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| | Arnold Bax (1883-1953) | |
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Auteur | Message |
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DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97845 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Mar 17 Déc 2019 - 12:59 | |
| Lumineuse, vraiment ?
Je réécoute ce disque, et je trouve toujours l'ensemble aussi indifférencié… Le Lento central est superbe, oui, avec ses flux-reflux assez apaisés, mais de là à être marqué, je ne suis pas sûr. J'attends la fin de ma réécoute (bientôt le troisième mouvement). |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Mar 17 Déc 2019 - 13:07 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- Lumineuse, vraiment ?
Par rapport à la 5 et à la 6, oui, très sensiblement. En tout cas, l'orchestration a quelque chose de très diurne. - DavidLeMarrec a écrit:
- Je réécoute ce disque, et je trouve toujours l'ensemble aussi indifférencié…
Tu veux dire: à l'intérieur même de la symphonie (dans ce cas, oui, je suis assez d'accord) ou par rapport au reste du corpus ( cf. supra)? - DavidLeMarrec a écrit:
- Le Lento central est superbe, oui, avec ses flux-reflux assez apaisés, mais de là à être marqué, je ne suis pas sûr.
Pour moi, si. (Mais après pas mal de réécoutes, c'est vrai.) |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97845 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Mar 17 Déc 2019 - 13:13 | |
| - Benedictus a écrit:
- Par rapport à la 5 et à la 6, oui, très sensiblement. En tout cas, l'orchestration a quelque chose de très diurne.
Moi ça m'évoque une nuit sur la mer. Un peu comme les symphonies 2,3,4,5 et 6, quoi. (Même la lumière du début du Lento – après les vents deviennent beaucoup plus audibles et sinistres – m'évoque tout au plus un reflet lunaire.) Le final, peut-être… je n'en suis qu'au début, et il est effectivement plus triomphal, quoique pour moi ce ne soit pas forcément la lumière aveuglante du jour façon Mahler 7, plutôt celle d'une fin de soirée ou d'un crépuscule du matin. - Citation :
- Tu veux dire: à l'intérieur même de la symphonie (dans ce cas, oui, je suis assez d'accord) ou par rapport au reste du corpus (cf. supra)?
À l'intérieur de la symphonie, il y a quand même du (un peu) rapide et du (pas trop) lent, des contrastes (le Lento doux au début aux cordes, plus tourmenté à la fin avec harpe et vents à l'avant), mais c'est un peu la même histoire, oui, de grands aplats indiscernables. - Citation :
- Pour moi, si. (Mais après pas mal de réécoutes, c'est vrai.)
Je l'ai beaucoup écoutée (il y a longtemps), pourtant. |
| | | Golisande Mélomane chevronné
Nombre de messages : 7843 Age : 49 Localisation : jeudi Date d'inscription : 03/03/2011
| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Mar 17 Déc 2019 - 14:09 | |
| - Benedictus a écrit:
- DavidLeMarrec a écrit:
- Lumineuse, vraiment ?
Par rapport à la 5 et à la 6, oui, très sensiblement. En tout cas, l'orchestration a quelque chose de très diurne. Tiens, je ne trouve pas la 7 tellement plus lumineuse que la 5... Plus détachée, moins terrienne, en revanche oui. - DavidLeMarrec a écrit:
- Je réécoute ce disque, et je trouve toujours l'ensemble aussi indifférencié…
As-tu déjà écouté successivement la 6 et la 7 (et seulement ces deux-là) ? Je t'assure qu'elles sont vraiment différentes (si l'on excepte les deux codas assez semblables, mais je trouve que ça souligne encore davantage le contraste entre le reste des deux œuvres)... La 2 et la 3 aussi, d'ailleurs... |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97845 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Mar 17 Déc 2019 - 14:23 | |
| - Golisande a écrit:
- As-tu déjà écouté successivement la 6 et la 7 (et seulement ces deux-là) ? Je t'assure qu'elles sont vraiment différentes (si l'on excepte les deux codas assez semblables, mais je trouve que ça souligne encore davantage le contraste entre le reste des deux œuvres)...
J'ai fait ça des dizaines de fois (avec Handley et Thomson, certes, donc dans le brouillard). Je n'ai jamais pu entendre où terminait l'une et commençait l'autre. - Citation :
- La 2 et la 3 aussi, d'ailleurs...
La 1 et la 2 sont assez (enfin, disons qu'à l'échelle de Bax c'est beaucoup) différentes du reste, oui. La 2 franchement éclatante par certains aspects. |
| | | Golisande Mélomane chevronné
Nombre de messages : 7843 Age : 49 Localisation : jeudi Date d'inscription : 03/03/2011
| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Mar 17 Déc 2019 - 15:00 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
-
- Citation :
- La 2 et la 3 aussi, d'ailleurs...
La 1 et la 2 sont assez (enfin, disons qu'à l'échelle de Bax c'est beaucoup) différentes du reste, oui. La 2 franchement éclatante par certains aspects. Comme j'ai d'abord accroché aux deux premières, j'ai plutôt tendance à les considérer comme le "standard" baxien (je trouve d'ailleurs que la 7 les rejoint assez, mais comme vues à travers un filtre ou un prisme...). Pour moi ce sont les 3 et 6 qui se détachent le plus du reste (la 3 plus disparate avec son premier mouvement anguleux et son Lento féerique, la 6 plus uniformément ombrageuse malgré la coda); quant aux 4 et 5, on peut les voir comme une sorte de parenthèse plus nettement optimiste... Cela dit, il s'agit clairement d'un des corp era les plus homogènes que je connaisse, sans grande différence de style entre le début et la fin ni beaucoup de contrastes entre les numéros : j'ai été moi-même surpris la dernière fois d'entendre une telle différence entre la 6 et la 7 (mais ayant écouté la 6 trois fois de suite plus ou moins distraitement, l'enchaînement avec la 7 a apporté un vrai changement d'éclairage)... |
| | | Mefistofele Mélomaniaque
Nombre de messages : 1459 Localisation : Under a grey, rifted sky Date d'inscription : 17/11/2019
| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Mer 13 Mai 2020 - 2:03 | |
| Aujourd'hui, un peu de Bax pour se changer les idées. Des poèmes symphoniques, dont l'inspiration est parfois courte, mais dans la version dirigée par Boult et distribuée par Lyrita. Et franchement, ce chef et cette qualité sonore, ça change la donne pour moi. Plus belle captation que Thomson, Lloyd-Jones et Handley, avec des tempi idéaux. Par exemple, dans November Woods (une révélation pour moi avec la forêt mystérieuse, l'un des poncifs thèmes chers à Bax), Handley s'étire trop et Lloyd-Jones expédie la partition : on a dit mystère, pas la Belle au Bois Dormant ou la campagne militaire en forêt ! De même pour Tintagel, très réputé et pourtant pas forcément passionnant si on me demande, Boult choisit une lecture virile et plus rapide que ses confrères, et on y gagne ! Aussi, une vraie rareté : la symphonie en fa. Elle est l'œuvre d'un très jeune compositeur (24 ans à l'époque) qui se cherche et n'a certainement pas encore appris la concision — chacun des 4 mouvements fait pratiquement 20 minutes — ni la structure — le rapport entre les mouvements est ténu, on dirait vraiment une juxtaposition de (très belles) vignettes. On retrouve des tournures typiques du compositeur, mais on entend défiler beaucoup d'autres, qui auront fait du poème symphonique eux aussi ( Dvořák, Elgar, Rimsky). Le premier mouvement a des gestes cuivrés martiaux typiques qui alternent avec des épisodes plus doux. Dans le second, beaucoup de cordes, de la harpe, de beauté inquiète et d'éruptions furtives, de caractère aussi. Le troisième est une espagnolade avec échos ravéliens ( La Valse !), c'est ce que j'ai préféré je crois. Le finale est pompier épique très pompier et invoque Elgar à plusieurs reprises, pas forcément ma tasse de thé, d'autant que c'est le mouvement le plus long (25 minutes !). Pour finir, un peu de musique de chambre avec l' Elegiac Trio (harpe, alto, flûte) dans la version Talitman/Xuereb/Fregnani-Martins. Quel délice ! La combinaison est assez rare, le résultat évoque plus les mânes de Caplet et Debussy que les brumes britanniques, et cette version propose un surcroît d'atmosphère par rapport à celle de Naxos, ainsi qu'un son plus ample. On trouve aussi en complément de programme le fabuleux Zodiac Trio de Mathias qui emmène l'auditeur dans d'autres sphères... |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97845 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Mer 13 Mai 2020 - 14:21 | |
| Quels magiciens, chez Lyrita ! Tous ces chefs qui ne m'intéressaient pas, toutes ces œuvres que je trouvais visqueuses, et qui se sont littéralement révélés…
(Merci pour la recommandation Mathias, c'est noté !) |
| | | Iskender Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2610 Age : 56 Localisation : Bretagne Date d'inscription : 11/08/2009
| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Mer 20 Mai 2020 - 13:59 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- Quels magiciens, chez Lyrita ! Tous ces chefs qui ne m'intéressaient pas, toutes ces œuvres que je trouvais visqueuses, et qui se sont littéralement révélés…
(Merci pour la recommandation Mathias, c'est noté !) J'ai écouté ce matin la 5ème, maintes fois tentée, cette fois par Raymond Leppard chez Lyrita donc. Et en effet j'ai eu l'impression qu'on ouvrait les fenêtres pour laisser entrer la lumière. Les choses me sont apparues avec plus d'évidence et j'ai eu pour la première fois un réel plaisir à écouter cette musique et à y trouver des émotions. Je n'ai pas ouvert toutes les portes (entre autres dans le développement du 1er mouvement) mais comprends les fans. Sinon je suis peut-être à côté de la plaque, mais à plusieurs moments, furtivement mais de façon répétée, c'est à Dukas que ça me fait penser; le Dukas de la symphonie et d' Ariane. |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Lun 22 Juin 2020 - 15:35 | |
| • The Garden of Fand. Tintagel¹. November Woods²Sir Adrian Boult / London Philharmonic Orchestra 1968¹, 1972² LyritaMefistofele avait signalé ce disque un peu haut. Et en effet, si ce n’est pas la révélation de chefs-d’œuvres (ça reste les poèmes symphoniques atmosphériques-épiques qu’on connaît, avec leur défaut de prégnance mélodique et leur recherche d’effets, en-deçà des Symphonies), ces versions Boult permettent quand même de les réévaluer sensiblement: dirigés avec cet allant et cette vigueur, sans sophistication inutile, captés de manière frontale et nette, ces poèmes symphoniques gagnent une franchise de coloris et des élans un peu folklorisants, qui s’écoutent avec un réel plaisir - très loin des choses brumeuses et invertébrées (ou, pour Tintagel, du pompiérisme cuivré) qu’on a l’habitude d’y entendre. |
| | | Prosopopus Mélomaniaque
Nombre de messages : 901 Age : 41 Localisation : Paris Date d'inscription : 21/11/2017
| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Lun 22 Juin 2020 - 23:45 | |
| Benedictus : - Citation :
- • Symphonie nº7 (1938-39)
Raymond Leppard / London Philharmonic Orchestra Londres, IV.1974 Lyrita
Quelle belle symphonie, décidément! Et, plus encore: quelle belle dernière symphonie! On dirait à la fois qu’elle prend en écharpe tout le corpus (conjoignant la veine épique des deux premières et l’écriture à la fois plus rogue et plus évasive des suivantes) tout en se construisant comme une sorte d’antithèse de la précédente (aussi élancée et lumineuse que la 6 semble prostrée et crépusculaire.) Et quelle interprétation ! J'ai donc écouté la septième de Bax dans cette version par le LPO dirigé par Raymond Leppard. Superbe captation, le discours est clarifié, détaillé mais tout en conservant le rythme et le souffle orchestral. Bien meilleure que la version Naxos de Lloyd Jones. Rien à ajouter sur l'œuvre, toujours aussi belle, cette acmé dans le dernier mouvement, le lyrisme inquiétant du second mouvement, avec les bois qui finissent les plaintes des cordes, les mélodies qui affleurent sans jamais se répéter, puis ses cuivres triomphants qui rappellent la manière de Bax. Dire qu'il est si peu connu... |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Mar 23 Juin 2020 - 0:01 | |
| - Prosopopus a écrit:
- Dire qu'il est si peu connu...
