Votre dernier film visionné

Benedictus a écrit:

D'une manière générale, j'ai l'impression qu'à cette époque-là, le cinéma français avait une capacité à faire événement au-delà du cercle des cinéphiles qui s'est complètement perdue. Il y a des tas des films des années 80 dont je ne me souviens plus en tant que tels (et qui pour certains ont été bien oubliés depuis), mais dont je garde en mémoire le titre et la sortie: la «révélation» de tel acteur ou de telle actrice, les affiches sur les bus et les colonnes Morris, la présentation qui en était faite à la télé, les débats (parfois houleux) qu'ils pouvaient susciter... (Aussi bien des chefs-d'œuvres que des daubes, d'ailleurs.)

J'ai aussi l'impression que les années 70-80 étaient un sommet de visibilité pour le cinéma français dont on parlait beaucoup et à peu près n'importe quoi pouvait être produit ; je pense que c'est très lié au statut à l'époque triomphal de la salle de cinéma - après les années 80, beaucoup de cinémas ont disparu (c'est d'ailleurs assez dingue) et surtout la logique d'exploitation a, je crois, pas mal changé : elle semble maintenant (à quelques exceptions près) beaucoup moins ponctuelle mais plus structurée selon une logique de réseau. Cela dit, les personnes que je connais et qui ne sont pas cinéphiles sont tout de même un peu au courant de ce qu'il se passe dans le cinéma français car on en parle tout de même un peu dans les magazines - et pas seulement les magazines de cinéma. Après, j'ai l'impression que chez les gens il y a aussi cette logique du "de toute façon, c'était mieux avant", "tous les films, c'est pareil" - bon, peut-être que j'exagère un peu. D'ailleurs, depuis la réouverture des salles, c'est la première fois que je vois des publicités pour les films qui sortent au cinéma - je ne sais pas si ça se fait encore.

Justine Triet : Victoria        2016

 +
J'avais découvert Triet en salle avec son dernier film en date : Sibyl ; je n'avais pas détesté mais ça m'avait un peu ennuyé ; en voyant Victoria, je me suis dit que ceux qui l'avaient vu avant Sibyl ont dû s'ennuyer ferme parce que les films sont en fait très proches. Les deux films abordent la question du quasi-burn-out, avec Efira jouant le rôle du personnage principale (dans les deux cas, une femme en émancipation) et les deux films parlent de la question des frontières dans les relations ; je pense que je préfère Victoria à Sibyl. Dans Victoria, Efira interprète une avocate ; lors d'une soirée de mariage, une des invitées prendra un coup de couteau et c'est ainsi que l'avocate se retrouvera à défendre l'accusé - ici, la question de la frontière est intéressante parce qu'il y a chevauchement du terrain juridique et du terrain affectif : Victoria connaît bien et l'accusée et la victime, pourtant elle choisit de défendre l'accusé et est donc tenue à la neutralité ; en particulier, elle ne peut plus vraiment discuter à propos de ça avec la victime. L'intrigue parallèle avec le personnage de Lacoste, assez fantasque, commence bien mais après, j'ai trouvé que ça tombait dans le convenu. Malgré tout, le film est ponctué d'idées par-ci par-là, notamment l'ex-mari en quête de reconnaissance littéraire qui est prêt à publier toute la vie qu'il a eue avec son ex (Victoria) et notamment des choses confidentielles - en filigrane, cela met sur la table des questions plus actuelles, notamment tout ce refuge derrière la fiction ou plus généralement l'art - ; les séquences de dispute en anglais sont aussi amusantes. J'ai aussi aimé le rythme très surmené qu'arrive à transmettre le film et les acteurs/trices sont convaincant(e)s, Efira en tête et aussi Lacoste qui est assez amusant. Je suis curieux de voir si La bataille de Solférino aborde aussi ces mêmes thématiques.

Teruo Ishii : Blind woman's curse        1970

 +
Il s'agit du premier film de Teruo Ishii que je vois, il me semble que ç'a été une figure importante du genre de l'érotique grotesque qui était une partie du pinku eiga qui est tout un courant de films érotiques japonais des années soixante-dix. Ce Ishii est vraiment un objet cinématographique curieux, j'y ai retrouvé l'aspect bordélique-grouillant des films d'Imamura (bien que le genre soit assez différent) : on dirait qu'Ishii a essayé de reprendre les mythes cinématographiques nippons de l'époque (les yakuzas) et va surcharger tout ça d'une couche de burlesque et un peu d'érotisme - et surtout, le film a beaucoup d'idées cinématographiques, dans la manière de filmer. Chose notable, également : le film met en scène des femmes yakuza ; j'ai beaucoup aimé les petits motifs qui parsèment le film, notamment celui du chat qui m'a beaucoup rappelé le film de Fulci mais également le tatouage que se partagent les femmes yakuza membre de la bande d'Akemi ; cependant, je regrette peut-être un peu que le film soit assez brouillon, l'histoire est racontée de manière assez confuse mais à la fois, ça donne un ton spécial au film - ça vient donner une prise à l'aspect un peu onirique du film.

Yves Robert : Alexandre le bienheureux        1968

  + / 
J'ai bien aimé ce film, malgré un scénario d'une extrême simplicité, je trouve qu'il est extrêmement communicatif - et, en plus, qu'il a toujours un écho assez actuel ; si vous êtes au bord du burn-out, je crois que c'est le genre de film qu'il vous faut. Dans ce film, Philippe Noiret joue le rôle d'un fermier que sa femme traite en forçat (bon, ok, là, c'est cringe), de manière d'ailleurs assez comique et lorsqu'elle périra dans un accident de voiture, son mari va décider de se la couler douce en restant toujours au lit et en acceptant de dire non. J'ai bien aimé l'aspect très paisible du film, comme s'il épousait le mot d'ordre du personnage de Noiret, et petit à petit, ce dernier va faire des émules qui vont progressivement remettre en question ce qui semble aller de soi et dire stop, et ce phénomène très progressive de contagion est assez comique. Je ne peux bien sûr pas terminer le chien du personnage de Noiret qui est hyper mignon.

