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| Boris Tishchenko (1939-2010) | |
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| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) Ven 17 Avr 2020 - 21:01 | |
| - Benedictus a écrit:
En tout cas, j'attends avec impatience de lire tes impressions dans le fil dédié! J'arrive, j'arrive ! Bon, une remarque négative pour commencer, c'est quand même dommage de devoir subir des prises de son franchement pas fabuleuses pour une bonne partie de ces symphonies de Tichtchenko, dans une musique qui fourmille souvent de détails (tout en étant très nue à d'autres moments d'ailleurs) c'est problématique. En tout cas je ne prends pas les choses dans l'ordre, je reparlerai peut-être des symphonies 3 et 4 plus tard, je ne les ai pas écoutées en étant assez concentré la première fois. C'est donc de la Cinquième Symphonie que je vais dire quelques mots pour l'instant. Là, au moins, la version écoutée (Rojdestvensky) propose un son très correct (surtout que c'est un live, quelques très rares et discrets bruits parasites). J'ai mis un certain temps à rentrer dans l'oeuvre, ou peut-être suis-je simplement plus naturellement attiré par les derniers mouvements (il y en a cinq, "comme d'habitude" pour du Tichtchenko). Le premier mouvement (Prélude) propose de longues phrases nues interprétées par les vents (solistes), entrecoupées de tuttis orchestraux menaçants. C'est bien fichu, la fin du mouvement produit indiscutablement de l'effet, mais ce n'est pas le genre de choses que je préfère chez Tichtchenko. Le deuxième mouvement (Dédication) commence de façon presque lyrique (un violon chantant) mais le pessimisme pointe rapidement le bout de son nez, et ça tourne carrément au grinçant dissonant en fin de mouvement. Mouais, ça fait du bruit mais je ne suis pas fan. Le III (Sonata), un scherzo sautillant parsemé de citations de Chostakovitch (8ème et 10ème symphonies) a un côté grotesque très affirmé, c'est rigolo mais je ne suis pas sûr d'avoir compris où on voulait en venir. Bref, à la moitié de la symphonie, j'étais assez franchement du côté de la franche déception, mais le quatrième mouvement (Interlude) a suffi à me faire changer d'avis, celui-là est vraiment extrêmement réussi, avec cette atmosphère de forêt enchantée (mais version pas sympathique !) créée par les trilles et glissandos de vents, où viennent se nicher des appels de cors tour à tout majestueux et un brin inquiétants, franchement c'est très beau. Le V (Rondo) pourrait presque paraitre trop rustique en comparaison, il s'agit d'une sorte de danse mahlérienne (ça me fait penser au Rondo final de la Cinquième de ce dernier) qui réserve en fait son lot de surprises jusqu'à une conclusion, ben, en fait ça s'arrête presque sans prévenir, c'est vraiment très surprenant ! Je ne sais pas encore trop quoi penser de ce dernier mouvement, mais rien que pour le précédent, je reviendrai à cette symphonie. |
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| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) Ven 17 Avr 2020 - 22:08 | |
| Dans la foulée de la cinquième, j'ai réécouté plus attentivement la Troisième Symphonie (qui bénéficie elle aussi d'une prise de son très correcte d'ailleurs), mais là Tichtchenko présente une facette à laquelle j'adhère moins, plus expérimentale et chambriste. Le tout début, avec son côté curieusement orientalisant, est pourtant accrocheur, mais ensuite le premier mouvement (enfin, la première partie, intitulée Méditation dans le découpage que j'ai sous la main) se perd dans des jeux de dialogues entre instruments qui pour le coup me rappelleraient plus le Schönberg des symphonies de chambre que Chostakovitch (et, on ne se refait pas, je préfère toujours nettement le second au premier !). Je ne comprends pas bien le discours, il y a des interventions franchement étranges (le tout petit passage avec des voix !?), bref j'ai du mal. Beaucoup plus séduit par le Postscript qui conclut la symphonie, qui ressasse joliment une cellule mélodique avec pour le coup un travail sur le timbre des différents instruments qui me parle nettement plus. Mais ce n'est pas suffisant pour en faire une oeuvre que j'apprécie vraiment. |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) Ven 17 Avr 2020 - 23:10 | |
| La 3 et la 5, il m'avait fallu un certain temps pour y entrer - bizarrement, malgré ses dimensions et la juxtaposition de langages qu'elle pratique, la 4 m'avait bien plus directement parlé (c'était d'ailleurs aussi le cas de Golisande - cf. sup.) Je pense que la 6 devrait être d'un abord plus évident au niveau du discours (c'est une symphonie-cycle de mélodies avec orchestre, façon Das Lied von der Erde, Symphonie lyrique ou Chosta 14 - je ne sais pas si c'est tellement ta came, cela dit.) Au fait, tu as pensé quoi de la 2? (Moi, elle m'avait assez déconcerté - j'en avais causé ici.) |
| | | Roupoil Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) Sam 18 Avr 2020 - 13:34 | |
| Bah, la 2, honnêtement, je ne sais pas trop quoi en dire, elle m'est un peu passé dessus sans laisser de trace... C'est plus "direct" que les suivantes, mais sans savoir ce qui se raconte, j'imagine qu'on perd une partie de l'intérêt.
J'ai réécouté le 4 ce matin. J'avais bien lu les avis de Golisande plus haut dans ce fil (ainsi bien sûr que tes propres recensions), et il est en effet bien possible que cette symphonie soit plus abordable en termes de langage et de structure du discours que celles qui l'entourent, mais j'ai quand même des difficultés à cause de deux choses : déjà c'est très long (même si dans l'absolu une symphonie de plus d'une heure et demie ça ne me rebute pas forcément) et la qualité sonore de l'unique enregistrement disponible (enfin, à ma connaissance, j'ai écouté le disque Northern Flowers de l'enregistrement live de Rojdestvensky ; et au passage le découpage en cinq plages d'une vingtaine de minutes ne respecte pas exactement les mouvements de l'oeuvre, c'est quand même assez surprenant (du moins si j'en crois le guide d'écoute publié par Vino ici même il y a assez longtemps)) fait que c'est en fait fatiguant à écouter. Vraiment, physiquement fatiguant, parce qu'on a quand même une grosse part de l'oeuvre qui est situé dans des dynamiques assez élevées, avec une quantité de percussions, bref le genre de musique où avoir un orchestre bien détaillé ne serait pas du luxe, et là on en est quand même assez loin (ce n'est pas non plus horrible au point qu'on doive deviner les notes jouées, hein, mais bon, ça a quand même un côté assez brouillon qui n'aide pas). C'est particulièrement sensible dans les mouvements les plus susceptibles de m'emballer (1, 2 et 4) et j'ai du coup du mal à vraiment les juger correctement (le 1 me semble celui qui me plait le plus). Le quatrième mouvement avec son apparition du récitant m'a laissé plus perplexe qu'autre chose.
Bon, en résumé, je vais te décevoir mais je vais lâchement refuser de donner un véritable avis sur cette symphonie... Y a personne de motivé pour réenregistrer ça ?
Concernant la 6, le côté "lied avec orchestre" n'est de fait pas forcément ce qui m'emballe le plus, et je n'ai pas les traductions des textes, ce qui ne va pas aider non plus. De toute façon, je vais de ce pas l'écouter et j'en dirai plus tout à l'heure. |
| | | Roupoil Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) Dim 19 Avr 2020 - 9:38 | |
| Eh bien, comme prévu (ou craint), la Sixième sans les textes c'est quand même très frustrant. Le très long premier mouvement (la moitié de la durée de l'oeuvre) s'apparente plus à une longue scène d'opéra (essentiellement monologuée, certes) qu'à un mouvement de symphonie, et sans comprendre ce qui se raconte, il manque beaucoup de choses pour suivre le discours musical (on "sent" qu'il y a pas mal de choses descriptives à l'orchestre, mais faute de contexte...). Je ne peux pas dire que je n'ai pas aimé l'oeuvre, mais du coup je ne peux pas non plus dire que j'aie été emballé.
