Lectures (6)

Il s'est beaucoup calmé, Sylvain Tesson, et il n'avait pas trop le choix après sa chute de dix mètres qui a failli le tuer.

Gustave Flaubert
Trois contes
* Un coeur simple
* La légende de saint Julien l'Hospitalier
* Hérosias

Ces Trois contes sont considérés comme les trois derniers chefs-d'oeuvre de Gustave Flaubert.
La légende de saint Julien l'Hospitalier est celui qui m'attire le plus, j'ai hâte de lire...

Un coeur simple est aussi palpitant qu'un dimanche à la campagne avec Otto Klemperer.

Merci arnaud,
grâce à ta recommandation, je vais y porter une attention particulière.

Fédor Dostoïevski
* L'éternel mari
présenté par Pierre Gascar
Le Livre de Poche, 1967



Excellente préface qui vous met en appétit sans trop vous affamer auparavant.
Le livre peut être choisi pour aborder l'oeuvre de Dostoïevski si, comme c'est mon cas, on a rien lu de lui, il reste un auteur assez difficile, très sombre avec ses gros pavés en deux tomes. Celui-ci fait 253 pages, c'est donc moyen et abordable quant à la longueur.

Un point bien fait sur le procès de Socrate, dont on ne saura jamais ce qui s'y est dit. J'ai réalisé que j'avais déjà lu un autre bouquin de cet auteur sur les esclaves-techniciens à Athènes. Les deux livres interrogent le fonctionnement de la démocratie grecque et partent à l'assaut des idées reçues. Leur limite, surtout dans le second est le goût du paradoxe et de la recherche de l'exemple élégant aux dépens de la clarté, ça fait un peu conversation mondaine très érudite.

Roland Barthes : Critique et Vérité        1966

Germaine de Staël Considérations sur les principaux événements de la Révolution française

ces derniers mois :

Relecture de Madame Bovary


Balzac : Illusions perdues


Céline : Voyage au bout de la Nuit

Des pages sublimes (New York), des passages longs (toute la dernière partie).

je commence :

Ménandre : Dyscolos

anaëlle a écrit:

Céline : Voyage au bout de la Nuit

Des pages sublimes (New York), des passages longs (toute la dernière partie).

Dostoïevski

Le Garçon à la menotte
Le Moujik Mareï
La Centenaire
La Douce
Le Rêve d'un homme ridicule
Le Triton

Petite série de nouvelles tardives, La Douce est étonnante

Michel Archimbaud : Entretiens avec Pierre Boulez

Dans ce livre, Boulez rappelle avec force l'éminente place de Wagner dans son panthéon des compositeurs.

Emeryck a écrit:

Michel Archimbaud : Entretiens avec Pierre Boulez

Je vais certainement ajouter ce livre à ma liste d'achats futurs.

arnaud bellemontagne a écrit:

Dans ce livre, Boulez rappelle avec force l'éminente place de Wagner dans son panthéon des compositeurs.

Oui... Entre autres... Et je ne suis pas sûr que ce soit le propos le plus intéressant dans cet ouvrage. 

Il parle tout de même de la façon dont Wagner a repensé de fond en comble le genre de l'opéra, de son évolution fulgurante du Vaisseau Fantôme à Parsifal...

Qu'est-ce qui te semble le plus crucial parmi la matière brassée par ces entretiens ?

arnaud bellemontagne a écrit:

Il parle tout de même de la façon dont Wagner a repensé de fond en comble le genre de l'opéra, de son évolution fulgurante du Vaisseau Fantôme à Parsifal...

Qu'est-ce qui te semble le plus crucial parmi la matière brassée par ces entretiens ?

Ce qui m'a beaucoup intéressé, en tout cas, c'est lorsque Boulez parle du Domaine Musical, de la situation musicale des années 40-50 ; quand il parle de la transcription de la poésie de Mallarmé, etc.

Oui, je vois.

Dans le crucial, il y a aussi le moment où il joue "Ah le petit vin blanc" en duo avec Fernandel et quand il parle du plaisir qu'il a eu à écrire ses méconnues variations en ré majeur sur "Poupée de cire poupée de son" pour flûte de pan et orchestre de chambre      Ok je sors  

Bref, sinon, 2 petits livres:



Bonsoir la Rose de Chi Zijian. C'est un livre assez touchant qui décrit la vie de personnes modestes à Harbin dans ce qui était la Mandchourie, ce n'est pas formidable mais les personnages sont intéressants, le ton restitue la vie courante et les aspirations contemporaines en Chine. Les éléments les plus curieux sont ce personnage de femme juive réfugiée depuis la Russie et l'histoire évoquée rapidement de l'occupation japonaise.



Rutilius Namatianus - Retour en Gaule - Celui-ci est génial, c'est une sorte d'ébauche de guide du routard romain. Rutilius Namatianus est un haut fonctionnaire à Rome d'origine gauloise qui fait un voyage de retour à Narbonne. Il décrit le trajet en partageant quelques impressions et réflexions. Cela se passe en 415, à une époque de troubles dans l'empire romain, Alaric a attaqué Rome en 410 et les routes ne sont toujours pas trop sûres, donc le petit groupe prend le bateau à partir de Rome, fait une excursion depuis la côte jusqu'aux bains de Pise puis repart et arrive aux falaises de Carrare. Cela s'arrête là, on ne saura jamais la fin (snirf) mais depuis 1600 ans qu'ils sont partis ils ont bien dû y arriver, à Narbonne, pas de nouvelles, bonnes nouvelles, comme on dit. Très jolie édition bleu nuit et or de ce court texte.

