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Je savais que ça existait, mais je n'ai jamais osé le regarder. (Pourtant, Francis Blanche et Michel Serrault...)

Benedictus a écrit:

Je savais que ça existait, mais je n'ai jamais osé le regarder. (Pourtant, Francis Blanche et Michel Serrault...)

Quel dommage... J'ai été assez surpris par le rôle de Francis Blanche qui joue ici un bandit italien - alors que je le voyais plutôt associé à des rôles bien franchouillards.

Scarecrow

                 

Emeryck a écrit:

Quel dommage... J'ai été assez surpris par le rôle de Francis Blanche qui joue ici un bandit italien - alors que je le voyais plutôt associé à des rôles bien franchouillards.

Ah non, une des grandes spécialités de Francis Blanche, c'est les personnages «exotiques» dans lesquels il pousse clichés et accents jusqu'à une forme d'absurdité délirante (son rôle d'espion russe dans Les Barbouzes, par exemple.)

René Clair - Paris qui dort sorti en 1924



Premier film de René Clair. L'histoire original et son traitement satirique et poétique en font un film plutôt agréable malgré quelques gros défauts (techniques et montage) ainsi qu'une fin un peu négligée.

Thelonious a écrit:

René Clair - Paris qui dort sorti en 1924



Premier film de René Clair. L'histoire original et son traitement satirique et poétique en font un film plutôt agréable malgré quelques gros défauts (techniques et montage) ainsi qu'une fin un peu négligée.

Quelle version as-tu vu ? J'ai cru comprendre que la restauration de ce film a été un peu compliquée, que plusieurs copies différentes ont circulé en même temps, il a fallu aller rechercher un vieux négatif au British Film Institute. À quels gros défauts techniques fais-tu allusion ? Moi, j'avais trouvé le film assez spectaculaire techniquement (les plans dans la tour Eiffel !) même si pas parfait de ce point de vue, bien sûr.

Emeryck a écrit:

Thelonious a écrit:

René Clair - Paris qui dort sorti en 1924



Premier film de René Clair. L'histoire original et son traitement satirique et poétique en font un film plutôt agréable malgré quelques gros défauts (techniques et montage) ainsi qu'une fin un peu négligée.

Quelle version as-tu vu ? J'ai cru comprendre que la restauration de ce film a été un peu compliquée, que plusieurs copies différentes ont circulé en même temps, il a fallu aller rechercher un vieux négatif au British Film Institute. À quels gros défauts techniques fais-tu allusion ? Moi, j'avais trouvé le film assez spectaculaire techniquement (les plans dans la tour Eiffel !) même si pas parfait de ce point de vue, bien sûr.

J'ai vu la restauration 2018 Seydoux-Pathé. Je ne saurais pas te dire si c'est la meilleure.

Il y a quelques scènes où l'on voit des gens ou des véhicules en déplacement (en arrière plan) dans un Paris figé; j'imagine que bloquer Paris à cette époque pour un film n'était pas aisé.
Et sur la fin il y a carrément des erreurs de montage. c'est figé alors que ça le devrait pas et inversement. Je sais que ça joue la-dessus et qu'il y a des changements incessants et intempestifs, mais je t'assure qu'il y a pas mal d'erreurs. Mais c'est pas ce qui m'a le plus dérangé. Je trouve la fin bâclée et un peu trop attendue.
Néanmoins je te rejoins concernant les scènes de la tour qui sont vraiment incroyables et pleine de poésie.

J'ai pris beaucoup de plaisirs même si mon commentaire pouvait laisser entendre le contraire.

Thelonious a écrit:

Emeryck a écrit:

Thelonious a écrit:

René Clair - Paris qui dort sorti en 1924
Premier film de René Clair. L'histoire original et son traitement satirique et poétique en font un film plutôt agréable malgré quelques gros défauts (techniques et montage) ainsi qu'une fin un peu négligée.

Quelle version as-tu vu ? J'ai cru comprendre que la restauration de ce film a été un peu compliquée, que plusieurs copies différentes ont circulé en même temps, il a fallu aller rechercher un vieux négatif au British Film Institute. À quels gros défauts techniques fais-tu allusion ? Moi, j'avais trouvé le film assez spectaculaire techniquement (les plans dans la tour Eiffel !) même si pas parfait de ce point de vue, bien sûr.

J'ai vu la restauration 2018 Seydoux-Pathé. Je ne saurais pas te dire si c'est la meilleure.

