Écoute comparée: Mahler, 2e symphonie ÉCOUTE ANNULÉE

B1 -
Cette version, plus rapide qu’elle n’en a l’air, me laisse assez stoïque. Oui, c’est bien en place et dans le ton ; les interprètes sont solides. Le son réverbéré a tendance à faire un peu soupe sonore, mais avec des ingrédients de qualité ; il n’empêche que si c’est fluide, ça manque toutefois d’arrêtes et de partis pris.
Le chant ne me fait pas rêver, c’est sans passion ou engagement particulier. On fait juste le job de façon constamment égale.
Bref, une version qui ne m’inspire pas grand-chose.

B2 –
Le lieder avec grand orchestre par excellence.
Le chant est engagé et sensible, quoique qu’un peu calculé là encore ; et il mène la danse. L’accompagnement est de grande classe, attentif à la syllabe près, aux micro-détails d’intonations du chant. Oui mais voilà, on aimerait que ce monde sonore là vive aussi par lui-même, et ne reste pas éternellement pendu à la moindre inflexion de la chanteuse. Car si l’orchestre est imposant, détaillé, luxueux, incontestablement dans le ton … ce n’est qu’un esclave servile ; et l’on y perd sans doute une part du souffle.
Mais incontestablement une grande version de studio, d’interprètes de premier ordre ; et ça fonctionne presque à plein.

On dirai Gielen/SWR en un peu moins bien (un poil moins de souffle), le son est proche, la voix est très proche.

B3-
La comparaison avec B2 est cruelle, l’orchestre et prise de son sont bien loin (et certain solo bien bof) ; tout comme la voix plus rude, moins profonde, très oubliable.
Et plutôt que de jouer sur la fluidité, on est plutôt lent, on s’encrasse, même si le deux dernière minutes regagnent en efficacité.
Bref, une version très oubliable.

B4-
Version de grande poésie, toute en finesse et en fluidité, avec un chant très intéressant et des solo superbes (hautbois !!).
Je m’incline et ne peux résumer la chose qu’en ces termes B4(Poésie, structure, élan) > B2, mais B2 (technique, son, solidité à toute épreuve) > B4

Voici donc mon classement :
1- B2 / B4 sur la même marche
2- B1 (d’un cheveu)
3- B3

En tout cas je suis bien content de lire que le groupe A n'est pas facile, j'ai également du mal à faire mon choix.

voix magnifique ! Timbre de contralto profond et superbe qui me transporte. J'ai eu des frissons (et oui, désolée, pas musicienne, c'est mon corps qui parle quand j'écoute de la musique)

orchestre pas généreux, un peu métallique. Sans doute vibrato trop serrés. Hautbois pas beau, il ne sonne pas ; juste après « im Himmel sein », on n'y croit pas.
De manière générale, je n'aime pas cet orchestre.
Il a l'air loin par rapport à la chanteuse : peut-être enregistrement public.
Je dirais vieille version du fait du crachotti de l'enregistrement.
Peut-être que le parti pris du chef d'orchestre est de mettre en valeur la voix. Bof. Argument qui ne tient pas car je pense qu'on tient là une pointure.

voix qui a beaucoup de mal par rapport à la première, les phrases sont souvent coupées, par exemple, la répétition du 4°vers ( Je lieber möcht' ich im Himmel sein.) et puis un truc pas beau du tout, sur « Lichtchen ». Beurk. Elle en fait trop dans l'articulation, on a l'impression qu'elle vomit à chaque roulement de « r ».
Soit elle est très vieille, soit c'est une chanteuse qui ne devrait pas chanter du Mahler, ou pas chanter du tout.
Tempo trop lent, à l'entrée des cuivres, on a l'impression qu'ils sont poussifs.
Hautbois, à la fin du 4°vers est plus joli, que dans G1.
J'ai vraiment eu envie tout le long de l'écoute de tirer les instrumentistes pour qu'ils jouent un peu plus vite. Ça se traîne trop !

agréable à l'écoute car les tempi me vont mieux.
Ce n'est toutefois pas une version que j'aimerai avoir, je n'ai pas été transportée dans les cieux « im Himmel sein », par la chanteuse et le hautbois.
Chanteuse scolaire, elle fait le boulot mais rien de plus.
L'orchestre est meilleur que les deux précédents.
Version honnête. C'est bien mais pas top !

