Liszt - Oeuvres sacrées

Le fait que tu aies aussi posté sur Beni Mora il y a dix minutes constitue pour ainsi dire une garantie à mon propos.

DavidLeMarrec a écrit:

Wolfgang a écrit:

C'est ce à quoi j'ai prévu de m'attaquer sous peu. Si tu as des références discographiques inévitables, je suis preneur!

De Leeuw, immanquable pour le Via Crucis (mais uniquement en médiathèque, c'est épuisé). Sinon, Fasolis est très bien, mais ça n'a pas la puissance atemporelle des tempi distendus de De Leeuw.

Justement, je comparais des extraits de De Leeuw avec Genvrin hier, et j'avoue que ma préférence continue d'aller à ce dernier. L'orgue y est magnifique, tellement plus chaleureux et le chœur, certes peu "clair", plus habité également.

Tu es le seul à persister à le penser.

Mais Genvrin, c'est bien aussi, c'est juste plus limité dans les possibilités, structurellement, et puis il n'y a pas cette magie distendue, cette expérience temporelle de De Leeuw.

(Et on n'est pas en disco, espèce d'administrateur dégénéré ! Natrav, c'était autre chose...)

Mais, mais... mais c'est sublime! Je suis encore dans ma première écoute, et j'adore. C'est tout bonnement une oeuvre incroyable.
Je ne vais pas faire dans l'original, mais quand tu parles d'expérience temporelle, c'est exactement cela. C'est magnifique, une vision tout à fait nouvelle pour moi.

Quel génie ce Liszt.

Tu écoutes la version De Leeuw ?

DavidLeMarrec a écrit:

Tu écoutes la version De Leeuw ?

Oui.

DavidLeMarrec a écrit:

Le fait que tu aies aussi posté sur Beni Mora il y a dix minutes constitue pour ainsi dire une garantie à mon propos.

Je défie quiconque de ne pas trouver de longueurs dans cette oeuvre de plus de trois heures

Spoiler:

Est-il normal que certains fils soient consacrés à des psychotropes ?

pour un Christus qui bouge plus que Rilling il y a Antal Dorati chez Hungaraton

je note au passage que personne ne parle des messes de Liszt!
en méme temps il n'existe que trés peu d'enregistrements

ojoj a écrit:

je note au passage que personne ne parle des messes de Liszt!
en méme temps il n'existe que trés peu d'enregistrements

La première oeuvre que j'aie chantée en chorale était précisément la Missa Choralis de Liszt. On ne l'entend pas souvent, c'est vrai. Belle oeuvre, recueillie.

Zeno a écrit:

Est-il normal que certains fils soient consacrés à des psychotropes ?

Bah, il y a bien d'honorables pères qui se consacrent à des forums, forcément ça fait des dégât dans la famille.

Et puis arrête de faire du mauvais Esprit, veux-tu ?

il y a aussi deux trés belles messes avec orchestre
la messe de Gran et la messe hongroise du couronnement que l'on trouve chez Hungaraton

Je viens d'écouter la Via Crucis dans la version De Leeuw. Moi qui ne suis pas un grand fan de Liszt, je dois bien convenir aussi que je trouve ça assez sublime.

J'avais entendu l'œuvre en concert dans une version avec orgue il y a des années de ça (au Festival d'orgue de Roquevaire), ça ne m'avait pas transporté autant que ça. L'interprétation de De Leuuw au piano confère effectivement toute sa dimension à cet enregistrement.

Faire d'Octavian un lisztien, qui l'eût cru ? J'admire l'étendue de mon pouvoir. [rire sardonique]

Très étonné aussi par Via Crucis...
Ca me fait un effet que je n'attendais pas... Ce recueillement poignant , hors de tout pathos constraste tellement avec la passion exacerbée à laquelle nous sommes habitués, qu'a l'aveugle j'aurais été incapable de reconnaitre le monsieur.
L'impression que le temps n'est plus le même est marquante.

