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Le Tout Nouveau Testament : Je m'attendais à une grosse farce bien lourde, et au final si certains gags sont pas très fins, beaucoup de passages du film sont assez poétiques, dans le genre du conte plus que de la grosse comédie. L'évolution des personnages, la recherche du sens de la vie alors qu'on sait quand on va mourir... Bien sûr, certains destins sont assez inimaginables et drôles, mais derrière la façade on a des personnages forts.
Benoît Poelvoorde fait un peu son cinéma habituel et du coup, ce sont les différents apôtres (dont François Damien et Catherine Deneuve : les deux remarquables!), Pili Groyne (la fille de Dieu...) et Yolande Moreau qui tirent leur épingle du jeu. Cette dernière avec une délicatesse rare chez elle.

Un bien beau film... avec bien sûr nombre de clins d'oeil à la religion, parfois tournés en dérision et parfois non.

Petite session avec les frères Coen du début des années 90, Miller's Crossing, Barton Fink et Fargo, c'est bien entendu génial, sans doute leur meilleure période.

Et Kitano toujours dans les 90's ( décidément une renaissance pour le cinéma ) Kid's Return, plutôt cool et pas du tout contemplatif pour un Kitano, et l'été de Kikujiro, amusant, kitsch, barré et plutôt émouvant, c'est un bon !

Demolition Man – Bon pas grand chose à dire, un bon film si on a envie de regarder un film d'action, un film sympa si on avait envie d'anticipation, un film un peu facile si on cherchait une réflexion sur les utopies totalitaires, et un film totalement hors-sujet si on voulait en savoir plus sur les émeutes de la faim dans les favelas brésiliennes.

La Vanité : Trois destins qui se croisent, trois personnes que tout opposent et qui dans un motel dépassé vont se rencontrer autour de thèmes comme la prostitution ou le suicide assisté. Et malgré la lourdeur des thèmes, on sourit, on rit même...
Film court, mais lent. Intéressant!

Eisenstein : Alexandre Nevski

Mouai, sensiblement moins bon qu'Ivan le Terrible.

Clairement on ressent plus les imperatifs de la propagande, c'est surtout interessant plastiquement et musicalement

Parsifal a écrit:

Clairement on ressent plus les imperatifs de la propagande, c'est surtout interessant plastiquement et musicalement

Oui. La propagande est un peu plus subtile dans Ivan ... mais surtout je m'y retrouves beaucoup plus ... les intérieurs du palais, les jeux d'ombre, les peintures orthodoxes, les intrigues ...

Hu : A Touch of Zen

On peut être divisé à la sortie de la salle. D'un côté un scénario bancal, au rythme très hétérogène, et les arts martiaux, même si très concentrés sur la fin encore trop présents à mon goût. De l'autre une réalisation de génie, une musique bien utilisée, une photographie comme on en fait peu ...
Alors oui c'est vraiment un très très bon film, à voir absolument, même si c'est tellement bien réalisé qu'on ressent une frustration car ça aurait pu, avec un scénario au cordeau (dans le genre Kurosawa) être un immense chef d'oeuvre.

Cololi a écrit:

Eisenstein : Alexandre Nevski

[censuré, mériterait 10 ans de goulag]

Parsifal a écrit:

Clairement on ressent plus les imperatifs de la propagande

On s'en tape !... à peine plus ceci dit que dans Ivan, dont Staline avait beaucoup aimé la 1ère partie, mais il est vrai largement moins la seconde, un bel hommage pourtant à sa paranoïa éradicatrice

Parsifal a écrit:

c'est surtout interessant plastiquement et musicalement

En effet !

Cololi a écrit:

Parsifal a écrit:

Clairement on ressent plus les imperatifs de la propagande, c'est surtout interessant plastiquement et musicalement

Oui. La propagande est un peu plus subtile dans Ivan ... mais surtout je m'y retrouves beaucoup plus ... les intérieurs du palais, les jeux d'ombre, les peintures orthodoxes, les intrigues ...

