quel est le compositeur de cette musique svp (Glass)

Benedictus a écrit:

Et Terry Riley, tu as déjà essayé? Avec lui, on est davantage du côté des musiques populaires (Alifie dirait: à coucher dehors.)

Non je ne crois pas avoir déjà testé, mais il fait aussi partie de ma liste. D'ailleurs concernant Reich et Adams, je n'ai aussi pratiquement rien écouté depuis ces premières tentatives datant d'une époque où je n'étais sûrement pas mûr pour leur musique (mais pour celle de Glass si, manifestement ), donc ce sera comme une découverte pour moi.

Concernant le piano de Glass que tu évoques plus loin, je ne peux absolument rien en dire puisque je ne crois pas en avoir écouté du tout (ah si en fait l'Opening de Glassworks ne fait intervenir que le piano, mais ça doit être tout. J'ai prévu de faire und étour par là après avoir réécouté les trois grands opéras.

Pour aujourd'hui, retour sur les premières oeuvres expérimentales, dont j'avais gardé un souvenir assez circonspect. Après avoir (partiellement, cf plus loin) réécouté, je peux désormais être beaucoup plus clair à leur sujet : c'est vraiment nul . Music in similar motion et Music in contrary motion (datant de 1969 toutes les deux) en particulier se contentent d'un dispositif radicalement minimal (on peut à peine parler de musique !) consistant à répéter une cellule en boucle avec une modification à peine perceptible environ toutes les minutes. Comme si ça ne suffisait pas, c'est extrêmement daté niveau sonore (instruments électroniques uniquement pour les premiers essais de Glass), en gros on entend un mauvais orgue Midi répéter un même motif pendant un quart d'heure, c'est essentiellement inaudible. Seul vague source d'amusement : on peut couper un tiers du morceau sans même ressentir la moindre discontinuité (ce que j'ai de fait fini par faire, d'où le partiellement plus haut).

Honnêtement il parait même impensable qu'un truc aussi radical ait pu être interprété et enregistré, et on ne peut le conseiller qu'aux plus masochistes des mélomanes, ou aux plus intégralistes des fans de Glass. Non, en fait j'exagère, ça a un intérêt, mais vraiment purement historique, permettant de voir la première étape du lent processus qui fera passer Glass du statut d'expérimentateur ultra-radical à celui de pape de la musique pépère easy listening. Parce que les éléments de base (boucles répétées ad nauseam) sont bien là dès ces premières oeuvres.

Je ne dirai pas grand chose de plus de Music with changing parts (qui laisse apparemment plus de liberté aux interprètes que les oeuvres précédentes, mais en pratique ça ne s'entend pas ; c'est la même daube, mais étalée sur trois quarts d'heure !), ni sur Music in twelve parts dont le seul intérêt est d'élargir un peu le champ de l'instrumentation (avec l'emploi de voix, notamment), mais qu'il me semble complètement inhumain de prétendre écouter sérieusement aujourd'hui (en intégralité, ça dure au moins quatre heures, c'est un poil plus varié que les pensums précédents, m'enfin ça reste très très hardcore quand même).

Cette période que je jetterai donc vite aux oubliettes s'achève plus ou moins (ou c'est la suivante qui commence) avec Einstein on the beach, pour lequel je passerai sur le fil consacré aux opéras.

Avant-dernière étape pour mon parcours Glass, une panoplie de concertos.

Mefistofele a avoué plus haut être fan des deux concertos pour violon, et particulièrement du premier, mais si cette oeuvre (datant de 1987) est un des très grands classiques de la "grande période" de Glass, je n'ai jamais été personnellement totalement convaincu. Cette nouvelle écoute ne m'a pas vraiment fait changer d'avis, c'est un beau résumé de la production de Glass période répétitive, mais je crois en fait que c'est le violon qui ne me convainc pas (arpèges et lignes mélodiques souvent plates, ça ne suffit pas vraiment pour un concerto). Tout de même, le mouvement lent central est incontournable à conditionner de supporter le cumul de Glass et de guimauve dégoulinante, ce qui n'est pas donné à tout le monde.

J'ai enchaîné avec la Fantaisie concertante pour deux timbales et orchestre, première oeuvre du Concerto Project qui a occupé Glass pendant la décennie 2000-2009. On a clairement changé de style, Glass optant ici pour une sorte de néo-romantisme très positif et sautillant (pas l'ombre d'une atmosphère tragique ici), c'et frais et joyeux, franchement une oeuvre très plaisante à défaut d'être géniale. Relativement peu de répétitions à part quelques figures d'accompagnement (dans le mouvement lent) qui ressemblent même à des clin-d'oeil, par contre la cadence qui sert de troisième mouvement me semble extrêmement dispensable.

