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VINCERE.

Rarement vu un film aussi prétentieux. Pour des intellos qui se branlent grave.
Je crois que je vais le proposer à toutes les personnes qui m’insupportent : Eux ils aimeront ça

Y a rien à dire, c'est un film nécessaire, qui permet de remettre un peu les pendules à l'heure, en montrant qu'à côté des horreurs les plus inimaginables, et souvent grâce à ces horreurs, certains ont la belle vie (pensez à un Africain chanceux qui tapote sur son smartphone pendant que près de lui des gosses de 13 ans meurent dans des mines de cobalt - et maintenant, pensez qu'il n'y a pas besoin d'être aussi près...). Et que le Soleil brille pour tout le monde, et plus encore quand on a un beau jardin bien exposé. Sinon, la musique du générique de fin est très intéressante, tout le public dans la salle est resté jusqu'au bout pour l'écouter.

[quote="Prestissimo"]

Y a rien à dire, c'est un film nécessaire, qui permet de remettre un peu les pendules à l'heure, en montrant qu'à côté des horreurs les plus inimaginables, et souvent grâce à ces horreurs, certains ont la belle vie (pensez à un Africain chanceux qui tapote sur son smartphone pendant que près de lui des gosses de 13 ans meurent dans des mines de cobalt - et maintenant, pensez qu'il n'y a pas besoin d'être aussi près...). Et que le Soleil brille pour tout le monde, et plus encore quand on a un beau jardin bien exposé. Sinon, la musique du générique de fin est très intéressante, tout le public dans la salle est resté jusqu'au bout pour l'écouter.[/quot tu m’as convaincu !

Un dangereux terroriste était parvenu à s'échapper de sa prison, en faisant preuve d'une célérité et d'une détermination hors du commun. L'action se pimente quand celui-ci, à bord d'un avion dont il a orchestré le détournement, se retrouve face-à-face avec le célèbre expert de sécurité John Cutter qui entend bien ne pas le laisser s'échapper...
Un bon film, de bons acteurs...
J'ai bien aimé !

nakatomi a écrit:

tu m’as convaincu !

De ?

La Loi (1959) Jules Dassin





C'est pas bête d'avoir posé un exemplaire relié d'Anna Karénina sur la table de chevet de Donna Lucrezia (Melina Mercouri) : prémonitoire !

Chris Marker : On vous parle de Paris : François Maspero, les mots ont un sens        1971


Ce film d'une vingtaine de minutes appartient à une série de courts-métrages tous axés sur la lutte, les idées et les horizons de gauche : on a par exemple un épisode sur Allende, un autre sur l'usine Renault de Flins ou sur le procès de London à Prague. Ici, il s'agit d'une interview de l'éditeur François Maspero (ayant fondé les éditions du même nom, disparues au début des années 80 — à cause d'une part de l'extrême-droite mais aussi des situationnistes qui accusaient plus ou moins Maspero d'être un traitre) qui a été important dans la diffusion des idées de gauche en France, en publiant notamment des ouvrages sur la guerre d'Algérie mais aussi des ouvrages anti-staliniens. Le film est découpé en plusieurs parties, chacune correspondant à une notion bien spécifique mais honnêtement, je vois pas trop l'intérêt d'un tel découpage ici. Le court-métrage est plutôt chouette notamment lorsque l'éditeur parle de la manière dont il conçoit son rôle dans les luttes et la diffusion de la pensée de gauche.

Bing Wang : Man in black        2023


Ce film est un portrait du compositeur chinois Wang Xilin, il raconte lui-même sa vie et notamment, puisqu'il a vécu au temps de la révolution culturelle, ses liens avec le parti, les violences qu'il a subies, son professeur de piano abattu par le régime ; il raconte également la manière dont cela se retrouve dans ses œuvres musicales. Il habite seul le film (surtout au début : il ne dit pas un mot et on ne sait qui il est), totalement nu, le corps très marqué, à la fois par le temps mais aussi par ce qu'il a subi ; il se met parfois au piano pour illustrer ce qu'il raconte. Même si le caractère et le rythme sont très différents, il y a un peu un côté one man show parce qu'il déambule seul sur la scène du théâtre des bouffes du nord. Le film semble vouloir refuser de faire quoi ce que soit d'autre et si le début semble vouloir nous indiquer que l'échelle du film sera assez large, on se retrouve au final à parler de quelques des œuvres du compositeur — et on ne comprend d'ailleurs pas tellement la durée de certaines séquences.