Ah, oui, c'est un film dont je garde un excellent souvenir!
Et Marlène Jobert...

(Mais comme en fait de tous les films d'Yves Robert.)

Laura Schroeder : Barrage        2017


Ça faisait un certain temps que je n'avais pas vu un film aussi ennuyeux - c'était ici même très difficile de terminer le film - ça moyenne un peu l'expérience globale. Le film raconte l'histoire d'une mère qui a laissé sa fille à sa propre mère et qui décide de la récupérer plusieurs années après ; se pose bien sûr la question de l'écart entre le statut officiel et le statut effectif : la fille ne semble pas très emballée par ces retrouvailles ; ensuite, suite à une petite blessure de la fille, sa mère n'ose plus la remettre à sa grand-mère et l'embarque dans un chalet au bord d'un lac. La raison pour laquelle le film est extrêmement ennuyeux, c'est qu'en fait, il ne se passe quasiment rien : la fille et sa mère vivent leur vie, les dialogues sont très plats. C'est d'ailleurs assez amusant (et il y a sans doute un clin d'oeil à certains rôles de Huppert, notamment Copacabana de Fitoussi) que la mère un peu paumée soit ici jouée par la fille d'Isabelle Huppert, Lolita Chammah - et sa mère joue ici la grand-mère ; mais bon, ça s'arrête peu près là.

Endless night

Le Crocodile du Botswanga

Emeryck a écrit:

Après, j'ai l'impression que chez les gens il y a aussi cette logique du "de toute façon, c'était mieux avant", "tous les films, c'est pareil" - bon, peut-être que j'exagère un peu.

Non, non, je faisais vraiment état de la surface médiatique et sociale des sorties cinématographiques - je n'aime pas tellement le cinéma français des années 80, en fait.

Philippe de Broca : L'amant de cinq jours        1961

 +
Ce film fait partie d'une série de films tournés par de Broca avec Jean-Pierre Cassel qui n'ont pas beaucoup marché, c'est ici le troisième ; je n'ai pas trouvé ça si mal que ça : il y a un côté très théâtral que j'ai bien aimé, notamment dans le climax du film, très adroit et simple. En fait, il y a quelque chose d'assez distancié qui donne pas mal de légèreté au film : notamment le personnage de Jean-Pierre Cassel, toujours excessivement sautillant ; sinon, c'est une histoire de marivaudage plutôt classique mais plaisante - et le noir et blanc est vraiment joli.

Barbaque



Interstate 60

Camille Fontaine : Par accident        2015


Il s'agit du premier film de Camille Fontaine - et d'ailleurs le dernier en date -, les intentions sont bonnes mais le résultat est clairement très décevant : même une actrice douée comme Hafsia Herzi est ici assez mauvaise ; de manière générale, j'ai l'impression que les acteurs/trices dans le film sont très mal dirigé(e)s. Le film aborde la question de la justice à géométrie variable suivant que l'on soit racisé(e) ou non - quand on sait que certains prétendent avoir une solution très simple : retirer les droits des "non-français" : Herzi renverse un homme par hasard et il s'avère que celui-ci est sévèrement touché, elle a bien sûr peur pour cet homme mais aussi pour ses papiers et son sort - ainsi que celui de son mari qui n'a pas encore de papiers ; se pointe alors un témoin surprise (qui en fait, spoiler, n'a rien vu de la scène) qui l'innocente et le film bascule ici sur le thème de la culpabilité (le personnage de Dequenne est sans doute le mieux écrit) mais ce n'est jamais complètement saisissant - d'un point de vue de la profondeur thématique mais aussi (et surtout) à cause de la direction des acteurs et peut-être aussi de la manière de filmer que j'ai trouvé très moyenne.

Emeryck a écrit:

même une actrice douée comme Hafsia Herzi est ici assez mauvaise

Déjà qu'en général Hafsia Herzi parvient à ma faire regarder jusqu'à la fin plus de la moitié des films que sinon j'aurais laissé tomber au bout de dix minutes, alors là, si même elle n'arrive pas à sauver le truc...

Jaume Balagueró : Los sin nombre        1999


Ce film a eu un certain succès au festival de Gérardmer en 2000 (il y a remporté trois prix) et est également l'un des films qui lance toute cette série de films fantastiques espagnoles (comme Tesis d'Amenabar, par exemple) ; il s'agit du premier long-métrage de son réalisateur qui n'est autre (je l'ignorais complètement !) que l'un des réalisateurs de la série de films d'horreur REC. Le film est une adaptation du roman homonyme de Ramsey Campbell, ça se suit sans véritable déplaisir mais ce n'est pas extrêmement surprenant, alors même que l'histoire laissait la porte ouverte à de potentielles surprises, le réalisateur nous livre une conclusion assez attendue ; j'ai en revanche trouvé que l'atmosphère un peu étrange fonctionnait plutôt bien - même si le ressort de l'horreur est un peu systématique : scratch + images bizarres/glauques (mais qui ont du sens vis-à-vis de l'histoire) qui apparaissent brutalement. Par contre, le propos sur le mal (que le réalisateur écrirait sans doute avec un grand M...) semble un peu grotesque, très différentielle, comme si c'était une entité très clairement distinguable : les "méchants" sont quand même des membres d'une secte ésotérique néonazie (cela dit, mélanger ça est bien vu car ces derniers étaient bien friands d'ésotérisme) qui cherche une sorte de transcendance par la souffrance et peuple un hôtel abandonné où ils torturent des gens ; ça va, ça fait assez méchant, là ? Cette approche mystifiante et assez naïve du mal est un peu fatigante. Ça reste un film correct malgré tout, pas vraiment subtil c'est sûr...

