Lectures (6)

gluckhand a écrit:

néthou a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

Pour info, la thèse mythiste n'est pas soutenue par les historiens, même athées

Il faut quand même admettre que le gros avantage à soutenir que quelqu'un n'a pas existé, c'est qu'on n'a pas besoin de preuves.

gluckhand a écrit:

Je vous trouve assez durs avec Onfray, c'est quelqu'un qui déblayé pas mal de choses,

Je suis d'accord avec toi: vu son rythme de publications, c'est un terrassier de premier ordre. En empilant ses livres soigneusement, on pourrait passer directement des jardins des Tuileries au musée d'Orsay à pied sec.

Je sais pas s'il y a besoin d'être historien pour expliquer que Jésus est né de Marie et qu'elle a été enceinte par l'action de l'Esprit Saint, sans union avec un homme.C'est vrai que l'église ne reconnaît pas les miracles, sauf les siens.

Ce sont deux choses totalement distinctes : l'existence ou non d'une personne dans un contexte historique donné vs. les affirmations d'ordre miraculeux contenues dans des textes religieux.

gluckhand a écrit:

Je vous trouve assez durs avec Onfray, c'est quelqu'un qui déblayé pas mal de choses, que ce soit sur certains philosophes inconnus ou sur certains sujets, dont on ne parlait pas avant ou très peu.

Déblayé, je ne dirais pas ça, il a toujours fait de vulgarisation – d'ailleurs à l'époque de l'Université Populaire de Caen il rendait toujours justice à la littérature secondaire qu'il avait lue pour préparer ses cours.

Citation :

Pour Jésus, je pense qu'il a étudié les sources et ça, on ne peut pas lui reprocher, je pense.

Je ne crois pas qu'il ait jamais étudié les sources primaires de la Bible (je veux dire au delà de lire les textes en traduction) ni qu'il ait les moyens de le faire. Il n'a jamais revendiqué ça il me semble.

gluckhand a écrit:

Dans ce débat, il cite du moins un historien mythiste

Oui, on en trouve toujours, mais qui n'aient pas de biais ou de manques sérieux et dont les travaux fassent autorité, on n'en a pas beaucoup. C'est vraiment une position très marginale aujourd'hui – même si la question ne peut être complètement tranchée et même s'il est tout à fait légitime qu'on puisse se poser ce genre de question.


La rigueur n'est tout de même pas son fort, donc même sans avoir lu son livre, je doute fort qu'il se soit transformé en historien antiquisant et en exégète depuis la dernière fois. Il parle bien, sait très bien transmettre ses connaissances, mais les biais sont là, et dans les années passées il les présente de plus en plus comme des vérités objectives, là où il admettait auparavant parler depuis un point de vue militant précis.

Si l'on veut une approche historique rigoureuse de ce qu'on peut savoir du Jésus de l'histoire, son milieu, son statut social, le sens de son action dans le judaïsme de son temps, etc, je recommande le Jesus de Daniel Marguerat au Seuil.

Eusèbe a écrit:

Si l'on veut une approche historique rigoureuse de ce qu'on peut savoir du Jésus de l'histoire, son milieu, son statut social, le sens de son action dans le judaïsme de son temps, etc, je recommande le Jesus de Daniel Marguerat au Seuil.

Pareil. (Le titre complet est Vie et destin de Jésus de Nazareth - c'est de 2019, donc ça intègre vraiment les données de la recherche les plus récentes.)

Et, si on a la possibilité ou l'envie d'y consacrer du temps, les cinq volumes de l'énorme somme de John Paul Meier A Marginal Jew: Rethinking the Historical Jesus (1991-2016), traduit au Cerf sous le titre Un certain juif, Jésus. Les données de l'histoire.

Eusèbe a écrit:

Si l'on veut une approche historique rigoureuse de ce qu'on peut savoir du Jésus de l'histoire, son milieu, son statut social, le sens de son action dans le judaïsme de son temps, etc, je recommande le Jesus de Daniel Marguerat au Seuil.