J'ai également réécouté hier la Septième Symphonie, la seule que j'avais déjà testée il y a quelque temps. J'avoue que celle-là m'agace un peu, la virtuosité orchestrale est assez fascinante, mais en même temps j'ai tout le temps la pénible impression que Tichtchenko essaye toujours d'en faire plus dans le côté décalé et goguenard, au point qu'on finit par ne plus jamais savoir à quel degré prendre cette musique, et qu'il manque de passages vraiment "sérieux" à se mettre sous la dent. Au final, je n'aime pas trop. Je préfère à tout prendre la très courte et simple (simpliste même ?) Huitième Symphonie. |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) Dim 19 Avr 2020 - 11:39 | |
| Ah, désolé, j'aurais dû y penser plus tôt: est-ce qu'une traduction anglaise pourrait faire l'affaire? |
| | | Roupoil Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2114 Age : 43 Localisation : Pessac Date d'inscription : 22/04/2017
| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) Dim 19 Avr 2020 - 12:23 | |
| Ah ça si tu as ça sous la main, je prendrai volontiers oui (en anglais, pas de problème) ! |
| | | Mefistofele Mélomaniaque
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| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) Dim 19 Avr 2020 - 12:32 | |
| Si je puis m'immiscer dans la conversation, je serais également intéressé... |
| | | Roupoil Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2114 Age : 43 Localisation : Pessac Date d'inscription : 22/04/2017
| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) Mer 22 Avr 2020 - 11:40 | |
| J'ai donc réécouté la Sixième avec livret (merci Benedictus ), et en effet on comprend nettement mieux pourquoi il y a tant de petits bouts de solos dans le (long) premier, ils illustrent assez textuellement les nombreux passages du poème qui font directement référence à un orchestre en train de jouer une marche funèbre. Du coup, tout ce mouvement gagne en cohérence et en intérêt, c'est vraiment pas mal du tout. Je reste moins convaincu par les autres mouvements, qui font plus dans le "lied avec orchestre" classique, et pour la traduction des textes ne m'a finalement pas énormément apporté (je ne sais pas s'il s'agit d'une "bonne" traduction, en passant, mais il y a quand même des passages assez peu compréhensibles par moment !). Mais globalement, cette symphonie est effectivement une bonne porte d'entrée pour le cycle (pour qui aime les symphonies vocales, évidemment), la progression du discours étant (forcément ?) plus claire et "logique" que dans les autres symphonies tardives (enfin, je ne veux pas dire qu'il n'y a pas de logique dans la Cinquième ou la Septième, mais elle est sûrement moins évidente à saisir que quand elle s'appuie sur un texte comme ici). |
| | | Mefistofele Mélomaniaque
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| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) Mer 22 Avr 2020 - 19:21 | |
| Pareil que mon éminent collègue ci-dessus, même pièce dans les mêmes conditions, hélas pas la même révélation. Les symphonies-chorales sont décidément un genre que je ne goûte guère en général (Rubbra 9, Shosta 14), je reprendrais donc par du symphonique plus "traditionnel", à moins de passer avant par les quatuors que j'aime immodérément (1, 2 et surtout 4 !).
Question de nomenclature : y a-t-il une différence substantielle entre lied symphonique (disons, en cycle) et symphonie-chorale ? J'ai envie de dire oui, mais je n'arrive pas à poser le doigt dessus. (Ou alors, c'est une simple question de conventions, et Shosta 14 est un cycle de lieder symphoniques dénommé symphonie parce que). |
| | | Roupoil Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) Ven 24 Avr 2020 - 11:18 | |
| - Mefistofele a écrit:
- Question de nomenclature : y a-t-il une différence substantielle entre lied symphonique (disons, en cycle) et symphonie-chorale ? J'ai envie de dire oui, mais je n'arrive pas à poser le doigt dessus. (Ou alors, c'est une simple question de conventions, et Shosta 14 est un cycle de lieder symphoniques dénommé symphonie parce que).
On avait déjà évoqué ce problème des "symphonies qui n'en sont pas" il n'y a pas très longtemps (mais j'avoue que je ne sais plus où ), il n'y a en fait pas grand chose de plus à dire que constater que l'appellation "symphonie" dépend avant tout d'un choix assez arbitraire du compositeur (parfois influencé par des considérations plus politiques, par exemple pour les pléthores de symphonies soviétiques qui n'en sont pas toujours). Quand on voit que Mahler (l'un des pionniers dans le domaine de la symphonie vocale) a classé comme symphonie sa Huitième, mais pas vraiment (quoique...) son Chant de la terre, difficile de trouver une cohérence même au sein d'un même corpus. En tout cas, on peut constater une certaine de prolifération de symphonies vocales ou chorales au 20ème siècle, qui font intervenir à peu près toutes les configurations possibles : utilisation de la voix comme simple instrument intégré à l'orchestre (les vocalises de la Quatrième d'Alfven), intégration d'un choeur sans voix solistes (nombreuses symphonies soviétiques, comme les 2 et 3 de Chostakovitch, ou la Quatrième de Knipper), utilisation d'un choeur ET de voix solistes (la Troisième de Szymanowski, qui a aussi composé une Quatrième qui est pour le coup un concerto pour piano déguisé), et enfin les symphonies "lied avec orchestre" où le chant est uniquement confié à des solistes (en plus des exemples que tu as déjà cités, la Sixième de Penderecki rentre bien dans ce cadre, alors que les 7 et 8 du même compositeur font intervenir à le fois solistes et choeurs). Bref, il y a vraiment de tout |
| | | Mefistofele Mélomaniaque
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| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) Ven 24 Avr 2020 - 19:54 | |
| - Roupoil a écrit:
- Mefistofele a écrit:
- Question de nomenclature : y a-t-il une différence substantielle entre lied symphonique (disons, en cycle) et symphonie-chorale ? J'ai envie de dire oui, mais je n'arrive pas à poser le doigt dessus. (Ou alors, c'est une simple question de conventions, et Shosta 14 est un cycle de lieder symphoniques dénommé symphonie parce que).
On avait déjà évoqué ce problème des "symphonies qui n'en sont pas" il n'y a pas très longtemps (mais j'avoue que je ne sais plus où ), il n'y a en fait pas grand chose de plus à dire que constater que l'appellation "symphonie" dépend avant tout d'un choix assez arbitraire du compositeur (parfois influencé par des considérations plus politiques, par exemple pour les pléthores de symphonies soviétiques qui n'en sont pas toujours). C'était ici. - Roupoil a écrit:
- Quand on voit que Mahler (l'un des pionniers dans le domaine de la symphonie vocale) a classé comme symphonie sa Huitième, mais pas vraiment (quoique...) son Chant de la terre, difficile de trouver une cohérence même au sein d'un même corpus.
