Votre dernier film visionné

Emeryck a écrit:

Ann Sirot & Raphaël Balboni : Une vie démente        2020
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J'avais également beaucoup aimé.

Patricia Mazuy : La prisonnière de Bordeaux        2024


Une vingtaine d'années après Saint-Cyr, Patricia Mazuy retrouve Isabelle Huppert, aux côtés d'une petite nouvelle dans la filmographie de la réalisatrice : Hafsia Herzi. La première joue le rôle d'une bourgeoise habitant à Bordeaux dont le mari est incarcéré pour avoir fauché des piétons avec sa voiture ; lors d'une visite à la prison, elle rencontre le personnage de Herzi, une femme vivant dans un quartier populaire et dont le mari est incarcéré pour avoir braqué une bijouterie.

D'emblée le titre peut sembler curieux puisque que les deux femmes ont leur mari en prison (même si d'ailleurs, on y parle de prisonnière et pas de femme de prisonnier) et qu'en dépit de la symétrie de l'affiche et de cette condition narrative de départ (celle de la rencontre à la prison), on ne parle que d'une prisonnière ; étant donné que la prison occupe une assez grande place dans le film, ce dernier semble nous dire à travers son glissement que le film se joue ailleurs, qu'il a autre chose à nous raconter.

Mais de quelle prisonnière parle-t-on exactement ? Ce titre assez descriptif fait penser aux romans-fleuve naturalistes du dix-neuvième siècle voire début vingtième et personnellement, j'ai particulièrement pensé à La prisonnière de Proust, l'ajout de la localité n'étant qu'un pléonasme proustien — d'ailleurs, j'ai l'impression que la polysémie entre la ville Bordeaux et la couleur feutrée, qui pourrait se confondre assez facilement avec le noir n'est pas un hasard (d'ailleurs, il me semble qu'on trouve plusieurs choses de ce ton dans la bâtisse et ça serait en accord avec la logique proustienne des noms descriptifs. Si l'on voulait filer le parallèle avec le roman de Proust, il faudrait signaler que la jalousie coercitive est ici remplacée par une bourgeoisie qui ne peut plus exister parce qu'elle n'a personne sur qui s'exercer, alors elle essaie tant bien que mal de prendre la première personne venue — ici, le personnage de Hafsia Herzi.

J'ai trouvé cet aspect assez intéressant : le personnage de Huppert est sans doute très sympathique, ou, au moins, essaie de l'être et ç'a l'air plutôt sincère (bien que ça ne veuille pas dire grand-chose...) mais on sent qu'il y a par moments, des réflexes de classe : l'exemple le plus emblématique se trouvant sans doute vers la fin, lorsque le personnage de Herzi se rend complice du vol d'un tableau chez le personnage de Huppert où elle est hébergée, le premier réflexe de Huppert est d'appeler la police par principe ; il y a également la scène (d'ordre un peu différente, plus révélatrice sur son milieu) où elle organise un apéritif avec ses ami(e)s (tou(te)s bourgeoi(se)s) et que dès que le personnage de Herzi surgit, ils demandent si elle remplace la domestique — et commentent ensuite son prénom en disant que c'est exotique, etc. Il y a une scène également assez révélatrice : lorsque Huppert offre à Herzi son hospitalité, la seconde va immédiatement aider la domestique à faire le lit, en parlant avec elle alors que la première avait oublié que la domestique avait préparé le repas.

J'aimerais à présent dire quelques mots de la mise-en-scène. Tout d'abord, j'ai beaucoup aimé la scène d'ouverture qui m'a, elle aussi, rappelé Proust : le film s'ouvre sur le personnage de Huppert en train de choisir des fleurs chez le fleuriste et le plan de transition sur la séquence suivante se fait à travers un matériau noir reflétant de manière multiple le visage de Huppert et le bouquet qu'elle a choisi ; ça m'a beaucoup fait penser à l'ouverture de Sodome et Gomorrhe où il est sans cesse question de fleurs. Ensuite, la manière dont Mazuy filme la maison pour traduire l'hermétisme entre celle-ci et le milieu extérieur est assez classique mais ça fonctionne très bien : accent sur les ouvertures et fermetures du portail, sur les escaliers (massifs à l'extérieur et plus fins à l'intérieur) ; tableaux sur quasi tous les murs, étages multiples ; domestique que l'on oublie. La manière d'exploiter la géométrie des intérieurs, aux couleurs très foncés, un peu anxiogènes par leur aspect massif, m'a pas mal rappelé certains films de Losey — c'est dire, encore une fois, la qualité de la mise-en-scène.

Malgré le fait que j'ai trouvé ce film bien fait, que je l'ai aimé, j'ai tout de même quelques reproches à lui faire. Tout d'abord, en regard de ce qu'il arrive à mettre en place, de certains détails d'écriture, j'ai trouvé la fin assez bâclée ; j'ai trouvé que certaines ouvertures ne servaient pas à grand-chose, je pense par exemple à toute cette histoire avec les montres volées qui sert à introduire le collègue du mari de Herzi mais pas grand-chose de plus, c'est un peu laborieux. En tout cas, ça m'a agréablement surpris car je ne savais pas trop à quoi m'attendre après Bowling Saturne.

Jonás Trueba : Septembre sans attendre        2024

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Je connais très mal la filmographie de Jonás Trueba, j'ai l'impression qu'il a réalisé pas mal de films mais que leur sortie est parfois assez/très confidentielle en France ; je l'avais découvert par le très chouette (et rohmérien) Eva en août (son premier film qui a été distribué en France, il me semble) sorti en plein été et qui m'avait alors charmé — j'aimerais bien le revoir. J'avoue qu'en voyant la bande-annonce, qui mettait sans doute l'accent sur les similitudes avec Eva en août, je m'attendais à quelque chose d'assez différent. En fait, je ne suis même pas encore tout-à-fait au clair sur ce que je ressens vis-à-vis de ce film.

Le film raconte l'histoire d'un couple qui va se séparer et qui, conformément aux recommandations du père de l'homme, va organiser une fête pour l'occasion. Le film va alors devenir assez répétitif car ils vont répéter à tous leurs amis qu'ils vont organiser cette fête puis l'on comprend petit à petit (pas si rapidement !) qu'on assiste en fait à un film dans le film mais dès lors, il devient difficile de dessiner une frontière entre ce qui appartient au film dans le film et ce qui appartient au film.

Je suis assez partagé sur l'emploi de ce dispositif : à la fois, je trouve que ça rend des moments assez extraordinaires (par exemple, juste après que le dispositif est dévoilé, le couple semble être un peu hésitant sur le fait d'organiser cette fête et le film semble prendre un peu de distance ; l'effet de répétition est tout de même vraiment efficace mais bon... il faut se fader les répétitions, qui sont, je trouve, trop frontales et le tout alourdit tout de même pas mal le film. Le film est également truffaldien (les personnages du film cherchent sa tombe puis la filment) d'une certaine manière : on pense à La nuit américaine en plus intime et moins frontal, à ceci près que, comme il le répète à plusieurs reprises, avec ses références à Kierkegaard, la dramaturgie de ce film repose sur un principe de consolidation et de déjà-là alors que ceux de Truffaut reposeraient plutôt sur la crainte d'une fuite ou une création — il faudrait que je les revoie, ça fait longtemps.

J'ai tout de même bien aimé le film, il y a tout de même quelques scènes vraiment très chouettes (la reformation du couple le temps d'un instant pour acheter une paire de sièges !) et j'aime l'ambiance globale mais j'ai vraiment l'impression de quelque chose entre deux eaux, pas véritablement abouti ; en tout cas, pour moi, c'était mal dégrossi !

Ann Sirot & Raphaël Balboni : Le syndrome des amours passées        2023


J'ai découvert ce couple de réalisateurs assez récemment et j'avais été agréablement surpris par leur premier long-métrage, à la fois assez original et très bien écrit. Ce second film reprend plusieurs choses déjà présentes dans le premier : un couple qui veut avoir un enfant mais qui n'y arrive pas, des coupes assez brutales qui feraient presque penser à une sorte de making-of.

