Votre dernier film visionné.

Je vous propose de simplement citer, ou de joindre une critique au dernier film que vous avez visionné, qu'il soit en DVD, cassette vidéo, divx, télévision ou cinéma (ou autre bien que je vois pas ce qu'il y a d'autre comme support).

Personnelement, le dernier film que j'ai vu remonte à hier au soir. Hélas il s'agit de l'un des plus gros navet qui ait jamais été commis dans l'histoire du cinéma. Il n'y a rien dans ce film, rien de rien, le néant, l'ennui mortel, la pré-création, le vide matèrialisé, et autres expressions emphatiques que j'aime bien parce que c'est rigolo...
Il s'agit, (roulement de caisse claire avec timbre ppp crescendo) vous l'aviez deviné, de l'adaptation cinématographique du célèbre et fameux roman, et pour cause, d'Agatha Christie, .............................................................................................................................................................................................................................. Dix petits nègres!!!! (coup de cymbale suspendue) Ce chef-d'oeuvre a été réalisé par le très inspiré Peter Collinson, et le plateau regroupe des vedettes telles que Oliver Reed, Stephane Audran, Charles Aznavour, et j'en passe.
A fuir d'urgence !!! (A fuir d'urgence ? Qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire ?)

d) Je klaxonne

je peux rester un mois sans en voir et en bouffer ensuite quatre par jour... Ca fait quelle moyenne ça?

Citation :

d) Je klaxonne

Tu as oublié d'ajouter la traditionelle réponse_qui_n'a_rien_a_voir_pour_ceux_qui_ne_veulent_pas_répondre

dernièrement, j'ai vu Pluie noire de Sohei Imamura. Après la vision, et vu le contexte actuel autour du nucléaire, je suis resté songeur et triste de vivre sur une planète de fous.
la bof, c'était du Takemitsu

e) Obi-Wan Kenobi.

Je ne sais pas... modestement, j'ai pensé à 2 ou 3... mais c'est sûrement plus. Alors j'ai coché 4 ou 5.

Là, je viens de visionner un vieux film anglais : L'Evadé du camp 1, avec Hardy Krüger (1957).

On y voit un jeune officier allemand de la Luftwaffe qui déploie d'énormes efforts pour se tirer des griffes des Anglais qui l'ont fait prisonnier. C'est une version "grande évasion" côté allemand ; et ça marche : on lui souhaite vraiment de réussir !

Quand on découvre le film, il y a un vrai bon suspens ! le hic ? Le titre du film qui raconte la fin ! Un panneau au début du film qui raconte également la fin !

Vraiment n'im-por-te quoi !

Tiens ! puisqu'on parle musique : on n'y entend pas du Wagner (ouf !), mais un bout de sonate pour piano de Beethoven. Un truc méga connu dont je ne pourrai pourtant pas vous dire le titre !

ouannier a écrit:

... l'adaptation cinématographique du célèbre et fameux roman, et pour cause, d'Agatha Christie ...

Tiens amusant, celui que j'ai regardé hier soir était aussi du Agatha Cricri, mais pas un navet, un très bon travail (alimentaire?) de Wilder, Témoin à charge. Le réalisateur s'efface ici devant les monstres sacrés du casting, Laughton, truculent, et Dietrich, ya, qui prend au passage quelques vannes anti-allemandes dans les gencives. Marrant de voir que cet honnète polar a été tourné juste avant le chef-d'oeuvre Certains l'aiment chaud et après le non moins grandiose Sunset Blvd, on lui donnerait dix ans de plus sans sourciller ...

J'ai visionné tout à l'heure Taking Sides, le cas Furtwängler d'Istvan Szabo, diffusé il y a quelques jours sur France 2, tard dans la nuit bien sûr. La critique était plutôt mauvaise au moment de sa sortie en salles (en 2002 en France) et je comprends pourquoi : pas de scénario, on revient toujours aux mêmes scènes (confrontations Furt vs l'officier US), acteurs peu convaincants, situations caricaturales... Et puis sur le fond du problème, j'ai trouvé le propos bien moralisant.

