les musiques les plus joyeuses , les plus lumineuses .

Un musicien qui est souvent joyeux : Gershwin.

Zeno a écrit:

Un musicien qui est souvent joyeux : Gershwin.

Comme dit saint François chez Messiaen :
"Sache que tout cela n'est pas la joie parfaite"

Qui trop embrasse mal étreint. Je préfère être sélectif dans mes (peu nombreux) choix.

Premièrement, point besoin d'une oeuvre entière, il peut s'agir s'un mouvement isolé. D'ailleurs, le mode mineur succède au mode majeur, justement pour faire ressortir le caractère des mouvements individuels. Et pas besoin non plus d'être un chef-d'oeuvre de grande envergure. L'effet doit être particulièrement fort et ne jamais se dissiper après de nombreuses écoutes. Bis repetita placent.

- Bach: le premier mouvement du concerto brandebourgeois no. 4.

- Vivaldi: son concerto pour deux trompettes - essentiellement deux mouvements rapides reliés par quelques secondes de musique en mode mineur.

- Beethoven: l'allegro qui suit l'introduction lente dans la quatrième symphonie. Quelle dose d'énergie !

- Bizet: la symphonie en do.

Martinu:Symphonie n°1 (à part le 3ème mouvement)
Martinu:Symphonie n°2

David confirmera je crois. 

Zeno a écrit:

Un musicien qui est souvent joyeux : Gershwin.

Tout à fait d'accord pour Gershwin! Poulenc et Milhaud peuvent être aussi lumineux et gais. Une oeuvre qui respire la joie de vivre juvénile, un peu naïve comme un émerveillement devant cette Vienne de François-Joseph qui le marquera à vie de ses sortilèges : la Sinfonietta de Korngold.

Autre oeuvre qui respire, selon moi le bonheur mais plus métaphysique : les "Fresques de Piéro della Francesca de Martinu.

Doit- on parler aussi de la "symphonie classique" de Prokofieff? C'est du soleil!

Et puis, il y a ces compositeurs , réputés pas forcément gais, et qui soudain, se déboutonnent : Je pense à Arnold Bax avec cette valse lente intitulée "Mediterranean" ou encore la "polka" de ses "Variations sur le nom de Fauré" pou piano : une bonne ambiance chaplinesque!

Allez, histoire de faie un point sur ce que je trouve "joyeux" en musique classique:

Saint-Saëns: Bacchanale dans Samson et Dalila
Beethoven: Finale de la Symphonie N°9, finale de la 7ème et le début de la 6ème tant que j'y suis
Sibelius: Intermezzo dans Karelia
Tchaïkovski: Danse des mirlitons dans Casse-Noisette
Mozart: Symphonie N°41, Finale. Finales de bon nombre de concertos pour piano et orchestre
Holst: Jupiter, celui qui dispense la joie dans la suite "Les Planètes"
Glinka: Ouverture de Rouslan et Ludmilla
Mendelssohn: Symphonie N°4, premier mouvement
Lalo: j'ai toujours trouvé la symphonie espagnole extrêmement "lumineuse"
Brahms: Danses hongroises et finale du concerto pour violon et orchetsre
Borodine: Danses polovtsiennes dans Le Prince Igor
Bizet: le prélude de Carmen, les suites d'orchestre de l'Arlésienne


C'est tout pour le moment. A bientôt... (si mes profs me lâhcent les baskets)

joyeuse, tonique, péchue, la musique de Darius Milhaud me semble correspondre tout à fait, notamment "le bœuf sur le toit"

Oui je suis d'accord, Milhaud opère résolument dans le radieux. 

Le motif de David dans les Maitres Chanteurs.
Guilleret à souhait. 
Hein David?  

darkmagus a écrit:

joyeuse, tonique, péchue, la musique de Darius Milhaud me semble correspondre tout à fait, notamment "le bœuf sur le toit"

Et Larenjeiras, la onzième des Saudades Do Brasil.

[quote="Typhon"]

Citation :

Et Larenjeiras, la onzième des Saudades Do Brasil.

connais pas,  mais ça me fait penser à Gustavo Dudamel, vu sur "brava tv" avec l'Orquestra Sinfonica Simon Bolivar, pppffffff, décoiffant !      

La 3e symphonie de Schumann, clairement lumineuse (pas forcément "joyeuse", quoique). C'est d'autant plus remarquable que le compositeur est un dépressif à moitié parano et alcoolique notoire.  

En ce moment je suis à fond sur "paysages et marines" de Koechlin. Quelle paix. Une joie contenue, loin des tourments. Merci à Cello de me l'avoir conseillé.