Lucrecia Martel
Zama

Je ne pensais pas que l’expérience dans laquelle m'avait plongé La femme sans tête de Lucrecia Martel était reproductible. Évidemment, après un tel sommeil, ayant sombré pour ne plus m'éveiller qu'au générique, ce nom ne me disait plus grand chose, et c'est en toute confiance que j'ai abordé Zama, avec le souvenir très vague d'avoir déjà vu un film de cette autrice. Mais là, ça tient du sortilège, ou de l'hypnose ! je luttais, piquais du nez, rembobinais, ébahi de voir défiler tant et tant d'images jusqu'à retrouver pied, et repiquais de plus belle. C'est par ailleurs sublime et singulier, mais je le crains un peu hors de ma portée

Louis Feuillade : Gustave est médium         1921

 /   +
J'ai trouvé ce Feuillade assez marrant : un gars se fait virer de son poste parce qu'il dort sur son bureau, il découvre par la suite qu'il sait pratiquer la télékinésie et se rend donc chez un déménageur pour lui proposer ses services ; en voyant le physique du candidat, il est assez sceptique mais lorsque ce dernier lui montre ses pouvoirs, il accepte sur-le-champ. Malgré ce pitch assez court, le film dure tout de même un peu plus de trente minutes mais n'est pas aussi lent que d'autres Feuillade que j'ai pu regarder, il est assez drôle et le surjeu des acteurs (notamment les têtes improbables qu'ils font pour exprimer la peur et la surprise — Biscot en tête) ajoute pas mal au comique déjà présent.

Barbe-Bleue (1972) Edward Dmytryk





Si on prend l'histoire morbide de base au 6e degré, ça en devient presque une comédie satirique.

Rome en Flame !
Sous les ordres de l'empereur Néron, la garde prétorienne pourchasse et persécute les chrétiens. Marcus, un jeune consul, assiste Menecrate, qui dirige la mission. En fouillant les catacombes, il constate avec surprise que, parmi les chrétiens qui s'y cachent, se trouve la belle Julia, dont il est amoureux. La jeune femme s'est convertie en secret. Ne pouvant se résoudre à l'arrêter, il l'aide à s'échapper.

Abderrahmane Sissako : Bamako        2006

 + / 
Ce film est le premier film de Sissako que je vois et je dois dire que j'ai trouvé ça très bien : le film met en scène un procès de FMI et de la banque mondiale contre la société civile africaine mais adopte une attitude assez curieuse vis-à-vis du genre auquel il se rapporte. Là où un film de procès classique aurait mis le procès au centre du film, ici, le film refuse ouvertement de faire ça : le procès est quelque chose qui se passe au même titre que d'autres activités (qui pourraient sembler moins exceptionnelles) et que le procès ne vient pas étouffer d'un point de vue narratif ; en plus, le réalisateur nous montre bien que finalement, ce procès, c'est presque un truc rituel, presque maintenu sous respiration artificielle quoi qu'il en coûte et qui ne change de toute façon pas grand-chose pour les populations locales : c'est cet homme appelé à la barre et qui ne dit rien, ce sont ces haut-parleurs qui retransmettent le procès et que l'on débranche, c'est ce petit garçon qui parcourt la salle avec ses baskets qui couinent ; c'est aussi ce personnage (principal) interprété par Aïssa Maïga qui n'apparaît finalement pas beaucoup à l'écran ou le fait que le procès se tienne dans le jardin d'une maison quelconque. Malgré tout, le film laisse le procès se faire et nous fait tout de même entendre ce qu'on a dire les deux parties parce qu'il fait tout de même entendre des voix — et même la voix du FMI est face à la contradiction de la partie civile. J'aime beaucoup cet équilibre et aussi les scènes autour du procès qui sont assez belles (les scènes de chant !) et, bien sûr, l'intermède de film de cow-boy assez improbable — dans lequel on a la chance de voir Elia Suleiman, ce n'est pas rien !

