Votre dernier film visionné

Emeryck a écrit:

Cololi a écrit:

Emeryck a écrit:

C'est curieux car on voit parfaitement comment cette œuvre s'insèrerait dans les thématiques usuelles de la filmographie de Chabrol mais il n'y a que le personnage de Huppert qui passe le pas de la porte : le reste attend bien sagement devant — ah oui et la voix-off, il faut arrêter, j'ai trouvé ça assez catastrophique.[/font]

Tout de même ! Balmer dans le rôle de cet imbécile de Charles c'est quelque chose ! Et Jean Yanne dans le rôle de l'imbécile fini du pharmacien ... rien que ça ... ça vaut le détour
Bon évidemment Huppert ... c'est Bovary.

Oui oui, les acteurs sont bons en général mais pour moi, Chabrol a raté son coup.

Il faut dire qu’adapter Flaubert au cinéma (autrement dit transposer cette écriture en images, à la seule exception des dialogues), c’était pas gagné d’avance…
Et effectivement, j’ai le souvenir d’une sorte de livre d’images aussi plat que littéral, à l’exception de Balmer qui m’a vraiment marqué – car il donne un vrai visage à ce personnage qui n’en a pas chez Flaubert ; en revanche, pour moi Huppert ne fait que couler son propre personnage dans celui d’Emma Bovary de façon comme toujours absolument parfaite, mais sans qu’on y gagne rien à mon sens (vous aurez compris que je ne suis pas fan de cette actrice, contrairement à beaucoup de monde) ; quant à Jean Yanne, il sert idéalement le rôle mais est presque à l’image de l’ensemble du film : comme Huppert mais aussi Malavoy et tous les autres, il épouse son modèle de façon un peu trop sage et fidèle, ça « fonctionne » parfaitement avec tout le côté « artisanal » que revendiquait Chabrol il me semble (mais je confonds peut-être), mais pour le coup j’ai envie de demander pourquoi…

Claude Chabrol : Les noces rouges        1973

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Après l'écart que constitue Docteur Popaul, Chabrol revient au polar de petite bourgeoisie de province et signe sans doute le plus dépouillé de tous ; même s'il ne constitue pas l'acmé du film machinique, on peut tout de même je crois le ranger dans cette série de films réalisés par Chabrol ; pour être plus précis, l'aspect machinique est peut-être ici un peu déplacé : c'est presque le récit qui est devenu machinique puisqu'il ne reste exactement que les lignes extrémales reliant les marottes chabroliennes et les personnages étant habitant ce récit, ils sont ainsi machiniques.

Ce film peut sans doute décevoir parce qu'on le trouvera trop simple : un homme (interprété par Michel Piccoli) a une femme malade et alitée (interprétée par Clotilde Joano), il la trompe avec la femme (interprétée par Stéphane Audran) du député-maire (interprété par Claude Piéplu — qui est extraordinaire de truculence dans son jeu) ; le premier empoisonne sa femme ; le député-maire devine leur liaison, peu importe, ils le tuent en simulant un accident de voiture, ils sont démasqués, ils sont arrêtés ; fin. Personnellement, c'est notamment cet aspect qui m'a séduit et ce film est vraiment la conclusion de cette période (ce qui semble logique) puisque le film suivant (Nada) part sur autre chose, nettement plus proche du polar ouvertement politique à l'italienne. Par ailleurs, je suis partiellement d'accord avec le fait que le film soit extrêmement simple : à part la farce politique (presque désincarnée), je trouve le personnage de la fille du couple Audran-Piéplu assez intéressant et même si, très localisé par sa classe sociale (et l'éducation qui en découle : elle veut tout voir, jusqu'au cadavre de la femme du personnage de Piccoli), elle a quelque chose de trouble (qui tien(drai)t presque de l'épouvante si l'on voulait le pousser plus loin) puisqu'on ne la voie pas trop souvent (et de manière très discontinue et ponctuelle) mais elle semble pourtant tout savoir ; ça, c'est intéressant (et effectif) tout de même. 

