Tout d'abord, le noir et blanc sublime (déjà une photo de Jean-Yves Escoffier), très proche des visages ; il y a aussi une séquence que j'adore, tout à la fin, le monologue inarrêtable d'Alex avec ces deux visages morcelés qui, composés ensemble, ne forment qu'un seul visage — il y a une séquence assez similaire dans Une femme mariée. Ensuite, dans la gestion du son, je pense que l'influence godardienne est également perceptible : le son a sa propre ligne expressive, qui se compose d'ailleurs assez bien avec les autres, je pense par exemple aux quelques séquences totalement muettes ou encore à cette séquence où Alex va remettre les disques de Barbara à Florence (?) et pendant qu'il rentre dans l'immeuble, gravit les marches menant aux chambres de bonne sous les toits, la bande-son est composée d'une discussion de Florence avec son copain. Je crois que ma séquence préférée sur ce plan, c'est sans doute la discussion de Mireille et son ex-copain Bernard, Mireille étant dans son appartement et Bernard en bas à l'interphone mais on entend un monologue qui n'est dit par aucun des deux personnages ; je trouve que ça contribue parfaitement à la solitude des personnages : ils sont séparés et même dans leur discussion, on a une autre voix dont on ne connaît pas la provenance, enregistrée d'assez près, ce qui donne aussi à cette séquence un côté intimiste.

Ce que j'ai aussi trouvé remarquable dans ce film, c'est son aspect local (ou ponctuel) : il y a bien une ligne globale (ou plutôt des lignes globales, l'une convergeant vers l'autre : l'histoire entre Alex et Mireille) mais c'est une ligne de fond ; ce qui nous accroche constamment, c'est les à-coups que le film donne (on pousse un gars dans la Seine et on s'échappe en courant, on fauche des vinyles de Barbara chez le disquaire, on claque une ampoule à boire, etc.) qui le réactualisent sans cesse : le film semble du coup extrêmement spontané. Les scènes dans lesquelles les personnages jouent au flipper (on se souvient de Jean Ferrat dans Vivre sa vie) ont également leur importance : il s'agit de renvoyer la bille (et parfois de donner des coups de hanche dans le flipper pour la faire dévier) pour qu'à son tour, elle rebondisse sur les divers obstacles sur la table et qu'elle soit renvoyée dans une autre direction. Cette série de séquences culmine dans la séquence finale (le son est encore une fois très godardien : une rafale de bruits de loterie gagnée) où le personnage gagne des parties puis les perd toutes.

Je voudrais également parler de la séquence de la soirée bourgeoise, qui est une séquence que j'aime beaucoup. Il s'agit d'une soirée où le temps semble s'être arrêté à de multiplies reprises avec les personnages qui la peuplent : on a un homme qui était un grand technicien du temps du cinéma muet (qui semble lui-même muet), on a un homme qui est allé sur la Lune, on a Alex, on a Mireille ; la soirée se passe dans un appartement à la cuisine assez bizarre (d'une excentricité qui me semble assez typique des années 70 : aquarium incrusté en plein milieu du buffet de cuisine), aux nombreux placards qui semblent quasi-vides, l'un d'eux contenant tout de même une tasse avec une fêlure sur le bord ! C'est comme si les personnages d'Alex et de Mireille (et sans doute le film lui-même) trouvaient enfin leur place.

Pour moi, c'est un film vraiment superbe, que l'on pourrait sans doute (partiellement, en ignorant ce que le film fait) donner un aperçu en citant la première strophe du célèbre poème d'Aragon :

Emeryck a écrit:

Leos Carax : Boy meets girl        1984
 +

et merci d'en avoir si bien rendu compte.

@gluckhand à propos de Spider

Comme Lynch et d’autres avant eux (Bergman dans les 60s…), Cronenberg va souvent extrêmement loin sur le terrain de l’indétermination et du trouble, si bien que (je pense que c’est le but) non seulement on ne connaît pas le « fin mot » mais il devient difficile sinon impossible de tout démêler et emboîter, de trouver une réponse unique à quantité de questions posées…

Personnellement j’adore ça car cela donne à ces œuvres une épaisseur que n’ont pas celles où tout est donné (ni même celles qui ne font que laisser une simple question en suspens, un peu artificiellement et sans que le reste en soit affecté), et qui les rends à peu près inépuisables car chaque nouvelle vision offre un nouvel éclairage, aiguillonné par toutes ces questions sans réponses (mais j’aime bien le mystère en général, et je sais que certains y sont un peu allergiques).