Il y a quelques scènes où l'on voit des gens ou des véhicules en déplacement (en arrière plan) dans un Paris figé; j'imagine que bloquer Paris à cette époque pour un film n'était pas aisé.
Et sur la fin il y a carrément des erreurs de montage. c'est figé alors que ça le devrait pas et inversement. Je sais que ça joue la-dessus et qu'il y a des changements incessants et intempestifs, mais je t'assure qu'il y a pas mal d'erreurs. Mais c'est pas ce qui m'a le plus dérangé. Je trouve la fin bâclée et un peu trop attendue.
Néanmoins je te rejoins concernant les scènes de la tour qui sont vraiment incroyables et pleine de poésie.

J'ai pris beaucoup de plaisirs même si mon commentaire pouvait laisser entendre le contraire.

C'est en tout cas la dernière parce qu'entre temps, Clair avait charcuté le film pour le réduire à un peu moins de quarante minutes.

Oui, la fin est assez lisse, c'est vrai mais les erreurs de montage ne m'ont pas marqué plus que ça - même si, je crois que tu as raison.

Benoît Jacquot : Pas de scandale        1999


Il s'agit du deuxième film de Jacquot que je vois, le casting m'a attiré : Huppert, Luchini et Lindon dans les rôles principaux. Il y a des choses que j'ai aimées, notamment la manière très sobre mais élégante qu'à Jacquot de filmer certaines scènes, lorsqu'il joue des contraintes architecturales d'un simple mouvement de caméra ; il y a également certaines scènes qui sont belles par leur retenue : je pense à la scène de fin où le film se contente d'un simple regard mutuel de Luchini et de Lindon sans aucun dialogue ajouté, puis le métro qui disparaît au loin. Le scénario est très minimaliste : un chef d'entreprise (joué par Luchini) sort de prison où il avait été mis pour des magouilles financières, il a perdu ses repères et réapprend à vivre : j'ai trouvé que Luchini jouait très bien le rôle (très déconnecté et mutique), vraiment à l'opposé de ses rôles habituels mais on se demande où le film veut en venir : sa progression est aussi erratique que le personnage de Luchini et les diverses expériences retrouvées de Luchini ne se complètent pas les unes les autres et la fin (mise en rapport avec le reste du film) est tout de même décevante.

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I feel good

Jean-Jacques Annaud : Coup de tête        1979

 + / 
J'ai été un peu déçu par ce film, je m'attendais à l'aimer davantage ; le cadre du scénario (écrit par Francis Veber, toujours avec son personnage François Perrin) est assez original mais je l'ai trouvé par moments lourd et maladroit. Dans ce film, François Perrin est un joueur de football dans un petit club et fait chuter le favori de l'équipe lors d'un match, il est renvoyé du club puis de l'usine (dont le patron dirige le club de football) lorsqu'il s'y présente ; on l'accuse ensuite d'un viol qu'il n'a pas commis et il se retrouve en prison. Lorsque l'équipe à besoin d'un joueur pour remplacer un blessé, ils font appel à Perrin et le font sortir de prison ; il marque alors deux buts et fait gagner son équipe, les gens le portent tous aux nues. C'est à partir des revirements successifs d'intérêt que le film devient intéressant (parce que le début est assez daté, la musique n'aidant pas) et qu'il se dote d'une composante absurde - je pense notamment à la scène où Perrin veut rentrer en prison comme il était convenu et le gardien dit qu'il ne peut pas le garder sinon la foule en liesse va tout casser et il le met donc à la porte de la prison. Mais j'ai tout de même trouvé qu'une fois ces premiers revirement passés, la critique (à propos de l'hypocrisie des gens) était assez répétitive. Toutefois, dans ce film, l'un des points les plus solides est la performance de Patrick Dewaere dans le rôle de Perrin, extrêmement investi et très bon dans la composition.

C'est toujours un peu ça, l'effet que me fait Annaud: jamais de mauvais films, mais toujours des films décevants - presque toujours par un traitement réducteur, répétitif ou simpliste de ses sujets (parfois très ambitieux.)

Benedictus a écrit:

C'est toujours un peu ça, l'effet que me fait Annaud: jamais de mauvais films, mais toujours des films décevants - presque toujours par un traitement réducteur, répétitif ou simpliste de ses sujets (parfois très ambitieux.)

