Votre dernier film visionné

Marguerite Duras : Les mains négatives        1978


Comme souvent avec Duras, c'est le texte qui me détourne (pas dans le bon sens) du film : ici, on filme une déambulation dans les rues de Paris à l'aube et un texte est récité par Duras elle-même, texte typiquement durassien autour de l'amour (mais cela dit, un peu différent car il y a cette histoire de mains négatives - des empreintes (enduites de couleur) de mains retrouvées sur les parois de certaines grottes) ; le film est également (absolument) durassien au sens où tout est centré sur la voix (l'image est ici générique, durassienne également (la sortie de la nuit, le vide) mais elle est là comme s'il ne fallait pas qu'elle gêne (ou interfère avec la voix, première)), les mains et l'amour. Ça ne me passionne pas des masses du coup mais je dois dire que certains passages du texte sont assez beaux et les images de Paris de la fin des années soixante-dix à l'aube sont assez belles (bah oui, Pierre Lhomme, ça aide un peu) ; en somme, sans doute un de mes Duras préférés - à relativiser, hein : préféré parmi les films réalisés par Duras.

Xavier a écrit:

C'est peut-être mon choc ciné de l'année dernière.
Du cinéma vraiment différent, vraiment original.

Ça, c'est clair ; tu as vu leurs autres films ? Si oui, sont-ils du même niveau ou sont-ils plus conventionnels ?

Je n'ai vu que l'Etrange couleur des larmes de ton corps, j'ai moins aimé, mais ce n'est pas plus conventionnel, loin de là! (et encore plus gore je crois)

Ann Sirot et Raphaël Balboni
Une vie démente

Sur un sujet délicat, le déclin cognitif d'un proche, ici une mère aimée. Avec humour et tendresse, une jolie façon de ne pas se laisser ensevelir. La pochette rend compte de la transformation insensible du décor, qu'envahit cette trame de fond, que j'ai interprétée comme la "noyade" des aidants. Mais non, le mort ne saisira pas le vif !
Joli court métrage aussi dans le DVD : Avec Thelma

Emeryck a écrit:

en somme, sans doute un de mes Duras préférés - à relativiser, hein : préféré parmi les films réalisés par Duras.

Pareil - sauf pour l'incise finale: les films de Duras que j'aime, je les aime vraiment beaucoup. (Soit: Son nom de Venise dans Calcutta désert et Le Navire Night pour les longs, et pour les courts Les mains négatives, Césarée et les deux Aurélia Steiner - qui fonctionnent sur le même principe que Les mains négatives, en fait.)

Vénus et Fleur

+

Vortex

Evil Dead III

+

Lucrecia Martel
La femme sans tête

C'est curieux cette typo, avec certaines des lettres dotées d'une ascendante, hampe, haste ou jambage supérieur, en minuscule quand le corps du texte est en majuscule. Les b et les d auraient-ils aussi perdu la tête ? Cela m'a particulièrement frappé. Il est vrai, que je crains de m'être réveillé au générique de fin, qui en fait un usage éclatant - un vrai coup de cymbales !
Ensuite, j'ai vu le docu sur Lucrecia Martel, et j'ai tout compris. C'est bien, je n'ai plus besoin de voir les films.

Bertrand Blier : Tenue de soirée        1986

 +
Ce film est sans doute l'un des plus connus de la filmographie de Bertrand Blier, sans doute à la fois en raison de son affiche (où un des commentaires ("Putain de film !") apparait en plus gros que le titre du film - d'ailleurs, il y a une référence à ça dans Grosse fatigue de Michel Blanc) mais aussi en raison de son trio principal : initialement, il devait être formé du trio des Valseuses (Gérard Depardieu, Patrick Dewaere et Miou-miou) mais en raison de la mort de Patrick Dewaere, Blier a décidé de prendre Giraudeau (qui n'a pas pu) puis Michel Blanc. J'ai trouvé que ce trio fonctionnait finalement assez bien mais j'ai été un peu déçu par le film : dès le début, c'est du pur Blier mais je trouve que ce démarrage (très localisé) en trombe n'est pas soutenu jusqu'à la fin du film ; l'aspect axiomatique du démarrage rappelle d'ailleurs l'axiomatique du couteau de Buffet froid mais ce n'est pas du même niveau et j'avoue que je peine à voir où le film veut en venir, rien ne m'emporte véritablement. En plus, le fait de mettre en scène des personnages travestis semble être ici juste pour choquer sans qu'en soit dit rien d'intéressant, j'ai trouvé ça un peu fatiguant. C'est dommage que ça n'aille nulle part car il y a parfois des belles trouvailles dans les dialogues, l'aspect visuel (mise en scène et surtout photographie) est pas mal et certains seconds rôles sont assez soignés - je pense notamment à celui de Jean-Pierre Marielle.

François Ozon : La petite mort        1995

 + / 
Ce court-métrage d'une bonne vingtaine de minutes est typiquement ozonesque - vous me direz : "ça tombe bien, c'est réalisé par Ozon !" ; certes. On y suit Paul, un jeune homme ayant coupé les ponts avec son père (dont on apprend dans la scène d'introduction que lorsque la mère de Paul envoie une photo de ce dernier à la naissance de son fils, il dit que ça ne peut pas être son fils car il est trop laid) ; Paul est extrêmement complexé par son physique (étonnant !) et il est maintenant photographe amateur qui accumule les photos de son compagnon en train de jouir ; un jour, la sœur de Paul vient le voir pour lui dire que son père est mourant et qu'il serait bien qu'il vienne le voir à l'hôpital, il accepte et lorsqu'il y va, son père ne le reconnaît pas. Comme pour x2000, j'ai bien aimé l'ambiance du court-métrage et j'ai également aimé l'aspect contraire des trajectoires (presque morales) qui animent le film : le père de Paul était exécrable dès sa naissance, ç'a laissé des traces traumatiques ; à présent, il est au bord de la mort alors que son fils s'amuse avec son compagnon et capte la jouissance et dans cette perspective, le fait que le père ne le reconnaisse pas est logique sous l'angle de leurs trajectoires respectives : elles ne peuvent plus se rencontrer.