L'amour par terre

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Tu avais déjà vu d’autres films de Rivette ? (Parce que celui-ci n’est pas très représentatif et relativement boiteux, dans le genre qui-lorgne-du-côté-de-Resnais-sauf-que-c’en-est-pas, avec certains côtés potentiellement (très) énervants de ses films précédents — et des suivants que j’aime globalement beaucoup moins… Si tu veux du Rivette atypique un peu loupé et complètement barré, je te conseille Merry-go-round )

Golisande a écrit:

Tu avais déjà vu d’autres films de Rivette ? (Parce que celui-ci n’est pas très représentatif et relativement boiteux, dans le genre qui-lorgne-du-côté-de-Resnais-sauf-que-c’en-est-pas, avec certains côtés potentiellement (très) énervants de ses films précédents — et des suivants que j’aime globalement beaucoup moins… Si tu veux du Rivette atypique un peu loupé et complètement barré, je te conseille Merry-go-round )

Ça fait un bail que j'ai pas vu ça (c'est le premier Rivette que j'ai vu...), ça me donne quand même envie de le revoir. 

Arnaud & Jean-Marie Larrieu : Le roman de Jim        2024


Ça faisait déjà un bout de temps que je lorgnais sur les films des frères Larrieu mais je n'avais jamais sauté le pas ; à l'occasion de la sortie de leur dernier film en salle, je me suis dit que c'était l'occasion. Ce film met en scène Aymeric (interprété par Karim Leklou, sans doute le plus convaincant parmi les acteurices de ce film) un homme qui est essentiellement défini par le fait d'être gentil, qui va rencontrer Florence (interprété par Lætitia Dosch), enceinte de six mois, et ils vont se mettre ensemble, Aymeric accueillant l'enfant tout naturellement ; un jour, le père biologique (interprété par Bertrand Belin) resurgit et tout se complique.

Je trouve que ce film a tout de même un problème d'écriture ; j'ignore d'ailleurs s'il est le résultat d'une adaptation bancale (le film est l'adaptation du roman homonyme de Pierre Bailly) ou si le récit de Bailly est déjà bancal. Tout d'abord, je trouve l'exposition beaucoup trop étalée et lente, je pense qu'on aurait pu couper un peu à partir de l'arrivée du père biologique (d'autant plus que ce personnage est assez peu développé et on a vit compris où les réalisateurs voulaient en venir) ; cette coupe aurait pu être utilisée pour développer davantage la fin que je trouve mal foutue. Pour faire rapide, Florence et le père biologique partent avec l'enfant (Jim) au Canada puis silence radio ; un jour, Jim revient en France voir Aymeric, ils vont faire une promenade qui se termine sur une session d'escalade, je trouvais l'idée bonne car sa relation avec Jim est aussi un parcours, avec ses liens, ses points d'attache, ses difficultés, etc. et là, on a une sorte de revers facile (qui sort de nulle part) où Jim dit à Aymeric qu'il ne veut plus le voir ; ensuite, ils se retrouvent par la force des choses (cinq minutes après dans le film) et là, plus aucun problème — je passe sur la dernière séquence que je trouve inutile ; cette coupe (additionnée à la suppression de la fin actuelle) aurait pu être utilisée pour développer leur rencontre, pour en faire vraiment un moment très fort du film, par exemple. De manière générale, malgré une certaine tendresse pour leurs personnages, on sent que les réalisateurs sont un peu frileux (peut-être pour ne pas déborder du roman ?) quand il s'agit de développer les personnages — même le personnage principal n'est finalement pas tellement développé.

Ces défauts d'écriture n'ont toutefois pas suffi à me gâcher le film ou à rendre le film ennuyeux, seulement à rendre certains moments agaçants ; j'ai tout de même pris un peu plaisir à regarder ce film, notamment grâce au personnage interprété par Karim Leklou qui est sincèrement touchant et il y a quelques moments un peu drôles.

Golisande a écrit:

Tu avais déjà vu d’autres films de Rivette ? (Parce que celui-ci n’est pas très représentatif et relativement boiteux, dans le genre qui-lorgne-du-côté-de-Resnais-sauf-que-c’en-est-pas, avec certains côtés potentiellement (très) énervants de ses films précédents — et des suivants que j’aime globalement beaucoup moins… Si tu veux du Rivette atypique un peu loupé et complètement barré, je te conseille Merry-go-round )

Non j'en ai pas vu d'autres encore.
C'est vrai que ça m'a fait penser à du Resnais, mais ça m'a moins plu que la plupart des Resnais.
J'ai quand même réussi à aller au bout (2h48) alors que j'envisageais d'arrêter au bout de 30 minutes.

