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Johann Strauss Le beau danube bleu, utilisé dans ce qui est sans doute l'une des séquences emblématiques du film?

Ah oui sinon Eyes Wide Shut est un trés grand film, na!

Parsifal a écrit:

Johann Strauss Le beau danube bleu, utilisé dans ce qui est sans doute l'une des séquences emblématiques du film ?

Ah oui sinon Eyes Wide Shut est un trés grand film, na!

Et que dire de Barry Lyndon., une véritable épopée à travers un seul personnage.

Je ne crois pas que les valses de Strauss soient utilisées de façon satirique, ou alors je suis passé à côté - c'est un peu le souci de ce film, on a l'impression de passer un peu à côté en permanence . Cela dit, il a dû être un claque visuelle à sa sortie, et le thème de l'intelligence artificielle n'a sans doute jamais été aussi présent dans le débat ambiant - pour ceux qui diraient que cela a vieilli, je ne crois pas tant que cela. Je me demande d'ailleurs à quoi ressemblerait le film A.I. s'il avait été réalisé par Kubrick au lieu de Spielberg

Je reste un fan de ses films comme Barry Lyndon, Shining ou Full Metal Jacket. Et à chaque fois que je le revois, j'ai l'impression que Dr. Strangelove est un film prophétique alors que je l'avais vu comme une pochade la première fois.

Cela prouve que nos perceptions et nos goûts changent avec le temps.

Ravélavélo a écrit:

Cela prouve que nos perceptions et nos goûts changent avec le temps.

Entièrement d'accord avec ça.

Morloch a écrit:

Je ne crois pas que les valses de Strauss soient utilisées de façon satirique, ou alors je suis passé à côté - c'est un peu le souci de ce film, on a l'impression de passer un peu à côté en permanence  

C'est quand même a priori un couplage parfaitement incongru, avec des images d'un espace colonisé. Ça donne un coté dérisoire a cette technologie et surtout a l'homme qui en apparait d'autant plus dépendant et déshumanisé (cette conversation par skype entre l'astronaute et sa fille ou pendant deux ou trois minutes les personnages ne parlent strictement de rien), l'ensemble ressemble vraiment a une pub pour voyage interplanétaire ou nous présente les charmantes hotesses de l'air, qui marche sur les murs, les bienveillant pilotes qui sourissent de toutes leur dent blanche, la merveeeeilleeeeeeuse nourriture synthétique du futur, les toilettes sans gravité.
Tout ça ne sert strictement a rien mais Kubrick le film complaisamment quand même, et comme la partie centrale de ce film allégorique montre précisément la mise a mort nécessaire de ce qui semble être le summum de cette technologie c'est difficile de se dire que Kubrick voulait juste montré ses jolies décors (même s'il y a aussi cette dimensions spectaculaire).
Enfin je sais pas moi, une valse de Strauss dans l'espace avec une fusées qui valse avec une grande roue pour finalement la pénétrer et des astronautes qui mangent un erzatz de nourriture assez peu ragoutant j'ai toujours vu ça comme un gag, un gag bizarre a la Kubrick mais bon ça vaut bien un texan qui chevauche une bombe atomique.

tu as sans doute raison, j'avais une vision beaucoup plus premier degré de cette séquence, le choix a priori surprenant d'une musique qui fonctionne mieux que toutes les avant-gardes pour accompagner ces images, mais Kubrick était cérébral au delà du raisonnable, d'où l'ironie du choix.

Parsifal a écrit:

Morloch a écrit:

Je ne crois pas que les valses de Strauss soient utilisées de façon satirique, ou alors je suis passé à côté - c'est un peu le souci de ce film, on a l'impression de passer un peu à côté en permanence  