Tonino de Bernardi : Médée miracle        2007


Il y avait déjà quelques temps que je n'avais pas vu un film avec Isabelle Huppert (il faut dire qu'il ne me reste plus que les introuvables, ceux qui font peur et les très récents) et je dois dire que celui-ci se rapprocherait plutôt de la deuxième catégorie mais je lui ai tout de même donné sa chance. Comme le titre l'indique, il s'agit d'une adaptation du mythe de Médée, elle a lieu à l'époque contemporaine et en plein Paris et c'est bien sûr Huppert qui joue le rôle de Médée (ou plutôt Irène dans le film), une chanteuse de cabaret ayant fui son pays pour rejoindre à Paris un homme qu'elle aimait - qui va la quitter pour une autre femme - elle va ensuite rencontrer beaucoup d'hommes et systématiquement les quitter. Honnêtement, j'ai trouvé le film un peu pénible et pas très intéressant : tout ce truc de réaliser le mythe (avec des différences, d'ailleurs) dans un récit prétendument social souvent complètement superficiel m'a pas mal agacé et puis, le jeu des différences, ça ne m'a pas non plus passionné ; du coup, il ne reste plus rien, en fait. En fait, de manière générale, le processus général du film me semble tellement attendu - mais au moins, c'est moins agaçant que dans L'amore nascosto avec lequel il partage cet aspect très cousu-de-fil-blanc et une composante psychologique assez ridicule.

Patricia Mazuy : Travolta et moi        1994

 + / 
J'avais déjà parlé de la série de téléfilms Tous les garçons et les filles de leur âge produite par Arte au milieu des années 90 lorsque j'avais parlé de L'eau froide d'Olivier Assayas et U.S. go home de Claire Denis ; ici, il s'agit d'un autre téléfilm de cette série et c'est à mon avis le plus réussi des trois - le Denis n'est pas en reste non plus, il partage d'ailleurs avec le Mazuy le fait d'avoir une bande originale très bien fournie et plaisante ; dans la bande originale de Travolta et moi, on trouve bien sûr les Bee Gees mais aussi Bob Dylan, Aerosmith, les Rolling Stones, Earth, Wind & Fire, Nina Hagen, The Clash mais ou même encore des chanteurs français comme Joe Dassin, Jacques Higelin et Michel Polnareff et tout est très bien géré. L'histoire est finalement assez simple : le film se passe dans les années soixante-dix à Châlons-sur-Marne, un adolescent rencontre une adolescente dans un bus et suite à un pari avec ses amis, il décide de lui donner rendez-vous à la patinoire sauf que les parents (boulangers) de celle-ci veulent qu'elle s'occupe de la boulangerie le même jour. Ce que j'ai beaucoup aimé de manière générale, c'est la générosité du film : au début, l'adolescente est un peu coincée dans la boulangerie mais c'est alors tout un monde qui est déployé devant nous, que ce soit en terme de clients ou de réactions de l'adolescente ; ensuite, le gars se pointe et ils partent finalement à la patinoire - pour une (très belle) scène de patinage artistique sur Et si tu n'existais pas de Joe Dassin, il fallait le faire ! J'ai trouvé que de manière générale, le film rendait assez apparent cette espèce de logique d'opposition des parents et de l'enfant (peut-être un peu primaire mais ça marche bien et l'ambition du film n'est pas véritablement de raconter quelque chose là-dessus) à travers l'enfermement puis l'explosion (cette scène de patinage me semble assez parlante en terme d'explosion) : on essaie de restreindre les personnage (en les assignant à un lieu donné, sans volonté nécessairement coercitive) mais finalement tout explose, c'est en ce sens que je dis que le film est généreux. On pourrait également parler du rapport de l'adolescente à Travolta et à Saturday night fever mais j'avoue que ça m'a nettement moins intéressé - peut-être ça viendra au deuxième visionnage. Ce film m'a beaucoup enthousiasmé, d'autant plus qu'il ne dure qu'un peu moins d'une heure dix.

Claude Goretta : Le fou        1970

 + / 
Comme pas mal de gens, de Goretta, je ne connaissais que La dentellière notamment parce que c'est sans doute un des films qui a véritablement lancé la carrière d'Isabelle Huppert ; j'avais beaucoup aimé ce film mais je n'avais pas poussé plus loin. Le pitch de ce film est très simple : un homme très réglé ayant des responsabilités dans une petite entreprise tombe malade et est mis sur le carreau ; il décide alors de voler. J'ai été assez intéressé par la manière dont le film fait apparaître des processus (ici, la seconde partie découle vraiment complètement de la mise du personnage sur le carreau) et des dispositifs - cette manière de filmer les gestes de manière très technique (la découpe du verre, le décollage des autocollants sur les enveloppes, la captation, etc.). En fait, je trouve que cette manière de faire se retrouve dans tous les films du nouveau cinéma suisse que j'ai vus (je sais pas si je suis juste tombé sur les bons films - c'est toutefois un peu moins présent dans La dentellière même si tout de même), en tout cas ça me plait beaucoup et en fait, je trouve que ça donne une sorte d'incarnation cinématographique du matérialisme et ça donne à chaque fois des films très intéressants et agréables ; en plus, pour celui-ci, on a un François Simon bien convaincant et un assez beau noir et blanc - dommage que le mixage sont soit totalement aux fraises, peut-être qu'il s'agit d'un défaut de ma copie.