Catherine Corsini : La mésange        1982

 +
Ce court-métrage d'une petite dizaine de minutes est la première réalisation de Catherine Corsini et je dois dire qu'il m'a assez surpris : il met en scène un homme coincé dans les embouteillages face à l'arc de triomphe y rencontre une femme, ils vont s'échapper des embouteillages, aller au café, elle va danser, il écrit des poèmes, il veut partir plus loin, par les airs, à Florence ; bref, j'ai assez aimé le dévouement avec lequel ce court se jette contre les embouteillages et la fixité mais la fin est sans doute un peu décevante en regard du programme annoncé.

Samuel Benchetrit : Cette musique ne joue pour personne        2021


Je ne suis en général pas un fan des films de Samuel Benchetrit (même si j'ai tout de même aimé Asphalte) mais je crois que celui-ci est celui qui me passe le plus par-dessus la tête et à cet égard, je crois que le titre est bien choisi. Le film raconte l'histoire d'une galerie de personnages (avec une sacrée distribution : Vincent Macaigne, Bouli Lanners, François Damiens, Vanessa Paradis, Gustave Kervern, Valeria Bruni-Tedeschi, Ramzy Bedia, etc.) vivant dans une même ville et qui semblent former une sorte de bande hétéroclite ; ils semblent tous en proie à la violence mais vont tous plus ou moins se ranger — notamment autour d'une comédie musicale mettant en scène la relation entre Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre, sur fond d'existentialisme. Si le film m'a parfois amusé, je suis resté assez indifférent à la trajectoire des personnages notamment parce que le film était trop dispersé et les personnages pas hyper passionnants.

Patrice Chéreau : Ceux qui m'aiment prendront le train        1998

 + / 
Il y avait assez longtemps que je voulais voir ce film de Chéreau (tout comme L'homme blessé et La chair de l'orchidée...) notamment en raison de la présence de Jean-Louis Trintignant dans la distribution, je ne savais pas à quoi m'attendre (je n'ai vu qu'un autre film du réalisateur) et quelle ne fut pas ma surprise en découvrant le film ! Pour moi, c'est vraiment un mélange entre Desplechin (pour le côté non-dit et les ramifications familiales qui resurgissent et causent des brouilles) et Żuławski pour le côté dramatique au possible et à fond. Je trouve le point de départ scénaristique assez marrant : Danièle Thompson discutait avec François Reichenbach de sa volonté de se faire enterrer à Limoges et lui dit que c'est loin, ce à quoi Reichenbach rétorque "Ceux qui m'aiment prendront le train !" et c'est de ça dont va parler le film : une famille (au sens très large) va se retrouver à Limoges (et dans le train) alors qu'ils ont pour certain(e)s plus rien à voir. Concernant le film lui-même, je crois que j'ai aimé son élan, j'ai aimé ses virevoltes, j'ai aimé sa bande-originale mais je trouve que c'est trop bordélique et qu'il y a quand même pas mal de trucs qui marchent pas — sans que ça me dérange vraiment, en fait. Après, est-ce que je me souviendrait vraiment pendant longtemps de ce qu'il s'y passe ? Probablement pas.

Le Grand Alibi (1950) Alfred Hitchcock





Il y a des longueurs ici et là... Mais la fin est éloquante.

Arthur Harari : Diamant noir        2016

 + / 
J'avais découvert Harari par Onoda, 10000 nuits dans la jungle qui m'avait pas mal déçu — et sans doute d'autant plus qu'il était unanimement encensé lors de sa sortie. Il s'agit ici de son premier long-métrage et je le trouve nettement plus réussi : si le rythme est déjà bien lent, je trouve que le récit est nettement plus intéressant, vraiment à l'image du foisonnement de faces du diamant auquel de tout tourne : tout peut changer à la déviation du moindre rayon lumineux. Le film nous raconte une histoire de vengeance : un homme travaillant dans les travaux publics (interprété par Niels Schneider) découvre à la mort de son père que ce dernier était le paria d'une famille de diamantaires basée à Anvers ; il décide alors d'infiltrer ce réseau (non pas en tant que diamantaire mais pour rénover leurs locaux) et de le venger. Le film va prendre son temps — sans non plus trop s'étirer (contrairement à Onoda) puisqu'il atteint un peu plus d'une heure cinquante — et va nous montrer cette lente entrée avec un chouette twist qui n'est pas simplement un revers narratif mais qui donne un revirement intéressant aux trajectoires respectives des personnages : le personnage principal va soutenir l'entreprise juste pour pouvoir faire son coup ; j'ai aussi aimé le jeu (sans doute assez secondaire) entre deux métiers de pierre : le diamantaire et le BTP. Par contre, je n'ai pas tellement aimé ce film du point de vue de la technique visuelle, les images ne sont pas très belles ; j'ai beaucoup pensé au cinéma américain indépendant : la mise en exergue de l'outil (To live and die in L.A. de Friedkin) et peut-être que ce ton d'image me l'a aussi rappelé.