C'est quand même a priori un couplage parfaitement incongru, avec des images d'un espace colonisé. Ça donne un coté dérisoire a cette technologie et surtout a l'homme qui en apparait d'autant plus dépendant et déshumanisé (cette conversation par skype entre l'astronaute et sa fille ou pendant deux ou trois minutes les personnages ne parlent strictement de rien), l'ensemble ressemble vraiment a une pub pour voyage interplanétaire ou nous présente les charmantes hotesses de l'air, qui marche sur les murs, les bienveillant pilotes qui sourissent de toutes leur dent blanche, la merveeeeilleeeeeeuse nourriture synthétique du futur, les toilettes sans gravité.
Tout ça ne sert strictement a rien mais Kubrick le film complaisamment quand même, et comme la partie centrale de ce film allégorique montre précisément la mise a mort nécessaire de ce qui semble être le summum de cette technologie c'est difficile de se dire que Kubrick voulait juste montré ses jolies décors (même s'il y a aussi cette dimensions spectaculaire).
Enfin je sais pas moi, une valse de Strauss dans l'espace avec une fusées qui valse avec une grande roue pour finalement la pénétrer et des astronautes qui mangent un erzatz de nourriture assez peu ragoutant j'ai toujours vu ça comme un gag, un gag bizarre a la Kubrick mais bon ça vaut bien un texan qui chevauche une bombe atomique.

Si je peux m'immiscer...Ce que tu dis me semble très juste. Je pense juste que la scène des engins spatiaux alliés à la musique de Strauss (très belle scène), n'est pas ironique lorsqu'on l'isole. Elle appuie sur les capacités créatrices géniales de l'homme (on tutoie le divin) d'où l'ironie et l'opposition aux scènes ou ressort la vacuité de ce que l'homme en fait. Je sais pas si c'est clair et encore moins si c'est juste, mais je le sens comme ça.

Sicilian Ghost Story de Fabio Grassadonia et Antonio Piazza (2017).
On avait envie de voir une histoire de fantômes sympa pour se changer les idées. Grosse erreur. Sicilian Ghost Story n'est pas un film d'horreur pour ados, c'est une œuvre dénonçant un crime réel commis par la mafia. Ce n'est ni idiot, ni mal intentionné, mais ...

Michael Curtiz
Casablanca / 1942

Apichatpong Weerasethkul : Mekong Hotel        2012


Certains passages sont assez beaux - à condition de se laisser porter - mais il y a quand même des passages à vide.

en salle ces derniers jours :

Wenders : Les ailes du désir


et coïncidence,

Kubrick : 2001, A Space Odyssey


2e fois que je le vois sur grand écran : et beh c'est vraiment génial !

Henri-George Clouzot
Quai des orfèvres / 1947

Condroyer : Un homme à abattre



Petersen : Das Boot



Granier-Deferre : Adieu poulet



Hu : Legend of the Mountain

Das Boot, c'était la version longue de 5H ?

Rubato a écrit:

Das Boot, c'était la version longue de 5H ?

non 3h30.

Cololi a écrit:

Rubato a écrit:

Das Boot, c'était la version longue de 5H ?

non 3h30.

J'ai celle de 5H...moi qui suis claustrophobe !!

Benedictus a écrit:

Parsifal a écrit:

Benedictus a écrit:

(Il est vrai que si j'aime assez certains de ses films, je suis très peu réceptif au style et aux thèmes de Kubrick.)

tiens lesquels, je croyais que tu étais totalement allergique?

Non, j'en ai revu plusieurs cette année (mon CDI a reçu l'intégrale DVD), et ça m'a amené à davantage moduler mon jugement (à défaut de le modifier radicalement: globalement, Kubrick j'aime toujours pas):

-  j'ai bien accroché à The Killing (dans mon souvenir, ça ressemblait beaucoup plus à un démarquage maniériste de The Asphalt Jungle; en fait, non, c'est vraiment très, très bon) et au deux Peter Sellers (Lolita et Strangelove - enfin, dans Lolita, le face-à-face Mason-Sellers est génial, mais je me suis un peu ennuyé; mais Strangelove génial d'un bout à l'autre);

- j'ai moyennement adhéré aux deux Kirk Douglas (Spartacus et Paths of Glory, esthétique très «démonstrative», même s'il y a de bons trucs);

- je ne suis pas allé à la fin de 2001 et Barry Lyndon, tellement je m'ennuyais (films très lents, avec dans la mise en scène quelque chose de tantôt emphatique - dans le sens: lourdement signifiant - tantôt gratuit - on a l'impression que certaines scènes sont filmées pour le seul plaisir d'augmenter la durée, de multiplier les angles de prise de vue...)