Mathieu Amalric : Mange ta soupe        1997

 + / 
Ce film est le premier long-métrage de Mathieu Amalric, il est en fait assez court - un peu moins d'une heure dix. L'histoire est d'inspiration autobiographique et met en scène un fils (dont on ne sait pas grand-chose) qui revient épisodiquement chez sa mère critique littéraire dont la maison est littéralement envahie par les livres et son fils essaie tant bien que mal de vider un peu la maison. Ce que j'ai aimé dans ce film, c'est qu'absolument tout vient de cet encombrement de livre (qui n'est donc pas seulement montré) : c'est lui qui ouvre et ferme l'histoire, c'est lui qui régit le comique, c'est lui qui guide la trajectoire du personnage principal. J'ai trouvé ça assez amusant et effectif.

Emeryck a écrit:

Pierre Salvadori : La petite bande        2022

 +
Dernièrement, j'avais été vraiment conquis par le premier film de Salvadori (Cible émouvante) ; je crois que celui-ci est mon second préféré (les autres venant très loin derrière) : j'y ai retrouvé l'intelligence de mise en scène et les petites trouvailles de son premier film. Le film met en scène une bande de quatre (puis cinq, puis tragiquement quatre) enfants, il se passe dans un grand flash-back à l'intérieur duquel est racontée l'histoire de la petite bande et notamment leur envie de mettre le feu à une usine qui pollue une rivière pas loin d'eux : sacré programme. On va alors suivre toutes leurs mésaventures (le transport de l'essence, les ennuis collatéraux lors de l'arrivée à l'usine, etc.) ; j'ai beaucoup aimé tous les jeux avec les sortes de masques vénitiens qu'ils portent pour pas que leur otage ne les reconnaisse, notamment les jeux d'ombres. Ce qui m'a plu dans ce film, c'est la manière dont il mettait les enfants au centre, sans les prendre pour des guignols et faire une intrigue à ras-de-terre ; j'ai trouvé de plus que les dialogues et la dynamique du film donnaient beaucoup de légèreté, de drôlerie et d'élan au film : on est vraiment assez loin de la surenchère constante (et assez ridicule) de En liberté.

J'ai aimé aussi pour ma part également la drôlerie du film (ce désordre affolé qui accouche d'une efficacité sans faille), le jeu des acteurs et actrices (le si mal-aimé Aimé est vraiment excellent). Moins aimé la fin un peu pesante (les confessions.…).

Lionel Soukaz : Le sexe des anges        1977


Il s'agit de la première réalisation de Soukaz que je vois, il a (il me semble) été assez important dans la représentation des homosexuels dans le cinéma français notamment à travers de ses réalisations ; il a également œuvré pour la création de plusieurs festivals consacrés au cinéma gay - il a également réalisé un film en collaboration avec Hocquenghem dont il semblait assez proche. Ici, il s'agit d'un film assez foutraque qui nous parle de la sexualité des adolescents ; c'est également assez gênant puisqu'on a par exemple une scène où un prof a un élève sur ses genoux - d'ailleurs, l'année de sortie du film, c'est l'année où sort la tribune (signée par de nombreux/ses intellectuel(le)s) de dépénalisation de la sexualité des mineur(e)s. À part cet aspect problématique, le film a quelques scènes amusantes ("la politique et la sexualité devraient être aussi simples à comprendre que les paroles d'une chanson de rock") avec une bande originale assez improbable (et ironiquement utilisée) ; il démonte également quelques dualismes débiles du genre l'actif/le passif mais honnêtement, pas des masses et on a du mal à voir un fil directeur à part justement, ce sexe des anges et cette volonté de réajuster les régimes de visibilité - ce qui se retrouve également dans tout ce qu'il a fait pour les festivals de films gay : il ne s'agit pas seulement de faire des films avec des gays mais surtout de les montrer.

Luc Moullet : Parpaillon        1993

 + / 
J'avais pas mal parcouru les courts-métrages de Moullet il y a plusieurs mois mais je n'ai jusque-là vu aucun de ses longs-métrages à l'exception de Une aventure de Billy le Kid qui m'avait d'ailleurs moyennement convaincu - la qualité de la copie que j'avais n'aidant pas non plus véritablement. Ici, c'est un long-métrage nettement plus tardif, à peine plus long et à peine plus convaincant ; cela fournit d'ailleurs un bel exemple de flim sur le cyclimsme - nettement plus convaincant (de ce point de vue) que Ladri di biciclette de de Sica. En effet, on suit globalement les participant(e)s à une course de côte (appelée la course du Parpaillon) se déroulant dans le sud des Alpes ; comme vous vous en doutez sûrement, puisqu'on est chez Moullet, il ne va pas s'agir là de suivre une course dont la route serait le centre ; ce n'est d'ailleurs pas facile de résumer la démarche globale du film, je dirais que le film est porté par cette attention (usuelle chez Moullet) aux petits détails saugrenus (ici avec la mention des marques, ça donne des scènes du genre "eh vous ! vous n'avez pas vu mon vélo avec un dérailleur Shimano et une pompe Ursus ?" avec des tas de marques souvent inconnues). J'ai trouvé que ça ne marchait pas tellement, c'est extrêmement ponctuel et même s'il y a des reprises et variations dans le film, je trouve que ça ne suffit pas à rendre le film complètement saisissant ; je me demande si les autres longs-métrages de Moullet sont comme ça.

Jacques Richard : Rebelote        1984

 + / 
Il s'agit du premier film de Jacques Richard que je vois et j'avoue que je ne m'attendais pas du tout à ça : le film est dédié à J. E. (je pensais qu'il s'agissait de Jean Eustache mais j'en déduit qu'il s'agirait plutôt de Jean Epstein après avoir vu le film), il s'agit d'un film muet tourné dans le style du muet ; on y suit chronologiquement la vie du petit Rémi, de son enfance au pensionnat jusqu'à sa vingtaine, boucher puis projectionniste, un passage par la prison. En fait, le film est extrêmement feuilletonnant (à la fin, on peine presque à croire qu'il va se terminer un jour : on croirait presque qu'il est l'équivalent de ces chansons à boire où l'on peut rajouter à l'envi des couplets) et introduit beaucoup de personnages qui seront pour la plupart abandonnés sur le bas-côté. J'ai aimé que le film garde le cadre contemporain mais tourne à la manière du muet mais je trouve tout de même que l'histoire n'est pas des plus passionnantes ; certaines scènes sont tout de même assez drôles grâce à Jean-Pierre Léaud - qui n'est pourtant pas en roue libre. Je suis assez curieux de voir à quoi ressemblent les autres films de Jacques Richard car ils ont l'air d'être très différents.