C'est fort vrai. J'y vois une différence majeure : la symphonie est un pensum, le Chant une merveille. (Mais cela n'engage que moi.) - Roupoil a écrit:
- En tout cas, on peut constater une certaine de prolifération de symphonies vocales ou chorales au 20ème siècle, qui font intervenir à peu près toutes les configurations possibles : utilisation de la voix comme simple instrument intégré à l'orchestre (les vocalises de la Quatrième d'Alfven), intégration d'un choeur sans voix solistes (nombreuses symphonies soviétiques, comme les 2 et 3 de Chostakovitch, ou la Quatrième de Knipper), utilisation d'un choeur ET de voix solistes (la Troisième de Szymanowski, qui a aussi composé une Quatrième qui est pour le coup un concerto pour piano déguisé), et enfin les symphonies "lied avec orchestre" où le chant est uniquement confié à des solistes (en plus des exemples que tu as déjà cités, la Sixième de Penderecki rentre bien dans ce cadre, alors que les 7 et 8 du même compositeur font intervenir à le fois solistes et choeurs). Bref, il y a vraiment de tout
La nomenclature listée est vraiment intéressante, et je me rends compte que j'avais oublié en effet les symphonies avec voix "à un moment", quelque forme qu'elles prennent. Reznicek, comme Mahler, tend aussi à avoir un mouvement avec soliste dans ses symphonies et poèmes orchestraux. Et autant les formes à la Alfvén ou Knipper me plaisent, autant la version "lied avec orchestre" me repousse en général, alors que c'est un genre que je goûte fort, autrement... Je suppose qu'en réalité, les œuvres ont le malheur de ne pas flatter mes goûts, plus qu'un problème structurel. Ou alors, un cas de dissonance cognitive ? |
| | | Анастасия231 Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14427 Age : 30 Localisation : Karl Marx est un ailurophile ukraïnien d'obédience léniniste Date d'inscription : 05/01/2011
| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) Mar 2 Juin 2020 - 17:14 | |
| - Roupoil a écrit:
- [...]au passage le découpage en cinq plages d'une vingtaine de minutes ne respecte pas exactement les mouvements de l'oeuvre, c'est quand même assez surprenant (du moins si j'en crois le guide d'écoute publié par Vino ici même il y a assez longtemps[...]
En fait, c'est l'enregistrement pirate qui était défectueux au niveau du découpage. Le remastering de Northern Flowers est légitime. |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) Mar 20 Avr 2021 - 1:47 | |
| Grande nouvelle: Northern Flowers existe encore... et va publier un disque Tichtchenko le 1ᵉʳ mai: le 2ᵉ concerto pour violon (la version Stadler / Sinaisky, parue chez Olympia mais épuisée depuis longtemps) mais aussi des inédits: trois inventions pour orgue et Yuefu, trois chœurs a cappella sur des poèmes folkloriques chinois de 1959.
https://www.clicmusique.com/covers/back/5055354481468.jpg |
| | | / Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20537 Date d'inscription : 25/11/2012
| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) Mar 20 Avr 2021 - 10:46 | |
| notons qu’on avait déjà ce disque, qui contient entre autres les Inventions nº 1, 3, 4, 6, 10 et 12. (les trois inventions enregistrées par Oksentyan, quant à elles, se trouvaient.) |
| | | Анастасия231 Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14427 Age : 30 Localisation : Karl Marx est un ailurophile ukraïnien d'obédience léniniste Date d'inscription : 05/01/2011
| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) Jeu 22 Avr 2021 - 21:13 | |
| - Benedictus a écrit:
- Grande nouvelle: Northern Flowers existe encore... et va publier un disque Tichtchenko le 1ᵉʳ mai: le 2ᵉ concerto pour violon (la version Stadler / Sinaisky, parue chez Olympia mais épuisée depuis longtemps) mais aussi des inédits: trois inventions pour orgue et Yuefu, trois chœurs a cappella sur des poèmes folkloriques chinois de 1959.
https://www.clicmusique.com/covers/back/5055354481468.jpg Pfff c'est bête, j'ai déjà le vinyle du second concerto pour violon. La barbe... |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) Mar 10 Mai 2022 - 22:24 | |
| Ça vient de sortir: Donc: une intégrale des Douze, op. 25 (ballet de 1963 d'après le poème de Blok) constituée à partir de deux séries de prises (Pavel Bubelnikov avec la Philharmonie de Leningrad en studio en 1976 et Peeter Lilje avec le Symphonique d'État d'Estonie en live en 1982), et en complément l'enregistrement de la création des Variations sur trois thèmes de Chostakovitch op. 143 (par Titov et la Philharmonie de St Petersbourg.) Je dois recevoir ça en fin de semaine! Sinon: je l'avais annoncé dans la rubrique concert, mais je le redis ici: le Quatuor Tchalik a enregistré un disque de quatuors de Tichtchenko, qui devrait sortir autour de l'été (Gabriel Tchalik, le premier violon, avait déjà enregistré les deux Sonates pour violon seul.)
Dernière édition par Benedictus le Jeu 12 Mai 2022 - 20:48, édité 1 fois |
| | | Mefistofele Mélomaniaque
Nombre de messages : 1459 Localisation : Under a grey, rifted sky Date d'inscription : 17/11/2019
| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) Mar 10 Mai 2022 - 23:36 | |
| Mais voilà qui fait TRÈS envie !!! Merci pour ce teasing. |
| | | / Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20537 Date d'inscription : 25/11/2012
| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) Dim 15 Mai 2022 - 8:49 | |
| - Benedictus a écrit:
- (Gabriel Tchalik, le premier violon, avait déjà enregistré les deux Sonates pour violon seul.)
tu l’as écouté finalement ? |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) Dim 15 Mai 2022 - 10:30 | |
| Oui, j'ai énormément aimé (et en particulier la 2ᵉ Sonate!) |
| | | Prosopopus Mélomaniaque
Nombre de messages : 901 Age : 41 Localisation : Paris Date d'inscription : 21/11/2017
| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) Lun 16 Mai 2022 - 13:17 | |
| Symphonie n°3 Igor Blazhkov Kirov Opera And Ballet Chamber Orchestra Symphonie n°1 Edgar Serov Leningrad Philharmonic Orchestra Symphonie n°6 Gennady Rozhdestvensky Symphony Orchestra Of The USSR Ministry Of Culture Enfin ! En voyant le topic remonter je me suis dit qu'il fallait que je m'y mette pour de bon. J'ai indiqué les symphonies dans mon ordre d'écoute mais j'en parlerai dans mon ordre de préférence. La symphonie n°1 sonne trop comme du Shosta pour moi, dans une forme assez personnelle mais sans que j'y trouve mon compte. On est dans du soviétisme de haute volée mais proche de ses contemporains je trouve. La prise de son live est catastrophique sur le CD Northern Flowers. La symphonie n°6 est par contre très différente, dramatique et pleine de trouvailles. Difficile de s'ennuyer tant l'accent est mis sur les effets et sur des contrastes très tranchés. Mais pour moi le gros morceau c'est cette Troisième Symphonie ! Absolument géniale, plus resserrée dans sa structure mais c'est la plus "moderniste" des trois, avec des passages plus atonaux et des polyphonies même si l'ensemble reste harmonieux. Il y a des trouvailles constantes dans ce jeu chambriste de progression avec des blocs qui s'ajoutent et se défont à un rythme de cavalcade de plus en plus rapide, avant de retomber dans un dernier mouvement plus langoureux et tonal. Ça m'a furieusement donner envie d'écouter les quatuors tant l'écriture chambriste est précise, les pupitres apparaissent avec toujours beaucoup de subtilité. La prise de son est vraiment meilleure sur cet enregistrement. Une idée toute simple mais qui m'a séduite dès la première écoute, il y a un effet de vibrato qui se propage à tous les instruments dans l'un des mouvements centraux (vers la huitième minute de la première plage de l'enregistrement). L'apparition des voix sur fond de piano fantomatique a achevé de me persuader que c'était une oeuvre majeure. MA-JEUR-E je vous dis ! Rien à voir mais je trouve que les couvertures sont particulièrement mal choisies. Celle de la sixième devrait aller à la troisième, celle de la première à la sixième et celle de la troisième à la première (même si j'ai bien conscience que c'est plus le ballet qui est illustré dans la couverture). |
| | | / Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20537 Date d'inscription : 25/11/2012
| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) Lun 16 Mai 2022 - 14:17 | |
| la troisième est aussi ma préférée (juste devant la quatrième). je t’encourage effectivement à écouter les quatuors (3 et 4 en priorité ?), mais aussi le Requiem, qui date de la même époque que la troisième symphonie et a le même genre de détails chambristes (en plus hétéroclite). (et l’autre chef-d’œuvre de cette époque c’est l’immense troisième sonate pour piano.) |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) Lun 16 Mai 2022 - 14:29 | |
| Et puis, la 4ᵉ Symphonie, qui est quand même un incroyable monument! (Mais difficile à écouter d'une traite.) |
| | | Анастасия231 Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14427 Age : 30 Localisation : Karl Marx est un ailurophile ukraïnien d'obédience léniniste Date d'inscription : 05/01/2011
| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) Lun 16 Mai 2022 - 18:20 | |
| Quant à moi, je trouve au contraire que les illustrations des pochettes ont été plutôt bien choisies. La symphonie "Chronique d'un blocus" donne le ton à la photographie en noir et blanc, la peinture néo-cubiste colorée fait allusion au style primitiviste du ballet "Yaroslavna" ; d'ailleurs, notons que les aspects modal/diatonique et "Vieille Russie" des parties extrêmes de la 3e symphonie expliquent également ce choix pictural (de plus je ne vois pas ce qu'il y a de tonal dans cette musique, bref). Enfin, l'abstaction lyrique du tableau accompagnant la 6e symphonie expose visuellement la dimension expressionniste de l'œuvre musicale. |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) Lun 16 Mai 2022 - 20:48 | |
| - Benedictus a écrit:
- Et puis, la 4ᵉ Symphonie, qui est quand même un incroyable monument! (Mais difficile à écouter d'une traite.)
