Écoute comparée: Mahler, 2e symphonie ÉCOUTE ANNULÉE

H2 : Chailly / Concertgebouw ?

Enregistrement de concert avec les défauts inhérents : manque de définition, balance très en faveur de la soliste, etc. Le timbre de l'ensemble est bon cependant.
La soliste n'est pas la plus belle mais elle y croit. On peut trouver ça un peu appuyé. L'orchestre est particulièrement sobre. Le solo de violon est superbe.
Pas de gros défauts mais pas de grosses qualités non plus.

Ça n'a pas l'air d'être tout jeune (pas mal de souffle, son très médium). Mais ce qui choque le plus, ce sont les problèmes de mise en place ! Honnêtement, on a l'impression d'un déchiffrage pour l'orchestre. Ça n'est pas très sérieux !
Et puis c'est vraiment rapide. Trop rapide. Ça donne l'impression d'être expédié.
Maintenant, on peut sauver la soliste, qui est vraiment élégante, délicate.

On a droit ici à une soliste à l'émission très nasale, avec un grave un peu ingrat. Et en plus, elle est légèrement trop en avant. C'est dommage parce que l'orchestre est particulièrement somptueux. C'est une des plus belles fanfares que j'ai entendues jusqu'à présent ! Solo de hautbois superbe, solo de violon un peu moins.

Son très vilain (fin des années 50-début des années 60 ?) mais stéréo (vue l'image stéréophonique, très centrée, je me demande s'il n'y a pas eu un ajout de réverb stéréo au remastering ; en tout cas, c'est artificiel). Enregistrement de concert (les gens toussent pendant le solo de hautbois : c'est un scandale !).
La fanfare joue très fort. Par la suite, l'orchestre se fera plus discret. On reconnaît la soliste. C'est intense mais un poil rapide à mon goût. Beau solo de hautbois. Dans la deuxième partie, le tempo est un peu instable (avant les «ach nein»), comme si chaque instrument soliste (violon, flûte) impose son tempo en entrant.
Bilan : c'est intéressant (surtout pour la soliste) mais c'est difficile à écouter.

C'est globalement moins bon que d'autres groupes (F et surtout E). Je mets la version C3 devant surtout pour ses qualités instrumentales. La version C1 pour sa probité. Les deux autres ont vraiment une réalisation technique insuffisante, malgré des solistes valeureuses.
C3>C1>C2=C4

Beaucoup de souffle, enregistrement relativement ancien (années 60-70). Réverbération très longue (église ?).  La mezzo est un peu ingrate et pas très à l'aise techniquement. La mise est place n'est pas irréprochable et tout n'est pas absolument juste (solo de violon !). La première partie est vraiment très lente. Le solo de hautbois est tout de même magnifique.
Je rentre vraiment dedans à partir de la deuxième partie (le temps d'oublier tous ces petites imperfections). Et là, le charme opère ! Les solos instrumentaux (violon, flûte) sont très expressifs sans surjouer. Il y a de la grâce et une vraie sincérité dans tout ça. C'est vraiment touchant !

Beau son, belle acoustique. La prise de son joue la carte du relief et met en place différents plans sonores. Pourquoi pas.
Le tempo est plus vif et c'est mieux fini. La voix est plus lourde (alto ?), un peu trop surexposée à mon goût (en tout cas dans la première partie). C'est visiblement une très grande chanteuse (qu'on reconnaît facilement, hein!).
Il y a quelques maniérismes : le hautbois qui se force à ne pas vibrer par exemple.
Dans l'ensemble ça respire bien, on sent une grande maîtrise des dynamiques, des tempi, du son. Mais au final, ça sonne simple et c'est beau.

Encore une belle prise de son, d'une grande homogénéité. Tout est pris d'un peu loin (concert ?). Magnifique orchestre, mise en place impeccable (avec quelques coquetteries, comme cette clarinette sans vibrato au début de la deuxième partie ou ces glissandi du violon solo). La soliste est convaincante tout en étant sobre dans ses effets. On aurait aimé un peu moins de vibrato (surtout au début). Tout est très maîtrisé. C'est un peu froid mais il se dégage une grande sérénité de l'ensemble.