Tu veux dire: à part sur le forum? Parce qu'ici, Bax fait quand même plutôt partie des valeurs sûres... Ce qui serait d'ailleurs intéressant de savoir, c'est si aujourd'hui il est souvent joué en Grande-Bretagne - ou si, là-bas aussi, c'est un peu un compositeur de niche pour geeks mélomanes. |
| | | Mefistofele Mélomaniaque
Nombre de messages : 1459 Localisation : Under a grey, rifted sky Date d'inscription : 17/11/2019
| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Mar 23 Juin 2020 - 0:25 | |
| - Benedictus a écrit:
- Prosopopus a écrit:
- Dire qu'il est si peu connu...
Tu veux dire: à part sur le forum? Parce qu'ici, Bax fait quand même plutôt partie des valeurs sûres...
Ce qui serait d'ailleurs intéressant de savoir, c'est si aujourd'hui il est souvent joué en Grande-Bretagne - ou si, là-bas aussi, c'est un peu un compositeur de niche pour geeks mélomanes.
S'il est souvent cité dans la presse anglo-saxonne, c'est plutôt RWV, Holst et Elgar qu'on voit mis à toutes les sauces dans les concerts ( The Planets doivent être jouées au moins 4 fois par an, et Pomps and Circumstance... ). Parfois, une pièce de musique de chambre, voire un poème symphonique si les programmations sont audacieuses... Cf. un site dédié et son maigre recensement ici. |
| | | Prosopopus Mélomaniaque
Nombre de messages : 901 Age : 41 Localisation : Paris Date d'inscription : 21/11/2017
| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Mar 23 Juin 2020 - 1:01 | |
| Oui oui je voulais bien sûr dire hors forum. Après, je sais qu'il y a plus ignoré encore mais en terme d'importance du corpus je trouve ça dommage, surtout que si le discours et le déroulé des symphonies sont un peu mystérieux il y a tout de même de quoi plaire aux fanatiques du romantisme autant qu'aux amateurs de modernise ou aux inconditionnels de l'épique mahlérien. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97845 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Mar 23 Juin 2020 - 10:58 | |
| - Benedictus a écrit:
- Prosopopus a écrit:
- Dire qu'il est si peu connu...
Tu veux dire: à part sur le forum? Parce qu'ici, Bax fait quand même plutôt partie des valeurs sûres...
Ce qui serait d'ailleurs intéressant de savoir, c'est si aujourd'hui il est souvent joué en Grande-Bretagne - ou si, là-bas aussi, c'est un peu un compositeur de niche pour geeks mélomanes.
Je ne crois pas, non, ou peut-être des ouvertures éparses, mais les symphonies ne sont vraiment pas au menu courant. (Je serais en peine de pouvoir dire si j'ai déjà vu passer ça dans un programme britannique – je ne surveille pas de près la programmation quotidienne, mais tout de même, on a de petits aperçus, des copains qui suivent tel ou tel orchestre, etc.) |
| | | Iskender Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2610 Age : 56 Localisation : Bretagne Date d'inscription : 11/08/2009
| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Mer 24 Juin 2020 - 21:26 | |
| - Benedictus a écrit:
- The Garden of Fand. Tintagel¹. November Woods²
Sir Adrian Boult / London Philharmonic Orchestra 1968¹, 1972² Lyrita
Mefistofele avait signalé ce disque un peu haut. Et en effet, si ce n’est pas la révélation de chefs-d’œuvres (ça reste les poèmes symphoniques atmosphériques-épiques qu’on connaît, avec leur défaut de prégnance mélodique et leur recherche d’effets, en-deçà des Symphonies), ces versions Boult permettent quand même de les réévaluer sensiblement: dirigés avec cet allant et cette vigueur, sans sophistication inutile, captés de manière frontale et nette, ces poèmes symphoniques gagnent une franchise de coloris et des élans un peu folklorisants, qui s’écoutent avec un réel plaisir - très loin des choses brumeuses et invertébrées (ou, pour Tintagel, du pompiérisme cuivré) qu’on a l’habitude d’y entendre.
Alors je rejoins l'enthousiasme unanime des forumistes Baxiens sur ces prises de son Lyrita, et ai d'ailleurs reçu il y a deux jours ma commande des symphonies 2 & 5 par Gould et Leppard. Cela étant sur ce disque-là, si je suis d'accord sur l'aération apportée par Lyrita et la finesse apportée par Boult, il y a quand même un souci d'éloignement et surtout d'équilibre entre les pupitres. Dans Tintagel justement, la petite harmonie est vraiment noyée. Les cuivres en effet ne sont pas tapageurs, mais la flûte est néanmoins gommée, ce qui n'est pas possible là-dedans (c'est justement les bois qui peuvent sortir l'œuvre des à-plats et du pompiérisme). - Prosopopus a écrit:
- Benedictus a écrit:
- Symphonie nº7 (1938-39)
Raymond Leppard / London Philharmonic Orchestra Lyrita Superbe captation, le discours est clarifié, détaillé mais tout en conservant le rythme et le souffle orchestral. Bien meilleure que la version Naxos de Lloyd Jones. Pas encore écouté la 7 de chez Lyrita mais c'est vrai que les Bax de Lloyd-Jones ne m'ont jamais passionné. Il jouit de prises de son largement préférables à la grisaille servie par Chandos, mais passé cet aspect plus attractif au premier abord, je n'en retiens pas grand chose. Je ne suis d'ailleurs pas rentré dans ce corpus tant que je me suis limité à ces versions Lloyd-Jones. |
| | | Prosopopus Mélomaniaque
Nombre de messages : 901 Age : 41 Localisation : Paris Date d'inscription : 21/11/2017
| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Mar 30 Juin 2020 - 22:35 | |
| Alors j'ai pourtant découvert et assez immédiatement adoré les symphonies grâce aux disques Naxos mais j'avoue que la découverte des versions Lyrita est un vrai plaisir. Symphony no 5 London Philharmonic Orchestra - Raymond Leppard Encore une version qui étend les couleurs de la symphonie, ça danse quand le rythme s'emballe, on entend des détails dans les percussions, notamment ces cloches un peu féeriques, et le son grave des cuivres a aussi une superbe présence. Leppard dirige ça vraiment parfaitement, il respecte un climat très inquiétant dont émergent les envolées plus romantiques des cordes. Très belle réussite sur le moment suspendu du second mouvement avec la sonorité en écho de la flûte. Et j'ai une anecdote assez étrange sur le disque. Je l'ai acheté via un vendeur Discogs chez qui j'ai acheté tout un lot de Bax qui devait appartenir à une même personne. A l'intérieur de la pochette du vinyle, j'ai trouvé une note, l'ancien propriétaire devait prendre le temps d'inscrire ses impressions sur ses écoutes. La note dit "a superlative recording" ce qui m'a fait sourire mais juste en dessous il y a inscrit "a week later, Gloria died". Alors c'est dérisoire mais ça m'a terrassé de tristesse. Une vie passée à s'ouvrir à la beauté du monde qui se résume à quelques notes dans des pochettes de vinyles revendus par un héritier distrait et poursuivant ou pas d'autres absolus (bon j'arrête on dirait du Marc Levy). Ça m'a rappelé une des phrases de fin du Château de ma mère de Pagnol, "Telle est la vie des hommes. Quelques joies, très vite effacées par d'inoubliables chagrins. Il n'est pas nécessaire de le dire aux enfants". |
| | | Mefistofele Mélomaniaque
Nombre de messages : 1459 Localisation : Under a grey, rifted sky Date d'inscription : 17/11/2019
| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Sam 28 Nov 2020 - 16:14 | |
| BAX MÉCONNU : LA MUSIQUE DE CHAMBRE - DavidLeMarrec a écrit:
- Il faut absolument explorer la musique de chambre aussi (valable aussi pour Bliss, Ireland, et plus loin Alwyn…).