J'ai un bon souvenir de Le nom de la rose - mais bon, ça fait dix ans que je l'ai regardé, alors...

Ben c'est un peu ce que je disais: c'est très chouette, Le Nom de la Rose (je l'avais vu à sa sortie, j'avais adoré!), mais ensuite, quand j'ai lu le roman d'Umberto Eco (et que j'ai commencé à étudier un peu sérieusement le Moyen Âge), je me suis rendu compte qu'Annaud avait tout réduit: toutes les complexités du roman sont ici réduites aux clichés moyenâgeux les plus simplistes et grossiers (le plus énorme, c'est Bernardo Gui, personnage historique dont Eco met en scène toutes les ambiguïtés et les paradoxes, et qu'Annaud transforme en caricature de super-vilain en costume d'inquisiteur et qui finit tué par une foule vengeresse - ce qui n'arrive pas dans le roman!), le roman lui-même ravalé au rang de gros thriller historique...

Et bon, c'est toujours un peu la même chose, par exemple L'Amant: c'est super bien fait, mais le roman de Duras y devient rien de plus qu'un mélodrame érotique avec voitures et costumes d'époque et paysages exotiques somptueusement photographiés.

Alors, je te déconseille la série avec Rupert Everett … où on a évidemment ajouté des "femmes puissantes" pour coller à l'actualité. Et où Everett cabotine comme un fou en Gui plus méchant que méchant (et torturé par et dans sa chair, évidemment).
Quand j'ai lu le roman, ce qui m'a le plus saisi et glacé, j'aurais dû mal à expliquer pourquoi, c'est la brutale confession d'athéisme de Baskerville à la fin.

Francesco a écrit:

Alors, je te déconseille la série avec Rupert Everett … où on a évidemment ajouté des "femmes puissantes" pour coller à l'actualité. Et où Everett cabotine comme un fou en Gui plus méchant que méchant (et torturé par et dans sa chair, évidemment).

C'est quoi, une adaptation du Nom de la Rose en série ou un spin-off autour de Bernardo Gui?

Francesco a écrit:

Quand j'ai lu le roman, ce qui m'a le plus saisi et glacé, j'aurais dû mal à expliquer pourquoi, c'est la brutale confession d'athéisme de Baskerville à la fin.

Et que, bien sûr, le film d'Annaud ne retient pas. Il faut que Sean Connery soit tolérant et éclairé (ne serait-ce que pour coller à son sourire en coin, sourcil relevé), mais la brutale confession d'athéisme de la fin ne serait probablement pas passée auprès du public anglo-saxon (qui en revanche a dû se régaler des caricatures antipapistes.)

Emeryck a écrit:

Jean-Jacques Annaud : Coup de tête        1979 [...] dans ce film, l'un des points les plus solides est la performance de Patrick Dewaere dans le rôle de Perrin, extrêmement investi et très bon dans la composition. [/font]

Je n'arrête pas de découvrir l'existence de "nouveaux" films avec Dewaere : un vrai grand hyperactif celui-là, comme tous les artistes qui ont laissé une trace durable malgré une courte vie – d'ailleurs je suis persuadé qu'aucun de ses rôles ne laisse indifférent, fût-ce au sein de films par ailleurs mauvais... Cela dit, même pour lui je ne pense pas aller jusqu'à visionner celui-ci...

Concernant Jean-Jacques Annaud, pour moi l'Ours est clairement son meilleur film (celui qui m'a le plus marqué en tout cas), et il a l'avantage de ne pas être une adaptation...

Golisande a écrit:

Emeryck a écrit:

Jean-Jacques Annaud : Coup de tête        1979 [...] dans ce film, l'un des points les plus solides est la performance de Patrick Dewaere dans le rôle de Perrin, extrêmement investi et très bon dans la composition. [/font]

Je n'arrête pas de découvrir l'existence de "nouveaux" films avec Dewaere : un vrai grand hyperactif celui-là, comme tous les artistes qui ont laissé une trace durable malgré une courte vie – d'ailleurs je suis persuadé qu'aucun de ses rôles ne laisse indifférent, fût-ce au sein de films par ailleurs mauvais... Cela dit, même pour lui je ne pense pas aller jusqu'à visionner celui-ci...

Concernant Jean-Jacques Annaud, pour moi l'Ours est clairement son meilleur film (celui qui m'a le plus marqué en tout cas), et il a l'avantage de ne pas être une adaptation...

