Beethoven Sonates pour piano

DavidLeMarrec a écrit:

Construction très impressionnante en effet, une vue d'ensemble comme il en faut dans ces oeuvres.
Quel dommage que la petite Maria ne sache pas faire chanter une main droite ou tout simplement produire un son qui ne soit pas ouvert et cassant. Pas de chance quand même.

Quel dommage que le petit David ne sache pas comprendre que lorsque la petite Maria qui sait chanter comme personne, fait tomber des accords cinglants et infiniment expressifs qui font froid dans le dos, fait claquer les aigus et malmène les basses, c'est qu'elle le fait exprès... pour inspirer une terreur mystique à tonton Sofro qui adore ça, et pas uniquement pour embêter le très sage petit David... (ce qui ne va généralement pas l'un sans l'autre, je vous l'accorde)

Voyez-vous le gouffre, David, David ?

Mais oubliée cette petite divergence excusable facilement par une méconnaissance tout à fait légitime de votre part de son art sur l'analyse de son interprétation, qu'elle conduise son crescendo de manière 5 ne vous a pas échappé, j'étais sûr que cela vous irait droit au coeur...

sofro a écrit:

Quel dommage que le petit David ne sache pas comprendre que lorsque la petite Maria qui sait chanter comme personne, fait tomber des accords cinglants et infiniment expressifs qui font froid dans le dos, fait claquer les aigus et malmène les basses, c'est qu'elle le fait exprès...

Le problème est précisément que ça ne fait pas plus peur que Jean-Marc Fontana un jour de grande timidité. Comme le son est mal façonné, il a moins de présence, ce n'est pas ce que j'appellerais un choix. Ou alors un choix manqué.
Je vous accorde cependant que l'enregistrement peut rendre des choses sensiblement différentes de la salle - mais c'est bien de lui que nous parlons (pour ma part, je n'y étais pas, j'étais interdit en URSS à l'époque).

Je n'ai rien contre la rugosité par ailleurs, mais le simple fait d'être cassant ne suffit pas.

Citation :

Mais oubliée cette petite divergence excusable facilement par une méconnaissance tout à fait légitime de votre part de son art sur l'analyse de son interprétation, qu'elle conduise son crescendo de manière 5 ne vous a pas échappé, j'étais sûr que cela vous irait droit au coeur...

C'est très juste. La fibre 5 a vibré assez fortement, et - faut-il l'avouer - sans le moindre déplaisir.

Heu, excusez ma candeur, c'est Maria Yudina la petite dernière dont vous parlez ? D'elle je n'ai que les Variations Diabelli et une version de chevet des Goldberg - son son est assez moche, mais j'adore ce côté ultra percussif et viscéral, en même temps que construit. Je ne sais pas comment définir cela, mais j'ai le sentiment d'une musique présentée brute, sans concessions à la joliesse.

Ca m'intéresse, je ne suis pas bien les discographies des pianistes, je chercherai cela à l'occasion.

Pour Richter, je dois avoir entendu les coffrets Philips des années 1990 dont parle sans doute Sauron, mais je n'en ai pas de souvenir précis. C'est réellement mauvais ?

Non, j'ai un disque Praga avec l'op. 110, enregistré à Prague le 2 juin 1965, et le coffret Brillant qui ne donne pas les lieux d'enregistrement, mais 22 janvier 1972 pour l'op. 109, 10 octobre 1965 pour l'op 110 et 12 janvier 1975 pour l'op. 111.

Et ça, c'est extraordinaire !

Je parle des sonates enregistrées dans les 90's et publiées par Philips dans la collection des grands pianistes du XXe siècle.
C'est vraiment très très très bon?

Morloch a écrit:

Heu, excusez ma candeur, c'est Maria Yudina la petite dernière dont vous parlez ?

Nan.

DavidLeMarrec a écrit:

Morloch a écrit:

Heu, excusez ma candeur, c'est Maria Yudina la petite dernière dont vous parlez ?

Nan.

Grinberg sans doute? En tout cas, j'ai beaucoup aimé cet extrait. C'est rugueux, intense, habité ; le reste, peu importe!
(Quand j'en aurai fini avec mes nouvelles intégrales des Symphonies de Beethoven, il faudra que je me remette aux Sonates et je lorgne déjà sur la réédition de l'intégrale de Grinberg chez Melodiya. Est-ce que tu la connais en entier, Sofro? Qu'en penses-tu?)

adriaticoboy a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

Morloch a écrit:

Heu, excusez ma candeur, c'est Maria Yudina la petite dernière dont vous parlez ?

Nan.

Grinberg sans doute?

Toutafé.

adriaticoboy a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

Morloch a écrit:

Heu, excusez ma candeur, c'est Maria Yudina la petite dernière dont vous parlez ?

Nan.

Grinberg sans doute? En tout cas, j'ai beaucoup aimé cet extrait. C'est rugueux, intense, habité ; le reste, peu importe!
(Quand j'en aurai fini avec mes nouvelles intégrales des Symphonies de Beethoven, il faudra que je me remette aux Sonates et je lorgne déjà sur la réédition de l'intégrale de Grinberg chez Melodiya. Est-ce que tu la connais en entier, Sofro? Qu'en penses-tu?)

