Votre dernier film visionné

Colin Eggleston : Long weekend        1978

 +
Dans ce film, on suit un couple au bord de l'explosion qui part en week-end en pleine nature, complètement isolés du reste du monde  ; se mettent ainsi en place quelques éléments du film d'horreur mais l'une des forces du film est sans doute de ne pas se cantonner à ce genre bien précis. Bien sûr, il s'y inscrit un peu notamment par son travail sur les atmosphères (la bande-son, notamment) qui me semble plutôt réussi mais il y a également tout ce propos sur l'écologie qui me semble plutôt étonnant notamment à travers ce personnage masculin absolument détestable, caricature de l'homme hostile qui détruit tout sur son passage, complètement autoritaire avec sa femme ; il y a parfois des passages qui pourraient passer pour de l'humour noir notamment celui où l'homme tue un dugong (sorte de gros mammifère marin) qui s'échoue sur la plage, il dit qu'avant il y avait des milliers de dugong avant qu'ils ne soient tués pour l'exploitation du pétrole ; sa femme répond que c'est horrible et il répond "oui, c'est vrai que ce dugong n'est pas très beau hors de l'eau". Ce qui m'a aussi impressionné, c'est que la tension du film repose juste sur des séquences où l'on voit des animaux, en général, il n'y a aucun effet spécial.

Anton Bialas : Derrière nos yeux        2018

 + / 
J'ai été très surpris par ce documentaire, il est composé de trois parties : dans la première, on suit un homme qui vit dans la rue ; dans la seconde, on suit un peintre un peu perdu qui essaie de rencontrer une femme ; dans la troisième, on suit un aveugle dans une forêt. Ce qui est étonnant, c'est qu'il n'y a presque aucune parole dans ce documentaire : tout est dans la composition visuelle, assez inventive mais c'est pourtant un film qui raconte beaucoup de choses. Il pourrait sembler un peu décousu mais finalement, ces trois personnages sont liés par leur solitude et ils sont tous dans un état de recherche que ce soit la recherche d'une sensation pour l'homme aveugle et le premier homme et la recherche d'une femme et d'une voie d'expression pour le second homme. Il y a également cette approche à rebours qui commence par la vieillesse puis la jeunesse et finit sur un état presque pré-natal, à la recherche de la vie. J'ai regretté que dans le deuxième portrait, les messages à répétition à Isa qui ne sont pas vraiment valorisés mais bon, l'homme qui les envoie est montré comme étant un peu désespéré.

Peter Tscherkassky : Dream work        2001


Je ne connaissais pas du tout Tscherkassky et j'ai été un peu déçu par ce film qui propose certes de belles images et un certain dynamisme dans le montage mais je n'ai pas trouvé qu'il avait beaucoup d'intérêt. Par un montage assez fulgurant qui est à cheval entre les associations surréalistes (le film est une reconnaissance à l'œuvre de Man Ray) et l'expressionnisme dans la manière de travailler le contraste ; une femme entre, retire ses talons et ses sous-vêtements ; elle dort, puis rêve et c'est ce rêve qui est projeté sur l'écran ; mais là (si vous ne l'aviez pas encore remarqué), le propos devient bien sexualisant sur fond de psychanalyse de comptoir ; c'est dommage.

Meryll Hardt : Une vie radieuse        2013


Ce court-métrage est plutôt étrange : il commence sur ce qui s'apparente à des images d'archive (fabriquées) d'un couple qui s'installe au début des années cinquante dans la cité radieuse construite par Le Corbusier à Marseille. Je ne sais pas trop que penser de ce court-métrage : il y a quelques points humoristiques mais aussi une critique (à juste titre) sur l'aspect assez illusoire et finalement coercitif de ces nouvelles constructions mais plus le court-métrage avant et plus le court-métrage devient abstrait, laissant davantage place au corps qu'au bâtiment mais je n'ai pas trouvé ça passionnant.