Oui, il a tourné dans beaucoup de films ; ce film n'est pas mauvais pour autant, il est juste peu subtil.

Benedictus a écrit:

Francesco a écrit:

Alors, je te déconseille la série avec Rupert Everett … où on a évidemment ajouté des "femmes puissantes" pour coller à l'actualité. Et où Everett cabotine comme un fou en Gui plus méchant que méchant (et torturé par et dans sa chair, évidemment).

C'est quoi, une adaptation du Nom de la Rose en série ou un spin-off autour de Bernardo Gui?

Francesco a écrit:

Quand j'ai lu le roman, ce qui m'a le plus saisi et glacé, j'aurais dû mal à expliquer pourquoi, c'est la brutale confession d'athéisme de Baskerville à la fin.

Et que, bien sûr, le film d'Annaud ne retient pas. Il faut que Sean Connery soit tolérant et éclairé (ne serait-ce que pour coller à son sourire en coin, sourcil relevé), mais la brutale confession d'athéisme de la fin ne serait probablement pas passée auprès du public anglo-saxon (qui en revanche a dû se régaler des caricatures antipapistes.)

C'est une adaptation récente du roman. Elle est relativement fidèle tout en développant une espèce de mythologie annexe.
Pour les dernières lignes, je les ai relues trois fois pour être sûr d'avoir bien compris.
Mais, dans la couleur aimable (et d'ailleurs délicieuse à mon avis) du film, c'est évident que le tranchant aurait été trop violent et presque hors sujet.

Pierre Granier-Deferre : Adieu poulet        1975

 +
Encore un film dont le scénario a été écrit par Francis Veber, librement adapté du roman éponyme de Raf Vallet et d'une fusillade ayant eu lieu à Puteaux quatre ans auparavant. C'est le premier film de ce réalisateur que je vois et je ne suis pas follement emballé : les films politiques me plaisent habituellement assez/beaucoup mais ici, même si l'ambition est nettement politique (à travers la dénonciation de la proximité entre les politiciens et les brigands), j'ai trouvé le film globalement plat dans sa réalisation (certaines scènes se détachent du lot mais peu), le rythme est assez mou et puis ça ne dénonce pas grand-chose finalement : tout est presque annulé à cause du revirement ; la petite touche d'humour occasionnelle (notamment les adeptes de Krishna qui se mettent en grève) est plutôt étonnante. Le duo vieux/jeune central fonctionne bien et paradoxalement c'est Ventura qui semble fermement déterminé à changer les choses alors que Dewaere est plus fataliste, cette inversion de dynamique est intéressante mais pas extrêmement développée.

Jane Campion : Two friends        1986


Il s'agit du premier long-métrage de Jane Campion, réalisé pour la télévision, mettant (déjà) en scène deux personnages principaux féminins : deux amies dont les chemins s'écartent progressivement notamment à cause d'un beau-père coercitif l'empêchant de s'épanouir dans ce qui lui plait. Le film est composé de cinq parties montrées de la plus récente à la plus vieille, c'est intéressant ici car le film s'ouvre sur la mort de l'une des deux jeunes filles et ce genre de structure narrative appelle usuellement un flash-back qui conduit jusqu'à la mort du personnage mais ici, Campion va juste conduire son histoire mais dans une chronologie inversée, avec ses rencontres, ses petits aléas ; l'histoire n'est pas toujours d'un intérêt incroyable et l'on s'ennuie parfois mais elle est tout de même parsemée de beaux moments, notamment cette sorte de fausse happy end (qui ne fait en fait que rendre plus tragique la fin chronologique) avec cette séquence de rêve/projection où Campion dessine sur les plans. C'était mon premier film de Campion et ça égaie ma curiosité à propos de sa filmographie - et notamment des films où elle a eu plus de moyens financiers.