Comme je le disais, le film met en scène un couple qui n'arrive pas à avoir un enfant ; un spécialiste leur dit alors qu'ils sont en fait atteint du syndrome des amours passées et que pour vaincre ce syndrome, ils devraient tous recoucher avec tous les partenaires sexuels qu'ils sont eus par le passé.

Cela permet au film de convoquer toute une galerie de personnages assez hétéroclites et des situations assez variées qui font que l'on ne s'ennuie pas mais je dois dire que même si le film essaie de ramener un peu tout ça ensemble à travers cette grande fresque (assez jolie) tenant compte de l'avancement du processus, ça fait un peu liste de courses.

Après, la mise-en-scène est tout de même suffisamment créative, les situations suffisamment drôles et les dialogues suffisamment bien écrits pour que le film soit agréable à regarder mais je trouve qu'on est tout de même en-dessous d'Une vie démente.

Patricia Mazuy : Paul Sanchez est revenu !        2018

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Si l'on voulait résumer ce film rapidement, on pourrait dire que Patricia Mazuy se met à faire du Bruno Dumont : elle met en scène des personnages qui sont clairement à côté des rôles qui leur sont attribués. Cela dit, à la différence d'un film de Bruno Dumont, il y a d'emblée une opacité (alors que chez Dumont, au premier niveau, tout est très net).

Pour faire vite, le film met en scène deux personnages : le premier est interprété par Laurent Lafitte et est Paul Sanchez, un homme recherché depuis une dizaine d'années (clairement inspiré de Xavier Dupont de Ligonnès), le second est une gendarme interprétée par Zita Hanrot et qui croit, malgré les moqueries de toute son équipe, être sur la piste de Paul Sanchez. Petit à petit, on se rend compte que celui qu'on croit être Paul Sanchez ressemble en fait furieusement à Didier Gérard, un piscinier local. On y suit aussi un journaliste travaillant pour un journal local et qui voudrait faire le scoop avec le retour de Sanchez.

Mon principal problème avec ce film, c'est que finalement, il passe son temps à brouiller les pistes et à tirer le tapis sur lequel on avait enfin un peu pu poser nos pieds ; c'est quelque chose qui peut être intéressant (chez Lynch, par exemple) mais ici, j'ai trouvé que ça tournait un peu à vide surtout qu'au final, on n'aura jamais le fin mot et ça ne changera en fait pas grand-chose à l'histoire. Les oscillations Sanchez/Gérard sont tout de même effectives au début et réussissent à activer ou désactiver des pistes qui changent la coloration de l'histoire mais ça finit par lasser.

Il reste malgré tout un drôle d'objet cinématographique, à la fois drôle, intriguant, un peu sale, fade mais parfois piquant ; on pense aussi bien à Dumont, qu'à des séries policières pour la télé, qu'à Guiraudie ; on pense également aux débuts de Patricia Mazuy, c'est-à-dire le western, qui serait ici presque dans une marche délirante forcée.


[Peut être vu gratuitement et légalement ici.]

Escape from Alcatraz



L'Armée des ombres

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Rabah Ameur-Zaïmeche : Le gang des bois du temple        2022

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J'aime en général bien/beaucoup les films de Rabah Ameur-Zaïmeche, ils fourmillent toujours d'idées et parviennent à réussir ce qu'ils entreprennent ; je crois que celui-ci est sans doute celui que je préfère parmi ceux que j'ai pu voir. Le film prend place dans la quartier des bois du temple, à Clichy-sous-bois et met en scène plusieurs séries de personnages : le gang du bois du bois du temple qui planifie le braquage d'un riche prince arabe et un tireur d'élite à la retraite ; j'ai beaucoup aimé la manière dont le film articule ces deux groupes qui ne sont pas véritablement pensé séparément mais avant tout de manière contextuelle : ils habitent dans le même immeuble — ça donne d'ailleurs lieu à une scène déchirant où l'un des membres du gang donne au tireur ses enfants qui vont faire des crêpes avec celui-ci ; cette approche que l'on pourrait qualifier de matérialiste ou contextuelle était déjà présente dans Dernier maquis ou même dans le premier film d'Ameur-Zaïmeche.

Au prime abord, on pourrait dire que ce film est un film de braquage mais au final, les éléments emblématiques du genre prennent une place assez réduite dans le film au profit de séquences plus contextuelles (et assez longues, sans jugement dépréciatif) qui assoient solidement l'atmosphère du film ; parmi ces séquences, j'ai beaucoup aimé la séquence d'introduction sans parole autour de la mort de la mère du tireur (et particulièrement, la cérémonie religieuse avec les encensoirs et toute la fumée), elle m'a beaucoup rappelé la séquence d'introduction de Un flic de Jean-Pierre Melville. À la fin du film, on retrouve toute une partie un peu similaire, presque aussi mutique, toute aussi longue, avec autant de fumée (la scène dans le club !), de lieux traversés, c'est pour moi sans doute la plus belle partie de ce film, avec cette trajectoire ascendante.

Oui, je le trouve réussi aussi. Difficile de faire un lien avec Melville pour moi car il y a la photo très réaliste chez Ameur-Zaïmeche.
Bon, j'en ai vu que 2 de lui ... il faudrait continuer ... mais quand je vois la dispo des disques (et inutile de dire que le réalisateur n'a pas droit à la HD bien sûr ...)

Cololi a écrit:

Oui, je le trouve réussi aussi. Difficile de faire un lien avec Melville pour moi car il y a la photo très réaliste chez Ameur-Zaïmeche.
Bon, j'en ai vu que 2 de lui ... il faudrait continuer ... mais quand je vois la dispo des disques  (et inutile de dire que le réalisateur n'a pas droit à la HD bien sûr ...)

Je ne suis pas tout-à-fait d'accord, pour la photo réaliste : c'est sûr que c'est plus direct et moins imméditament stylisé chez Ameur-Zaïmeche que chez Melville (il faudrait que je les revoie, ça fait longtemps) mais je trouve que dans la manière de composer des atmosphères visuelles, il y a des choses assez semblables, notamment un goût pour les scènes assez étirées, très graduelles ; en plus de ça, je trouve que le personnage du tireur retraité est très melvillien.

Je pense que tu aimerais les autres aussi ; je ne sais pas d'où viennent mes copies mais la qualité était bonne.

Emeryck a écrit:

Cololi a écrit:

Oui, je le trouve réussi aussi. Difficile de faire un lien avec Melville pour moi car il y a la photo très réaliste chez Ameur-Zaïmeche.
Bon, j'en ai vu que 2 de lui ... il faudrait continuer ... mais quand je vois la dispo des disques  (et inutile de dire que le réalisateur n'a pas droit à la HD bien sûr ...)

Je ne suis pas tout-à-fait d'accord, pour la photo réaliste : c'est sûr que c'est plus direct et moins imméditament stylisé chez Ameur-Zaïmeche que chez Melville (il faudrait que je les revoie, ça fait longtemps) mais je trouve que dans la manière de composer des atmosphères visuelles, il y a des choses assez semblables, notamment un goût pour les scènes assez étirées, très graduelles ; en plus de ça, je trouve que le personnage du tireur retraité est très melvillien.

Je pense que tu aimerais les autres aussi ; je ne sais pas d'où viennent mes copies mais la qualité était bonne.

Je suis d'accord pour dire qu'il a un style et ... des deux films que j'ai vus de lui, j'aime beaucoup. Après Melville jouait sur les couleurs et c'était une époque où c'était de la pellicule avec du grain.
Je ne dis pas que c'est faux : c'est vrai que le tueur à gage on pourrait retrouver un tel personnage chez Melville avec son côté mutique, se dissimulant et personne qui a des principes moraux ... qui peuvent le pousser à aller très loin.
Les scènes étirées j'avoue ne pas avoir fait attention.

Celui que je veux voir de lui c'est Dernier maquis ... mais bon ... aura-t-on droit à une réédition ...