L'enregistrement semble récent et la prise de son est correcte. La fanfare est simple et belle. Mais la soliste manque de charme et nuances. Et elle a des problèmes avec certaines fins de phrase. Concert ?
La deuxième partie est lente et froide. Le solo de violon est horriblement maniéré. Je trouve ça poussif. Sur les «ach nein», la soliste nous la joue colère wagnérienne. Contre-sens ? Et sur la dernière note, elle est à bout de souffle.

Pour moi, il y a trois versions qui se distinguent : E1, E2 et E3. Mais pour les hiérarchiser, c'est très difficile car elles ont des qualités différentes. La première est tendre et expressive. La seconde extrêmement recueillie. La troisième humble. Allez, je me lance :
E2=E1>E3>E4 (E1 et E2 ex-æquo)

Un peu de souffle : enregistrement relativement ancien.
C'est très rapide ! (trop?) La mezzo est intéressante : elle joue la carte de l'innocence et chante comme une enfant, presque sans effet. Et ça marche plutôt bien ! L'orchestre est très discret mais quand on l'entend (fanfare), on entend des choix stylistiques exotiques : très articulé, pas très fondu, peu de vibrato, peu de legato. Bref, on  joue ici pleinement la carte de la sobriété.
L'esprit est proche de celui des Lieder des Knaben Wunderhorn, ce qui n'est pas un contresens. Par contre, il faudrait pouvoir entendre ce que ça donne en situation (entre le 3ème mouvement et le final de la symphonie).

Tiens, la fanfare est enregistrée de très très loin (Mahler demande qu'elle soit placée au fond de la fosse d'orchestre, là c'est carrément en coulisses!). Intéressant mais discutable. Le reste de l'orchestre est pris d'un peu trop loin à mon goût et manque de définition.
La soliste n'est pas très belle mais elle a une bonne technique et nous fait part d'une palette de dynamique assez riche.
Je ne sais pas si c'est à cause de la prise de son mais je reste un peu extérieur à cette version.

Ah voilà une prise de son comme je les aime : c'est chaleureux, c'est rond et ça ne manque pas de plans sonores.
La soliste a un vibrato énooorme qu'elle tente de dominer (plutôt bien) dans la première partie. Soyons juste : c'est très très beau mais … c'est un peu trop lourd pour le texte.
L'orchestre est magnifique même s'il y a de petites imperfections de mise en place. C'est la version (de ce groupe) où on l'entend le mieux.

Les trois premiers accords sont impressionnants : c'est presque irréel. La fanfare passe. Et là … on reconnaît la voix. Ach, ça va être dur d'être objectif. Sérieusement, il y a une telle intelligence, une telle science et un tel raffinement qu'on aurait tort de faire la fine bouche.
Les tempi sont très lents mais ça ne pose aucun problème : c'est très habité. L'orchestre est beau et le chef soigne son articulation. On est là à un très très haut niveau.

Ça a été moins dur que pour le groupe E. La version F4 est nettement au dessus des autres et la F2 un peu en dessous.
Pour la F3 et la F1, c'est dur de départager. La version F1 est juste dans l'expression mais pas vraiment hédoniste (et ici on attend ça quand même). Et la version F3 est très confortable mais sa soliste est un peu encombrante. Je les mets à égalité.
F4>F1=F3>F2

1) Cet enregistrement est dirigé de façon exemplaire. Il s'agit d'un live (au public très discret) auquel ont été raccordées des prises faites vraisemblablement un peu plus tard. C'est là que le bât blesse, on le verra plus loin. L'orchestre est un bon orchestre, un orchestre honnête. La justesse n'est pas toujours irréprochable notamment dans les cuivres. Il est cependant mené de main de maître: on s'en rend compte dès le début du choral, à la tension permanente de la ligne mélodique, la façon dont le chef organise l'horizontalité des lignes, évitant l'écueil wagnérien et respectant l'indication de Mahler: "Très solennel, mais avec simplicité - Tel un choral". Les indications de tempo sont parfaitement respectées et la logique du discours correspond exactement à ce qui est sur la partition, culminant au Molto ritenuto, huit mesures avant la fin.

Malheureusement, l'entreprise est plombée par deux handicaps: une chanteuse pas vraiment à l'aise techniquement, en froid avec la justesse, et carrément en difficulté dans la progression chromatique du chiffre 5. Et surtout une prise de son de bric et de broc, donnant à l'ensemble l'allure d'un patchwork enregistré avec des micros placés à plusieurs endroits voire dans plusieurs salles différentes. Les raccords les plus flagrants sont aux chiffres 1, 3 et 4. L'ensemble reste singulièrement attachant.