Enfin tout ça, ça m'a donné envie de réécouter la 5e de Beethoven, enregistrement de 1943, of course!

Il existe un enregistrement avec Furtwângler chez DGrammophon de 1944 je crois où l'on entend les bombes américaines au lointain... Faudra que je retrouve les coordonnées exactes

ouannier a écrit:

Citation :

d) Je klaxonne

Je n'ai compris la blague que hier au soir dans mon pieu, je me marreais tout seul à 1h00 du matin comme un gros couillon.
Jeune internaute, je ne savais pas qu'il fallait absolument une réponse qui n'avait rien à voir, ceci dit, le coup du klaxonne est pas mal du tout. Xavier, est-ce que je peux changer ?

Bien content d'avoir gaché ta nuit.

Ceci dit, pour comprendre, il faut avoir passé le permis de conduire.

Au code, il y a tres souvent une réponse "d) Je klaxonne" completement absurde quand ils manquent d'imagination.

Genre "Il se met à pleuvoir
a) j'allume les phares
b) jallume les feux anti brouillard
c) j'active les essuis glaces
d) je klaxonne"

ou bien, s"ous un panneau d'interdiction de stationner
a) je peux stationner
b) je peux m'arreter quelques instants
c) je dois continuer ma route
d) je klaxonne"

ou "un vehicule me depase
a) j'accelere
b) je ralenti
c) je garde ma vitesse
d) je klaxonne"

Geronimo a écrit:

dernièrement, j'ai vu Pluie noire de Sohei Imamura. Après la vision, et vu le contexte actuel autour du nucléaire, je suis resté songeur et triste de vivre sur une planète de fous.
la bof, c'était du Takemitsu

superbe BO d'ailleurs

Bezout a écrit:

Ceci dit, pour comprendre, il faut avoir passé le permis de conduire.

j'ai eu 0 fautes au code (tant dans le civil qu'à l'armée) - l'un des rares trucs où j'étais le premier en classe

Hier, il y avait Cuisine et dépendance sur la deuxième chaîne. C'est une adaptation cinématographique de la pièce de théâtre du même nom, écrite par le couple Jaoui/Bacri. Comme d'habitude, les dialogues m'ont fait mourrir de rire. C'est tout à fait dans la même veine que Comme une image et le goût des autres en peut-être un petit peu moins bien fait. Le casting regroupait la pléiade d'acteurs français que personnelement, j'adore. Daroussin, Bacri le mysanthrope, Jaoui, Karmann (Emile dans La cité de la peur), Zabou (première fois que je la voyait celle-là). Si je devais comparer ce film à une musique. Je dirais une symphonie de Chostakovitch pour la (très très) forte dose de caféine pure qu'on a la sensation d'ingurgiter avec une seringue dans les veines. Ca n'arrête pas. Les acteurs sont dégeantés, énervés, fatigués, le tout sur une musique de flamenco pour le moins ENERVANTE :shaking2:.

ouannier a écrit:

Hier, il y avait Cuisine et dépendance sur la deuxième chaîne. C'est une adaptation cinématographique de la pièce de théâtre du même nom, écrite par le couple Jaoui/Bacri. Comme d'habitude, les dialogues m'ont fait mourrir de rire. C'est tout à fait dans la même veine que Comme une image et le goût des autres en peut-être un petit peu moins bien fait. Le casting regroupait la pléiade d'acteurs français que personnelement, j'adore. Daroussin, Bacri le mysanthrope, Jaoui, Karmann (Emile dans La cité de la peur), Zabou (première fois que je la voyait celle-là). Si je devais comparer ce film à une musique. Je dirais une symphonie de Chostakovitch pour la (très très) forte dose de caféine pure qu'on a la sensation d'ingurgiter avec une seringue dans les veines. Ca n'arrête pas. Les acteurs sont dégeantés, énervés, fatigués, le tout sur une musique de flamenco pour le moins ENERVANTE :shaking2:.

J'ai zappé sur le policier de la Une.

