Mahler- 6ème symphonie

Octavian a écrit:

Je n'ai pas encore écouté les Rückert et Kindertotenlieder avec Christa Ludwig proposés avec, mais ça fait assez envie comme couplage.

Oh oui ça doit être bien

Je reviens sur Solti, dont j'ai réécouté le 1er mouvement.

C'est vrai que c'est tellement rapide et brut de décoffrage qu'on peut trouver plus beau. (mais est-ce que la beauté est la qualité première de cette symphonie?)
Il n'empêche que c'est vraiment très précis et implacable, et la prise de son est excellente, assez détaillée. (et je ne trouve pas les passages lents vides comme WoO, mais peut-être parle-t-il plutôt des autres mouvements)
Bref, c'est sans concession, mais ça va au bout de son idée et ça fonctionne à plein tube.

Complétement d'accord.
Solti est prompt, abrupt, tellurique, massif et péremptoire.

C'est une approche très typée, qui peut rebuter par son manque relatif de subtilité et de poésie mais en l'espèce, ça fonctionne parfaitement dans l'optique d'une symphonie tragique qui va droît à l'abîme...la virtuosité des pupitres de Chicago (particulièrement enivrante ici) est au diapason de cette vision grandiose et surpuissante.

J'apprécie également les 3 versions Bernstein (Sony,DVD et DG), plus chaleureuses et "humaines" que Solti.

Je suis beaucoup plus ambivalent concernant la version Boulez... la marche du 1er mouvement est un peu molle...ça manque un peu d'energie...mais les plans sont superbement étagés...il y a un sens remarquable du détail...le Final tourne un peu à vide selon moi (ça manque un peu de conviction et d'engagement).

Il me reste également Abbado/Lucerne à regarder...

J'ai eu le loisir de comparer les trois versions que j'ai

Bernstein : je ne l'apprécie pas trop en général dans Mahler. Dans le final, je l'ai trouvé un peu mou face à Solti.

Abbado : c'est celle avec laquelle j'ai découvert la 6ème. J'aime bien ces longueurs dans les passages lents et ces nombreuses envollées entre le thème B et celui de l'intro. Je le trouve en plus mieux que Solti au niveau de la mise en place.

Enfin bref, j'hésite encore entre Solti et Abbado.

Je pencherais pour Abbado, mais avant de choisir tu devrais essayer Barbirolli (EMI) et son fameux enregistrement de la 6e. C'est bouleversantissime.
Il y a aussi Haitink-Berlin, mais on le trouve difficilement.

Plus je réecoute Solti, plus je l'adore.
De la premiere à la derniere note il y a du nerf mais aussi beaucoup de souffle je trouve.
Il fait vivre le Final comme pas un, alors qu'il tourne à vide chez tant d'autres...Solti met en scène un veritable péplum qui pourrait avoir pour titre "la chute de la maison Symphonie".

Ca va bien plus loin qu'une simple demonstration tapageuse.

Une version passionnante qui captive de bout en bout.


@Kegue:Tu n'aimes pas trop Bernstein dans Mahler? Qu'est-ce qui te deplait chez lui?

Hippolyte a écrit:

Je pencherais pour Abbado, mais avant de choisir tu devrais essayer Barbirolli (EMI) et son fameux enregistrement de la 6e. C'est bouleversantissime.
Il y a aussi Haitink-Berlin, mais on le trouve difficilement.

Berbirolli c'est bien, mais je préfère Horenstein et Neumann (Leipzig).

arnaud bellemontagne a écrit:

@Kegue:Tu n'aimes pas trop Bernstein dans Mahler? Qu'est-ce qui te deplait chez lui?

Je ne suis effectivement pas fan de Bernstein dans la musique de Mahler. Il joue certaines choses trop vite et d'autres trop mollement à mon goût. Son interprétation me parle moins qu'Abbado sur le côté "humoreske" de certaines orchestrations. De manière anecdotique, il y a des mises en place un peu douteuses dans le final.

J'ai découvert la plupart des symphonies de Mahler avec Abbado, j'y ai trouvé à chaque fois mon compte. Il faudra que je me mette aux 8ème et 9ème vues par ce monsieur.

C'est compliqué parce qu'il y a plusieurs Bernstein.
Celui plutôt vif des gravures Sony, celui des DVD et celui beaucoup plus apaisé et meditatif de l'intégrale DG.

J' aime beaucoup Bernstein dans Mahler pour ma part (beaucoup de vie et de pathos), même si j'emets quelques reserves sur certains choix de tempis dans l'intégrale DG (par exemple une 2ème beaucoup trop lente à on goût).