Sólveig Anspach 
Lulu femme nue 

à la suite d'Emeryck et Xavier

Philippe Labro : L'alpagueur        1976


Il s'agit de la seconde collaboration de Labro avec Belmondo qui est d'ailleurs le producteur de ce film. Je ne suis pas complètement convaincu par ce film : sur le papier, l'histoire semble plutôt pas mal mais j'ai trouvé le film vraiment très lent et long ; l'histoire semble en plus artificiellement alambiquée, alors bien sûr, c'est cohérent avec le côté un peu trouble (notamment du point de vue de la police) du film mais je n'ai pas trouvé ça extrêmement bien fait ; en terme d'ambiance, je préfère assez nettement Sans mobile apparent. Encore une fois, ce film rejoint la vague de films inquiets réalisés en France pendant les années soixante-dix : ici, il parle de l'emploi de personnes externes à la police pour coincer voire éliminer des criminels - c'est le personnage que joue Belmondo ici. Assez déçu par ce film, du coup ; d'autant plus que la réalisation n'est pas terrible - sans parler de la musique qui est parfois pénible et donne un sacré coup de vieux au film.

Patrice Leconte : Les bronzés        1978


Je n'avais encore jamais vu ce film, classique parmi les classiques, je voulais avoir une idée de ce à quoi ressemble ce film ; je ne m'attendais pas à quelque chose d'exceptionnel mais je m'attendais au moins à rire un peu mais en fait, j'ai trouvé ça vraiment laborieux, épars, problématique par moments. Je ne dirais toutefois pas que ça ne raconte rien puisque le film tourne un peu en dérision le succès croissant des clubs de vacances mais de manière assez maladroite et pas très intelligente : toute cette focalisation autour de la "séduction" avec des phrases bien problématiques du genre "ah bah il lui met les mains aux fesses, elle va porter plainte, c'est grave" ou même le fait que le film se passe en Côte d'Ivoire (alors que ça aurait pu être justement efficace dans la dénonciation) ne présageait rien de bon et effectivement, on a quelques relents un peu racistes, ça fait toujours bien plaisir. Les acteurs/trices ne sont pas tellement mauvais mais le ton global un peu en demi-teinte, tragi-comique (notamment avec cette scène de fin, le classique de la scène de fin de vacances) est un peu pénible dans son aspect convenu ; au moins, le fait d'avoir vu le film aura éclairé la provenance de certaines phrases. Malgré tout, je suis un peu curieux (mais ça attendra) de voir la suite, qui, à défaut d'être d'une finesse absolue, est peut-être (un peu) moins problématique et peut-être (un peu) plus drôle.

Oui, Les Bronzés font du ski est plus drôle, mieux construit, moins marqué par cet «esprit Club Med» (je veux dire: moins complaisant avec tout ce côté «décoincé du cul» post-68.)

(Et je trouve au contraire que les différentes facettes de racisme plus ou moins conscient de l'univers Club Med sont ici assez bien épinglées - notamment à travers les propos et les attitudes des différents personnages lors de l'excursion: des bourges «libérées» qui parlent de «ces gens-là» au ridicule du babtou mimétique, en passant par l'espèce de paternalisme pseudo-connivent qui prétend «s'y connaître» en marchandage comme en piments.)

Benedictus a écrit:

Oui, Les Bronzés font du ski est plus drôle, mieux construit, moins marqué par cet «esprit Club Med» (je veux dire: moins complaisant avec tout ce côté «décoincé du cul» post-68.)

(Et je trouve au contraire que les différentes facettes de racisme plus ou moins conscient de l'univers Club Med sont ici assez bien épinglées - notamment à travers les propos et les attitudes des différents personnages lors de l'excursion: des bourges «libérées» qui parlent de «ces gens-là» au ridicule du babtou mimétique, en passant par l'espèce de paternalisme pseudo-connivent qui prétend «s'y connaître» en marchandage comme en piments.)

Bon, c'est déjà ça !

Oui, c'est peut-être un peu moins problématique que d'autres aspects (notamment l'aspect décoincé du cul comme tu dis) mais ça reste assez maladroit : par exemple, la scène où le personnage de Gérard Jugnot se fait masser le dos où tout le monde est en mode "ahaha, hyper drôle" ou peut-être plus pertinent, la scène où il dit qu'il aimerait bien séduire je-ne-sais-plus-quelle-femme, ses amis lui disent qu'elle est seule (!) (ou un truc de ce genre) et là, il y a un personnage noir qui arrive (dans un but comique) en disant "eh si ! c'est moi qui suis avec" ou quelque chose de ce genre. Pour les scènes dont tu parles, oui, je suis plutôt d'accord mais pour moi, par exemple, la scène du gars qui dit qu'il "connaît" les piments, pour moi, c'est plus illustratif du gars qui veut se la jouer à tout savoir sur tout, qui a tout connu et tout vu - même si, effectivement, lorsqu'il répond au vendeur, il amène bien son pesant de condescendance.

Je confirme que pour moi aussi, le 2è au ski est bien supérieur, bien que j'aime déjà bien le premier.

Samson et Dalila, Cecil B. Demille

Remarquable! Le film est spectaculaire et presque décadent dans son érotisme et ses décors surchargés. Malgré son origine biblique le film n'a pas grand chose d'édifiant (mais bon le récit biblique ne m'avait pas non plus frappé par cet aspect là) Samson (Victor Mature) est un héros finalement très imparfait arrogant et à la chair faible qui au début du film semble presque prêt à abandonner son peuple pour prendre une épouse chez l’oppresseur, et son action contre les philistins (y compris la destruction du temple de Dagon) semble finalement plus une vengeance personnelle après son humiliation et la mort de son épouse, qu'une révolte au nom des sien.  (Semadar jouée par Angela Lansbury); il n'est pas pour autant juste un tas de muscle sans cervelle (ses ruses pour éviter de révéler le secret de sa force à Dalila sont plutôt malines et amusantes). Mais l'attraction principale du film c'est Dalila (Hedy Lamarr) femme fatale qui s’avère au final bien plus complexe que le rôle de traitresse qu'elle joue dans le livre des juges. L'amour/haine destructeur et paroxystique qu'elle porte à Samson devient fascinant jusque dans son absurdité, d'une manière générale la romance entre les deux personnages est d'une perversité presque sado-masochiste assez hallucinante!
Un grand film (et en plus c'est très divertissant et même souvent drôle).