J'en profite pour signaler ici le guide d'écoute de la 4ᵉ Symphonie par Анастасия. |
| | | Анастасия231 Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14427 Age : 30 Localisation : Karl Marx est un ailurophile ukraïnien d'obédience léniniste Date d'inscription : 05/01/2011
| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) Lun 16 Mai 2022 - 22:33 | |
| Ça n'est pas vraiment un guide. Plutôt le journal de bord d'une auditrice frustrée. Edit : je l'ai un peu remanié mais ça reste franchement moyen. |
| | | Prosopopus Mélomaniaque
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| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) Mar 17 Mai 2022 - 12:20 | |
| - Анастасия231 a écrit:
- les aspects modal/diatonique et "Vieille Russie" des parties extrêmes de la 3e symphonie expliquent également ce choix pictural (de plus je ne vois pas ce qu'il y a de tonal dans cette musique, bref).
Je n'ai pas trouvé ça d'un atonalisme radical mais c'est peut-être mon oreille qui s'habitue. Le dernier mouvement m'a même semblé plutôt tonal en fait, très serein presque. "Modal" oui tu as raison, c'est sûrement plus approprié. - lulu a écrit:
-
la troisième est aussi ma préférée (juste devant la quatrième). je t’encourage effectivement à écouter les quatuors (3 et 4 en priorité ?), mais aussi le Requiem, qui date de la même époque que la troisième symphonie et a le même genre de détails chambristes (en plus hétéroclite). (et l’autre chef-d’œuvre de cette époque c’est l’immense troisième sonate pour piano.) - Benedictus a écrit:
- Et puis, la 4ᵉ Symphonie, qui est quand même un incroyable monument! (Mais difficile à écouter d'une traite.)
Et... je n'ai rien écouté de tout cela (ah ! ah !) pour m'enfiler finalement la cinquième symphonie. Je retrouve là aussi les climats à la Chostakovitch mais avec une telle fondation, solide et monolithique, que ça m'a beaucoup plu. C'est beaucoup plus bourrin et rentre-dedans que ne le sera la Sixième, moins envoutant que la Troisième mais d'un attrait assez direct. Le mouvement central défouraille sec. Merci pour vos conseils, je vais me pencher là-dessus.
Dernière édition par Prosopopus le Mer 18 Mai 2022 - 7:20, édité 1 fois |
| | | Mefistofele Mélomaniaque
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| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) Mar 17 Mai 2022 - 20:59 | |
| Surfant sur la vague Tishchenko, je réécoute également les symphonies.
La No.1 est du bruyant soviétisme passe-partout, je n'y ai guère trouvé d'intérêt.
La No.2, hélas dans un son exécrable, m'a vraiment intéressé. Quelque chose de la tragédie grecque, de frontal, brutal, qui a déplu à Benedictus, mais qui a pour ma part flatté mon goût pour les choses simples et bruyantes (Salamine, Die Opferung des Gefangenen, le côté "tribal" en moins).
La No. 3 est un brillant chef-d'œuvre, ces alliages chambristes minimalistes me rappelent le fabuleux concerto pour harpe. Prosopopus signale ce hululement qui se propage à tous les pupitres avec intervention de la voix, c'est magique. Des sonorités exotiques saillent, des éclats de Sacre ou de Château (Bartók) surgissent, dans un langage en fin de compte très personnel et beaucoup moins Shostakopies que d'usage. Écoutée deux fois, je me suis forcé à passer à la symphonie suivante, mais j'y reviendrai ! Notons que la faible durée — seulement une demi-heure —, en sus de l'absence de texte, aide beaucoup à appréhender cette œuvre.
La No.4 : je suis assez partagé. Des moments intenses ou de grande beauté (le II, le V) mais tout cela est quand même TRÈS LONG ET dans un son très précaire (le IV peut devenir épuisant). Le V est tout à fait étrange et envoûtant : ouverture sombre comme Der Abschied, qui en fait se situe plus du côté d'un lever de soleil façon d'Indy (Jour d'été à la montagne) avec des sonorités différents, triomphalisme Korngoldien frappé des coups de cloche du désespoir (et l'orgue ! Car pas de demi-mesure !). Enfin une atmosphère plus pastorale instable, qui se clôt dans un repos qui ramène à d'Indy. Du coup, je suis tenté de considérer cela comme un cycle de poèmes symphoniques et d'aller picorer les mouvements, et tant pis pour l'architecture globale assez difficile à saisir sur une telle durée.
La No. 5 : hélas, rien d'original, je rejoins Roupoil en tout point. Les premiers mouvements ne sont guère enthousiasmants. Peut-être que le prélude allégé aux sursauts bougons qui finit en catastrophe me plaît à vrai dire ; le crescendo m'évoque... Prokofiev, l'accord inquiétant de Roméo et Juliette version apocalypse qui se dégonflerait subito. Les deux suivants sont respectivement sinistre et grotesque (puis furieux). Ce n'est pas mal fait, au contraire, mais peut-être trop, ou déjà entendu. Par contre, les deux derniers sont de véritables pépites : l'Interlude au vent mauvais, qui me rappelle les tempêtes nordiques (Leifs et sa tétralogie, Rangström), le Rondo grinçant, qui oscille entre les bouffoneries amères de Shosta et les danses dévoyées de Mahler. Je me dis qu'une version moderne rendrait certainement justice à la pièce (et rendrait le III autrement plus lisible et digeste).