Le Cercle rouge

Au début du XVIIIe siècle, dans la France miséreuse de l'Ancien Régime, Louis-Dominique Bourguignon, dit Cartouche, s'impose comme l'un des voleurs à la tire les plus habiles de Paris. Ce fils d'un marchand de vin, qui appartient à la bande des `Coquillards', se rebelle bientôt contre le despotisme de son chef, le cruel Malichot, qui lance des tueurs à ses trousses. Pour survivre, Cartouche s'engage dans l'armée et se lie avec deux olibrius.
Film de 1962, c'était très bien...
Maintenant cela à pris un sérieux coup de vieux, mais c'est encore agréable à revoir !

Nora El Hourch : HLM pussy        2023

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Ce film est le premier long-métrage de Nora El Hourch, il met en scène trois amies de situations sociales assez différentes, l'une d'entre elles sera agressé par un homme qu'elles connaissent bien lors d'une soirée, elle décide de créer un compte Instagram pour révéler à tout le monde les propos qu'il a tenus.

Le film m'a pas mal frustré car il est intéressant et juste dans ce qu'il raconte : il est par exemple assez critique de ce processus d'affichage public, même s'il évoque que d'une part, cela n'arriverait pas si la justice était plus fonctionnelle sur ce genre de questions et d'autre part, le personnage qui fait ça est celui qui a la situation matérielle la plus confortable des trois, alors que les deux autres sont outrées, notamment parce qu'elles seront alors physiquement menacées par l'agresseur. De manière générale, le film n'est jamais simpliste et évoque pas mal de choses ; un de ses problèmes est peut-être d'ailleurs d'évoquer trop de choses mais pour moi, c'est surtout que la mise-en-scène ne suit pas du tout : j'ai trouvé que le film n'arrivait pas à imposer un rythme et sa longueur se faisait sentir, faisant ainsi ressortir le fait que plein de sujets était exposés mais pas forcément développés. Malgré tout, je suis curieux de voir ce qu'elle fera par la suite car du côté de l'histoire, j'ai aimé.

Le Dr Nate Daniels, récemment veuf, se rend avec ses deux filles dans une réserve animalière d'Afrique du Sud, où il a un jour rencontré sa femme décédée d'un cancer. Lors d'une excursion dans la réserve, les trois hommes sont soudainement attaqués par un lion géant qui, après une rencontre traumatisante avec des braconniers, chasse désormais tous les humains. Nate et ses filles doivent lutter pour leur survie face à un adversaire brutal, implacable et intelligent.
Le film est bon jusqu'au bout...
Évidemment c'est du déj vu, mais l'intrigue y est sublime...
Et puis le lion y est remarquable, cruelle etc...
C'est à voir !

Gérard Oury : Le cerveau        1969

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Dans la filmographie de Gérard Oury, ce film vient juste après Le corniaud et La grande vadrouille qui furent des triomphes absolus au box-office, il bénéficie donc d'un budget très conséquent, d'autant plus qu'en plus d'être une production franco-italienne comme cela se faisait beaucoup à l'époque, il est aussi coproduit par la Paramount ! Malgré ça, j'ai trouvé le film assez décevant.

Pour faire vite, il raconte l'élaboration d'un coup par l'équipe britannique qui venait de dévaliser le train postal Londres-Glasgow (une équipe menée par un homme appelé "Le cerveau" (interprété par David Niven) qui aurait une tête si lourde, que dès qu'il penche un peu sa tête, elle tombe brutalement sur le côté) : l'attaque d'un train transportant les fonds de l'OTAN qui déménage de Paris à Bruxelles. Parallèlement, un bandit de second zone (interprété par Jean-Paul Belmondo) s'évade de prison avec la complicité d'un chauffeur de taxi (interprété par Bourvil) et décident de se mettre sur le même coup, sans savoir que d'autres y travaillent déjà.

J'ai trouvé le film assez laborieux : une fois l'évasion passée, le moment jusqu'à l'attaque du train proprement dite est vraiment long et il ne s'y passe pas grand-chose, d'autant plus que les deux groupes ne se parlent pas trop — c'est un peu le principe mais je trouve que ça ralentit encore plus le film. En plus de ça, je trouve que le duo Niven/Wallach est assez ennuyeux, on dirait qu'ils se foutent pas mal de ce qu'ils jouent, j'ai trouvé que ça rendait quelque chose d'assez bizarre (mais ennuyeux) dans un film d'Oury. Sinon, le film se suit tout de même sans trop de peine, et je dois dire que la partie après l'attaque du convoi est assez plaisante, même si la fin est assez décevante, alors même qu'elle essaie de donner dans le spectaculaire — réquisition du France et reconstitution de la statue de la liberté, emmenée dans les airs !

The Dark knight rises

Yannick Bellon : La femme de Jean        1974


Ce film est le deuxième long-métrage de Yannick Bellon et c'est assez marrant car il y a vraiment une continuité stylistique entre les films : j'ai vu quelques films plus tardifs qui étaient finalement assez loin de son premier film, Quelque part, quelqu'un alors qu'ici, on est vraiment dans une hybridation des deux — et d'ailleurs, c'est assez marrant car même au sein du film, c'est progressif, ce qui me laisse penser que cette évolution stylistique est peut-être moins due à une évolution purement esthétique qu'à une évolution de ce que la réalisatrice raconte.

Le film met en scène Nadine qui vient de se faire quitter par son mari Jean après plus de dix ans de vie commune ; c'est dur pour Nadine, ça la déprime mais grâce à son fils et un autre homme qu'elle rencontre, elle va mieux, elle décide de reprendre ses études en astrophysique puis lorsque son mari revient la voir parce qu'il a changé d'avis (!), elle lui dit qu'elle ne veut plus de lui — et lui répond que finalement, oui, lui aussi (!).

J'ai parlé de continuité avec le film précédent parce que dans la première partie du film, on retrouve pas mal de scènes de déambulation solitaire dans Paris, avec beaucoup de plans sur les bâtiments ou la ville seuls ; on a aussi des scènes identiques en intérieur ; ces scènes sont moins présentes dans la seconde partie. Ici, ç'a toutefois un sens un peu différent de celui que ç'a dans son premier film et c'est nettement plus matérialiste : le film nous montre bien que l'environnement (de manière plus générale, la classe sociale) de Nadine l'a beaucoup aidé à aller mieux : son fils, jeune soixante-huitard fan de (Charles) Fourier, qui laisse traîner ses livres, pas de préoccupations matérielles majeures lorsque son mari la quitte, elle peut reprendre les études (après en avoir discuté avec un gars qui avait aussi fait des études) qu'elles avait interrompues, etc. Le film nous montre d'ailleurs bien que cette femme est privilégiée, à travers cette femme de ménage qui se marie avec un paysan pour partir à la campagne, à travers cette étudiante qui ne peut pas étudier avant tard le soir car l'appartement est trop petit et trop bruyant, etc.

En résumé, c'est un chouette opus, comme toujours assez fin, avec quelques pointes d'humour mais qui manquerait peut-être un peu de dynamisme mais à la fois, ce n'est pas trop l'esprit du film.

Victime d'un complot, le jeune Edmond Dantès est arrêté le jour de son mariage pour un crime qu'il n'a pas commis. Après quatorze ans de détention au château d'If, il parvient à s'évader. Devenu immensément riche, il revient sous l'identité du comte de Monte-Cristo pour se venger des trois hommes qui l'ont trahi.
Alors effectivement, le film est super...
Mais je préfère la version avec Louis Jordan, beaucoup plus sensible et avec plus de détails....
Mais ici c'est magistrale du début à la fin...
Grande réussite !

Sidney Lumet : Running on empty        1988


Je ne connaissais jusqu'alors rien d'aussi tardif qu'ait réalisé Sidney Lumet mais je dois dire que c'est assez différent de ce que j'avais pu voir jusqu'alors : malgré la (relative) longueur, j'ai trouvé le scénario tout de même plus épuré mais ça ne l'empêche pas d'être extrêmement effectif.