Le Concerto pour violoncelle de 2001 démarre très bien avec une belle mélodie grave énoncée par le soliste, mais je trouve vraiment que l'oeuvre ne tient pas ses promesses, ça s'étire dans un discours bizarrement construit, qui ressasse sans réelle raisons quelques tics glassiens, honnêtement ça ne va nulle part et ça finit par être lassant.

Le concerto pour clavecin de 2002 est une curiosité, l'emploi du clavecin convient bien aux arpèges tant aimés de Glass, mais pour le reste on a à nouveau droit à beaucoup de poncifs glassiens, et vraiment peu d'inspiration nouvelle. Le deuxième mouvement n'a rien à dire, le dernier est tellement sautillant qu'on en est aux limites du grotesque. Pas convaincu par cette oeuvre non plus...

Enfin, je voulais achever mon tour d'horizon avec le deuxième Concerto pour violon 'Quatre saisons américaines', mais je n'en ai pas trouvé de version sur Deezer. Pas grave, me dis-je, il y en a deux sur Youtube, ce ne sont certes pas les versions vantées par Mefistofele mais ce ne sera peut-être pas horrible. J'avais tort... Une version McDuffie (soliste et direction) avec un orchestre de jeunes, le violon est souvent faux mais surtout le continuo de clavecin est confié à une synthétiseur qui fait des ploink ploink atroces, c'est vraiment impensable. Et la deuxième version trouvée (Elissa Cassini/Orchestre de Bretagne), le violon est tellement faux tout le temps que c'en est vraiment gênant, surtout évidemment dans les solos qui s'intercalent entre les mouvements. Bref, difficile d'apprécier l'oeuvre dans ces conditions, mais ce que j'en ai entendu ne m'a pas non enthousiasmé...

Globalement, ce n'est pas vraiment dans ces concertos qu'on trouve les oeuvres les plus essentielles de Glass. Je crains de devoir en dire autant des quelques symphonies que j'ai prévu d'écouter pour en terminer avec Glass (je n'écouterai pas d'autres opéras que ceux de la grande trilogie déjà évoquée ailleurs), mais qui sait, peut-être un ou deux belles surprises au bout du chemin !

Roupoil a écrit:

Enfin, je voulais achever mon tour d'horizon avec le deuxième Concerto pour violon 'Quatre saisons américaines', mais je n'en ai pas trouvé de version sur Deezer.

Il se trouve sur ce CD par Gidon Kremer



On peut en écouter des mouvements complets en vidéo (j'ai tapé "new seasons gidon Kremer" et hop ! )

Merci pour les liens, le moteur de recherche deezer est en effet souvent facétieux, mais là pour le coup il n'y est pour rien, j'avais laissé traîner un bout de mot d'une recherche précédente quand j'ai cherché le concerto, qui se trouve "normalement" avec des recherches assez simples...

Comme je le craignais, je ne vais pas avoir grand chose de très passionnant à dire sur les quelques symphonies de Glass que j'ai pu écouter (les premières essentiellement puisque les autres sont moins facilement disponibles). Les symphonies 1 et 4, inspirées d'albums de Bowie, ressemblent de fait à une tentative de faire une symphonie à partir de thèmes "pop" en les accompagnant de fond d'arpèges glassiens, c'est vraiment pas terrible (la 1 est franchement mauvaise, la 4 plus écoutable je trouve). Pour les autres que j'ai écoutées, le gros problème c'est que c'est vraiment du recyclage intensif : toujours les mêmes arpèges, les notes répétées, les cellules rythmiques avec contretemps, au bout d'un moment ça se voit et le renouvellement par rapport aux oeuvres de la décennie précédente (tout cela date des années 90) est minime. La cinquième symphonie est un gros truc de plus d'une heure et demie, chorale, en douze mouvements, mais ne retrouve jamais la tension et la puissance des opéras. Bref, rien que des choses assez anecdotiques, je vais donc remettre en sommeil tous les fils Glass pour quelques années .

Et partir polluer le fil consacré à Steve Reich dans les jours à venir.

Effectivement, souvenir cuisant (exactement celui que tu dis) des symphonies, des boucles d'arpèges d'accords parfaits dans des enchaînements faux, essentiellement pour les cordes, sans aucun effet de texte, de surprise, de climat singulier entre elles…

sur un autre fil, Protopopus a écrit:

je ne suis pas forcément fermé au minimalisme, il y a des choses qui me plaisent même pas mal [...] mais quand c'est associé à une certaine forme de séduction mélodique comme chez Glass

Les lignes mélodiques chez Glass sont effectivement superbes !!!

Ah, ça, presque aussi superbe que le contrepoint dans Maria Stuarda!

(Au fait cher Gil Plouf, c'est Prosopopus, pas Protopopus.)