- très partagé sur The Shining: j'y ai vu une succession des «trucs» hyper-agaçants (des tics ou des systématismes de mise en scène, jeu outrancier de Nicholson, complaisance des plans gore), et d'autres fascinants (toute la construction temporelle et spatiale, en fait).

- Eyes Wide Shut, je trouvais ça drôle tellement c'était mauvais, et je confirme - je crois que ça tient à la conjonction de la virtuosité maniériste de l'écriture cinématographique et du jeu en «intensité rentrée» des acteurs avec un scénario que je trouve absolument nul (enfin, tout ce qui va du côté de la réflexion moralisatrice-subversive sur «l'érotisme», je trouve que ça sombre vite dans le ridicule, en fait, Georges Bataille inclus.)

- pas eu envie de m'infliger une fois de plus Clockwork Orange et Full Metal Jacket - je pense aussi que quand un cinéaste revendique la monstration de la violence (fût-ce pour l'inscrire dans une réflexion qui va bien au-delà, qui met en abyme le regard, etc. etc.), le spectateur a le droit de le refuser.

Ah et puis, pas accroché à Killer's Kiss, alors que sur le papier ça aurait dû me plaire (le côté film noir de série B filmé dans un style constructiviste-expressionniste.)

Moi quand je lis ton post :

Emeryck a écrit:

Benedictus a écrit:

Parsifal a écrit:

Benedictus a écrit:

(Il est vrai que si j'aime assez certains de ses films, je suis très peu réceptif au style et aux thèmes de Kubrick.)

tiens lesquels, je croyais que tu étais totalement allergique?

(enfin, tout ce qui va du côté de la réflexion moralisatrice-subversive sur «l'érotisme», je trouve que ça sombre vite dans le ridicule, en fait, Georges Bataille inclus.)

 J'avais trouvé ça un peu intéressant sans toutefois être particulièrement original. C'était surtout parfois très limite - et grossier.

Quoi donc ? La prose fictionnelle (ex: Histoire de l'oeil), théorique (ex : L'Érotisme) ou théorico-fictionnelle (ex : L'Expérience intérieure) ?

Danse avec les Loups (1990)
avec Kevin Kostner

C'est toujours un plaisir de revoir ce film.

Rubato a écrit:

Cololi a écrit:

Rubato a écrit:

Das Boot, c'était la version longue de 5H ?

non 3h30.

J'ai celle de 5H...moi qui suis claustrophobe !!

C'est un grand classique, ce film.

Je précise, car il est très peu connu, que la Légende de la montagne de King Hu est vraiment à voir (et je croise les doigts pour qu'on ait un jour en France un 4° film de lui en HD …)

Adalbéron a écrit:

Benedictus a écrit:

(enfin, tout ce qui va du côté de la réflexion moralisatrice-subversive sur «l'érotisme», je trouve que ça sombre vite dans le ridicule, en fait, Georges Bataille inclus.)

Quoi donc ? La prose fictionnelle (ex: Histoire de l'oeil), théorique (ex : L'Érotisme) ou théorico-fictionnelle (ex : L'Expérience intérieure) ?

Oui, bien sûr, ça vise d'abord et surtout la prose fictionnelle: Histoire de l'œil, Madame Edwarda, Le Petit, les poèmes et puis ce qui est à mes yeux pas loin du nanard littéraire ultime: L'Abbé C. (je crois me souvenir que Le Bleu du ciel m'avait paru un peu moins pire.)
Sinon, le reste, les écrits théoriques ou théorico-fictionnels, dans mon souvenir, c'est un effort intellectuel respectable mais qui me laisse assez indifférent (je crois en fait que sur le fond, je suis assez d'accord avec la critique de Sartre, même si je n'adhère pas à son intention polémique.)

Cololi a écrit:

Je précise, car il est très peu connu, que la Légende de la montagne de King Hu est vraiment à voir  (et je croise les doigts pour qu'on ait un jour en France un 4° film de lui en HD …)

Oui! oui!