Parsifal a écrit:

Samson et Dalila, Cecil B. Demille

Remarquable! Le film est spectaculaire et presque décadent dans son érotisme et ses décors surchargés. Malgré son origine biblique le film n'a pas grand chose d'édifiant (mais bon le récit biblique ne m'avait pas non plus frappé par cet aspect là) Samson (Victor Mature) est un héros finalement très imparfait arrogant et à la chair faible qui au début du film semble presque prêt à abandonner son peuple pour prendre une épouse chez l’oppresseur, et son action contre les philistins (y compris la destruction du temple de Dagon) semble finalement plus une vengeance personnelle après son humiliation et la mort de son épouse, qu'une révolte au nom des sien.  (Semadar jouée par Angela Lansbury); il n'est pas pour autant juste un tas de muscle sans cervelle (ses ruses pour éviter de révéler le secret de sa force à Dalila sont plutôt malines et amusantes). Mais l'attraction principale du film c'est Dalila (Hedy Lamarr) femme fatale qui s’avère au final bien plus complexe que le rôle de traitresse qu'elle joue dans le livre des juges. L'amour/haine destructeur et paroxystique qu'elle porte à Samson devient fascinant jusque dans son absurdité, d'une manière générale la romance entre les deux personnages est d'une perversité presque sado-masochiste assez hallucinante!
Un grand film (et en plus c'est très divertissant et même souvent drôle).

Entièrement d'accord. Et le choix des acteurs (bon, à part Lansbury sans doute) est on ne peut plus judicieux.

Probablement mon Cecil B. DeMille parlant préféré!

Cecil B. DeMille préféré ? ça existe ça

J'en ai vu 1 ... je me suis juré "plus jamais ça" !

J'adore ce De Mille si caractéristique, mais je pense que c'est un peu dommage, parce qu'on aime pas le De Mille rutilant des années 40 et 50 d'ignorer par principe son apport à l'époque du muet (ou du cinéma des années 1930).

Tout à fait: Male and Female, Adam's Rib ou The Cheat, par exemple, sont des films aussi importants à mon sens que les grands Griffith post-Intolerance ou que les films de Stroheim. (Et il me semble que c'est un point de vue qui fait assez largement consensus chez les historiens du cinéma.)

Cololi a écrit:

Cecil B. DeMille préféré ? ça existe ça

Oui, et les grandes fresques d'aventure avec Gary Cooper (Dr Wassell, Unconquered) ou ce chef-d'œuvre du western épique qu'est Union Pacific pourraient tout aussi bien mériter le titre (mais j'ai vraiment une tendresse pour Samson.) (Après, j'admets volontiers que les deux derniers films, avec Charlton Heston, en Moïse ou en directeur de cirque, sont nettement moins réjouissants.)

Alan Parker : Pink Floyd: The Wall (1982)



Quelle idée de regarder ça en plein milieu de la nuit... 

Sinon, la musique est immense (évidemment). 

Emeryck a écrit:

Yves Robert : Alexandre le bienheureux        1968

J'adore ce film !   

Qui plus est, il y a l'une des meilleures B.O. de Vladimir Cosma. 

Benedictus a écrit:

Tout à fait: Male and Female, Adam's Rib ou The Cheat, par exemple, sont des films aussi importants à mon sens que les grands Griffith post-Intolerance ou que les films de Stroheim. (Et il me semble que c'est un point de vue qui fait assez largement consensus chez les historiens du cinéma.)

Cololi a écrit:

Cecil B. DeMille préféré ? ça existe ça

Oui, et les grandes fresques d'aventure avec Gary Cooper (Dr Wassell, Unconquered) ou ce chef-d'œuvre du western épique qu'est Union Pacific pourraient tout aussi bien mériter le titre (mais j'ai vraiment une tendresse pour Samson.) (Après, j'admets volontiers que les deux derniers films, avec Charlton Heston, en Moïse ou en directeur de cirque, sont nettement moins réjouissants.)

Ce sont, bien entendu, mes préférés à moi avec la trilogie Paulette Goddard. Mais ça fait partie de ma légende d'âme simple.

Francesco a écrit:

J'adore ce De Mille si caractéristique, mais je pense que c'est un peu dommage, parce qu'on aime pas le De Mille rutilant des années 40 et 50 d'ignorer par principe son apport à l'époque du muet (ou du cinéma des années 1930).

D'autant que le DeMille rutilant des années 40-50 n'est pas moins incontournable!
C'est un très grand cinéaste qui a porter a son plus haut degrés une certaine idée du spectaculaire, et c'est souvent d'une richesse plastique invraisemblable, et même dans les 10 Commandements ça n'est pas aussi sérieux et monolithique que son sujet et sa durée peuvent laissé penser, l'esprit du film d'aventure n'est jamais vraiment loin - certes beaucoup moins que dans Samson - et le sens du spectacle de DeMille est assez infaillible).

Mais effectivement les films muets sont de premières importances (et l’intérêt n'est pas qu'historique!). A ceux déjà cité par Benedictus j'ajouterais aussi The Godless Girl (1928), et Chicago (1927) qu'il n'a officiellement que produit (le film est signé Frank Urson) mais il aurait assez étroitement supervisé le tournage (et c'est vraiment un excellent film!)

Emeryck a écrit:

Philippe Labro : L'alpagueur        1976

Il s'agit de la seconde collaboration de Labro avec Belmondo qui est d'ailleurs le producteur de ce film. Je ne suis pas complètement convaincu par ce film : sur le papier, l'histoire semble plutôt pas mal mais j'ai trouvé le film vraiment très lent et long ; l'histoire semble en plus artificiellement alambiquée, alors bien sûr, c'est cohérent avec le côté un peu trouble (notamment du point de vue de la police) du film mais je n'ai pas trouvé ça extrêmement bien fait ; en terme d'ambiance, je préfère assez nettement Sans mobile apparent. Encore une fois, ce film rejoint la vague de films inquiets réalisés en France pendant les années soixante-dix : ici, il parle de l'emploi de personnes externes à la police pour coincer voire éliminer des criminels - c'est le personnage que joue Belmondo ici. Assez déçu par ce film, du coup ; d'autant plus que la réalisation n'est pas terrible - sans parler de la musique qui est parfois pénible et donne un sacré coup de vieux au film.