Merci à ceux qui en ont fait la promo sur ce fil. Le titre me semblait fait pour moi ...

J'avoue que tout cela ne me rassure guère. Car depuis quelques années je deviens de plus en plus amer ... Et ce qui me paraissait bien trop pessimiste il y a 7 ou 8 ans ... maintenant je peux le signer des deux mains.
Donc oui ... ça me parle tellement ... que j'ai l'impression qu'on est venu à l'intérieur de moi !

Oui, enfin on est pas forcé de prendre tout cela au premier degré: la démarche de Cioran est sous-tendue par un humour noir omniprésent.

arnaud bellemontagne a écrit:

Oui, enfin on est pas forcé de prendre tout cela au premier degré: la démarche de Cioran est sous-tendue par un humour noir omniprésent.

Humour noir comme conséquence de ce qu'il pense justement.

Mouais...s'il était vraiment conséquent avec lui-même, il se serait suicidé.
Or, Cioran s'est éteint à un âge très avancé (84 ans) suite à une longue maladie...

arnaud bellemontagne a écrit:

Mouais...s'il était vraiment conséquent avec lui-même, il se serait suicidé.
Or, Cioran s'est éteint à un âge très avancé (84 ans) suite à une longue maladie...

Justement. Il explique bien ce paradoxe. C'est même l'objet du livre il me semble.

Oui, c'est sa fameuse antienne : "si on n'avait pas la possibilité de se suicider, la vie serait insupportable"

Ca sonne un peu comme une pirouette, pour moi.

Si tu veux un vrai déprimé, lis Otto Weininger.
En voilà un qui a mis sa vie en accord avec ses idées.

arnaud bellemontagne a écrit:

Ca sonne un peu comme une pirouette, pour moi.

Je ne crois pas du tout.

Ou alors, tous les philosophes font des pirouettes (et j'ai envie de te dire : c'est bien possible !)

Cioran, philosophe? Je le vois quand même davantage comme un écrivain, dans la lignée des moralistes (dont il se revendiquait.)

Dans un esprit assez proche (je crois même que Cioran avait préfacé son premier livre traduit en français), il me semble que j'aime finalement davantage Guido Ceronetti (plus mobile, moins ressassant, moins sardonique, plus distancié, moins abstrait aussi).

(Mais je n'ai pas relu ni l'autre depuis un bail.)

Benedictus a écrit:

Cioran, philosophe? Je le vois quand même davantage comme un écrivain, dans la lignée des moralistes (dont il se revendiquait.)

Dans un esprit assez proche (je crois même que Cioran avait préfacé son premier livre traduit en français), il me semble que j'aime finalement davantage Guido Ceronetti (plus mobile, moins ressassant, moins sardonique, plus distancié, moins abstrait aussi).

(Mais je n'ai pas relu ni l'autre depuis un bail.)

Essayiste si tu préfères ...

Je fais partie de ceux qui préfèrent les philosophes qui se moquent des échafaudages de concepts ... et considère que la "vérité" est bien plus une question de savoir écrire.

Samuel Beckett : Premier Amour        1946

Cololi a écrit:

Merci à ceux qui en ont fait la promo sur ce fil. Le titre me semblait fait pour moi ...

J'avoue que tout cela ne me rassure guère. Car depuis quelques années je deviens de plus en plus amer ... Et ce qui me paraissait bien trop pessimiste il y a 7 ou 8 ans ... maintenant je peux le signer des deux mains.
Donc oui ... ça me parle tellement ... que j'ai l'impression qu'on est venu à l'intérieur de moi !

Curieusement l'humour absurde de Cioran peut avoir un effet tonique sur son lectorat.

Absolument.

Moi je crois qu'il pense vraiment ce qu'il écrit. Et il explique très bien comment on peut se retrouver dans ce paradoxe.
Je le trouve au contraire parfaitement cohérent (pour avoir moi-même ressenti ce paradoxe ... comme la question quotidienne que je me pose tous les jours ... bien plus qu'aucune autre).

Personnellement j'y vois pas mal de pose et d'esthétisme, dans la lignée des grands moralistes français.

arnaud bellemontagne a écrit:

Personnellement j'y vois pas mal de pose et d'esthétisme, dans la lignée des grands moralistes français.

Certainement un peu de pose ici ou là ... oui ... car comment l'éviter ?
Mais je ne crois pas que ce soit dominant.

Morceaux choisis :

"Le spermatozoïde, c'est le bandit à l'état pur."

"La vie, ce kitsch de la matière."

arnaud bellemontagne a écrit:

Morceaux choisis :

"Le spermatozoïde, c'est le bandit à l'état pur."

"La vie, ce kitsch de la matière."