Parsifal a écrit:

Cololi a écrit:

Je précise, car il est très peu connu, que la Légende de la montagne de King Hu est vraiment à voir  (et je croise les doigts pour qu'on ait un jour en France un 4° film de lui en HD …)

Oui! oui!

Tu l'as vu ??

Oui, a une époque j'ai désespérément chercher les grands King Hu j'ai donc vu Touch of Zen, Raining in the mountain, l'hirondelle d'or (plus commercial que les autres mais ça a beaucoup de charme) et Legend of the mountain, évidement pas dans une très belle copie, mais j'ai quand même pu apprécier la poésie des paysages et du surnaturel, le rythme très particulier et son symbolisme!

Moi c'est plus pour le paysage et la symbolique. Le surnaturel (je parle des effets … car la symbolique est intéressante) j'ai un peu plus de mal … mais ça passe car il y a les points forts. A noter que c'est une version de 3h12 … donc bien complète avec une restauration ordonnée par le ministère de la culture taïwanais.

A Touch of Zen … je n'y reviens pas … c'est un chef d'œuvre (et Legend of the Moutain … presque autant). Tu as vu Dragon Inn j'imagine (c'est le moins bon des 3 que j'ai vus … clairement plus commercial … mais qui mérite largement le visionnage par la beauté d'un film de Hu).

Raining in the mountain … je rêve qu'ils le restaurent franchement !

Non je n'ai pas encore vu Dragon Inn (mais je l'ai)

oui les effets spéciaux paraissent un peu artisanaux, mais je trouve que cette artificialité contribue au charme du film.

Je vais récupérais cette version restauré du coup, il me semble que ce que j'ai vu était beaucoup moins long!

Parsifal a écrit:

Non je n'ai pas encore vu Dragon Inn (mais je l'ai)

oui les effets spéciaux paraissent un peu artisanaux, mais je trouve que cette artificialité contribue au charme du film.

Je vais récupérais cette version restauré du coup, il me semble que ce que j'ai vu était beaucoup moins long!

Dragon Inn est plus orienté wu xia pian … c'est le grand succès commercial de Hu (le reste a beaucoup moins bien marché). Oui c'est vrai que cette artificialité contribue au charme.
La restauration n'est pas parfaite, il faut être franc. L'image n'est pas toujours très détaillée (mais pouvaient-il faire mieux avec le matos ? je n'en sais rien) … mais c'est quand même très appréciable par rapport à un DVD … et on ne fera pas mieux avec les calendes grecques. Et c'est quand même une restauration 4k.
QQun de beaucoup plus connaisseur que moi a testé : http://retro-hd.com/tests/blu-ray/2619-la-legende-de-la-montagne.html

Le son est pourri par contre.

Merci pour le lien!

Une belle fille comme moi, François Truffaut

J'en avais un bon souvenir, que cette re-vision confirme, cette comédie picaresque est excellente avec une Bernadette Lafont gouailleuse et génialement immorale et un Dussolier fantastique en universitaire binoclard toujours a côté de ses pompes. La mise en scène de Truffaut qui à première a l'air si simple, voir un peu plate comparée aux expérimentations de ses comparses, est finalement assez sophistiqué avec de longues prises, des effets de surcadrages assez complexes, et ou une théâtralité frontale cohabite avec des jeux avec le hors champ pas forcément subtil mais assez surprenant (toujours au service de la comédie). On y retrouve le gout de Truffaut pour les personnages excentriques, les effets stylistiques archaïsant (iris, fondu, flou), une narration en flashback en forme de confession qui rappelle le Guitry du Roman d'un tricheur.
En tout cas c'est une superbe récréation, drôle, enlevée, inventive et dépourvu du moindre esprit de sérieux!

Je viens de le voir aussi et je me suis quand même bien marré, d'accord sur tout et surtout sur Bernadette Lafont et André Dussolier, géniaux.

A propos de farce, votre discussion sur les films de King Hu et "Legend of the Mountain", que j'ai vu il n'y a pas longtemps, me fait penser qu'il y a une autre adaptation de cette histoire extraite du Pavillon des Loisirs de Pu Songling, c'est "Histoires de fantômes chinois" de 1987 qui est un chef d'oeuvre de délire pur avec Leslie Cheung. La version de King Hu est plus contemplative avec tout de même des petits moments d'humour involontaire  (et les batailles de tambours qui ont un coté d'hallu totale...)