Plus que 3 symphonies et 2 ballets, avec une certaine appréhension pour la No. 6 dont j'ai mauvais souvenir, et impatience pour The Twelve (en route). |
| | | Mefistofele Mélomaniaque
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| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) Mar 17 Mai 2022 - 21:48 | |
| La No. 6 est bien tout ce dont je me souvenais et plus encore. Des moments orchestraux magiques (littéralement, atmosphère de forêt ensorcelée dans le dernier tiers du I), orchestre haletant et paroxystique (III), mais c'est encore trop long, l'écriture vocale hululante, les moments de Danse Dévoyée (V) sympathiques mais un peu tarte à la crème, les tunnels de "musique-pas-mauvaise-mais-déjà-entendue-ou-pas-spécialement-inspirée" en font une expérience pour ma part assez désagréable. |
| | | Анастасия231 Mélomane chevronné
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| | | | Mefistofele Mélomaniaque
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| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) Mar 17 Mai 2022 - 22:45 | |
| - Анастасия231 a écrit:
- Je sens que je vais avoir une syncope.
Mes qualités de plume sont si bouleversantes que cela ? |
| | | Анастасия231 Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) Mar 17 Mai 2022 - 23:08 | |
| Ça n'a rien de personnel, hein. Je constate simplement que depuis environ une dizaine d'années il n'y a que moi qui adore autant toutes ses symphonies (aussi bien pour leurs défauts que pour leurs qualités) sur ce forum. Du coup, je me pose des questions sur mes goûts musicaux... |
| | | Mefistofele Mélomaniaque
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| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) Mar 17 Mai 2022 - 23:56 | |
| Je ne pense pas qu'une remise en question s'impose, si toutes les symphonies te parlent, c'est que l'idiome du compositeur te touche intimement, et il s'agirait plutôt de quelque chose à célébrer ? Tu y entends des détails et des beautés que les dilettantes dans mon genre ne soupçonneraient pas ? Du coup, écoute de la No. 7 et la No. 8. Cette dernière est surprennament courte et "classique" dans son langage, après les audaces entendues dans les opus précédents, c'est un peu décevant. Quant à la No. 7, bien plus incadescente, je crains d'être arrivé à saturation pour y goûter pleinement. Du moins, le live de Serov, malgré un son précaire, est chauffé à blanc. Mon bilan : No. 3 en chef d'œuvre ; 4 et 5 incroyables mais avec des passages moins enthousiasmants. 2 et 7 à retenter. Du coup, je vais essayer le Requiem avant les ballets. Au passage, j'ai écouté deux fois la sonate No. 3 et elle me passe hélas complètement au-dessus du bonnet (même si les III et IV me titillent). Il faut dire que la littérature pour piano seul n'est pas exactement ce que je préfère. Du moins me gardé-je le meilleur pour la fin, les quatuors — que je n'ai pas réécouté depuis des années et que je porte aux nues.
Dernière édition par Mefistofele le Mer 18 Mai 2022 - 1:08, édité 1 fois |
| | | Анастасия231 Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) Mer 18 Mai 2022 - 0:28 | |
| - Mefistofele a écrit:
- Je ne pense pas qu'une remise en question s'impose, si toutes les symphonies te te parlent, c'est que l'idiome du compositeur te touche intimement, et il s'agirait plutôt de quelque chose à célébrer ? Tu y entends des détails et des beautés que les dilettantes dans mon genre ne soupçonneraient pas ?
Tu as peut-être raison. Pardon, je suis trop émotive. La huitième est censée être, selon le compositeur, un épilogue à l' Inachevée de Schubert. En bref, Tichtchenko avait devancé l'IA d'une décennie. Après, je suis d'accord, le résultat peut choquer par rapport au reste du corpus. Cependant, notons le fragment de "Gretchen am Spinnrade" au ralenti au milieu des hululements du III de la 3e symphonie. Comme quoi, Boris était sensible à la musique de Franz depuis bien longtemps. |
| | | Mefistofele Mélomaniaque
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| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) Mer 18 Mai 2022 - 1:07 | |
| - Анастасия231 a écrit:
Cependant, notons le fragment de "Gretchen am Spinnrade" au ralenti au milieu des hululements du III de la 3e symphonie. Comme quoi, Boris était sensible à la musique de Franz depuis bien longtemps. Ma version de la No. 3 n'a que 2 plages. Ce serait dans la Méditation No. 3 avec ce vibrato étrange qui contamine tout l'orchestre ? Bon, Requiem écouté. Ai-je aimé ? Non. Est-ce beau ? À débattre. - Parce que...:
J'ai adoré. C'est un chef d'œuvre. Il transcende les notions de beauté. L'écriture pour la voix ne vise pas à la facilité, mais il y a quelque chose de systématiquement travaillé, qui accroche l'auditeur, soit parce que cela gratte, soit parce qu'une trouvaille vient le chercher. Dans la conclusion, je pense au tapis de cordes anxiogène et sa mélodie délétère... Tout à coup le piano résonne, l'on est passé dans un lied ! L'écriture est assez typique du compositeur, dans ces alliages parfois minimalistes interrompus par des accidents bruitistes, richement orchestrés, par exemple à 12:25. C'est pour le coup très différent des grimaces de Shosta. Et quand l'on s'inquiète du cirque, le duo vocal chante à nu et à l'unison une berceuse douce-amère. Et cette espèce de canon qui finit en tempête, commencé à 31:22, avec son glas funèbre... Il y aussi ces moments magiques qui m'ont tant plu dans les symphonies, cette sourdine à partir de 27:45, la voix résignée, qui ne cède pas aux coups de boutoir cuivrés. Je trouve le langage éminemment personnel, d'une incroyable diversité. Même mes préventions sur le traitement vocal en général n'ont pas lieu d'être dans ce cas précis. Je vais réécouter, assurément. Et comme vous, je ne comprends pas qu'il n'existe aucun enregistrement commercial. Merci encore d'avoir souligné l'importance de cette partition. Un coup de foudre.