Regarde le Cuirassé Potemkin sinon... on change d'ambiance, mais pour l'avoir vu à Pleyel avec un vrai orchestre, c'était vraiment impressionnant. Bon là la propagande est assez marquée, la musique moins inspirée... mais le film est vraiment puissant (cet escaler! )

Citation :

Hu : A Touch of Zen

On peut être divisé à la sortie de la salle. D'un côté un scénario bancal, au rythme très hétérogène, et les arts martiaux, même si très concentrés sur la fin encore trop présents à mon goût. De l'autre une réalisation de génie, une musique bien utilisée, une photographie comme on en fait peu ...
Alors oui c'est vraiment un très très bon film, à voir absolument, même si c'est tellement bien réalisé qu'on ressent une frustration car ça aurait pu, avec un scénario au cordeau (dans le genre Kurosawa) être un immense chef d'oeuvre.

J'étais tenté, et puis finalement je n'y suis pas allé... ça passait dans si peu de cinémas... (dit celui qui est allé voir La Vanité! )



Sinon, hier soir à la télé :
L'Effet Papillon : Je ne m'attendais pas à grand chose, avec cette histoire de jeune qui réussi à modifier le passé... mais le résultat est assez impressionnant : on voit comment un tout petit changement implique des conséquences immenses. Vraiment bien fait (même si ça fait un peu daté par certains côtés) et en plus Ashton Kutcher joue bien dans ce film!

Polyeucte a écrit:

Regarde le Cuirassé Potemkin sinon... on change d'ambiance, mais pour l'avoir vu à Pleyel avec un vrai orchestre, c'était vraiment impressionnant. Bon là la propagande est assez marquée, la musique moins inspirée... mais le film est vraiment puissant (cet escaler!   )

Mais j'ai déjà vu ! Evidemment c'est pas mal, mais je préfère sensiblement Ivan.

Citation :

J'étais tenté, et puis finalement je n'y suis pas allé... ça passait dans si peu de cinémas... (dit celui qui est allé voir La Vanité! )

C'est quoi cet argument à 1€ ?

Cololi a écrit:

Mais j'ai déjà vu ! Evidemment c'est pas mal, mais je préfère sensiblement Ivan.

Ah mais je suis d'accord. Le premier Ivan est au dessus... disons que Potemkin c'est un autre style. Impressionnant aussi!

Citation :

C'est quoi cet argument à 1€ ?  

Ben c'est juste que les horaires étaient pas géniaux... et y avait d'autres GRANDS films à aller voir... (ou petits hein...)

Oui ... horaires à la con ici aussi. J'ai du y aller dimanche soir

Cololi a écrit:

Oui ... horaires à la con ici aussi. J'ai du y aller dimanche soir

Nous les horaires c'est plutôt en semaine à 10h pour ce genre de films...
Mais bon, après j'étais pas en pénurie de séance autres, donc j'ai pas non plus cherché à tous prix à le voir hein. Disons que ça me tentait a priori.

Films revus depuis mon retour de vacances :

Pas mal de classiques quand même :

Drop zone : je te croyais sujet au vertige?

Jaky a écrit:

je te croyais sujet au vertige?

Absolument, et phobique encore.

Mon psychiatre conseille de me mithridatiser en regardant des films. La Tour Infernale, par exemple.

Prochaine épreuve : Cliffhanger avec Stallone    Nan, j'déconne.

Les nuits de la pleine lune, Eric Rohmer
L'errance spatiale et sentimentale d'une jeune femme des années 80. Le film jette un regard globalement moralisateur sur la vie décousue de la protagoniste principale. Sans enjeu, sans aboutissement, les dialogues reflètent le vide spirituel des personnages.
7,5/10

Aprile, Nanni Moretti
Documentaire politique, film dans le film, et chronique familiale, Aprile est avant tout une célébration excentrique de la création. Malgré un synopsis impressionnant au premier abord, le film se déguste sans réfléchir.
7,5/10

Mélomaniac a écrit:

Prochaine épreuve : Cliffhanger avec Stallone    Nan, j'déconne.