Alexandru Petru Bădeliţă : Voyager sur une jambe        2015

 +
Comme le court-métrage de Meryll Hardt, ce moyen-métrage a été produit par le Fresnoy ; la trame narrative est assez classique : dans la Roumanie de Ceaușescu, Irene, une femme roumaine, tombe amoureuse d'un homme allemand ; elle décide de partir à Berlin avec lui mais il ne veut plus d'elle, elle sombre alors progressivement dans la mélancolie ; voilà, c'est assez banal, mais ce n'est clairement pas le point central ici : c'est presque comme si l'histoire était au service de la mise en images, c'est elle qui est sous le feu des projecteurs dans ce moyen-métrage. Grâce à des découpages, des collages, des superpositions, des effets de lumière, le réalisateur va rendre très concret le monde intérieur d'Irene qui essaie tant bien que mal de recoller les lettres, les photogrammes. Il y a également cette séquence d'ouverture très parlante où Irene demande si la photo peut capter ce qui est dans sa tête. Le réalisateur choisit de filmer dans un format carré qui rappelle beaucoup celui des anciennes photographies et qui donne un certain cachet au climat politique très austère qui règne en fond. C'est une belle découverte, d'autant plus que je crois que c'est l'une des (la ?) première réalisation de ce réalisateur.

His Girl Friday

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World war Z

Jean-Daniel Pollet : Tu imagines Robinson        1968

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Ce film est ce que je m'imaginais être un film de Pollet avant d'avoir vu un de ses films : un film plutôt abstrait accompagné d'une voix-off. J'ai trouvé que ce film était un beau film sur la solitude (même si assez hermétique parfois) : il y a bien sûr la solitude du personnage représenté mais celle aussi du réalisateur qui essaie de "faire parler les images". Le film interroge la manière dont on raconte les choses au cinéma et notamment la manière dont l'histoire racontée interfère avec le réseau ambiant de références du spectateur - mais aussi symétriquement, il interroge l'interférence entre l'histoire racontée, les personnages représentés et les œuvres d'art pré-existantes ; c'est ici particulièrement clair à travers la figure de Robinson Crusoé, ne serait-ce que dans le titre. Le film est composé de séquences qui reviennent parfois (notamment la séquence d'hallucination), avec des motifs communs (le foulard sur les yeux) et une importante présence de la mer et plus généralement des éléments naturels qui sont ici les véritables forces d'action. L'utilisation de la voix-off et ce questionnement m'a rappelé l'entreprise de Michel Butor dans La modification ; et comme dans ce film, il y a des beaux passages mais je ne suis pas complètement convaincu - dans le Pollet, il y a des passages assez raides, je trouve ; mais ça reste un beau film, globalement et sans doute plus intéressant que les autres films de Pollet que j'ai pu voir.

Black Widow

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Edward Yang : The terrorizers        1986

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Ce film fait partie de ces films qui s'assemblent brique par brique, on met du temps à comprendre les choses et cela peut être un peu frustrant ; à la fin, on prend un mouvement de recul et le sens se révèle alors - enfin, presque. Pourtant, dès les premiers plans, tout est là : la géométrie de la ville de Taïwan, le cadavre sur la route, le photographe et la jeune femme qui s'évade. Une des influences principales est à mon avis celle d'Antonioni : d'abord, cette façon de parler des gens en les inscrivant dans la ville (et surtout sa géométrie) où ils vivent - on pense avant tout à L'eclisse - mais ce n'est pas la seule influence d'Antonioni dans ce film ; comme dans Blow-up, le personnage du photographe est comme happé par l'image de cette adolescente, qu'il imprime de manière morcelée sur des photos qu'il colle les unes aux autres pour former une très grande image sur l'un de ses murs. Cependant, contrairement à Antonioni, Yang est beaucoup moins insistant sur sa mise en scène et évite des écueils sur les questions politiques ; les cadres sont remarquables, tout comme les couleurs notamment dans toutes ces séquences où le réalisateur joue avec les rideaux et les vitres - qui établissent à la fois des contacts distants entre les personnages (reflets) mais également de la séparation (les rideaux). Ce qui m'a beaucoup plu dans ce film, c'est l'évolution de sa saveur : notamment les interférences qu'a le roman sur la fin du film sans qu'une direction soit privilégiée (du film vers le livre ou du livre vers le film) et introduit une composante fantasmatique - qui s'introduit presque sur la pointe des pieds dans la narration puisque la mise en scène ne met pas tellement l'accent dessus. Je pense que c'est un film qui prend beaucoup d'épaisseur et de saveur au fil des revisionnages ; mais certaines scènes sont déjà très saisissantes au premier visionnage.