Cuisine & Dépendances est un film où la plupart des personnages sont hyper agressifs. Et sur une 1h30 (voire plus), c'est franchement fa-ti-gant !

Médaille d'or de l'agressivité à Zabou.

On retrouve à peu près la même ambiance dans Un air de famille (à l'exception de deux personnages).

D'accord pour la médaille, j'avais envie de la baffer celle-là.
Sinon, Tristan, j'ai le souvenir de l'avoir vu au cinéma. C'est franchement bof. La musique est jolie cependant (j'adore les sixtes mineures cf le renoncement à l'amour dans la tétralogie)

ouannier a écrit:

D'accord pour la médaille, j'avais envie de la baffer celle-là.
Sinon, Tristan, j'ai le souvenir de l'avoir vu au cinéma. C'est franchement bof. La musique est jolie cependant (j'adore les sixtes mineures cf le renoncement à l'amour dans la tétralogie)

Je l'avais pas vu. Une découverte. J'ai marché au suspens. Après, forcément, plutôt déçu. (Nicole Garcia avec sa perruque : )

ouannier a écrit:

Hier, il y avait Cuisine et dépendance sur la deuxième chaîne. C'est une adaptation cinématographique de la pièce de théâtre du même nom, écrite par le couple Jaoui/Bacri. Comme d'habitude, les dialogues m'ont fait mourrir de rire. C'est tout à fait dans la même veine que Comme une image et le goût des autres en peut-être un petit peu moins bien fait. Le casting regroupait la pléiade d'acteurs français que personnelement, j'adore. Daroussin, Bacri le mysanthrope, Jaoui, Karmann (Emile dans La cité de la peur), Zabou (première fois que je la voyait celle-là).

j'adore ce film moi aussi (je l'ai vu au moins 2 ou 3 fois), et Zabou et Agnès Jaoui sont particulièrement mignonnes !!

Stanislas Lefort a écrit:

Cuisine & Dépendances est un film où la plupart des personnages sont hyper agressifs. Et sur une 1h30 (voire plus), c'est franchement fa-ti-gant !

en même temps, on n'est pas loin de la vie réelle... on peut pas dire que la vie occidentale actuelle soit super "zen", non ?

Shaun of the dead: Excellent divertissement sur le mode gore! Poilant!

J'ai aussi revu les 2 Spiderman de Sam Raimi, et j'aime toujours autant; voilà du bon blockbuster.

Et Scanners, un de mes Cronenberg préférés, un film très fort.

Bacri-Jaoui... un cinéma d'une justesse remarquable, mais aussi d'une grande humanité; on reconnaît forcément des gens qu'on connaît dans leurs personnages.
Je suis très client de Cuisines ou d'un Air de famille.

Xavier a écrit:

Et Scanners, un de mes Cronenberg préférés, un film très fort.

un très bon film de SF angoissante (mention spéciale pour la musique avant-gardiste de Shore) mais Cronenberg a fait encore plus fort plus tard ...

Xavier a écrit:

Bacri-Jaoui... un cinéma d'une justesse remarquable, mais aussi d'une grande humanité; on reconnaît forcément des gens qu'on connaît dans leurs personnages.
Je suis très client de Cuisines ou d'un Air de famille.

idem, j'adore le couple : Jaoui et son charme fou et le coté grognon et franc du collier du génial J.P.Bacri ("Mollo sur le destroy !!!!" ) - quand il parle, c'est à pisser de rire...

le film de Sam Karmann, "Kennedy et moi" est également excellent, j'ai adoré la prestation un peu hallucinée de Bacri là dedans

J'ai vu Cuisines et Dépendances dans une autre mise en scène, par une petite troupe de jeunes comédiens, et.... c'etait tres mauvais. Mais l'ennuie profond de ce spectacle devait certainement venir des comédiens médiocres. Si a l'origine c'est drole, là c'etait l'inverse, et ça faisait tres superficiel et prévisible

2046 de WONG Kar-wai. Plaisir coupable d'esthète, je le confesse. Mais quel pied. De plus, l'histoire n'est tant point creuse qu'on le dit si souvent et reste cohérente tout du long dans sa peinture d'une psychologie peut-être complexe mais très touchante.