Moi j'ai regardé Judge Dredd hier. Et je ne déconne pas. Pas bon du tout, ce film.

[REC]³ Génésis — Dur de savoir si on est en face d'un film d'horreur foiré ou d'un pastiche raté. J'en parle plus longuement ici pour qui cela intéresse.

Kurosawa : Kagemusha




Je vais empreunter une citation de Beethov (à propos de Haendel) : "Voilà la vérité !"

Ouija — Le film d'épouvante que vous avez déjà vu. J'en parle plus longuement ici pour qui cela intéresse.

Jurassic World — Le blockbuster que vous avez l'impression d'avoir déjà vu en mieux il y a 20 ans. J'en parle plus longuement ici pour qui cela intéresse encore.

Cololi a écrit:

Kurosawa : Kagemusha




Je vais empreunter une citation de Beethov (à propos de Haendel) : "Voilà la vérité !"

Allez qq petits mots.

D'abord sur la forme, c'est toujours aussi démentiel. Chez Kurosawa chaque plan est hyper-travaillé, rien n'est laissé au hasard. Ce doit être un travail monstrueux, mais il n'y a jamais du banal, seulement du génie, aucun relâchement.
Comme d'habitude le scénario est hyper classique dans le sens le plus noble du terme. C'est à dire un problème très universel posé ... jamais de résolution, jamais de démonstration, mais il cherche au fil du développement à montrer la complexité du problème de façon très habile et par des moyens cinématographiques.
Et puis évidemment il y a ce déluge totalement hallucinant, comme dans Ran, de couleurs (et aussi les couleurs dans la scène nocturne !). De même pour filmer les courses de chevaux, il est clair qu'il transforme qq ch de banal en qq ch de grandiose et beau. C'est du génie (et du travail), voilà tout.

Tu as regardé quelle version de Kagemusha ?

Roquefort a écrit:

Tu as regardé quelle version de Kagemusha ?

On a pas accès à la "version complète" au disque. C'est donc une version raccourcie (2h40), la seule dispo au disque.

Revu sur C+ "Gone girl" que j'avais vu en salle lors de sa sortie.

Petite pointe de déception : la toute fin, après le retour de la manipulatrice, se traîne un peu - mais ça reste un film puissant, magnifiquement interprété : Rosamund Pike est glaçante.

  Montfort

Cololi a écrit:

Cololi a écrit:

Kurosawa : Kagemusha




Je vais empreunter une citation de Beethov (à propos de Haendel) : "Voilà la vérité !"

Allez qq petits mots.

D'abord sur la forme, c'est toujours aussi démentiel. Chez Kurosawa chaque plan est hyper-travaillé, rien n'est laissé au hasard. Ce doit être un travail monstrueux, mais il n'y a jamais du banal, seulement du génie, aucun relâchement.
Comme d'habitude le scénario est hyper classique dans le sens le plus noble du terme. C'est à dire un problème très universel posé ... jamais de résolution, jamais de démonstration, mais il cherche au fil du développement à montrer la complexité du problème de façon très habile et par des moyens cinématographiques.
Et puis évidemment il y a ce déluge totalement hallucinant, comme dans Ran, de couleurs (et aussi les couleurs dans la scène nocturne !). De même pour filmer les courses de chevaux, il est clair qu'il transforme qq ch de banal en qq ch de grandiose et beau. C'est du génie (et du travail), voilà tout.

Je l'ai vu cet été, je suis un peu moins enthousiaste que sur Ran pour ma part, même si c'est évidemment très chouette.
Bon, déjà, la musique n'est pas de Takemitsu...

Picrotal a écrit:

Jurassic World — Le blockbuster que vous avez l'impression d'avoir déjà vu en mieux il y a 20 ans. J'en parle plus longuement ici pour qui cela intéresse encore.