J'avais aussi beaucoup aimé, plus qu'Onoda
Le manque de qualité de l'image ne m'avait pas choqué (mais je n'y ai sans doute pas fait attention) …

xoph a écrit:

Je ne n'avais pas fait attention au manque de qualité de l'image…

Peut-être que c'était ma copie. 

Castor Troy, dangereux terroriste, est tombé dans le coma à la suite d'un affrontement avec Sean Archer, agent de la CIA. Grâce à une intervention chirurgicale, Archer prend le visage de Troy pour faire avouer au frère de ce dernier l'emplacement d'une bombe. Mais Troy sort du coma et prend à son tour le visage d'Archer.
Fantastique film, cela n'arrête presque jamais..
Travolta y est enfin à la hauteur et Cage est un très grand acteur !

Cédric Kahn : Le procès Goldman        2023

 +
J'attendais ce film avec une certaine impatience parce que j'étais assez curieux de ce que pouvait raconter un film sur l'affaire Pierre Goldman. Pour rappel, Pierre Goldman était un militant de gauche, anti-impérialiste, fils de deux résistants juifs polonais ; il a fait un séjour à Cuba pour rencontrer d'autres miliant(e)s anti-impérialistes et lors de son retour en France, il est accusé de plusieurs braquages (qu'il reconnaîtra) et du meurtre de deux pharmaciennes (qu'il ne reconnaîtra jamais). Il a eu un premier procès en 1974 qui se termine par une condamnation de réclusion criminelle à perpétuité ; défendu par Georges Kiejman, ils font appel et entre temps, Goldman écrit son livre Souvenirs obscurs d'un juif polonais né en France pour notamment démontrer les incohérences du procès. En 1976, son deuxième procès a lieu aux assises d'Amiens et c'est ce procès que le film va raconter — avec quelques libertés — qui donnera lieu à l'acquittement de Goldman pour l'accusation de meurtre des deux pharmaciennes ; il sera assassiné trois ans plus tard par un groupe terroriste d'extrême-droite appelé "Honneur de la police" qui avait déjà commis plusieurs attentats contre des personnalités de gauche et notamment des syndicalistes.

Ce n'est pas tellement dans l'approche du film de procès que j'ai trouvé le film intéressant puisqu'à cet égard, le film mettait en scène les deux parties classiques du film de procès — même si, tout de même, le film ramifie davantage cette approche : il ne s'agit pas simplement de deux parties qui ne seraient complémentaires qu'en tant que parties du procès mais ça va beaucoup plus loin : parce qu'il est juif, militant de gauche révolutionnaire et qu'il traîne avec des gens racisés, il sera fustigé par l'accusation (clairement raciste donc antisémite) pour ces raisons et ce sont deux visions du monde qui s'affrontent.

En fait, je crois que le film est sans doute plus un film sur Pierre Goldman lui-même ou plus exactement sur les juifs révolutionnaires d'après-guerre ; d'ailleurs, juste avant les plaidoiries, à la fin, il y a une scène où un des plaideurs dit qu'après la guerre, il y avait essentiellement deux voies de refuge pour les juifs : le sionisme et le communisme ; le film décrit sans doute la seconde voie.

Sinon, j'ai beaucoup aimé l'aspect constamment tendu du film, la mise-en-scène est vraiment impeccable avec certains cadrages assez magnifiques ; même si je ne prête usuellement pas trop attention au jeu, j'ai trouvé Arieh Worthalter époustouflant dans le rôle de Pierre Goldman (ce n'était pas donné d'avance : il fallait que les punchlines de Goldman soient crédibles) et Arthur Harari est aussi très bien dans le rôle de Kiejman — et quelle moustache !