Je trouve que c'est ce qui fait que ce genre de film ne passe plus très bien aujourd'hui : ce personnage de tueur à gages officiant hors du circuit policier et judiciaire est tout de même assez improbable et invraisemblable. Il serait difficile à mettre en scène aujourd'hui, et même dans le contexte des années 70 où le cinéma pouvait s'attaquer à un système plus opaque, ça tient difficilement la route. Les hommes de l'ombre, c'est pertinent dans un contexte politique, mais là... On a en fait surtout l'impression que ce personnage est taillé de toutes pièces pour Belmondo, et finalement ce rôle de justicier marginal fait à mon sens de L'alpagueur le vrai point de bascule dans sa période "box-office". La composition inquiétante de Bruno Cremer est en revanche excellente, et pour ce qui est de la collaboration Labro/Belmondo, je considère L'héritier comme un très bon film (et une excellente composition de Belmondo, épaulé par un Charles Denner génial).

Ici :

La diagonale du fou de Richard Dembo. [avec Michel Piccoli, Alexandre Arbatt] (1984)
***

Blackkklansman de Spike Lee (2018)
***

Umberto Lenzi : Gatti rossi in un labirinto di vetro        1975


Il me semble que c'est le premier film de Lenzi que je vois et j'ai été assez surpris parce que je m'attendais à quelque chose de beaucoup moins traditionnel et plus trash d'une certaine manière - Lenzi a réalisé plusieurs films avec des cannibales mais en fait, j'ai l'impression que c'était un peu un cinéaste qui suivait clairement les effets de mode car dans sa filmographie, on décèle précisément tous les méandres du cinéma italien de ses années là (que l'on retrouve chez d'autres cinéastes comme Bava). Ici, c'est un giallo plutôt classique, à ceci près qu'il se passe principalement en plein jour et qu'il est assez délibérément humoristique - le costume du tueur est d'un grotesque ! Le film nous raconte donc la disparition progressive d'un groupe de touristes américains partis en Espagne, à chaque fois tués au couteau et on leur a systématiquement retiré leur œil gauche - la fin est assez décevante. Sans être vraiment très intéressant, le film n'est pas si mauvais (même s'il n'est pas bon pour autant) et est plutôt amusant.

Iskender a écrit:

Emeryck a écrit:

Philippe Labro : L'alpagueur        1976

Il s'agit de la seconde collaboration de Labro avec Belmondo qui est d'ailleurs le producteur de ce film. Je ne suis pas complètement convaincu par ce film : sur le papier, l'histoire semble plutôt pas mal mais j'ai trouvé le film vraiment très lent et long ; l'histoire semble en plus artificiellement alambiquée, alors bien sûr, c'est cohérent avec le côté un peu trouble (notamment du point de vue de la police) du film mais je n'ai pas trouvé ça extrêmement bien fait ; en terme d'ambiance, je préfère assez nettement Sans mobile apparent. Encore une fois, ce film rejoint la vague de films inquiets réalisés en France pendant les années soixante-dix : ici, il parle de l'emploi de personnes externes à la police pour coincer voire éliminer des criminels - c'est le personnage que joue Belmondo ici. Assez déçu par ce film, du coup ; d'autant plus que la réalisation n'est pas terrible - sans parler de la musique qui est parfois pénible et donne un sacré coup de vieux au film.

Je trouve que c'est ce qui fait que ce genre de film ne passe plus très bien aujourd'hui : ce personnage de tueur à gages officiant hors du circuit policier et judiciaire est tout de même assez improbable et invraisemblable. Il serait difficile à mettre en scène aujourd'hui, et même dans le contexte des années 70 où le cinéma pouvait s'attaquer à un système plus opaque, ça tient difficilement la route. Les hommes de l'ombre, c'est pertinent dans un contexte politique, mais là... On a en fait surtout l'impression que ce personnage est taillé de toutes pièces pour Belmondo, et finalement ce rôle de justicier marginal fait à mon sens de L'alpagueur le vrai point de bascule dans sa période "box-office". La composition inquiétante de Bruno Cremer est en revanche excellente, et pour ce qui est de la collaboration Labro/Belmondo, je considère L'héritier comme un très bon film (et une excellente composition de Belmondo, épaulé par un Charles Denner génial).

C'est vrai que ça rend le film un peu daté mais je crois que c'est en grande partie aussi à cause de la réalisation un peu paresseuse de Labro : chez un cinéaste comme Boisset, dont la réalisation est beaucoup plus nerveuse et moins timorée, ça passe beaucoup mieux - cf. Le juge Fayard dit "Le Shériff" ; mais oui, effectivement, ce personnage de solitaire est taillé pour Belmondo. Je suis d'accord pour la prestation de Cremer - je ne sais pas pourquoi je ne l'ai pas mentionnée, d'ailleurs.

Francesco a écrit:

Benedictus a écrit:

Tout à fait: Male and Female, Adam's Rib ou The Cheat, par exemple, sont des films aussi importants à mon sens que les grands Griffith post-Intolerance ou que les films de Stroheim. (Et il me semble que c'est un point de vue qui fait assez largement consensus chez les historiens du cinéma.)

Cololi a écrit:

Cecil B. DeMille préféré ? ça existe ça

Oui, et les grandes fresques d'aventure avec Gary Cooper (Dr Wassell, Unconquered) ou ce chef-d'œuvre du western épique qu'est Union Pacific pourraient tout aussi bien mériter le titre (mais j'ai vraiment une tendresse pour Samson.) (Après, j'admets volontiers que les deux derniers films, avec Charlton Heston, en Moïse ou en directeur de cirque, sont nettement moins réjouissants.)

Ce sont, bien entendu, mes préférés à moi avec la trilogie Paulette Goddard. Mais ça fait partie de ma légende d'âme simple.