Mais sinon je veux bien du Rivette pas loupé si tu en as.

Je qualifie Merry-go-round de loupé parce qu’il a une réputation de naufrage absolu (Rivette s’est carapaté en cours de tournage alors qu’il n’y avait pas de scénario, les deux acteurs principaux ne pouvaient plus se blairer bien qu’à la base ce soit Maria Schneider qui ait imposé Joe Dallesandro…), mais personnellement j’adore ce film — et par ailleurs j’ai offert le DVD à des amis qui ne connaissaient pas Rivette et dont je ne croyaient pas vraiment qu’ils pouvaient l’aimer… et ils ont eux aussi adoré : je suis donc plutôt porté à le conseiller, même si c’est très peu orthodoxe.

Sinon, comme beaucoup j’ai commencé par Céline et Julie vont en bateau, qui m’a suffisamment fasciné pour que j’enchaîne la quasi-intégrale : il faut seulement savoir que c’est extrêmement typé à la fois « Nouvelle Vague » et « vieux Paris nostalgique » (un peu comme Eustache, si on veut, bien que ça n’ait par ailleurs strictement rien à voir), mais une fois ce postulat accepté et digéré c’est unique en son genre (d’un abord naturaliste, et en fait complètement onirique et d’une très grande poésie).

Bon, et celui que je préfère (de loin) est Out 1, mais ça me semble difficile de conseiller un film de 12h40 (même si divisé en épisodes) entièrement improvisé, avec une première heure essentiellement constituée de théâtre expérimental où tout le monde se roule par terre en poussant des cris plus ou moins articulés (et pour le coup c’est archi-daté, le « sujet » du « film » étant l’immédiat après-68)… Autant dire que j’étais extrêmement motivé avant de le voir, mais finalement je l’ai vu trois fois et c’est clairement une de mes plus grandes expériences filmiques (et pour moi les rôles les plus marquants de Lonsdale et peut-être même de Léaud, sans parler des autres - Bernadette Lafont, Bulle Ogier, Juliet Berto et même Jean Bouise pour ne citer que les plus connus - dont l’improvisation révèle des facettes que je n’imaginais même pas)…

L’amour fou est assez incroyable aussi, mais il me semble que c’est encore très difficile à voir dans une qualité correcte (et ça dure tout de même plus de quatre heures)…
Et puis Le Pont du Nord qui est une sorte de version dépressive (sans être déprimante, et moins longue, mais peut-être encore plus bizarre) de Céline et Julie…

Après, dans les plus classiques et consensuels, La Religieuse et surtout La belle noiseuse sont tout de même formidables (le second dure 4h quand même, mais ça passe très bien — alors que les 5h de Jeanne la pucelle se font plus sentir), et j’ai bien aimé Secret défense… Les autres moins (peut-être Va savoir si tu n’es pas allergique à Jeanne Balibar) ; il y a des moments assez fascinants dans à peu près tous ses films, mais avec beaucoup de scories et de bizarreries - parfois vraiment dans le mauvais sens du terme - qui font que je les déconseillerais plutôt, au moins au départ… (À fuir carrément à mon sens : Paris nous appartient, Duelle, La Bande des quatre (malgré une scène incroyable), Haut bas fragile…)

Globalement, c’est un univers vraiment singulier, particulièrement inégal et cabossé mais qui peut être extrêmement attachant (et addictif) si on s’y laisse prendre.

Paris nous appartient à fuir absolument ... quelle purge !

Out 1, chef d'oeuvre ... mais c'est clairement pas pour tout le monde.

Le dyptique sur Jeanne d'Arc j'aime beaucoup (après avec Rivette, la prise d'Orléans c'est avec 3 figurants, que les choses soient claires ) dans le style très épuré, ascétique de Rivette. La Religieuse dans le même style.

Bon Le Pont du Nord, plutôt sympa, mais pas fou. Tout est en extérieur, il n'avait même pas les moyens de faire des scènes intérieures

Ah oui, le manque de moyens, ça c’est clairement une constante… Mais ça fait totalement partie du charme pour moi.

Tiens, et dans les très bizarres, en plus de Merry go round je me risque à ajouter Noroît — ne serait-ce qu’à cause de la musique qui a une place et un rôle un peu différent mais assez comparables dans les deux films (et ça joue beaucoup dans mon appréciation globale, même si Noroît est un ofni auquel je peux comprendre qu’on soit allergique – ne serait-ce qu’à cause des costumes…).
(Je précise que la musique est presque toujours totalement absente de ses films et que les autres exceptions ne valent pas qu’on s’y arrête, mais ces deux-là vraiment oui)

Merci pour toutes ces idées.