J'ai été déçu par 2046, surtout de ne pas y avoir retrouvé la poesie et la subtilité d'In the mood for love. 2046 me parait très "1er degré", et n'exploite pas en demi teinte les thèmes récurents de Wong Karwai comme ITMFL.

Ce n'est pas un mauvais film, loin de là, mais quand on vois tout les précedents de Wong Karwai, on a l'impression qu'à vouloir stigmatiser et expoiter le petit truc magique qui faisait de ses films de grandes oeuvres, ça a produit l'effet inverse en le détruisant. Un peu comme s'il avait voulu toucher à sa madeleine.

Personne n'aime ce film à part ma femme et moi . Mais ce n'est pas grave .

Tu as vu ses autres films?
Sinon je n'ai pas dis que je n'aimais pas (c'est quand même Wong Kar Wai !), c'est juste que j'aurais voulu quelque chose dans la même veine que ses autres films.

Bezout a écrit:

Tu as vu ses autres films?
Sinon je n'ai pas dis que je n'aimais pas (c'est quand même Wong Kar Wai !), c'est juste que j'aurais voulu quelque chose dans la même veine que ses autres films.

Pas tous mais pour le moment j'aime tous ceux que j'ai vu sans exception. Chouette coffret chez ARP/TF1 mais l'image est un peu fadasse, ce qui est vraiment dommage Pour un WKW.

Oui ce coffret n'est pas d'une grande qualité Et le pire, ce sont les "Le Tarantino d'Asie" écrit un peu partout.... n'importe quoi...

AlexRow a écrit:

2046 de WONG Kar-wai. Plaisir coupable d'esthète, je le confesse. Mais quel pied.

Pourquoi plaisir coupable d'esthète ? C'est un film très esthétisant certes, mais qui n'en reste pas moins du très grand cinéma.

AlexRow a écrit:

De plus, l'histoire n'est tant point creuse qu'on le dit si souvent et reste cohérente tout du long dans sa peinture d'une psychologie peut-être complexe mais très touchante.

Bah voilà, tu as bien résumé. En quoi alors cela reste-t-il coupable de voir 2046 ? Je ne comprends pas.

RandallBoggs a écrit:

Bah voilà, tu as bien résumé. En quoi alors cela reste-t-il coupable de voir 2046 ? Je ne comprends pas.

Parce qu'il est difficile d'avoir raison contre tous .

AlexRow a écrit:

Personne n'aime ce film à part ma femme et moi . Mais ce n'est pas grave .

Mauvais entourage, changer d'entourage. Dans mon cas, c'est le contraire, tout le monde aime ce film, peu ne l'apprécient pas. Il est dans la droite ligne d'In the Mood for Love, c'est même le dernier volet du triptyque composé de Days of Being Wild et In the Mood for Love. Je ne comprends pas trop ce qu'on peut lui reprocher lorsqu'on a apprécié les deux premiers volets.

Citation :

Je ne comprends pas trop ce qu'on peut lui reprocher lorsqu'on a apprécié les deux premiers volets.

Comme je l'ai dis, le fait qu'il soit beaucoup moins subtile et poetique que les precedents. Par exemple dans ITMFL, jamais l'idée du bonheur perdu (recurente chez WKW) n'est exprimée concretement. Le point culminant de ce non-dit se trouvera à la fin, quand il parle au trou dans la pierre. Alors que 2046, c'est tout l'inverse, le va raconter du début à la fin qu'il est malheureux d'être passé à côté de l'amour de sa vie (Maggie Chang).

Pareil pour les amants, on ne voit que leur silhouette dans ITMFL, leur relation n'est que signifiée, alors que dans 2046 on voit carrement leurs ébats amoureux. Ce n'est quand même pas le même degré de finesse.