André Versini : Horace 62        1962

 +
Le scénario de ce film est vraiment très sommaire - un écho moderne de Horace de Corneille nous dit-on en introduction au film - : deux gangs corses à Paris s'éliminent tour à tour, ils décident alors d'en finir au cours d'un duel. Cette brièveté est sans doute ce qui m'a un peu déçu dans le film : le duel est le point d'aboutissement du film ; alors bien sûr, entre temps, il y a le personnage d'Horace qui est un peu entre deux terrains (et en plus, pacifique) mais la partie centrale du film est tout de même bien longue par moments, même si les acteurs sont plutôt bons (beaucoup d'acteurs que je ne connais pas, mais on y trouve notamment Charles Aznavour, très convaincant dans le rôle d'Horace et Jean-Louis Trintignant dans un rôle plus secondaire). J'ai par contre trouvé que Versini arrivait à installer une ambiance très crédible, notamment dans ce Paris nocturne accompagné d'une musique de jazz, très déambulatoire, à bord des voitures ; dans sa manière de filmer, il parvient vraiment à rendre compte de l'espace, c'est particulièrement visible lorsqu'il filme les deux voitures qui se suivent vers la fin et ensuite, la scène du duel sous la tour Eiffel ou même la séquence finale, extrêmement ouvertes d'un point de vue spatial ; il y a également de bonnes idées scénaristiques comme cette scène d'ouverture où des tirs ont lieu dans le cimetière, comme si la rivalité était continue entre les deux familles ; Versini n'a pourtant réalisé que deux ou trois films - que je sais de lui.

Emeryck a écrit:

Versini n'a pourtant réalisé que deux ou trois films - que je sais de lui.[/font]

Jolie!

Je n'avais jamais entendu parlé de ce film par contre, ni de ce réalisateur, je tenterais a l'occasion!

Arnaud Desplechin : La vie des morts        1991

  / +
Il s'agit de la première réalisation publique du réalisateur, un moyen-métrage d'une cinquantaine de minutes où apparaissent déjà les prémices de ses thématiques centrales futures, notamment la famille dans ce qu'elle a d'abondante, son rattachement étroit à la maison et une certaine idée du groupe (cf. la belle scène de la récitation morcelée du Voyage de Baudelaire). Ce film n'a peut-être pas l'ampleur des réalisations ultérieures de Desplechin mais la mise en scène est vraiment très bien : j'ai beaucoup aimé les scènes de pièces vides qui ponctuent le récit (ça me fait penser aux intermèdes de L'amour à mort de Resnais) et qui séparent notamment les scènes qui se passent entre les deux générations majoritairement représentées à l'écran ; j'ai trouvé que la composante naturaliste fonctionnait moins bien sur une durée plus courte, que cela n'avait pas complètement le temps de prendre.

Herk Harvey : Carnival of souls        1962


Ce film est le seul long-métrage de Harvey, qui fut un échec lors de sa sortie puis redécouvert et (superbement) restauré plusieurs dizaines d'années plus tard. J'ai été assez séduit par ce film : le noir et blanc est vraiment superbe, et avec peu de choses (des surimpressions principalement), le réalisateur arrive à installer une tension tout à fait crédible ; la scène finale de poursuite dans ce bâtiment mystérieux jusqu'au lieu où tout a commencé est remarquable ; il y a également quelques autres fulgurances : la scène à l'orgue avant le renvoi de l'église ou la scène du garage. J'ai par contre un peu regretté l'épisode central avec la romance un peu ennuyeuse, je ne vois pas tellement ce que ça apporte au film, d'autant plus que le personnage qui essaie de draguer le personnage principal est tout à fait inintéressant. Je ne sais toujours pas quoi penser du jeu de l'actrice principale qui est extrêmement figé et monotone mais d'un côté, cela donne une persistance à l'atmosphère du film et cela favorise notre immersion dans le film ; une belle découverte, en somme.

Ninotchka

Stanley Kubrick - Orange mécanique sorti en 1971



Génial

Thelonious a écrit:

Stanley Kubrick - Orange mécanique sorti en 1971

Génial

Prophétique

Blazing Saddles (Le Shérif est en prison)

