Lectures (6)

arnaud bellemontagne a écrit:

François Bégaudeau : Notre Joie


Première fois que je lis du Bégaudeau.  

Stimulant, même si par endroits un poil nombriliste.

Bégaudeau, quoi'. 

Georges Poulet : l'espace proustien


Une approche très originale de l'oeuvre de Proust.

Joseph Ponthus : À la ligne        2019

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Frantz Fanon : Les damnés de la terre        1961


Pour moi, c'est vraiment son opus magnum. J'ai particulièrement aimé la partie sur le nationalisme et notamment la partie sur les écrivains et la négritude.

Ella Shohat : Le sionisme du point de vue de ses victimes juives        1986

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Ella Shohat est née et a passé son enfance en Israël, sa famille est d'origine irakienne ; elle a ensuite emmigré aux États-Unis notamment parce qu'il était difficile de porter une critique de l'état israélien en Israël, ce livre est sa thèse. Comme son sous-titre l'indique, ce livre prend le point de vue des juifs arabes (ou plus précisément des juifs misrahim, qui vivaient plutôt du côté de l'Irak ou du Yémen) et montre d'une part en détail les discriminations à l'œuvre contre ces populations dans le sionisme d'obédience européenne — et notamment au sein d'Israël, ce qui se traduit par une différence considérable entre le niveau de vie des misrahims et des ashkenazes — et d'autre part la difficulté d'être juif-arabe en Israël : "Le juif misrahi était exorté à choisir entre l'"arabité" antisioniste, et la "juédité" pro-sioniste". 


Au travers du livre, le lien avec l'entreprise coloniale est limpide : la politique menée par Israël (et même certains pans du sionisme avant la création de l'état) est complètement centrée sur les juifs européens (qui représentait à l'époque une minorité numérique), contre les juifs orientaux que l'on affuble des stéréotypes usuels (et toujours courant mais profondément islamophobes) de l'ariération : les sionistes seraient les sauveurs de leurs gêoliers arabes qui les ramèneraient vers la civilisation (certains disent même qu'avant leur incorporation à l'état d'Israël, les juifs arabes étaient hors de l'histoire !) ; l'histoire des juifs misrahi est bien sûr complètement passée sous silence et, bien sûr, lorsqu'il s'agit de parler de l'un(e) d'entre-eux, on minimisiait au maximum son arabité ; il y a eu aussi le classique enlèvement de bébés pour les attribuer aux familles de colons.


Le livre revient aussi sur les raisons de l'immigration des juifs orientaux (notamment les raisons économiques qui sont souvent éclipsées) et de manière conjointe, revient sur les notions de travail hébreu/indépendant qui avait pour conséquence le boycott du travail arabe puis l'utilisation des misrahim pour les monter contre les populations arabes à travers le principe de concurrence — et puis en plus, on pouvait les exploiter sans trop de problème — ; ce principe a aussi eu des conséquences sur la sélection des personnes autorisées à emmigrer vers Israël : il fallait qu'elles soit suffisamment en forme phsyiquement. Il parle aussi du pinkwashing égalitariste mis en place par les gouvernements israëliens successifs alors que le racisme est toujours bien présent, que les inégalités entre les juifs européens et les juifs orientaux se développent. 


Le livre est en plus assez court (environ 120 pages), ça se lit très bien notamment parce que c'est bien chapitré et très clair. 

Ces derniers temps, je relis "L'Ecclésiaste". C'est court, pertinent, et comme il le dit lui-même, pourquoi d'autres livres ??? C'est sûr qu'au niveau du fond, y a pas grand-chose à ajouter, mais les mots sont là pour que chacun s'exprime sous le soleil...