Merci David

*Niko a écrit:

Très étonné aussi par Via Crucis...
Ca me fait un effet que je n'attendais pas... Ce recueillement poignant , hors de tout pathos constraste tellement avec la passion exacerbée à laquelle nous sommes habitués, qu'a l'aveugle j'aurais été incapable de reconnaitre le monsieur.
L'impression que le temps n'est plus le même est marquante.

Merci David

Toutes proportions gardées, le même recueillement apaisement a inspiré Gounod dans sa dernière oeuvre religieuse, son Requiem.

A la demande de Dave, j'ai confectionné une version française du Via Crucis.

http://operacritiques.free.fr/css/index.php?2010/02/25/1486

DavidLeMarrec a écrit:

A la demande de Dave, j'ai confectionné une version française du Via Crucis.

http://operacritiques.free.fr/css/index.php?2010/02/25/1486

Merci à toi
Je vais écouter ça et j'essaierai pour une fois de faire un commentaire.
(une erreur à la XIII, tu as recopié la version latine)

C'est pas à la XIII mais à la VIII, effectivement grosse erreur avec tout le texte en latin. Il manque : "Ne pleurez pas sur moi, mais sur vous-mêmes et sur vos enfants."

Je corrige quand j'ai un moment.

De l'oeuvre sacrée de Liszt je n'ai écouté que le Via crucis et la Messe de Gran.
J'avais déjà beaucoup aimé le chemin de croix quoiqu'un peu décousu mais alors la Messe de Gran ...
Le Kyrie me fait tout a fait penser aux messes baroques.
On retrouve en tout cas tout au long de cette messe le faste, le recueillement que l'on trouve dans la musique religieuse baroque que j'apprécie tant.
Dans les points négatifs, le credo qui souffre de légères longueurs.

Ben oui, personne ne veut jamais me croire, alors que je vous donne des adresses de chefs-d'oeuvre clefs en mains.

Ben si regardes, puisque je l'écoute !

Hidraot a écrit:

Ben si regardes, puisque je l'écoute !

Oui, c'est très bien! Ca fait trois mois que je te l'ai conseillé.

Mieux vaut tard que jamais

Ce sujet a été consacré presque exclusivement à Via Crucis, je voulais donc parler un peu de Christus, qui, dans son genre, vaut le coup aussi, même si c'est un peu long (3 h) et parfois longuet.

C'est donc un oratorio, créé en 1873, mais le fil narratif n'est pas continu, ce qui l'apparente plutôt à des "scènes de la vie du Christ". On est souvent dans le genre de la méditation religieuse, surtout que pas mal des scènes descriptives sont confiées à l'orchestre, les voix se réservant les textes plus liturgiques. Cela dit, le style est varié, depuis certains passages très dépouillés jusqu'à d'autres fantasques et colorés.

L'oeuvre a 3 parties :

1) la naissance du Christ
L'ouverture utilise le thème grégorien du "Rorate coeli".
Choeur annonçant la venue du Christ
Stabat Mater speciosa : un beau Stabat Mater joyeux
Pastorale de Noël : bucolique à souhait
Marche des Rois mages : calme et majestueux

2) miracles accomplis par le Christ
Béatitudes : émouvantes strophes du baryton avec réponses du choeur
Prière chorale a capella
Tu es Petrus : autre choeur avec orchestre
Miracle du Christ marchant sur les eaux : impressionnante tempête orchestrale, qui s'apaise et s'illumine
Entrée à Jérusalem : longue séquence alternant orchestre, choeur et solistes

3) la Passion
Tristis est anima mea : air funèbre du baryton, très émouvant
Stabat Mater dolorosa : superbe pièce de 30 minutes, lancinante et variée, jusqu'à la violence
Hymne pour choeur de femmes et harmonium : plus léger
Resurrexit : finale pompeux et fugué

Bertram a écrit:

Cela dit, le style est varié, depuis certains passages très dépouillés jusqu'à d'autres fantasques et colorés.