Et au niveau de la réalisation, 2046 est très lent (revoyez ITMFL, malgrès l'apparente lenteur, c'est ultra rapide et soutenu dans le rythme). Les mauvaises langues pourraient même dire que c'est une auto parodie du saop-movie

Bezout a écrit:

J'ai vu Cuisines et Dépendances dans une autre mise en scène, par une petite troupe de jeunes comédiens, et.... c'etait tres mauvais. Mais l'ennuie profond de ce spectacle devait certainement venir des comédiens médiocres. Si a l'origine c'est drole, là c'etait l'inverse, et ça faisait tres superficiel et prévisible

à l'origine c'est drôle mais sans Bacri et son tronche unique, c'est vrai que c'est pas forcement facile à jouer... il faut de très bons comédiens je pense, sinon c'est pas la peine.

Au fait, Bacri joue quel personnage? Celui du profiteur qui arnaque et vole tout le monde?

Je trouve que 2046 marque plutôt un beau retournement dans la psychologie du personnage principal. Je ne pense pas qu'il est malheureux, mais qu'il a abandonné toute idée de bonheur personnel. Il reste cependant touché par le bonheur des autres (la fille du patron et son amant japonais) et cultive le frisson de la rencontre et de la liaison charnelle. Le rythme est effectivement beaucoup plus contemplatif mais est en parfaite adéquation avec ce mouvement intérieur fait de langueurs sensuelles et hautement esthétiques. Il fait de la vie un art. J'ai vraiment été bouleversé par ce film et il me semble qu'il conclut avec maestria ce cycle.

Bezout a écrit:

Au fait, Bacri joue quel personnage? Celui du profiteur qui arnaque et vole tout le monde?

Je ne suis pas d'accord avec ta vision du personnage (enfin c'était peut-être mal joué), mais ce personnage est joué par Darroussin; Bacri joue (comme d'habitude) celui qui fait la gueule et boude dans la cuisine.

Xavier a écrit:

Bezout a écrit:

Au fait, Bacri joue quel personnage? Celui du profiteur qui arnaque et vole tout le monde?

Je ne suis pas d'accord avec ta vision du personnage (enfin c'était peut-être mal joué), mais ce personnage est joué par Darroussin; Bacri joue (comme d'habitude) celui qui fait la gueule et boude dans la cuisine.

tout à fait , c'est Darroussin qui fait le numéro du pique-assiette mollasson, et j'adore Bacri quand il parle au téléphone pour réserver (je crois) une chambre d'hôtel, faut voir la gueule qu'il tire !! c'est d'un réaliste, on s'y croirai !!!

Bezout a écrit:

Comme je l'ai dis, le fait qu'il soit beaucoup moins subtile et poetique que les precedents. Par exemple dans ITMFL, jamais l'idée du bonheur perdu (recurente chez WKW) n'est exprimée concretement. Le point culminant de ce non-dit se trouvera à la fin, quand il parle au trou dans la pierre. Alors que 2046, c'est tout l'inverse, le va raconter du début à la fin qu'il est malheureux d'être passé à côté de l'amour de sa vie (Maggie Chang).

Pareil pour les amants, on ne voit que leur silhouette dans ITMFL, leur relation n'est que signifiée, alors que dans 2046 on voit carrement leurs ébats amoureux. Ce n'est quand même pas le même degré de finesse.

Et au niveau de la réalisation, 2046 est très lent (revoyez ITMFL, malgrès l'apparente lenteur, c'est ultra rapide et soutenu dans le rythme). Les mauvaises langues pourraient même dire que c'est une auto parodie du saop-movie

Bon, j'ai farfouillé dans ma mémoire. J'ai vu 2046 à sa sortie. Et ça fait un certain temps que je n'ai pas revu ni In the Mood for Love, ni Days of Being Wild.

Et si tout simplement il ne fallait pas s'attendre à voir un In the Mood for Love (ITMFL) bis ? Je te rappelle que 2046 a autant à voir avec Days of Being Wild (DOBW), son second film, qu'avec ITMFL. On trouve déjà dans DOBW cette espèce de suspension du temps, cette dilatation des durées, que tu reproches à 2046. Le personnage de Carina Lau qui se fait trucider au début de 2046, c'est la même Mimi que le personnage un peu fou de DOBW (qui se termine par un plan sans rapport aucun avec le reste du film qui nous montre un Leung de dos).