Emeryck a écrit:

Ella Shohat : Le sionisme du point de vue de ses victimes juives        1986

Ella Shohat est née et a passé son enfance en Israël, sa famille est d'origine irakienne ; elle a ensuite emmigré aux États-Unis notamment parce qu'il était difficile de porter une critique de l'état israélien en Israël, ce livre est sa thèse. Comme son sous-titre l'indique, ce livre prend le point de vue des juifs arabes (ou plus précisément des juifs misrahim, qui vivaient plutôt du côté de l'Irak ou du Yémen) et montre d'une part en détail les discriminations à l'œuvre contre ces populations dans le sionisme — et notamment au sein d'Israël, ce qui se traduit par une différence considérable entre le niveau de vie des misrahims et des ashkenazes — et d'autre part la difficulté d'être juif-arabe en Israël : "Le juif misrahi était exorté à choisir entre l'"arabité" antisioniste, et la "juédité" pro-sioniste". 

Je ne sais pas si c'est ton interprétation ou la thèse qu'elle défend. A mon avis et même si je connais mal le sujet, on peut se poser pas mal de questions. Il est vraisemblable que parler des sionismes, au lieu du sionisme, éloignerait certains raccourcis délétères.

Le texte ci-après date (2018), et serait sans doute inaudible par beaucoup aujourd'hui. Mais en en abordant l'histoire des sionismes (ou tout au moins sa longue et complexe histoire), il ouvre paradoxalement des portes, à mon avis

https://lvsmagazine.com/2018/09/voix-sepharades-oubliees-sionisme-et-conflit-judeo-arabe/

xoph a écrit:

Emeryck a écrit:

Ella Shohat : Le sionisme du point de vue de ses victimes juives        1986

Ella Shohat est née et a passé son enfance en Israël, sa famille est d'origine irakienne ; elle a ensuite emmigré aux États-Unis notamment parce qu'il était difficile de porter une critique de l'état israélien en Israël, ce livre est sa thèse. Comme son sous-titre l'indique, ce livre prend le point de vue des juifs arabes (ou plus précisément des juifs misrahim, qui vivaient plutôt du côté de l'Irak ou du Yémen) et montre d'une part en détail les discriminations à l'œuvre contre ces populations dans le sionisme — et notamment au sein d'Israël, ce qui se traduit par une différence considérable entre le niveau de vie des misrahims et des ashkenazes — et d'autre part la difficulté d'être juif-arabe en Israël : "Le juif misrahi était exorté à choisir entre l'"arabité" antisioniste, et la "juédité" pro-sioniste". 

Je ne sais pas si c'est ton interprétation ou la thèse qu'elle défend. A mon avis et même si je connais mal le sujet, on peut se poser pas mal de questions. Il est vraisemblable que parler des sionismes, au lieu du sionisme, éloignerait certains raccourcis délétères.

Le texte ci-après date (2018), et serait sans doute inaudible par beaucoup aujourd'hui. Mais en en abordant l'histoire des sionismes (ou tout au moins sa longue et complexe histoire), il ouvre paradoxalement des portes, à mon avis

https://lvsmagazine.com/2018/09/voix-sepharades-oubliees-sionisme-et-conflit-judeo-arabe/

Oui, je parlais ici bien sûr du sionisme qui est ici majoritaire, d'obédience européenne. Et sinon, oui, je suis d'accord avec ce que tu dis.

Et puis il y a le sionisme protestant évangélique ... dont on ne parle jamais ... alors qu'il était bien plus fort au XIX° que les sionismes juifs ... et qui était clairement antisémite (voir Jean-Pierre Filiu). Pas très difficile de comprendre pourquoi il n'est jamais évoqué ...

Moi, depuis que j'ai appris qu'il existe à Jérusalem un quartier d'ultra-orthodoxes juifs qui sont pro-palestiniens et mettent à leurs fenêtres des drapeaux noir-blanc-vert avec un triangle rouge que la police vient régulièrement arracher, je me dis que tout est possible...

néthou a écrit:

Moi, depuis que j'ai appris qu'il existe à Jérusalem un quartier d'ultra-orthodoxes juifs qui sont pro-palestiniens et mettent à leurs fenêtres des drapeaux noir-blanc-vert avec un triangle rouge que la police vient régulièrement arracher, je me dis que tout est possible...