Je n'ai jamais dit que tout était à prendre au 1° degré. Je disais juste que le propos général ne me semble pas ironique.

Pour info, Cioran considérait Dostoievski comme l'écrivain absolu et Les Possédés comme le livre le plus profond jamais écrit.

arnaud bellemontagne a écrit:

Pour info, Cioran considérait Dostoievski comme l'écrivain absolu et Les Possédés comme le livre le plus profond jamais écrit.

Ca ne m'étonne pas trop.

Je me le réserve bien au chaud celui-là !

Je viens de le terminer:


C'est vraiment fantastique!

J'enchaîne immédiatement sur le 4ème et dernier tome :

Ça me fait plaisir d'avoir encore un gros Thomas Mann à découvrir (le Docteur Faustus m'ayant beaucoup frustré, pour ne pas dire déçu, après le long orgasme qu'avait été la Montagne magique)...

A mon sens, le problème du Docteur Faustus réside dans le personnage d'Adrian Leverkühn qui manque vraiment d'incarnation et de chair.C'est plus une "figure" qu'autre chose.

Rien de tout cela avec Joseph et ses Frères: c'est vivant, animé, coloré, noble et lyrique comme jamais.

Figure-toi que je n'avais jamais observé le problème sous cet angle, mais tu as raison... J'y ajouterai le pessimisme assez radical de Mann à la fin de sa vie - pour des raisons compréhensibles - et une sorte de lassitude ou d'épuisement... qui n'empêche pas la fascination, mais s'avère globalement assez déprimant... (Et les dimensions du roman qui, au vu de son sujet, aurait mérité d'être encore plus épais que la Montagne...)
En tout cas, j'ai déjà ce Joseph dans ma bibliothèque depuis un moment, et ton message me donne envie de l'épousseter...

Roland Barthes : Le Degré Zéro de l'Écriture / Nouveaux essais critiques

Louis Hémon
* Maria Chapdelaine



Retour aux sources avec le roman emblématique du Canada français.

Et hop, je continue ma lecture de bouquins historico-grand public (je ne sais pas trop pourquoi je lis surtout ce genre en ce moment, bah...) et celui-ci est dans le haut du panier. Une synthèse nette, claire et précise sur l'histoire de Sparte.

Livre précis érudit et plaisant

Jean de La Bruyère
* Les Caractères



Ces pensées sont très songées.
En relire quelques unes est suffisant pour apprécier le livre au complet.

Germaine de Staël Dix ans d'exil
Ses relations avec Napoléon étaient parfois un peu crispées

Du fil «Votre dernier film visionné»:

Emeryck a écrit:

Rainer Werner Fassbinder : Querelle        1982
 +
Je suis partagé : j'ai été fasciné par la luxuriance esthétique (lumières, notamment), et par les inserts de texte (dommage qu'ils soient noir sur blanc comme ça) ; mais le scénario, bon...

Benedictus a écrit:

Pas vu le film, mais le roman de Genet, déjà...  

Emeryck a écrit:

Ah oui, tant que ça ? Je n'ai rien lu de Genet à part un de ses recueils de poésie qui m'avait énormément plu.

Benedictus a écrit:

Oui: je suis assez fan de Genet (moi, c'est plutôt le diptyque Miracle de la rose / Notre-Dame-des-Fleurs et par-dessus tout Un captif amoureux que j'adore), mais Querelle de Brest, c'est non seulement le seul que je n'ai pas aimé mais même le seul qui me soit tombé des mains.

arnaud bellemontagne a écrit:

Fan moi aussi du binôme Notre Dame des Fleurs/Miracle de la Rose.  
J'apprécie également Le Journal du Voleur.
Mais côté Genet, ce qui m'impressionne le plus c'est peut être le Saint Genet de Sartre (son chef d'oeuvre?)

Benedictus a écrit:

arnaud bellemontagne a écrit:

Mais côté Genet, ce qui m'impressionne le plus c'est peut être le Saint Genet de Sartre (son chef d'oeuvre?)

Parsifal a écrit:

Et côté politiquement incorrect qu'est-ce que vous pensez de Pompes Funèbres?
Le recueil de poésie que tu avais lu Emeryck c'était Le condamné a mort? (j'aime beaucoup aussi)

Pompes funèbres, je me souviens d’avoir assez moyennement accroché, et que ce qui m’avait retenu dedans, c’est justement la dimension politique - et quoique la réduction du fascisme à une espèce de métaphysique négative et sexualisée, je trouve toujours ça un petit peu court, quand même (tout comme dans Salò de Pasolini ou Le Bleu du ciel de Bataille.) Sinon, un peu la même impression que dans Querelle de Brest: ça dérive probablement trop vers un imaginaire fantasmatique pour me parler durablement (mais Querelle, dans mon souvenir, ce n’est vraiment que ça: plus vraiment d’attache dans le réel - et un style baroque qui du coup tourne un peu à vide, sans la dimension transfiguratrice du Miracle de la rose ou de Notre-Dame-des-Fleurs.)

Parsifal a écrit:

Le recueil de poésie que tu avais lu Emeryck c'était Le condamné a mort? (j'aime beaucoup aussi)

Oui !