L'absence de musique, c'est plutôt quelque chose qui me réjouit ces temps-ci au cinéma. (et l'inverse aurait été incongru dans l'Amour par terre par exemple)

Attention : dans les deux films en question la musique est à la fois diégétique et extérieure à l’action (dans un cas le duo d’improvisateurs fait l’objet de séquences spécifiques - assez géniales d’ailleurs -, et dans l’autre les trois musiciens sont carrément présents dans certaines séquences sans interférer avec les acteurs (sauf une seule fois si je me souviens bien, ce qui fait l’effet d’un gag)…

Mikhael Hers
Les Passagers de la Nuit

J'ai une chose importante à dire : on y retrouve Isaure Multrier (Amanda). (Et si je m'égare, c'est certainement le voile d'émotion, à la vision de ce film, qui aura troublé ma lucidité.)

Spoiler:

Rollerball



C'est pas tous les jours qu'on a des symphonies de Chostakovitch dans une BO. (ici 2 extraits de la S5 et un de la S8)

The Strangers

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Le Corps de mon ennemi

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Xavier a écrit:

Rollerball



C'est pas tous les jours qu'on a des symphonies de Chostakovitch dans une BO. (ici 2 extraits de la S5 et un de la S8)

Effectivement, en dehors de Litan de Mocky (S9 et S11) l'exercice est assez périlleux.

Une nuit, un inconnu grièvement blessé se réfugie chez Anita et meurt sur son tapis. Paniquée, elle trouve de l'aide auprès de Jean-Pierre, qui cache le cadavre dans le coffre de la voiture de son père, absent. Mais le père rentre prématurément et repart pour la Suisse, en voiture.
Ce film est pas mal, j'avoue que je ne le reconnaisse pas...
Malheureusement, j'ai pas eu la fin du film !

Très bon ce vieux film !

The Godfather: Part II



The Night of the hunter

Batman begins

+

On connaît la chanson

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Un Flic

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Où on comprend que Melville avait installé pour la scène-clé du film un circuit de train électrique miniature dans ses studios Jenner.

Chez Hitch, ça aurait à peu près certainement fonctionné, mais là, c'est assez franchement ridicule, non ? (Cololi va râler, je le sais).

Je ne l'ai vu (pour le moment) qu'une fois. Je ne me souviens pas de la scène.

Mais descendre Melville pour dire qu'Hitch c'est bien ... oui, tu veux ma mort, clairement

Cololi a écrit:

Je ne l'ai vu (pour le moment) qu'une fois. Je ne me souviens pas de la scène.

Visiblement, si tu as loupé cette scène d'anthologie, c'est que tu n'étais pas encore équipé en Blu-Ray.

Citation :

Mais descendre Melville pour dire qu'Hitch c'est bien ... oui, tu veux ma mort, clairement

 Juste celui-ci, dont je pense que c'est son film de trop, caricatural et trop delonesque.

Comment veux-tu que je souvienne d'une scène d'un film vu une seule fois il y a plusieurs années

Pour le reste ... non, je pense au contraire que c'est l'aboutissement du style melvillien.

Cololi a écrit:

Comment veux-tu que je souvienne d'une scène d'un film vu une seule fois il y a plusieurs années

Pour le reste ... non, je pense au contraire que c'est l'aboutissement du style melvillien.

https://my.mail.ru/mail/cyrella/video/13157/17555.htm, vers 54'20 (le budget du film, plus que probablement).

Pour moi, l'aboutissement du style Melville, c'est Le Deuxième Souffle, indépassable dans sa filmo amha.

Le Clan des siciliens

Alifie a écrit:

Cololi a écrit:

Comment veux-tu que je souvienne d'une scène d'un film vu une seule fois il y a plusieurs années

Pour le reste ... non, je pense au contraire que c'est l'aboutissement du style melvillien.

https://my.mail.ru/mail/cyrella/video/13157/17555.htm, vers 54'20 (le budget du film, plus que probablement).

Pour moi, l'aboutissement du style Melville, c'est Le Deuxième Souffle, indépassable dans sa filmo amha.