Scoop

Yasujirō Ozu : Bonjour        1959


Il me semble que c'est par ce film que j'ai découvert Ozu et je crois qu'il s'agit toujours à l'heure actuelle (mon contact avec la filmographie d'Ozu est assez rare, sans doute par peur de la lassitude qui me guette) du film d'Ozu que je préfère. En fait, bien qu'il déploie des thèmes récurrents chez Ozu, j'ai trouvé qu'il était beaucoup moins timide que d'habitude : je n'ai pas souvenir d'un autre film d'Ozu qui soit aussi ouvertement comique — et qui fasse reposer une partie de son comique sur la culture du pet à la demande. L'histoire est assez simple : deux enfants décident de faire la grève de la parole (qui est pour eux à la fois quelque chose de sérieux mais aussi un jeu car ils demandent parfois à mettre ça en pause) car leurs parents ne veulent pas leur acheter de télévision. En passant, le film montre avec légèreté les différences entre ces deux générations ; au-delà de l'apprentissage de l'anglais, de l'intérêt pour la télévision, j'aime beaucoup cette scène où l'un des enfants dit à ses parents que, de toute façon, si c'est pour dire des mots vides, autant ne pas parler ; j'aime également beaucoup les scènes à l'école monté en parallèle. Et puis bon, c'est sans doute pour moi l'un des films les plus réconfortants qui existe : c'est drôle, mignon et très bien filmé — les Ozu en couleur, c'est quelque chose.

En ligne jusqu'à fin avril : www.arte.tv/fr/videos/RC-024365/yasujiro-ozu-en-dix-chefs-d-oeuvre

Spoiler:

j’ai vu Bonjour il y a quelques jours aussi.

Il y a beaucoup de Tati je trouve dans ce film.

Sinon je le mets au sommet mais avec Dernier caprice et Voyage à Tokyo.
Bon je suis loin d'avoir fait le tour ...

Jean-Luc Godard : Je vous salue Sarajevo        1993


Ce court-métrage de deux minutes de Godard prend pour base une unique photographie, on peut y voir un militaire serbe donnant un coup de pied à un civil bosniaque qu'il braque en même temps avec son fusil. Entre une citation de Bernanos et une citation d'Aragon, Godard nous parle d'hégémonie (et de suprémacisme) et donc de résistance (dans ses termes "la règle" et "l'exception"). Contrairement aux autres collages du réalisateur, je trouve que celui-ci est assez peu touffu mais extrêmement efficace et assez beau : il y a une tonalité élégiaque qui est principalement entretenue avec la musique pour orchestre à cordes très lente de Pärt mais aussi par la simplicité de la structure (une introduction, un développement et une conclusion) ; j'ai également beaucoup aimé la citation d'Aragon à la fin : "Quand il faudra fermer le livre, ce sera sans regretter rien, j'ai vu tant de gens si mal vivre et tant de gens mourir si bien."

lulu a écrit:

j’ai vu Bonjour il y a quelques jours aussi.

Tout fout le camp...

Cololi a écrit:

Il y a beaucoup de Tati je trouve dans ce film.

Sinon je le mets au sommet mais avec Dernier caprice et Voyage à Tokyo.
Bon je suis loin d'avoir fait le tour ...

À quel(s) égard(s) ?

Oui, j'aime beaucoup ces deux-là — enfin, il faudrait que je revoie Dernier caprice.

Je ne sais pas, ça me parait l'évidence dès les premières secondes du film : la musique, l'ambiance, le ton, la façon de filmer, le type de plan et évidemment la légèreté même de l'intrigue. Et puis l'économie de paroles aussi ... car beaucoup passe par l'image.
Il est fort possible qu'il ait fait ce film sans voir la moindre minute de Tati, mais c'est troublant.

Un drôle de paroissien (1963) Jean-Pierre Mocky

Alifie a écrit:

En ligne jusqu'à fin avril : www.arte.tv/fr/videos/RC-024365/yasujiro-ozu-en-dix-chefs-d-oeuvre

Spoiler:

Vus : "Le goût du saké" et "Voyage à Tokyo". Foisonnement d'impressions subtiles dans les deux cas.
Ne serait-ce que la beauté du sourire de l'acteur Chishū Ryū.