Ah? Moi je trouve ça finalement mieux que le premier... Moins premier degré, jouant justement sur les références au premier. J'ai passé un très bon moment.

Montfort a écrit:

Revu sur C+ "Gone girl" que j'avais vu en salle lors de sa sortie.

Spoiler:

  Montfort

C'est pas beau de spoiler un film

Xavier a écrit:

Cololi a écrit:

Cololi a écrit:

Kurosawa : Kagemusha




Je vais empreunter une citation de Beethov (à propos de Haendel) : "Voilà la vérité !"

Allez qq petits mots.

D'abord sur la forme, c'est toujours aussi démentiel. Chez Kurosawa chaque plan est hyper-travaillé, rien n'est laissé au hasard. Ce doit être un travail monstrueux, mais il n'y a jamais du banal, seulement du génie, aucun relâchement.
Comme d'habitude le scénario est hyper classique dans le sens le plus noble du terme. C'est à dire un problème très universel posé ... jamais de résolution, jamais de démonstration, mais il cherche au fil du développement à montrer la complexité du problème de façon très habile et par des moyens cinématographiques.
Et puis évidemment il y a ce déluge totalement hallucinant, comme dans Ran, de couleurs (et aussi les couleurs dans la scène nocturne !). De même pour filmer les courses de chevaux, il est clair qu'il transforme qq ch de banal en qq ch de grandiose et beau. C'est du génie (et du travail), voilà tout.

Je l'ai vu cet été, je suis un peu moins enthousiaste que sur Ran pour ma part, même si c'est évidemment très chouette.
Bon, déjà, la musique n'est pas de Takemitsu...

Ran c'est encore au dessus, je suis d'accord. Mais c'est juste que Ran c'est le meilleur film de tous les temps
Oui, oui je suis d'accord Takemitsu c'est mieux, et puis le scénario est un peu moins bon. Mais c'est bon là de mon point de vue on tutoie les sommets.

Polyeucte a écrit:

C'est pas beau de spoiler un film

Penses-tu ? Les mauvais films, m'est avis, son les seuls dont on ne peut dire la fin de l'intrigue. Cette religion du nospoêle ne révèle-t-elle pas la crainte qu'a le spectateur de n'avoir rien à mettre au crédit du film que sa faculté à maintenir un secret de polichinelle le plus longtemps possible ?

J'ai vu Chien enragé de Kurosawa hier que je n'aurai pas besoin d'oublier pour prendre du plaisir à voir de nouveau. Il appartient à ce règne d'œuvres qui ne tiennent pas en haleine que par continence et dont on peut éventer le secret sans amoindrir le film.
Gone girl, si je ne le porte pas dans mon cœur, n'a pas à craindre du manque de discrétion de ses spectateurs. Si tu ne l'as pas vu et que tu le désires, vas-y Polyeucte, Monfort n'en a rien dit que son opinion.

Vu récemment Ghost dog, de Jarmusch. Diantre, c'est mauvais.
Je ne m'attendais pas à tant de lourdeur. C'est ampoulé, débilitant et sans grâce. Le premier intertitre laid servant d'artifice de montage et de narration confirme l'impression laissée par les plans d'ouverture où des pigeons déplumés battent d'une aile molle dans une lumière crépusculaire moite du grain d'une image d'épaisse poisse. Plus tard, j'eus la certitude de la nullité de ce film quand le très fin Jarmusch déploya toute son ingéniosité à me montrer par les procédés les plus discrets la panoplie de ses références.