2) Studio. Cet enregistrement vaut par la superbe prestation de la chanteuse, qui est bien la seule des quatre à respecter toutes les nuances écrites sur la partition. La voix est mise en avant par la prise de son. L'orchestre est d'un niveau bien supérieur au premier, mais la direction est lâche et négligée. La ligne mélodique est absente au point que les instrumentistes ne se gênent pas pour jouer carrément staccato, et l'ensemble manque cruellement de climat. De plus, la mise en place est loin d'être rigoureuse et les tempi se traînent ou s'animent artificiellement.

3) Studio. Quel orchestre! Vraiment le haut du panier, on le reconnaît sans peine. Les timbres sont somptueux, le hautbois-solo a un son délicieux. L'optique est résolument wagnérienne, les tempi très larges. L'indication "avec simplicité" écrite par Mahler a été délibérément ignorée. L'ensemble ne manque pas de grandeur, mais prend des libertés avec le texte, avec notamment un fâcheux ralentissement avant le chiffre 5.

La prise de son, avec des micros placés très loin, intègre délibérément la voix à l'orchestre: celle-ci est donc assez en retrait. Le timbre est un peu pauvre, avec un vibrato très large. La justesse n'est pas toujours au rendez-vous.

4) Il s'agit d'un live entaché par un bruit de fond assez important, avec toux de tuberculeux en prime. Là aussi, il y a des raccords et des petites erreurs, mais c'est moins gênant que dans le 1). L'orchestre n'est pas le plus beau qui soit: les timbres assez ingrats, notamment dans les cuivres, et les tziganeries du violon-solo permettent de le positionner facilement sur une carte. On est en présence d'une grande chanteuse, d'une voix wagnérienne, ample et riche, à la technique assurée. L'écueil de ces énormes voix étant que confrontées aux demi-teintes, elle font l'effet d'un porte-avions égaré dans le port de pêche de Pornic. Du coup, les pp indiqués dans la partition sont tout relatifs, mais on lui pardonne volontiers.

Ce qui frappe dans cette prise est l'osmose entre chef, chanteuse et musiciens: tout respire admirablement, on sent le chef constamment à l'écoute de la chanteuse, et même si cela se solde par quelques ralentissements, l'ensemble n'est jamais statique. La cohérence du discours et l'émotion sont bien présentes, et l'ensemble est extrêmement convaincant.

4 > 3 > 1 (à regret) > 2 (sans aucun regret).

B1

Prise de son qui souffle un peu, rien de grave. Quel tapis sonore des cordes dès le début... très prometteur et le charme est brisé par un T plosif un peu trop engagé...
Une entrée de la voix mal assurée sur le premier "Der", roulement des r claquant... (on part dans de mauvais termes cocotte !). Les cuivres sont dans les choux, trop mis en avant, et ça manque de douceur. Le tempo est précipité, et leurs attaques parfois abruptes.
Côté tempo, ça ne se calme pas dans la deuxième partie, y compris pour les cordes ! Ils ont un train à prendre ou quoi ?
Trop fort ! Trop rapide ! Rah ! Un violon solo pas à la hauteur, qui bêle plus qu'il ne chante. C'est bien acide tout ça.
Ah voilà qu'elle se rattrape avec un parfait "Ach nein" convaincu, sur un joli soutien orchestral. Hm, mis à part ça, il y a un envol fort réussi sur le "Ich bin von gott", avec des cordes bien senties, mi-tremplin et mi-réponse amoureuse au chant, pertinent et intelligent pour une fois. Mauvais équilibre général : l'émotion ne prend presque jamais le pas.
Bon, le tapis sonore final, plus beau encore que celui du début, clôture le mouvement, avec des graves à faire se fermer les yeux !

Résumé : Des cordes parfois au poil, mais un choix de tempi peu inspiré, manque de délicatesse général, et une version qui ressemble plus à une vinaigrette qu'à une mayonnaise.   


B2

Bon sang. Cette voix de contralto qui évoque les reflets cuivrés d'une Jessye Norman ! Quelle douceur maternelle. Pas grand chose de l'enfant qui découvre le paradis, mais tant pis.
Le chef dirige sans précipitation, orchestre in-identifiable pour ma part, mais très modeste, au service d'une voix très généreuse. Les cuivres se font un peu trop prétentieux (ils sont proches), la faute à une prise de son belle qui veut mettre en valeur. Le mouvement se déroule comme un ruban, un dialogue accordé entre l'orchestre et la voix. Très noble maîtrise des dynamiques, tout le long. Des frissons.