Jacques Nolot : L'arrière pays        1998


J'avais découvert les réalisations de Nolot par La chatte à deux têtes, film qui m'avait beaucoup enthousiasmé notamment par son cadre assez peu commun et sa gestion de l'espace. J'ai beaucoup aimé la manière dont s'ouvre L'arrière pays : un parcours de route de plusieurs minutes, totalement muet, ensoleillé, qui amène le personnage principal (interprété par Jacques Nolot — et qui est partiellement autobiographique) dans son village d'enfance, dans le sud ouest est de la France. Il y revient pour le décès proche de sa mère — autour des scènes de mort, on pense à La gueule ouverte de Pialat — ; lorsqu'il revient on sent qu'il a du mal, qu'il ne se fond pas trop dans le décor ; viennent ensuite les révélations (bah oui, on est dans un film français, tout de même !) mais finalement, cet aspect là ne m'a pas spécifiquement intéressé : ce que j'ai aimé, ce sont les atmosphères : les discussions entre les différents personnages, la lenteur délibérée (au-delà des séquences d'introduction et de conclusion, je pense aussi à la cérémonie funéraire), la scène de danse à la fin. C'est pour moins nettement un cran en-dessous de La chatte à deux têtes (et beaucoup moins singulier) mais ça reste assez chouette.

Luis Buñuel : Los olvidados        1950

 +
Il y avait également un petit bout de temps que je n'avais pas vu ce Buñuel, sans doute le premier grand film de sa période mexicaine. Le film a un ton très naturaliste (et se revendique comme tel : en plus d'une mise-en-scène assez discrète, le film revendique dès le début la réalité des faits qui sont adaptés à l'écran) et met en scène une bande de jeunes personnages quasi-exclusivement masculins et vivant dans des bidonvilles. Personnellement, j'ai aimé l'aspect changeant des personnages : par exemple, la première fois qu'on voit le personnage de l'aveugle musicien, on le prend en pitié parce qu'il se fait détruire ses instruments grâce auxquels il joue dans la rue et gagne de l'argent mais on apprend par la suite, qu'en fait, c'est un pédocriminel qui recueille des enfants soit disant pour qu'ils s'occupent de lui. Je trouve qu'il y a un aspect constamment changeant qui parcourt ce film (sans doute une conséquence du milieu social qu'il porte à l'écran), on retrouve par exemple quelque chose d'assez similaire (moins fort peut-être) avec le personnage d'El Jaibo ; ça rend le film assez dynamique et malgré sa durée d'une heure quinze environ, on a tout de même l'impression qu'il s'est passé pas mal de choses. Je crois que j'ai un peu moins aimé que lors de la première fois que je l'avais vu mais ça reste tout de même une réussite !

Guillaume Brac : Le naufragé        2009


Ce film constitue un petit prélude à Un monde sans femmes dont il introduit déjà le personnage de Sylvain, interprété dans les deux films par Vincent Macaigne : un personnage isolé dans un village côtier de Picardie qui se jette sur le/la premier(e) venu(e). Dans ce film, il s'arrête pour apporter son aide à un cycliste parisien retenu sur le bord de la route à cause d'une crevaison. Le cycliste est de prime abord réticent tant Sylvain va vers lui mais au final, il se retrouve plus ou moins contraint de passer chez lui pour manger — ce qui, au final, lui permet de passer la soirée avec quelqu'un mais il ne sait pas que Sylvain, dans sa volonté que tout le monde aille bien, va écrire un message plein d'amour à la copine du cycliste depuis le téléphone de celui-ci, sans doute dans la perspective de sauver leur couple. Au-delà de cette écriture de personnage plutôt intéressante, j'ai trouvé que le court-métrage avait tout de même quelques moments marrants notamment les gags à répétition sur les portes coulissantes électriques de la Peugeot 1007 — qui est déjà un gag à elle toute seule — ; en plus, je trouve qu'elle colle véritablement bien au personnage de Sylvain : elle veut bien faire mais elle sait pas faire.