Tu parlais d'Abbado: je viens de me regarder la vidéo de sa 6ème au festival de Lucerne.
Assez bluffant!
L'orchestre sonne merveilleusement:timbres magnifiques, beaucoup de lyrisme et de chaleur.
Grande version.

Gros bémol sur le plan formel:avoir mis l'Andante comme 2ème mouvement en lieu et place du Scherzo.
Ca ruine tout le dispositif narratif de l'oeuvre à mon sens(les 2 premiers mouvements pensés comme 2 marches impetueuses qui se succédent, puis la halte vivifiante de l'Andante, histoire de reprendre ses esprits avant le conflagration apocalyptique du Final).

Oui effectivement, cette alternance de mouvements est pour le moins bizarre

Sinon, je viens de me faire la version Haitink / ONF. Ca manque de quelque chose. Un peu mou, un peu fouilli (sans doute la prise de son), ça manque de respiration. Autant j'aime beaucoup Haitink avec Berlin pour les deux premières (DVD), autant ici, j'ai été un peu déçu.
Y'a pas à dire, mon préféré reste Abbado (du coup, je me suis passé deux fois le premier mouvement, avec le Chicago, miam!!)

je me souviens d'une excellente version de la 6 avec solti et chicago!
un rien motorique, mais quelle puissance sèche!

Je crois que c'est la version de 1970. C'est vrai que ça poutre ! C'est une version qui me plaît aussi beaucoup (surtout le Final que j'ai du écouter une bonne dixaine de fois pour en faire une analyse), mais je préfère quand même Abbado.

j'aimerai découvrir la version barbirolli chez emi!
parait il que c'est très grand sous sa baguette!

Oui, je l'ai entendu dire plein de fois. Il parait que Fischer n'est pas mal non plus. (Ca en fait des disques à écouter)

Mon palmarès :

Mitropoulos avec le N-Y Philharmonic - concert capté à Carnegie Hall le 10 avril 1955
Bernstein - 3ème intégrale - avec le Wiener Philharmoniker - concert au Musikverein en septembre 1988.

Boulez est beaucoup trop objectif pour faire rendre le coté apocalyptique de cette oeuvre.
Abbado a donné une interprétation prodigieuse avec l'Orchestre du Festival de Lucerne - le concert a été capté en DVD.

Montfort

mélomane86 a écrit:

j'aimerai découvrir la version barbirolli chez emi!
parait il que c'est très grand sous sa baguette!

En effet.
Le début du Finale est proprement glacial.
Ma version préférée, s'il en fallait une.

La 6e avec Abbado et Lucerne est passée sur Arte l'an dernier je crois, très belle version, j'attends que les autres passent à la tv, car son intégrale semble très bien, mais je n'ai pas entendu toutes les symphonies avec Lucerne, notamment la 7e et la 8e.

La 6e de Mitropoulos est couplée avec la 5e, et lui aussi fait passer le mouvement lent en 2e position.

fgero a écrit:

mélomane86 a écrit:

j'aimerai découvrir la version barbirolli chez emi!
parait il que c'est très grand sous sa baguette!

En effet.
Le début du Finale est proprement glacial.
Ma version préférée, s'il en fallait une.

+1 (comme j'ai eu l'occasion de l'écrire en septembre 2008)

barbirolli, je le conais dans la 5 de mahler!
version étrange, assez lente par rapport à solti qui lui est toujours nerveux dans mahler.

Rien de nouveau à apporter, juste mes préférences :
Bernstein III et Abbado Lucerne.

Bernstein III c'est lequel exactement?
DVD ou CD DG?

Xavier a écrit:

Bernstein III c'est lequel exactement?
DVD ou CD DG?

C'est la version DG normalement, càd le live viennois de 1988.


Sinon, je rajoute ma voix pour Barbirolli, c'est une version bien tourmentée et burinée comme je les aime.

J'aime beaucoup Barbirolli.