- Iskender, dans Playlist a écrit:
Bax : Piano quartet - John McCabe, members of The English string quartet --> Œuvre passionnante, tant dans le plaisir d'écoute qu'elle procure que dans son écriture. Des deux points de vue c'est peut-être bien jusqu'ici l'œuvre de musique de chambre de Bax qui m'a le plus plu. La musique de chambre de Bax n'a pas été discutée abondamment, pourtant, comme les deux messages ci-dessus tendraient à le prouver, elle contient de très belles choses. Pour ma part, j'ai envie de dire que c'est l'un des corpus chambristes britanniques les plus nourrisants et satisfaisants que j'aie rencontrés. De manière générale, sur la grosse quarantaine d'œuvres répertoriées, beaucoup de petites formes (duos) et de petits formats (une dizaine de minutes, un mouvement ou deux). Je n'ai pas souvenir d'avoir rencontré cela si fréquemment. Beaucoup de (courtes) citations, sans qu'elles ne prennent le pas sur le discours : airs traditionnels, clins d'œils à des collègues célèbres ( Elgar), rappel d'un numéro d'opus précédent ( A Romance pour piano, repris dans un quatuor et sa symphonie No. 4), transformation d'un opus en un autre (sonates en septuor ou en nonette, même si la palme revient à une sonate pour piano devenue symphonie No. 1). Également, des combinaisons exotiques ! Quintette avec harpe, trio Op. 4 en un mouvement à nomenclature variable (piano, violon et alto ou clarinette, au choix), Fantasy Sonata pour harpe et alto... Beaucoup de harpe, à vrai dire, et utilisée avec succès. Le style, enfin, est extrêmement varié. De la bluette pastorale au désespoir nocturne, en passant par l'énergie printannière, les légendes celtiques et le romantisme enfiévré, il y en a pour tous les goûts. ----------------------- Les quatuors à cordesIl existe 5 quatuors à cordes, dont seuls 3 sont numérotés. Le mi majeur, jamais enregistré dans son intégralité, est une légende celtique connue aujourd'hui dans sa version pour orchestre à cordes (même mouvement que l'extrait de quatuor). Le la majeur est une jolie chose datant des études de Bax, très brahmsienne et probe, pas follement personnelle. Ces deux pièces, ainsi que quelques autres œuvres de jeunesse, ont d'ailleurs été désavouées par le compositeur. Les choses sérieuses commencent avec les quatuors numérotés. Le quatuor No. 1 en sol majeur est un enchantement des sens. Une fontaine mélodique inépuisable, débordante de vitalité. Je pensais au mot de Grieg sur les senteurs de bouse de vache tant le I et le III sont dans cette optique d'insouciance agreste très premier degré. Le Lento central est au contraire un épisode douloureux, chargé des fantômes de la guerre et de mélodies traditionnelles irlandaises, qui offre un contraste maximal avec les mouvements qui le flanquent. Le quatuor No. 2 est vraiment à l'opposé : motif alambiqué du violoncelle solo en ouverture, ambiance crépusculaire et inquiète (on entend une danse désarticulée). Beau thème élégiaque (à défaut d'être immédiat) transformé tout au long du II. Le III est le seul mouvement, si pas forcément enjoué, habité par une grande énergie. Le thème du violoncelle solo en I est repris et animé avec vivacité par les quatre instruments, avant l'arrivée d'une élégie en sourdine, c'est beau, grave et saisissant. Le fameux thème initial revient en tourbillonnant, crescendo, accumulation cinétique qui ne trouve pas d'échappatoire... jusqu'à une coda fuguée lumineuse. Le quatuor No. 3 est le plus long et le plus ambitieux des quatuors. En 4 mouvements, d'ampleur symphonique (presque 40 minutes), j'ai la sensation qu'il ne se hisse pas à la hauteur des attentes. Il se passe une grande quantité d'événements dès le I, mais la teneur du discours échappe à l'auditeur que je suis. Moments champêtres réfractés par une brume fraîche (on sent qu'il pourrait y faire bon vivre si la température était plus engageante et le soleil plus haut). Le Lento désincarné alterne échappées tragiques et fantômes tour à tour léthargiques et dansants (soupirs, pizzicatti, danses cabossées). Étrange mais non dénué de charme... Le Scherzo and Trio qui suit démarre sur une course-poursuite haletante, avant un abattement complet ; le contraste n'est pas sans rappeler le III du quatuor No. 2. Après des instants de quasi-silence, le thème effrayé revient et se mélange à celui du trio. Bien étrange moment. Le finale retrouve presque la naïveté du quatuor No. 1. Les brumes se sont dissipées, un paysage de vertes collines s'étend, mais il y manque l'élan et la fraîcheur, on entend beaucoup de frottements ou de quasi-sorties de route entre les moments d'allégresse, comme si à chaque instant, on risquait de retomber ailleurs (un passé chargé ?). La conclusion, apaisée, est interrompue par un ultime soubresaut d'énergie positive. Quelle surprise ! ----------------------- Trios, quatuor et quintette pour pianoJe crains de ne pas être exactement impartial tant je places ces 3 pièces haut dans mon panthéon personnel... Il existe deux trios avec piano, l'un en seul mouvement pour piano, violon et alto (ou clarinette), l'autre, en si bémol, pour la formation attendue violon/violoncelle/piano. Le trio Op. 4, de jeunesse est absolument charmant, beaucoup de danse et de moments entraînants, c'est très primesautier et d'humeur positive (les ombres sont vite dissipées). La version pour clarinette fonctionne mieux, trouvé-je ? Couleur, registre (aigu) plus adapté à l'instrument. Le trio en si bémol, écrit 40 ans plus tard, donne à voir l'étendue de la maîtrise instrumentale. Un jaillissement gorgé de printemps au piano, bientôt rejoint par les deux autres instruments. L'humeur se calme, une belle mélodie est échangée entre les partenaires, chatoiements de couleurs, de rythmes, alternance d'ombre et de lumière, avant la résurgence de l'enthousiasme initial. Glorieuse péroraison, élan de jeunesse, course heureuse des trois instruments dans le soleil. L'Adagio survient, élégiaque, douloureux... nostalgique ? À tirer des larmes douces-amères... Assez bouleversant pour ma part, d'autant plus que Bax maîtrise toujours ses effets dans les mouvements lents. Le III est mystérieux et un brin canaille, quelle surprise. Le printemps joue à cache-cache ? Des motifs en échelle zigzaguent, on ne sait si c'est du lard ou du cochon. L'ambiguité n'a pas de cesse, laisse apercevoir le thème du I. Le cœur est solennel, puis presque silencieux, avec les instruments qui viennent tour à tour mordre avec les belles dents du thème initial. On entend des échos guerriers, des farfadets moqueurs et sardoniques ? Enfin, apaisement général, les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures, très belle coda nimbée d'une douce lumière. Le quatuor pour piano est un chef d'œuvre. Un seul mouvement, très court ( de 10 à 13 minutes selon les exécutants), avec de saisissants contrastes. Ouverture impérieuse, pleine de frottements, suivie d'une marche tumultueuse. Datant de 1922, on sent que la première guerre a laissé des traces. Un thème éploré, le genre de choses où Bax excelle, suit abruptement. Les cordes gémissent, pleurent sur le passé... Là encore, la nostalgie prédomine. Peu à peu, l'énergie regagne les quatres instrumentistes, danse déconstruite, le piano passant de discrets arpèges à des martellements barbares, pour retrouver l'ambiance fin de monde de l'ouverture. La tension ne cesse d'alterner entre les accents de guerre et la douceur. Toute la reprise du I en sourdine est assez saisissante : le violon qui se lamente pendant que le fracas du monde qui se disloque continue au loin. Les éclats cristallins du piano qui se font plus insistants, donnent à entendre l'impossibilité d'échapper au cauchemar. Les cordes finissent par succomber, la tonalité se brouille. Sorte de marche holstienne ( Mars, The Bringer of War) qui se reprend pour être plus glorieuse qu'inquiétante. Coda qui plane puis est assénée au piano, rejoint par les cordes : espoir et lumière. À noter que cette pièce a été orchestrée et renommée Saga Fragment pour sa maîtresse, Harriet Cohen. On retrouve la pugnacité de la version chambriste, avec le brillant des trompettes ou la menace des percussions. Je suis assez partagé : certains effets donnent une impression de marqueur fluo, mais il est vrai qu'il y a beaucoup de bonnes idées aussi, que ce soit dans les moments martiaux ou les plus "rêveurs", frémissants, avec les trompettes bouchées dans le lointain. Le quintette en sol mineur est un autre chef d'œuvre, l'un de mes opus favoris pour la formation. Pièce immense (40 minutes), à visée orchestrale (beaucoup de matériau, de couleurs), qui préfigure et les symphonies, et les poèmes les plus connus ( Tintagel, The Garden of Fand). Tout d'abord, une ouverture des plus tumultueuses. Le plus proche parent serait peut-être le Poème de Dupont ou le quintette de Schmitt sans la progression initiale ? Les vents battent la côte, la houle se déchaîne, l'auditeur VOIT une marine déchaînée. Un thème traditionnel vient apporter un peu de sourire, une danse villageoise, rattrapée par les intempéries ? Qu'importe, de superbes scintillements ouvrent la voie à un très beau moment de recueillement. Houle entendue au loin, frémissements, les éléments déchaînés n'ont pas disparu mais ils résonnent plus qu'ils ne menacent... (9:54 dans la version Naxos). Triste mélodie irlandaise à partir de 11:47, typiquement baxien, assez filmique dans son effet. Encore beaucoup de choses, transformations du matériau passé, avant une conclusion en sortilège qui clôt les paupières. Le II, de moitié plus court démarre sur des pizzicatti évoquant une danse folklorique réduite à son squelette, avant l'évocation des vertes collines. Scintillements du piano qui rappellent le I, thème suspendu avec soudains et brefs martellements de tel ou tel instrument, glorieuse envolée de la mélodie celtique qui ne sonne plus villageoise du tout. Après un moment de silence, le soleil se lève sur les cinq instruments. Joie et majesté, avant une descente dans le silence. Le III reprend les thèmes du I mais aboutit à un résultat complètement différent. Thème initial qui sourde, comme l'attente inquiète avant le lever du soleil. Et voici que démarre une danse entêtante ! Le thème du I est chanté dans le suraigu du violoncelle, plaintif, et revoici la danse, plus endiablée que jamais. Crescendo avec grondements du piano et cordes déchaînées annoncent le retour houleux du thème initial, paré de couleurs très différentes : une attente... déçue. Accents plaintifs, apaisés, mélancoliques, qui aboutissent sur d'ultimes accords résignés. Superbe ! ----------------------- Et les enregistrements ?Au disque, hélas, peu de choix, il existe généralement un ou deux versions ( Naxos et Chandos). La qualité tend à être au rendez-vous, il s'agira de tropismes personnels pour la prise de son, le pianisme de McCabe ou Wass, et de la cote d'amour personnel pour les Maggini. À suivre... (les formations avec harpe, et les sonates si j'ai le courage). |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