Orchestre magnifique ! Quels cuivres ! Hautbois superbe.
J'ai eu des frissons avec cet orchestre.
Tempo bon pour moi.
Version enregistrée en public.
Belle voix de mezzo mais avec du souffle, de l'air. Un léger accent qui me fait penser qu'elle doit être américaine ou anglaise, chante un peu dans le nez quelquefois. Comme la première, maîtrise bien le legato des phrases. Très bon niveau mais voix qui ne me transporte pas.
Ça existe une version avec l'orchestre et le chef G4 et la voix de G1 ?

1 - G1
2 - G4
3 - G3
4 - G2

Prise de son assez sèche : réverbération courte, pas de plans sonores. Fanfare pas très belle mais tempo giusto. La soliste est horrible. C'est triste à dire mais c'est comme ça : son vibrato est tout simplement impossible !
C'est dommage parce qu'on sent quand même que le chef a un vrai projet : ça avance bien et les phrases sont bien conduites. Il y a quand quelques étrangetés : pourquoi le hautbois appuie-t-il toutes ses notes ? Pourquoi la flûte est-elle aussi fausse ?

Bonne prise de son, avec beaucoup d'air et une belle couleur d'ensemble.
Un premier «O» étrange, indéfinissable. Et puis, en trois notes, on découvre une voix sombre et chaleureuse, presque maternelle. La fanfare est bien conduite et bien articulée. La suite de la première partie est exemplaire. La soliste est décidément magnifique, avec des moyens techniques exceptionnels (le contrôle du vibrato est époustouflant!)
La deuxième partie commence bien (bon tempo, bel équilibre instrumental). Bon, le piccolo est faux : dommage, on frisait la perfection. La fin est juste sublime avec un «leben» crépusculaire.

Prise de son correcte, avec peut-être un léger déficit dans le grave.
Après les deux versions précédentes, forcément, on trouve ça lent. On entend du vibrato dans la fanfare, ce qui devient rare de nos jours. On ne parlera pas de la justesse, qui est approximative presque partout. Solo de hautbois sans aucun charme. Début de la deuxième partie : là encore, vibrato dans les notes tenues, sous le motif à la clarinette. Étrange.
Et la soliste dans tout ça ? Eh bien, si elle est plus élégante que celle de la version B1, elle n'en demeure pas moins bien prosaïque et sans réel charme. Je ne suis pas germaniste mais je trouve ses voyelles étranges (notamment «gott»).
Soyons juste, la mayonnaise prend dans la deuxième partie : le chef emporte le tout dans un grand élan ; ça marche plutôt bien.

Version luxueuse au niveau de la captation (en studio). La balance est très très étudiée : chaque solo ressort admirablement et la chanteuse est bien intégrée à la masse orchestrale. Le tout baigne dans une réverbération bien dosée. Le pied !
On sent que les trois premiers accords ont été travaillés car l'effet est saisissant. On est tout de suite face à une version qui va nous raconter quelque chose ! La fanfare est placée en coulisse. Pourquoi pas. Sauf qu'on n'entend pas sa deuxième intervention, du coup. La chanteuse est très bien, stylistiquement proche de celle de B2 mais avec des moyens inférieurs.
Tous les soli instrumentaux sont traités avec beaucoup de poésie (merveilleux violon !). On regrette que la soliste ait un tel vibrato à la fin : le tapis de cordes est sublime.

Dans ce groupe, il y a vraiment deux versions très au-dessus des autres : B2 et B4. La version B2 est plus belle, objectivement, mais c'est surtout grâce à la soliste. La version B4 est encore meilleure du point de vue instrumental (et de la prise de son). Je les mets à égalité. La version B3 est sauvée de la dernière place grâce à sa deuxième partie bien conduite. Et la B1 mérite bien sa dernière place.
B2=B4>B3>B1

Beaucoup de souffle (enregistrement relativement ancien). Le son manque un peu d'aigus. On sent que la soliste se retient beaucoup et détimbre pour aboutir à des nuances pianissimi. Du coup, ça donne un effet un peu artificiel. Dans la deuxième partie, elle se «lâche» un peu et on découvre une voix magnifique (contralto ?). Peut-être un peu trop «grosse» pour le rôle mais ça se discute.
Les tempi sont vifs. L'orchestre est bon, les solistes instrumentaux sont beaux et la mise en place est impeccable.