Sauf erreur de ma part, la version Chailly n'a pas été mentionnée dans ce fil. C'est pourtant plus que bien. Une ampleur rare, avec un Concertgebouw fidèle à sa réputation - ah ces contrebasses... rien que ça...
D'emblée, un tempo plutôt retenu nous met aux antipodes de la fièvre instillée si souvent par Bernstein, mais Chailly a l'intelligence de jouer sur le rubato comme peu d'autres. Il surfe avec une finesse rare, dessinant l'élan mahlérien dans une mouvance permanente qui raconte l'introspection du compositeur de manière assez bouleversante. Je ne suis peut-être pas assez spécialiste de ce dont la tradition est dépositaire et j'ai, pour Mahler, des goûts très variés en termes d'interprétation. Mais là, franchement, on ne quitte jamais l'épaisseur humaine, le drame sublimé. C'est un kaléidoscope d'éclairages, un jeu très complexe de tensions et de détentes comme j'ai rarement entendu.
Je m'étonne qu'on ne parle pas davantage de cette version.

Au passage, Mahler est vraiment le plus grand symphoniste de l'histoire de la musique.

Et ici, quelle prise de son, nom de Dieu !

Zeno a écrit:

Au passage, Mahler est vraiment le plus grand symphoniste de l'histoire de la musique.

Oui avec le vieux sourdingue.

Cololi a écrit:

arnaud bellemontagne a écrit:

Zeno a écrit:

Au passage, Mahler est vraiment le plus grand symphoniste de l'histoire de la musique.

Oui avec le vieux sourdingue Anton.

Ah ? Bruckner était sourd ? Je comprends mieux maintenant

Tu sais, l'orgue, ça rend sourd...

Surtout si on joue à une main....

Après, on compense éventuellement avec la pédale.

Bande de mécréants

Oser s'attaquer au roi des symphonistes, et au roi des instruments

Bruckner le roi des symphonistes?...voyons Cololi un peu de decence par egard pour Beethoven et Mahler.

arnaud bellemontagne a écrit:

Bruckner le roi des symphonistes?...voyons Cololi un peu de decence par egard pour Beethoven et Mahler.

Ah mes pour moi ça ne fait pas un pli, Beethoven peut aller se rhabiller ... et très loin. Je préfère largement Sibelius ou Villa-Lobos comme symphonistes que le sourdingue.

Quand au duel au sommet Anton / Gustav, je mettrai p être Anton devant car Gustav a écrit la 8° Mais sinon difficile à départager.

Sauf que Beethoven à écrit 9 symphonies de Beethoven. Bruckner a écrit 9 symphonies de Wagner.

Et puis Beethoven a écrit une partie de ses symphonies sans pouvoir les entendre vraiment. Bruckner entendait tout par contre....et il n'a rien changé.

Et pour finir (car complètement HS depuis un petit moment), je trouve la musique vocale de Bruckner vraiment au dessus de ses symphonies.

Mais revenons à notre mouton plutôt.

Oui, si ça ne vous dérange pas.
Il était question de Chailly dans la Sixième.

Je vais l'essayer celle-là. Je ne la connais pas.

Pour etayer mon analyse (dans la rubrique générale), j'ai écouté les différentes versions que je possède :

Abbado / Chicago :
Berstein I :
Solti :
Haitink / ONF :

Cololi a écrit:

arnaud bellemontagne a écrit:

Bruckner le roi des symphonistes?...voyons Cololi un peu de decence par egard pour Beethoven et Mahler.

Ah mes pour moi ça ne fait pas un pli, Beethoven peut aller se rhabiller ... et très loin. Je préfère largement Sibelius ou Villa-Lobos comme symphonistes que le sourdingue.

Quand au duel au sommet Anton / Gustav, je mettrai p être Anton devant car Gustav a écrit la 8° Mais sinon difficile à départager.

Oui comme symphoniste je préfère également largement Sibelius à Beethoven.

Sinon je ne comprends pas trop l'argument sur la 8e de Mahler.
Pour moi on ne doit comparer que le meilleur.
Et choisir entre Bruckner ou Mahler est bien difficile pour moi.
M'enfin on est HS !


Bon je vais me réécouter un live de Mitropoulos de cette 6e en regardant le match de ce soir ! (Je coupe toujours le son quand je regarde du foot ! )

Utnapishtim a écrit:

Cololi a écrit:

arnaud bellemontagne a écrit:

Bruckner le roi des symphonistes?...voyons Cololi un peu de decence par egard pour Beethoven et Mahler.

Ah mes pour moi ça ne fait pas un pli, Beethoven peut aller se rhabiller ... et très loin. Je préfère largement Sibelius ou Villa-Lobos comme symphonistes que le sourdingue.

Quand au duel au sommet Anton / Gustav, je mettrai p être Anton devant car Gustav a écrit la 8° Mais sinon difficile à départager.

Oui comme symphoniste je préfère également largement Sibelius à Beethoven.