Je ne dis pas que c'est forcément le plus réussi, ça serait mentir. Mais c'est là où il va le plus loin dans son style ... et tout en étant très réussi (le fait qu'il aille aussi loin fait la réussite du film, dommage que le reste ne soit pas exactement à la hauteur des illustres précédents) ... sans atteindre Le Samouraï ... ou Le Deuxième Souffle, Le Cercle Rouge ou Le Doulos ... mais ce n'est pas loin derrière franchement.
Après, soyons franc, je ne le conseillerai pas à ceux que Melville indiffère ... ou même ne passionne pas spécialement.

Au fait ... on attend toujours Le Deuxième Souffle en HD ...

Alifie a écrit:

Cololi a écrit:

Comment veux-tu que je souvienne d'une scène d'un film vu une seule fois il y a plusieurs années

Pour le reste ... non, je pense au contraire que c'est l'aboutissement du style melvillien.

https://my.mail.ru/mail/cyrella/video/13157/17555.htm, vers 54'20 (le budget du film, plus que probablement).

Pour moi, l'aboutissement du style Melville, c'est Le Deuxième Souffle, indépassable dans sa filmo amha.

Vous avez mal écrit Le Cercle Rouge tous les deux!

(sinon soyons sérieux 5 min, Melville c'est formidable, mais Hitchcock c'est génial, tout aussi formaliste, mais sans la raideur qu'on trouve parfois chez Melville, désolé Cololi )

Andrew Niccol
Bienvenue à Gattaca

(re)vu hier sur Arte.
Encore plus prenant et réussi que dans mon souvenir.
L'Architecture n'y est pas pour rien

Comme "décors" :
• Centre municipal du comté de Marin - Frank Lloyd Wright (1867-1959)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Centre_municipal_du_comt%C3%A9_de_Marin
https://modernistarchitecture.blogspot.com/2016/07/a-visit-to-gattaca.html *
• California State Polytechnic University - Antoine Predock (1936-2024)
http://www.predock.com/CalPoly/CalPoly.html
• Barrage de Sepulveda
https://duckduckgo.com/?t=ftsa&q=barrage+de+Sepulveda&iax=images&ia=images
* très bon blog au passage, du photographe Darren Bradley, qui, à ses photos, joint des documents iconographiques et mise en situation.

Pas trouvé par contre la maison de Jérôme

Merci pour le lien vers le blog, passionnant, ça donne envie de se replonger dans le film !

Alifie a écrit:

Où on comprend que Melville avait installé pour la scène-clé du film un circuit de train électrique miniature dans ses studios Jenner.

Chez Hitch, ça aurait à peu près certainement fonctionné, mais là, c'est assez franchement ridicule, non ? (Cololi va râler, je le sais).

Parce que les "trucages" des Oiseaux, ce n'est pas ridicule peut-être ?
Je pardonne tout à Melville.  À Hitchcock non.  

Sérieusement, on parle souvent du train électrique d'Un flic, mais j'aimerais savoir ce qu'il en est du train du Cercle rouge.

Cololi a écrit:

Alifie a écrit:

Cololi a écrit:

Je pense au contraire que c'est l'aboutissement du style melvillien.

Pour moi, l'aboutissement du style Melville, c'est Le Deuxième Souffle, indépassable dans sa filmo amha.

Je ne dis pas que c'est forcément le plus réussi, ça serait mentir. Mais c'est là où il va le plus loin dans son style

Je suis entièrement d'accord avec Cololi. Il parle bien de style et Un flic est pour moi aussi le film où du point de vue esthétique Melville est allé au bout de ses fantasmes en transposant ce qu'il aimait dans le cinéma américain. Avec ces voitures américaines sur l'esplanade vide d'habitants de St Jean-de-monts hors saison, il a fait ce qu'il voulait en se fichant de tout souci de cohérence.

Iskender a écrit:

Parce que les "trucages" des Oiseaux, ce n'est pas ridicule peut-être ?
Je pardonne tout à Malville.  À Hitchcock non.  

Omg merci !!! Les Oiseaux c'est ce que je voulais répondre ... je n'ai tout simplement jamais vu aussi ridicule au cinéma

Les Oiseaux, c’était très original à l’époque (et ça m’a beaucoup impressionné la première fois, forcément j’avais huit ans), mais objectivement est-ce vraiment un très bon film ?