J'ai toujours beaucoup aimé ton côté décomplexé  

Non, moi ... les 10 commandements ... ce n'est pas possible, tout simplement  

Iskender a écrit:

Emeryck a écrit:

Philippe Labro : L'alpagueur        1976

Il s'agit de la seconde collaboration de Labro avec Belmondo qui est d'ailleurs le producteur de ce film. Je ne suis pas complètement convaincu par ce film : sur le papier, l'histoire semble plutôt pas mal mais j'ai trouvé le film vraiment très lent et long ; l'histoire semble en plus artificiellement alambiquée, alors bien sûr, c'est cohérent avec le côté un peu trouble (notamment du point de vue de la police) du film mais je n'ai pas trouvé ça extrêmement bien fait ; en terme d'ambiance, je préfère assez nettement Sans mobile apparent. Encore une fois, ce film rejoint la vague de films inquiets réalisés en France pendant les années soixante-dix : ici, il parle de l'emploi de personnes externes à la police pour coincer voire éliminer des criminels - c'est le personnage que joue Belmondo ici. Assez déçu par ce film, du coup ; d'autant plus que la réalisation n'est pas terrible - sans parler de la musique qui est parfois pénible et donne un sacré coup de vieux au film.

Je trouve que c'est ce qui fait que ce genre de film ne passe plus très bien aujourd'hui : ce personnage de tueur à gages officiant hors du circuit policier et judiciaire est tout de même assez improbable et invraisemblable. Il serait difficile à mettre en scène aujourd'hui, et même dans le contexte des années 70 où le cinéma pouvait s'attaquer à un système plus opaque, ça tient difficilement la route. Les hommes de l'ombre, c'est pertinent dans un contexte politique, mais là... On a en fait surtout l'impression que ce personnage est taillé de toutes pièces pour Belmondo, et finalement ce rôle de justicier marginal fait à mon sens de L'alpagueur le vrai point de bascule dans sa période "box-office". La composition inquiétante de Bruno Cremer est en revanche excellente, et pour ce qui est de la collaboration Labro/Belmondo, je considère L'héritier comme un très bon film (et une excellente composition de Belmondo, épaulé par un Charles Denner génial).

Bof L'héritier ...
En revanche j'aime beaucoup L'Alpagueur. Je me contrefiche que ça ne soit pas crédible ! C'est du Bébel !
Je vous accorde bien volontier que ... tous les Bébel passaient à la télé quand j'étais gamin ... alors il m'est impossible d'en faire abstraction, car le cinéma quand j'étais gamin ... c'était ça !

Claude Miller : L'effrontée        1985

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Je connais finalement assez peu Miller, je n'ai vu que deux de ses films (La meilleure façon de marcher et Garde à vue) que j'ai tous deux aimés - particulièrement le second. Ce Miller est à nouveau une bonne surprise, et est assez proche d'une certaine manière de La meilleure façon de marcher puisque l'enfance est un thème important au sein du film : et ici, plus spécifiquement, le passage de l'enfance à l'adolescence ; de ce point de vue, j'ai trouvé le film assez subtil et pas cringe du tout. J'ai surtout beaucoup aimé l'asymétrie de la dynamique qu'arrive à faire passer le film : le personnage de Charlotte (interprété par Charlotte Gainsbourg) sait absolument ce qu'il ne veut pas être (cf. sa relation avec la petite fille qui la suit partout, elle la tire vers l'enfance) et a une sorte de lanterne qui la guide qui est cette pianiste virtuose qui a son âge ; le film saisit tout ce qui passe entre ces deux pôles, une espèce d'errance. La relation de Charlotte avec l'employé-forgeron (?) est assez comique également, pleine d'ironie : le gars essaye de la séduire alors qu'il a une trentaine d'années et elle à peine quinze, sans aucune pression ; elle le mène un peu par le bout du nez, c'est amusant. Comme d'habitude, la mise en scène de Miller est assez simple, très fonctionnelle mais vraiment efficace en terme de signifiance, notamment tous ces plans de porte rapportés à Charlotte.

Benedikt Erlingsson : Woman at war        2018

 +
J'avais été un peu décontenancé par Des chevaux et des hommes car je ne voyais pas très bien où il allait ; ici, les enjeux sont beaucoup plus clairs sans pour autant abandonner les aspects que j'avais aimés dans Des chevaux et des hommes : on retrouve cette alternance entre le tragique et le comique qui prend ici beaucoup plus d'épaisseur puisqu'à l'image du personnage principal, le film oscille entre plusieurs tonalités : parfois la comédie (les scènes avec le touriste), parfois une sorte de thriller écologique et parfois dans quelque chose de plus tourné vers le film de survie ; j'ai l'impression que ces variations dramatiques sont véritablement au cœur du film notamment parce que le film fait jouer ses musiciens devant la caméra - cela fait beaucoup penser à un chœur antique. Le film parle aussi bien sûr d'écologie, et de manière générale de l'activisme : la manière dont l'état islandais diabolise le personnage principale (une cheffe de chœur activiste pour l'écologie qui sabote les lignes électriques d'une compagnie de traitement de l'aluminium qui ne cesse de prendre de l'ampleur et qui dévaste l'île), elle est traitée de terroriste et est bien sûr recherchée par toutes les patrouilles islandaises. Cette femme a également fait une demande d'adoption qui se concrétise ; j'ai beaucoup aimé que le film ne parte pas vers "ah bah voilà, maintenant, elle a un enfant alors hop, fini l'activisme". Comme dans son film précédent, la photographie est toujours vraiment belle ; le film m'a bien enthousiasmé par son intelligence et son aspect divertissant !