Oui j'en ai entendu parler, j'ai toujours voulu le voir!

Content de ne pas être le seul a apprécier ce Truffaut, je l'aime aussi en mode tragique mais il n'était pas mauvais dans la comédie, et c'est peut être un de ses meilleurs films dans le genre avec L'homme qui aimait les femmes (bon ici c'est plus tragi-comique), je pense que je préfère a la série des Doinel adulte et même a Vivement Dimanche (que j'aime bien aussi) il y a  ici un sens de l'absurde qui ne se retrouve pas forcément ailleurs chez lui.

Et bien ... contrairement aux critiques que j'ai lues ... c'est un très bon film ! Je précise que je n'ai pas lu le roman de Mauriac ... mais l'ambiance propre à Mauriac me semble bien présente dans le film ... et c'est bien là le principal ... et le plus difficile à réaliser.
Les endroits sont magnifiquement bien choisis, bien mis en valeur ... mais sans ostentations ... Les personnages subtilement campés.

Andrzej Wajda : Le Chef d'Orchestre        1980

 +

Pedro Almodóvar : Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ? (¿Qué he hecho yo para merecer esto?) (1984)
GÉ-NIAL. Incontestablement, le film se place dans le quatuor de tête de mes films préférés d'Almodóvar.

Question aux amateurs de cinéma italien: Cadavres exquis et L'Affaire Mattei de Rosi, c'est aussi bien qu'Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon de Petri?

Du coup la question m'intéresse aussi, puisque j'ai adoré le Petri !

Idem car j'adore le Petri mais je n'ai pas vu ces deux Rosi, de lui j'aime beaucoup main basse sur la ville mais j'ai du mal avec Salvatore Giuliano.

Puisqu'on parle de Petri qq un à vu l'Assassin ? Il est sorti il y a qq années en BR ... donc je me dis qu'il faudrait que j'achète ça.

Éric Rohmer : Triple Agent        2004
 
 +
Un Rohmer assez différent : plus proches de ses films historiques, mais je le trouve plus accrocheur (ce n'est pas une remarque péjorative) que ces derniers - je n'ai pas vu Perceval le Gallois, cela dit. J'ai donc globalement aimé ; même si je préfère des choses dans le styles des Contes des quatre saisons, Comédies et proverbes ou des Contes moraux.

Agnès Varda : Sans toit ni loi        1985

Takeshi Kitano : L'été de Kikujiro        1999

Tiens, je pourrais faire un cycle à la Mélo:
Les serial killers de la nuit
(mais on va éviter les bandeaux avec des images gore...)

Donc:


• David Fincher: Seven
Avec Brad Pitt, Morgan Freeman, Kevin Spacey, Gwyneth Paltrow...
New Line Cinema, 1995


• David Fincher: Zodiac
Avec Jake Gyllenhaal, Mark Ruffalo, Robert Downey Jr, Anthony Edwards, Chloë Sevigny...
Paramount / WB / Phoenix Pictures, 2007

On a du mal à croire que ces deux films sont du même réalisateur tant leurs projets et leurs esthétiques semblent radicalement opposés.

Seven est une sorte de film maniériste, à la fois surchargé et stylisé: d’un côté, de purs archétypes, qu’il s’agisse des espaces (une mégapole jamais nommée et toujours sous la pluie, mais plus proche d’une dystopie que de la représentation d’une ville réelle), des personnages (et le jeu des acteurs accentue encore cette impression de stylisation extrême: Freeman est «le» vieux flic désabusé, Pitt «le» jeune flic chien fou, Spacey «le» pervers - qui s’appelle John Doe...), du scénario (symbolique à l’extrême, comme obsédé de nombres et de symétries et d’une construction à la logique de tragédie); de l’autre une mise en image écrite à l’excès: photographie saturée, décors chargés dans le sens d’un certain esthétisme (fût-il furieusement grunge), plans, montage et mouvements de caméra au cordeau au point que c’en est étouffant, musique très «expressive» d’Howard Shore...
On a l’impression d’avoir à faire à une sorte de parabole outrancièrement formaliste qui tournerait délibérément le dos au réalisme - par bien des aspects, ça m’a fait penser à du Peter Greenaway.
Prévisiblement, je n’ai pas aimé, même si ça m’a semblé moins caricatural et grandguignolesque que dans mon souvenir.