Chanteuse impeccable : A 1'30, ce changement de note sublime ! Idem à 1'40 ! Ca fourmille de contrastes pertinents, et brille par une implication sincère dans le texte.
A 2'05, le chef ne cède pas à la facilité d'une petite vague de sirop, pas d'envolée lyrique même si le thème le permettait. C'est osé, mais cette retenue est de bon goût.
L'entrée distante à 2:18 est aussi une petite merveille. Petit reproche au passage violon solo qui aurait mérité un peu plus de poésie.
Mais quel régal ! C'est d'une grâce permanente sans devenir prévisible.

Le "Ach Nein" marque une vraie rupture. Très réussi. Et ce "Ich bin von gott" qui annonce déjà les marches à grimper dans le dernier mouvement : on y respire avec l'orchestre (un peu violent), la tension est palpable, hors de question de toucher le sol à nouveau. Mahler écrit "sans trainer". Mais on ne "traine" pas dans un musée, en contemplation devant des oeuvres ! On avance au rythme de la sensibilité ; ici la vitesse calque au mieux le cheminement spirituel de la musique. C'est parfait pour décoller. On est pas dans une lenteur qui rattache à la terre comme chez Bernstein, façon locomotive à la peine en pente. Une lenteur jamais molle, qui dure comme on s'enivre dans le cou parfumé d'une femme.

Dernières mesures à 4:28, délicatesse enchanteresse, un amour incroyable dans la voix, et cet orchestre qui s'ét(r)eint de façon imperceptible.
Un respect religieux. On touche plus au divin qu'à l'humain !

Résumé : Une réussite totale. Coup de cœur, je manque d’épithètes pour dire tout le bien que j'en ai pensé.   


B3

Le retour à la réalité est rude. Oh non ! Qu'est ce que c'est que ces "poin poin poin" des cuivres ???   S'ils ont l'avantage de faire sortir des notes de l'harmonie qu'on n'entend pas partout, ils ont un côté garde républicaine, autant dire que ça ne sied pas à merveille au propos. Lenteur forcée ! Voix trop gutturale à mon goût. Il y a trop d'amertume dans ce chant !
Passage haut bois solo décevant, mais Premier violon tout en justesse.
Ouf. Ca va beaucoup BEAUCOUP mieux dans la deuxième partie. Piccolo parfaitement limpide et à sa place.
Le "Ich bin von Gott" est tout simplement dégueulasse, il m'a donné la nausée. Sauf que c'est pas le Finale de la Sixième, il y a donc un souci.
Oh non les roulement de percussions sont burlesques ! Ah... et j'aurais souhaité un traitement plus doux et lent du "wird mir ein Lichtchen geben". C'est superficiel tout ça.
L'articulation est précise, c'est le seul vrai point positif... Oh la la, ce n'est pas vraiment habité ! Et qu'est ce que c'est que cette percée des contrebasses trop forte, hors de propos à la toute fin ! Bien lourdaud.

Résumé : Première partie : Ah non hein ! Berk, berk, berk !    Deuxième partie : Mwoui bon. Du bon, du moins bon, jambon.


B4

C'est chanté peut être un peu fort, sur un tempo allant. Ce n'est pas déplaisant du tout au premier abord. Enfin des cuivres à leur place, qui ne viennent pas pouetter avec allégresse dans nos oreilles attentives ! Phrasé particulièrement doux, et au chant, des consommes d'une précision de tailleur de pierre, sans postillonner, merci madame.
Vraiment beaucoup de grâce. L'émotion atteint déjà un niveau avancé sur "Himmel sein", très touchant.
Peu de mots, je déguste. La seconde partie est encore plus belle. Tout est en place, sans lenteur. Seigneur, ce ralenti sur la fin de "Der liebe Gott wird mir ein Lichtchen geben" est une merveille. Et cette fin, avec ces traits de harpes qui viennent comme vous caresser le creux des reins... La part belle est donnée à la beauté naturelle de la voix, belle technique en sus, des musiciens intelligents et une direction inspirée.

Résumé : J'aurais bien dit une grosse claque mais ce serait biaiser ma tentative de vous expliquer combien cette version est douce. Un nuage de beauté.