D’ailleurs je me pose la même question au sujet de Psychose…

Golisande a écrit:

Les Oiseaux, c’était très original à l’époque (et ça m’a beaucoup impressionné la première fois, forcément j’avais huit ans), mais objectivement est-ce vraiment un très bon film ?

D’ailleurs je me pose la même question au sujet de Psychose…

La réponse est oui point barre dans les deux cas.


Non je ne développerais pas plus*, les mécréants n'ont pas de salut possible hors des flammes du bucher.





*la flemme surtout on verra plus tard.

The Dark Knight

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A ma grande honte, je réalise que j'ai vu très peu de films avec Delon.
J'ai tenté de commencé à pallier ce manque avec Monsieur Klein.
Film que j'ai trouvé assez fou, je ne m'attendais pas à ce qu'il soit autant... hitchcockien ! (en fait je le voyais plus ancien, donc j'ai été surpris par sa modernité)
Par contre je n'ai pas vu Delon comme un atout du film, loin de là. Un jeu assez monolithique (le personnage qui veut ça?) qui fait que certaines scènes s'étirent un peu (celles avec Jeanne Moreau par exemple), et surtout absolument dénué d'humour, or je trouve que ce film ne manque pas d'humour absurde malgré le sujet. La comparaison avec Cary Grant fait mal!
Je suis curieux de connaître les films dans lesquels selon vous Alain Delon crève vraiment l'écran... (Plein soleil?) - croyez-bien que c'est une démarche sincère, mon but n'est pas de tirer sur l'ambulance Delon comme le font certains depuis sa mort

Etrange car au contraire j'ai du mal à imaginer qq d'autre dans le rôle tellement il colle au personnage.

"Crève l'écran" => oui, Plein Soleil évidemment ... quand il est dans un rôle de salaud, jouant de sa beauté pour dissimuler sa violence. A l'inverse ... il crève l'écran pour une raison opposée ... dans Rocco et ses frères (il faut dire que Visconti ... le filme comme s'il était amoureux de lui ...) où il campe une figure presque christique, la figure de la bonté même.

Merci des conseils, je les mets sur le haut de la pile! (dans laquelle il y a bien sûr les Melville)

Resigned a écrit:

A ma grande honte, je réalise que j'ai vu très peu de films avec Delon.
J'ai tenté de commencé à pallier ce manque avec Monsieur Klein.
Film que j'ai trouvé assez fou, je ne m'attendais pas à ce qu'il soit autant... hitchcockien ! (en fait je le voyais plus ancien, donc j'ai été surpris par sa modernité)
Par contre je n'ai pas vu Delon comme un atout du film, loin de là. Un jeu assez monolithique (le personnage qui veut ça?) qui fait que certaines scènes s'étirent un peu (celles avec Jeanne Moreau par exemple), et surtout absolument dénué d'humour, or je trouve que ce film ne manque pas d'humour absurde malgré le sujet. La comparaison avec Cary Grant fait mal!
Je suis curieux de connaître les films dans lesquels selon vous Alain Delon crève vraiment l'écran... (Plein soleil?) - croyez-bien que c'est une démarche sincère, mon but n'est pas de tirer sur l'ambulance Delon comme le font certains depuis sa mort

Ah je ne peux pas être plus en désaccord que ça. L'ambiguïté de Delon fait merveille dans ce film il est minimaliste comme souvent, mais pas monolithique comme dans le samouraï au contraire je trouve qu'avec beaucoup d'économie il fait parfaitement passé le mélange d'arrogance cynique et d'incompréhension, puis de fragilité de plus en plus affirmée qui caractérise forcément la situation de son personnage. Concernant l'humour absurde du film il est fondamentalement différents de celui d'Hitchcock et de ce point de vue je ne vois pas vraiment ce qu'on peut tirer de la comparaison avec Cary Grant. La Mort aux trousse qui repose sur le même principe de confusion d'identité avec un autre dont l'existence est elle même douteuse, est autant une comédie (oui, il y a même un mariage à la fin) qu'un thriller, ou le caractère presque kafkaien des péripéties parfois anxiogènes est précisément contrebalancé en partie par la présence de Cary Grant qui amène avec lui tout un imaginaire de la comédie américaine. Ça ne pourrait pas fonctionner dans un film comme Monsieur Klein ou l'humour est surtout grinçant et ironique dans un film qui est essentiellement une tragédie ou chaque action du "héros" ne fait que  le rapprocher de sa propre destruction (sans deus ex machina à même de le sauver).
Si je doit trouver des échos au film de Losey chez Hitchcock ce ne serait aucun des films avec Cary Grant plutôt le Faux Coupable fondé sur un principe similaire (un homme confondu avec son double fantomatique), le ton est le même mais Fonda incarne l'homme ordinaire et intègre, ce que n'est pas du tout Monsieur Klein. Vertigo aussi avec un héros qui poursuit un "fantôme", mais pareil le James Stewart obsessionnel névrosé de ce film me parait aux antipodes du personnage du film de Losey.