Version assez récente si on en juge à la qualité de la prise de son. La voix est superbe, très ronde, avec un vibrato serré. Quel dommage qu'elle ne soigne pas un peu plus ses attaques (souvent par dessous).
J'ai l'impression que le troisième accord est faux. Ensuite la fanfare traîne un peu ; c'est lent et contemplatif. On sent un chef très attentif au fondu instrumental et qui se fait discret derrière la soliste vocale.
La deuxième partie est aussi trop lente à mon goût. Le solo de violon est un peu faux. Passons. À partir de «ach nein», ça s'agite de façon un peu hystérique. Mais le pire, c'est ce que fait la soliste sur le mot Lichtchen ! Mahler doit se retourner dans sa tombe.

Belle prise de son : on a enfin une bonne intégration de la soliste dans l'orchestre.
Et quelle soliste ! Une mezzo magnifique, proche du texte sans en faire des tonnes (diminuendo sublime sur le mot «Pein»). C'est la meilleure du groupe G. La fin est vraiment émouvante.
En plus, les tempi fonctionnent vraiment très bien et la fanfare ne traîne pas. Superbe solo de violon.
Version exemplaire pour moi, sur tous les plans, supérieure à tout ce que j'ai entendu jusqu'à présent (groupes C, E et F).

Le premier son est étrange (sorte de résonance de tôle métallique). A priori, ça sonne comme un concert. Par exemple, la soliste se déplace dans l'image stéréophonique (un coup à gauche, un coup à droite, un coup au centre).
On a une soliste très «exotique» dans sa technique et dans son articulation. (C'est moi ou elle dit «rotch» à la place de «rot» ?). C'est assez maniéré. Par exemple, elle attaque ses notes tout droit et elle vibre ensuite (surtout dans la première partie). Une fois, pourquoi pas ; mais quand c'est systématique, on perd la ligne. L'orchestre aussi fait des effets (les glissandi au violon, très en avant). Bon d'accord, les cordes sont très belles et le solo de hautbois est magnifique, le solo de flûte (piccolo) est très beau aussi (et on l'entend bien), mais c'est à peu près tout. Au final, tout ça manque un peu de recueillement et surtout de modestie.

Bon, pour la première place, c'est facile. Par contre, pour la dernière place, la compétition est rude. Je laisse les autres trancher.  
G3>G1>G2=G4

Déjà 4 votes dans le groupe B. Et clairement, ça va se jouer entre B1 et B3 pour l'élimination. Deux grandes versions, relativement pionnières, et toutes deux caractérisées par la tension, l'énergie de chaque instant. Serait-ce ce qui déplaît ?

la soliste de la version B1 peut provoquer son élimination. Alors qu'elle ne chante dans aucun des 3 premiers mouvements.

La version B2 est par exemple effectivement exceptionnelle. Et la B3 un peu trop atypique pour être une candidate sérieuse au couronnement final...

A1 - Bien que la prise de son "live" soit ancienne, l'ensemble reste bien défini et très écoutable. Le chant, un peu monocorde (les "Ich bin von Gott (...)") est pour autant agréable à l'oreille, et donne surtout une interprétation toute en retenue et en sobriété, qui sied bien à ce mouvement. L'orchestre offre une très belle sonorité, on note quelques imperfections mineurs. Les tempos (tempi ?) me semblent tout à fait convenables. Bien que dans les détails elle me paraissent moins propre que A3 et A4, j'y trouve une cohérence globale et une sincérité qui me plaisent bien.