Merci.

Benedictus a écrit:

Et, si on a la possibilité ou l'envie d'y consacrer du temps, les cinq volumes de l'énorme somme de John Paul Meier

Là, en revanche, peut-être pas tout de suite.

J'ai lu aussi cet été la biographie de Paul de Tarse de Marguerat. Un peu moins nouveau (on connaît mieux le personnage de Paul) et peut-être, malgré une approche qui se veut historique, plus théologique. Ce que j'en retiens est la grande nouveauté de l'existence religieuse que promeut Paul, qui ne passe plus par la performance prophétique ou charismatique, mais paradoxalement par l'échec et la faiblesse.

Annie Ernaux : Mémoire de fille        2016


Une approche assez différente de l'écrivaine sur l'autobiographie et notamment sur une question qui était déjà présente (mais qui ne prenait  peut-être pas autant de place en tant que telle) : comment écrire sur ce que l'on était il y a une cinquantaine d'années ? Ernaux a déjà proposé plusieurs méthodes pour ça : l'écriture directe depuis les souvenirs (ce sont ses premiers livres), l'utilisation des journaux d'époque (on peut trouver ça dans ses livres des années 90-2000 — jusqu'à la culmination sous forme complexifiée (au sens d'agglomérat(ion)) que constitue Les années) ; dans ce livre, elle utilise également des journaux d'époque mais se dissocie de ce qu'elle était à l'époque (elle emploie plusieurs expressions dont "La fille de 58"), il y a également quelque chose d'un peu traumatique dans ce qu'elle raconte. 

Bon, j'ai finalement trouvé ce Séraphita de Balzac assez kitsch...

--------------

Vassili Grossman : Vie et Destin



Je viens de commencer.

arnaud bellemontagne a écrit:

Bon, j'ai finalement trouvé ce Séraphita de Balzac assez kitsch...

Là, pour le coup, il faudrait vraiment écrire «ce᛫tte Séraphîta»...

Oui, en effet iel a comme un trouble dans le genre.

Emeryck a écrit:

Annie Ernaux : Mémoire de fille        2016


Une approche assez différente de l'écrivaine sur l'autobiographie et notamment sur une question qui était déjà présente (mais qui ne prenait  peut-être pas autant de place en tant que telle) : comment écrire sur ce que l'on était il y a une cinquantaine d'années ? Ernaux a déjà proposé plusieurs méthodes pour ça : l'écriture directe depuis les souvenirs (ce sont ses premiers livres), l'utilisation des journaux d'époque (on peut trouver ça dans ses livres des années 90-2000 — jusqu'à la culmination sous forme complexifiée (au sens d'agglomérat(ion)) que constitue Les années) ; dans ce livre, elle utilise également des journaux d'époque mais se dissocie de ce qu'elle était à l'époque (elle emploie plusieurs expressions dont "La fille de 58"), il y a également quelque chose d'un peu traumatique dans ce qu'elle raconte. 

Seulement trois sourires, du coup? Pour moi, c'est un des meilleurs de l'actrice, par son sujet (elle semble avoir anticipé la vague metoo), que par le montage des strates temporelles de vie et d'écriture.

Eusèbe a écrit:

Emeryck a écrit:

Annie Ernaux : Mémoire de fille        2016

Une approche assez différente de l'écrivaine sur l'autobiographie et notamment sur une question qui était déjà présente (mais qui ne prenait  peut-être pas autant de place en tant que telle) : comment écrire sur ce que l'on était il y a une cinquantaine d'années ? Ernaux a déjà proposé plusieurs méthodes pour ça : l'écriture directe depuis les souvenirs (ce sont ses premiers livres), l'utilisation des journaux d'époque (on peut trouver ça dans ses livres des années 90-2000 — jusqu'à la culmination sous forme complexifiée (au sens d'agglomérat(ion)) que constitue Les années) ; dans ce livre, elle utilise également des journaux d'époque mais se dissocie de ce qu'elle était à l'époque (elle emploie plusieurs expressions dont "La fille de 58"), il y a également quelque chose d'un peu traumatique dans ce qu'elle raconte. 