Dernière édition par Mefistofele le Mer 18 Mai 2022 - 2:28, édité 1 fois |
| | | Анастасия231 Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14427 Age : 30 Localisation : Karl Marx est un ailurophile ukraïnien d'obédience léniniste Date d'inscription : 05/01/2011
| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) Mer 18 Mai 2022 - 2:10 | |
| - Mefistofele a écrit:
- Анастасия231 a écrit:
Cependant, notons le fragment de "Gretchen am Spinnrade" au ralenti au milieu des hululements du III de la 3e symphonie. Comme quoi, Boris était sensible à la musique de Franz depuis bien longtemps. Ma version de la No. 3 n'a que 2 plages. Ce serait dans la Méditation No. 3 avec ce vibrato étrange qui contamine tout l'orchestre ? Exact. |
| | | Mefistofele Mélomaniaque
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| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) Jeu 19 Mai 2022 - 2:22 | |
| Tiré de Playlist : - Анастасия231 a écrit:
- Abnegor a écrit:
- Анастасия231 a écrit:
- Boris Tichtchenko : Symphonie "La Chronique d'un blocus" pour grand orchestre et bande magnétique Op. 92 (1984)
Orchestre Philharmonique de Leningrad Andreï Chistiakov Enregistrement Live du 8 avril 1985 à la Grande Salle de la Philharmonie de Leningrad (Northern Flowers)
Un OST digne d'un mecha futuriste nippon. Le piège à Abnegor que voilà
Bon du coup j'y vais : Tichtchenko, Symphonie "La Chronique d'un blocus" - Chistiakov J'ai diversement aimé les différentes parties (bon, encore au boulot, donc pas l'idéal pour se mettre dans le bain), mais c'est plutôt bien passé. L'enregistrement récent par l'Orchestre Symphonique de Sotchi sous la direction d'Anton Loubchenko (un ancien élève de Tichtchenko) chez Melodiya est sans conteste d'une meilleure qualité sonore et interprétative : /watch?v=U4x9zY8YInw
En effet, entre la vieille version Chistiakov et la nouvelle de Loubchenko, inutile de tergiverser. Une partition agressive et grandiose, figurative. Hélas, j'étais occupé pendant l'écoute, je n'ai pu prendre de notes. Ballet Yaroslavna écouté, et je suis très, très impressionné. Beaucoup de gestes typiques, globalement dans le versant chargé et tempêtueux (plus symphonie No. 7 que No. 3, donc). Comme d'autres partitions, je trouve un certain défaut de prolixité (90 minutes quand même), mais il y a tant d'idées intéressantes, de moments qui prennent l'auditeur aux tripes que je suis certain d'y retourner. Et comme je suis faible, j'ai déjà réécouté les quatuors. Deux fois. Je trouve les numéros impairs globalement plus faibles, le 1 charmant mais avec un petit quelque chose en plus (l'Allegro gioso !). Le 3 m'est assez désagréable, nulle tentative de séduction, il me rappelle certains quatuors de Shostakovich, dans un langage différent : désespoir et frénésie, ennui du temps qui passe. Il est toutefois très original et je réalise que c'est bien mon goût qui pose problème (de même pour la symphonie No. 6 ?). Le quatuor No. 5 est de facture plus classique et laisse entendre des phrases plus traditionnelles dévoyées (l'ouverture du I ne laisse pas deviner son siècle de composition). J'aime beaucoup à vrai dire, même si je ne crie pas au génie. Par contre, les quatuors pairs font partie des plus belles choses que j'aie entendues pour la formation. Le No. 2 dispose d'une saveur presque... Tchèque ? Danse folklorique qui gratte plus qu'elle ne grince, Largo intensément lyrique, Presto qui démarre par un cri avant de se lancer dans un galop difficile à cerner. Enfin, Lento d'un lyrisme suffocant. J'ai énormément pensé à Janáček, ce qui n'est pas un mince compliment. Le No. 4 est encore plus beau. Le premier mouvement sonne comme une continuation des derniers Beethoven, avec l'impression de l'ennui et du désagrègement dont je parlais dans le No. 3, cette tentation de Shosta dans un langage qui n'est pas épigonal. La différence majeure est une séduction sonore incroyable et une écriture beaucoup plus aérée. Les traits de l'istesso tempo sont minimalistes et pourtant d'une folle variété. L'Allegro risoluto en danse cabossée est un bijou, grinçant, grotesque, et pourtant ne me donne pas l'impression d'avoir été copié ailleurs. Le Moderato final est en demi-teinte, une façon originale de conclure ce chef d'œuvre. Le No. 6, très court (deux parties, une quinzaine de minutes) seulement démarre de façon sardonique, et finira de façon complètement apaisée. Du soviétisme bon teint croisé à du Beethoven moderne ou aux beautés tchèques évoquées plus haut. Des moments tragiques viennent parsemer le discours... De mémoire, il me semble que Weinberg n'est pas forcément trop éloigné de cet univers sonore ? Voilà qui m'incitera à aller vérifier. Quoi qu'il en soit, nous avons un corpus majeur du quatuor, avec les saisissants 2-3-4 (à condition de digérer le langage du 3) et le merveilleux dyptique 5-6, plus traditionnel mais non moins beau. |
| | | Mefistofele Mélomaniaque
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| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) Jeu 19 Mai 2022 - 23:03 | |
| Boris TISHCHENKO : The Twelve (Pavel Bubelnikov, dir.; Peter Lilje, dir.) ; Variations, Op. 143 (Titov, dir.) Découverte et stupéfaction devant cette fabuleuse partition écoutée 3 fois d'affilée déjà. Je me permets de remettre les passionnantes considérations (issues de Playlist) d'une contributrice éminemment éclairée. - Анастасия231 a écrit:
Voilà bien huit longues années (au moins) que je connais ce chef-d'œuvre relativement juvénile par cœur. Ses influences musicales sont assez criantes : le Prokofiev motorique parisien, le Bartók expressionniste, le Berg de Wozzeck et le Stravinsky néoclassique américain. Cependant, la neuvième et dernière scène est du pur Tichtchenko ; une litanie spectrale post-sérielle des cordes et ces appels dodécaphoniques lointains et interrogatifs (à la manière d'une Klangfarbenmelodie webernienne) de la trompette en sourdine, du basson, du hautbois, du cor, de la clarinette, du piccolo, du célesta et, enfin, du cor anglais flottant au dessus d'un tapis harmonique indécis et jaune d'un orgue plasmatique : l'apparition du Christ est, à l'instar du Mandarin ressuscité, totale.
[...]
Ce ballet est plutôt unique en son genre ; une tendance qui va s'accroître avec son opéra "Le Soleil Volé" d'après un conte de Korneï Tchoukovski (un remake animaliste du Rossignol de Stravinsky) et finalement, son ballet épique "Yaroslavna" d'après les Dits de la Campagne du Prince Igor (un remake du Sacre du Printemps en trois fois plus long). Je confirme la prégnance des influences Bartókiennes (oui, le Mandarin !) et Stravinskyennes (le Sacre qui est décalqué dans le 5, un peu de Pétrouchka aussi). Le thème d'ouverture, qui sera repris dans le tableau 9, est terrassant, grandiose et terrible, avec des cloches et cette sorte d'écho déformé typiques de Tishchenko. Pour une œuvre de jeunesse et pleine d'hommages, il est vraiment intéressant de trouver des signatures sonores du style de maturité. Le troisième tableau offre marche aigrelette et nasillarde, qui évolue entre Shosta et Prokofiev ; et soviétisme motorique aux vents prégnants, qui a l'excellente idée de conclure (ou presque) en raz-de-marée orchestral, comme Boris les affectionne tant dans ses symphonies. Autres éléments typiques du style tardif, le goût pour les sonorités inhabituelles, parfois à nu ou dans des alliages minimalistes (le soupir trémulant de cuivres du tableau 7, la harpe dans la seconde moitié du même tableau), les coups de boutoirs brutaux du tableau 11 (en fait, toute la piste 8 me soulève d'enthousiasme) ou la nappe de cordes décalées et inquiètes du dernier tableau, que l'on retrouve dans le requiem ou les symphonies (voir ci-dessus). Deux bémols : le son précaire du tableau 8 (toux, grésillements), entre Sacre et alliages chambristes du meilleur goût ; les Variations en complément, bienvenues, bien belles, très loin de l'exaltation provoquée par le ballet : dans un style plus néo et apaisé, comme ses deux derniers quatuors ou son ultime symphonie. Surtout, la conclusion pompière en décalé fait plutôt penser à du Khachaturian avec des fausses notes, j'ai quelques réserves à ce sujet. Bref, une parution majeure, et une nouvelle œuvre de ce compositeur qui rejoint mes récents coups de cœur (avec le stupéfiant requiem). |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
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| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) Jeu 19 Mai 2022 - 23:56 | |
| - Mefistofele a écrit:
- Анастасия231 a écrit:
Cependant, notons le fragment de "Gretchen am Spinnrade" au ralenti au milieu des hululements du III de la 3e symphonie. Comme quoi, Boris était sensible à la musique de Franz depuis bien longtemps. Ma version de la No. 3 n'a que 2 plages. Ce serait dans la Méditation No. 3 avec ce vibrato étrange qui contamine tout l'orchestre ?