Sidney Lumet : Network        1976

 +
J'avais récemment été assez déçu par les films de Lumet que j'avais regardés : on ne dépassait jamais le banal et on était à des années lumière des sommets par lesquels je l'avais découvert. Ici, ce film vient en partie renouer avec ceux-ci à travers une thématique assez forte et précise : la télévision. Le film parle de l'aspect spectaculaire de la télé à travers un présentateur télé sur la sellette à cause du déclin de son audience et qui déclare à celle-ci qu'il va se suicider en direct dans quelques jours, ce qui provoque un sursaut d'audience et finalement, la directrice garde le présentateur et lui fait présenter une émission où il raconte tout et n'importe quoi, le tout étant parsemé de trucs vaguement complotistes. Bref, ensuite, le vent tourne et le groupe de chaînes est racheté par des saoudiens ; le patron de la chaîne demande alors au présentateur de diffuser des messages d'obédience capitaliste, ce qui va provoquer une baisse d'audience, etc. ; cet aspect ne m'a pas tellement intéressé (je ne le trouve pas intéressant pour parler de la télévision car on ne dit plus grand-chose et on finit la plupart du temps par dire que de toute façon, c'est de la faute du public) mais j'ai aimé l'articulation de la relation de couple entre Schumacher (le rédacteur en chef) et Christensen (la directrice des programmes) en contrepoint de l'émission et notamment du présentateur qui semble être un simple intermédiaire totalement dévitalisé ; en plus, à la fin, les revirements dramatiques marchent vraiment bien et il y a du drama — même si je pense qu'il y a une petite trope sexiste derrière.

Béla Tarr
Le cheval de Turin

@Golisande
pas grand chose à ne pas dire de plus,
et plus grand chose à dire sur Mihály Víg, qui signe à nouveau la musique (et ne joue pas contrairement à Satantango). Musique répétitive dont les fondus avec ce vent funeste sont impeccables. Ni sur László Krasznahorkai qui coscénarise ce film (écrivain dont les œuvres sont le support de Satantango ou des Harmonies Werckmeister, et scénariste de Damnation), que je n'ai pas lu. Si ce n'est que devant l'œuvre de Béla Tarr, intense et exceptionnelle, la continuité de ces collaborations (sans parler des continuités thématiques, formelles) suffirait, s'il en était besoin, à éloigner toute idée de "faiseur" à son encontre (question que j'ai pu me poser, ou que l'on pourrait se poser quant au noir - clap de fin, trop (?) éloquent, de ces dernières images, de ce dernier film).

Pour me faire pardonner, et pour celles ou ceux qui voudraient aller plus loin, voici un lien vers un article de Michael Cramer autour de la fortune critique de Béla Tarr. Principalement autour de Jacques Rancière,  Bela Tarr : le temps d’après et Marco Grosoli, Armonie contro il giorno. Il cinema di Béla Tarr , article que je n'ai pas lu non plus, mais lirai.
https://journals.openedition.org/1895/5812

Par ailleurs dommage que Rubato ne nous donne pas ses impressions sur ce cinéaste (qu'il semblait fort bien connaître)

Mission Impossible (1996) Brian De Palma

La peau douce

+

Ghalia Benali, chanteuse, jouait dans A peine j'ouvre les yeux, excellent premier long métrage de Leyla Bouzid. Elle n'y chantait pas (et n'était pas aux compositions - c'est Khyam Allami). Par contre, on la retrouve ici, pour une chanson originale Yammaya, avec comme support visuel les images de ce film (et remerciements à Leyla Bouzid, en générique de fin).