J'aurais tendance à dire que si tu n'es pas convaincu par Delon dans Monsieur Klein, je ne pense pas que l'acteur te convainque ailleurs (surtout chez Melville où le côté monolithique est poussé à son extrême) tant ce film me parait un résumé des différentes tendances de sa persona (le taiseux monolithique, le cynique arrogant, il manque peut être le séducteur) . Mais comme Cololi je dirais qu'il faut quand même tenter au moins Plein Soleil et Rocco.

Merci de ton analyse, très intéressante.
Mes termes étaient certainement sévères (on va dire que c'était pour faire réagir et puis ça a le mérite de fédérer pro et anti hitch contre moi  ).
D'ailleurs si j'ai trouvé le film excellent, Delon n'y est certainement pas pour rien vu qu'il est de quasi tous les plans.
Tout de même je laisse un bémol sur les scènes dans le château avec Moreau, que je trouve un peu déconnectées du reste et pendant lesquelles j'ai du m'accrocher...
Le côté elliptique du film par moment est assez étrange. Certaines scènes sont étirées et parfois on passe au contraire très rapidement d'un moment à un autre, on perd un peu la notion du temps. Là encore c'est sûrement volontaire, et ça contribue à me rendre le film très intrigant.

C'est précisément pour les raisons décrites par Parsifal que je n'ai pas mentionné un Melville ... et surtout Le Samouraï.
Après ... ce n'est pas impossible que tu aimes ... ou que tu aimes plus tard. Personnellement, ça ne m'a pas énormément parlé la 1° fois (même si la couleur sans couleur de Melville, le côté mutique du rôle principal et l'inoubliable musique de François de Roubaix ... m'avaient déjà complètement convaincus).

Jonathan Millet : Les fantômes (2024)
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Hier soir :

Jamais plus jamais (1983) Irvin Kershner

American Gigolo (1980) Paul Schrader

Ann Sirot & Raphaël Balboni : Une vie démente        2020

 + / 
Ce film est la première coréalisation du couple Ann Sirot et Raphaël Balboni, le film met en scène un jeune couple qui essaie d'avoir un enfant mais qui est confronté à la mère de l'homme qui est progressivement frappée par la maladie d'Alzheimer — ou, comme ils le disent dans le film, de démence syntaxique.

J'ai trouvé vraiment admirable la manière dont le film arrive à produire quelque chose de comique à partir de quelque chose de tragique comme ça tout en gardant la composante tragique : il serait facile de faire faire n'importe quoi au personnage malade et de mettre les deux pieds dans la comédie absurde ; ici, le film est toujours respectueux vis-à-vis de la malade et n'altère finalement pas trop la composante tragique, même si le comique prend le pas dessus.

Je pense que ce numéro d'équilibrisme passe notamment par une grande maîtrise des scènes génériques propres à certains genres de films (je pense par exemple aux scènes d'entretien médical de couple au début du film (un homme et une femme sont chacun assis sur une chaise devant un bureau, dans une pièce à la décoration assez lisse, la caméra les filme de face)) mais aussi à une mise-en-scène assez simple mais visible (tout ce jeu sur les parures de couette, les tapisseries, qui semblent engloutir le couple) ; je trouve que cet aspect assoit une atmosphère très chaleureuse et  resserrée.

J'ai également aimé le système d'inversion que propose le film : un couple veut avoir un enfant, il se retrouve avec la mère du gars sur les bras, qui, en dépit de sa vieillesse, se comporte comme une enfant et, même si on voit qu'elle sombre vers la mort, elle a une vie anormalement active (au sens littéral) mais démente. De manière générale, le film est profondément ludique et ça m'a beaucoup plu. J'ai hâte de voir leur petit dernier, Le syndrome des amours passées.