Exemple :
•Une jeune femme lit Roshômon, la couverture en évidence.
•Un type lourd faisant des moulinets avec son arme (on vous dit que c'est un samouraï des temps moderne, donc oui, il fait des moulinets) entre dans la pièce ou cette jeune femme lit en compagnie d'un autre type regardant des dessins animés.
•Le brave type croise le regard de son balourd de meurtrier.
•La gamine jette son livre aux pieds du meurtrier qu'elle ne peut voir d'où elle est et qui ne peut la voir. (Jarmusch apprend à son spectateur à comprendre l'espace et les points de vue. Merci Jim.)
•Gros plan sur le bouquin. («C'est Rashômon. Vous avez vu, c'est Rashômon. Hein, hein, z'avez vu ?»)
•Le samouraï de pacotille, meurtrier professionnel s'inquiète enfin de savoir qui est ce quelqu'un d'autre dans la pièce où il n'était censé trouver que sa cible. Prend le temps de lui montrer sa trogne et...
•...ramasse le livre de ses doigts huileux des frites du fast-food du coin. («C'est Rashômon, je vous dis»)
•Plan en contre-plongée, serré, sur le samouraï tenant le livre, Rashômon, de manière à ce que l'on en voit bien la couverture sur laquelle est inscrit le titre en très gros caractères
•Les deux personnages parlent du livre en bien.
•Le film poursuit son long déballage de médiocrité à grand renfort de plans se voulant poétiques, de gros plans stupides, de flash-back adipeux, de textes appuyant l'action, etc. C'est faussement hip hop, c'est faussement samouraï, c'est vraiment mauvais.
Si je devais mettre quelque chose à son crédit, se serait sans doute son didactisme susceptible de lui valoir comme sous-titre, La réalisation pour les nuls. Parfait pour un gamin de quatorze ans rêvant de devenir cinéaste.


Dans Chien enragé, le tueur se fait attraper à la fin.

Bémol a écrit:

Penses-tu ? Les mauvais films, m'est avis, son les seuls dont on ne peut dire la fin de l'intrigue. Cette religion du nospoêle ne révèle-t-elle pas la crainte qu'a le spectateur de n'avoir rien à mettre au crédit du film que sa faculté à maintenir un secret de polichinelle le plus longtemps possible ?

Oui, parce que une partie de ce film est à mon avis justement l'ambiguité qui s'en dégage, le fait qu'on se demande toujours qui a raison ou tard, qui est coupable ou non...
Et si j'en parle, c'est bien sûr parce que je l'ai vu.

Ah oui ? J'avais l'impression, pour ce qui est de Gone girl, d'une ambiguïté toujours présente, la question de la raison et du tort ne relevant que de la justice. Le film, dans mon souvenir, parvient à préserver l'ambiguïté dont nous parlons au-delà de la conclusion première concédée au respect des codes assumés du thriller, ce qui fait sa force et son invulnérabilité aux bavardages indiscrets.

Bémol a écrit:

Ah oui ? J'avais l'impression, pour ce qui est de Gone girl, d'une ambiguïté toujours présente, la question de la raison et du tort ne relevant que de la justice. Le film, dans mon souvenir, parvient à préserver l'ambiguïté dont nous parlons au-delà de la conclusion première concédée au respect des codes assumés du thriller, ce qui fait sa force et son invulnérabilité aux bavardages indiscrets.

Ah non, pour moi la fin dévoile véritablement ce qu'il en est... mais reste affreuse quand même. Le spectateur sait qui est qui au final.

Ah, ma classique fermeture d'onglet avant de poster...

Je disais :

Le qui peut-être, mais c'est le quoi, m'est avis, qui importe le plus. Les personnages se sont piégés l'un l'autre, par inaction ou perversion, mais ne sont-ils pas eux-mêmes pris dans une nasse, entre les mailles de leurs rêves, de leurs images et de ce à quoi ils acquiescent pour ne pas choisir de se révolter ?

J'ai vu Lancelot du Lac de Robert Bresson ce matin. Très étrange, les personnages évoquent les sentiments élevés (honneur, fidélité, amour) comme des objets très lointains, tandis que toute chaleur humaine est absente du film.