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| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Sam 28 Nov 2020 - 20:07 | |
| J'abonde pour les trios, pour le Quintette avec harpe… Celui avec piano, que j'écoutais justement aujourd'hui, je suis moins convaincu – mais je venais d'être ébloui par le premier de Scott… |
| | | Golisande Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Lun 7 Déc 2020 - 0:58 | |
| Étant quelque peu obsédé par Bax ces temps-ci, je me lance dans l'écoute (ou la réécoute pour certaines œuvres) de sa musique de chambre. Tout d'abord le Quatuor avec piano (J. McCabe, English String Quartet, Chandos), qui ne m'enthousiasme pas outre mesure : la langue propre au compositeur y est très identifiable, mais c'est sa face la plus rocailleuse qui est nettement mise en avant au détriment de sa veine impressionniste et généreusement sensuelle (à peine présente, même dans les sections plus calmes). Vers 7'10 j'entends (à quelques subtilités harmoniques près) un des thèmes principaux de la musique de Vertigo, mais c'est tellement bref que cette remarque n'a pas énormément de sens (même si ça m'a sauté aux oreilles, d'autant que l'univers esthétique de Bax n'est pas très éloigné de ce Bernard Herrmann-là). On entend aussi, vers la fin, une préfiguration de l'ostinato rythmique du premier mouvement de sa propre Troisième Symphonie... La coda est assez bêtement affirmative et emphatique, par rapport à ce dont Bax est capable. J'enchaîne avec le Quintette avec harpe — que je connaissais déjà par l'ensemble Mobius (Naxos), auquel j'adjoint cette fois-ci la version Skaila Kanga / English S.Q. figurant sur le même disque que la Quatuor avec piano. Je reconnais être plus sensible à ce Bax-là, à l'impressionnisme très français (Ravel au moins autant que Debussy) malgré l'inspiration irlandaise ; si cette œuvre ne m'avait pas beaucoup parlé lors de ma première écoute, je dois reconnaître que j'y trouve cette fois-ci un charme assez irrésistible. En revanche, je peine à y reconnaître le Bax des symphonies et des sonates pour piano — les couleurs sont plus pastel, le langage plus consonant et modal (même si l'inspiration "celtique" est moins évidente qu'on pourrait l'attendre d'un compositeur obsédé par l'Irlande dans une œuvre avec harpe) : le chromatisme est toujours très présent, mais moins tourmenté que dans les œuvres pour piano et pour orchestre contemporaines (de November Woods aux deux premières Sonates pour piano, et à la Première Symphonie), et l'ambiance générale plutôt lumineuse, sinon toujours insouciante (vers la dixième minute de la version Chandos, autrement dit la fin du II)... Je suis (par ailleurs) très sensible à l'effusion du second thème de la section/mouvement final(e)... La coda est éminemment baxienne - calme et étale sans être réellement apaisée (contrairement, par exemple, aux codas douces de Brahms - Requiem allemand, 1e Sonate violon-piano, 3e symphonie...) — d'autant qu'ici on est "irrémédiablement" en mineur. J'enchaîne directement sur le premier Quatuor à cordes numéroté, n°1 en Sol majeur (English String Quartet + Maggini Quartet) Le début est (et se veut manifestement) d'une simplicité "pastorale" presque exagérée – et j'avoue que ça m'embête un peu, même si la suite s'avère évidemment beaucoup plus subtile. Néanmoins, le côté "rustique" un peu forcé m'empêche d'adhérer totalement — ça ressemble au Quatuor de Debussy en beaucoup plus naïf, alors qu'on est en 1918... L'interprétation des Maggini me convainc bien davantage — en m'évoquant une sorte d'écho britannique et chambriste de la Quatrième symphonie de Mahler (à savoir une sorte de semi-parodie d'un univers esthétique révolu, mais dont l'investissement et le sérieux intrinsèque évacuent le côté parodique), ce que la tonalité et l'écriture du début corroborent assez efficacement... À l'écoute du Lento - qui me parle assez peu d'emblée -, je préfère passer à autre chose et reporter mon commentaire à demain.
Dernière édition par Golisande le Jeu 10 Déc 2020 - 12:48, édité 1 fois |
| | | Golisande Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Mar 8 Déc 2020 - 3:19 | |
| Je reprends à zéro l'écoute du Quatuor n°1 (Maggini). Le premier mouvement est (donc) une très jolie chose assez debussyste, pas forcément naïve (l'écriture est d'une complexité toute baxienne, notamment lors du développement) mais en revanche assez uniformément claire et souriante – bien moins torturé harmoniquement que le Bax orchestral et pianistique que je connais le mieux. Le thème du Lento ne m'emballe pas – mais c'est rarement (pour ne pas dire : ce n'est jamais) le cas des thèmes principaux des mouvements lents de Bax ; le problème est qu'ici la suite du mouvement continue à m'ennuyer passablement — à l'exception d'un très bel épisode central en si mineur à la mélancolie obsédante (avec quelque chose de très français, mais la fragilité de mes références en la matière me retient de citer des noms). Le final ressemble à une suite de danses (plus ou moins) rustiques, et me laisse donc plutôt de marbre, malgré quelques couleurs debussystes presque accidentelles. Le Quatuor n°2 (en mi mineur) contraste fortement (et à mon avis délibérément) avec son aîné — il est frappant de constater à quel point le "reproche" que l'on peut faire à Bax d'avoir composé sept symphonies identiques ne s'applique manifestement pas à ses quatuors : le langage est au début (dès le solo de violoncelle qui ouvre le premier mouvement) quasi-atonal, hérissé d'harmonies astringentes et d'intervalles distendus ; la suite ressemble bien davantage à du Bax standard (que le Quatuor n°1) — et, sans me passionner, m'intéresse davantage en me donnant l'impression de pouvoir libérer progressivement son potentiel au fil d'écoutes successives (j'en profite pour dire que la musique de Bax ne se livre presque jamais à première écoute – le discours étant le plus souvent très habillé par un genre de pudeur que j'apprécie beaucoup dans son principe, bien qu'elle se manifeste en général par une abondance de chromatisme plus ou moins décoratif et de longues séquences transitoires à fonction essentiellement rhétorique (quasi lisztienne dans ses œuvres pour piano), néanmoins parfaitement fondus dans le flux musical, et souvent construits à partir de motifs-clés utilisés à différentes échelles de façon plus ou moins fractale)... La lente et calme coda en mi majeur du premier mouvement est – peut-être stupidement – le genre de choses qui me donne envie d'y revenir, et de fouiller l'œuvre dans son ensemble. Le Lento est à l'image du premier mouvement, très chromatique et d'une ambiance plutôt torturée. Rien ne m'y retient particulièrement à première écoute — sinon, là encore, sa coda (en fa majeur, l'ensemble du mouvement étant en fa mineur). L' Allegro vivace final recèle en son milieu un bref îlot d'immobilité, assez étrange et prenant ; le reste du mouvement babille beaucoup sans que rien ne m'y interpelle particulièrement (toutefois j'éprouve davantage l'envie d'y revenir que dans le cas du Quatuor n°1)... Quatuor n°3 en fa majeur (toujours Maggini). Ici, aucune "intention" particulière décelable ; on est plus proche du Bax des symphonies — à tel point que je regrette presque de ne pas m'être contenté d'écouter ce quatuor plutôt que de me farcir les deux premiers, tant je retrouve ici l'espèce de neutralité globalisante que j'apprécie tant chez le Bax symphoniste — et qui me pousse à le comparer à Mahler, en dépit de la profondeur (abyssale) de ce qui les sépare... Le Poco lento ressemble assez au mouvement central de la Troisième Symphonie (de Bax) – par son aspect rhapsodique imprévisible ménageant sans cesse des échappées vers de nouvelles contrées mystérieuses... Toutefois, le pouvoir de séduction est bien moindre sur moi. Le Scherzo (tiens, un Bax en quatre mouvements ) m'évoque Prokofiev plus que n'importe quel autre compositeur (mais il y a si longtemps que je n'ai pas écouté de Prokofiev que je me plante peut-être complètement...) — avec un curieux trio à 3/2 suivi d'une étrange transition modale en accords parfais mineurs parallèles, elle-même suivie d'un bref solo de violon ( ambiance Vaughan Williams garantie), avant le retour du scherzo. L' Allegro final (le plus bref des quatre mouvements) comprend des échos insistants (sinon des quasi-citations) du final de la Troisième symphonie (pourtant bien antérieure, puisque ce quatuor est contemporain des deux dernières) ; la coda semble vouloir évoquer celle de la 2° Sonate pour piano (en Sol majeur de 1919), et/ou justement celles des 6e et 7e symphonies, avant de basculer (hélas) dans une conclusion forte et affirmative... Mais je suppose que le Bax de 53 ans savait ce qu'il faisait — même si cette œuvre, et plus globalement le petit corpus que constituent ces trois quatuors, me convainc assez peu pour le moment. Comme toujours, le problème est que ce genre d'œuvres (et Bax en général) ne se révèlent que rarement à première écoute, or (ou plutôt : c'est pourquoi) cette première écoute ne me donne guère envie de réitérer – ce que je ferai pourtant, au moins pour les quatuors 1 et 2. |
| | | Golisande Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Ven 11 Déc 2020 - 1:35 | |
| Je consacre cette soirée à la réécoute des deux premières symphonies, et j'avais envie de clamer que le premier mouvement de la 2e est (décidément) une tuerie : c'est ce mouvement-là en particulier qui m'a donné l'envie de comparer Bax à Mahler, tant sa découverte a constitué pour moi une expérience comparable à celle du premier mouvement de la Septième dudit Gustav – sans aller jusqu'au Finale de la Sixième qui est tout de même à une autre échelle : l'impression qu'un riche univers à la fois narratif et organique se déploie comme une jungle, avec ses séductions et ses étrangetés irréductibles, sa subtile complexité, une altérité insaisissable mais toujours amicale, tout cela rapproche pour moi ce mouvement en particulier (mais également les I de la 3 et de la 7, et par extension tout le corpus) des grands mouvements-mondes des symphonies de Mahler — des I de la Première et de la Quatrième à celui de la Neuvième (même si j'ai bien conscience du fait que le "souffle", l'envergure n'est absolument pas la même que dans ce dernier exemple).