Mon classement :

AH MON DIEU QUE C'EST DUR DE DÉPARTAGER B2 ET B4 !   
Deux versions largement au-dessus des deux autres, très différentes pourtant. J'ai envie de mettre B2 en premier juste pour la surprise, parce qu'elle ne ressemble vraiment à aucune autre version. Mais dans mon cœur et ma sensibilité, ces deux versions sont à égalité.

B2
B4
B1
B3

n'était visiblement pas le groupe de la mort !   

Version F1 : Version de bonne tenue, très fidèle à la partition, ni le chef ni la soliste ne tentant de naviguer dans les eaux troubles des rubat(issim)o. De fait, le tempo est relativement rapide, et ne fléchit pas au cours du mouvement ; en quelques endroits, c'est regrettable, les harmonies se sont à peine résolues que la phrase suivante s'amorce déjà, si bien que les conclusions semblent souvent avortées. Cette battue va de pair avec une articulation très claire, tant à l'orchestre que chez la soliste. Je ne trouve pas cette dernière entièrement convaincante ; si la prosodie est soignée - et cela profite au texte, parfaitement intelligible, loin des Ouuuuuuu-iiiiiiiii-t ! de certaines versions -, l'intensité manque dans cette voix de papier glacé. Plus exactement, je dirai que ses ressources dramatiques s'étiolent trop rapidement. La soliste cherche alors un expédient avec une diction volontariste, malheureusement bien éloignée de la signification même du texte. Et le constat va en s'empirant : le début impressionne par sa netteté et sa probité - mais plus le mouvement avance, plus les fins de phrase deviennent statiques, et les progressions, mécaniques.
Manque de conviction à déplorer du côté de la soliste - et du côté de l'orchestre, quel manque d'impact ! D'une part, le chef privilégie les lignes mélodiques - et je ne goûte pas assez les harmonies, cela manque de basses ; d'autre part, son refus de s'alanguir entre les différents épisodes contribue à lisser le tout, les atmosphères se succèdent sans différenciation marquante. Ainsi, on on flotte entre deux eaux pendant tout le mouvement, malgré des qualités évidentes de mise en place et de fidélité à la partition (au premier degré seulement - il manque la fidélité à l'esprit…). La délicatesse n'est qu'un premier pas vers l'extase !

Version F2 : Il m'a fallu coller l'oreille contre mes enceintes - mais cette version en valait certainement l'exercice. L'orchestre est vraiment mis en retrait par une prise de son extrêmement flatteuse pour la soliste ; les échos les fanfares, comme issues d'un rêve, s'élèvent à peine. Cependant, le tempo très mesuré adopté permet à l'oreille de tout distinguer - et particulièrement les harmonies magnifique de l'écriture de Mahler, que le chef a soin d'appuyer avec intelligence. Le prix à payer est une grande liberté rythmique, afin que les sons puissent se résoudre jusqu'au silence, avant que la prochaine phrase n'inaugure une autre ambiance.
La soliste fait des merveilles. Quel phrasé ! De grandes arches, si intelligemment ornées par les interventions de l'orchestre, une ligne ininterrompue. Et surtout, une progression magnifique qui suit le texte. On pourra reprocher à la soliste de vouloir goûter chaque accord, de garnir de son timbre charnu chaque syllabe - mais c'est précisément cette façon de chanter, combinée à une maîtrise de la ligne, qui suspend ainsi le temps. Au prix, certes, d'une prosodie totalement disloquée et de quelques glissandos d'allure douteuse, mais ces interprètes ont compris l'essentiel.

Version F3 : De la volupté et du luxe. Les moyens à disposition sont impressionnants : l'orchestre est très beau, il n'est pas mis en retrait ; ce grand tapis de cordes donne une trame de fond continuelle au mouvement ; les moyens vocaux de la soliste ne font aucun doute. Une version luxueuse, sertie d'harmonies plantureuses et drapée dans le velours des cordes.
Deux objections, toutefois. La première réside dans le vibrato omniprésent de la soliste. C'est si envahissant qu'on finit par n'entendre que lui - d'autant plus que la soliste est moins adeptes de grandes phrases que de nombreuses inflexions ponctuelles - de petites trouvailles - qui hachent sa partie. Plus important, cependant : la beauté de cette version me paraît artificielle. La progression y est inexistante, parce que les interprètes jouent cartes sur tables dès les premières mesures - le timbre de la soliste, les couleurs et la force de l'orchestre, les manières. Plus grave encore, l'intensité du texte est détournée de manière nombrilisme, les interprètes se regardent jouer dans cette débauche de moyens trop chargée d'intentions pour être fervente. Au final, c'est magnifique, mais surtout agaçant car trop théâtral (pseudo-wagnérien suis-je tenté d'écrire).