Sinon je ne comprends pas trop l'argument sur la 8e de Mahler.
Pour moi on ne doit comparer que le meilleur.
Et choisir entre Bruckner ou Mahler est bien difficile pour moi.
M'enfin on est HS !


Bon je vais me réécouter un live de Mitropoulos de cette 6e en regardant le match de ce soir ! (Je coupe toujours le son quand je regarde du foot ! )

J'ai déplacé le débat sur le bon sujet : vient donc, j'ai besoin de renfort

Tu avais essayé Renard, de Stravinsky, sur l'équipe de France ? C'est très réussi comme mélange.

kegue a écrit:

Je vais l'essayer celle-là. Je ne la connais pas.

Pour etayer mon analyse (dans la rubrique générale), j'ai écouté les différentes versions que je possède :

Abbado / Chicago :
Berstein I :
Solti :
Haitink / ONF :

Il faut que je réécoute Abbado mais je n'en garde pas un grand souvenir.
Bernstein I est loin d'être une mauvaise version mais je ne l'apprécie pas plus que ça. Solti est pas mal mais un peu univoque tout de même. Quant à Haitink/ONF l'enregistrement est bien mais dans la salle c'était vraiment un très grand moment ! Un des plus beau concert Mahler auquel j'ai assisté !
D'ailleurs Haitink est le seul chef à avoir transcendé cet orchestre ! (je sais je radote )

Je suis d'accord, ça devait être un très bon concert et j'aime beaucoup les interprétation d'Haitink (première et deuxième en DVD avec le Berliner). Je pense que c'est la prise de son un peu confuses qui me gène le plus.

Pour revenir à Abbado, c'est l'affectif qui parle avant tout. C'est grâce à ce chef que j'ai découvert presque toutes les symphonies de Mahler et je reviens toujours vers lui. Il n'y a pour l'instant que pour la Troisième où j'ai préféré Boulez au gentil rital.

Cololi a écrit:

J'ai déplacé le débat sur le bon sujet : vient donc, j'ai besoin de renfort

Où est-ce ?

Je suis en train d'écouter le premier mouvement par Chailly.

C'est intéressant de prendre ça très lentement. Je ne suis pas fan mais c'est original. L'ensemble me semble un peu confus quelques fois (dans le thème d'Alma par exemple qui passe derrière son accompagnement) même si on sent une volonté de vouloir faire ressortir plein de détails de la partition. L'orchestre semble aussi avoir du mal avec le tempo choisi parce qu'on a l'impression que le chef passe son temps à le retenir. Le passage central du développement me plait beaucoup dans ce tempo par contre mais la relance avant la réexposition me semble du coup tomber à plat.

Ca vient sans doute des enceintes de mon ordi mais je trouve qu'il y a un peu trop de réverb.

C'est drôle, mais moi j'entends tout et c'est superlatif comme prise de son.
Pour le reste, il en fait une marche funèbre, c'est clair, et l'orchestre qui se cabre exprime justement les élans brisés du coeur qui se sent encore vivre à plein. C'est magnifique, ce léger décalage.

Zeno a écrit:

C'est drôle, mais moi j'entends tout et c'est superlatif comme prise de son.
Pour le reste, il en fait une marche funèbre, c'est clair, et l'orchestre qui se cabre exprime justement les élans brisés du coeur qui se sent encore vivre à plein. C'est magnifique, ce léger décalage.

Oui, je trouve aussi que la prise de son est superlative. Sur un ensemble hifi, c'est vraiment très bon.
Qu'appelez vous le thème d'Alma dans le premier mouvement ?

edit : je n'avais pas vu qu'il y avait un fil qui répondait à ma question.

Faut pas croire, on bosse sur tous les fronts. De l'autre côté, tu as l'analyse note à note ou presque. Ici, c'est pour la métaphysique des moeurs orchestrales.

Je viens de réécouter le 1e mvt dans 3 versions.

Tout d'abord Chailly puisqu'on en parlait : je ne suis pas du tout convaincu . Ni allegro ni energico, et je ne vois pas du tout ce que ça apporte de diriger comme cela ! Du coup j'ai réécouté Abbado et je trouve ça en comparaison beaucoup mieux ! Je ne me souvenais pas que c'était aussi bien. Il va falloir que je réécoute en entier. Enfin c'est un peu trop beau et ça manque un peu de folie pour être au top, mais c'est très bien tout de même. Pour finir je me suis passé De Waart. Ce n'est pas aussi beau que le précédent mais il plus de drame ça me semble plus inspiré.