J'en profite pour dire que l'existence de la Sonate pour piano en mi bémol (dont les I et III sont une première version de ceux de la 1e symphonie) fait regretter à l'enfant gâté que je suis qu'il n'existe pas de version piano des autres symphonies (heureusement "j'ai" au moins la Sonate n°3 en sol dièse mineur, contemporaine de la 2e symphonie et à mon sens un chef-d'œuvre — j'en parlerai lorsque j'aurai fini de déchiffrer celle en mi bémol)...
Concernant les versions, j'ai évacué Bryden Thompson (peut-être à tort, mais j'avais été découragé par une 3e symphonie étale et atone), et parmi les trois restantes je peine à départager Fredman (Lyrita) et Handley (seconde intégrale Chandos), même si mon cœur penche fortement pour le second qui m'a fait découvrir ce corpus... Lloyd-Jones (Naxos) me semble un peu en retrait, moins énergique, presque pâteux par moments – même si c'est loin d'être mauvais (le II de la 2e est même particulièrement impliqué et intense - Handley paraissant distancié, froid et presque rigide en comparaison...). |
| | | Iskender Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Mar 15 Déc 2020 - 10:35 | |
| - Iskender a écrit:
- Golisande a écrit:
- Iskender a écrit:
- Bax : Symphonie n°2 - BBC Philharmonic, Vernon Handley
Qu'en as-tu pensé ? Je l'ai réécoutée à l'aune de tes récents commentaires. Je ne l'ai pas encore apprivoisée au même titre que les 5 & 6 que j'adore. C'est un corpus où je prends les symphonies une par une en la remettant plusieurs fois sur l'établi, au point que je connaisse très bien la 5 pendant qu'il y en a d'autres que je n'ai jamais écoutées. Pour te répondre par rapport à la 2, j'en suis au stade où je ne saisis pas encore tout mais y retourne volontiers car j'y trouve pas mal de fulgurances. Le 1er mouvement vaut son pesant de sesterces. Je dois te laisser sur ta faim avec des considérations aussi générales et évasives et te ferai des commentaires plus détaillés et en termes plus musicaux un jour ou l'autre. Note qu'ayant acquis le cd de la 5è par Leppard chez Lyrita, j'ai aussi la version de Myer Fredman pour la 2. - Golisande a écrit:
- Je comprends d'autant mieux cela que j'ai moi-même mis un certain temps à toutes les écouter (contrairement à toi j'ai commencé par les trois premières – la 3 est peut-être ma préférée avec les deux dernières – et la 6, et n'ai vraiment apprécié la 5 que tardivement; quant à la 4, elle me résiste encore presque autant que celle de RVW...).
Ce n'est pas un corpus qui se livre facilement : non seulement aucune des symphonies n'est évidente à appréhender individuellement (j'ai longtemps été (très) séduit par des passages isolés sans rien comprendre à la structure des mouvements), mais les particularités propres à chacune n'ont rien de saillant...
Par ailleurs, il est possible que les enregistrements Lyrita (hélas la 3 manque) soient plus directement parlants que l'intégrale Handley, qui donne parfois l'impression de parler le Bax si couramment que l'auditeur un peu novice peut avoir le sentiment d'être mis de côté (mais pour moi qui ai découvert ces œuvres dans cette version, cela fait partie de son charme ). - Golisande a écrit:
- Concernant les versions, j'ai évacué Bryden Thompson (peut-être à tort, mais j'avais été découragé par une 3e symphonie étale et atone), et parmi les trois restantes je peine à départager Fredman (Lyrita) et Handley (seconde intégrale Chandos), même si mon cœur penche fortement pour le second qui m'a fait découvrir ce corpus...
Lloyd-Jones (Naxos) me semble un peu en retrait, moins énergique, presque pâteux par moments – même si c'est loin d'être mauvais (le II de la 2e est même particulièrement impliqué et intense - Handley paraissant distancié, froid et presque rigide en comparaison...). Les versions Lyrita et Vernon Handley sont celles que je retiens également et elles se complètent. Dans de précédentes discussions, on a eu tendance à laisser Handley de côté à cause des reproches vis-vis des prises de son Chandos de cette période. Mais il met un rythme, du nerf, un élan incroyable dans cette musique, et c'est ce qui m'en a ouvert les portes. Il suffit d'écouter le final de la 5, il en fait par moments quelque chose de dansant. J'ai tendance à écouter d'abord Handley puis Lyrita quand je commence à être plus dans l'œuvre pour y retrouver peut-être plus d'expression et de clarté. Lloyd-Jones je suis d'accord également; sous des atours sonores peut-être plus séduisants au prime abord, c'est finalement assez pâteux et le discours n'est pas passionnant. Comme je l'avais dit plus haut, je suis resté hermétique à cette musique tant que je m'en suis tenu à ces versions Naxos. |
| | | Golisande Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Mar 15 Déc 2020 - 12:47 | |
| Je réécoute la Troisième symphonie dans les versions Lloyd-Jones et Handley. Il me semble que Lloyd-Jones peut permettre d'appréhender plus facilement ce corpus, même si Handley est au final préférable : la prise de son Naxos est clairement plus opaque, mais la direction de Lloyd-Jones (beaucoup plus lent que Handley dans le premier mouvement, mais sans l'apathie éthérée d'un Bryden Thomson) est plus directement dramatique, plus aisée à saisir et à suivre ; Handley en comparaison semble parler une langue presque ésotérique, comme s'il avait tant digéré et redigéré son Bax qu'il n'en restait que la substantifique moelle, au prix d'une relative absence de séduction immédiate : ayant découvert ces œuvres dans cette version (et beaucoup insisté avant d'y pénétrer vraiment), je l'aime tout particulièrement, mais je concevrais que l'on puisse être rebuté par cette approche sans concession et presque laconique... [Edit : cela dit, je viens de découvrir le post d' Iskender ci-dessus, après avoir posté mon commentaire. ] Cela dit, quelle œuvre !... Le premier mouvement est moins immédiatement séduisant que celui de la symphonie précédente, mais sans doute plus impressionnant (et plus (quasi-)mahlérien) dans son ampleur et sa perfection monolithique — d'autant que dans les passages rapides Bax ose une méchanceté plus acérée que dans la 1e Symphonie, sans que la sécheresse l'emporte jamais sur la générosité narrative et expressive. Si le second thème principal (ou plus exactement la deuxième section sans compter l'introduction), qui n'apparaît qu'à la huitième minute, possède toujours le côté un peu sentimental / compassé archi-british et (sur)chargé de chromatismes qui est une des marques de fabrique de Bax – celle qui le rapproche le plus de F. Delius –, en revanche l'introduction et ses deux reprises variées montrent une inventivité contrapuntique et purement sonore frappante de la part d'un " romantique sans honte" prétendant n'être " pas intéressé par le son musical en lui-même" (citations du compositeur trouvées bêtement sur Wikipedia, et peut-être sujettes à caution tant je comprends mal comment l'on peut se désintéresser du son musical lorsqu'on compose de la musique. ). Le Lento a été pour moi (avec le premier mouvement de la 2e) le coup de foudre le plus durable de ma découverte des symphonies de Bax; la première partie de ce morceau me plonge invariablement dans un enchantement total — mais à cette dimension de magie sonore s'en ajoute une autre (qui m'a longtemps résisté, bien qu'elle domine toute la seconde moitié du mouvement) : pas vraiment de progression dramatique ni de grand climax comme dans les mouvements lents des deux premières symphonies, mais un lyrisme angoissé diffus aux couleurs à la fois sombres (registre grave de l'orchestre) et plus accusées, donnant presque la sensation d'avoir un pied dans l'expressionnisme (E. Munch me vient à l'esprit) et exprimant nettement la dimension conflictuelle de l'œuvre dans son ensemble... Bien qu'en majeur, la fin du mouvement est d'ailleurs particulièrement obscure. L'indécrottable optimiste qu'était Bax « arrange » tout ça avec un troisième mouvement divisé en deux parties d'égale longueur : d'abord une sorte de scherzo au ton épique, d'abord tourmenté puis de plus en plus lumineux – où la veine la plus typiquement britannique du compositeur, un peu réfrénée dans les deux premiers mouvements, se donne libre cours (j'ai même envie de convoquer Elgar pour une fois) ; puis, après une explosion cuivrée pénible triomphale, une très longue coda méditative dominée par un motif obsessionnel de trois accords ascendants (version ralentie d'un thème récurrent joyeux de la première partie) aux cordes + harpe, avec en son milieu un magnifique épisode suspendu et onirique – où trompettes bouchées et cordes en trémolo chuchotent une version étirée et fantomatique du thème de l'introduction du premier mouvement (thème qui conclut d'ailleurs la symphonie, et même l'ensemble des trois premières symphonies si l'on en croit Vernon Handley, qui les concevait assez judicieusement comme un ensemble) sous une ostinato rêveur des flûtes. Même si, pris dans son ensemble, ce mouvement composite me semble toujours le moins intéressant des trois, la seconde partie me convainc de plus en plus écoute après écoute — et en l'occurrence Handley s'en tire beaucoup mieux que Lloyd-Jones, qui tombe un peu dans le piège du sentimentalisme (moins toutefois que B. Thomson) là où la plus grande qualité de l'interprétation de Handley est la pudeur, la quasi-absence de sucre... Dans l'ensemble, cette symphonie me semble plus aboutie que les deux premières, mais son esthétique est aussi moins bigarrée, plus sombre et presque sévère (toutes proportion gardées) dans les deux premiers mouvements - malgré les miroitements du Lento - et plus nostalgique dans la coda; le seul moment joyeux (première moitié du final) est à mon sens d'assez loin le moins passionnant... Bax évitera ce (relatif) écueil six ans plus tard avec sa 6e symphonie, au ton sombre et tendu assez proche (dans une version à la fois plus radicale et plus sobre) généralisé à toute l'œuvre — jusqu'à l'éclaircie ultime d'une coda plus concise qui ressemble à un coucher de soleil à la fin d'une journée tempêtueuse (la véritable "détente" se trouvant dans la symphonie suivante)... Je crois d'ailleurs que les 3e et 6e symphonies étaient les préférées du compositeur, ce qui est intéressant à noter. Pour ma part, je ne suis pas tout à fait sûr de préférer cette Troisième à la précédente, mais en revanche il est certain que les sept symphonies du corpus apparaissent réellement très différentes les unes des autres dès que l'on approfondit un peu (avec des "cousinages" entre la 3 et la 6, la 2 et la 7...). |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
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| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Mar 15 Déc 2020 - 17:13 | |
| - Iskender a écrit:
- Dans de précédentes discussions, on a eu tendance à laisser Handley de côté à cause des reproches vis-vis des prises de son Chandos de cette période. Mais il met un rythme, du nerf, un élan incroyable dans cette musique, et c'est ce qui m'en a ouvert les portes. Il suffit d'écouter le final de la 5, il en fait par moments quelque chose de dansant. J'ai tendance à écouter d'abord Handley puis Lyrita quand je commence à être plus dans l'œuvre pour y retrouver peut-être plus d'expression et de clarté.