Or Zodiac me semble prendre le contrepied systématique de tout cela. À l’opposé de la parabole hyper-construite et des personnages archétypaux, on a ici un scénario délibérément déceptif, multipliant les impasses et finissant par se déliter (puisque tiré d’une affaire bien réelle mais non résolue) et des personnages, eux aussi inspirés de personnages réels, avec leur épaisseur et leur part d’inexemplarité (ce qui permet à Ruffalo et Gyllenhaal de faire preuve de qualités de composition et d’un charisme que je n’avais jusqu’à présent jamais remarqués.) Même chose pour la mise en images: aux plans 35mm, surchargés, saturés et hyper-construits de Seven s’opposent ici des plans 2.35:1 souvent très larges laissant comme une marge d’indétermination, tant en termes de construction spatiale que de point de vue, jouant beaucoup sur les limite du cadre et le hors-champs (en particulier dans les scènes d’agression), avec des couleurs dont on a l’impression qu’elles sont délibérément pâles, comme pour évoquer les polaroïds ou les séries de l’époque (puisque cela se passe dans les années 70); au montage narratif au cordeau, s’oppose ici au contraire des plans plus longs (et même des plans-séquences) aux transitions un peu flottantes, et un rythme plus étiré; à la dense musique extra-diégétique de Shore, une musique surtout diégétique (pas mal de soul et de rock psydélique à la radio.)
Bref, au contraire de Seven, un film où la traque du serial killer semble plutôt servir de trame à un projet d’esthétique complètement réaliste: décrire le croisement de quelques trajectoires personnelles, décrire la Californie suburbaine des années 70-80.
Et du coup, c’est un film que j’ai vraiment beaucoup, beaucoup aimé.

Cela dit, à y réfléchir, je me demande si le point commun entre ces deux films que tout semble opposer n’est pas à rechercher dans la précision maniaque qui y est mise à construire un univers cohérent, où absolument chaque détail (la musique, la couleur, les accessoires...) devrait être à sa place. Un côté control freak de la mise en scène qui pourrait d’ailleurs expliquer la récurrence du thème du serial killer chez ce cinéaste dont je n’ai vu aucun autre film (mais du coup, j’ai assez envie de regarder son Millenium si c’est plus dans la veine de Zodiac que de Seven.)

Je ne comprends pas; tu opposes un format de pellicule (35mm) à un format d'image (2.35:1).

Les deux films ont été tournés en 35mm, format image 2.35:1 .

J'y connais rien, j'ai vu ça sur Wikipedia... En revanche, ou bien le format d'image de Seven est beaucoup moins large, beaucoup plus carré que celui de Zodiac ou bien je suis tombé sur une copie rognée de Seven (pour le format télé?)...

Benedictus a écrit:

J'y connais rien, j'ai vu ça sur Wikipedia... En revanche, ou bien le format d'image de Seven est beaucoup moins large, beaucoup plus carré que celui de Zodiac ou bien je suis tombé sur une copie rognée de Seven (pour le format télé?)...

C'est possible; il était peut-être en 1.77 pour remplir le cadre d'une télé 16/9 ...malheureusement !

Rubato a écrit:

Benedictus a écrit:

J'y connais rien, j'ai vu ça sur Wikipedia... En revanche, ou bien le format d'image de Seven est beaucoup moins large, beaucoup plus carré que celui de Zodiac ou bien je suis tombé sur une copie rognée de Seven (pour le format télé?)...

C'est possible; il était peut-être en 1.77 pour remplir le cadre d'une télé 16/9 ...malheureusement !

C'est plus du 4/3, non, je pense ? C'est vrai que c'était assez courant pour l'époque, me semble-t-il.

Emeryck a écrit:

Takeshi Kitano : L'été de Kikujiro        1999

 +
Très très beau et touchant. Le personnage de Kikujiro est extrêmement drôle.

Oui