Bon, Requiem écouté. Ai-je aimé ? Non. Est-ce beau ? À débattre.
- Parce que...:
J'ai adoré. C'est un chef d'œuvre. Il transcende les notions de beauté. L'écriture pour la voix ne vise pas à la facilité, mais il y a quelque chose de systématiquement travaillé, qui accroche l'auditeur, soit parce que cela gratte, soit parce qu'une trouvaille vient le chercher. Dans la conclusion, je pense au tapis de cordes anxiogène et sa mélodie délétère... Tout à coup le piano résonne, l'on est passé dans un lied ! L'écriture est assez typique du compositeur, dans ces alliages parfois minimalistes interrompus par des accidents bruitistes, richement orchestrés, par exemple à 12:25. C'est pour le coup très différent des grimaces de Shosta. Et quand l'on s'inquiète du cirque, le duo vocal chante à nu et à l'unison une berceuse douce-amère. Et cette espèce de canon qui finit en tempête, commencé à 31:22, avec son glas funèbre... Il y aussi ces moments magiques qui m'ont tant plu dans les symphonies, cette sourdine à partir de 27:45, la voix résignée, qui ne cède pas aux coups de boutoir cuivrés. Je trouve le langage éminemment personnel, d'une incroyable diversité. Même mes préventions sur le traitement vocal en général n'ont pas lieu d'être dans ce cas précis. Je vais réécouter, assurément. Et comme vous, je ne comprends pas qu'il n'existe aucun enregistrement commercial. Merci encore d'avoir souligné l'importance de cette partition. Un coup de foudre.
Je n'avais jamais essayé – la cantate soviétique n'est pas forcément mon meilleur rayon –, tu m'as convaincu, je l'ai fait aujourd'hui… et en effet c'est remarquable. Ça explore beaucoup de langages différents, aussi bien des choses puisées à la tradition liturgique que les influences de l’atonalité européenne, et ponctué de duos a cappella de la soprane et du ténor… très réussi de bout en bout. |
| | | Mefistofele Mélomaniaque
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| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) Ven 20 Mai 2022 - 1:32 | |
| Tu m'en vois ravi que cela ait plu ! De mon côté, je continue sur ma lancée et finis mon marathon avec les concertos. Déception pour les deux concertos pour violoncelle, assez gris et sinistres même si l'on retrouve d'heureux alliages-signatures. Le No. 2 me semble proposer quelque chose d'assez singulier, mais la durée (près de 40 minutes) couplée à une inspiration ou un langage que je ne goûte pas forcément font que je ne me forcerai pas à la réécoute. Le concerto pour piano, que je découvre, est décidément très français et amusant. L'Allegro vivo est charmant, du Poulenc et du Milhaud (concerto No. 1 !) en virtuose, le jazz remplacé par l'ironie soviétique. Hélas, la prise de son est absolument épouvantable. Le concerto pour flûte, autre découverte, est... très singulier. Le premier mouvement donne à entendre une sorte de Verklärte Nacht avec interventions (souvent solistes) de la flûte, sur un mode mystérieux et ancien, entre Debussy et Koechlin. Rien de tel dans le II, un ostinato à peine perceptible, énervant, soutient des sinuosités cordées ou traits de flûte, soudainement remplacés par le piano (la transition est saisissante, l'impression que le piano jouait cette basse et sort tout à coup du lot), et les deux instruments solistes se mêlent tout à coup alors que les cordes s'entrelacent, des motifs chargés et élaborés, tissant une dentelle qui se pare bientôt de motifs soviétiques. L'Allegro est plus direct et frais, piano percussif et dissonant (que l'on retrouve chez l'autre Boris), cordes au diapason, mais atmosphère globalement plus lumineuse... Surtout que le Lento lugubre et désespéré, terriblement vibré qui suit, et dénué de couleur autre que celle du désespoir, entièrement aux cordes. Il y a quelque chose de Vasks, en plus englobant et instable ? L'Allegretto final démarre sur un ostinato sourd, comme un discret SOS (façon Nosyrev), tandis que la flûte décrit un vol incertain, quelque chose du Boléro qui ne décollerait jamais... Puis vient le piano cristallin, les cordes plus sombres, l'atmosphère plus étouffante, l'ostinato à peine perceptible, les déformations et le ralentissement, la disparition... Je trouve beaucoup de similarités avec l'autre Boris ( Tchaikovsky), décidément, malgré des développements très personnels. Très impressionné par l'œuvre ! Me restent les meilleurs, à savoir le concerto pour harpe dont déjà j'ai chanté les louanges, et les trois pour violon (deux numérotés et un double avec piano que je porte aux nues). Je note aussi le concerto pour clarinette, en vérité un magnifique quatuor pour l'instrument. Edit : Je n'ai pas résisté, j'ai réécouté le concerto pour harpe. L'Intermezzo vaporeux avec la voix et le xylophone, qui enchaîne sur ce temps presque figé du V, c'est absolument magnifique, l'une des partitions les plus belles et originales de Tishchenko. |
| | | Stanlea Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) Ven 20 Mai 2022 - 11:36 | |
| - Mefistofele a écrit:
- Je n'ai pas résisté, j'ai réécouté le concerto pour harpe. L'Intermezzo vaporeux avec la voix et le xylophone, qui enchaîne sur ce temps presque figé du V, c'est absolument magnifique, l'une des partitions les plus belles et originales de Tishchenko.