Seulement trois sourires, du coup? Pour moi, c'est un des meilleurs de l'actrice, par son sujet (elle semble avoir anticipé la vague metoo), que par le montage des strates temporelles de vie et d'écriture.

Ma note est peut-être un peu sévère mais j'ai eu un peu de mal à le finir — peut-être que je fais une overdose d'Ernaux ; aussi, ça m'a semblé pas complètement achevé : il y a ces deux sujets (et donc ces deux strates temporelles) dont le rapport est sans cesse questionné mais, je sais pas, il n'y a pas vraiment de progression, de symbiose et/ou de dialectique ou quelque chose de ce genre. Concernant les sujets, elle avait déjà abordés des sujets similaires dans des romans antérieurs : La femme gelée en tête mais aussi Les armoires vides ; cela dit, le rapport est différent ici, il est beaucoup plus suspicieux.

arnaud bellemontagne a écrit:

Vassili Grossman : Vie et Destin



Je viens de commencer.

Ça c'est chouette (et j'imagine que cette gigantesque fresque totalisante est parfaitement ton genre).

J'ai lu ça ces derniers jours et j'ai trouvé jubilatoire ; notamment toute la première moitié

Oh oui, et surtout la première moitié en effet (les souvenirs d'enfance dans la maison de ses parents... ).

Oui ! La seconde partie est plus "conventionnelle" mais très chouette quand même.

Eusèbe a écrit:

Emeryck a écrit:

Annie Ernaux : Mémoire de fille        2016


Pour moi, c'est un des meilleurs de l'actrice

Il y a là un lapsus que je ne m'explique pas...



(ça doit être la photo de couverture en maillot de bain. Cannes ou Stockholm, il faut choisir...)

Cette couverture m'a semblé d'autant plus curieuse au premier coup d'œil que j'ai vraiment cru voir des vaches à l'arrière-plan à gauche.

néthou a écrit:

Eusèbe a écrit:

Emeryck a écrit:

Annie Ernaux : Mémoire de fille        2016


Pour moi, c'est un des meilleurs de l'actrice

Il y a là un lapsus que je ne m'explique pas...



(ça doit être la photo de couverture en maillot de bain. Cannes ou Stockholm, il faut choisir...)

Ce doit être le sexisme du correcteur d'orthographe!

Je partage rarement ce que je lis sur le forum, et c’est une erreur. En dehors de mes lectures universitaires imposées, voici quelques cycles littéraires que je poursuis depuis plusieurs mois :

J’essaye d’approfondir ma connaissance des classiques US :

John Dos Passos, Manhattan Transfer
 
John Williams, Stoner

Williams est un auteur peu connu en France. Pourtant, Stoner est considéré comme un classique sur le Nouveau continent. Difficile à décrire, mais c'est une sorte de Madame Bovary transvasé dans l'université américaine du début du XXe. Ce roman est un peu lent et lourd au début, mais on se laisse prendre à la narration assez rapidement.

Dans un style radicalement différent, je commence Dune (parce que j’ai bien aimé le film).

J’explore la bibliographie de Clément Rosset.
Rosset, Le Réel et son double

Rosset, L'Anti-nature

Rosset, Le Réel : Traité de l’idiotie, Le Principe de cruauté, Faits divers


Il me semble que Le Réel et son double est progressivement en train de devenir un classique des bibliographies de philo en post-bac. Cependant, mais je crois que mon préféré est L'Anti-nature, dans lequel développe ses travaux de thèse et analyse la tradition matérialiste (je pense par exemple que c'est de loin l'une des meilleures lecture de Hobbes que j'ai lues). Ses autres courts ouvrages sont pour l'essentiel des variations plus légères sur le même thème (Le Réel : Traité de l’idiotie, Le Principe de cruauté, Faits divers) ou des commentaires ponctuels (Schopenhauer, philosophe de l’absurde).
La problématisation est un peu toujours la même (la dualité / duplicité du réel), mais le style est toujours très plaisant.