C'est même très patchwork comme résultat. Avec beaucoup de choses splendides.

Merci pour le plan, c'est nécessaire, je crois.

Oui, ce côté patchwork me fait penser à un gigantesque polyptyque, avec des scènes lumineuses et d'autres sombres.

Simplement pour rebondir sur le Via Crucis, que j'ai réécouté cet après-midi.
C'est une véritable expérience que l'écoute de cette musique. Liszt à l'évidence ne s'embarrasse plus de rien pour une oeuvre que l'on a jamais interprété de son vivant. Le discours est sans chichis, à nu. On est loin d'un Grand galop chromatique (que j'aime aussi), mais il faut reconnaître tout le chemin parcouru par Liszt en vieillissant.
Malgré la sensation du temps distendu, et c'est ce qui fait le génie de l'oeuvre, il y a une extrême densité au niveau des idées musicales. Harmoniquement, mélodiquement, il se passe toujours quelque chose. La structure du chemin de croix est extrêmement puissante, et la musique exprime les événements avec une profondeur incroyable. La 4ème station, où Liszt rencontre sa sainte mère, et absolument bouleversante.
Une de mes oeuvres préférées de Liszt, et dans les panthéons des plus grandes oeuvres, elle n'est pas loin des premières places.

J'aurais pu écrire ça. Enfin, pas sur le grand galop chromatique...

La version De Leeuw aide bien, parce qu'avec un orgue un peu visqueux, c'est pas pareil.

Néanmoins, en lisant la partition, on les voit, ces beautés. En plus c'est accessible à de petits niveaux de piano et de chant, quel dommage que ce ne soit pas programmé souvent.

DavidLeMarrec a écrit:

J'aurais pu écrire ça. Enfin, pas sur le grand galop chromatique...

La version De Leeuw aide bien, parce qu'avec un orgue un peu visqueux, c'est pas pareil.

Néanmoins, en lisant la partition, on les voit, ces beautés. En plus c'est accessible à de petits niveaux de piano et de chant, quel dommage que ce ne soit pas programmé souvent.

Il faut dire que le Grand galop, moi-même j'aime ça, mais je ne le justifie pas!
Je le prenais comme exemple parce que c'est typiquement une oeuvre de concert faite pour être donnée à la fin, pleine d'effet de virtuosité, un véritable artifice, pour un triomphe dans un tonnerre d'applaudissement. L'extrême opposé en terme d'ambition. Via crucis est complètement dépouillé du moindre effet!

Si, si, j'en ai relevé UN : le figuralisme de la marche, notamment pour la deuxième station (mais ça revient après).

DavidLeMarrec a écrit:

Si, si, j'en ai relevé UN : le figuralisme de la marche, notamment pour la deuxième station (mais ça revient après).

Juste avant d'aller réécouter pour me rendre compte, je précise un peu ma pensée pour être sûr qu'on parle de la même chose: par "effet", j'entends quoique ce soit de brillant, de virtuosité éclatante... utilisée en tant que telle pour l'effet produit sur le destinataire, pour l'impressionner.

Non, là c'est pas brillant du tout. C'est juste un petit figuralisme concret, qui est un peu plus palpable que le reste de la partition - c'est d'ailleurs le moment le plus émouvant de la partition pour moi, avec la tristanienne rencontre avec Marie.

Ah d'accord, je me disais aussi. C'est bien qu'on ne parlait pas de la même chose.

Pfiou, le début de cette deuxième station.
Edit: ah d'accord, c'est la fin de cette deuxième station dont tu parles donc. Ca fait drôlement penser au motif de la marche vers le Graal dans Parsifal.

Pas tant que ça quand même... c'est plutôt le début de Tristan qui me frappe dans la Sixième...

Le rythme, le motif lancinant dans le grave... bon après, le résultat est assez différent, c'est plus optimiste chez Wagner.

Mais c'est d'autant plus proche avec la paraphrase Liszt sur cette marche du graal.

J'avais jamais remarqué ça, j'irai voir. Et toi, Tristan ?