Jean-Charles Hue : Mange tes morts - tu ne diras point        2014

 + / 
Comme dans La BM du seigneur, Hue filme la communauté yéniche - à laquelle il est relié par sa mère, je crois - que je n'ai jamais vue représentée au cinéma. Il évite l'écueil du regard un peu exotisant complètement condescendant ; il filme les mêmes acteurs que dans son film précédent et raconte une histoire très simple : Jason vient d'avoir dix-huit ans (mais n'écoute pas Dalida, je crois) et s'apprête à se faire baptiser, l'un de ses frères vient juste de sortir de prison après y avoir passé quinze ans pour le détournement d'un camion qui aurait mal tourné ; Jason met la fratrie sur un gros coup : un camion dont la benne est remplie de vingt-cinq tonnes de cuivre. Ce qui m'a le plus intéressé dans le film, c'est le rapport au temps : d'une part, Hue évoque de manière assez nette cette scission au sein de la famille sur la question de la foi catholique ; d'autre part, il évoque tout l'héritage que traîne cette famille : le père comme figure fantomatique mais toujours bien présente - cf. la dernière scène avec Fred - mais également à travers le retour de Fred (le frère qui était en prison) dans la société pour lequel on a tout fait de telle sorte que son passage en prison n'ait été qu'une pause dans sa vie notamment à travers sa voiture Alpina mais malgré tout, on sent que ce passage en prison lui a désappris à vivre : il ne sait plus tellement piloter, il ne trouve plus ce restaurant à Creil qu'il semblait connaître par cœur, etc. J'ai aussi bien aimé la mise en scène qui offre quelques fulgurances notamment le passage avec les arbres dans la fuite finale dans la nuit ou bien l'idée des yeux dans le coffre de l'Alpina que je trouve vraiment bonne, très concrète.

Hôtel du Nord

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Ca fait drôle de voir Bernard Blier aussi jeune!

Miloš Forman : Au feu, les pompiers !        1967

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Ce film est le premier film en couleur de Forman et le dernier qu'il tournera en Tchécoslovaquie avant son départ pour les États-Unis et il marque le coup. L'histoire de ce film se résume très simplement : un bal des pompiers à la caserne est organisé mais rien ne va se passer comme prévu et ce bal va mal tourner. Le choix de la caserne n'est bien sûr pas anodin : c'est le point de départ de l'aspect politique de ce film ; cette structure officielle (qui est celle qui tempère, censée être plus neutre que la police) va progressivement subir des vols et même un incendie - ce qui est tout de même un comble. Il y a également ce concours de beauté organisé au débotté qui ne rime à rien ; tout ça pour au final remercier le vétéran de la caserne - de manière hypocrite, en plus, car tout le monde (sauf lui, apparemment) sait qu'il a un cancer et qu'il n'en a plus pour longtemps ; la scène de remise de la récompense ajoute encore de la saveur à cet aspect hypocrite. Cependant, même s'il y a quelques scènes drôles, je m'attendais à quelque chose de plus tordant et je dois dire que la partie centrale du film (jusqu'aux vingt dernières minutes où ça part vraiment dans tous les sens - donc en gros toute la partie qui se concentre sur le concours de beauté) n'est pas extrêmement passionnante, ni constamment drôle ; c'est donc plutôt une déception pour ma part.

Jean-Charles Hue : La BM du seigneur        2011

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Pendant dix ans, Hue est parti vivre avec une partie de sa famille, la famille Dorkel, une famille yéniche et ce film est le résultat de ses dix ans de vie commune comme l'indique la dédicace précédant le générique de fin. Ici, le style est beaucoup plus brut et documentaire que dans Mange tes morts et le scénario fait presque penser à du Brisseau des années 90 : Fred vit de vols de voitures et un jour, il rencontre un homme qui lui offre un chien blanc ; il pense que c'est un ange et cela va l'amener à se questionner profondément. Ce qui est au centre de ce film, c'est la question de l'identité : lorsqu'il rencontre cet homme mystérieux, Fred croit à un signe de dieu et se demande s'il doit vraiment continuer à voler mais à la fois, ne plus voler, c'est couper court à toute source de revenus mais il aimerait s'extirper de ce mode de vie ; finalement, il est amené à réfléchir sur qui il est et cette réflexion est très liée à l'identité au sein du groupe (cf. le dialogue à la fin "-je suis pas une salope ; -j'ai jamais dit que t'étais une salope, c'est les autres qui pensent ça") et cette démarche de questionnement identitaire a plusieurs échos : un premier écho sur le plan personnel à travers le réalisateur qui renoue avec cette famille, sans doute pour savoir davantage qui il est (en tout cas, d'où il vient) et sans doute un second écho sur le plan cinématographique puisque ce film représente (je crois) la communauté yéniche de manière complètement nouvelle - comme Gatlif a pu le faire avec la communauté Rom, par exemple - qui est souvent montrée de manière caricaturale ou très péjorative. On trouve déjà des éléments qui seront toujours là dans Mange tes morts, notamment l'aspect très clivant de la question religieuse dans la communauté yéniche ou l'intérêt pour les BMW - Alpina n'étant qu'un préparateur de BMW ; j'ai tout de même préféré Mange tes morts qui me semble plus abouti même si celui-ci est intéressant et se suit agréablement.