Le film raconte l'histoire d'une famille américaine recherchée pour avoir fait exploser un laboratoire de fabrication de napalm pour protester contre la guerre du Vietnam ; ils sont ainsi condamnés à déménager et changer d'identité régulièrement, le couple et leur deux fils. Le film prend les allures d'un teen movie en se focalisant sur le dernier fils, qui est du coup sans cesse obligé de changer d'école, il va un jour rencontrer un prof de musique qui va le pousser à candidater à la fameuse école Juilliard et il va tomber amoureux de sa fille.

Ce que j'ai trouvé remarquable (et extrêmement effectif) avec/dans ce film, c'est la manière dont il use d'une sorte de tragique-sur-commande : dès lors que le film se centre sur le fils, remarquablement interprété par River Phoenix, il se retrouve pris dans quelque chose d'assez ambigu puisque la famille est au prime abord très libre (elle peut déménager et changer d'identité un peu quand elle veut) mais à la fois, la clôture de la vie précédente n'est jamais loin, toujours menaçante et c'est ça qui créé ce tragique-sur-commande et ça donne des scènes parfois très belles et fortes lorsque c'est conjugué aux élans du teen movie, je pense par exemple à la scène où le personnage de Phoenix révèle son secret à la fille de son prof ou même à toute la dernière partie du film avec le dernier départ.

Il y a également d'autres choses que j'ai aimées, notamment le fait de tirer le film un peu ailleurs avec la scène (même si elle est relativement fonctionnelle) où la mère rencontre son propre père. En tout cas, ce film est pour moi l'un des meilleurs films de Lumet que j'ai pu voir jusqu'alors, d'une intelligence un peu différente de ceux-là.

Aux portes du désert, Castigliano dirige une entreprise de transports routiers. Il recrute un jour Hans Steiner, à qui il confie la mission de conduire un chargement clandestin de cent mille dollars au coeur de l'Afrique.
Le cinéma d'avant moi il n'y a rien à faire mais je préfère ça au cinéma d'aujourd'hui, mais cela ne tient qu'à moi évidemment !
Et puis, la façon de voir les choses avec humour...aujourd'hui cela ne marche plus...
Que dire des acteurs Lino Ventura, BeBel, Bernard Blier et le formidable Gert Froebe !🤩

Jérôme Diamant-Berger & Jean-Marie Boulet : Albatros, debout malgré la tempête        2010

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Comme son titre l'indique, ce documentaire porte sur le studio Albatros qui se trouve à Montreuil et qui était très actif dans les années vingt et trente. Il me semble qu'au départ, ce studio appartenait à Pathé puis est passé entre les mains de Iossif Ermoliev, un grand producteur russe ayant émigré en France mais il ne prendra son importance que lorsqu'Alexandre Kamenka passera aux manettes.

Le studio/société de production a d'abord produit des films tournés, joués et réalisés par des émigrés russes blancs ; parmi ceux-là, on peut citer l'acteur (mais aussi réalisateur) Ivan Mosjoukine qui était sans doute l'acteur central du studio, au jeu qui tranchait avec les acteurices françai(se)s de l'époque, beaucoup plus subtil, avec une emphase sur les petits gestes, les regards, quelque chose de plus axé sur les méthodes genre Stanislavski ; il était d'ailleurs apparemment pressenti pour jouer le Napoléon de Gance ; on peut également citer des réalisateurs comme Victor Tourjanski ou Alexandre Volkoff.

Le studio a ensuite commencé à attirer la curiosité de certains réalisateurs français de l'époque, celui qui aura tourné le plus de films est Jean Epstein, le plus emblématique (ce qui ne veut pas dire le meilleur) étant sans doute Le lion des mogols avec Mosjoukine dans le rôle principal, mais il y tournera deux autres films ; des réalisateurs comme René Clair, Jacques Feyder et même Jean Renoir (il y a tourné Les bas-fonds !) y ont aussi tourné.

Le documentaire est plutôt intéressant, il nous raconte tout ça, tourné dans le bâtiment qui abritait les studios Albatros, avec quelques anecdotes de côté, notamment l'importance que prenaient les décors dans ces studios (le chef décorateur avait une influence assez considérable sur le machiniste) et les technologies développées à cette époque. Le documentaire raconte également comment le studio est peu à peu tombé dans la désuétude avec l'arrivée du parlant, notamment par le (bref) départ de Mosjoukine aux États-Unis et le fait que le studio devenait trop petit pour accueillir toute l'équipe et la technique nécessaire au parlant.

En résumé, c'était un documentaire assez intéressant (enfin, pour moi, c'était surtout intéressant car ça abordait une époque dont on parle assez peu — et qui montre à nouveau l'influence des conditions matérielles sur l'art — mais que je trouve assez intéressante et qui a donné naissance à plusieurs très grands films) mais qui n'avait pas trop de fil directeur, qui n'était pas très bien réalisé (même si l'idée de faire parler les intervenant(e)s dans les studios avec des extraits de films projetés était une bonne idée) et surtout, j'ai trouvé dommage que les extraits de films diffusés n'aient pas été légendés.

Emeryck a écrit:

Sidney Lumet : Running on empty        1988

Il y a une scène de fête d'anniversaire extrêmement poignante dans ce film... Et la fin est sublime...

Durant une partie de chasse, Lord John Morgan est capturé par un groupe d'indiens Sioux. Il comprend peu à peu à leur mode de vie, et finit par être considéré comme un des leurs.
J'ai vu les deux premiers films, mais je pense qu'il y'a un troisième film ?
C'est très bien ce premier film, même si cela date (70)
Et Richard Harris y est sublime dans son rôle !

Prestissimo a écrit:

Emeryck a écrit:

Sidney Lumet : Running on empty        1988

Il y a une scène de fête d'anniversaire extrêmement poignante dans ce film... Et la fin est sublime...

Oui, elle est belle, cette scène, même si je ne la trouve pas aussi directement poignante que la fin ou la séquence de révélation.

Thierry de Peretti : Les apaches        2013


À l'occasion de la sortie de son nouveau film À son image en salle, je me décide à découvrir la (courte) filmographie du réalisateur corse (ç'a son importance) Thierry de Peretti, je commence donc par ce film qui est son premier long-métrage. D'emblée, je dois dire qu'il fait beaucoup avec deux-trois bouts de ficelle (me semble-t-il) et il y a une écriture cinématographique assez visible, qui tire quelque chose de fort de le manière dont il gère l'espace et notamment la manière dont il est distribué.

On pourrait résumer le centre nerveux du film comme ça : en Corse, des jeunes issus d'un milieu populaire cambriolent (un peu) une villa (qui est une maison de vacances) puis, étant repérés, ils décident de remettre la majorité du (maigre) butin, à l'exception de fusils.

Comme je le disais, ce que j'ai aimé dans le film, c'est d'abord sa dramaturgie spatiale : en premier lieu, des parisiens qui achètent une villa, puis les cambrioleurs y entrent ; de manière générale, il y a ces séquences un peu hors-contexte où l'on voit des touristes. En fait, comme son nom le suggère, ce film reprend un peu le diagramme du western : une dramaturgie spatiale, une logique impérialiste (même si bien sûr, une bipartition des personnages (souvent liée à la distribution spatiale et à des rapports de domination, souvent au-delà du film — le nationalisme corse est d'ailleurs un des principaux thèmes du cinéma de de Peretti), l'importance des véhicules (ici, la voiture, principalement) et puis, ici, on retrouve aussi des paysages assez secs et broussailleux dans la seconde partie où la composante western devient évidente.

Une autre chose que j'ai aimée, c'est cette ligne qui traverse le film, qui n'est sans doute qu'une incarnation particulière de sa dramaturgie spatiale, à un niveau plus abstrait : une sorte de logique de manque est à l'\oe uvre, c'est comme une série de lacets de montagne. Elle commence par la séquence d'ouverture où la maison de vacances est mise en place en même temps que le générique, puis c'est la (contre-)soirée et le petit cambriolage puis il y a restitution de tout sauf des deux fusils et c'est ce petit pas de côté qui lance le film, comme si tout s'engouffrait dans cet écart : c'est ensuite un meurtre, une traque puis une dissimulation de corps.