João Pedro Rodrigues : L'ornithologue        2016


Il y a plusieurs semaines que je n'avais pas vu un film si beau, le dernier était très certainement La chute de la maison Usher d'Epstein : c'est la premier film de ce réalisateur que je vois (mais j'aimerais en voir d'autres) et j'ai vraiment été impressionné par ce film qui n'est pourtant pas très bien noté. Le film raconte l'histoire de Fernando, un ornithologue parti sur son kayak à la recherche d'espèces rares d'oiseaux pour les observer ; il en perd le contrôle de son kayak et a un accident : c'est à ce moment que le film se déploie. Il s'inspire des épisodes de la vie de certains saints notamment de Saint-Antoine de Padoue mais aussi peut-être de Saint-François d'Assise (c'est particulièrement manifeste dans le double prénom du personnage principal - Fernando/Antonio et puis les oiseaux, quoi') mais le réalisateur en donne une lecture personnelle, très immédiate et queer ; j'ai dû louper pas mal de choses du côté de ces vies saintes car je n'y connais pas grand-chose mais cela m'a suffit pour être emporté par ce film. Tout d'abord, la photographie est magnifique : les paysages somptueux filmés en lumières naturelle, les séquences nocturnes avec les lumières colorées parfois couplées à des rideaux du fumée frémissants ; mais ce réalisateur a également un grand sens du cadre, c'est manifeste dans la séquence d'introduction où il filme Fernando regarder les oiseaux, mais aussi les oiseaux qui le regardent, rien que par la coupe entre ces deux points de vue, il arrive à installer une tension. Par son aspect non-dualiste sur la vie, ce film m'a fait penser à Weerasethakul et notamment dans sa façon de filmer la forêt qui est un véritable lieu de découverte intérieure (la fin est d'ailleurs assez éloquente de ce point de vue) et qui est d'une certaine manière une source de vie ; cependant, cette comparaison a bien ses limites car on sent que le fond de pensée n'est pas le même : Weerasethakul n'aurait jamais fait un film de relecture, il se situerait plutôt avant la lecture ; Rodrigues multiplie les très belles scènes, tantôt envoûtantes, tantôt simplement belles (l'insufflation de la vie...) mais fournit un émerveillement sans cesse renouvelé. L'aspect de (re)découverte intérieure est particulièrement important dans le film puisque le retour au point de rupture (la chute du kayak) est la quête qui anime le film et ce retour s'accompagne aussi d'une sorte de retour à soi pour le personnage : en essayant de se retrouver géographiquement, il se retrouve lui-même ; par ailleurs, le concept de double plane toujours au-dessus du film et à la fin, du corps de Fernando meurt renaît un personnage joué par le réalisateur, comme si le film avait été pour lui un vecteur de sa propre découverte. Cela fait plaisir de voir de tels films - encore un film qui montre que l'on fait toujours de grands films, que le "vrai" (ou "grand") cinéma n'est pas porté disparu et qu'il existe actuellement des tas de réalisateurs/trices passionnant(e)s et/ou prometteurs/euses.

Scissors



Leaving Las Vegas

Martin Scorsese - Casino sorti en 1995



C'est assurément un grand film mais je me suis un peu ennuyé. Je pense que j'ai un peu fait le tour du genre.

Michel Franco : Chronic        2015


Malgré sa dureté, j'avais aimé Después de Lucia car il y avait un propos plutôt intelligent et qui méritait d'être dit ; ici, ce film est encore plus dur (on dirait même que c'est son principe de fabrication...) et il m'a profondément agacé tant il est caricatural et systématique : on a le droit à une série de patient(e)s en fin de vie, plus ou moins jeunes, extrêmement amoindri(e)s physiquement et mentalement (une femme atteinte du cancer qui veut qu'on l'aide à s'euthanasier, une femme atteinte du SIDA en phase terminale, un vieil homme qui ne semble plus pouvoir se déplacer, un jeune homme de seize ans en fauteuil roulant). Bien sûr, le film saupoudre tout cela de scènes étranges (la scène d'ouverture est un le personnage principal qui suit une femme qui sort de chez elle puis qui rentre chez lui pour regarder des photos d'une fille assez jeune - dont on saura que c'est en fait sa fille) ; et pour être sûr que ce soit suffisamment systématique, on ajoute des non-dits (qui dans une certaine mesure font naître une histoire dans le film, ou plutôt lui retirent à peine sa gratuité), des scènes embarrassantes, des personnages qui mentent tout le temps (mais vraiment, c'est impressionnant ; si bien que ça en devient agaçant). Pour couronner le tout, on a le droit à une mise-en-scène qui est aussi irritante qu'elle est non inventive : des longs plans fixes où les personnages sont filmés de loin avec un son "vrai", des cuts brutaux et de préférence avec une rupture soudaine de volume ; en bref, une véritable caricature. Vous pensiez que c'était suffisamment caricatural ? Eh bien non ! Pour la séquence finale, le personnage principal fait son jogging et en traversant une rue, il se fait faucher par une voiture --- je ne vous dis pas comment est filmé le plan mais c'est facile de le deviner.