Xavier a écrit:

Hôtel du Nord

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Ca fait drôle de voir Bernard Blier aussi jeune!

Du coup, par rapport à Blier jeune et dans la même veine je pensais à Entrée des artistes en te lisant, et en voulant vérifier les années de sortie je constate que les deux films sont de la même année.

Iván Castiñeiras Gallego : Où est la jungle ?        2015


Ce court-métrage d'une trentaine de minutes a été produit par le Fresnoy, il a été filmé au Brésil et toute sa démarche est résumée dans le titre : il filme alternativement la ville et la jungle, leurs interactions réciproques (la ville qui envahit la jungle mais également ces morceaux de mémoire de jungle en ville à travers ces familles qui ont dû migrer en ville et qui ont repris des morceaux de ville) ; le film est parfois entrecoupé de déclarations d'un dessinateur qui raconte quelques éléments d'histoire mais le film est en général très peu loquace, se contentant de juxtaposer des images ; de belles images, certes mais je n'ai pas trouvé ce court-métrage extrêmement intéressant.

Iskender a écrit:

Xavier a écrit:

Hôtel du Nord

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Ca fait drôle de voir Bernard Blier aussi jeune!

Du coup, par rapport à Blier jeune et dans la même veine je pensais à Entrée des artistes en te lisant, et en voulant vérifier les années de sortie je constate que les deux films sont de la même année.

Surtout Le jour se lève !

J'ai prévu de voir ça aussi.

Xavier a écrit:

Black Widow

+

Oui, c'est pas mal, très théâtral et statique, mais Ginger Rogers est vraiment impressionnant et ça a le charme des productions en technicolor de la Fox. Je le revois assez régulièrement.

Spoiler:

Xavier a écrit:

J'ai prévu de voir ça aussi.

Les 2 sont à voir façon.

Et Drôle de drame ... et Les Enfants du Paradis !!! encore plus.

Catherine Breillat : Tapage nocturne        1979


J'avais découvert Breillat avec À ma sœur que j'avais bien apprécié, c'est le seul film de la réalisatrice que j'avais vu jusqu'alors ; j'ai été nettement moins convaincu par celui-ci, il s'agit de son deuxième film et j'ai trouvé qu'on dirait du Akerman mais en nettement moins bien : Breillat semble ignorer complètement l'aspect visuel (le film bénéficie d'une photo assez terne comme pas mal de films français des années 70, la mise en scène est quasiment inexistante) pour se concentrer complètement sur les dialogues, ce qui fait qu'en général seules les séquences de monologues émergent du lot, le reste semble plutôt insignifiant. Le récit est également assez minimaliste : une femme réalisatrice couche avec beaucoup d'hommes mais quand elle rencontre Bruno, réalisateur lui aussi, elle l'aime passionnément ; finalement, au-delà de l'aspect de reprise de son corps, je n'ai rien trouvé d'intéressant à ce film d'autant plus que les acteurs (exceptée Dominique Laffin qui a tout de même une véritable présence dans le film) sont assez plats voire pas très bon(ne)s.

Francesco a écrit:

Xavier a écrit:

Black Widow

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Oui, c'est pas mal, très théâtral et statique, mais Ginger Rogers est vraiment impressionnant et ça a le charme des productions en technicolor de la Fox. Je le revois assez régulièrement.

Spoiler:

Assez d'accord sur tout ce que tu as dit, ça se regarde avec plaisir, mais ça ne va pas plus loin.
J'étais surpris du rôle finalement mineur de Gene Tierney.

Qu'est-ce qui est drôle?

The Killers (A bout portant)

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J'ai mis quelques minutes avant de réaliser qu'un des rôles principaux était joué par Ronald Reagan!