Le Mépris

Ca faisait très très longtemps que je ne m'étais pas autant emmerdé devant un film.
Je me suis obligé à aller au bout... vraiment pour pas grand chose.

Je sais, ça doit être moi, mais je trouve que c'est mal joué, que les dialogues sont vains, qu'on se fout totalement des personnages, que la musique est plaquée et intervient n'importe comment... une horreur.
J'aurais même tendance à trouver ça comique.

Je crois que c'est la première fois que je déteste autant un film aussi réputé.

Oui, autant revenir aux vrais chefs-d'œuvre du cinéma français :

Jean Girault : Faites sauter la banque        1964


Ce film marque la deuxième collaboration de Jean Girault et Louis de Funès (qui s'allongera avec la série des Gendarmes et quelques films comme Jo dont j'avais parlé il y a plusieurs mois) ; il joue ici le rôle du gérant d'un petit magasin d'articles de chasse et de pêche qui décide de placer son argent sur les conseils d'un banquier (interprété par Jean-Pierre Marielle) qui lui suggère de placer son argent sur une société d'extraction de pétrole qui ferme peu de mois après ; pour se venger, sa famille et lui décident de creuser un tunnel pour faire la salle des coffres de la banque d'en face sauf qu'entre temps, la fille du personnage de de Funès est draguée par un gars qui n'est personne d'autre que le fils du banquier qui a roulé son père. Bref, le scénario est de facture assez classique mais honnêtement, j'ai trouvé que ça faisait le job : techniquement, c'est correct, les acteurices sont pas mal et le film est plutôt agréable à suivre même s'il ne raconte pas grand-chose.

Je vois sur l'affiche qu'il y a aussi le génial Claude Piéplu: est-ce qu'il a un second rôle assez développé, ou c'est juste une apparition?

Benedictus a écrit:

Je vois sur l'affiche qu'il y a aussi le génial Claude Piéplu: est-ce qu'il a un second rôle assez développé, ou c'est juste une apparition?

Il a un rôle de prêtre, assez ponctuel et beaucoup moins fourni que dans Les galettes de Pont-Aven de Séria. J'ai aussi aimé le rôle de Jean Lefebvre, assez lunaire (comme à son habitude).

Xavier a écrit:

Le Mépris

Ca faisait très très longtemps que je ne m'étais pas autant emmerdé devant un film.
Je me suis obligé à aller au bout... vraiment pour pas grand chose.

Je sais, ça doit être moi, mais je trouve que c'est mal joué, que les dialogues sont vains, qu'on se fout totalement des personnages, que la musique est plaquée et intervient n'importe comment... une horreur.
J'aurais même tendance à trouver ça comique.

Je crois que c'est la première fois que je déteste autant un film aussi réputé.

C'est ton 1° Godard ou quoi ?

Tout à fait.

Xavier a écrit:

Tout à fait.

Alors je comprends mieux ...
Cela dit c'est un de ses meilleurs et un des plus accessibles aussi (t'es prévenu).
Laisse le temps agir ... on sait jamais (ce fut le facteur pour moi).

Madeleine Collins

Climax

+

Norbert Moutier : Trepanator        1992


J'arrive enfin (avec un immense retard, je l'admets) à la filmographie de cet immense réalisateur français qu'est Norbert Moutier (alias N. G. Mount) ayant réalisé des films comme Dinosaur from the deep, Hemophilia ou Mad mutilator. J'ai choisi de commencer par celui-ci en raison de sa distribution : on y trouve des figures du cinéma fantastique/d'horreur comme Jean Rollin ou William Lustig ou même le critique Christophe Lemaire ; le pitch est assez simple mais le film n'est pas évident à raconter parce que ça part dans tous les sens : en gros, on suit les aventures d'un chirurgien américain qui fait de la transplantation (et même du trafic) de cerveaux. Le film ne se prend pas du tout au sérieux, le surjeu des acteurs est superlatif, les éléments pour donner un peu de crédibilité au contexte sont assez hilarants (par exemple, un match de superball où alternent un écran de télévision filmé et une reconstitution dérisoire où quatre clampins filmés en gros plan jouent - ah oui, on a aussi le droit à un bout de débat pour les élections présidentielles), tout ce qui est technique est également à la ramasse ; pour couronner le tout, le film est bien gore et crade : le curseur du grand-guignolesque est poussé au-delà du maximum et on a le droit à des ponctions à la perceuse, des trépanations à la scie circulaire ou à la tronçonneuse. En fait, je me demande si l'on peut passer au-delà de ce film dans le domaine du nanar - quel dommage qu'il n'existe qu'en cassette vidéo...