A2 - Mouais. L'orchestre n'est pas en place avec quelques beaux ratés (accord à 0:44, début du "Da Kam" dans les choux à 2:06, le son trop haut perché du hautbois, seul le violon solo m'apparait au-dessus du lot). Mais surtout la contralto, bien que me paraissant à l'aise techniquement et disposant d'un timbre aéré, pousse l'intensité bien au-delà que ce que j'aurais aimé entendre. Elle est impérieuse là où je l'aurais souhaitée intimidée. Et quelle emphase dans la quatrième partie ! Une Valkyrie ! Pour moi c'est raté dans l'exécution et hors-sujet dans l'interprétation. J'aurais été beaucoup plus indulgent si elle n'avait pas dépassé son "p" du début du mouvement qui démarrait pourtant bien :snif:

A3 - L'orchestre a une belle sonorité, le solo de hautbois me plait à l'inverse du premier violon. Les flûtes sont belles mais je regrette de trop les entendre dans le second "Da kam...", donnant au passage un côté bucolique qui me rappelle les vertes prairies de la petite Heidi. La contralto me parait plutôt à l'aise, et donne une interprétation agréable, quoi que sa voix soit légèrement aggressive et quelque peu monocorde (encore une fois les "Ich bin von Gott (...)"). Enfin, en plus du tempo trop lent à mon goût, l'orchestre et la chanteuse ne me paraissent pas homogènes, en particulier un décalage étrange entre les deux sur les "Ach nein !". Je n'aime pas énormément mais ça reste écoutable.

A4 - Une belle version, sobre, qui aurait pu passer devant A1 si je l'avais entendue plus habitée. L'orchestre est excellent, j'apprécie en particulier les vents bien en retrait sur la première partie. L'entrée de la clarinette à 2:51 est superbe, ainsi que le premier violon (beau vibrato). Malgré un démarrage délicat sur la première syllabe, la contralto propose une belle interprétation, assez douce, le (p)iano est bien respecté me semble-t-il. Une retenue qui malheureusement ne court pas jusqu'à la dernière partie où l'ensemble monte trop en intensité et finit par écraser les sensations apportées par le début. Dommage, mais cela reste une belle version.

La A1 et la A4 sont assez proches. Quelques petites imperfections sur la A3. Et la A2, alors là je n'aime pas du tout. Je m'étonne presque de mon choix de A1 car j'ai en général un mauvais a priori (auditif) sur les anciens enregistrements. Comme quoi on apprend sur soi tous les jours, et comme quoi elle a vraiment quelque chose de plus !

A1 > A4 > A3 > A2

Enregistrement de concert. La soliste est prise avec un peu d'air. Ça manque un peu de définition mais ça sonne plutôt naturellement. La petite fanfare sonne comme un choral de Bach. On aurait aimé qu'elle soit un peu plus en retrait.
La soliste a une solide voix d'alto, bien timbrée avec un vibrato pas trop imposant (c'est souvent le problème avec ce type de voix). Elle se permet quelques coquetteries (beaucoup de rubato, des soufflets, des points d'orgue très longs) mais c'est fait avec beaucoup de métier.
La deuxième partie est vraiment bonne. On remarque le magnifique solo de violon.
L'ensemble est vraiment honnête (voire très bon).

Prise de son très éthérée : tout est perdu dans une réverbération immense. Tout manque de définition, de contour. Et la soliste est mise très nettement au premier plan. Bon.
D'emblée on est saisi par le chevrotement vibrato de la soliste. La fanfare est prise très droite. Tout est très lent (trop ?), très ample. J'ai énormément de mal à rentrer là-dedans. Allez, n'ayons pas peur de le dire : c'est un peu kitsch.