Lloyd-Jones je suis d'accord également; sous des atours sonores peut-être plus séduisants au prime abord, c'est finalement assez pâteux et le discours n'est pas passionnant. Comme je l'avais dit plus haut, je suis resté hermétique à cette musique tant que je m'en suis tenu à ces versions Naxos. Moi j'avoue avoir plutôt fait le chemin inverse, en commençant avec Handley (et Thomson), cherchant en vain les angles, mes marques (même si je suis tout à fait d'accord sur les qualités de chef de Handley !), alors que Lloyd-Jones, avec une prise de son plus claire et une approche plus dramatique, rend les choses beaucoup plus accessibles, en particulier pour les premières – ma réserve principale portant plutôt sur les cuivres assez stridents. Mais comme dit précédemment, j'ai eu l'impression de découvrir ces œuvres chez Lyrita… Là on entend vraiment le détail des plans, et avec le grain qu'on a lorsqu'on est (bien placé) dans une vraie salle ! |
| | | Golisande Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Mar 15 Déc 2020 - 19:22 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- Lloyd-Jones, avec une prise de son plus claire
Tu es sûr ? J'ai au contraire l'impression d'entendre de quelque chose de relativement gris et opaque, et de bien plus transparent chez Handley (quoique moins contrasté et détaillé que les prises de son Lyrita, mais chez Lyrita il manque la 3 et la 6 est avec le Philharmonia )... |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Mar 15 Déc 2020 - 20:45 | |
| - Golisande a écrit:
- mais chez Lyrita il manque la 3 et la 6 est avec le Philharmonia )...
Il manque aussi la 4, non? |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97845 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Mar 15 Déc 2020 - 21:39 | |
| - Golisande a écrit:
- Tu es sûr ? J'ai au contraire l'impression d'entendre de quelque chose de relativement gris et opaque,
Gris, oui, chez le Naxos de cette époque, mais beaucoup moins nébuleux, les attaques sont plus nettes et audibles. |
| | | Iskender Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Mar 15 Déc 2020 - 22:02 | |
| En tout cas mettre dans le même panier Thomson et Handley à cause du seul dénominateur commun Chandos c'est un peu hâtif. Handley c'est quand même d'un tout autre intérêt que Thomson. Là je suis sur la 2è par Fredman chez Lyrita. Ça y est je suis vraiment conquis par ce 1er mouvement. Quand je disais que Handley et les versions Lyrita se complétaient... Il y a toujours chez Lyrita ces prises de son dont on entend qu'elles ne sont pas de l'année, mais qui sont pour autant claires et scintillantes. Pour la musique je trouve que la forme de ce 1er mouvement est finalement pas si difficile à saisir, et l'inspiration constante. Ce n'est pas si évident que ça de rattacher la musique de Bax à des influences, et c'est ce qui fait sans doute sa qualité. Je remarque que les moments où je peux vraiment faire des rapprochements sont les passages poétiques centraux dans ces mouvements, où plus qu'opérer un développement, Bax nous emmène dans des sphères enchanteresses. Ainsi la séquence centrale au milieu du 1er mouvement, après la rééxoposition du thème de bois de l'introduction à un côté très Pélléassien, là où le moment "équivalent" dans le 1er mouvement de la 5è est marqué du sceau plus marqué de Dukas, pour celle-là je n'en démords pas. Sinon oui ça et là il y a des évocations : dans le thème de l'allegro de ce premier mouvement il y a en queue de thème ce motif descendant sur le rythme croche-deux doubles, d'abord aux clarinettes puis aux cordes, qui me fait irrésistiblement penser au Retour de Lemminkaïnen. Enfin le début du mouvement lent m'évoque à chaque fois celui d'une symphonie d'Hanson, la 2è je crois il faut que je vérifie, mais si c'est celle-ci l'opus de Bax est antérieur de cinq années. Mais tout cela est anecdotique par rapport à l'identité de cette musique dont je n'ai pas analysé les ressorts harmoniques. Peut-être qu'une analyse de la partition permettrait d'identifier réellement dans quel arbre généalogique Bax se situe. Je manque peut-être encore aussi de réelles références chez ses compatriotes, même si je fréquente ce continent. Sinon pour en finir avec la 2è, pour l'instant je ne comprends pas grand chose au 3è mouvement. Et les grandes orgues dans son épilogue, je ne suis pas convaincu. - Benedictus a écrit:
- Golisande a écrit:
- mais chez Lyrita il manque la 3 et la 6 est avec le Philharmonia )...
Il manque aussi la 4, non? En effet je ne l'ai jamais vue passer. |
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| | | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
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| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Mar 15 Déc 2020 - 22:27 | |
| - Iskender a écrit:
- En tout cas mettre dans le même panier Thomson et Handley à cause du seul dénominateur commun Chandos c'est un peu hâtif. Handley c'est quand même d'un tout autre intérêt que Thomson.
Je trouve aussi, mais à la fin des fins, si on entend mal, ça a son importance. Je viens de réécouter la 2 par Fredman, à quel point ça change tout ! |
| | | Golisande Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Mar 15 Déc 2020 - 23:09 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- Golisande a écrit:
- Tu es sûr ? J'ai au contraire l'impression d'entendre de quelque chose de relativement gris et opaque,
Gris, oui, chez le Naxos de cette époque, mais beaucoup moins nébuleux, les attaques sont plus nettes et audibles. Je comprends mieux si tu veux parler des attaques, il a en effet plus de sécheresse netteté chez Naxos; en revanche Chandos (en tout cas Handley) me semble bien plus satisfaisant en terme de couleurs et de plans (et je suis très tolérant en matière de nébulosité ). - Iskender a écrit:
- les passages poétiques centraux dans ces mouvements, où plus qu'opérer un développement, Bax nous emmène dans des sphères enchanteresses. Ainsi la séquence centrale au milieu du 1er mouvement, après la rééxoposition du thème de bois de l'introduction à un côté très Pélléassien, là où le moment "équivalent" dans le 1er mouvement de la 5è est marqué du sceau plus marqué de Dukas, pour celle-là je n'en démords pas.
Tiens, moi qui déniche des pelléasseries dans tout ce que j'écoute, je n'en ai pas entendu spécialement dans ce mouvement. Le passage entre 9 et 10 minutes (de Fredman) est assez debussyste, mais ça ressemble plutôt à du Debussy plus tardif (disons celui de Jeux ou des Images); quoi qu'il en soit, c'est vraiment merveilleux. La réexposition du thème lyrique un peu après 13' est tout-à-fait magique aussi ; mais ces passages-là (qui m'ont donné envie d'approfondir lors de mes premières écoutes) prennent tout leur relief grâce au contexte, à l'« économie » du discours, et bien sûr à la forme – que l'on éprouve et apprécie même sans la comprendre. - Citation :
- Sinon pour en finir avec la 2è, pour l'instant je ne comprends pas grand chose au 3è mouvement. Et les grandes orgues dans son épilogue, je ne suis pas convaincu.