_ Beaucoup de dialogues
_ Il faut être très attentif aux dialogues ...
_ Même si les acteurs parlent avec une voix blanche
_ Parfois, pendant plusieurs minutes, il ne se passe rien
_ Quelques mots poétiques sont jetés dans le silence
_ Mots quelque peu cryptés, comme des oracles
_ La musique est discrète
_ Il n'y a pas vraiment d'action
_ Au sein de cette réalisation austère

En somme, on a trouvé le film parfait pour torturer mélo.

Le film montre plutôt l'antithèse d'une vie chevaleresque. L'idéal est toujours bien présent, mais de façon fort abstraite. C'est plutôt le confinement, l'inaction et le prosaïsme qui dominent.

Donc c'est très intéressant, mais il ne faut pas avoir peur de s'ennuyer!

C'est du Bresson, quoi...

Bémol a écrit:

Ah, ma classique fermeture d'onglet avant de poster...

Je disais :

Le qui peut-être, mais c'est le quoi, m'est avis, qui importe le plus. Les personnages se sont piégés l'un l'autre, par inaction ou perversion, mais ne sont-ils pas eux-mêmes pris dans une nasse, entre les mailles de leurs rêves, de leurs images et de ce à quoi ils acquiescent pour ne pas choisir de se révolter ?

Bon, je réponds en caché... vu que je vais beaucoup dévoiler la fin

Spoiler:

En tout cas un super film j'avais trouvé à l'époque de sa sortie.

Sur Lancelot du lac:

C'est un peu un ratage de Bresson pour moi quand même. Je crois que ce que je préféré le plus c'est la bataille finale qui crée une tension assez interessante entre l'événement par nature spectaculaire et la  nature résolument elliptique et anti-spectaculaire des choix artistiques de Bresson

Ses meilleurs films de toutes façon sont Pickpocket et Mouchette et dans les films en couleur Une femme douce m'avait pas mal plu

À vrai dire je n'ai pas vu Lancelot, mais je te suis totalement sur Mouchette.... Pickpocket je l'ai vu à huit piges, donc autant dire que je n'en garde que des bribes de souvenir excessivement étranges et vagues (et pas très positives, forcément) : à revoir donc.

Polyeucte a écrit:

Spoiler:

Sympathie relative. C'est un personnage médiocre qui nous est présenté, une reprise voulue du stéréotype masculin de comédie romantique à succès, le rêve d'une certaine Amérique présenté non sans ironie, dans sa vacuité et sa fragilité. Fincher use à ce titre assez intelligemment d'Affleck et fait de son image le premier piège que l'on voit se refermer sur un personnage dans le film. Il est un prédateur au sourire rassurant et sincère, une médiocrité active qui dévore ce qui l'entoure. Les doutes que l'on a envers lui sont justifiés, il est un assassin mais qui tue sans verser le sang. Elle, donne à voir en acte et théâtralement ce que lui fait symboliquement, au sens littéral du terme, de façon subreptice. Mais la mécanique à l'œuvre dépasse bien leur seul état d'unis par des sentiments contradictoires et les attentes entendues d'un spectateur de trhiller efficace.

C'est peut-être parce qu'il s'agissait de mon premier Bresson, mais j'ai été impressionnée par sa manière de filmer. Les plans se succédaient selon une logique propre aux images, et non à un récit linéaire. C'était très perturbant. J'avais l'impression d'être plongée dans un univers onirique dont la perception ne pouvait être que partielle et fragmentaire (sons dissociés de l'image, visions de certains détails à l'inverse de toute représentation "panoramique", dialogues dont je ne pouvais déduire aucun discours global, etc.). Je suis entrée par la petite porte dans le monde de la légende ... Lequel m'a semblé singulièrement dénué d'aura, malgré la beauté des plans et l'invocation des idéaux chevaleresques.

Je ne peux pas dire que ce film m'ait renversée, mais il m'a donné envie de voir d'autres Bresson !

Au moins je sais qu'il ne faut pas que je regarde Bresson

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