Glocktahr a écrit:

En ce moment je suis à fond sur "paysages et marines" de Koechlin. Quelle paix. Une joie contenue, loin des tourments. Merci à Cello de me l'avoir conseillé.

J'aime beaucoup cette oeuvre aussi. Tu as quelle version ?

Armand a écrit:

Glocktahr a écrit:

En ce moment je suis à fond sur "paysages et marines" de Koechlin. Quelle paix. Une joie contenue, loin des tourments. Merci à Cello de me l'avoir conseillé.

J'aime beaucoup cette oeuvre aussi. Tu as quelle version ?

Sur le CD il est marqué "ensemble initium, ensemble contrast" (c'est sur qobuz), les autres oeuvres sur le CD sont aussi dans le même genre "deux sonatines", "septuor", "sonate à sept". Je recommande ce CD. J'ai essayé les heures persanes mais je trouve ça beaucoup plus angoissant.

Glocktahr a écrit:

J'ai essayé les heures persanes mais je trouve ça beaucoup plus angoissant.

C'est moins clair, oui, quoique ça dépend des pièces; tu as écouté la version piano ou orchestre?

Il y a quand même quelques pièces très lumineuses, comme la 5è, En vue de la ville, également les Roses au soleil de midi, et quelques autres.

Xavier a écrit:

Glocktahr a écrit:

J'ai essayé les heures persanes mais je trouve ça beaucoup plus angoissant.

C'est moins clair, oui, quoique ça dépend des pièces; tu as écouté la version piano ou orchestre?

Il y a quand même quelques pièces très lumineuses, comme la 5è, En vue de la ville, également les Roses au soleil de midi, et quelques autres.

Ok c'était une impression après une écoute distraite, je vais essayer de m'y mettre sérieusement.

Moi c'est le genre de musique qui éclaire carrément ma journée. (les deux pièces en question mais aussi la 13è, l'ensemble de l'oeuvre en fait)

Le concerto pour piano de Poulenc.

Spécifiquement le premier mouvement. Non seulement c'est lumineux mais en plus il y a quelque chose de très "sain" dans cette musique, un bonheur simple et pur, quelque chose de l'émerveillement de l'enfance.

Tiens, est-ce qu'il n'a pas servi de générique pour une émission qui passait le samedi après-midi dans les années 80? J'associe beaucoup d’œuvres à des moments précis de ma vie mais rarement autant que pour ce concerto. J'ai rêvé ou quoi?

Cello a écrit:

Le concerto pour piano de Poulenc.

Spécifiquement le premier mouvement. Non seulement c'est lumineux mais en plus il y a quelque chose de très "sain" dans cette musique, un bonheur simple et pur, quelque chose de l'émerveillement de l'enfance.

Tiens, est-ce qu'il n'a pas servi de générique pour une émission qui passait le samedi après-midi dans les années 80? J'associe beaucoup d’œuvres à des moments précis de ma vie mais rarement autant que pour ce concerto. J'ai rêvé ou quoi?

Je viens de l'écouter, j'aime bien, et c'est vrai qu'il y a un passage qui m'était familier.

Cello a écrit:

Le concerto pour piano de Poulenc.

Spécifiquement le premier mouvement. Non seulement c'est lumineux mais en plus il y a quelque chose de très "sain" dans cette musique, un bonheur simple et pur, quelque chose de l'émerveillement de l'enfance.

Tiens, est-ce qu'il n'a pas servi de générique pour une émission qui passait le samedi après-midi dans les années 80? J'associe beaucoup d’œuvres à des moments précis de ma vie mais rarement autant que pour ce concerto. J'ai rêvé ou quoi?

Non, tu n'as pas rêvé : il sert de générique pour les retransmissions télé du Concours Reine Elisabeth session piano. Il a peut-être aussi été utilisé comme générique pour d'autres émissions de télévision mais je n'en sais rien.

Je viens de réécouter Scaramouche de Milhaud et España de Chabrier : même impression de couleur, de chaleur et de lumière  

Philippe VLB a écrit:

Cello a écrit:

Le concerto pour piano de Poulenc.
...
Tiens, est-ce qu'il n'a pas servi de générique pour une émission qui passait le samedi après-midi dans les années 80? J'associe beaucoup d’œuvres à des moments précis de ma vie mais rarement autant que pour ce concerto. J'ai rêvé ou quoi?

Non, tu n'as pas rêvé : il sert de générique pour les retransmissions télé du Concours Reine Elisabeth session piano. Il a peut-être aussi été utilisé comme générique pour d'autres émissions de télévision mais je n'en sais rien.