Version ancienne, prise en concert. Beaucoup de souffle. Peu d'aigus.
On pourrait dire beaucoup de choses rien que sur la fanfare initiale. D'abord, c'est très lent. Mahler écrit «Nicht schleppen», là ça n'est pas le cas. Ensuite, on entend pour la première fois de nets accents à la mesure 6 (2ème trompette). Enfin, ils font un léger crescendo à la mesure 12 (alors que Mahler écrit pp). Bref, on a affaire à un chef qui a décidé de ne pas prendre les indications de Mahler au pied de la lettre. Le ton est donné !
La soliste est un peu exotique elle aussi. Son «rot» est raté (ça commence mal). Ensuite, elle marche sur des œufs, se forçant à ne pas trop faire de bruit et à ne pas trop vibrer. On sent cependant un énorme potentiel et le timbre est magnifique. Dans la deuxième partie, on découvre un recours un peu étrange à la voix de poitrine. Les «ach nein» sont très convaincants mais le «leben» final nous laisse sur notre fin. On a vraiment l'impression d'être passé pas loin de quelque chose d'exceptionnel. Mais...
Et à la toute fin, dernière facétie du chef, le pupitre d'alti est mis en avant pour faire entendre une voix intérieure. Soit.
Ceci étant dit, si on remarque autant de petits détails (et de petits ou gros défauts), c'est que cette version détonne complètement. Du coup, on écoute tout avec beaucoup d'intérêt, ce qui est déjà une bonne chose. J'imagine que ce jour-là, dans l'assistance, ça devait être un grand moment. Mais pour nous, auditeur du XXIème siècle, tout ça est plus attendrissant qu'émouvant.

Tiens ! Encore une version ancienne (avec beaucoup de souffle encore). Mais cette fois-ci, c'est enregistré en studio. Et d'ailleurs la comparaison avec la version précédente s'arrête là.
Vous l'avez compris si vous m'avez lu (mais suis-je lu ?...), je suis très sensible au rendu sonore d'un enregistrement. Et là, c'est plutôt un point faible. Et pourtant...
Pourtant, c'est sublime de bout en bout !
D'abord, je crois qu'on tient ici des tempis idéaux. C'est rapide mais ça coule naturellement. On perçoit pour la première fois le caractère pastoral de la deuxième partie.
Ensuite, il y a une soliste exceptionnelle. C'est sans effet, sans chichi. C'est continuellement phrasé et ça avance en permanence. On a un sentiment de grande évidence en écoutant ça.
Enfin, il y a une mise place impressionnante. On sent une immense baguette derrière tout ça.

Pas d'ex-aequo cette fois-ci. Heureusement que H4 arrive à la fin : elle aurait complètement écrasé les autres.
H4>H1>H3>H2

1) E1 et E2 ex aequo, impossibles à départager   , la première pour la douceur irréelle et les sublimes demi-teintes de la chanteuse, la seconde pour sa beauté marmoréenne, ses tempi très larges où le temps semble se dilater à l'infini (je ne parle pas de la chanteuse car tout le monde l'aura reconnue   )

2) E4: douceur ici aussi, mais plutôt la douceur des Chants et Danses de la Mort, lorsque la Mort berce un enfant ou endort un paysan couché dans la neige. Mais la deuxième partie s'enlise fâcheusement.

3) E3: l'ensemble baigne dans une torpeur saturnienne. Les tempi se traînent, et la chanteuse a l'air de chanter en néerlandais. Je crois que je me suis carrément endormie.

=> E1-E2 > E4 > E3

version 1 : j'aime bien l'orchestre globalement, pas parfait mais c'est joli, tempo qui me convient parfaitement, voix de contralto intéressante avec quelque chose de touchante, diction un peu perfectible en revanche

version 2 : + lourd niveau direction orchestrale, pesant, on entend mieux le texte qu'avec la précédente chanteuse mais elle est anti-naturelle au possible, je ne suis par ailleurs pas spécialement sensible à son timbre de voix

version 3 : un démarrage trop violent pour les attaques de l'orchestre au début après "Urlicht". Quelque chose de reconnaissable dans la voix de la chanteuse m'a poussé à faire une recherche et je pense avoir reconnu Charlotte Hellekant. Elle fait les choses très honnêtement. Version moins intéressante que la première mais préférable à la deuxième.

version 4 : version la plus rapide, ce qui ne me plaît pas du tout, lied interprété sans raffinement par la chanteuse, timbre auquel je ne suis pas particulièrement sensible, des sons moches, on dirait une mégère.

1. G1
2. G3
3. G2
4. G4

Avec déjà 4 votes dans ce groupe, on voit s'affirmer une césure avec B2 et B4 en tête, et B1 et B3 à la lutte pour ne pas être éliminés. Deux versions tendues mais certes un peu atypiques. Si elles sont toutes deux décrochées, je me réserve d'ailleurs la possibilité de leur dire à toutes deux au revoir dès ce premier tour...