2046 part du le constat d'échec cuisant de la relation avortée entre Leung et Cheung. À partir de là, il devient totalement cynique avec les femmes, leur faisant payer son erreur passée de n'avoir pas su exprimer ses sentiments (cf. la scene d'adieu déchirante sur le palier de Zhang à la fin du film. Quel plan sur les mains de Zhang qui se crispent). Il y a deux phrases-clés dans 2046 que Wong passera son temps à mettre en exergue dans 2046 et qui sont à peu près « Tout souvenir est baigné de larmes » et « On peut passer à côté de l'âme-soeur si on la rencontre ou trop tôt, ou trop tard ». Leung est passé à côté de Maggie Cheung. Comme il est trop tard, il a en quelque sorte décrété qu'il n'aimerait plus jamais, un peu à la manière du personnage de Leslie Cheung dans DOBW.

En partant de cette hypothèse, Wong dépeint ce qui se déroule dans la tête de Leung. Tu sembles te focaliser sur le côté démonstratif de certaines scènes. Il ne s'agit en somme que de la partie avec Zhang. Et elles ne sont qu'une partie du film. L'histoire avec Gong Li est toute autre, je ne parle même pas de celle avec Faye Wong (changement de photo au passage, dans des couleurs plus froides). Avec elle, son cynisme baisse la garde et ses relations sont bien moins explicites qu'avec Zhang. Là, il retrouve une partie de son passé dans le couple qu'elle forme avec son fiancé japonais, un peu maudit par la séparation géographique et linguistique. Couple qu'il observe, à qui il donne quelques coups de pouce et même l'impulsion finale (coup de fil cadeau de Noël). C'est la seule femme avec qui il ne se passera rien.

Enfin, toutes ces histoires se retrouvent dans le roman-trou-dans-l'arbre qu'il écrit. Cette idée d'androïdes aux sentiments différés, ne serait-ce que de ce point de vue, est très bien trouvée.

2046 est totalement Wongien dans sa façon de montrer la paralysie des personnages due à leur passé (un peu comme dans Ashes of Time, mon film préféré de lui). Je ne vois pas en quoi ce film se démarque donc de toute sa production et pourrait décevoir. Quant à la poésie, les images suffisent à elles-mêmes et la mise en scène est tout à fait celle qu'on pouvait attendre de Wong qui exploite à merveille l'espace horizontal du format Scope. Le choix de la photographie pour les différentes époques est on ne peut plus judicieux. À mon sens, 2046 est une sorte de synthèse de la filmographie de Wong et c'en est une grande réussite.

Pour résumer, c'est comme en musique, 2046 est le troisième mouvement d'un sonate qui succède à DOBW et ITMFL. C'est donc normal qu'il s'en démarque.

Citation :

J'ai vraiment été bouleversé par ce film et il me semble qu'il conclut avec maestria ce cycle.

Au fait tu as quel age?
Avec ma copine et ma mère, on s'est dit qu'il fallait peut être avoir une certaine expérience de la vie pour être touché par 2046.

Sinon pour Xavier, dans la mise en scène que j'ai vu, ce personnage est montré comme un macro (à tout point de vu), et vraiment comme un profiteur. Maintenant, vu la pietre qualité du jeu, la mise en scène et la lecture de la pièce doit certainement être du même niveau....

Bezout a écrit:

comme un macro (à tout point de vu)

on voit l'informaticien plongé dans son Word et Excel

on dit "Maquereau" (comme le poisson )

Ah oui c'est vrai...
Mais je ne suis pas du tout informaticien, et je ne veux pas le devenir !

Bezout a écrit:

Citation :

J'ai vraiment été bouleversé par ce film et il me semble qu'il conclut avec maestria ce cycle.