C'est juste, merci mais je crois que mon souvenir remonte à plus loin que ça. J'associe vraiment ce thème du premier mouvement à une émission de cinéma du début des années 80, le genre de truc que Pierre Tchernia présentait à l'époque.

J'aime beaucoup le premier mouvement de la Sonate en trio no 5, BWV 529 de Bach. Surtout joué dans un tempo suffisamment allant pour donner l'ilusion d'un sautillement. Chapuis est idéal ici.

Cello a écrit:

Le concerto pour piano de Poulenc.

Spécifiquement le premier mouvement. Non seulement c'est lumineux mais en plus il y a quelque chose de très "sain" dans cette musique, un bonheur simple et pur, quelque chose de l'émerveillement de l'enfance.

J'aime énormément son concerto pour deux pianos, absolulment jubilatoire. 
Mes garçons ont utilisé le premier mouvement pour une scène de film de cape et d'épée, qu'ils ont conçue et interprétée dans le salon, filmé sur téléphone portable pour la postérité.

L'allegro du 3ème concerto Brandebourgeois de Bach dans la version de Goebel.

Une figure de pure lumière.                     

Tu m'as donné envie de réécouter ça...

(Bon cela dit je te trouve un peu radin niveau soleils, tu aurais quand même pu en mettre 22...  ).

Closed

Golisande a écrit:

Tu m'as donné envie de réécouter ça...

(Bon cela dit je te trouve un peu radin niveau soleils, tu aurais quand même pu en mettre 22...  ).

C'est vrai que j'ai été un peu chiche pour le coup.   

Liszt. Au Lac de Walenstadt. Bon oui Ok au début, sympa, romantique, impressionniste, presque ; cor des Alpes-pas faux .... précurseur de Debussy - ça fait bien dans les salons. Et oui non c'est autre chose. Quoi? Hmmm le type est à cours d'adjectifs, c'est une piste. Et puis le passage en enharmonie, et puis les mauvais interprètes, ceux qui ne comprennent pas ....et puis ce passage vers la mesure 57... joie sans ombrage... impossible tristesse ...on a beau chercher : tout va bien .... Liszt, homme de foi, Liszt, redoutable optimiste.

Question pas si simple. Déjà je fais une différence entre "gaie", une musique qui me donnerait le sourire et me donnerait par exemple envie de danser, et "lumineux" qui exprime plus pour moi la lumière du ciel, le religieux. Je pense que le sujet porte plus sur la notion d’allégresse.

En tout premier lieu, j'aurais plutôt tendance à préférer un bon stimulant genre métal mélodique à la sauce cœur de taverne bavaroise. "The Village of dwarves" de Rhapsody, "Eagle fly free" d'Helloween ou encore "The trooper" d'Iron Maiden.

En classique pour me donner la pêche ou le sourire, ce serait un morceau par forcément gai en soi (genre scherzo en mode majeur) mais un morceau mélodique que je connais bien ; la facilité d'une écoute en terrain connu. Le concerto pour piano k466 de Mozart ou son requiem (comme quoi le morceau n'a pas besoin d'être gai), les concerto pour violon de Bach, la jeune fille ou la mort de Schubert, bref il faut que je puisse le chanter en même temps, il faut que "ça déroule". Ca, ça me donne la pêche. Ou encore le dernier mouvement de la Symphonie 73 de Haydn ("La chasse").

Par contre le truc qui me désespère, c'est une musique gaie jouée dans un tempo de marche funèbre avec une lourdeur de pierre tombale. Je n'ai pas d'exemple à l'instant précis mais on en trouvera facilement  Comme quoi l'interprétation est importante... mais aussi la vue. Pour me mettre la pêche, deux videos qui me donnent le sourire : "Au bal" de la Symphonie fantastique de Berlioz par le Berliner (watch?v=73iVXPfZgCM), y voir jouer Pahud est un régal. Ou encore Andris Nelsons sur le prélude de Carmen (watch?v=AuwUaA17ZHs), il est poilant à partir de 1'35   

Sinon pour le "lumineux", dans la section video, je pense tout de suite à Hannigan dans "Correspondances" de Dutilleux (watch?v=4aBB1Oz0fGw), à partir de 2'00 elle passe des étoiles au soleil et semble s'irradier quand elle chante "le soleil a un rayonnement de soufre pâle..."  

Enfin moi pour me mettre en joie rien de tel que ça : watch?v=THizytcDjiw

Pipus a écrit:

Comme quoi l'interprétation est importante... mais aussi la vue.

Ah oui mais là, si je peux me permettre, on n'est plus dans la musique à proprement parler.

Milhaud:Final de la symphonie n°6

Un concaténation de photons à haute intensité.