La 8è femme de Barbe-Bleue

Brainstorm

Jean-Pierre Mocky : Le miraculé        1987


Je crois bien que c'est pour l'instant mon Mocky favori : tout est absolument improbable dans ce film, de Michel Serrault jouant un personnage muet dont le nom est Ronald Fox Terrier portant un collier pour chien autour du cou et ne s'exprimant que par des bruits d'animaux, en passant par Jeanne Moreau qui joue une femme totalement absorbée par la religion et Jean Poiret un fraudeur à l'assurance ; tous les acteurs s'en donnent à coeur joie et le résultat est assez communicatif : c'est très grotesque mais c'est d'un tel emportement que... ça fonctionne, j'ai beaucoup ri. Le sujet du film est plutôt simple : il dénonce le tournant hyper-marchand qu'a pris la ville de Lourdes et les fraudeurs à l'assurance ; cela a d'ailleurs apporté des ennuis à Mocky (qui a tourné à la sauvette quelques plans à Lourdes puisque l'autorisation de tourner là-bas lui a été refusée).

The Unthinkable - Crazy Pictures sorti en 2018



Un bon film déroutant et haletant.

Rambo II: La Mission

Sur addikTV
C'est beau et émouvant par moments.

Claude Chabrol : Inspecteur Lavardin        1986

 +
Ce film vient juste après Poulet au vinaigre dans la filmographie de Chabrol duquel il hérite le personnage de l'inspecteur Lavardin, toujours interprété par Jean Poiret qui fait ici preuve d'un mordant et d'une ironie absolument irrésistibles, j'ai particulièrement aimé son jeu ici. Le scénario du film est une enquête policière plutôt classique sur l'assassinat d'un écrivain, enquête aux revirements assez plaisants, d'ailleurs. J'ai trouvé que Chabrol accordait une importance particulière (déjà dans Poulet au vinaigre notamment dans le générique où l'on est en vue subjective dans un appareil photo) au regard et à tous les procédés de "capture" : on retrouve ici des séquences en vue subjectives dans un appareil photo, mais aussi des cassettes, des jumelles, des yeux mais aussi des caméras ; j'ai trouvé ça vraiment bien car cela rend l'atmosphère plus étrange et prenante - notamment pour la collection d'yeux du personnage de Brialy. Il y a aussi cette idée que j'ai trouvée bien vue, c'est l'utilisation de la caméra à la place d'une lumière dans le studio du personnage de Bideau, caméra qui est l'élément de vérité du film - cette association lumière/vérité n'est pas nouvelle, cf. la scène de la lampe vacillante dans Le corbeau de Clouzot ; j'ai aussi aimé la fausse-piste initiale. En résumé, c'est vraiment un bon Chabrol.

Oh oui, j'aime énormément ce film! Brialy et Bideau sont géniaux (et puis l'écriture de leurs personnages est très savoureuse.)

Monkey business (1952)

Louis Grospierre : Du mou dans la gâchette        1967


Un film assez atypique (en tout cas, c'est mon impression) dans le paysage cinématographique français : il s'agit d'un film raillant le genre du film policier. Cela semble accrocheur mais si quelques moments sont tout de même plutôt drôles, la critique est tout de même assez répétitive et premier degré (en gros, la plupart du temps, cela revient à faire l'exact opposé de ce que l'on ferait dans un film normal du genre) mais le film part tout de même vers un nawak généralisé notamment lorsque le duo central (interprété par Bernard Blier et Jean Lefebvre) qui est chargé (au début du film) d'escorter le braquage d'un fourgon convoyeur de fonds se retrouve dans la dernière partie à se faire passer pour des prêtres et font même des visites de l'église ; la musique est également assez risible, c'est une sorte de musique ironiquement yéyé. Bon, en somme, plus le film avance plus il devient terriblement poussif - et dire que je suis tombé sur ce film en regardant la filmographie de Serrault... qui apparaît à peine deux minutes dans le film.

En revanche, je suppose que Blier et Lefebvre tu ne les as toujours pas vus dans le rôle des frères Volfoni?

Benedictus a écrit:

En revanche, je suppose que Blier et Lefebvre tu ne les as toujours pas vus dans le rôle des frères Volfoni?

Halala, les inénarrables tontons flingueurs . "Les cons, ça ose tout; c'est même à ça qu'on les reconnait"

Archimède le clochard

+

Super petit film. (dialogues géniaux de M.Audiard, musique de Prodromidès, écrit Podromidès au générique)