Au fait tu as quel age?
Avec ma copine et ma mère, on s'est dit qu'il fallait peut être avoir une certaine expérience de la vie pour être touché par 2046.

Je suis un vieux de 32 ans . Je ne sais pas s'il faut avoir de l'expérience, mais je suis sûr que ce film touche certaines sensibilités plus que d'autres. Note bien que je ne dis absolument pas que ne pas l'apprécier signifie ne pas être sensible. Il ya des choses qui touchent beaucoup de gens et me laissent froid. Il doit certainement se créer une sorte d'alchimie entre l'objet et le spectateur.

Citation :

Je ne vois pas en quoi ce film se démarque donc de toute sa production et pourrait décevoir.

Bah écoute, je suis loin d'être le seul. Même ma copine (réalisatrice) qui est fan de WKW et qui le connait sur le bout des doigts à été déçu. C'est indéniable et très flagrant, il a voulu aller "encore plus loin" dans 2046 que dans ses autres films, mais il a touché à ce qu'il ne fallait pas. Et malheureusement, il n'a pas maitrisé cet élement, qui si dans les autres films fait tenir tout l'ensemble, le fait tomber dans 2046. C'est pour ça que tout ce qui peut être criticable chez lui (le saop movie, les ralentis à outrance, les compositions de cadre exagéré, les longs plans sur de la fumée, des mains, etc...) ne passe pas bien dans ce film (alors que ça fait la merveille des autres). On retrouve bien l'esthetique de WKW, mais vidée de son sens. C'est ça que je reproche à ce film.

D'ailleur, quelques mois avant sa sortie, j'assistais un mixeur sur un autre film, et celui ci revenait de la boite de production de 2046. Apparement c'etait la panique totale, WKW modifiait chaque jours le montage, il fallait constament tout refaire derrière car il n'était jamais content. Donc bref, ça veut tout dire sur la maitrise du film (surtout quand on connait les conditions de tournage de ses films, c'est quelqu'un d'inspiré sur l'instant, et qui essaie de tout recoller ensuite).

Par contre, vous avez vu Eros ? WKW est de retour en pleine forme avec The Hand.

Bezout a écrit:

D'ailleur, quelques mois avant sa sortie, j'assistais un mixeur sur un autre film, et celui ci revenait de la boite de production de 2046. Apparement c'etait la panique totale, WKW modifiait chaque jours le montage, il fallait constament tout refaire derrière car il n'était jamais content. Donc bref, ça veut tout dire sur la maitrise du film (surtout quand on connait les conditions de tournage de ses films, c'est quelqu'un d'inspiré sur l'instant, et qui essaie de tout recoller ensuite).

Il a toujours travaillé ainsi . Sinon, je pense qu'en le revoyant dans quelques années à tête reposée tu apprécieras sûrement davantage 2046. Tu verras que ces plans ne sont pas vides de sens mais qu'ils emploient un langage visuel pour rendre des états d'âmes... et comme il s'agit de ceux d'un homme qui a décidé de ne plus maîtriser sa vie mais de divaguer et de se laisser porter, il n'y a plus de structure narrative ferme. Ce n'est pas un essoufflement de WKW mais l'aboutissement d'un cycle... quand on accepte de vivre en sachant que la vie n'a pas de sens et que l'on finit toujours par abîmer ce que l'on souhaite préserver. Je me répète mais je trouve 2046 bouleversant.

Ah par contre niveau narration, là c'est moi qui ne comprend pas les gens qui ont trouvé ça mauvais Je ne vois vraiment pas où est le problème (et niveau éclatage, d'autres ont fait pire et moins compréhensible). La plupart des personnes ont voulu y voir une suite d'ITMFL, car il y a le même personnage. Mais ce n'est pas le cas, c'est plutôt une autre histoire avec des éléments d'ITMFL. Les deux se font référence l'un à l'autre.

P.S: je l'ai vu 2 fois au ciné, j'avais été le revoir car m'oter la deception.