Alejandro Jodorowsky : Fando y Lis        1968

 + / 
Il s'agit du premier long-métrage de Jodorowsky - juste avant El topo, du coup. L'univers du réalisateur est déjà en grande partie présent, le film est déjà surchargé de symboles et de bizarreries (parfois un peu cringe...) mais ce n'est pas tellement ce qui m'a intéressé dans ce film ; ce que j'y ai trouvé de plus intéressant, c'est en rapport avec une autre thématique centrale de la filmographie de Jodorowsky (et plus généralement de sa pensée - notamment à travers la pratique du tarot, j'imagine) : c'est les réflexions sur la vie, son sens éventuel et la manière qu'il a de représenter ça à l'écran. Ici, Fando et Lis forment un couple (elle ne peut plus marcher, il la pousse sur un chariot), ils sont en chemin pour une "ville mystique" qui s'appelle Tar et ce long chemin est celui d'une vie ; ils vont rencontrer tout un tas de personnages en général tous plus farfelus les uns que les autres - cette manière de faire tenir une vie dans une grande marche me fait penser à Fellini et plus précisément à ses films comme Fellini Satyricon ou Roma où l'on trouve un peu cet aspect qui culmine notamment dans les scènes de parade. Dans ce film, la cité de Tar n'est qu'un point à l'infini, derrière la mort qui guide le couple tout au long du film. J'ai aimé certaines images notamment la séquences où Fando et Lis se renversent de la peinture dessus, il y a quelque chose de très immédiatement sensible. En revanche, il y a des scènes bien gênantes dans leur bizarrerie notamment la scène où un homme crée un vagin à une poupée avec un couteau et décide de mettre des petits serpents dedans... ce genre de scènes dont on aurait pu un peu se passer ; le film reste plutôt pas mauvais - même s'il n'est pas au niveau des deux suivants - malgré tout.

Xavier a écrit:

Francesco a écrit:

Xavier a écrit:

Black Widow

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Oui, c'est pas mal, très théâtral et statique, mais Ginger Rogers est vraiment impressionnant et ça a le charme des productions en technicolor de la Fox. Je le revois assez régulièrement.

Spoiler:

Assez d'accord sur tout ce que tu as dit, ça se regarde avec plaisir, mais ça ne va pas plus loin.
J'étais surpris du rôle finalement mineur de Gene Tierney.

Qu'est-ce qui est drôle?

Tu m'as bien eu ...

Tierney en 1954 c'était déjà la fin (c'était la fin depuis longtemps d'ailleurs en fait, dès le tournant des années 40 elle n'a plus de rôles à la Laura/Péché Mortel/Dragonwyck à la Fox). En voilà une qui a été maltraitée par son studio.

Francesco a écrit:

Tu m'as bien eu ...

A quel propos?

Francesco a écrit:

Tierney en 1954 c'était déjà la fin (c'était la fin depuis longtemps d'ailleurs en fait, dès le tournant des années 40 elle n'a plus de rôles à la Laura/Péché Mortel/Dragonwyck à la Fox). En voilà une qui a été maltraitée par son studio.

Ah oui, 34 ans, elle était déjà vieille... (je viens de voir, elle n'a fait que 5 films entre 35 et 45 ans, et après, plus rien! )

Sergueï Paradjanov : Sayat Nova - La couleur de la grenade        1969

 + 
Bon, d'abord, il est bon de préciser que ce film est absolument fou. En fait, il me rappelle énormément la musique de la compositrice Galina Oustvolskaïa et notamment une œuvre comme la Symphonie n°5 où tous les instruments (il y en a six) jouent des notes aux valeurs rythmiques très régulières, avec des motifs très simples, parfois accompagnés par un cube en bois frappé régulièrement ou un récitant qui récite une sorte de prière ; j'y ai retrouvé cette même expérience hypnotique. Ici, j'ai vu des images extrêmement simples, lentement exposées, comme si on feuilletait un grand livre avec une image par page : il y a une telle attention à la couleur, à la composition ; une sorte de croyance absolument totale en l'image de sorte que le film repose complètement là-dessus. Le film raconte la vie intérieure du poète arménien Sayat Nova qui vécut au dix-huitième siècle : Paradjanov prévient en introduction qu'il ne faut pas chercher ici la vie de Sayat Nova ; on suit alors chronologiquement, en huit tableaux, la vie intérieure de Sayat Nova et on regarde ça comme un(e) gamin(e), on regarde grand-père Sergueï nous raconter son histoire, il prend son temps : père castor n'a qu'à bien se tenir !

Emeryck a écrit:

Sergueï Paradjanov : Sayat Nova - La couleur de la grenade        1969

J'adore ce film... comme tous les films de Paradjanov d'ailleurs .

Anaxagore a écrit:

Emeryck a écrit:

Sergueï Paradjanov : Sayat Nova - La couleur de la grenade        1969

J'adore ce film... comme tous les films de Paradjanov d'ailleurs .