Version F4 : Les interprètes trouvent un juste milieu entre la volupté et la qualité de la narration. Bien que l'orchestre possède de gros moyens, il se place en retrait pour suivre la soliste, qui porte le mouvement à bout de bras. Ici encore, c'est très luxueux, jusqu'à la préciosité (le solo de violon).
Mon reproche sera sensiblement semblable à celui que je portais à la version précédente (dans une moindre mesure cependant) : c'est presque trop beau, et ce depuis la première note. La progression en souffre, les ressources étant dépensées trop rapidement ; les moyens de s'impliquer encore plus, au cours du mouvement, sont déjà dépensés ! Le climax est donc maniéré (étrange ralenti), on a de la peine à y croire. Ici aussi, on se focalise trop sur la beauté du mouvement - alors que la résurrection arrive juste après !

Classement :
La version F2 en tête, étant la seule à amener une vraie progression au cours du mouvement. Derrière, la version F4, qui se distingue de F3 par sa magnifique soliste et des maniérismes moins agaçants. Enfin, je classe la version F1 bonne dernière, sa probité ne pouvant rivaliser ni avec la magie de F2, ni avec les visions voluptueuses et théâtrales des F4 et F3.
1. F2
2. F4
3. F3
4. F1

Ce sont les hasards du tirage au sort, ça. Et pourtant ce sont 4 versions dont les qualités sont indéniables et qui toutes les quatre m'ont été expressément demandées (je n'ai pas accédé à toutes les demandes mais à l'écoute elles étaient assez légitimes).

Version 1 :

Cette interprétation est désavantagée par une prise de son peu accommodante : les défauts de cette versions se voient alors extrêmement mis en avant.
On commence donc par un des accords très bien tenus. Un très beau tapis de cordes qui permet à la voix de s'élever très confortablement.
S'en suit le fameux choral de cuivres et bois graves (4 cors, 3 trompettes, 1 basson et 1 contrebasson). La première écoute m'avait laissé un sentiment assez mitigé : j'avais l'impression que tout cela pressait. Conduit par un tempo plus rapide que la norme actuelle. Mais à la réécoute, tout cela se tient en fait : il y a une ligne directrice bien évident qui se dégage de ce choral. Peut être un peu trop : n'oublions pas qu'il s'agit d'un procédé que l'on ne retrouve presque pas sinon pas du tout dans le reste de la symphonie. Il manque donc peut être ce sentiment d'intemporalité liée à une sorte d'extase face à la découverte... Ce choral est trop sûr de lui, pas assez émerveillé (les cuivres ne sont d'ailleurs pas très justes). Bref.
Chose amusante : la chanteuse a un problème de mémoire et inverse les strophes "Der Mensch liegt in größter Not!" avec "Der Mensch liegt in größter Pein!"    Chose impardonnable en est-il   
L'orchestre n'est pas en symbiose (live ? cela expliquerait ces problèmes) et l'entrée des nouveaux instruments est souvent trop marquée : le solo de hautbois par exemple sort d'un seul coup sans émaner de la patte sonore des cordes. La patte générale est pas assez fondue. Vient ensuite le problème de la voix. (je tient à préciser que tout cela est relatif : dans le cadre d'une écoute comparée, ces défauts sont impardonnable pour être qualifiée. Sinon, dans le cadre d'un enregistrement pris seul, ceci peut être pardonnable pris dans l'écoute globale de la symphonie.)
La voix en effet souffre de la comparaison avec les autres version du groupe B. La voix de la soliste est en effet trop légère et trop aigu pour le rôle que tient cette intervention dans la symphonie.
Le vibrato et lui aussi un peu maniéré. S'en suit un sentiment de manque de noblesse dans son interprétation. Son intervention est pontuée par un solo de hautbois un peut poussif et un peu trop marcato, pas assez détendu. Malgré tout ceci, il y a une atmosphère étrange qui se dégage de cette première partie. Il y a une tension palpable. Mais cela ne convainc pas dans l'optique de l'Urlicht idéal.
Deuxième partie, guère mieux souffre de la justesse approximative des vents (clarinettes   ) et cordes. Le tempo moins statique confère pourtant une fluidité bien venue. On sent la chanteuse (mezzo ? cela expliquerai les graves un peu sourds) un peu poussive dans la progression de "ich bin von Gott" à "der liebe Gott". La fin est reste fidèle à ce qui a été dis précédemment.
Le "Selig Leben" de la fin assez affreux, pas pp, pas dans la résonance de la voix, c'est trop démonstratif, le tout est conclu par une ponctuation à la harpe qui est fausse (et oui! c'est souvent comme ça, les harpes sont les instruments qui prennent le plus de temps à accorder (du coup les harpistes sont les premiers à s'installer sur le plateau (avec les anches doubles)), et en même temps ce qui jouent faux pendant tout le concert comme c'est injuste la vie...)
Version intéressante qui souffre de la mise en place, (des aléas du live ?) et des interprètes plus ou moins convainquants