L'antisionisme de juifs ultra-orthodoxe ce n'est pas nouveau
D'ailleurs l'adhésion des juifs au sionisme était faible au XIX° et au début du XX°. Ce sont les sionistes protestants anglo-saxons (antisémites) qui ont soutenu le projet sioniste, bien plus que les juifs eux-mêmes ... pour des raisons théologiques ... complètement hallucinantes pour un non-croyant. Les Bush, Trump et compagnie sont les héritiers de cela ...

J'en profite pour demander des conseils de lecture sur ce sujet — bon, je vais lire tout ce qui a été publié chez La Fabrique mais chez les autres éditeurs, je connais moins.

Le dernier numéro de L'Histoire a un dossier là-dessus.



Avantage ... c'est synthétique, ça donne la parole aux spécialistes reconnus sur la question ... et à la fin du dossier tu as une bonne bibliographie, filmographie ... si tu veux aller plus loin.

Tu sais s'il est possible de le commander en ligne (sans s'abonner) puisque je ne vis pas en France.

Emeryck a écrit:

Tu sais s'il est possible de le commander en ligne (sans s'abonner) puisque je ne vis pas en France.

Oui, oui, en ligne on peut l'acheter à l'unité ... en version numérique ... ou papier.

Cololi a écrit:

Emeryck a écrit:

Tu sais s'il est possible de le commander en ligne (sans s'abonner) puisque je ne vis pas en France.

Oui, oui, en ligne on peut l'acheter à l'unité ... en version numérique ... ou papier.

Chouette ! C'est commandé en version papier, merci pour le tuyau ! 

Cololi a écrit:

L'antisionisme de juifs ultra-orthodoxe ce n'est pas nouveau

Certes, mais le pousser, pour des questions religieuses "intégristes" jusqu'à demander le démantèlement de l'Etat israélien, considérer la colonisation sur des terres palestiniennes comme inadmissible et de là pousser la logique jusqu'à soutenir la cause palestinienne, il y a une marge... (bon, ça dérive aussi vers d'autres positions encore plus bizarres comme se rapprocher de mouvements par nature anti-sémites...)

Kundera: L'identité

Son premier roman écrit en français.

Paul Auster : City of glass        1985


C'est le premier livre d'Auster que je lis et je dois dire que ça me plait énormément : tout d'abord, ça me rappelle beaucoup Beckett (sans doute un de mes écrivains préférés) notamment dans l'aspect assez existentiel qui prend parfois une dimension combinatoire (l'idée d'énumérer les combinaisons possibles, de les permuter, d'arriver à les épuiser, de ne plus pouvoir) ; il y a aussi la démarche qu'a Stillman de récupérer des tas d'objets abimés (ne pouvant plus remplir l'usage auxquels ils étaient destinés) pour leur donner un nouveau nom qui correspond à leur potentialité) mais aussi l'aspect rire-au-bord-du-goufre (je pense par exemple à ce long dialogue entre Stillman et Quinn/Auster ; ce livre m'a également fait penser à Borges notamment tout le passage sur Stillman et son délire théologique et de manière générale, le livre est très érudit (ça peut agacer j'imagine) et, par exemple, un détail que j'ai aimé, c'est le choix du nom Stillman qui donne une idée de permanence (still en anglais (toujours — dans le sens d'une continuité) et Stille en allemand (silence)) mais assez impalpable et énigmatique et ça correspond parfaitement à ce groupe de personnages ; dans ce côté érudit, j'ai aussi aimé la navigation entre les différentes strates du rapport au récit policier qui correspondent à des postures narratives (ou points de vue) différentes : d'abord, on nous présente Quinn (qui écrit des romans policiers de manière un peu alimentaire) d'un point de vue extérieur, puis Auster et Quinn fusionnent et on plonge dans le roman policier avec cette navigation constante entre l'intérieur et l'extérieur. C'était pour moi vraiment exaltant — les deux autres tomes de la trilogie sont déjà commandés ! 

(À titre de précision, j'ai lu le livre dans l'édition (traduite, donc) dont j'ai posté la couverture et ça n'a pas été un problème.)

Je les ai sortis pour les relire (la trilogie en premier), content que ça te plaise.

Balzac : Béatrix


Un des romans pivots/carrefour de la Comédie Humaine avec (entre autres) Le Père Goriot et Illusions Perdues.