J'aimerais beaucoup en voir d'autres mais ça ne se trouve pas tellement facilement en bonne qualité. 

Emeryck a écrit:

Anaxagore a écrit:

Emeryck a écrit:

Sergueï Paradjanov : Sayat Nova - La couleur de la grenade        1969

J'adore ce film... comme tous les films de Paradjanov d'ailleurs .

J'aimerais beaucoup en voir d'autres mais ça ne se trouve pas tellement facilement en bonne qualité. 

J'ai vu, outre Sayat Nova, Les chevaux de feu, La légende la forteresse de Souram et Achik Kérib. Jadis, ils étaient disponibles chez Films sans frontières, mais avec une qualité d'image discutable. Je ne sais pas trop s'il y a encore moyen de trouver ça quelque part ... .

William Lustig : Maniac cop        1988

 + / 
Dans ce film, un homme tue des individus un peu de manière aléatoire, les gens se rendent compte qu'il porte un uniforme de policier par la suite mais les policiers décident de taire ce détail pour ne pas ternir leur image ; c'est ce synopsis qui a piqué ma curiosité, je voulais voir plus en détail la critique du système policier que proposait ce film. Le film m'a en fait pas mal déçu, j'aurais dû me méfier en voyant le titre : l'homme qui tue est en fait un ancien policier qui a été envoyé en prison pour des affaires de corruption et qui y a été assassiné ; il revient ici sous une apparence véritablement monstrueuse et tout le monde l'appelle "maniac cop", du coup, je ne comprends pas tellement pourquoi il tue ? Veut-il se venger de ce qui lui est arrivé ? Dans ce cas, où est le message de critique de la police ? De toute façon, même si l'on passe sous silence ce point, le film passe un peu à côté du truc car tout le problème est individualisé (d'autant plus qu'on l'appelle "maniac cop"...) ; enfin, bref, sinon l'histoire n'est pas vraiment passionnante, on assiste juste à une série de meurtres sans grande tension ; je dois toutefois dire que certains cadres sont inventifs et que l'atmosphère nocturne est parfois plutôt crédible mais pour moi, ce n'est clairement pas un grand film, ni un film extrêmement intéressant ; je ne sais pas ce que valent les deux films constituant la suite de celui-ci.

Zoo (Tublen, 2018)

+

Oliver Laxe : Mimosas        2016

 +
Ce réalisateur m'avait déjà (agréablement) surpris avec son dernier film en date, O que arde qui se déroulait en Galice et reposait sur l'exposition d'une trajectoire déjà circonscrite : on sait de l'homme pyromane qui vient de sortir de prison qu'il va remettre le feu ; une fois ces points extrémaux posés, il s'agit avant tout de décrire une trajectoire et un contexte. J'ai l'impression que l'on retrouve cela dans ce film mais d'une façon un peu différente puisqu'il n'est plus centré sur un personnage en particulier - même si le personnage du cheikh hante le film - et le film est moins minimaliste que O que arde. Dans ce film, un cheikh se sachant au bord de la mort - figure emblématique du sage - décide de rejoindre sa famille pour terminer ses jours près d'elle ; il prétend connaître un raccourci, mais il faut pour cela traverser l'Atlas et dès le début de l'ascension, le cheikh meurt ; les deux hommes qui l'accompagnent réfléchissent à ce qu'ils vont faire. Parallèlement à ça, le film présente une autre partie, qui semble plus récente (on y voit des voitures) ; il y a une interférence entre les deux histoires puisque dans cette histoire, il est aussi question d'escorter le cheikh (un mécanicien, spirituellement instruit doit y aller) et la différence entre les deux histoires est de plus en plus ténue : elles sont simultanées et indissociables, si bien que  le mécanicien en question rejoint les deux hommes qui accompagnaient le cheikh ; il réalise comme un point-frontalier entre les deux temporalités (aussi bien à ce niveau qu'au niveau spirituel, pour les deux autres hommes). Bien sûr, il va être question ici de trajectoires et le voyage projeté par le cheikh (qui va devoir être terminé par les autres hommes) mime une trajectoire spirituelle. C'est d'autant plus prenant que Laxe filme de manière assez rigoureuse le trajet : tantôt à dos de mule, en voiture dans l'autre temporalité, à pied, de loin, de près ; j'ai retrouvé cet aspect de trajet accompagné dans de grands espaces vides et secs que j'avais déjà beaucoup aimé dans certains westerns comme Wagon master de Ford ; cet aspect sec est d'autant plus palpable que Laxe filme en seize millimètres et certains plans sont vraiment sublimes. Il est à présent à peu près clair qu'Oliver Laxe est un (très) grand réalisateur.