Alain Resnais : On connaît la chanson        1997

 +
Je ne connais rien de Resnais qui date d'après le milieu des années 80, j'ai choisi de me lancer dans celui-ci après avoir vu sa bande-annonce (je ne sais plus où) et donc après avoir découvert une de ses spécificités : des bribes de chansons française (allant des années 20-30 jusqu'aux années 90) sont intégrées aux dialogues des personnages. J'ai trouvé le procédé assez amusant et intéressant (mais peut-être est-il un peu frustrant) parce qu'il ne ressemble à rien de ce que j'ai pu voir en terme de comédie musicale : au-delà des chansons utilisées, le film utilise la musique de manière épisodique (contrairement à un Demy, par exemple) mais sans que ce soit la musique qui dicte le numéro — comme ça peut être le cas dans pas mal de comédies musicales américaines de la fin des années 40 ou des années 50 — donc ç'a une saveur assez différente. Ce n'est pas vraiment ça qui m'a le plus plu mais plutôt la galerie de personnages : le film est choral (sans jeu de mot, aucun) avec des personnages qui semblent lancés dans des occupations de côté qui ont un net goût de fuite en avant, tout en étant pas complètement dupes là-dessus ; en plus de ça, même si le film est choral, tous les personnages sont liés les uns aux autres ce qui évite qu'il s'éparpille trop. Personnellement, j'ai beaucoup aimé le personnage de Jaoui (une thésarde en histoire en proie au doute — en dépit de sa réussite manifeste — et à la dépression, elle officie également en tant que guide de Paris à ses heures perdues) ; j'ai également beaucoup aimé son jeu ainsi que ceux d'Azéma, Bacri et Dussolier. J'ai également pas mal aimé la scène finale (qui rappelle un peu L'amour à mort avec ces plans bizarres de méduse et musique contemporaine) où tous les personnages sont rassemblés dans un même lieu mais finalement se divisent par petits groupes et tout se révèle — ce n'est peut-être pas surprenant d'un point de vue scénaristique mais dans l'écriture (dramatique) des personnages, ça fait quelque chose.

Emeryck a écrit:

Alain Resnais : On connaît la chanson        1997

 +
[…]Jaoui (une thésarde en histoire en proie au doute — en dépit de sa réussite manifeste — et à la dépression[…]

En même temps on comprend : une thèse sur ''la vie des chevaliers-paysans de l'an mille au lac de Paladru"
(j'espère que je vais pas me faire assassiner…)
J'adore ce film (dans les films tardifs de Resnais)

Paladru:

De mon côté ces temps-ci

Yorgos Lanthimos
• Mise à mort du cerf sacré
• Canine

Je ne sais pas trop quoi en penser.
On a toujours un peu l'impression qu'il est lui même dépassé par les thèmes qu'il convoque, et glisse de l'un à l'autre, du coup ça peut avoir un côté presque aguicheur, on essaye on verra bien.
Mieux aimé Mise à mort du cerf sacré. Mais par exemple dans cette histoire de culpabilité, de châtiment et de sacrifice, une scène (celle de la cave) pourrait évoquer une forme d'adoration divine, adressée à un jeune dieu vengeur, dont on baiserait les pieds. L'on peut relier cette scène à la fascination amoureuse qu'il provoque (de la part de la fille notamment), malgré son caractère maléfique. Pourtant, ce thème qui suffirait à faire un film ne reste qu'effleuré, à mon avis.
Canine, je me suis un peu ennuyé, et après le début très intriguant (les premières minutes sont très réussies), ça tourne un peu en rond (et les parallèles sont parfois un peu grosse ficelle, le dressage d'une progéniture et les dresseurs de chiens)
Au final, filmographie à poursuivre de mon côté (je l'ai découvert avec Pauvres créatures, que j'ai aimé)

xoph a écrit:

De mon côté ces temps-ci

Yorgos Lanthimos
• Mise à mort du cerf sacré
• Canine

Je ne sais pas trop quoi en penser.
On a toujours un peu l'impression qu'il est lui même dépassé par les thèmes qu'il convoque, et glisse de l'un à l'autre, du coup ça peut avoir un côté presque aguicheur, on essaye on verra bien.
Mieux aimé Mise à mort du cerf sacré. Mais par exemple dans cette histoire de culpabilité, de châtiment et de sacrifice, une scène (celle de la cave) pourrait évoquer une forme d'adoration divine, adressée à un jeune dieu vengeur, dont on baiserait les pieds. L'on peut relier cette scène à la fascination amoureuse qu'il provoque (de la part de la fille notamment), malgré son caractère maléfique. Pourtant, ce thème qui suffirait à faire un film ne reste qu'effleuré, à mon avis.
Canine, je me suis un peu ennuyé, et après le début très intriguant (les premières minutes sont très réussies), ça tourne un peu en rond (et les parallèles sont parfois un peu grosse ficelle, le dressage d'une progéniture et les dresseurs de chiens)
Au final, filmographie à poursuivre de mon côté (je l'ai découvert avec Pauvres créatures, que j'ai aimé)

Ah oui, tiens, c'est curieux, moi, j'avais préféré Canine que j'avais trouvé vraiment jusqu'auboutiste — même si j'avais quand même aimé Mise à mort du cerf sacré. Après, Lánthimos, c'est jamais de la grande subtilité ; il y a d'autres choses chouettes (The favorite), d'autres choses intéressantes mais qui deviennent ennuyeuses (The lobster) et d'autres trucs franchement pénibles (Alps, Nimic).