 Houellebecq

Houellebecq, Extension du domaine de la lutte

Houellebecq, Les Particules élémentaires
assez remarquable, il faut l'admettre. La construction est admirable et se révèle bien plus subtile qu'elle n'en paraît à première vue.  
Houellebecq, Sérotonine
moui bon

anaëlle a écrit:

J’explore la bibliographie de Clément Rosset.

Dans un style très plaisant également et plus consistant que les variations sur le Réel et son double, tu as aussi la Logique du Pire, un peu plus ancien (s'accompagne très bien de l'écoute de The Sinking of the Titanic de Gavin Bryars).

Marcel Aymé
* Les Contes du Chat perché

Michael Blake
* Danse avec les loups (J'ai Lu)

Stan Cohen
* The Trail of '42
A Pictural History of the Alaska Highway

J'avais acheté ce joli livre à Pink Mountain (en Colombie-Britannique) dans mes jeunes années quand je plantais des arbres.
Le livre raconte la construction de cette route en temps de guerre, elle visait à ravitailler l'Alaska en passant par le Canada.
2 232km en 8 mois ...

Alifie a écrit:

anaëlle a écrit:

J’explore la bibliographie de Clément Rosset.

Dans un style très plaisant également et plus consistant que les variations sur le Réel et son double, tu as aussi la Logique du Pire, un peu plus ancien (s'accompagne très bien de l'écoute de The Sinking of the Titanic de Gavin Bryars).

Merci du conseil, je le lirai avec attention.
Je trouve que c'est un peu dommage que le public ait essentiellement retenu ses écrits mondains et légers, alors que ses ouvrages plus conséquents sont tout aussi agréables à lire, et bien plus nourrissants.

C'est que sa notoriété est venue assez tard, alors qu'il n'avait, selon lui-même, plus rien ou à peu près à ajouter à sa production philosophique après La Force majeure, son dernier ouvrage d'importance, si ce n'est des redites et, dans ses dernières années particulièrement, des écrits d'une teneur et d'un intérêt souvent anecdotiques.

Un ouvrage récent d'un proche disciple, Santiago Espinosa, si tu veux approfondir le sujet : www.fabula.org/actualites/113941/santiago-espinosa-rosset-philosophe-du-tragique.html

Les archives sonores (entretiens sur France Culture pour l'essentiel) ne manquent pas : www.mixcloud.com/archives-clement-rosset/stream

Houria Bouteldja : Les blancs, les juifs et nous        2016

 +

Marie-Claire Blais
* Naissance de Rebecca à l'ère des tourments
Édions Boréal, 2008

Marie-Claire Blais excelle à dépeindre des personnages marginaux et originaux, des gens qui ont le courage d'être différents des autres, comme elle le disait elle-même.
Il y a aussi des références musicales: Sinatra, Britten, Mozart ...
Son roman est tissé serré, à la manière de ceux de Thomas Bernhard.

Ravélavélo a écrit:

Stan Cohen
* The Trail of '42
A Pictural History of the Alaska Highway

J'avais acheté ce joli livre à Pink Mountain (en Colombie-Britannique) dans mes jeunes années quand je plantais des arbres.
Le livre raconte la construction de cette route en temps de guerre, elle visait à ravitailler l'Alaska en passant par le Canada.
2 232km en 8 mois ...

Ah ! J'en ai fait 2 ou 3 kilomètres en vélo à la sortie de Whitehorse quand je suis allé au Yukon il y a quelques années. Un merveilleux souvenir.

Stanlea a écrit:

Ravélavélo a écrit:

Stan Cohen
* The Trail of '42
A Pictural History of the Alaska Highway

J'avais acheté ce joli livre à Pink Mountain (en Colombie-Britannique) dans mes jeunes années quand je plantais des arbres.
Le livre raconte la construction de cette route en temps de guerre, elle visait à ravitailler l'Alaska en passant par le Canada.
2 232km en 8 mois ...