Breeder

Emeryck a écrit:

Meryll Hardt : Une vie radieuse        2013


Ce court-métrage est plutôt étrange : il commence sur ce qui s'apparente à des images d'archive (fabriquées) d'un couple qui s'installe au début des années cinquante dans la cité radieuse construite par Le Corbusier à Marseille. Je ne sais pas trop que penser de ce court-métrage : il y a quelques points humoristiques mais aussi une critique (à juste titre) sur l'aspect assez illusoire et finalement coercitif de ces nouvelles constructions mais plus le court-métrage avant et plus le court-métrage devient abstrait, laissant davantage place au corps qu'au bâtiment mais je n'ai pas trouvé ça passionnant.

Ça m’intéresse. Tas pu le visionner comment ?

xoph a écrit:

Emeryck a écrit:

Meryll Hardt : Une vie radieuse        2013


Ce court-métrage est plutôt étrange : il commence sur ce qui s'apparente à des images d'archive (fabriquées) d'un couple qui s'installe au début des années cinquante dans la cité radieuse construite par Le Corbusier à Marseille. Je ne sais pas trop que penser de ce court-métrage : il y a quelques points humoristiques mais aussi une critique (à juste titre) sur l'aspect assez illusoire et finalement coercitif de ces nouvelles constructions mais plus le court-métrage avant et plus le court-métrage devient abstrait, laissant davantage place au corps qu'au bâtiment mais je n'ai pas trouvé ça passionnant.

Ça m’intéresse. Tas pu le visionner comment ?

Je l'ai trouvé sur MUBI.

merci

Ming-liang Tsaï : Le pont n'est plus là        2002

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Réalisé un an après Et là-bas, quelle heure est-il ?, ce court métrage d'une vingtaine de minutes travaille toujours le même sillon, déjà ouvert par Tsaï depuis plusieurs films : le temps (le changement) et la rencontre fortuite mais parallèle. Dans ce court-métrage, une femme vient d'arriver à Taïwan, elle en rencontre une autre, elles essaient avec difficulté de traverser une grande artère ; elles se font arrêter par un policier parce qu'elles n'ont pas emprunté le passage souterrain ; l'une des deux femmes réplique qu'il y avait ici une passerelle, avant et qu'elle ne l'a pas retrouvé ; le policier ne l'écoute pas et leur demande leurs papiers d'identité. L'idée de la passerelle qui disparaît est intéressante car elle évoque très bien les tropismes du cinéma du réalisateur : le lien entre les personnes (dans tous ses films), le changement d'une ville (particulièrement manifeste dans Les chiens errants) ; cela a d'ailleurs de nombreux échos dans la suite du court-métrage notamment lorsque le policier a égaré la carte d'identité de la femme ou dans la manière dont la rencontre entre cette femme et l'acteur porno se fait, de manière très abrupte et dépourvue de contexte. J'avoue que ce qui fait que j'aime beaucoup le cinéma de Tsaï fonctionne un peu moins bien sur un format court, il a moins le temps de travailler une intensité dramatique mais ici, le caractère est un peu différent : il y a presque des instants comiques.

Stephen & Timothy Quay : Street of crocodiles        1986


Librement adapté du livre éponyme de Bruno Schulz, ce court-métrage d'animation est la première réalisation des frères Quay que je vois et ça m'a bien plu. J'ai aimé l'originalité des choses animées : le film commence sur un vieil homme qui regarde la rue des crocodiles à travers un kinétoscope, il va cracher dedans pour l'animer - l'énergie issue du choc du crachat avec une sorte d'hélice va comme alimenter cette rue miniature. Il y a toujours cette idée de s'émanciper de l'animation (qui, au premier abord, mettrait d'emblée la vie à distance puisqu'elle implique une création au sens où, par exemple, la caméra, on peut la poser dans la rue et elle va filmer "la réalité", même si, bien sûr le geste cinématographique implique lui aussi une création mais bref, dans l'imaginaire collectif (cf. le faisceau de connotations du terme "dessin animé") le dessin semble moins proche de la réalité) notamment à travers la rupture des fils des marionnettes, les représentations des objets sont très anatomiques (jusqu'à montrer littéralement des organes) et l'animation se porte sur des objets très techniques (vis, clous, etc.) et puis bien sûr, il y a le crachat initial - dit comme ça, ça fait un peu crade mais c'est un bon film ; visuellement très travaillé, en plus.