Bezout a écrit:

Bah écoute, je suis loin d'être le seul. Même ma copine (réalisatrice) qui est fan de WKW et qui le connait sur le bout des doigts à été déçu.

Euh... c'est censé être un argument imparable ?

Bezout a écrit:

C'est indéniable et très flagrant, il a voulu aller "encore plus loin" dans 2046 que dans ses autres films, mais il a touché à ce qu'il ne fallait pas. Et malheureusement, il n'a pas maitrisé cet élement, qui si dans les autres films fait tenir tout l'ensemble, le fait tomber dans 2046. C'est pour ça que tout ce qui peut être criticable chez lui (le saop movie, les ralentis à outrance, les compositions de cadre exagéré, les longs plans sur de la fumée, des mains, etc...) ne passe pas bien dans ce film (alors que ça fait la merveille des autres). On retrouve bien l'esthetique de WKW, mais vidée de son sens. C'est ça que je reproche à ce film.

J'ai bien compris ton point de vue, mais je répète qu'en voyant ce film comme un troisième volet, il tient ses promesses ; pour moi, il a dépassé toutes mes espérances, dans la mesure où je ne savais pas à quel point on pouvait le relier à DOBW (je suppose que tu l'as vu, non ?). 2046 est une très belle façon de faire une synthèse de son oeuvre passée. Pour en revenir au côté esthétisant, je ne crois pas que Wong ait jamais autant travaillé sur la photo, absolument splendide dans ce film et en totale adéquation avec les différentes parties du récit. Après qu'il ait franchi les frontières de l'acceptable ou pas, c'est une affaire d'appréciation (c'est un peu comme considérer Antonioni --- qui filme très bien le vide --- comme un réalisateur chiant à mourir et sans intérêt ou voir en lui un immense réalisateur) et bon nombre de détracteurs de Wong commencent leurs attaques en lui reprochant son maniérisme.

Sinon, je n'ai pas compris la première fois déjà, alors je pose la question : c'est quoi un saop movie ? Moi, je connais soap-opera, dont sitcom est l'équivalent français. Et je ne vois pas le lien entre 2046 et une sitcom.

Bezout a écrit:

D'ailleur, quelques mois avant sa sortie, j'assistais un mixeur sur un autre film, et celui ci revenait de la boite de production de 2046. Apparement c'etait la panique totale, WKW modifiait chaque jours le montage, il fallait constament tout refaire derrière car il n'était jamais content. Donc bref, ça veut tout dire sur la maitrise du film (surtout quand on connait les conditions de tournage de ses films, c'est quelqu'un d'inspiré sur l'instant, et qui essaie de tout recoller ensuite).

Il y a une différence entre la panique dans la boîte de production et la panique dans la tête de Wong. Wong procède à un gros travail de montage après tournage ; je crois qu'il fait plein de prises réutilisables ensuite à différentes fins. J'ai cru entendre que sur un DVD de ITMFL, on a droit à un bonus avec une fin toute autre, montrant des relations entre Cheung et Leung qui seraient allées un peu plus loin qu'il n'y paraît dans la version en salle. Moi, je n'en sais rien, je ne vois les films qu'en salle.

Bref, Wong était en plein montage. Il n'était pas content à l'époque. Et alors ? C'était combien de temps avant la version finale ? Je ne parle même pas de celle que les gens ont pu voir à Cannes où les images du futur n'étaient pas finies, encore en noir et blanc.

Bezout a écrit:

Par contre, vous avez vu Eros ? WKW est de retour en pleine forme avec
The Hand.

C'est curieux de dire qu'il est de retour, dans la mesure où Éros, si je ne m'abuse, a été tourné quasiment pendant le tournage de 2046, voire avant la séquence avec Gong Li (relire le Positif consacré à la sortie de 2046) et que les images de l'un font écho à celles de l'autre (je dis cela, je ne l'ai pas vu, il n'est pas sorti sous mes latitudes et j'espère qu'il passera encore à Paris dans un mois quand je reviendrai en France). Un peu comme Ashes of Time (lui aussi un tournage à rallonge épique) et Chungking Express.