Ah ! J'en ai fait 2 ou 3 kilomètres en vélo à la sortie de Whitehorse quand je suis allé au Yukon il y a quelques années. Un merveilleux souvenir.

Oui sûrement, à vélo c'est encore plus spécial, une jolie contrée, nous on était au sud de Fort Nelson, je serais bien curieux de revoir ça.
L'Alaska m'a toujours fasciné.

Alifie a écrit:

C'est que sa notoriété est venue assez tard, alors qu'il n'avait, selon lui-même, plus rien ou à peu près à ajouter à sa production philosophique après La Force majeure, son dernier ouvrage d'importance, si ce n'est des redites et, dans ses dernières années particulièrement, des écrits d'une teneur et d'un intérêt souvent anecdotiques.

Un ouvrage récent d'un proche disciple, Santiago Espinosa, si tu veux approfondir le sujet : www.fabula.org/actualites/113941/santiago-espinosa-rosset-philosophe-du-tragique.html

Les archives sonores (entretiens sur France Culture pour l'essentiel) ne manquent pas : www.mixcloud.com/archives-clement-rosset/stream

Certes. C'est dommage, car en plus d'être un des grands philosophes contemporains français (peut être pas du niveau d'un Vincent Descombes ou d'un Bouveresse, mais comparable à Romano, Didier Franck ou Barbaras), Rosset était un grand pédagogue qui aurait pu recevoir un super accueil dans les médias grand publics.

*****

Quelques rapides lectures / relectures sur le thème de la foule en philo politique.  

Spinoza, Traité politique

Quel banger. On sous-estime souvent l'importance théorique du politique dans le corpus spinoziste (ainsi que la proximité avec Machiavel). Chouette intro de Laurent Love dans l'édition Le Livre de Poche.
Machiavel, Discours sur la seconde décade de Tite-Live, III

Boucheron, Un été avec Machiavel

Lu rapidement car j'avais le livre sous la main. Je reste sur ma faim. J'imagine qu'il faudrait que je me procure son ouvrage Machiavel / Leonard.

Je reviens à mes valeurs sûres:
* Beethoven
par André Boucourechliev (Seuil, collection Solfèges)
* Des arbres à abattre
de Thomas Bernhard (folio)

Thomas Bernhard
* Un enfant

Il raconte au début sa première randonnée à bicyclette ..
.

Stéphanie Kalfon
* Les parapluies d'Érik Satie (folio)

Un essai biographique sur Érik Satie.
J'y reviens avec grand enthousiasme et j'aime surtout quand elle raconte les débuts d'Érik Satie quand il était étudiant au Conservatoire, les réactions des professeurs et aussi le très beau passage où il est question de la sonate op.26 de Beethoven.

Philippe Jaccottet : Paysages avec figures absentes        1970

 +
Un peu plus de mal avec les textes de la fin (de nature peut-être plus spécifiquement technique et sur des thèmes qui ne me parlent pas tellement) mais le reste, c'est vraiment superbe — et sans doute assez éclairant sur la démarche de Jaccottet, son rapport aux choses et à la poésie. 

Je retrouve et feuillette avec grand intérêt les pages jaunies de cette biographie intitulée La vie de Beethoven par Edouard Herriot qui fut publiée pour la première fois en 1927 chez Gallimard.
Mon édition date de 1945.

Emeryck a écrit:

Philippe Jaccottet : Paysages avec figures absentes        1970

 +
Un peu plus de mal avec les textes de la fin (de nature peut-être plus spécifiquement technique et sur des thèmes qui ne me parlent pas tellement) mais le reste, c'est vraiment superbe — et sans doute assez éclairant sur la démarche de Jaccottet, son rapport aux choses et à la poésie. 