René Clair : À nous la liberté        1931

 +
Comme souvent avec les longs-métrages de René Clair, je ne suis pas complètement emballé : d'un côté, c'est assez plaisant d'un point de vue narratif, le fait que Clair se donne à fond dans le côté "fabriqué" du film est également plaisant mais de l'autre, le récit n'est jamais extrêmement fourni et donc assez peu passionnant. Ici, on pense pas mal à Modern times de Chaplin (qui sortira cinq ans plus tard) en raison de la critique du travail à la chaîne (même si elle est beaucoup moins approfondie ici, ce n'est d'ailleurs pas véritablement l'objet du film) ; le film commence sur la tentative d'évasion de deux détenus, l'un parvenant à s'évader, l'autre non ; celui qui a réussi à s'évader va se lancer dans le commerce de phonographes et de disques avec un succès mirobolant jusqu'à devenir patron d'une grande usine fabriquant ce genre de choses ; une fois dehors, son compère va s'enamourer d'une femme qui sera en fait de la famille d'un cadre dans l'entreprise de son ancien compagnon d'évasion ; lorsqu'ils vont se retrouver, le désormais patron va faire mine de ne pas reconnaître son compère. Dans ce film, j'ai aimé le parallèle entre les chaînes de production de l'usine et la prison - et la manière dont le film se moque de l'émancipation par le travail à l'usine. J'ai aussi aimé la manière dont le film utilisait le son : au-delà de l'importance du son dans l'histoire (on parle quand même d'un gars qui vend des disques et des phonographes), j'ai trouvé que le film, même s'il est sonore, n'est peut-être pas tout-à-fait parlant : la musique est plus présente que les paroles des personnages qui ne sont finalement pas si fréquentes, c'est comme si Clair nous disait que oui, il aurait pu choisir de faire du parlant pour que ça semble plus naturel mais qu'il préfère rester dans l'aspect très fabriqué dont je parlais au-dessus, c'est assez marrant.

Monsieur et madame Adelman

+

Bernard Chaouat & Patrice Duvic : Vampirisme        1967

 +
Il me semble que ce court-métrage d'une dizaine de minutes est l'unique réalisation de Chaouat et Duvic. Il s'agit d'une sorte de mockumentaire sur les prétendus vampires de Paris, reprenant de manière assez identifiable le canevas des documentaires en noir et blanc avec voix-off dans le style de Resnais ou Marker (d'ailleurs, le film cite un court-métrage de Resnais, avec son accord), c'est assez amusant.

Pierre Schoeller
Un Peuple et son Roi

Je suis vraiment resté sur ma faim. Je trouve le point de départ intéressant : se limiter à une période, du retour de Louis XVI à Paris (ramené de force depuis Versailles), à son exécution ; focaliser sur les rapports, parfois contradictoires et simultanés, du Peuple à son Roi. Mais pour des connaissances vacillantes, voire nulles, comme les miennes : j'en sors peu éclairé, et les tensions internes à cette période restent effleurées (girondins, montagnards, enragés, ami du peuple, ou Marat histrionisé, passent un peu comme les pièces d'un décor - ah oui, ils sont bien là). Surtout, l'enjeu qui consisterait à faire parler le peuple (quel peuple ? selon quelle sources ? par quel regard ?) se réduit vite à la petite histoire dans la grande histoire, puis ce qui devait arriver arriva, à la petite histoire dans la petite histoire, avec une si forte charge symbolique (le legs, et quête de lumière) censée établir un lien avec les évènements, qu'elle rend les personnages irréels.
Du coup ni documentaire, ni attachement à des figures singulières

Paul Vecchiali : Rosa la rose, fille publique        1986

 +
Je connais en fait assez mal la filmographie de Paul Vecchiali mais ce que j'ai pu voir jusqu'alors était toujours élégant et stimulant. Ici, c'est à nouveau le cas, le film est dédié à Danielle Darrieux (étonnant), à Max Ophüls, à Dora Doll et à Jean Renoir et donc, par-là même, s'inscrit dans le sillage du Plaisir d'Ophüls (dans lequel le personnage de Darrieux, également travailleuse du sexe, s'appelle Madame Rosa) et de Éléna et les hommes de Renoir (dans lequel le personnage de Doll, tenancière d'une maison close, s'appelle Rosa la rose) et le film sera bien une sorte d'entre-deux au sens où il reprend le sens du mélodrame d'Ophüls et les couleurs extraordinaires d'Éléna et les hommes. Le film est centré sur Rosa, une jeune femme de vingt ans travaillant dans une maison close, elle semble heureuse et rencontre un jour un jeune ouvrier dont elle tombe amoureuse (et réciproquement) mais la pression du milieu (qui tient la maison close) va la bloquer. Visuellement, le film est vraiment superbe : la mise-en-scène est remarquable, la photo de Renato Berta et Georges Strouvé est somptueuse (encore plus grâce à la récente restauration du film !), les mouvements de caméra accompagnent vraiment les trajectoires des personnages : c'est de haut vol, il y a beaucoup de scènes mémorables : le lever de rideau de la scène finale, la scène du banquet, le faux dîner, la scène très ophülsienne du manège. J'avoue que j'ai encore un peu de mal à remettre les choses ensemble mais j'ai beaucoup aimé l'opposition des deux trajectoires (celle de Rosa et celle des tenanciers de la maison close), la traduction à travers les couleurs (l'articulation du rouge et du bleu) ; j'ai aussi aimé la gestion de l'espace (que ce soit dans la manière de filmer les corps, la scène de danse à la Bande à part et le petit espace derrière le rideau dans la chambre de Rosa) ; il y aurait sans doute aussi quelque chose à dire de l'aspect presque impalpable du personnage de Rosa (la scène de fin) et la manière dont ça s'inscrit dans le mélo. Pour finir, les acteurices (Marianne Basler en tête) sont remarquablement dirigé(e)s.

Hôtel des Amériques

+

Emeryck a écrit:

Xavier a écrit:

Hôtel des Amériques

+

+1

Paul Vecchiali : Change pas de main        1975

 /   +
Ce film est un peu à part dans la filmographie de Vecchiali parce que, comme l'a dit Noël Simsolo (qui a co-écrit le scénario avec Vecchiali), ce film est le premier film de "hard et essai" ; en effet, il comporte pas mal de scènes pornographiques (en même temps, bon... il a été produit par Jean-François Davy, qui avait énormément apprécié Femmes femmes), a été interdit aux moins de dix-huit ans lors de sa sortie en salles - avant d'être stoppé en raison de l'apparition du classement X en 1975. Le film est assez bordélique et honnêtement, j'ai eu un peu de mal à m'y retrouver : une femme politique reçoit chez elle une bobine d'un film pornographique dans lequel son fils apparaît et décide d'engager une détective privée afin d'enquêter sur l'identité des maîtres-chanteurs, on va se retrouver avec des photos de militaires ayant officié dans l'OAS lors de la guerre d'Algérie ; ah oui, sinon, on a des passages assez amusants et d'autres où s'entrecroisent la comédie musicale et le film noir - et bien sûr, les scènes pornos, qui ne s'intègrent pas si bien que ça... Je n'ai pas compris où ça allait véritablement, ça mérite un revisionnage, en espérant que ça sera restauré d'ici-là car comme d'habitude, Vecchiali a un grand sens des ambiances et de la mise-en-scène ; c'est aussi le début d'acteurices que l'on verra beaucoup dans les films (co)produits par Diagonale : Myriam Mézières et Jean-Christophe Bouvet.