(Pas encore vu Poor things.)

Je note

J'ai The lobster sur le feu

PS : je m'aperçois que j'avais vu, et aimé, La favorite (à la télévision), à revoir néanmoins

Top Gun (1986) Tony Scott



Mouais... c'est pas trop mon truc les avions de combat et les vestiaires.

Novembre



Avida

Le Convoyeur

+

Walkyrie (2008) Bryan Singer





Ça reste d'actualité.

Nanni Moretti : La messa è finita        1985

 + / 
Suite à mon fort engouement pour Caro diario, j'ai décidé de rehausser les films de Moretti dans ma liste de films à voir et j'ai (un peu) remonté le temps, jusqu'après Bianca. Dans ce film, Moretti se met en scène en prêtre muté de sa petite paroisse insulaire (déjà !) à une paroisse à Rome où il n'a plus grand-chose à faire car l'église est vide. Le film tourne principalement autour du temps qui passe (ou plutôt qui est passé car il met l'accent sur le fait que les personnages aient beaucoup changé — le titre est assez éloquent à cet égard) et c'est plutôt amusant car le personnage de Moretti se retrouve être le point de raccord de personnages assez hétéroclites auxquels il est lié de manières assez différentes. J'ai aimé le film sans y accrocher non plus outre mesure : certaines séquences m'ont amusé, d'autres resteront (Moretti en prêtre footballeur) et d'autres étaient chouettes (le retour des scènes de messe) mais je crois qu'en fait, l'histoire de ne m'a pas extrêmement intéressé.

Une belle fille comme moi

La Chambre verte

Eugène Ballanchon travaille sur la mise au point d'un gaz de vérité mais à cause de quelques cendres tombées dans son cristallisoir, il découvre un gaz euphorisant, capable de neutraliser l'ennemi. Ce gaz intéresse au plus haut point le redoutable Beauchard, qui charge Régine, une séduisante espionne, de tomber dans les bras de Ballanchon.
J'adore cette comédie et avec d'excellents acteurs !

Vous n'avez encore rien vu

+

Danièle Huillet & Jean-Marie Straub : Une visite au Louvre        2004

 + / 
Dans ce moyen-métrage d'une quarantaine de minutes, on a le droit à quatorze tableaux (parmi lesquels du Véronèse, du Delacroix, du Courbet), tous filmés en plan fixe, accompagnés d'un texte de critique d'art de l'époque de Cézanne recueillant ses propos. Dans le commentaire (composé par Huillet et Straub), Cézanne parle notamment de son rapport à la figuration (les peintres qui "n'ont que la ligne (...), c'est beau mais ça ne suffit pas"), du fait que beaucoup de peintres n'aient songé qu'à peindre des corps idéels ; de manière générale, il y est pas mal question de ce que peut la peinture, de textures, de corps. Tout ça fait bien sûr pas mal écho au travail du couple cinéaste notamment sur la question de ce qu'ils montrent et font ainsi que sur l'ancrage très physique de la démarche — à un moment l'expression de sérénités passionnelles est employé et je trouve que ça colle bien à l'œuvre du couple. J'ai bien aimé la manière dont le film était construit : un travelling aller-retour sur le bâtiment du Louvre puis des plans fixes sur des tableaux et un final dans la forêt (on voit déjà le Genou d'Artémide) baignée de lumière avec bruits d'eau et mouvement de caméra ; j'ai également bien aimé la récitation de Julie Koltaï, c'est assez intense. Je pense que c'est un de mes films préférés du couple.

Une force mystérieuse provoque la chute de la Lune, qui menace de s'écraser sur la Terre. L'ancienne astronaute, Jo Fowler pense avoir la solution pour empêcher cette catastrophe, mais peu de gens croient en elle. Seuls un astronaute qu'elle a connu autrefois, Brian Harper, et un théoricien du complot, K.C. Houseman sont de son côté. Le trio va alors tenter une mission impossible dans l'espace.
Vraiment là 🤫 c'est une bonne surprise ce film...
C'est vraiment bien foutu, Belle image etc....
À voir absolument !

Emmerich vs Straub & Huillet, c'est bon on pourra pas faire mieux je pense.