Pour aller le concurrencer celui-là...

J'ai ré-écouté Arthus de Chausson ce week-end... et le final est pour moi d'une luminosité aveuglante! A chaque fois que j'entends cette musique, je vois une lumière s'affirmer au fur et à mesure pour finalement éblouir... Je ne sais pas pourquoi... comme une sorte de grand brouillard qui s'illumine doucement.

Plus radieux que le final de la 6ème de Milhaud ?

Dans un genre similaire, tiré de la messe glagolitique de Janacek: Svet (Sanctus)...
/watch?v=M_4dowHwXfw

arnaud bellemontagne a écrit:

Plus radieux que le final de la 6ème de Milhaud ?

ça pour te le dire, faudrait déjà que j'ai écouté la 6ème de Milhaud!

Ecoutable ici (les deux derniers mouvements):

watch?v=VBkUOXXwtUU

Les premières qui me viennent en tête: Mahler: 5 mouvement de la 3ème (avec les cœurs d'enfants), la première symphonie de Prokofiev, qui est un véritable petit soleil.

Blestheme a écrit:

Les premières qui me viennent en tête: Mahler: 5 mouvement de la 3ème (avec les cœurs d'enfants),

Tiens, amusant, je trouve ce mouvement malgré tout un peu ténébreux (tout comme le premier mouvement, dont j'ai mis longtemps à sentir le programme censément jubilatoire). Autant le dernier laisse sourdre une lumière diffuse, encore occultée, mais qu'on pressent ; autant celui-ci reste, malgré son texte et son atmosphère dansante, un rien lugubre à mes oreilles.

DavidLeMarrec a écrit:

Blestheme a écrit:

Les premières qui me viennent en tête: Mahler: 5 mouvement de la 3ème (avec les cœurs d'enfants),

Tiens, amusant, je trouve ce mouvement malgré tout un peu ténébreux (tout comme le premier mouvement, dont j'ai mis longtemps à sentir le programme censément jubilatoire). Autant le dernier laisse sourdre une lumière diffuse, encore occultée, mais qu'on pressent ; autant celui-ci reste, malgré son texte et son atmosphère dansante, un rien lugubre à mes oreilles.

Cela me fait penser à une remarque que j'ai lu sur la rencontre Mahler/Freud, le premier avouant qu'il associe les musiques joyeuses et enjouées à quelque chose de malheureux.

Cela m'étonne que tu dises ça tout de même, parce que ce mouvement est pour moi l'un des plus sincèrement rayonnant qu'il ait écrit. Surtout que je trouve que ta remarque est beaucoup plus visible dans certains pans de sa musique qui sont traversés par des joies profondément désabusé, des fêtes morbides, où il donne à l'horreur un masque de bouffonnerie joyeuse.

Par exemple dans le dernier mouvement de la sixième symphonie, notamment ce moment merveilleux où la musique se fracasse dans des accords de fanfare (à peu près à la moitié du mouvement) et repart dans un tohu-bohu chancelant. Ou dans le final de la deuxième symphonie, et cette transition jubilatoire où j'ai l'impression qu'il a saisit dans un espace si restreint la joie et le cri.( /watch?v=sHsFIv8VA7w à 1:06:29 ).

Mais par contre je suis absolument d'accord avec ta remarque sur le dernier mouvement de la 3ème, on y ressent une joie immense qui se cache et qui ne se dévoile pas, j'ai presque l'impression que Mahler la confine et nous la laisse supposer par peur de la briser (contrairement à certain passages où l'exultation tombe très vite en ruine).

Blestheme a écrit:

 Cela m'étonne que tu dises ça tout de même, parce que ce mouvement est pour moi l'un des plus sincèrement rayonnant qu'il ait écrit. Surtout  que je trouve que ta remarque est beaucoup plus visible dans certains pans de sa musique qui sont traversés par des joies profondément désabusé, des fêtes morbides, où il donne à l'horreur un masque de bouffonnerie joyeuse.

Ah, mais je suis persuadé que Mahler le voulait primesautier… mais pour moi, ça reste du primesautier un peu inquiétant, comme l'écho d'une enfance qui n'a jamais existé et que l'on cherche en vain à saisir.

Bien sûr, c'est très différent des moments de jubilation volontairement déformés.

Sinon, plus lumineux, si, quand même : le final de la Septième est même aveuglant par moment, et sans le côté solennel de la Huitième ou, comme tu dis, exultant jusqu'au hurlement de la Deuxième. Et puis il y a toute la Quatrième, qui n'a pas beaucoup d'ombres.