La Nuit de l'iguane (1964) John Huston

Agnès Varda : Ydessa, les ours et etc.        2004

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Dans ce moyen-métrage d'environ trois quarts d'heure, Varda interviewe l'artiste canadienne Ydessa Hendeles suite à l'impact qu'a eu sur elle une de ses expositions de Hendeles : celle-ci était peuplée par un nombre assez impressionnant de photos, toutes ayant le point commun d'avoir un ours en peluche dans le cadre. Lorsque la réalisatrice l'interroge, elle évoque ses parents, tous deux juifs et rescapés des camps de concentration et évoque une photo de son frère, exécuté là-bas, avec son ours en peluche, c'est ce qui a lancé le projet. Le film interviewe également des gens qui visitent l'exposition, des conservateurs d'art, les gens qui ont mis en place l'exposition ; il ouvre pas mal de pistes. Celle que j'aime le plus, c'est sans doute celle selon laquelle l'exposition serait comme un grand album de famille reconstitué, avec ses petites variations, de sorte que chacun puisse à un moment y entrer. Cependant, même s'il est plutôt réussi — bien qu'un peu long —, ce film a moins de charme que les documentaires que Varda a pu réaliser, je le trouve plus classique, moins malicieux.

Serge Toubiana : Isabelle Huppert, une vie pour jouer        2001

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Ce documentaire consacré à Isabelle Huppert est assez intéressant mais ça ne veut pas dire qu'il est complètement réussi pour autant. Son intérêt, c'est de parler de Huppert vraiment comme actrice (de théâtre, notamment) et pas simplement comme actrice de cinéma (alors que Toubiana est critique de cinéma) : il la suit simplement pendant une année, on a le droit pêle-mêle au tournage de La pianiste de Haneke, à celui des Destinées sentimentales d'Assayas mais aussi aux répétition du Médée d'Euripide qu'elle joue sur les planches. On a le droit aussi à quelques passages dans la presse ; en fait, le parti-pris du film, c'est même de parler du personnage Isabelle Huppert ; après, bon... est-ce que c'est véritablement passionnant ? ç'a un intérêt documentaire, quoi, pas beaucoup plus mais l'approche change.

Mounia Meddour : Houria        2022

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J'avais beaucoup apprécié le premier film de Mounia Meddour (Papicha, sur des aspirantes stylistes à Alger, durant les années 90) ; ici, même si on retrouve quelques éléments de lien (notamment des femmes aspirant à être artistes — ici, il s'agit de la danse), j'ai trouvé que la manière dont était faite le film était assez différente et collait vraiment à la danse. J'ai vu beaucoup de gens reprocher au film qu'il abordait beaucoup de sujets (le terrorisme, les paris illégaux plutôt louches et destructeurs) sans véritablement approfondir grand-chose et je ne suis pas d'accord avec ça : d'une part, ce n'est pas parce qu'un film évoque quelque chose qu'il doit le pousser jusqu'au bout — en plus, ça dépend évidemment du rapport de cette chose au film — et d'autre part, pour moi, ce n'est tout simplement pas le sujet du film et c'est là pour inscrire l'histoire dans un contexte et dans une époque — c'était d'ailleurs le cas dans Papicha. Sinon, le film raconte la vie d'Houria, une femme qui rêve d'être ballerine mais qui doit travailler comme femme de ménage le jour (et participer à des paris la nuit) pour gagner sa vie, jusqu'au jour où elle remporte beaucoup d'argent et se fait frapper par un homme, ce qui remet en cause son élan vers la danse. Personnellement, j'ai beaucoup aimé la mise-en-scène, extrêmement mouvante, avec un montage en général assez court, beaucoup de scènes de danse variées. Ce qui soutient aussi véritablement le film, c'est d'une part l'abondance de petites scènes catchy : je pense au voyage en voiture sur Felicita ou la séquence à la fête foraine sur Gloria d'Umberto Tozzi ou encore la séquence du poème récité en arabe dans la voiture avec le gros plan sur les mains tenues et d'autre part, l'articulation des mouvements presque impulsifs de fuite vis-à-vis des mouvements plus contrôlés et réguliers de la danse qui convergent dans cette belle séquence finale — qui file d'ailleurs la séquence avec la fille muette. Pour moi, c'est en tout cas nettement plus réussi que le film En corps de Klapisch sur le même sujet, qui est nettement plus figé — ah oui et puis Lyna Khoudri est vraiment à fond dans son rôle.