Evil dead

+

Paul Vecchiali : C'est la vie        1980

 +
Ce film est sans doute le film de Paul Vecchiali auquel j'ai le moins accroché et c'est sans doute parce que d'une part, il est visuellement assez différent : les personnages gravitent autour d'une sorte de scène de théâtre ouverte en plein milieu d'une sorte de terrain vague ; d'autre part, même si le personnage principal interagit avec des personnages physiquement présents, le gros du film se passe à travers un appel téléphonique. Le film raconte l'histoire de Ginette qui ne sait plus trop où elle en est et qui appelle la psychologue d'une émission de radio. Le film met vraiment l'accent sur l'aspect théâtral, à travers les couleurs, les personnages qui vont et qui viennent, l'abondance de dialogues et la manière de filmer (le film est composé de plans assez longs filmés par une caméra peu aventureuse) mais à la fois, le film a un côté assez impromptu ; le film est intéressant d'un point de vue formel et aussi parce qu'il apporte autre chose dans la filmographie de Vecchiali mais pour l'instant, je peine à être emballé par l'histoire, je ne vois pas vraiment où elle mène. Si on voulait être méchant, on pourrait dire que c'est du Biette en moins bien ; d'ailleurs, pour parler de la team Diagonale, c'est marrant, il y a un personnage qui s'appelle Simone Barbès dans le film.

Paul Vecchiali : Encore (once more)        1988

 +
Le film s'ouvre par la voix de Paul Vecchiali récitant "Je dédie cette histoire à tous ceux qui, ayant choisi leur voie à tâtons, ont décidé d'y vivre en toute innocence, à tous ces gens que l'on dit "pas convenables", en leur demandant de me pardonner si, par hasard, ce film ne leur conviendrait pas." et le personnage principal marche dans un couloir du métro parisien, le générique écrit sur la faïence devant, à la fin de la phrase récitée, Vecchiali lui-même (il me semble que c'est lui : je n'étais pas sûr car je reconnais très mal les visages mais en comparant avec Vecchiali tel qu'il apparaît dans Trous de mémoire, je suis quasiment sûr que c'est lui - en plus, ça aurait du sens) accompagne le personnage du regard puis le titre du film apparaît ; cette introduction me semble être la manifestation la plus claire de l'attention que Vecchiali porte à ses personnages. Le film se passe de la fin des années 70 jusqu'au milieu des années 80, le personnage principal est un homme d'une quarantaine d'années qui ne sait plus trop où il en est, il vit un peu sa vie tout seul dans son coin et finit par rencontrer un homme dont il tombe amoureux. J'ai beaucoup aimé ce film ; comme pour Travolta et moi de Patricia Mazuy, on a l'impression que tout s'est passé dans ce film, il faut dire que le film est assez fragmenté et les fragments sont assez différents les uns des autres ; j'ai également beaucoup aimé le fait que le film mette en scène un personnage bisexuel et particulièrement un personnage qui découvre sa bisexualité à la quarantaine (c'est le premier film dans lequel je vois ça - et sans que ce soit complètement cringe ou misogyne : par exemple, une fois que le personnage principal tombe amoureux de cet homme, son ex-copine n'est pas jetée dans l'oubli) ; le film parle également du sida (dont le personnage principal finit par être atteint) et notamment de l'aura d'incertitude autour. Encore une fois, j'ai beaucoup aimé la photo (les scènes dans le bar/club !), la mise-en-scène (cette manière de filmer   la chambre en prenant le lit comme centre alors que presque rien ne s'y passe, presque comme s'il encombrait ; de manière générale, il y a une très bonne gestion de l'espace) et le montage ; j'ai également beaucoup aimé le jeu des acteurices : Jean-Louis Rolland dans le rôle du personnage principal, Florence Giorgetti dans le rôle de son ex-copine, Patrick Raynal dans le rôle de l'homme dont le personnage principal s'éprend ; iels sont tou(te)s remarquablement dirigé(e)s. Le seul point vraiment dommage, c'est la musique : c'est simple, pour celleux qui connaissent, c'est exactement les mêmes sample que lorsque l'on fait jouer un fichier midi, c'est-à-dire que ça donne quelque chose de très kitsch et assez moche. J'espère vraiment pouvoir le visionner un jour en version restaurée, ça doit être splendide !

Paul Vecchiali : Trous de mémoire        1984

 +
Je trouve la diversité de la filmographie de Paul Vecchiali assez incroyable : parmi les films que j'ai pus voir dernièrement, il y a bien quelques points de convergence (notamment le recours au mélodrame, l'utilisation de la chanson) mais ils ne se ressemblent en général qu'assez peu. Ce film est une sorte de symétrique de C'est la vie dans le sens où dans ce dernier, le premier plan est toujours invisible puisqu'il est uniquement présent de manière sonore mais finalement, il ne se passe pas grand-chose dans ce premier plan ; dans Trous de mémoire, c'est l'inverse : visuellement, il s'agit simplement de deux personnes qui discutent et tout se passe effectivement dans les discussions. Le pitch du film est assez simple : un homme (interprété par Paul Vecchiali) donne rendez-vous à la campagne à son ex-femme (interprétée par Françoise Lebrun) pour discuter de leur rupture, de cette petite chanson en forme de valse qui l'obsède et dont il n'arrive plus à se souvenir ; le contenu du film en lui-même est parfois un peu limité (le film est improvisé) et parfois un peu drolatique mais je trouve que globalement, ça se suit assez bien car le couple Vecchiali/Lebrun fonctionne bien à l'écran et le film n'est pas très long.