Frantz Fanon : Pour la révolution africaine : écrits politiques        1964


Cet ouvrage est un recueil posthume de textes regroupant tous (?) ses textes politiques publiés (avec quelques notes sur l'unité africaine lors de sa visite à Accra en 1960 et quelques autres textes non publiés). Pour moi, ce livre, parmi les quatre que j'ai pu lire, est sans aucun doute celui qui constitue la meilleure introduction à la pensée de Fanon : ses textes étant classés par ordre chronologique (on commence avec des textes plus psychologisants dans la lignée de Peau noire, masques blancs publiés dans la revue Esprit puis on a beaucoup de textes (les plus intéressants, pour moi) qui ont été publié dans le journal algérien indépendantiste El Moudjahid puis on termine sur deux textes plus spécifiquement sur l'unité africaine), on voit nettement l'évolution de la pensée de l'auteur et ce, en restant relativement concis. Personnellement, j'ai beaucoup aimé les textes sur le colonialisme (français parce qu'il parle du rôle à part de l'Algérie qu'il voit comme un point de bascule de la domination coloniale sur l'Afrique, comme a pu l'être le Vietnam pour l'Asie du sud-est) et notamment l'insistance sur le fait de penser tout ça comme un système (et ne pas considérer par exemple la torture comme une dégénérescence de ce même système mais comme justement une partie de celui-ci ; j'ai aussi aimé les textes qui parlaient des échos en France (et en Europe) du colonialisme français en Algérie ; tous ces articles (tous publiés dans El Moudjahid) sont vraiment d'une clarté sybilline et d'une grande pertinence ; certains comptent parmi mes pages préférées de Fanon.

Philippe Jaccottet : Cahier de verdure suivi de Après beaucoup d'années        2003

 +

Charles Bukowski
* Journal d'un vieux dégueulasse

Un autre Bukowski pour me faire une meilleure idée:

Annie Ernaux & Rose-Marie Lagrave : Une conversation        2023


Un petit livre (avec une intéressante préface — et une postface qui n'est pas en reste) de dialogues entre la romancière Annie Ernaux et la sociologue Rose-Marie Lagrave ; les parents de la première tenaient un petit café/épicerie à Yvetot en Normandie, un milieu modeste, donc ; la seconde vient d'un milieu bourgeois aux prises au déclassements en raison de l'infirmité du père (et de son incapacité à travailler). Le livre se lit assez bien, les deux femmes échangent sur pas mal de sujet : le rapport mutuel qu'elles entretiennent avec l'œuvre de l'une et de l'autre, les ouvrages de femmes qui ont compté pour elles, leur rapport aux sciences sociales (notamment la découverte de Bourdieu — où l'on apprend d'ailleurs que celui-ci avait envoyé le manuscrit de La domination masculine à Lagrave qui lui avait répondu qu'il ignorait totalement le travail existant des féministes, il a du coup visiblement ignoré cette remarque, leur rapport à la religion. Elles discutent également de la récéption de leurs ouvrages (Lagrave n'a pas énormément écrit donc on parle pas mal de ceux d'Ernaux, notamment autour de l'utilisation socialisée de la première personne du singulier). Ça m'a donné envie de remonter Se ressaisir dans la liste des choses que j'aimerais lire.

Paul Valéry : Introduction à la méthode de Leonard de Vinci


Stupéfiant d'intelligence et de concentration pour un premier ouvrage (écrit à 23 ans!)

Valéry fait partie de ces grands créateurs qui se sont trouvés une voix singulière et aboutie dès la première publication.
Il est d'ailleurs malaisé de parler de "Valéry de jeunesse" ou de "Valéry de la maturité".
Il est né vieux et armé jusqu'aux dents.  

arnaud bellemontagne a écrit:

Il est né vieux et armé jusqu'aux dents.  

C'est un peu inquiétant...

Mais non, il ne mord pas.  
Sauf si tu es un adepte de la philosophie continentale.

Littérature étrangère contemporaine:

Mick Kitson (Écosse): Manuel de survie à l'usage des jeunes filles (Métailié et Points).