Sans doute le recueil où Jaccottet est le plus proche de Ponge

Eusèbe a écrit:

Emeryck a écrit:

Philippe Jaccottet : Paysages avec figures absentes        1970
 +
Un peu plus de mal avec les textes de la fin (de nature peut-être plus spécifiquement technique et sur des thèmes qui ne me parlent pas tellement) mais le reste, c'est vraiment superbe — et sans doute assez éclairant sur la démarche de Jaccottet, son rapport aux choses et à la poésie. 

Sans doute le recueil où Jaccottet est le plus proche de Ponge

Oui ! J'y pensais justement en lisant ce recueil (Ponge est également un poète que j'aime beaucoup) — la dimension ludique (l'objeu et tout ça) en moins.

Emeryck a écrit:

Eusèbe a écrit:

Emeryck a écrit:

Philippe Jaccottet : Paysages avec figures absentes        1970
 +
Un peu plus de mal avec les textes de la fin (de nature peut-être plus spécifiquement technique et sur des thèmes qui ne me parlent pas tellement) mais le reste, c'est vraiment superbe — et sans doute assez éclairant sur la démarche de Jaccottet, son rapport aux choses et à la poésie. 

Sans doute le recueil où Jaccottet est le plus proche de Ponge

Oui ! J'y pensais justement en lisant ce recueil (Ponge est également un poète que j'aime beaucoup) — la dimension ludique (l'objeu et tout ça) en moins.

Ah oui, c'est sûr qu'il n'y a pas les syllepses habituelles à Ponge ("Brisons là", dans "Le pain" , et plein d'autres).
Le dialogue entre les deux poètes est soutenu. Tu peux lire les textes de Jaccottet recueillis sous le titre Ponge, pâturages, prairies aux édition Le bruit du temps.

Eusèbe a écrit:

Le dialogue entre les deux poètes est soutenu. Tu peux lire les textes de Jaccottet recueillis sous le titre Ponge, pâturages, prairies aux édition Le bruit du temps.

Merci, je ne connaissais pas du tout ce groupement de textes ! 

Je redécouvre les polars d'Eléna Arseneva dans la série Grands Détectives (éditions 10/18). Avec le boyard Artem chef militaire et conseiller du prince de Rostov (Vladimir II monomaque, qui a réellement existé) on plonge dans la Russie du XIe siècle

Jean-Paul Sartre : Réflexions sur la question juive        1946

 +
Je voulais lire ce livre avant d'attaquer ceux de Fanon et j'ai en fait été assez déçu. J'imagine que c'était assez nouveau à l'époque mais le fait que Sartre aborde l'antisémitisme à travers le prisme de sa pensée existentialiste rend le truc assez limité car finalement, l'apparition de l'antisémite est réduite à une histoire de mauvaise foi et du coup, quand il dit (à raison, ce n'était sans doute pas une vue usuelle à l'époque) que le problème se situe du côté de l'antisémite plutôt que de celui du juif et que du coup, il faut lutter contre l'antisémitisme, son livre est un peu un grand blablatage qui n'est pas très utile ; en plus de ça, il y a des passages de nature psychanalytiques assez bizarres/douteux. Bon, sinon, il y a tout de même quelques masterclasses notamment dans le deuxième chapitre où il dit que le démocrate ne peut pas être un allié parce que pour lui, il n'y a pas de juifs — ça me semble toujours actuel : entre les gens qui "ne voient pas les couleurs" (la récupération de l'antiracisme par la gauche institutionnelle à la fin des années 80) et l'existence d'un supposé communautarisme ; d'ailleurs, quelques arguments de Sartre ne sont en fait pas du tout spécifiques à l'antisémitisme mais valent plus généralement pour le racisme. En fait, ce livre est je crois maintenant assez désuet parce qu'il a été écrit avant la fondation de l'état d'Israël et qu'en plus de ça, son approche ne tient pas compte que l'aspect structurel de l'antisémitisme et manque donc quand même une grande partie du truc — et puis du coup, même si ça fait un peu moins de deux cents pages, ça semble quand même assez long.   