Ça peut arriver, les versions viennent selon les votants jusqu'ici dans leur ordre naturel, puisque le classement est pour le moment 1-2-3-4. Cela reste serré, mais E3 et E4 semblent devoir lutter pour se maintenir. Deux versions que j'aime beaucoup, dont une qui nous vient d'un mahlérien « naturel », grand chef dans ce répertoire, véritable et indestructible référence dans ce corpus symphonique. Indestructible, sauf peut-être par une écoute comparée...

Cette fois encore, deux versions sont à la lutte (G2 et G4), un peu décrochées. Rien n'est joué bien entendu... Mais tout de même, deux versions que d'aucuns auraient pu croire favorites, ou au moins outsiders sérieux, d'ailleurs plus connues et plus admirées peut-être que leurs rivales...

Je finis par me dire que si une majorité de groupe montre comme ces trois-là une césure avec deux versions bien mieux aimées que les deux autres, on va peut être directement passer de 32 à 16...

F1
Un peu de souffle dans la prise de son.
Même si le tempo est bien (ça ne traîne pas) ça reste quand même assez décevant au final je trouve.
Choral des cuivres -> prosaïque, ça ne respire pas beaucoup, il y’a un manque d’assise dans les basses mais cela vient de la prise de son sans aucun doute.
Entrée de la chanteuse nous fait souffler (merci les cordes aussi qui font un beau tapis sonore) sur « Der Mensch […] » mais très rapidement elle ne tient pas ses promesses. Elle disparaît sur les fins de phrase comme si de rien n’était, en terme d’expressivité on a vu mieux    Le premier « Himmel » avec l’octave sur Ré bémol est pas très propre et du coup elle est obligée d’accentuer le « mel », tout ça est bien dommage.
Le solo de violon n’est pas le plus beau que j’ai entendu il est même assez discriminant.
Il y’a presque un aspect ironique, satirique dans cette version (la sonorité des bois y participe, ça sonne vraiment Philharmonia des années 60 mais je me trompe sûrement) qui me fait dire que les musiciens avaient peut-être envie de prolonger un peu l’expérience du Scherzo   
Au final, tout cela n’exprime pas grand-chose.
F2
Cette version -au fur et à mesure que j’avançais dans l’écoute- m’a de plus en plus convaincu.
Il y’a déjà un contraste de tempo avec la version précédente. Ici c’est beaucoup plus lent.
L’indication de Mahler au sujet des bois dans le choral introductif est clairement prise au pied de la lettre. Les instruments sont mis en arrière-plan mais pourtant je ne trouve pas ça artificiel, il y’a un côté appel de la forêt très touchant qui nous fait tendre l’oreille. En plus c’est magnifiquement joué donc je ne boude pas mon plaisir   
Le solo de violon est très réussi, vraiment de toute beauté.
La chanteuse devient de plus en plus intéressante au fil de l’écoute et d’ailleurs j’ai l’impression qu’elle se découvre elle-même, elle devient plus subtile et arrive à faire de très belles nuances : « Ich bin von Gott » et « das ewig selig Leben » ont notamment retenu mon attention. La fin pianissimo mais bien présente quand même est non seulement réalisée comme Mahler le souhaitait (ce qu’on n’a pas entendu partout) mais aussi à l’image de cette lumière originelle qui n’est pas aveuglante mais plutôt rassurante.
Une version que je trouve poétique, très bien réalisée instrumentalement et vocalement avec presque un côté hédoniste mais cependant pas gênant du tout. Encore que hédoniste ne soit sûrement pas le mot approprié.
F3
Pas mal la prise de son, on entend beaucoup de choses.
Mais j’ai un peu de mal avec cette chanteuse. Le début (« Der Mensch […]) ne m’a franchement pas convaincu en partie à cause du vibrato et des consonnes mouillées (notamment le t) même si je dois admettre qu’il y’a quand même de beaux moments par la suite (et elle a bien négociée ses octaves).
J’ai dit à propos de F2 qu’on pouvait éventuellement entendre un côté hédoniste ; mais c’est en fait cette version qui est à mon avis davantage hédoniste. Et du coup ça devient un reproche : je trouve qu’ils en font trop, le solo de violon est à la limite du chichiteux (de plus : mesure 48, 49 il est trop fort alors que c’est pp).
C’est beau, surtout en ce qui concerne l’orchestre (le choral des cuivres procure quand même beaucoup de plaisir à l’audition) mais j’ai envie d’autre chose. Je ne peux pas dire que je sois ému en entendant cette version. De même, je ne perçois pas de ligne directrice. Peut-être est-ce cohérent si on se situe dans l’œuvre en entier ? Mais ça on en sait rien.
F4
Très très lent …
Je pense avoir reconnu cette version (je précise que je suis nul en reconnaissance de voix donc ce n'est pas la chanteuse que j'ai reconnue) du fait de son extrême lenteur et d'une lecture plutôt singulière de l'oeuvre dans la mesure où elle ne ressemble à rien d'autre.
Pourtant, j'ai l'impression de ne pas avoir les clefs pour entrer dans cette lecture.
Surement que le choix du tempo y est pour beaucoup. Mais c'est aussi la difficulté à m'y retrouver dans ce discours qui en fait ne m'évoque pas grand chose.
Pourtant sur la stricte qualité musicale c'est un enchantement.
Je ne sais pas trop quoi dire sinon que j'ai beaucoup réécouté cette version et que je peux au moins dire qu'il s'agit d'une version stimulante car elle me fait poser des questions.
Je reviendrais peut-être plus tard sur cette version (je me la repasserais surement demain).