DavidLeMarrec a écrit:

J'avais jamais remarqué ça, j'irai voir. Et toi, Tristan ?

J'ai lu l'excellente notule que tu as faite sur cette parenté, et depuis, je suis convaincu.

Ah, j'ai fait ça ?

Ah oui, en fait. Heureusement que j'ai des lecteurs attentifs.

C'est vrai que ça m'a frappé à la lecture et pas à l'écoute, je crois.

DavidLeMarrec a écrit:

Ah, j'ai fait ça ?

Ah oui, en fait. Heureusement que j'ai des lecteurs attentifs.

C'est vrai que ça m'a frappé à la lecture et pas à l'écoute, je crois.

Je suis tombé dessus en tapant "Via crucis Liszt" dans Google, et tu es dans la première page de résultats.

Sinon, il serait vraiment temps que tu engages quelqu'un pour répondre aux MP.

M'en parle pas, je suis enseveli.

Dans le Christus, le Pater Noster pour choeur est une page inoubliable! Il existe aussi un petit bijou isolé, bouleversant, un humble petit motet à quatre voix, un Salve Regina. Si les motets de Bruckner vous émeuvent, cette courte pièce est de la même eau.

C'est peut-être une de mes oeuvres préférées de Liszt, le Via Crucis.

La version de De Leeuw est effectivement exceptionnelle. La profondeur du recueillement atteint est assez impressionante.

Bonjour,
Pour ceux qui aiment les oeuvres sacrées de Liszt il y a un article d'Antoine Elwart sur une messe exécutée en mars 1866 dans le Petit Journal de mars 1866 consultable sur gallica ; messe donnée au profit de la caisse des écoles du 2e arrondissement de Paris ; à cette époque Listz était Abbé....
th. D

Bonjour à tous et toutes,
Je recherche des données sur la messe solennelle en musique exécutée par l'orchestre Colonne le 25 mars 1886 en l'église Saint-Eustache en présence de l'Abbé Liszt ; il s'agissait de la Messe de Gran.
Merci de votre aide
Th.

Bonsoir ! Ta question sera davantage à sa place dans le sujet consacré à la musique sacrée de Liszt. Pas d'inquiétude, je déplace ton message.

C'est une messe terminée en 1855 sous sa première version, révisée en 1858, composée et dirigée pour l'inauguration de la basilique Saint-Adalbert d'Esztergom, Gran étant que la traduction allemande du nom de cette ville. Le titre complet est Missa solennis zur Einweihung der Basilika in Gran, numérotée S.9 dans le catalogue. Voici cette basilique:


C'est une commande, dont je ne saurais dire si elle fut rémunérée ou non (il est tout à fait possible que non); la première eut lieu sous la direction du compositeur le 31 août 1856, à Esztergom donc. C'est une oeuvre écrite pour quatre solistes (soprano, alto, ténor, basse) choeur mixte et orchestre, elle comporte six mouvements (Kyrie, Gloria, Credo, Sanctus, Benedictus, Agnus dei) et dure environ 1h.
Voilà ce que je peux dire là-dessus, j'espère que ça t'éclairera. Très belle oeuvre!

Une autre oeuvre de Liszt pour le même effectif et avec les mêmes références hongroises et religieuses, assez méconnue, l'Ungarische Krönungsmesse S.11, composée dix ans plus tard, véritablement un chef d'oeuvre (surtout le Benedictus).

J'aime beaucoup la musique religieuse de Liszt (du moins le peu que j'ai écouté: Via Crucis et Sainte-Elisabeth). Récemment, j'ai entendu à la radio quelques extraits "alléchants" de Christus, et bien que je me doute qu'il y ait peu de versions recensées à ce jour de ce colosse, y en aurait-il une plus recommandable?

Si, il y a quand même plusieurs enregistrements (je n'en ai pas fait le tour, mais au moins 5). Dorati est certainement le plus recommandable, mais Rilling est très bien aussi.