Version 2 :

On vient de traverser un ravin, une vallée, une montagne   . C'est tout bonnement hallucinant.
Prise de son très différente, bien plus profonde. Tempo plus large que la Version 1.
La première chose qui bouleverse c'est la voix à tomber sur les genoux. Voix très profonde, vrai voix de contralto visiblement (mais après je peut toujours me tromper). On est à la limite du chuchotement (un "t" magnifiquement aspiré). Ça vous prend par la gorge ! C'est quasiment rien mais tellement maîtrisé que c'est bluffant.
Choral de cuivre méditatif à souhaits. (c'est normal que j'entende un contrebasson dès le début du choral ? Sur ma partition, il ne fait que conclure... Nouvelle édition ?)
Atmosphère très très bien tenue à partir de "Der Mensch liegt in grösster..ect". Tout y est c'est impressionnant. Légère déception : le solo de hautbois très dépouillé manque un peu de vibrato...
Le tapis sonore des cordes est impressionnant aussi : jamais statique, chaque note est vécue et pensée vers la suivante et la voix est tout simplement merveilleuse.
Avec la deuxième partie, le changement de climat est très bien amené. (Ahh... ces clarinettes   ) Tout est parfaitement dosé. Les minuscules bruissements des cordes en triolets est ahurissant
C'est d'une fluidité merveilleuse... Bon je ne vais pas m'attarder sur les détails. Les pizz. des contrebasses à "Ich bin von Gott" résonnent admirablement : décidément très bon prise de son !  
le "ein Lichtchen geben" est très bien amené : le rit. n’entraîne pas de baisse de tension. La fin en pp donne des frissons...   
Premier choc de l'écoute comparée donc

Version 3 :

On tombe de haut : on retrouve une voix pas assez profonde. Mais si seulement c'était le seul défaut... (mezzo encore ?)
Tout de suite s’enchaîne un choral trivial et agaçant. A t'on jamais entendu pareil vibrato aux trompettes ?!!  
Perso, je n'ai pu prendre au sérieux cette version qu'après l'avoir écouté en coupant le choral.
Après cette démarche faite, il y a plein de très bonnes intentions. A l'opposé de la 2, le solo de hautbois est trop prononcé (marcato et hors atmosphère à souhaits) pas assez recueilli...
Les accords des cordes sont plus statiques que dans la version 2 mais la voix peut se déployer (et déployer son vibrato qui n'est pas à mon gout et sa justesse parfois piquante...)
Les trompettes se sont un peu calmées et rentrent mieux dans le discours. Les plans sonores sont biens mis en valeurs même si tout semble bien s'imbriquer dans un moule commun.
Deuxième partie avec de très belles couleurs. Notamment un arpège de harpe magique sur "Da kam ein Engelein" (je sais pas pourquoi mais il me fait fondre) mais les clarinettes sont plus aigres que dans la version 2
A "Ich bin von Gott", le tempo ne monte pas, au contraire, il s'élargie progressivement ce qui ouvre un très bel éclairage sur ce passage, perso, j'aime beaucoup. Ich bin von Gott très bien chanté, pris plus piano.
Version inégale

Version 4 :