1. F2
2. F4 (ex-æquo)
2. F3 (ex-æquo)
4. F1

50 % de perte sur le seul Urlicht ? Ca fait peut-être beaucoup non ?

Certes. Enfin on est loin de là de toute façon, on est à peine au tiers des votes. Tout dépendra vraiment de la configuration de chaque groupe. Car si dans un autre groupe les versions sont très serrées, ne vaudrait-il pas mieux varier le nombre d'éliminés par groupe ?

Pas d'inquiétude de toute façon, la solution finit toujours par s'imposer d'elle-même

C1 - Belle version live. L'orchestre est très agréable à l'oreille et bien en place, c'est carré. La contralto me semble maîtriser également sa technique, son timbre est léger mais profond, et malgré un vibrato un peu trop présent (surtout sur la fin), elle offre une belle palette d'intensités sans en atteindre les extrèmes. L'ensemble est très homogène. J'aime bien.

C2 - C'est une version qui m'étonne, les qualités que j'attends sont ici poussées et deviennent des défauts : la retenue de la chanteuse est parfois trop importante, la chanteuse se retient, presque vaporeuse... parfois ça passe très bien, parfois moins. Je ne suis pas sûr de sa justesse sur la fin. Quant au tempo, il joue la carte de la rapidité mais cela me semble précipité en troisième partie avec l'entrée de la clarinette et du violon. Enfin les notes du solo de hautbois sont étonnamment détachées, ça me fait penser à un mélodica :hehe:Même si ça ne prend pas totalement pour moi, ça reste une version intéressante étonnante, dont j'aimerais découvrir la suite.

C3 - La prise de son (ou l'orchestre) fait ressortir des notes aux cuivres que je n'entends pas sur les autres enregistrements et qui gâche un peu l'homogénéïté de l'instrumentation. Si j'aime bien l'entrée en matière (sobriété du "Ô rose rouge"), globalement l'ensemble me paraît assez quelconque, rien ne me touche en particulier. Le timbre de la voix est un peu mat, légèrement téstostéroné. Une belle sonorité de l'orchestre permet quand même de faire passer le tout. C'est assez beau mais ce n'est pas très habité pour moi.

C4 - Les vents sont un peu trop présents au début, je les aurais préférés plus feutrés. Beau démarrage de la clarinette, et bien que l'on n'entende que peu le 1er violon, nous avons un beau 3e mouvement. En dernière partie ("Ach nein !" et les "Gott") la contralto a de belles articulations, variées, sans emphase. Je regrette néanmoins certaines intensités trop fortes. Ses messieurs les auditeurs devaient être en prise avec l'hiver et son lot de virus. Une belle version qui pâtit un peu du son et des bruits dans la salle.