Un pays de neige et de cendres

Aussi ce roman de la romancière finlandaise Petra Rautiainen (Seuil / Points).



Dans les camps de prisonniers en Laponie ...
J'avoue que c'est l'attrait de ces deux images de couverture qui m'ont attiré vers ces deux romans.

Un autre Bukowski:
* Au sud de nulle part (10/18)

Spoiler:

Van Gogh
  par Pierre Cabanne (Somogy)

Dans la réédition de 1985 joliment illustrée.

Dany Laferrière
* Tout bouge autour de moi (Mémoire d'encrier)

Laferrière raconte le séisme à Haïti survenu le 12 janvier 2010, il était présent là-bas ...

Kateb Yacine : Le polygone étoilé        1966

 + / 
J'ai connu Kateb Yacine grâce au (très chouette) livre Rester barbare de Louisa Yousfi dont le titre vient de Kateb Yacine et le livre en parle assez longuement ; ça me faisait assez envie. Le livre est un enchevêtrement de différents récits menés par des émigrés d'Afrique du Nord, leur situation après l'indépendance de l'Algérie sans véritable fil conducteur ; le livre mêle différents styles littéraires : on a des passages que l'on pourrait davantage qualifier de poèmes, d'autres plus étalés sur la page, qui pourraient un peu faire penser à du théâtre, d'autres plus romancés. Je dois dire que malgré sa brièveté et plusieurs passages très beaux, le livre a failli me tomber des mains : je n'ai pas réussi à y trouver de fil conducteur (il faut dire que ma lecture était assez fragmentée) et ça rendait ma lecture au final assez fastidieuse ; ça m'a pas mal déçu.

Relire quelques pages de Béton de Thomas Bernhard, il y est question de Mendelssohn ...

Elena Molini
* La Petite Pharmacie littéraire (Pocket)



L'idée de cette romancière italienne est géniale: prescrire les livres comme des médicaments.

Françoise Vergès : Programme de désordre absolu        2023

 /   +

Jacques Rancière : En quel temps vivons-nous ?        2017


De très belles pages sur la reconfiguration des modes de lutte ("Ce qui caractérise tous ces combats, comme on le dit souvent, leur fixation sur le particulier. C'est qu'ils remettent en cause les schémas traditionnels de jonctions entre le particulier et l'universel. L'universalité d'une exigeance s'y affirme directement sur chaque terrain dit partiel sans passer par ces formes d'universalisation qui naguère intégraient — ou prétendaient intégrer — une cible particulière dans un combat général. (...) Ce sont en quelque sorte des manières de faire du commun et une manière d'être commune s'affirment en chaque circonstance plus qu'une manière d'agir qui coordonnerait des actions et synthétiserait leur sens. (...) Ce qu'il y a, ce sont des bilans singuliers, des lettres "à nos amis", des adresses "à la jeunesse".") et sur les liens réciproques entre l'esthétique et la politique ; la question sur l'insurrection m'a également intéressé. Je ne m'attendais pas à grand-chose d'un petit livre d'entretien et finalement, c'est remarquable !

Régis Debray : Où de vivants piliers
George Steiner : Maîtres et disciples

'La Petite Librairie de Riverside Drive' de la Suédoise Frida Skybäck (Points).

Dominique Grandfils
* Paul McCartney: Les années Wings (1970-1981)



Ce livre paraît en édition brochée aujourd'hui.

Emeryck a écrit:

Paul Auster : City of glass        1985


C'est le premier livre d'Auster que je lis et je dois dire que ça me plait énormément : tout d'abord, ça me rappelle beaucoup Beckett (sans doute un de mes écrivains préférés) notamment dans l'aspect assez existentiel qui prend parfois une dimension combinatoire (l'idée d'énumérer les combinaisons possibles, de les permuter, d'arriver à les épuiser, de ne plus pouvoir) ; il y a aussi la démarche qu'a Stillman de récupérer des tas d'objets abimés (ne pouvant plus remplir l'usage auxquels ils étaient destinés) pour leur donner un nouveau nom qui correspond à leur potentialité) mais aussi l'aspect rire-au-bord-du-goufre (je pense par exemple à ce long dialogue entre Stillman et Quinn/Auster ; ce livre m'a également fait penser à Borges notamment tout le passage sur Stillman et son délire théologique et de manière générale, le livre est très érudit (ça peut agacer j'imagine) et, par exemple, un détail que j'ai aimé, c'est le choix du nom Stillman qui donne une idée de permanence (still en anglais (toujours — dans le sens d'une continuité) et Stille en allemand (silence)) mais assez impalpable et énigmatique et ça correspond parfaitement à ce groupe de personnages ; dans ce côté érudit, j'ai aussi aimé la navigation entre les différentes strates du rapport au récit policier qui correspondent à des postures narratives (ou points de vue) différentes : d'abord, on nous présente Quinn (qui écrit des romans policiers de manière un peu alimentaire) d'un point de vue extérieur, puis Auster et Quinn fusionnent et on plonge dans le roman policier avec cette navigation constante entre l'intérieur et l'extérieur. C'était pour moi vraiment exaltant — les deux autres tomes de la trilogie sont déjà commandés ! 

(À titre de précision, j'ai lu le livre dans l'édition (traduite, donc) dont j'ai posté la couverture et ça n'a pas été un problème.)

Vu toutes les références que tu cites, il faut que je le lise d'urgence. Cela doit faire 30 ans qu'il est sur ma liste d'attente et je ne m'y suis jamais attelé. C'est d'autant plus bête que j'étais à New York avec mes filles cet été, ça aurait été l'occasion idéale...

Emeryck a écrit:

Kateb Yacine : Le polygone étoilé        1966

 + / 
J'ai connu Kateb Yacine grâce au (très chouette) livre Rester barbare de Louisa Yousfi dont le titre vient de Kateb Yacine et le livre en parle assez longuement ; ça me faisait assez envie. Le livre est un enchevêtrement de différents récits menés par des émigrés d'Afrique du Nord, leur situation après l'indépendance de l'Algérie sans véritable fil conducteur ; le livre mêle différents styles littéraires : on a des passages que l'on pourrait davantage qualifier de poèmes, d'autres plus étalés sur la page, qui pourraient un peu faire penser à du théâtre, d'autres plus romancés. Je dois dire que malgré sa brièveté et plusieurs passages très beaux, le livre a failli me tomber des mains : je n'ai pas réussi à y trouver de fil conducteur (il faut dire que ma lecture était assez fragmentée) et ça rendait ma lecture au final assez fastidieuse ; ça m'a pas mal déçu.

Idem pour moi. On me l'avait chaudement recommandé et bof.

Sinon, je ne lis presque plus de littérature depuis l'année dernière, seulement de l'histoire et surtout de la linguistique. D'ailleurs, en ce moment, je suis sur ça:

La trilogie new-yorkaise a également pris place sur ma table de chevet
Je garde ça au chaud pour cet hiver...

Sinon je lis le Roman de gare de Philibert Humm, dont j'avais déjà beaucoup aimé le Roman fleuve. Vraiment poilant.

Michel Tournier
* Le Médianoche amoureux

J'aime surtout les passages écrits à la première personne.

Un beau souvenir de Lascaux IV et un bouquin passionnant qui recentre notre existence dans notre environnement.

Éric-Emmanuel Schmitt
* Concerto à la mémoire d'un ange

Dans l'édition grand format (chez Albin Michel).
suivi du Journal tenu par Schmitt durant l'écriture.    

Paul Auster : Ghosts        1986

 +
Je n'ai peut-être pas autant aimé que le premier volet (il faut dire qu'il y avait aussi l'effet de la découverte) et je dois dire qu'au début, j'ai eu un peu l'impression que c'était en pilotage automatique : il y avait moins de jonglage que dans City of glass et la manière de nommer les personnages par des couleurs me semblait moins intéressantes que les noms qu'on peut trouver dans le premier volet. En revanche, dès que Bleu rencontre Noir, je trouve que le roman devient d'un tout autre niveau et là, j'ai retrouvé le niveau du premier volet, son humour et son vertige existentiel. Bref, ça me plaît toujours beaucoup.