L'orgue ne me gêne pas, en revanche je ne suis pas sûr de comprendre totalement ce mouvement non plus – mais ça viendra, et le côté énigmatique est loin d'être un défaut pour moi... Je dirais que la fin se rapproche un peu de celle de la 6e de Vaughan Williams (en tout cas j'associe les deux), en plus inattendu et moins radical, et pour cette raison plus fuyant et insaisissable... |
| | | Golisande Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Ven 8 Jan 2021 - 23:10 | |
| J'insiste sur le fait que le poème symphonique de jeunesse In the Faery Hills (1909, révisé en 1921 ou 1926) est décidément un petit chef-d'œuvre — je l'écris tout en réécoutant la Symphonie No. 2 de Boughton, qui en comparaison me paraît franchement faiblarde (il est rassurant d'obtenir la confirmation qu'il existe des valeurs sûres aussi dans ce répertoire )... Handley ou Lloyd-Jones également recommandables en l'occurrence (avec même un petit avantage pour le second). |
| | | Mefistofele Mélomaniaque
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| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Sam 9 Jan 2021 - 12:38 | |
| N'étant pas un thuriféraire des poèmes de Bax, j'ai été y jeter l'oreille, et c'est ma foi charmant et complètement dans l'optique "conte de fées", mais avec beaucoup de nerfs et de vivacité. Excellente surprise, donc, que ce In the Faery Hills (je me garderai du qualificatif chef d'œuvre, tout de même). Pour ce pauvre Boughton, je trouve le jugement assez dur. En tant que symphonie, cela ne tient pas debout, j'en conviens. Comme série de poèmes symphoniques, il y a de bien belles choses (plus de beaux moments que de beaux poèmes, à vrai dire). |
| | | Golisande Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Dim 10 Jan 2021 - 0:03 | |
| Je parle de petit chef-d'oeuvre parce que je suis au moins à la vingtième écoute (ça fait partie d'une de mes playlists-doudous) et que je ne m'en lasse toujours pas – non plus d'ailleurs que d' Isabella de Bridge, œuvre de jeunesse aussi, qui plus est d'un postromantisme très sage... Et j'en suis d'autant plus frappé que je ne parviens pas à me l'expliquer, me rendant parfaitement compte que ce ne sont pas des chefs-d'œuvre... Et à l'inverse, pour Boughton j'ai l'impression d'en avoir déjà fait le tour à la quatrième écoute (mais pour le moment je le garde dans ladite playlist, où il n'est apparu que récemment ). |
| | | Golisande Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Mer 20 Jan 2021 - 21:47 | |
| Symphonie n°6, New Philharmonia Orchestra, Norman Del Mar (1996, Lyrita) Je ne crois pas avoir déjà écouté cette version, et je suis assez mitigé. Si l'on parle de prise de son, celle-ci est clairement plus jouissive en tant que telle (et a priori) que celles de Naxos (Lloyd-Jones) et Chandos (Handley) — avec un relief, une transparence, un grain et une mise en valeur des détails particulièrement remarquables (harpes, pizzicati – et le cor solo, le célesta et les cordes divisées dans la coda... ) : si l'on veut entendre la partition, c'est assurément la meilleure adresse; malheureusement, les sonorités du New Philharmonia sont assez mastoc, les couleurs plutôt ternes (du coup on est face à de la 3D incolore, là où Handley propose une toile bigarrée), et surtout la direction de Norman Del Mar semble vouloir à tout prix gommer ce que cette œuvre a de singulier dans l'ensemble du corpus baxien, en en faisant presque une symphonie britannique lambda... Le premier mouvement est le plus réussi : la conception un peu superficielle du chef, jointe à la prise de son hédoniste, lui permet d'acquérir un côté lumineux et ludique qui le rapproche des deux premières symphonies – alors que la version Handley (que j'ai pratiquée très majoritairement) exalte avant tout son côté lapidaire, anguleux, presque ingrat... (Du coup) il n'est pas impossible que Handley - qui affectionnait tout particulièrement cette œuvre - la "tire" dans une direction qui lui est propre (après des décennies de pratique et de mûrissement), et que Del Mar propose quant à lui une vision plus neutre – et donc plus "objective", si l'on peut dire... Pour qui aime cette musique, c'est en tout cas tout à fait jouissif, en dépit des timbres peu engageants de l'orchestre. Cette espèce de standardisation de l'œuvre est peut-être plus problématique dans le Lento — pris beaucoup plus lentement que chez Handley, ce qui lui confère un lyrisme expansif peu en accord avec le caractère introverti - précisément assez peu lyrique - du thème principal, avec ses étranges harmonies chromatiques dépressives ; le plus déroutant pour moi est le passage (à partir de 7'04") dominé par un ostinato de tenor drum — ici très en avant, ce qui (joint au tempo considérablement plus lent) transforme la séquence en une sorte de danse villageoise presque pépère (en dépit des harmonies expressionnistes aux cordes), au lieu de la grande progression dramatique aux sonorités spectrales qu'en fait Handley; la différence est tellement énorme que je n'ai d'abord pas reconnu le passage en question... C'est sans doute d'avoir découvert cette œuvre dans la version Handley qui me rend si intransigeant (et m'oriente peut-être aussi un peu), mais toute la singularité de ce mouvement s'en trouve gommée (à l'exception, justement, de ce passage, qui devient simplement étrange (voire incongru) au lieu d'être nécessaire) : on se retrouve face à une sorte de clone affadi du Lento de la Troisième – sans la dimension onirique/féerique qui fait tout le prix de celui-ci – en lieu et place du drôle d'objet ingrat, singulier et fascinant que Handley réussit à en faire. L'introduction du final acquiert en revanche un poids qui en fait le pendant symétrique de la coda (ce qui ne m'avait jamais frappé chez Handley, qui "traverse" discrètement cette introduction en lui donnant un côté abstrait, presque transparent); la suite est à l'avenant : très détaillé quoique grisâtre (et sans que l'on en saisisse toujours l'intérêt expressif ou narratif, même si ça reste agréable en soi), et surtout bien moins organiquement conduit que Handley — mais sans doute plus accessible à première écoute... La coda est assez décevante, en raison d'une expressivité pour le coup franchement insuffisante : il manque non seulement la beauté des timbres, mais surtout la "lame de fond" portée par Handley durant toute l'œuvre et qui culmine dans cette magnifique conclusion, à la fois chuchotante et d'une grande intensité. (Je réécoute cette seule coda dans la version Lloyd-Jones — que je n'avais écoutée qu'une fois intégralement, et sans grand enthousiasme : la prise de son est meilleure que dans mon souvenir — notamment l'étendue du spectre (basses particulièrement profondes), la mise en valeur de certains détails (le tenor drum à 13'39"), et plus généralement l'ambiance qui en résulte, bien plus captivante que quez Lyrita —, mais la cohésion du discours ne saute pas aux oreilles, l'impression dominante étant celle d'une fresque plutôt décousue... Toutefois, cela me donne envie de réécouter l'ensemble.)
Dernière édition par Golisande le Jeu 21 Jan 2021 - 12:14, édité 1 fois |
| | | Golisande Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Mer 20 Jan 2021 - 22:58 | |
| En dépit de toutes mes prévisions, je continue sur la 6e Symphonie — avec Lloyd-Jones, donc... ... Et au bout de deux minutes j'envisage déjà d'interrompre l'écoute, tant cette interprétation me semble dépourvue à la fois du relief de Lyrita et du souffle de Handley : c'est loin d'être mauvais (on entend l'œuvre, dans une version sans défaut(s) technique(s), et plus immédiatement abordable que Handley), simplement ça n'apporte rien par rapport aux deux autres... Pour le premier mouvement, c'est sans doute la version la plus « parfaite » des trois (plus de cohésion et de couleurs que chez Del Mar, moins de parti-pris que chez Handley), et celle que je conseillerais en priorité pour une découverte. Le Lento est relativement insipide — sans la "facilité" un peu premier-degré de Del Mar, mais sans la vision singulière de Handley : c'est d'ailleurs le seul (quoique important) reproche que je ferais à cette intégrale, tout en la conseillant pour une première approche en raison de sa neutralité et de sa (quasi)perfection technique. le début du final est peut-être le plus faible des trois versions, avec son côté rhapsodique — mais la transition avec le scherzo est très réussie, et surtout on ne s'ennuie jamais : les sonorités du Royal Scottish National Orchestra n'ont rien d'exceptionnel, et la structure globale n'est pas évidente, mais la direction de Lloyd-Jones possède une immédiateté narrative qu'on ne retrouve ni chez Handley (trop allusif) ni chez Del Mar (trop centré sur le détail)...
Dernière édition par Golisande le Jeu 21 Jan 2021 - 12:11, édité 1 fois |
| | | Mefistofele Mélomaniaque
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| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Mer 20 Jan 2021 - 23:19 | |
| Oh, une écoute comparative de la No. 6 ? As-tu essayé Bostock et Thomson, pour compléter ton tableau de chasse ? Aussi, le jour de paye se profilant, penses-tu que cette chère Ina Boyle soit dans mes cordes ? Je n'ai pas écouté de symphonique brexitannique depuis quelques temps et serais assez tenté de m'y replonger dans un futur point trop lointain. |
| | | Golisande Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Jeu 21 Jan 2021 - 11:59 | |
| Thompson m'avait suffisamment ennuyé dans la 3 pour que que je le contourne... Quant à Bostock, je découvre l'existence de cet enregistrement (et même, à vrai dire, de ce chef); je vais peut-être tenter le coup, ne serait-ce que pour entendre du Bax joué par un orchestre non-britannique (le fait que ce soit l'unique enregistrement baxien du chef comme de l'orchestre me fait un peu peur, mais sait-on jamais — et par ailleurs je viens de lire ce court entretien assez intéressant, tout comme le site d'ailleurs ). [Concernant Boyle, je te réponds dans un fil plus approprié (quoique)] |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97845 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Jeu 21 Jan 2021 - 12:46 | |
| Pour info : Bostock, moins bonne intégrale de Nielsen au disque. De même, ses interprétations de britanniqueries ne sont pas très légères. Un peu du gros trait très cordé, pas sûr que ce soit vraiment ce dont Bax ait besoin. |
| | | Golisande Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Jeu 21 Jan 2021 - 12:57 | |
| Bon, alors non. Merci David. |
| | | Cololi chaste Col
Nombre de messages : 33291 Age : 43 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 10/04/2009
| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Jeu 21 Jan 2021 - 20:54 | |
| J'ai découvert la 6° récemment, j'aime beaucoup (après plusieurs écoutes ... la 1° j'ai rien capté du tout). Du coup ... à part la 2° que je connais déjà ... laquelle ensuite ? _________________ Car l'impuissance aime refléter son néant dans la souffrance d'autrui - Georges Bernanos (Sous le Soleil de Satan)
|
| | | Golisande Mélomane chevronné
Nombre de messages : 7843 Age : 49 Localisation : jeudi Date d'inscription : 03/03/2011
| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Jeu 21 Jan 2021 - 21:57 | |
| Voilà qui fait très plaisir ! Ça m'étonne un peu que tu n'aies rien capté à la 1 : c'est assez différent de la 6, mais les symphonies de Bax sont quand même un corpus très homogène (et du coup je suis curieux de savoir ce que tu penses de la 2, qui est forcément plus proche de la 1). En tout cas, si tu as aimé la 6 je te conseillerai d'un côté la 3 (très cousine, avec le côté anguleux du premier mouvement, la grande coda calme en do majeur, et un merveilleux mouvement lent — et par ailleurs la préférée du compositeur avec la 6), de l'autre la 7 (le pendant lumineux et apaisé de la précédente)... Pour moi ls 4 et 5 sont un peu à part, entre le groupe des trois premières et celui des deux dernières (auquel la 5 peut se rattacher, en revanche la 4 est vraiment un ovni , et pas dans le bon sens...). |
| | | Cololi chaste Col
Nombre de messages : 33291 Age : 43 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 10/04/2009
| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Jeu 21 Jan 2021 - 22:08 | |
| Non par "1°" il fallait entendre 1° écoute !