J'ai du mal à départager C1 et C4, les deux versions sont belles. C2 est très typée et je voudrais entendre la suite. La C3 est propre mais... fade.

C1 = C4 > C2 > C3

E3, que je trouve superbement réalisée. La mezzo est sobre (presque prosaïque, c'est vrai) et le tempo est lent (presque trop, c'est vrai) mais il se dégage une grande sérénité de tout ça.

C'est très compliqué dans ce groupe pour le moment, le seul où la méthode Condorcet aboutisse à des paradoxes. Mais ce qui est sûr, c'est que F1 est en mauvaise posture. Et on peut dire qu'une élimination pour cette version serait totalement... euh... non finalement je ne dirai rien, un peu de suspense

(Ceci dit F2 et F3 restent à sa portée. F4 a pris la tête.)

Un peu de souffle et un son un peu médium. On entend plein de petits bruits : concert ?
Esthétique un peu datée avec du vibrato dans la fanfare. Le tempo est rapide (tant mieux). L'alto (contralto ?) est magnifique, en état de grâce. Dans la première partie, les cordes semblent avoir toujours un léger temps de retard (sur la soliste, puis sur le hautbois), ça finit pas devenir agaçant.
Tiens, ça accélère sur «da kam ein Engelein». La suite est vraiment très rapide, un peu trop agitée à mon goût.
La fin (à partir de «wird mir ein Lichtchen geben») est magnifique. L'orchestre conclut tout en douceur avec beaucoup de poésie.
Bilan : c'est bien (surtout grâce à la soliste) mais inégal.

Beaucoup de souffle, encore un enregistrement pas tout jeune. En concert. Le son est clair mais manque un peu de «corps».
Encore elle ?    Tiens, «röschen» est attaqué par en dessous. Après une fanfare honnête, les deux vers commençant par «der Mensch» claquent comme une prophétie. Il y a de l'urgence et de la tristesse là-dedans. Clairement la soliste a décidé de ne pas tenir compte des indications de nuance de Mahler et nous livre la version la plus dramatique de cette confrontation.
Il faut bien reconnaître qu'on écoute peu l'orchestre tellement la soliste monopolise l'attention. Les tempi sont plus justes : c'est rapide mais on n'a pas l'impression que c'est survolé.

Encore une version de concert visiblement. Mais c'est beaucoup mieux enregistré que les deux précédentes mais ça ne sonne pas tout récent non plus.
Le tempo est beaucoup plus lent. Du coup la soliste est obligé de respirer entre röschen et Rot.
Soliste pas très belle d'ailleurs mais très investie. On entend un truc étrange sur le «im» de «im Himmel sein» : point de montage ? Magnifique solo de hautbois (quel souffle !).
La mise en place de la deuxième partie est perfectible mais ça fonctionne pas trop mal.
Au final, tout ça est très honnête mais pas indispensable.

Seule version de studio de ce groupe avec un son très maîtrisé mais un rapport soliste/orchestre très en faveur de la soliste. La fanfare est réellement placée en coulisses.
J'ai l'impression de l'avoir déjà entendue cette alto auparavant (dans un autre groupe). Honnêtement, c'est un peu étrange cette façon de chanter. C'est parfois très bestial, genre mystique passionné.
Si on essaye de faire abstraction de la chanteuse, on découvre un orchestre hyper-délicat, hyper-respectueux des nuances, avec des timbres superbes. Les tempi sont lents et il se dégage une belle sérénité de tout ça. Pourquoi pas.

C'est le groupe le plus difficile à classer. Les qualités et les défauts sont très différents d'une version à l'autre. Pour l'instant, je me refuse à hiérarchiser A1, A2 et A3.
A4>A1=A3=A2

C'est un des 3 groupes de la mort à mon sens...

6 votes déjà, et B1 est décroché en queue de classement. L'élimination semble inéluctable pour cette version, qui pourtant selon certains critiques « exploite l'intensité émotionnelle de cette œuvre comme bien peu d'autres », et constitue « un indispensable pour tous les Mahlériens »... Un miracle peut-il encore se produire ?

J'en étais sûr    J'ai vraiment beaucoup aimé ce groupe