C'est ça que j'ai aimé dans ce film, il y a un souffle qui nous saisit jusqu'au bout — d'autant plus que le film ne dure qu'une heure vingt. En plus de ça, j'ai trouvé la mise-en-scène remarquable et plus particulièrement, l'utilisation des lumières : dans la séquence (nocturne) du vol, au début, il y a tout un jeu sur l'obscurité et la lumière puis sur des lumières bleutées et rouges, presque comme s'il s'agissait de teintes issues du cinéma muet ; il y a plus spécifiquement une scène que j'ai beaucoup aimée : un des personnages est dans la maison, les autres sont dans le jardin mais ce n'est pas complètement clair au début à cause de la transparence des vitres qui les séparent et de la nuit mais ce dernier était parti chercher une lampe et quand il revient, les intermittences de la lumière suggèrent l'espace entre ces deux groupes de personnages — en plus, la caméra se déplace un peu si je me souviens bien, ce qui change la perspective, c'est très beau.

C'est une très belle découverte pour moi, j'ai hâte de découvrir le reste de sa filmographie, assez courte pour l'instant.

Jérémie Sein : L'esprit Coubertin        2024


Ce film est le premier long-métrage de Jérémie Sein et personnellement, s'il n'y avait pas le duo DAVA dans le film, je n'aurais probablement jamais entendu parler de ce film.

Le film raconte l'histoire d'un officier de gendarmerie, candidat français pour l'épreuve de tir sportif sous les couleurs de la France, après deux tentatives avortées pour des causes malheureuses. Cet homme est extrêmement sérieux, aussi lisse qu'on pourrait l'imaginer (sans doute plus) et d'une immaturité assez flagrante.

Le film se fout en fait pas mal de tout ça (et ç'avait tout pour me réjouir) en laissant la part belle aux personnages caricaturaux ; du coup, le film m'a fait un peu rire au début (même s'il y a des choses qui tombent à plat) mais je trouve que ça ne tient pas du tout sur la durée (et que la caricature n'est pas assez fouillée ni écrite pour que ça soit vraiment intéressant ou drôle), même si de temps à autre, il y a quelques moments drôles. Je crois que le fait que je n'aime pas particulièrement Benajmin Voisin (à quelques exceptions près) n'a pas trop aidé ; les seuls que j'ai trouvé véritablement drôles (sans surprise), c'est ceux qui forment le binôme DAVA.

Pachy a écrit:

Cent mille dollars au soleil

Aux portes du désert, Castigliano dirige une entreprise de transports routiers. Il recrute un jour Hans Steiner, à qui il confie la mission de conduire un chargement clandestin de cent mille dollars au coeur de l'Afrique.
Le cinéma d'avant moi il n'y a rien à faire mais je préfère ça au cinéma d'aujourd'hui, mais cela ne tient qu'à moi évidemment !
Et puis, la façon de voir les choses avec humour...aujourd'hui cela ne marche plus...
Que dire des acteurs Lino Ventura, BeBel, Bernard Blier et le formidable Gert Froebe !🤩

Les tirades de Blier là-dedans...  Des dialogues aussi truculents et dignes de la postérité que ceux des Tontons flingueurs.

C'est pas comme le pelletage !

Thierry de Peretti : Une vie violente        2017

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Ce film est le deuxième long-métrage de Thierry de Peretti et vient donc juste après Les apaches ; il se passe toujours en Corse et partage avec son prédécesseur un côté un peu malaimable (ou plutôt, qui fait son bonhomme de chemin sans se préoccuper du spectateur), sans doute encore amplifié. En revanche, ce film est d'emblée plus balisé : il utilise des repères chronologiques, s'ouvre sur une exécution puis revient en arrière, on comprend alors la forme que prendra le film — même s'il y aura quelques torsions à celle-ci et surtout un petit décalage initial puisqu'on suivra la trajectoire d'un ami de la victime et pas de la victime elle-même.

Le film s'inspire de la vie d'un jeune militant nationaliste corse du nom de Nicolas Montigny, proche du groupe nationaliste Armata Corsa et qui sera assassiné en 2001; le film suit son parcours, la manière dont il est entré dans le nationalisme (en prison, principalement, même s'il était déjà politisé mais plutôt en raison de son appartenance à la bourgeoisie de gauche) ; plus généralement, le film aborde les questions de l'impérialisme, la vie en clandestinité, la révolution et donc de la lutte armée et surtout comment tout cela s'organise concrètement.

Ce qui peut être frustrant (et ce contre quoi je peste d'ailleurs parfois), c'est que le film ne développe pas vraiment ces thèmes, ce qui donne au film un côté un peu filandreux et malaimable (même si en introduction, on a deux écrans de texte qui nous rappellent un peu les principaux éléments récents du nationalisme en Corse, notamment autour du FLNC) mais j'ai trouvé que ce n'était pas un problème ici car ça installait une ambiance un peu confuse, d'une violence un peu diffuse (qui n'est pas toujours où on le croit et le film ne s'y trompe pas). Le film aboutit à une sorte de thriller naturaliste et sobre avec ce même sens de l'espace qui m'avait ravi dans Les apaches mais je crois que je trouve ce nouveau film un peu moins réussi sans doute parce qu'au final, on en attend plus — peut-être aussi parce qu'on l'apprécie mieux en connaissant l'histoire du nationalisme corse ? — ; en tout cas, ça reste un bon (peut-être très bon) film.

Eloise Kelly se rend en Afrique équatoriale sur l'invitation d'un maharaja pour participer à une partie de chasse aux fauves. Son hôte étant reparti prématurément aux Indes, Eloise est recueillie par Victor Marswell, organisateur de safaris. Elle devient sa maîtresse. Peu après arrivent Nordley et sa femme Linda, anthropologues britanniques. Une idylle se noue entre Victor et Linda, qui décide de quitter son mari ; Victor est chargé de le lui annoncer.

Cédric Kahn : Une vie meilleure        2012


Après une petite sensation d'overdose, je reviens à la filmographie de Cédric Kahn ; j'avoue que je ne m'étais pas précipité sur celui-ci car Guillaume Canet en tenait le rôle principal. Le film adopte une ligne de conduite kahnienne bien connue : "cap au pire !". Le film met en scène un couple (Leïla Bekhti et Guillaume Canet) qui va faire rénover un bâtiment au bord d'un lac pour y créer un restaurant, sauf qu'ils n'ont pas un sou ; ils décident de faire un emprunt à la banque et de prendre des crédits revolving (c'est-à-dire à des taux complètement délirants) pour constituer l'apport ; à partir de ce moment-là, on sait bien qu'ils sont foutus.

Personnellement, j'ai trouvé le film plutôt bancal : dès que le personnage de Bekhti est parti au Québec (et que son fils est resté avec Canet), le film se perd pas mal car il essaie à la fois de développer la relation entre le fils et son beau-père (sans vraiment réussir à en faire émerger quelque chose) et de poursuivre son drame social (c'est sans doute ce qui fonctionne le mieux) ; j'ai aussi trouvé que le personnage de la mère était écrit un peu à l'arrache.

Le résultat n'est pas mauvais mais ça reste tout de même assez moyen, pas franchement réussi et on a tout de même l'impression de multiples déclinaisons d'une même ligne dans sa filmographie : on pourrait faire rentrer Fête de famille, Les regrets voire Making of dans cette même ligne — s'ils ont tout de même chacun leurs spécificités, mais qui ne priment toutefois jamais vraiment. Le fait que le film fasse appel à Canet et s'appelle Une vie meilleure me fait tout de même un peu rire car c'est tout le contraire. Enfin, si on veut voir un meilleur film de Kahn dans cette veine, autant regarder Feux rouges.

Emeryck a écrit:

Arnaud & Jean-Marie Larrieu : Le roman de Jim        2024


Ça faisait déjà un bout de temps que je lorgnais sur les films des frères Larrieu mais je n'avais jamais sauté le pas ; à l'occasion de la sortie de leur dernier film en salle, je me suis dit que c'était l'occasion. Ce film met en scène Aymeric (interprété par Karim Leklou, sans doute le plus convaincant parmi les acteurices de ce film) un homme qui est essentiellement défini par le fait d'être gentil, qui va rencontrer Florence (interprété par Lætitia Dosch), enceinte de six mois, et ils vont se mettre ensemble, Aymeric accueillant l'enfant tout naturellement ; un jour, le père biologique (interprété par Bertrand Belin) resurgit et tout se complique.