Yorgos Lánthimos
The Lobster

Emeryck a écrit:

d'autres choses intéressantes mais qui deviennent ennuyeuses

J'ai trouvé le film pas si ennuyeux : la composition en deux parties, où l'inversion, qui pourrait amener à une libération, s'avère être tout aussi coercitive, en négatif, que son contre-modèle. L'histoire d'amour malgré tout, mais qui repose finalement sur le même schème dans les deux parties : qui se ressemble s'assemble (soit une bien triste figure à laquelle on pourrait préférer "je t'aime, car je ne te comprends pas"). Pour moi avec Pauvres créatures, le meilleur des films que j'ai vu de lui, à ce jour

Don't look up

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xoph a écrit:

Yorgos Lánthimos
The Lobster

Emeryck a écrit:

d'autres choses intéressantes mais qui deviennent ennuyeuses

J'ai trouvé le film pas si ennuyeux : la composition en deux parties, où l'inversion, qui pourrait amener à une libération, s'avère être tout aussi coercitive, en négatif, que son contre-modèle. L'histoire d'amour malgré tout, mais qui repose finalement sur le même schème dans les deux parties : qui se ressemble s'assemble (soit une bien triste figure à laquelle on pourrait préférer "je t'aime, car je ne te comprends pas"). Pour moi avec Pauvres créatures, le meilleur des films que j'ai vu de lui, à ce jour.

Oui, ça m'avait pas mal ennuyé — mais ça fait un bail, il faudrait (peut-être) que je réessaie.

David Cronenberg : Crash        1996

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Il y avait un certain temps que je voulais voir ce Cronenberg et je m'étais déjà fait mon petit film dans ma tête. Si l'on devait résumer le film en peu de mots, on pourrait dire qu'il s'agit de la vie sexuelle qu'aurait eu Georges Bataille s'il avait vécu au milieu des années 90. Plus sérieusement, ce film met en scène un homme et une femme qui se sont rencontrés parce qu'ils étaient les deux conducteurs de voitures qui se sont percutées, la conductrice revoit ensuite le conducteur de l'autre voiture à l'hôpital où elle travaille et ils se voient de plus en plus souvent. Je dois dire que j'ai tout de même été un (tout petit) peu déçu (je m'attendais à quelque chose qui soit plus visuellement exubérant) mais ça fonctionnait bien : ce truc (très bataillien) autour de la béance à combler, de la reconstitution d'accident de voiture impliquant des personnes célèbres en guise de spectacle au couple qui se délite puis qui se relocalise dans les deux survivants d'un accident de voiture ; ça rejoint aussi les films antérieurs (et ultérieurs aussi — je pense à eXistenZ avec ces histoires d'interface entre différents mondes) avec l'accent sur les plaies et les blessures. Bref, c'est pas trop mal, l'atmosphère est chouette mais une fois que c'est lancé dans le kink accidento-bataillien, c'est assez balisé.

Reflets dans un œil d'or (1967) John Huston



Que ce soit la mise en scène, le montage, la photographie, le jeu des acteurs, la musique (!).

Francis Savel : Équation à un inconnu        1980

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On connaît habituellement Francis Savel comme acteur chez Guy Gilles (notamment dans Au pan coupé) mais il a aussi réalisé (et scénarisé) notamment pour Losey ; ici, il s'agit de son unique long-métrage, réalisé sous le pseudonyme de Dietrich de Velsa. Ce film met en scène un jeune homme, motard, footballeur occasionnel, qui parcourt la banlieue parisienne sur sa moto à la rencontre d'autres hommes avec qui il essaie de chercher "un petit coin tranquille". Cette idée me semble être assez importante dans le film, ce dernier étant essentiellement composé de scènes d'amour dans des lieux clos ou de trajets à moto pour rejoindre des lieux extérieurs où faire l'amour ; à cet égard, la fin est très chouette : c'est une scène rêvée où le personnage principal imagine retrouver tous les hommes qu'il a rencontrés pendant le film et juste après que le film nous signifie qu'il s'agissait d'un rêve, on a un plan de lever de soleil ; c'est assez simple mais ça marche bien. Sinon, il y a tout de même plusieurs séquences assez belles (les séquences d'extérieur mais aussi les séquences dans les pièces obscures attenant aux douches) et j'aime le ton global du film ; je trouve que de manière générale, les scènes de groupe sont sans doute parmi les plus réussies.