Effectivement, j'ai écouté et c'est très beau. Juste un petit passage à la fin du moderato me gêne, avec le block en contretemps un peu pénible. Mais ça ne gâche pas l'ensemble. |
| | | Mefistofele Mélomaniaque
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| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) Ven 20 Mai 2022 - 20:10 | |
| Ah oui, cet effet percussif, c'est une chose que j'apprécie et retrouve beaucoup chez l' autre Boris ( Tchaikovsky). Suite et fin de ma rétrospective (je fais l'impasse sur le piano auquel je ne comprends rien en général). Le concerto pour violon No. 1, en deux parties, est une beauté. Le violon ne s'arrête jamais de tisser des entrelacs dans le premier mouvement, mais rien d'ostentatoire ; les interventions orchestrales sont rares, brèves, souvent percutantes (et percussives). Le second est un tourbillon qui se lève à l'orchestre, aux effets de toute beauté (Tishchenko aime décidément la harpe). Le calme se produit dans une longue cadence solo, avant un épisode triste déchiré par les cuivres, et un épilogue doux-amer aux ultimes accents magiques de célesta. Ces deux éléments se retrouveront dans les compositions tardives, sous des traits plus accentués (la fanfare est globalement stable et presque Mahlerienne, les cordes déploratives dans un registre contenu). Incroyable composition, encore plus pour un étudiant de tout juste 20 ans. Le concerto pour violon No. 2, composé 22 ans plus tard, se situe dans d'autres sphères : 4 mouvements, et une durée totale dépassant les 50 minutes ! Il commence avec des bribes de mélodies typiques, une texture assez chambriste, des traits orchestraux en sourdine, avant une arrivée musclée des autres pupitres. Soliste agité avant la tempête (non un tourbillon, bien un maelström !) qui dévide une fanfare absurde, c'est saisissant, et une longue cadence soliste à nouveau. Le III, avec percussions terrifiantes qui alternant avec une paire d'instruments solistes, est dans l'optique de Boris Tchaikovsky. L'Andante final rappelle la tempête du II mais en sourdine, avec les traits qui m'évoquent Vasks (sombre, tourmenté). La conclusion en est toutefois étonnamment optimiste. Vient enfin le double concerto pour violon et piano, œuvre de maturité (2006),dont j'ai beaucoup de mal à parler car il s'agit de l'une de mes pages concertantes favorites, toutes époques confondues. Le I démarre en sonate inquiétante, aux effets assez proches du sublime concerto pour harpe. L'orchestre rejoint bientôt la fête dans une espèce de folie contagieuse qui n'est pas sans rappeler le Schnittke du concerto grosso No. 1 (unee autre de mes œuvres-fétiches), une dissolution du discours réduite à des poudroiements sonores, avant une fin retenue. Le II démarre de façon très percussive, en danse joyeuse et bondissante, qui me rappelle les quatuors, avec un côté plus guilleret encore (et les contrebasses en contraste). La danse se détraque et tout l'orchestre intervient. L'Interlude du III est une élégie aux cordes seules d'une intense noirceur, là encore l'univers de Vasks, voire Kilar, n'est pas loin. La douleur sourde et se distord ; malgré un aspect peut-être déjà entendu, ce mouvement me touche énormément (le crescendo délabré de la seconde partie, comme une sorte de malaise englué, ou de douleur qui ne s'exprime qu'a moitié par manque de réalisation). La Romance conclusive démarre comme une jolie bluette romantique pour violon et piano, qui peu à peu voit les cordes intervenir dans un idiome quelque peu tangent, obstiné, avec des couinements pathétiques du violon qui donnent un air de parodie dérangeante à un morceau d'une grande poésie (le mouvement final de l' Hiver de Vivaldi) : quelque chose ne tourne pas rond. Le duo de solistes continuera ainsi sa tragique relation, rejointe par les commentaires déformants de l'orchestre, jusqu'à l'extinction dans le silence. J'ai aussi tenté les autres œuvres de chambre. Les sonates solistes pour violon (2) et pour violoncelle (2, mais une seule enregistrée commercialement ?) ne m'ont pas laissé d'impression impérissable, autre que la No. 2 pour violon est aussi longue qu'ambitieuse et mériterait d'y revenir. Les pièces pour violon et piano sont d'un charme plus immédiat mais pas impérissables non plus. J'ai préféré et de loin le concerto pour clarinette, en réalité un quatuor qui brasse quantité de langages, après une longue introduction d'une incroyable poésie. La seconde moitié du I est intense et frénétique, sans jamais pousser le soliste dans des registres impossibles (par contre, les cordes...). L'Allegro molto reprend des figures percussives (sans piano !) que l'on retrouve dans les concertos, symphonies et quatuors. Avec clarinette et sans le piano (pendant un temps), j'avoue que l'effet est intéressant. Bien vite le piano occupe seul l'espace pour un passage assez marquant, et les quatre instrumentistes se retrouvent à l'unisson, plutôt en bataille. Le dernier mouvement est un superbe duo violon/clarinette, qui égale la poésie de l'ouverture, bientôt changé en trio (violoncelle) aux accents romantiques ravageurs. Le piano, élément perturbateur, vient changer les couleurs de l'ensemble (très beau duo avec le violoncelle), mais la clarinette tente de reprendre le cours de son bienheureux trio. Ce petit jeu de perturbations continue, la félicité se détraquant peu à peu, jusqu'à l'explosion de colère à 8 minutes (version du St. Petersburg Trio avec Julian Milkis). Clarinette solo interrompue par une boucle minimaliste répétitive, bribes fantômatiques du bonheur aux accents de marche funèbre, berceuse tragique entrecoupée de brèves incartades du piano, colorant le repos d'une inquiétude jamais apaisée. Superbe !
Dernière édition par Mefistofele le Sam 21 Mai 2022 - 0:35, édité 1 fois |
| | | / Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20537 Date d'inscription : 25/11/2012
| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) Ven 20 Mai 2022 - 20:17 | |
| - Mefistofele a écrit:
- Les sonates solistes pour violon (2) et pour violoncelle (2, mais une seule enregistrée commercialement ?)
la première existe aussi en disque, mais probablement que sur ce 33 tours : |
| | | Анастасия231 Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14427 Age : 30 Localisation : Karl Marx est un ailurophile ukraïnien d'obédience léniniste Date d'inscription : 05/01/2011
| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) Ven 20 Mai 2022 - 20:32 | |
| - Mefistofele a écrit:
- Le concerto pour violon No. 1, en deux parties, est une beauté. Le violon ne s'arrête jamais de tisser des entrelacs dans le premier mouvement, mais rien d'ostentatoire ; les interventions orchestrales sont rares, brèves, souvent percutantes (et percussives). Le second est un tourbillon qui se lève à l'orchestre, aux effets de toute beauté (Tishchenko aime décidément la harpe). Le calme se produit dans une longue cadence solo, avant un épisode triste déchiré par les cuivres, et un épilogue doux-amer aux ultimes accents magiques de célesta. Ces deux éléments se retrouveront dans les compositions tardives, sous des traits plus accentués (la fanfare est globalement stable et presque Mahlerienne, les cordes déploratives dans un registre contenu). Incroyable composition, encore plus pour un étudiant de tout juste 20 ans.
Trois mouvements avec attacca entre la cadence centrale du violon et l' Andantino final. La partition fut révisée de fond en comble cinq ans plus tard (1964) alors qu'il achevait gentillement ses études en post-graduation auprès de son maître Chostakovitch, ce qui explique en partie ce foisonnement technique et les caractéristiques de maturité avant l'heure (n'oublions pas qu'il avait déjà écrit ses deux premières symphonies, le ballet "Les Douze", l'illustration sonore pour un documentaire sur la Cité de Souzdal et son premier concerto pour violoncelle). |
| | | Mefistofele Mélomaniaque
Nombre de messages : 1459 Localisation : Under a grey, rifted sky Date d'inscription : 17/11/2019
| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) Ven 20 Mai 2022 - 20:44 | |
| Ah ! Merci pour les corrections. Noté pour la première sonate. Quant au concerto, les méta-données m'ont fait croire que la piste 2 (enregistrement Liberman/Serov) était constituée d'un seul mouvement. L'Allegro moderato et l'Andantino sont en réalité deux moments distincts.
Étonnante progression toutefois entre les deux premières symphonies et le ballet (très frontaux, aux inspirations marquées) et ce concerto... Dûe à cette révision, j'imagine, et qui expliquerait et la singularité du langage et le côté "primesautier" ? |
| | | / Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20537 Date d'inscription : 25/11/2012
| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) Ven 20 Mai 2022 - 20:58 | |
| Cela dit, je suis obligé de noter que c’est dommage de passer à côté des sonates pour piano, tant je trouve que c’est un corpus unique au vingtième siècle. Entre le sens néoclassique de la construction de la 1 ou de la 7 (et 8 ), de manière plus anecdotique de la 10, la tendance expérimentale de la 3 ou la 5, prokofiev décomplexé dans la 2 (et les autres), le côté « post-sonate » de la 11 et de la 9, et toutes les autres, y a des mondes sans comparaison à explorer, et beaucoup de monuments, et toujours un sens de la mélodie mais aussi du « théatre » assez incroyable. |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| | | | Анастасия231 Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14427 Age : 30 Localisation : Karl Marx est un ailurophile ukraïnien d'obédience léniniste Date d'inscription : 05/01/2011
| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) Ven 20 Mai 2022 - 21:05 | |
| J'approuve aussi. |
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| Sujet: Re: Boris Tishchenko (1939-2010) | |
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| | | | Boris Tishchenko (1939-2010) | |
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