DavidLeMarrec a écrit:

Et puis il y a toute la Quatrième, qui n'a pas beaucoup d'ombres.

Au contraire, elle est toute écrite en nuances doux-amer : entrain caustique du I, parodie grinçante et onirisme inquiétant du II, émoi douloureux du III, candeur piquante du IV.
Conséquence de l'orchestration diaphane, la noirceur n'apparaît jamais opaque, mais la joie n'y est jamais très franche (sauf peut-être dans le climax transitionnel entre III et IV, quand s'ouvrent les portes du paradis, qui déversent une lumière torrentielle).
On pourrait même la qualifier de symphonie des ombres, pour les inquiétudes, les allusions, les incertitudes, les fantômes qui y rodent.

Qu'il y a du piquant, des grincements (ludiques), des nuances dans cette symphonie, c'est incontestable… mais là, tu décris plutôt ce que j'entends dans le cinquième mouvement de la Troisième (où les enfants sonnent comme des Ombres fantastiques, mi-attendrissantes, mi-inquiétantes).

Pour moi, les facéties de la Quatrième ne passent jamais la limite de la jovialité ; peut-être dans le troisième mouvement, plus méditatif que réellement lumineux, mais on reste toujours dans une sphère positive pour moi.

(Et là encore, quand on voit les projets de Mahler, c'est plutôt moi qui ai tort — «  la mort gratte bizarrement son violon et nous mène là haut vers le ciel » pour le II, et le III « rit et pleure ».)

Parmi les symphonies de Mahler, je dois avouer que c'est dans le Scherzo de la Cinquième que je trouve les éclats de "joie" les plus francs (même si le terme est particulièrement ambigu chez lui).

Joyeux avec la délicatesse d'un scherzo brucknérien, quand même.

(Moi je trouve toute la Cinquième sinistre, bien plus que la Sixième… j'ai fini par m'habituer à me dire que le rondeau ne l'était pas, mais ce n'est pas très primesautier non plus.)

C'est marrant, David, ma perception des symphonies de Mahler est à peu près systématiquement l'opposé de la tienne...

Pour moi cette musique se caractérise par la juxtaposition (et la cohabitation) d'humeurs extrêmes et opposées, et ce quelle que soit l'œuvre : simplement, certaines (1, 3, 4, 8 ) penchent plutôt d'un côté et d'autres (6, 7, 9) plutôt de l'autre...
Les plus "centrales" (ou équilibrées) de ce point de vue me semblent être la 2 et la 5, et à mon sens le scherzo de la 5 est clairement un de ses mouvements les plus lumineux (malgré des zones d'ombres évidentes, mais il n'a rien de la lourdeur d'un scherzo de bruckner ! ) ; la 4 est loin d'être entièrement positive en dépit de son ton plus léger - l'adagio contient même deux explosions de douleur parmi les plus poignantes du compositeur ; quand au Rondo de la 7, je me demande si ce n'est pas le morceau le plus parfaitement grinçant, grimaçant et sinistre du compositeur , ex aequo avec le scherzo de la 9 (que je préfère)...

Bon, sur ce je retourne à mon Così (et ça, pour le coup c'est vraiment ).

Golisande a écrit:

Pour moi cette musique se caractérise par la juxtaposition (et la cohabitation) d'humeurs extrêmes et opposées, et ce quelle que soit l'œuvre : simplement, certaines (1, 3, 4, 8 ) penchent plutôt d'un côté et d'autres (6, 7, 9) plutôt de l'autre...

Tout à fait, mais je n'entends pas la Troisième comme très positive, par exemple. Roborative, mais pas forcément joviale.

Citation :

mais il n'a rien de la lourdeur d'un scherzo de bruckner !

Rien que le début, ça me fait appuyer instantanément sur la touche « plage suivante ». Et comme la suite ne vaut pas beaucoup mieux…

Citation :

quand au Rondo de la 7, je me demande si ce n'est pas le morceau le plus parfaitement grinçant, grimaçant et sinistre du compositeur

D'ailleurs tout le monde lui reproche sa supposée superficialité (justement ce qui me plaît, cette explosion jubilatoire). Tu le vois où, le grincement ? En dehors des fanfares exaltées mais vraiment pas sombres, on n'a quasiment que des mouvements de danses viennoises.

Citation :

, ex aequo avec le scherzo de la 9 (que je préfère)...

Là, c'est sombre et grinçant, oui.

Citation :

Bon, sur ce je retourne à mon Così (et ça, pour le coup c'est vraiment ).

… ah non, ça c'est lumineux, mais bien crépusculaire quand même, rien à voir avec les Noces (qui ne sont déjà pas sans ombres).