Taste of fear

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All that jazz/Que le spectacle commence

Tony Gatlif : Transylvania        2006

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La musique a toujours occupé une place importante des films de Gatlif puisque d'une part, c'est lui qui les compose la plupart du temps mais aussi parce qu'elle a une place essentielle dans le milieu qu'il montre - la communauté rom ; d'autant plus qu'ici, avec un titre faisant écho à un lieu aussi mythologique (à travers Dracula), il est peut-être encore plus enclin à exacerber cet aspect mythologique - cf. le statut de la musique tzigane dans l'imaginaire collectif. Dans ce film, Zingarina, une femme italienne part en Transylvanie pour retrouver son (ancien ?) compagnon (musicien) qui a été expulsé de France ; il met fin à leur histoire et s'ensuit ensuite une sorte d'errance pour Zingarina au cours de laquelle elle rencontre Tchalango, un homme qui revend des métaux à droite à gauche et finalement, un amour un peu inattendu naît progressivement. Ce que j'ai aimé dans ce film, c'est l'aspect totalement errant que prend la seconde partie, ponctuée par les scènes de spectacle (musicaux ou simplement physiques) qui injectent de la vie dans cette errance ; il y a en plus quelques très belles scènes, notamment quelques scènes hallucinées de Zingarina.

Laurent Heynemann : Il faut tuer Birgit Haas (1981)

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→ Mon dieu que c'est mauvais. Un tissu d'invraissemblances du début à la fin, des profils psychologiques soit édulcoré (Haas/Lisa Kreuzer), stéréotypé (Bauman/Rochefort) et en aucun cas creusé (Athanase/Noiret). Il y avait tant à faire sur ce sujet de la collaboration entre services secrets français et allemand et du terrorisme dans le contexte des années 80. Et on s'ennuie ferme. L'épilogue est totalement risible et grotesque.

Je n'ai pas vu celui-ci (mais du coup, ça ne fait pas trop envie, malgré la distribe...)
En revanche, sur un thème proche, j'avais bien aimé Espion, lève-toi de Boisset (avec Ventura, Piccoli, Cremer, Bennent...)

Ah oui alors. Ça c’est d’un tout autre niveau

Houseboat

Angel

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Élise Girard : Belleville Tokyo        2010


Il s'agit du premier long-métrage de cette réalisatrice, j'ai choisi de le voir pour voir un peu ce que donnait Philippe Nahon en 2011 ; j'ai été extrêmement déçu, non pas tellement sur ce point mais plutôt sur le film que j'ai trouvé vraiment mauvais. Tout d'abord, l'histoire est assez banale : un couple se sépare (a priori temporairement) sur un quai de gare mais l'homme lui annonce qu'il la quitte, elle se retrouve ainsi seule dans Paris et mène sa vie péniblement, d'autant plus qu'il l'a laissée enceinte. Cependant, il revient de temps à autres pour essayer de se racheter ou je ne sais quoi ; enfin bref, c'est une suite d'allers-retours complètement lassants, la relation est clairement abusive. Ce qui m'a également beaucoup agacé, c'est l'accumulation (inutile, à part peut-être la séquence de projection de L'innocente de Visconti) de références cinématographiques notamment parce que le personnage principal travaille au Grand Action, on a donc le droit à du name dropping aussi bien vocalement qu'à travers les affiches. Ce qui est également irritant, c'est le jeu de Jérémie Elkaïm que j'ai trouvé particulièrement mauvais - en plus, son personnage est absolument détestable donc ça n'aide pas. Je n'ai pas aimé les dialogues non plus qui sont extrêmement rigides mais en étant également complètement lisses. En résumé, il n'y a pas grand-chose à sauver à part peut-être quelques moments d'humour mais à mon avis très minoritaires.

Emeryck a écrit:

William Lustig : Maniac cop        1988
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Emeryck a écrit:

Élise Girard : Belleville Tokyo        2010

Mais, c'est parce qu'il faut regardey tout que tu t'infliges des trucs pareils?

Benedictus a écrit:

Emeryck a écrit:

William Lustig : Maniac cop        1988
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Emeryck a écrit:

Élise Girard : Belleville Tokyo        2010

Mais, c'est parce qu'il faut regardey tout que tu t'infliges des trucs pareils?

 On dit visionney, déjà. 
J'étais curieux à propos de ces deux films - même si pour le Girard j'avais un mauvais pressentiment.