Le bizutage continue, je vois : tu as réussi à pirater le compte alternatif de Cololi ? (manquent tout de même quelques ... dans le post, si je peux me permettre)

Mais le côté mélodique c'est bien (le seul) l'attrait de la chose non ?

Si Glass a réussi à se faire un nom et à s'imposer au-delà des amateurs de "classique" c'est bien parce que sa musique est constituée de cellules mélodiques très plaisantes. On ne peut pas lui enlever que sa musique flatte l'oreille (à la façon d'un Tiersen, d'un Ludovico Einaudi ou d'un Lubomir Melnyck). Le problème (pour moi en tous cas) c'est que ça ne se repose que sur ça, en plus de se ressembler d'une décennie à l'autre et d'être écrit au kilomètre.

Peut-être qu'il faut s'entendre sur le terme "mélodie"...
Car dans bon nombre d'œuvres de Glass (mais je reconnais que je n'ai pas écouté le 10è de ce qu'il a écrit), il n'y a pas de mélodie.
L'harmonie est consonante, la pulsation est régulière, c'est, non pas séduisant pour moi, mais peut-être rassurant en tout cas pour ceux qui aiment.
Mais quelles mélodies?

C'est exactement ce que je voulais dire quand je parlais du contrepoint de Maria Stuarda: je n'ai jamais entendu de mélodies à proprement parler chez Glass.

Ritournelle plutôt ?
Le fait qu'il joue souvent sur une suite de notes avec les mêmes intervalles en accélérant le rythme en ajoutant successivement des notes dans sa série crée une forme de mélodie je trouve mais oui c'est vraie que ce sont des mélodies qui se contentent de se répéter sur les mêmes trois quatre notes d'une suite de deux trois accords parfaits.

C'est une mélodie pauvre mais une mélodie tout de même, à la façon de la musique populaire.
Ça fonctionne bien quand on écoute Glassworks, un de ses albums les plus connus. Je trouve ça très vite lassant pour ma part et assez facile mais je comprends pourquoi ça plaît et j'y entends des mélodies toutes simples (des suites d'accords mineurs).

Edit : oui j'ai compris en y repensant ce que vous vouliez dire, vu qu'il n'y a pas de développement dans sa musique et pas d'autre décor que celui de ses accords en arpèges, il y a des harmonies plus qu'une recherche mélodique. Finalement la base de sa musique est de substituer à la mélodie le second plan harmonique.

En ce qui me concerne, la ligne principale (saxophone dans la version standard) de Façades, par exemple, me semble tout ce qu'il y a de plus mélodique (attention, faut réussir à tenir plus d'une minute pour l'entendre, hein, je préviens les allergiques qui voudraient tenter le coup, le début risque de les faire fuir). Bien sûr, ça reste essentiellement composé de bout de gammes, on ne trouvera pas de mélodies très complexes dans Glass, ça va de soi. Mais "pas de mélodies du tout" ça me semble objectivement assez exagéré.

Prosopopus a écrit:

Ritournelle plutôt ?
Le fait qu'il joue souvent sur une suite de notes avec les mêmes intervalles en accélérant le rythme en ajoutant successivement des notes dans sa série crée une forme de mélodie je trouve mais oui c'est vraie que ce sont des mélodies qui se contentent de se répéter sur les mêmes trois quatre notes d'une suite de deux trois accords parfaits.

Oui, comme tu l'as dit à la fin de ton message, c'est ce qu'on appelle des arpèges, et ça se substitue en général à la mélodie chez lui.
Pour moi c'est carrément une absence de mélodie et je trouve ça assez rédhibitoire dans de la musique tonale, à moins de chercher une nappe de fond, pas une musique nourrissante en elle-même.

Roupoil a écrit:

En ce qui me concerne, la ligne principale (saxophone dans la version standard) de Façades, par exemple, me semble tout ce qu'il y a de plus mélodique (attention, faut réussir à tenir plus d'une minute pour l'entendre, hein, je préviens les allergiques qui voudraient tenter le coup, le début risque de les faire fuir). Bien sûr, ça reste essentiellement composé de bout de gammes, on ne trouvera pas de mélodies très complexes dans Glass, ça va de soi. Mais "pas de mélodies du tout" ça me semble objectivement assez exagéré.

J'ai déjà entendu des débuts de mélodie chez lui, de temps en temps… (mais je n'ai pas souvent poussé l'écoute très loin)
Il faut être patient et je trouve qu'on n'est pas récompensé par la qualité de la mélodie en question.

De mon expérience, ce sont souvent des mélodies coïncidentales, formées par le dessus des arpèges. Mais comme le matériau est très simple et conjoint, ça crée des mélodies, oui, même si elles paraissent davantage résultantes que délibérées.

Cela dit, peu importe après tout, c'est le résultat qui compte.