Michael Mann : Ferrari        2023


Drôle d'endroit pour entamer la filmographie de Michael Mann, sachant qu'on est clairement dans l'anecdotique par rapport à ce qu'il a pu pondre par ailleurs, si j'en crois ce que je lis à droite à gauche. J'ai donc été assez déçu et j'avoue que je n'ai pas trop compris où le film voulait en venir.

Le film raconte la vie du pilote (et créateur de la célèbre marque au cheval cabré) durant l'année 1957 où son entreprise est au bord du gouffre, cela le pousse à mettre une pression dingue à ses pilotes pour qu'ils battent son concurrent Maserati à l'épreuve légendaire des Mille Miglia, ce qui va aboutir à la mort de la plupart d'entre eux — il a déjà tué ses fils de cette manière. Parallèlement, on a une histoire de tromperie et de fils caché un brin banale et qui n'apporte franchement pas grand-chose.

Malgré ses deux heures dix, je trouve que le film s'arrête un peu au milieu de nulle part avec une espèce de résolution faussement grandiloquente qui ne change finalement pas grand-chose à ce qui s'était passé jusqu'alors. Le film n'est pas ennuyeux pour autant car, à défaut d'être véritablement intéressante, l'histoire est tout de même divertissante et puis même si Michael Mann filme les courses de manière assez répétitive, il est tout de même bon pour filmer de manière assez mobile les séquences un peu plus centrées sur les personnages. Pour finir, j'ai été assez impressionné par la prestation d'Adam Driver en Enzo Ferrari, au prime abord assez méconnaissable.

Gilles Grangier : Le cave se rebiffe        1961


Ce film est sans doute l'un des plus connus au sein de la filmographie de Gilles Grangier, c'est une adaptation d'un livre d'Albert Simonin, tout comme Les tontons flingueurs et Touchez pas au grisbi !, qui ont tous pour point commun de faire la part belle à l'emploi de l'argot.

Du point de vue de l'histoire, ça roule sans être franchement passionnant, même si c'est tout de même assez drôle (parfois un peu piquant) : trois brigands \oe uvrant dans des domaines un peu différents décident de mettre sur pied une opération de contrefaçon de billets de banque, ils recrutent pour cela un graveur de renom mais qui est un cave, c'est-à-dire qu'il ne connaît rien au milieu du banditisme. Ensuite, les trois autres se rendent compte qu'il n'en connaissent en réalité pas beaucoup plus que le cave et décident de faire appel à une pointure qui a pris sa retraite au Venezuela et que l'on appelle "le dabe" — sans originalité, un Jean Gabin au flegme total.

Du côté de la réalisation, ça fait le job, le noir et blanc est de bonne qualité sans qu'aucun détail de mise-en-scène n'ait attiré mon regard ; les acteurs sont assez crédibles lorsqu'ils emploient l'argot. En fait, je crois que cet emploi de l'argot m'a tout de même assez ravi et j'ai aussi aimé le fait que le plan se retourne contre ses instigateurs : l'opération fonctionne puis le dabe ainsi que le cave se barrent avec la fausse monnaie ; juste après, le film nous met un écriteau ironique expliquant que ces deux hommes ont bien été arrêtés et condamnés avec une citation (ouvertement apocryphe) : "bien mal acquis ne profite jamais", ça m'a fait beaucoup rire.

Marion Vernoux : Personne ne m'aime        1994

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Ce film est le premier long-métrage de Marion Vernouxpour le cinéma, il s'agit d'un road movie essentiellement féminin (on y retrouve Bulle Ogier, Bernadette Lafont, Michèle Laroque, Lio) à la temporalité vraiment éclatée à coup de retours en arrière et d'anticipations.

Le film est extrêmement dynamique et drôle ; j'ai aimé le fait que ce qui constitue le fil rouge du road movie (et qui le tient) soit un camping car et que malgré ce lieu assez restreint, le film parte dans tous les sens, que ce véhicule soit toujours au bord de l'explosion ; je trouve que ça donne au film de véritables élans qui permet de raviver notre attention alors que le film est tout de même bien bordélique et qu'on pourrait donc parfois lâcher le fil. Je suis curieux de voir si ses films suivants sont aussi expansifs.


[Peut être vu gratuitement et légalement ici.]