Je trouve que ce film a tout de même un problème d'écriture ; j'ignore d'ailleurs s'il est le résultat d'une adaptation bancale (le film est l'adaptation du roman homonyme de Pierre Bailly) ou si le récit de Bailly est déjà bancal. Tout d'abord, je trouve l'exposition beaucoup trop étalée et lente, je pense qu'on aurait pu couper un peu à partir de l'arrivée du père biologique (d'autant plus que ce personnage est assez peu développé et on a vit compris où les réalisateurs voulaient en venir) ; cette coupe aurait pu être utilisée pour développer davantage la fin que je trouve mal foutue. Pour faire rapide, Florence et le père biologique partent avec l'enfant (Jim) au Canada puis silence radio ; un jour, Jim revient en France voir Aymeric, ils vont faire une promenade qui se termine sur une session d'escalade, je trouvais l'idée bonne car sa relation avec Jim est aussi un parcours, avec ses liens, ses points d'attache, ses difficultés, etc. et là, on a une sorte de revers facile (qui sort de nulle part) où Jim dit à Aymeric qu'il ne veut plus le voir ; ensuite, ils se retrouvent par la force des choses (cinq minutes après dans le film) et là, plus aucun problème — je passe sur la dernière séquence que je trouve inutile ; cette coupe (additionnée à la suppression de la fin actuelle) aurait pu être utilisée pour développer leur rencontre, pour en faire vraiment un moment très fort du film, par exemple. De manière générale, malgré une certaine tendresse pour leurs personnages, on sent que les réalisateurs sont un peu frileux (peut-être pour ne pas déborder du roman ?) quand il s'agit de développer les personnages — même le personnage principal n'est finalement pas tellement développé.

Ces défauts d'écriture n'ont toutefois pas suffi à me gâcher le film ou à rendre le film ennuyeux, seulement à rendre certains moments agaçants ; j'ai tout de même pris un peu plaisir à regarder ce film, notamment grâce au personnage interprété par Karim Leklou qui est sincèrement touchant et il y a quelques moments un peu drôles.

Tiens, j’ai vu ça hier et j’ai beaucoup aimé, alors que je n’en attendais pas grand-chose (j’en avais lu et entendu plutôt du mal, notamment concernant le jeu de Laetitia Dosch que j’ai trouvé très bien pour un rôle extrêmement antipathique…); je n’ai perçu aucun problème de construction pour ma part, ni eu ce sentiment de travail bâclé que m’inspirent tant de films français actuels…

Je reconnais que l’effet « Jura » (région à laquelle je suis très attaché et que j’ai bien retrouvée dans le film — à l’exception notable de l’accent des personnages…) a sans doute joué aussi, mais pour moi c’était une très bonne surprise, sans vraiment de points faibles en fait — si ce n’est peut-être, en effet, le personnage de Florence (Dosch) qui aurait mérité un peu plus de nuance…

Jacques Audiard : Emilia Pérez        2024


Quelques (rares) films exceptés, j'aime en général beaucoup les films de Jacques Audiard et avais notamment trouvé particulièrement beau son dernier film en date, coscénarisé avec les réalisatrices Léa Mysius et Céline Sciamma, Les Olympiades. J'étais assez curieux à propos de ce dernier film, surtout dès qu'on a su qu'il s'agirait d'une comédie musical en espagnol — après le western en anglais — et je dois avouer que le quasi-enthousiasme généralisé a renforcé ma curiosité. Le film raconte l'histoire de Manitas, un chef de cartel qui fait appel à Rita, une avocate pour l'aider à transitionner (sous le nom d'Emilia) et à simuler sa mort puis créera par la suite une association qui viendra en aide aux victimes des cartels.

J'ai été énormément déçu et je dois dire que je n'ai pas aimé le film pour plusieurs raisons mais qui se rapportent un peu toutes au récit du film. Tout d'abord, j'ai trouvé que le film ne racontait vraiment pas grand-chose et qu'il était assez mal foutu : ce qui lance le film, c'est Manitas qui confie une mission à Rita mais finalement, au bout de vingt minutes, cette mission est bouclée ; du coup, on passe sur autre chose : le retour d'Emilia dans sa famille, qui se fera passer pour une tante, son virage à 180° (comme si sa transition était mise en parallèle avec son passage de "chef de cartel" à "créatrice d'une association pour venir en aide aux victimes de cartels"...) et puis, parallèlement, cela lui permet d'épier un peu sa femme (qui croit que son mari est mort) et quand Emilia sait que sa femme voit un autre homme, elle s'agace puis le film dérive vers quelque chose plus proche du film de cartel traditionnel (enlèvement) pour la dernière demi-heure.

Pour moi, il n'y a pas plus que ça et si Audiard lance par-ci par-là quelques thèmes (la transition, la famille), il n'approfondit vraiment rien et ne creuse pas ses personnages, ce qui, malgré les séquences-numéros (à la manière d'une comédie musicale américaine mais qui bénéficierait de la continuité d'une comédie musicale plutôt à la Demy) qui redynamisent un peu le film, rend le film tout de même un peu ennuyeux. En plus de ça, j'ai trouvé vraiment douteux la manière dont le film utilisait (c'est le mot) la transidentité : il s'agit d'un élément qui vient simplement servir le récit, comme si être trans était une caractéristique comme porter des lunettes ou avoir les cheveux bouclés ; je trouve ça assez fatiguant. En plus de ça, le film est par moments agrémenté d'un certain coulis progressiste libéral, c'est-à-dire qu'il existe certaines conduites qui sont pas bien et il faut que les gens, pris individuellement, arrêtent de faire ces choses et voilà ; pour moi, ça va d'ailleurs avec la manière dont le film se permet d'utiliser la transidentité comme élément scénaristique — même si, contrairement à ce qu'on nous sert d'habitude, le film ne se focalise pas sur la transition, l'aspect proprement physique et la dysphorie de genre — qui sont bien sûr des choses qui existent mais qui sont souvent mises en avant parce que ça colle avec le narratif cis (j'utilise ce mot pour parler du rapport social et pas des gens qui, individuellement, sont cisgenres) pour qui transitionner, ça veut dire changer d'organe génital.

Bref, même si j'ai aimé certaines scènes, certains morceaux de la BO et que techniquement, il y a de chouettes morceaux et que les actrices Karla Sofía Gascón ainsi que Zoe Saldaña jouent très bien, j'ai trouvé que le film était vraiment décevant et j'avoue que je peine à comprendre l'enthousiasme généralisé autour de celui-ci.

Jean Renoir : The southerner        1945

 /   +
Ce film est l'un des derniers films de la période américaine de Jean Renoir et il appartient au pan proprement américain de celle-ci, contrairement à des films comme The diary of a chambermaid ou This land is mine ; si je connais les films que je viens de citer, je ne connais aucun film de l'autre volet. Je n'ai pas été complètement conquis par l'histoire, peut-être un brin schématique, mais du point de vue de la mise-en-scène, c'est très bien.

Pour faire bref, le film raconte l'histoire d'un homme travaillant dans une plantation de coton qui va décider de mettre en place sa propre plantation avec l'aide de sa famille ; ils vont être confrontés aux aléas de la nature et à la rivalité avec les autres fermiers mais ils ne baissent pas la tête.