Autre biographie de Beethoven reçue aujourd'hui.
J'ai lu ce livre il y a plusieurs années et j'en garde un excellent souvenir.

anaëlle a écrit:

arnaud bellemontagne a écrit:

Vassili Grossman : Vie et Destin



Je viens de commencer.

Ça c'est chouette (et j'imagine que cette gigantesque fresque totalisante est parfaitement ton genre).

J'ai pas mal avancé et j'ai tout de même du mal à me repérer dans ce carrousel de personnages à peine esquissés...

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Balzac : La Peau de chagrin


Un archi-classique pour un gros plaisir de relecture.

Frantz Fanon : Peau noire, masques blancs        1952


J'ai en fait été assez déçu par ce livre. Je l'ai tout de même aimé et trouvé intéressant mais je l'ai trouvé finalement assez long et les tunnels psychanalytiques n'aident pas vraiment — et puis on peut douter de leur pertinence pour certains... — ; après, parmi ceux-ci, il y en a quand même qui sont intéressants, notamment la réponse à Mannoni et aussi des passages comme celui sur les manifestations (incrustées) du racisme ; j'ai aussi aimé le passage où il commente le commentaire que Sartre (dont Réflexion sur la question juive a été semble-t-il par moments une source d'inspiration pour Fanon) fait sur la négritude dans Orphée noir en disant que ce ne serait qu'un moment : toujours cette manie de voir avant et devant. Il y a d'autres passages qui ne m'ont pas tellement intéressés notamment la fin avec Adler et Hegel et j'ai trouvé la conclusion finalement assez décevante : il faut réaliser qu'en fait, on est tous humains... J'espère que les autres seront moins axés sur la psychanalyse. 

Mais ton regard est celui d'un lecteur de 2024.
Fanon l'a écrit au tout début des années 50. On ne compte plus le nombre d'acteurs engagés dans la décolonisation qui ont été fortement marqués par la lecture de Fanon, et pas uniquement en Afrique noire et francophone.

néthou a écrit:

Mais ton regard est celui d'un lecteur de 2024.
Fanon l'a écrit au tout début des années 50. On ne compte plus le nombre d'acteurs engagés dans la décolonisation qui ont été fortement marqués par la lecture de Fanon, et pas uniquement en Afrique noire et francophone.  

Oui, je sais bien... Enfin, en plus, mes critiques portaient plutôt sur l'aspect très psychanalytique (oui, je sais bien, Fanon était psychiatre...) et l'aspect parfois excessivement long. L'influence de Fanon est indubitable mais, quand bien même ce semble être l'ouvrage le plus connu de Fanon, je ne crois pas qu'il soit celui qui ait le plus d'influence dans la pensée décoloniale (enfin, peut-être à l'époque car il parle de racisme d'état) — par exemple, j'ai commencé L'an V de la révolution algérienne il y a quelques jours, et ça me semble beaucoup plus perçant.

J'ai enfin fini mon livre sur Kraftwerk 🤩 c'est intéressant !
C'est un groupe qui apporte beaucoup d'idées, bien sûr c'est spécial !
Mais je conseille ce livre pour les amateurs de Kraftwerk !

Marcelle Sauvageot : Laissez-moi (commentaire)        1933

 +
L'unique texte (de publication posthume) de Marcelle Sauvageot, disparue prématurément de la tuberculose. C'est un texte assez particulier où la solitude occupe une place très importante : tout d'abord, il n'était pas destiné à la publication et ensuite, l'autrice écrit ses réactions à une lettre qu'elle a reçue (au sanatorium) de l'homme avec qui elle avait une relation (dans laquelle il dit que "leur amitié demeure" et qu'il se marie avec une autre femme) ; il y a donc vraiment un côté journal intime. C'est assez chouette, elle analyse la manière dont cet homme la met sur le côté et j'ai bien aimé son évolution à travers le livre (assez court : quelques dizaines de pages) pour arriver à la fin sur une note presque fière — en dépit du fait qu'elle sait qu'elle n'en a plus pour longtemps.