Noté pour la 3° et la 7°. _________________ Car l'impuissance aime refléter son néant dans la souffrance d'autrui - Georges Bernanos (Sous le Soleil de Satan)
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| | | Golisande Mélomane chevronné
Nombre de messages : 7843 Age : 49 Localisation : jeudi Date d'inscription : 03/03/2011
| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Jeu 21 Jan 2021 - 22:13 | |
| Ah d'accord. (Ce qui ne m'empêche pas d'être curieux concernant ton appréciation de la 2) |
| | | Cololi chaste Col
Nombre de messages : 33291 Age : 43 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 10/04/2009
| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Jeu 21 Jan 2021 - 22:17 | |
| - Golisande a écrit:
- Ah d'accord. (Ce qui ne m'empêche pas d'être curieux concernant ton appréciation de la 2)
J'aime bien la 2° ! Mais là j'ai pris plus de plaisir sur la 6° (mais ça dépend tellement du moment où on écoute ça ...) _________________ Car l'impuissance aime refléter son néant dans la souffrance d'autrui - Georges Bernanos (Sous le Soleil de Satan)
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| | | Golisande Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Sam 23 Jan 2021 - 1:49 | |
| Symphonie n°7 (avec partition) : Cette symphonie est [edit]peut-être[/edit] ma préférée (d'un ensemble que je chéris tout particulièrement) – même si les trois premières sont indispensables –, au moins pour les deux mouvements extrêmes : une espèce de quintessence du compositeur, un feu d'artifice sans fléchissement d'inspiration - avec même un "relâchement" dans le bon sens : Bax s'autorise un lyrisme sans limite, comme s'il se livrait entièrement (la prégnance des thèmes du I, l'élan éperdu du 3e (ou 4e, d'ailleurs ) d'entre eux - proche du Red de la Colour Symphony de Bliss -, le mahlérisme presque indécent du thème initial du Lento, et par-dessus tout la coda – qui surpasse celle de la 6e symphonie : la plus belle conclusion imaginable pour un corpus symphonique)... À noter que le passage à partir de 9'47" de la version Myer FredmanRaymond Leppard (par ailleurs bien plus convaincante que Del Mar dans la 6) est extrêmement proche de la séquence qui conduit à l'Allegro au début du I de la 2e symphonie, et que la conclusion de ce mouvement ressemble à une version rêveuse (démesurément adoucie et ralentie) de celle du mouvement correspondant de cette même Deuxième. Lloyd-Jones me plaît assez dans le I : ses tempi sont globalement plus vifs que chez ses confrères (pas moins de deux minutes de moins que Handley, 1'30 de moins que Leppard), ce qui ajoute une tension, un côté incisif et « actif » à une œuvre réputée plus détendue et placide que ses six ainées. Handley est à la fois plus narratif et plus lâche : contrairement à Lloyd-Jones, il laisse ce mouvement s'épanouir dans une douceur presque pastorale, avec une souplesse ductile que l'on ne retrouve pas dans les deux autres lectures — et qui peut lui donner un air presque trop décontracté, comme si le chef-narrateur prenait ses aises en s'installant dans le paysage (tel Siegfried au milieu de l'acte II) — mais (comme chez Wagner) ça n'exclut pas la dimension épique, qui s'épanouit dans les épisodes héroïquement exaltés dont ce mouvement est aussi remarquablement prodigue. Le début du Lento est, donc, étrangement mahlérien (tendance 10e symphonie), ce qui n'est guère courant chez Bax — les rapprochements que j'ai pu hasarder entre les deux compositeurs ne concernant en rien leurs langages respectifs... Toutefois on se retrouve rapidement en terrain baxien connu, mais contrairement au premier mouvement, celui-ci ne m'exalte pas particulièrement (les mouvements lents des trois premières symphonies, en particulier ceux des 1 et 3, me paraissent bien plus marquants) : il y a là une sorte de distance, de détachement presque indifférent — comme si Bax contemplait le panorama de la musique romantique (Mahler compris) d'un œil à la fois complice et vaguement blasé. (Au passage, je constate un air de famille avec le mouvement lent de la symphonie précédente – sauf que ce dernier était dépressif et angoissé tandis que celui-ci est simplement neutre, comme dépourvu d'affects.) Difficile de départager les deux versions issues d'intégrales : les caractéristiques mises en évidence par le premier mouvement se vérifient, avec un Handley plus ductile et narratif, un Lloyd-Jones plus tendu et énergique (et qu'en l'occurrence j'aurais tendance à préférer, d'autant que les contrastes sont davantage mis en valeur); quant à Leppard, tout comme Del Mar dans la même collection Lyrita pour la symphonie précédente (mais en l'occurrence de façon très heureuse), tend à une lecture purement hédoniste de cette pièce — lui conférant un caractère passionné, une plénitude sonore à laquelle la prise de son n'est probablement pas étrangère mais qui, pour le coup, me parle très directement : j'ai presque l'impression d'écouter une autre musique... Le Theme & variations relativement bref qui sert de final (j'avoue avoir, jusqu'à présent, toujours écouté ce mouvement sans prêter la moindre attention à sa forme — en partie parce que je m'en fous un peu, mais surtout parce que les variations sont à la fois très contrastées et totalement imbriquées les unes dans les autres, au point que leur enchaînement ne se différencie guère des épisodes qui se succèdent habituellement chez Bax indépendamment de la forme choisie) — m'est surtout précieux pour son extraordinaire coda (en réalité à partir de 9'59 de la version Leppard), sorte de couronnement de toute la musique britannique de la première moitié du XXe siècle (ou du moins , ne nous emballons pas, de celle composée par Bax jusque-là)... En l'occurrence, Loyd-Jones est relativement décevant par rapport à Leppard — presque prosaïque, malgré des variations plus clairement identifiables et une prise de son précise et agréable ; quant à Handley, c'est pour le coup le plus concis des trois (1'30 de moins que Leppard) — sans que le coda (d'une poésie incroyable) n'y perde en intensité : c'est toujours ma version préférée pour ce mouvement, mais pour l'ensemble je donnerais peut-être la priorité à Leppard, à la fois plus analytique et plus évident... |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97845 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Sam 23 Jan 2021 - 22:30 | |
| Il faudra vraiment que j'essaie Bax avec partition… Après toutes ces années à l'écouter sans vraiment y comprendre grand'chose…
J'aime bien, mais les réécoutes ne rendent pas vraiment ma compréhension plus intime… Je les ai écoutées très souvent, ces symphonies, mais je crois que je serais incapable d'en reconnaître aucun passage à l'aveugle. Aucun.
Et pour ce qui est de leur construction, ça reste furieusement abstrait aussi. Très étrange, ça ne me fait vraiment pas ça d'ordinaire. |
| | | Iskender Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2610 Age : 56 Localisation : Bretagne Date d'inscription : 11/08/2009
| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Sam 23 Jan 2021 - 22:44 | |
| - Cololi a écrit:
- J'ai découvert la 6° récemment, j'aime beaucoup (après plusieurs écoutes ... la 1° j'ai rien capté du tout).
Du coup ... à part la 2° que je connais déjà ... laquelle ensuite ? Je te dirais la 5è, sachant que comme toi c'est la 6è que j'ai d'abord aimé. Désolé de rendre ton choix plus cornélien après les conseils de Golisande qui ne donne pas les mêmes priorités. Mais personnellement les trois premières sont encore sur le métier pour moi, alors que j'adore les 5 et 6. |
| | | Golisande Mélomane chevronné
Nombre de messages : 7843 Age : 49 Localisation : jeudi Date d'inscription : 03/03/2011
| Sujet: Re: Arnold Bax (1883-1953) Sam 23 Jan 2021 - 22:49 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- Il faudra vraiment que j'essaie Bax avec partition… Après toutes ces années à l'écouter sans vraiment y comprendre grand'chose…
J'aime bien, mais les réécoutes ne rendent pas vraiment ma compréhension plus intime… Je les ai écoutées très souvent, ces symphonies, mais je crois que je serais incapable d'en reconnaître aucun passage à l'aveugle. Aucun.
Et pour ce qui est de leur construction, ça reste furieusement abstrait aussi. Très étrange, ça ne me fait vraiment pas ça d'ordinaire. Je ne peux que t'encourager à écouter avec partition : ça m'a justement rendu les structures beaucoup plus transparentes. |
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