Je n'ai pas grand-chose à dire sur le pitch en lui-même, à part qu'évidemment, il est de son temps (parler des plantation de coton sans parler des personnes noires, par exemple) et qu'il a tout de même quelque chose d'assez fordien : bien sûr, les paysages américains en noir et blanc, l'agriculture en petit format, les galeries de types — plus précisément, ça fait très The grapes of wrath. Par contre, visuellement, c'est très beau ; Renoir filme superbement les paysages, ça m'a pas mal rappelé certains de ses films français de la deuxième moitié des années trente comme Toni ou Une partie de campagne : tous ces plans dans les plantations de coton avec l'utilisation des différents plants pour jouer sur la profondeur de champ, ces jeux d'ombres, ces vues un peu plongeantes sur les personnages, les plans de la grand-mère sur son rocking chair avec le ciel comme seul fond, toutes les scènes avec de l'eau, la séquence de la tempête ; on a vraiment des personnages inclus dans un monde qui a tout autant d'importance qu'eux. Ce n'est peut-être pas aussi achevé que dans les deux autres films que j'ai cités mais c'est vraiment chouette.

En pleine guerre de Sécession, le colonel Marlowe et son détachement de cavalerie nordiste se lancent dans un raid de sabotage derrière les lignes ennemies pour détruire une ligne de chemin de fer.
Bon film, avec le grand John Wayne !

Stéphan Castang : Vincent doit mourir        2023


Ce film est le premier long-métrage de Stéphan Castang, il s'agit d'un film fantastique qui met en scène un homme (interprété par Karim Leklou) qui se fait soudainement attaquer par toutes les personnes qu'il a le malheur de regarder.

Même s'il n'est pas exempt de tout défaut (j'y reviendrai), j'ai trouvé ce film assez réussi. Tout d'abord, j'ai aimé le fait qu'il se construise comme un cauchemar : le film fait en mettant en place son postulat dès le départ et il avance avec ça ; au fil de l'eau, il intègre des éléments du monde actuel (la tension constante au travail, le psychologue qui retourne les accusations, la constitution d'une communauté en ligne, etc.) et il y a un élément que personnellement j'aime beaucoup et qui contraste avec tout ça parce qu'il n'a pas vraiment de fonction proprement narrative, c'est le fait que le personnage principal roule en Peugeot 504 (feux jaunes donc), ça donne un ton un peu décalé (voire polar des années soixante-dix) dans les scènes de route nocturnes.

J'ai trouvé que le film arrivait vraiment à installer diverses ambiances : au début, malgré l'irruption de la violence, le ton est plutôt comique puis ça commence à devenir un peu mystérieux/inquiet avec l'apparition du forum Sentinelle (ça ouvre quelque chose, alors que le film était jusque-là en ligne droite, à poser ses pavés un à un) et à la fin, on a un virage (pas des plus convaincants) vers la comédie romantique. Malgré tout, j'aurais aimé que le film négocie un peu mieux son dernier virage (peut-être en laissant tomber moins de choses ?); on pourrait peut-être reprocher au film son manque de discours mais ce serait sans doute ignorer ce qu'il fait cinématographiquement et par-là le tirer un peu en dehors du cinéma : ce film, dans sa manière d'avancer, de regarder plutôt devant qu'autour, nous propose quelque chose d'assez original et c'est sans doute là qu'il faut voir son discours. Ça laisse présager quelque chose d'intéressant pour ses prochains films !

Bon c'est pas trop mal, mais pour moi c'est pas une réussite totale...
Mais suis bien content de l'avoir vu !

Réveillon chez Bob



En toute innocence

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Eternal sunshine of the spotless mind

Ma vie ma gueule de Sophie Filières avec Agnès Jaoui et Philippe Katerine (deux courtes apparitions assez sympathiques)

Le livre des solutions
Comédie qui traite de thèmes tellements graves (bipolarité, harcèlement professionnel) que c'est compliqué de se faire un avis à chaud (et même à froid), tant les rires francs et les malaises se succèdent. Grand film malade?

Cédric Kahn : La prière        2018


Avec ce film, Cédric Kahn revient un peu du côté de ses films que je trouve les plus intéressants, ceux qui ont un rapport avec la marge ; cela dit, la manière de construire le récit est ici un peu différente, il faut dire qu'il ne met pas ici en scène une figure — d'ailleurs, le titre ne fait pas référence à un personnage.

Le film raconte l'histoire d'un jeune homme d'une vingtaine d'années qui a évité de peu une overdose puis qui décide d'entrer dans une communauté religieuse dans les montagnes qui recueille les gens voulant sortir de leur(s) addiction(s). Il se rend rapidement compte que le règlement est vraiment restrictif : confiscation de tous les effets personnels, coupe de cheveux imposée, vie carcérale, emploi du temps imposé, etc. et il se rend compte qu'il n'aime pas ça mais, de fait, certaines activités collectives et certains appuis, qui n'ont finalement pas tout à fait à voir avec la structure en tant que structure.  

Dans cette veine de la filmographie de Kahn, c'est sans doute ce qui pourrait a priori le plus me toucher mais finalement, il s'avère que ça n'a pas extrêmement bien fonctionné sur moi (même si je dois dire que j'ai tout de même aimé le film), notamment à cause des intermèdes de théâtre ou de confession qui sont peu coupés ; j'en comprends l'intérêt narratif mais ça va un peu contre l'épure (que je surestime peut-être un peu trop) de ce film, qui régit notamment sa mise-en-scène, qui lorgne quelque part vers le Bresson de Journal d'un curé de campagne qui serait couplé à Procès de Jeanne d'Arc ; je trouve que ce type de mise en scène va assez bien avec ce cadre de vie en pleine nature.

Jean-Pierre Mocky : Un couple        1960

 +
Ce film est le deuxième long-métrage de Jean-Pierre Mocky et il prend une direction assez différente du premier, plus éloigné de la nouvelle vague française qui explose à ce moment-là : d'abord, le scénario a été co-écrit avec Raymond Queneau et le film fait moins usage des extérieurs ; en plus de ça, les personnages sont déjà nettement plus mockiens, c'est-à-dire bizarroïdes-truculents — le levier sera définitivement enclenché dans son prochain film, Snobs !, que je trouve cependant nettement moins réussi.

Le film raconte l'histoire d'un couple qui réalise qu'après trois ans ensemble, ils se sont lassés l'un de l'autre et décident donc tous les deux de rencontrer d'autres partenaires et de voir ce qu'il en est et il s'avère que ça semble marcher donc ils s'éloignent un peu de leurs familles respectives et finissent par se séparer.

Des trois premiers films de Mocky, celui-ci me semble le plus convaincant, avec des dialogues qui sonnent sans doute un peu mieux, une ambiance intimiste avec quelques touches bizarroïdes humoristiques de temps en temps (le personnage du patron, interprété par un Francis Blanche à la limite du cabotinage). J'ai toutefois trouvé que le film avait un peu le cul entre deux chaises parce que ces deux composantes semblent gentiment se céder le passage à tour de rôle, ce qui donne au film une allure d'étude de mœurs in fine un peu fade — qui n'est pas désagréable mais un peu fade.

Christian Gion : Les diplômés du dernier rang        1982


J'ai toujours une tendresse particulière pour les nanars français des années soixante-dix/quatre-vingts (en fait, pour les nanars tout court, je crois mais particulièrement ceux-là) et en particulier pour les films de Christian Gion. Des trois de ses films que j'ai vus, il n'y avait rien de complètement calamiteux mais ça y est, ça arrive.

Ce film a en gros la même trame que les films de la série des Sous-doués : on suit un groupe d'étudiants (ici dans une sorte d'IEP) avec l'examen final comme ligne d'arrivée du film. Je n'ai a priori pas de problème avec les films au pitch assez réduit, ça ne dit en général rien sur ce que le film peut faire cinématographiquement mais ici, c'est mis en scène par-dessus la jambe, pareil pour la manière dont c'est filmé : il n'y a vraiment rien, à part quelques gags par-ci par-là et un petit message disant que le succès dans les études ne mesure pas la réussite (ah oui, petit aparté nerdique : il y a du nawak dans l'examen de maths à la fin "la matrice est carrée donc égale à son propre inverse" puis "polygone caractéristique" à la place de polynôme caractéristique) mais pas du tout de quoi tenir quasiment une heure et demi ; en plus de ça, le film est bien raciste. Bref, y a rien qui va, c'est catastrophique et parfaitement ennuyeux.