Emeryck a écrit:

Benedikt Erlingsson : Woman at war        2018
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J'avais été un peu décontenancé par Des chevaux et des hommes car je ne voyais pas très bien où il allait ; ici, les enjeux sont beaucoup plus clairs sans pour autant abandonner les aspects que j'avais aimés dans Des chevaux et des hommes : on retrouve cette alternance entre le tragique et le comique qui prend ici beaucoup plus d'épaisseur puisqu'à l'image du personnage principal, le film oscille entre plusieurs tonalités : parfois la comédie (les scènes avec le touriste), parfois une sorte de thriller écologique et parfois dans quelque chose de plus tourné vers le film de survie ; j'ai l'impression que ces variations dramatiques sont véritablement au cœur du film notamment parce que le film fait jouer ses musiciens devant la caméra - cela fait beaucoup penser à un chœur antique. Le film parle aussi bien sûr d'écologie, et de manière générale de l'activisme : la manière dont l'état islandais diabolise le personnage principale (une cheffe de chœur activiste pour l'écologie qui sabote les lignes électriques d'une compagnie de traitement de l'aluminium qui ne cesse de prendre de l'ampleur et qui dévaste l'île), elle est traitée de terroriste et est bien sûr recherchée par toutes les patrouilles islandaises. Cette femme a également fait une demande d'adoption qui se concrétise ; j'ai beaucoup aimé que le film ne parte pas vers "ah bah voilà, maintenant, elle a un enfant alors hop, fini l'activisme". Comme dans son film précédent, la photographie est toujours vraiment belle ; le film m'a bien enthousiasmé par son intelligence et son aspect divertissant !

Ce film est très drôle : le petit groupe improbable de musiciens qu'on retrouve dans tous les coins ... J'ai beaucoup aimé aussi .

Jean-Pierre & Luc Dardenne : Le silence de Lorna        2008

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J'avais dernièrement été assez agréablement surpris par La promesse des frères Dardenne et j'avoue que celui-ci m'a un peu déçu : j'ai trouvé que le scénario était assez mal fichu. Le film raconte l'histoire d'une femme d'origine albanaise qui a émigré en Belgique ; elle travaille dans un pressing et vit avec un toxicomane (c'est à peu près sa seule caractérisation dans le film...) avec lequel elle prévoit un mariage arrangé afin d'obtenir la nationalité belge ; cependant, elle aime un autre homme (assez mal développé : on sait juste qu'il travaille dans une centrale nucléaire en Allemagne) et aimerait donc se marier avec ce dernier et aimerait ouvrir un snack avec lui ; tout ce système est organisé par une bande issue du milieu local. En fait, le film veut aborder beaucoup de choses : la question de l'identité officielle (la question des papiers), l'amour, l'assignation de travails ingrats aux personnes immigrées, la marginalité et tout ce que cela fait faire aux gens. En fait, après (spoiler) la mort du mari officiel de Lorna, le film n'a plus grand-chose à raconter car il n'y a plus véritablement d'objet de tension - et le film devient de plus en plus ampoulé - ; il y a bien toute cette histoire du snack qu'elle veut ouvrir avec celui qu'elle aime mais ce n'est pas extrêmement passionnant : j'ai vraiment eu cette sensation que les réalisateurs n'avaient plus trop grand-chose à dire et essayaient de combler un peu les trous. Malgré tout, je n'ai pas détesté le film, le début est plutôt pas mal.

Milos Forman - Amadeus



Avec l'orchestre national de Lille en live, très sympa, la fameuse scène de "création" du confutatis du requiem prend encore plus aux tripes dans ces conditions ! Ca m'a fait plaisir de le revoir.

Une vie cachée (Terrence Malick,2019)



Une film assez long avec de beaux paysages de montagnes.
L'histoire est triste avec en fond de décor la Seconde Guerre mondiale.

Jacques Deray : Le solitaire        1987


Il s'agit de la quatrième et dernière collaboration entre Jean-Paul Belmondo et Jacques Deray, et heureusement qu'il s'agissait de la dernière : on sent que Belmondo n'a pas pris de plaisir en tournant ce film, il est complètement en pilotage automatique ; d'ailleurs, le scénario est également très balisé, sans aucune surprise. Dans ce film, Belmondo incarne un flic ; un soir, il croit pouvoir coincer un homme (Schneider) qu'il recherche depuis un certain temps et bien sûr, il lui file entre les doigts après avoir tué le collègue de Belmondo ; le personnage de Belmondo avait prévu de prendre sa retraite aux Antilles mais cet évènement le fait rester et deux ans plus tard, on le retrouve commissaire à l'OCRB où il n'est obsédé par qu'une chose : coincer Schneider qui a refait parler de lui entre temps ; comme vous le voyez, l'histoire est parfaitement inintéressante mais pour autant, je n'ai pas détesté ce film pour deux raisons : premièrement, il offre des images d'un Paris nocturne de la fin des années 80, dans les lieux assez variés et deuxièmement parce que la nullité des dialogues m'a pas mal fait rire : à titre d'exemple, à un moment, le personnage de Belmondo n'est pas d'accord avec son supérieur et tout ce qu'il trouve à lui répondre, c'est "ok connard" - je ne plaisante même pas ; et il y a pas mal de passages comme ça.