Paul Vecchiali : Bareback ou la guerre des sens        2005


Ce film est temporellement assez lointain de tous les autres films de Vecchiali que j'ai pu voir jusque-là : on est presque vingt ans après. Je dois que j'ai trouvé ce film assez lourd et démonstratif : tout d'abord, le scénario est assez téléphoné : un homme rencontre son réalisateur préféré à la plage, il lui propose de lui raconter son histoire de rupture avec son copain et que le réalisateur l'adapte ; le film alterne du coup entre les flash-back présents pour illustrer le récit du gars et les séquences dans la temporalité présente où il discute avec le réalisateur ; comme si ce n'était pas déjà assez téléphoné, le réalisateur en question est joué par... Paul Vecchiali lui-même (qui n'est d'ailleurs pas excellent, là) et finalement, tout ça pour qu'à la fin, il lui dise "en fait, non, ta fin est trop nulle, je le fais pas". Au-delà de ça, le film se propose d'être "une réflexion ludique sur les relations sexuelles protégées" (c'est écrit en introduction) mais honnêtement, on se coltine juste des tas de scènes de sexe assez peu intéressantes et dont on ne comprend vraiment pas à quoi elles servent (elle n'ont en plus qu'assez peu de rapport avec le port du préservatif) ; c'est vrai que c'est un peu ludique et parfois un peu amusant mais pas plus, je crois que je préfère même C'est la vie.

Paul Vecchiali : Point d'orgue        1993

 + / 
Ce film a été réalisé par Vecchiali pour la télévision, ce n'est pas sa plus grande réalisation (notamment parce que le pitch est vraiment assez sommaire et pas extrêmement intéressant) mais l'ambiance est sympathique, les acteurices (Micheline Presle et Jacques Nolot, notamment) sont pas mal et il y a de la (bonne) musique. Le film raconte l'histoire d'un pianiste qui choisit de prendre un peu de temps à la campagne pour se reposer, il va alors être logé dans une auberge, va rencontrer d'autres musiciens et notamment un garçon avec lequel il va jouer la Fantaisie de Schubert. Bref, pas grand-chose à se mettre sous la dent, même la mise-en-scène est pas aussi bien que d'habitude par contre, la fin, même si le mélo est vraiment abrupt (et du coup, pas extrêmement effectif), j'ai beaucoup aimé la superposition des images passées avec la musique, comme s'il s'agissait de créer une sorte de complexe multi-sensoriel : là, il y avait une véritable idée.

Bon, puisque Femmes femmes et Corps à coeur se trouv(ai)ent sur le disque dur qui nous a quitté - en plus, je crois que je les avais en HD, ça écourte ma petite rétrospective Vecchiali... Du coup :

Jerzy Skolimowski : The shout        1978

 /   +
Ça faisait longtemps (sans doute bien deux ans) que je n'avais pas vu de film de Skolimowski ; il s'agit ici de l'adaptation de la nouvelle homonyme de Robert Graves que je ne connais pas du tout mais le résultat est assez étonnant - encore une fois, assez loin de tous les autres films de Skolimowski que j'ai pu voir jusque-là ; oui, je sais je dis ça quasiment pour chaque film de Skolimowski. L'histoire du film est assez confuse : ça commence au beau milieu d'une partie de cricket dont on apprend ensuite qu'elle se passe dans un hôpital psychiatrique, un des pensionnaires (interprété par Alan Bates) raconte son histoire à un docteur/écrivain du nom de... Robert Graves ; il lui raconte que lors d'un long voyage en Australie, il a rencontré un sorcier aborigène qui lui a appris un cri capable de donner immédiatement la mort, il va ensuite rencontrer un couple dont le mari est une sorte de musicien expérimental. L'histoire ne va en fait absolument nulle part mais je trouve que ce n'est pas tellement dérangeant parce que le film, grâce à sa mise-en-scène, grâce à sa lumière un peu terne, aux paysages d'Angleterre et surtout à son montage (très discontinu) arrive à installer une sacrée ambiance où tout converge vers ce cri : le mari à la recherche du bruit parfait (on ne sait pas s'il s'agit du cri), le docteur qui écoute l'histoire et la narration est même subordonnée à ça ; j'avoue que j'ai été un peu déçu par l'aspect très localisé qu'il prenait à la fin avec cette scène du cassage de caillou.

Wright, Last Night in Soho
Même déception que pour Baby Driver : j'adore le premier tiers, où la réalisation est millimétrée, généreuse, un peu tape à l'œil mais fun... puis ça s'enlise dans un bête thriller / polar linéaire qui finit par me lasser. Il n'y aurait pas eu ce début très convaincant, j'aurais mis une note plus basse.


Favreau, Iron Man
Des fois, j'essaie un Marvel : je ne sors que rarement enthousiasmé, mais au moins quand même un peu diverti. Là j'ai franchement pas aimé (à part AC / DC en intro et Black Sabbath en outro).