LE MEILLEUR SOLO DE HAUTBOIS DU GROUPE !!! (en tant que hautboïste, ce passage me tient très à cœur)
Sans avoir la profondeur de la voix et le sens du vibrato de la version 2, la chanteuse habite très bien son texte
Le plus beau choral du groupe aussi. Un peu plus plat par contre dommage...
Le tempo n'est pas lent mais ne presse pas comme la version 1. De manière générale, la plastique de l'orchestre est supérieure à celle de la version 2 qui déjà était très très bien.
Les couleurs sont celles qui me plaisent le plus de ces 4 versions. Il ne manque que la chaleur de la chanteuse de la 2 et je serai comblé...
Magnifique "Himmel sein" tout en pp, mieux interprété que dans la 2 malgré la voix magnifique de ... .
Au niveau de la tension, il y a une coupure d’intention entre "Lichtchen" et "geben", la conduite est plus hachurée que le geste continu de la 2...


Bref tout cela pour dire entre 2 et 4, mon coeur balance...

Mon classement serait : 4>2>>3>1

Déjà, il s'agit de 4 belles versions. Aucune ne m'a provoqué un rejet quelconque mais il y a ça-et-là des choses qui me plaisent et d'autres qui me plaisent
moins.
J'ajoute que j'ai du mal à juger en profondeur une voix et surtout celle d'une femme et que du coup je n'ai reconnu aucune version. Mon écoute de cet Urlicht est donc totalement vierge!
A1
C'est pas la meilleure prise de son au monde, mais bon ...
Cela ne m'empêche pas d'aimer cette version!
Déjà, ça ne traine pas, ce qui est une belle qualité. Ça avance bien et j'admire les enchainements.
Les cuivres ont un peu de mal au début, ça manque un tantinet d'homogénéité mais ce n'est franchement pas rédhibitoire (surtout la justesse est présente ce qui est appréciable) d'autant que par la suite, l'orchestre et y compris les cuivres font preuve d'une grande poésie. Personnellement, je trouve ça bouleversant.
La deuxième partie a un charme fou notamment dans le passage plutôt heureux en La Majeur (NO.4 "Da kam ein Engelein") où il y a une véritable osmose entre chanteuse et orchestre   
Finalement il y a une sorte de sentiment d'évidence en écoutant cette version. On ne se pose plus de question. Il y a assurément des Urlicht tout aussi voire encore plus magnifiques mais celui ci m'a convaincu.
A2
Même si la prise de son la met bien en valeur, quelle chanteuse !!!
Les indications dynamiques de Mahler ne sont certes pas toutes respectées à la lettre mais c'est à une véritables bénédiction que l'on assiste là.
Et du coup Urlicht prend tout son sens tant la chanteuse est ici lumineuse.
J'ai craint au début que l'orchestre ne soit prosaïque mais en fait non. Il délivre de belles couleurs et les solistes participent d'une impression de pureté qui à la fois m'impressionne car c'est une pureté immédiate, qui est comme un jaillissement (ce qui est un peu inattendu dans ce mouvement d'ailleurs) mais qui aussi me touche.
A3
  J'aime sans limites
C'est plus lent que les deux premières mais les interprètes ont bien vu le "nicht schleppen" au début.
Et puis c'est magnifique! Alors pour résumer, on a des détails instrumentaux, une chanteuse qui a une large gamme de nuances et qui est en phase avec le message de ce Lied, un orchestre poétique qui emmène l'enfant imaginé par Mahler au paradis, un sentiment de plénitude ...
La fin m'a fait définitivement emmener au Septième Ciel!
Je précise aussi qu'il s'agit d'un live, on entend quelques bruits de public parfois. J'aurais bien aimé être dans la salle ce jour-là pour le coup.
A4
En comparaison avec les précédentes, je trouve que cette version A4 manque de quelque chose. Ce n'est pas que ça soit mauvais ou indigne, mais il manque cette évidence que j'ai pu avoir avant.
Le début traine un peu je trouve. Heureusement cela est compensé par la beauté de l'orchestre et la grande homogénéité des cuivres dans le choral introductif.
La voix en elle-même est plutôt belle mais il y a moins de couleurs, moins d'aisance et je n'ai pas l'impression d'entendre quelque chose de lumineux qui viendrait du paradis. Pour moi on est davantage dans "O Mensch" que dans Urlicht. L'accent est plutôt mit sur la souffrance de l'humanité alors qu'on parle aussi ici de "vie éternelle et bénie".
Ce sont des détails mais après plusieurs écoutes je me rends vraiment compte que cette version m'attire moins.

Pas facile tout de même   ...
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4. A4