Dans ce conte d'horreur sensuel et violent, Irena Gallier cache un sombre secret de famille qui refait dramatiquement surface lorsqu'elle renoue avec son frère, Paul. Vivant avec sa soeur à la Nouvelle-Orléans, Irena tombe amoureuse du zoologue Oliver Yates, alors même que son frère fait ses propres avances à son égard. La malédiction sombre et dangereuse du clan Garnier ne va pas tarder à se réveiller, avec sa tête féline.
J'avais vu le film à la sortie, déjà la musique m'avait fait un terrifiant effet...
Le film y est remarquable, une très grande histoire d'amour !
Nastassia Kinski y est sensible et sensuelle et Malcolm Mcdowell y est bien mieux dans un rôle comme celui-ci !
À voir absolument !

Quatre amis, Gérard, Jean-Guy, Phil et Jean, habitent la même barre d'immeuble dans une cité HLM. Également collègues, ils travaillent à l'usine, mais leur incompétence notoire leur vaut d'être renvoyés.
Il y a pas à dire, les Charlos était terrible...
Évidemment quand on regarde cela aujourd'hui, c'est plus d'époque !
Mais en 1973, les gens savent encore rire avec des choses simples...
Et puis c'était un bon groupe...toute une époque !

Zar Amir Ebrahimi/Guy Nativ : Tatami [Iran, 2024]
***

Thierry De Peretti : À son image [2024]
*
--> Salué par la critique, ce film ne fait à mon sens que survoler les choses et passe à côté de tout. Le propos - l'évolution d'une jeune photographe de presse dans le contexte indépendantiste en Corse - aurait mérité un traitement plus approfondi. La faute surtout à une adaptation qui consiste à donner beaucoup trop de place à une voix off qui explique tout, trop vite, qui supplante le fait de filmer les choses, ne laissant pas le temps au spectateur de s'immerger, de voir les événements et les profils psychologiques évoluer au fil du temps.
Si on ajoute des scènes tournées à la va-vite et ne montrant rien (reportage de guerre dans la Yougoslavie des années 90), le tout me laisse en résumé l'impression d'une réalisation paresseuse.

Louis Malle : Le voleur [1967]
****
--> Un très bon Louis Malle, dont la longueur et la lenteur ne suscitent jamais l'ennui. Un très grand rôle que j'ignorais de Belmondo, d'une grande mélancolie, et une palanquée d'acteurs et actrices qu'on a plaisir à voir aussi justes et bien dirigés : Guiomar irrésistible, d'un verbe phénoménal, Denner, Le Person, Marie Dubois...

Emeryck a écrit:

Kahn : La prière

Anthony Bajon, je trouve ce jeune acteur formidable.

Quentin Dupieux : Le deuxième acte        2024

 + / 
Avec son rythme délirant de deux films par an, Quentin Dupieux devient un peu difficile à suivre ; si j'avais aimé les deux films précédant le cru 2024, c'est-à-dire Fumer fait tousser et Yannick, j'ai trouvé le cru 2024 assez décevant. En fait, je n'arrive même pas à voir ce qu'il veut nous raconter ; l'accent semble être mis sur la perturbation (le figurant qui n'arrive pas à servir son vin à cause du stress, le fait que le personnage de Garrel rabatte celui de Quenard sur celui de Seydoux qui semble amoureuse du premier, les personnages qui s'absentent (l'appel du personage Lindon, les écarts par rapport aux discours, le trouble de la frontière entre le film et le film dans le film) alors que le film commence en criant sa régularité (aspect rectiligne (deux personnages marchent vers nous sur une route droite), symétrie) mais sans que ça n'aille vraiment plus loin que ce que ça raconte littéralement. Le film se fout également un peu des images publiques de chacun des acteurs (Garrel en bourgeois de gauche libérale, Lindon qui dit que le cinéma ne peut rien pour la vie mais qui change d'avis quand Paul Thomas Anderson l'appelle pour un film, Seydoux qui fait du cinéma une mission morale, Quenard en prolo), c'est parfois assez drôle mais bon, ça ne va pas beaucoup plus loin. Le film n'était pas désagréable mais sans grand intérêt, pour moi.

Iskender a écrit:

Thierry De Peretti : À son image [2024]
*
--> Salué par la critique, ce film ne fait à mon sens que survoler les choses et passe à côté de tout. Le propos - l'évolution d'une jeune photographe de presse dans le contexte indépendantiste en Corse - aurait mérité un traitement plus approfondi. La faute surtout à une adaptation qui consiste à donner beaucoup trop de place à une voix off qui explique tout, trop vite, qui supplante le fait de filmer les choses, ne laissant pas le temps au spectateur de s'immerger, de voir les événements et les profils psychologiques évoluer au fil du temps.
Si on ajoute des scènes tournées à la va-vite et ne montrant rien (reportage de guerre dans la Yougoslavie des années 90), le tout me laisse en résumé l'impression d'une réalisation paresseuse.

Emeryck a écrit:

Cédric Kahn : La prière

Anthony Bajon, je trouve ce jeune acteur formidable.

J'ai découvert de Peretti il y a peu (j'aime beaucoup ce que j'ai vu) et je n'ai (malheureusement) pas vu ce film mais j'ai l'impression que chez lui, les films précédents informent un peu les suivant — par exemple, il me semble que le film ne développe pas trop le contexte politique, ce qui est fait largement dans son film Une vie violente. Mais à lire ton texte, c'est marrant, on dirait que le film va à rebours de son personnage principal. 

Oui, Anthony Bajon est un acteur que j'aime bien.

Antoine de Bary : Mes jours de gloire        2020


Ce film est le premier long-métrage d'Antoine de Bary, il met au centre de son film l'acteur Vincent Lacoste (avec qui il avait déjà tourné un court-métrage) qui y joue le rôle d'un acteur déjà sur la touche dans la vingtaine (il avait tourné lorsqu'il était très jeune) et qui essaie de se réinsérer dans le milieu du cinéma, il tombe amoureux dans le même temps. Le film commence sur un ton assez léger et alors que le nouveau départ du personnage de Lacoste laissait présager quelque chose d'éclatant mais en fait, il se retrouve vite confronté à plusieurs problèmes (qui ne surgissent pas mais qui glissent doucement) et le film bascule dans une tonalité un peu douce-amère, cotonneuse, si bien qu'il semble lui-même ne même plus bien savoir où il va en papillonnant entre beaucoup de thèmes différents. C'est une ambiance qui me séduit facilement donc je n'ai pas détesté le film mais je dois dire qu'après coup, il n'est franchement pas marquant et ne raconte finalement pas grand-chose.

Bertrand Blier : Convoi exceptionnel        2019


Ce film est le dernier film en date de Bertrand Blier et même en n'en attendant pas grand-chose, j'ai été déçu. Le film raconte l'histoire de deux hommes qui se rencontrent par hasard, un SDF et un bourgeois, le premier aidant le second à accomplir la mission qui était écrite sur son scénario : tuer une personne ; en parcourant la ville, ils se rendent compte qu'elle est partagé entre celleux qui ont le scénario et celleux qui ne l'ont pas ; en tout cas, tou(te)s attendent régulièrement le passage de la personne qui va leur distribuer les nouvelles pages.

À partir de ça, il y avait tout de même moyen de faire quelque chose de chouette (créer une sorte d'univers fantasque où plusieurs scénarios coexistent, en exploitant le rôle du distributeur de pages, voire à en mettre plusieurs) mais Blier a décider de nous faire une sorte de Buffet froid (l'aspect frontalement déclaratif) mélangé aux Valseuses (le caddie, l'errance) constitué de longues scènes de discussions vraiment fades — c'est impressionnant à quel point le film ne se construit que comme ça.

Bref, pour moi, c'est un film sans véritable intérêt, qui rend le système d'écriture de Blier extrêmement apparent (broder autour de répliques — ce qui a pu donner de très bons films, d'ailleurs) à cause de broderies parfaitement superficielles et ennuyeuse ; le film est en veille, il ne fait rien. Finalement, le titre est peut-être ce qu'il y a de mieux, assez descriptif quant à la longueur du film — qui ne dure pourtant d'une heure vingt.