Paul Vecchiali : Wonder boy - de sueur et de sang        1994

 +
Je n'ai vraiment pas beaucoup aimé ce film de Vecchiali : je l'ai trouvé vraiment long (quasiment deux heures), d'autant plus que l'histoire n'est pas extrêmement passionnante et les acteurices ne sont pas extrêmement bon(ne)s - et pas aidé(e)s par une post-synchronisation assez étrange des voix des personnages. Dans ce film, on suit Maurice, un homme racisé engagé sur le ring par son père, lui aussi boxeur mais qui, suite au refus d'un arrangement lors d'un match, a reçu en conséquence (!) un coup qui l'a conduit à se déplacer avec des béquilles et conséquemment à arrêter la boxe. Son problème dans la vie, c'est apparemment que son fils aie envie de faire du violon au lieu de la boxe et il décide d'envoyer une femme pour "tester" (!) l'homosexualité de son fils, ils s'entendent bien mais ça ne va pas plus loin et un jour, lorsque le mari de celle-ci rentre, il la bat et Maurice décide de lui mettre un direct sauf que ça l'envoie sur le coin d'une table qui le tue ; le film prend alors un tournant policier qui m'a beaucoup ennuyé car le film fait pas mal de sur-place. On peut toutefois noter que le film n'est pas cringe : il semble même presque aller à rebours de cette trajectoire vue et revue (problématique et encore bien présente) : celle du maître blanc et/ou bourgeois qui éduquerait l'élève issu(e) des minorités et même sur les autres points qu'il aborde : violences sexistes et racisme notamment ; ce n'est pas si étonnant venant d'un Vecchiali. Au-delà de la longueur du film, de la post-sychronisation assez calamiteuse et du fait que je n'ai pas aimé le jeu des acteurices, je pense que j'aurais pu peut-être beaucoup plus apprécié le film si je l'avais vu dans une version restaurée : ici, j'avais une copie enregistrée à la télé avec des glitches occasionnels et surtout une résolution assez moche ; c'est dommage car il y a des scènes étaient plutôt belles ; j'ai peut-être été un peu dur avec le film, on verra si ça s'améliorera lors du second visionnage ; je crois par contre qu'on peut lui décerner avec certitude le prix du film ayant l'affiche la plus horrible.

Paul Vecchiali : Le récit de Rebecca        1964

 + / 
On est ici au début de la filmographie de Vecchiali puisqu'il s'agit de sa troisième réalisation (et la deuxième trouvable car la première a été perdue) ; j'avais déjà parlé de sa deuxième réalisation, Les roses de la vie il y a plusieurs mois déjà, c'était très simple mais très chouette. Ici, il s'agit d'une adaptation du Manuscrit retrouvé à Saragosse de Potocki (sans doute à des années lumière de l'adaptation de Has, sortie la même année mais qui fait un peu plus de trois heures : ici, on est sur une petite demi-heure), je n'ai pas lu ce roman mais d'après ce que j'ai pu en lire, le court de Vecchiali ne se contente pas d'une adaptation de l'histoire mais aussi de la narration puisqu'ici, il jongle sur les modes de narration (en direct à travers des dialogues, en voix-off mais il y a aussi le mode du récit où on passe à une sorte de narrateur externe qui résume un peu le livre) ; j'ai trouvé ça assez adroit car ça permet de livrer quelque chose de compréhensible mais léger à la fois. Visuellement, c'est vraiment chouette : en gros, on suit un frère et une sœur, le personnage principal étant la sœur (je ne sais pas si c'est comme ça dans le roman) et elle raconte à son frère ses expériences un peu ésotériques dans la grotte dans laquelle elle s'est rendue : ça donne lieu à des séquences assez abstraites et à de beaux éclairages ; c'est vraiment une adaptation réussie, avec ce sens très vecchialien des ambiances.

Paul Vecchiali : La cérémonie        2014


Le principe de faire deux versions différentes d'un même film a déjà été expérimenté dans plusieurs films (on pense par exemple au Hasard de Kieślowski) mais je ne crois jamais l'avoir vu fait de cette manière : dans le Kieślowski, par exemple, le but est essentiellement narratif : qu'est-ce qu'il se passerait s'il arrivait ça ? Ici, pas du tout puisque l'histoire est sensiblement la même ; dans la première version (Vecchiali appelle ça des "hypothèses"), le personnage principal est un homme et dans la seconde version, c'est une femme ; bien sûr, les réactions des personnages autour sont assez différentes. En fait, à l'ouest rien de nouveau : oui, il y a du sexisme bien assimilé. Sinon, contrairement à Bareback, j'ai trouvé Vecchiali pas mal en tant qu'acteur (il faut dire qu'il ne joue pas grand-chose) ; l'actrice et l'acteur qui jouent tour-à-tour le personnage principal (Astrid Adverbe et Pascal Cervo) ne sont pas si mal non plus ; enfin, j'ai beaucoup aimé la sobriété et la lumière de la scène de cérémonie de la fin. C'est un petit court très programmatique mais plutôt réussi.

Céline Sciamma
Portrait de la jeune fille en feu

Beaucoup aimé, même si je suis parfois resté un peu à côté. Peut-être une certaine forme de démonstration, aussi talentueuse soit-elle, transparaît-elle trop ? Par exemple la scène de la découverte du visage (le dos, la fuite, la course, le précipice, le visage), superbe, mais était-il besoin du mourir ? courir ! (qui serait un très bon argument pour un film de Carax) ; ou l'une des scènes de la jeune fille littéralement en feu - celle de la veillée paysanne - que son dérapage musical rend un peu artificielle (plus que la robe en feu, pure allégorie ou songe) ; ou dans la construction du film : le trio "sororal" bien amené dans ce hors temps que précipite l’absence de la mère, mais auquel on peine un peu à croire (les servantes sont-elles jamais des sœurs ?).
Mais c'est plutôt des interrogations qui mériteraient une seconde vision, ou une troisième, car j'ai vu le commentaire audio du film (par Céline Sciamma, Adèle Haenel, Noémie Merlant et Claire Mathon) que j'ai trouvé excellent, et où la maîtrise de Céline Sciamma et la construction du film sont remarquablement décortiquées.
Pour dire un peu autrement : dans Olympiades (de Jacques Audiard dont Céline Sciamma est co-scénariste) la scène du baiser, ô combien émouvante (tout comme celle du la jeune fille) est associée à un évanouissement. C'est un peu cette perte de contrôle qui m'a manqué dans ce film (même si bien sûr, il s'agit pour l'un et l'autre film d'œuvres très savamment construites)