Christian Vincent : L'hermine        2015

 +
Je suis à moitié convaincu par ce film (mais plutôt convaincu que sceptique) : il a pas mal de bonnes idées mais a tout de mêmes quelques maladresses. Le film est principalement articulé autour de son acteur principal, Fabrice Luchini : en fait, c'est un film à partir de Fabrice Luchini - peut-être pas sur Fabrice Luchini -, prenant pour base ce qu'il représente dans le paysage médiatique (et du coup, un peu au cinéma) en 2015. Dans ce film, il joue le rôle d'un président de cour d'assises - et il tient à être nommé en tant que président et pas en tant que juge - ; face à lui, un homme accusé d'avoir frappé son bébé à mort. Le film établit un parallèle entre le théâtre et la tenue d'une séance d'assises ; ça me semble bien pertinent car est encore à l'usage une ritualisation d'un autre temps - le réalisateur met notamment l'accent sur les scènes d'entrée de la cour dans la salle : il y a d'abord le stress préliminaire (chez le personnage de Luchini - dont le nom de famille est Racine, d'ailleurs...), puis la sonnerie puis l'entrée de la cour (qui est logée en hauteur) et bien sûr l'annonce de "la cour" ; cette emphase est pertinente car il s'agit vraiment d'un concentré de ritualisation - sans parler du costume du président d'assises. Ce qui rapproche la séance d'assises du théâtre, c'est également le rapport au texte : un rapport très littéral et rigoureux (enfin, littéral n'est peut-être pas le bon mot, ce serait se méprendre sur le théâtre). Cela a déjà du sens sans même parler de Luchini mais lorsque l'on met cela en rapport avec ce dernier, et notamment avec l'image que l'on lui tresse dans les médias, à savoir le gars qui récite tout et n'importe quoi à tord et à travers citant Roland Barthes par Roland Barthes pour dire qu'il va "pisser dans son jardin" (non, j'exagère, par contre Barthes dit vraiment ça dans ce livre) et bien sûr un homme de lettres et de théâtre. Malgré ces idées réjouissantes (surtout que Luchini n'est étonnamment pas dans le cabotinage), le film se perd parfois dans quelques trucs un peu inutiles, sans doute par un rapport au genre de la comédie romantique un peu trop rigide : le flirt entre le personnage de Luchini et une des jurées commises d'office ne va nulle part en plus d'être assez creepy et j'ai trouvé le passage en revu des témoins un peu condescendant (l'histoire se passe dans le nord de la France (super...) et certains personnages sont assez cliché) ; malgré tout, le film aborde aussi la question des aveux - qui sont parfois extorqués, et dans quelles conditions... En résumé, c'est plutôt pas mal, tout de même ; en plus, les acteurs/trices sont plutôt bon(ne)s : Luchini bien sûr, mais aussi Masiero.

Guillaume Brac : Tonnerre        2013


Ce film est le premier long-métrage de Guillaume Brac et suit Un monde sans femmes que j'avais particulièrement aimé ; malheureusement, j'ai été assez déçu par Tonnerre. Là encore, on retrouve Vincent Macaigne, toujours dans un rôle de lover à ceci près qu'ici, il est chanteur ; il quitte Paris pour une petite ville de l'Yonne du nom de Tonnerre (!) et y rencontre une jeune femme (bien plus jeune que lui) et c'est le coup de foudre (super...) ; c'est là que le film n'est pas terrible : en fait, à un moment, elle décide de partir sans donner plus d'explications et le film se centre autour alors du personnage de Macaigne qui va vouloir absolument venger son ego et le film bascule alors dans les contrées du thriller. Cette rupture de ton est vraiment bienvenue mais par contre, tout ce contexte pour en quelque sorte légitimer la "folie" de vengeance du personnage principal, c'est assez chaud ; en plus, qu'on le veuille ou non, dans le cinéma de Guillaume Brac, Macaigne c'est le personnage sympa, attentionné (et d'une gaucheté touchante) et c'est d'ailleurs un peu comme ça qu'il est présenté au début du long-métrage. C'est dommage car ce long-métrage a des qualités, notamment pas mal de beaux plans (je pense en priorité à toutes ces séquences oniriques autour du lac) et j'ai trouvé la relation avec le père assez touchante (Bernard Menez, que je ne connaissais jusque-là que de nom, est très bon). En espérant ne pas avoir d'autres déconvenues lors de mon exploration de la filmographie de ce réalisateur...

Paul Vecchiali : L'étrangleur        1970

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C'est le premier film du réalisateur corse Paul Vecchiali que je vois et le troisième de sa filmographie, après un premier film détruit mais apparemment ressorti en salles. C'est vraiment un film très curieux, à l'atmosphère très particulière : une sorte de parodie très sérieuse de film policier où tout est d'emblée désactivé, comme s'il s'agissait de chasser tout parasitage référentiel pour écouter véritablement les personnages - ce qui n'empêche bien sûr pas d'avoir des idées de cinéma puisque ce film en comporte une paire. Quant à l'histoire du film à proprement parler, comme le titre l'indique, il s'agit de l'histoire d'un étrangleur qui, suite au souvenir d'enfance d'un homme qui étrangle une femme à l'aide d'une écharpe blanche, décide de reconstituer cela ; cependant, il ne s'agit pas ici d'avoir un côté le criminel et de l'autre la police, les témoins et les victimes : le film ne s'occupe que de filmer des personnages, dans leur solitude, avec leur émois et leurs réflexions ; je trouve que la citation (très belle) qui clôt la scène traumatique et qui poursuit le film résume bien  l'atmosphère globale du film : "Oh nuit / Cache ma peine / Elle est de n'être rien / Et de vivre" ; d'ailleurs, Vecchiali a écrit ce film par bribes de nuit lorsqu'il habitait rue d'Alésia (des scènes du film s'y passent) et s'est rendu compte qu'à la fin, cela se tenait. J'ai aussi beaucoup aimé que Julien Guiomar ait enfin un rôle de premier plan. Malgré son atmosphère et ses idées (notamment du point de vue du montage), j'ai trouvé le film un peu long mais je suis assez impatient de découvrir les autres films de Vecchiali, en espérant qu'ils soient toujours aussi personnels.

Oui, Vecchiali, c'est toujours très personnel! Je n'en ai pas vu beaucoup, mais je te conseille vivement En haut des marches et Femmes Femmes.

Benedictus a écrit:

Oui, Vecchiali, c'est toujours très personnel! Je n'en ai pas vu beaucoup, mais je te conseille vivement En haut des marches et Femmes Femmes.

Oui, Femmes femmes était le suivant sur la liste, avec Corps à coeur aussi ; je vais essayer de trouver En haut des marches.

Illusions perdues. Le film est long (2h15 une fois les pubs passées) mais quelle leçon de vie : Que ce soit au XIXe siècle ou au XXIe, les grands de ce monde sont aussi méchants les uns que les autres et ils en prennent plein la g****e. Pareil pour les journalistes dépeints sous un jour bien peu flatteur et qui n'ont toujours pas compris qu'il valait mieux ne pas se frotter de trop près aux " grands ". Depardieu dans le court rôle de l'éditeur est exceptionnel ; on le voit peu mais il est inoubliable.

Si c'est une adaptation du roman, fallait oser.