L'intégrale de Maria Grinberg (1908-1978) est à connaître absolument dans toutes ses parties, je trouve que c'est la plus belle.

Impérieuse et souveraine, un Richter au féminin: des coups de griffes et de la délicatesse, un mélange de fureur et de tendresse... un jeu prodigieusement inventif et récréatif, plein de contrastes et de nuances.
Voici le début théâtral de la sonate n°27 op 90 (écoutez le descrescendo infini à la minute 50, avant le superbe chant):

[lien supprimé]



Un chant large, profond mais subtil, à l'ancienne, inoubliable, qui nous rapproche de Schubert (quelle élégance, en plus...):
(Toujours dans la même sonate)
Quand on connaît cette version, on ne peut plus en écouter aucune autre... et il y en a beaucoup de sonates comme cela dans son intégrale...

[lien supprimé]






Et ceux qui n'aiment pas ça n'ont qu'à se faire cuire un oeuf !...

En attendant que mon repas finisse de chauffer (devinez...), je puis confirmer deux choses.

D'abord la dureté cassante du chant en de multiples moments, qui abîme un peu le résultat.
Ensuite la construction incroyable de l'ensemble, les phrasés d'une profondeur insondable, qui semblent venir de l'autre monde. Les climats aussi, c'est inimaginable.

On a effectivement l'impression que c'est ça.

Je ne sais pas si c'est cette sonate ou Maria Grinberg mais l'extrait de la N° 27 est époustouflant.

je découvre Grinberg dans Beethoven.
Oui vous avez raison, c'est stupéfiant, c'est ému, profond, plein de vie et d'humour, et meme si les captations et les instruments ne sont pas toujours au top, bon sang c'est gorgé de vie et d'humanité...
Décidément tout ce que nous ont laissé les Yudina et Grinberg me laisse pantois. Quelle perte pour les publics occidentaux de les avoir si peu entendues en concert. Elles étaient du niveau de Gilels et de Richter.

Au niveau des plus grands, certainement !
Pour la sonorité, la compression que j'ai faite n'a pas arrangé les choses: j'ai trouvé le son plus dur et plus synthétique qu'en écoute sur ma chaîne Hifi. Il faut écouter ses CD.
Grinberg, je l'écoute avec ma télécommande à la main, pour revenir sur des détails étonnants qu'on ne cesse de découvrir au fur et à mesure de son écoute.
Un génie du piano... quand on pense que persécutée par le régime, elle devait accompagner des danseurs pour gagner sa vie...

Beaucoup de gens adorent Serkin dans Beethoven. Mais j'avoue que sa sonate des Adieux me laisse sur ma faim. C'est trop dur. En revanche je trouve sa 110 splendide...

J'adore Wilhelm Kempff (par exemple dans l'op. 27 n°2 (Clair de Lune) et Emil Gilels (par exemple dans la Waldstein). Kempff a des sonorités lumineuses, très belles...

Richter est étonnant aussi. Il est extraordinaire dans l'Appassionnata. J'ai une version "live" de cette sonate... c'est assez génial. Dans la Hammerklavier il est aussi incroyable...

Morloch a écrit:

Non, j'ai un disque Praga avec l'op. 110, enregistré à Prague le 2 juin 1965, et le coffret Brillant qui ne donne pas les lieux d'enregistrement, mais 22 janvier 1972 pour l'op. 109, 10 octobre 1965 pour l'op 110 et 12 janvier 1975 pour l'op. 111.

L'arietta de l'opus 111 est superbe en effet... peut-être un chouilla trop carré... mais c'est vraiment un grande réussite de Richter... les concerts à Prague sont vraiment excellents...

Parsifal a écrit:

Richter est étonnant aussi. Il est extraordinaire dans l'Appassionnata. J'ai une version "live" de cette sonate... c'est assez génial. Dans la Hammerklavier il est aussi incroyable...

La sonate hammerklavier de Prague (1975) est incroyable: Richter pulvérise la fugue avec une technique phénoménale, je crois que c'est la plus renversante qui existe.
Dans la série de Prague, la sonate n°18 (1965) m'étonne toujours: la main gauche d'acier dans le deuxième mouvement !... Tout ça c'est du très grand Richter.

Sur quel disque trouve-t-on cette version de Richter de la Hammerklavier ?

Vazen a écrit:

Sur quel disque trouve-t-on cette version de Richter de la Hammerklavier ?

C'est ce disque :

Il est introuvable c'est ça ?

Vazen a écrit:

Il est introuvable c'est ça ?

Non, il est sur Amazon.

ICI

Commandé merci !
Maintenant il n'en reste plus qu'un à 148,75 euros !

Vazen a écrit:

Commandé merci !
Maintenant il n'en reste plus qu'un à 148,75 euros !

Ah bin

Il me semble que les enregistrements Praga sont tous regroupés en un unique coffret non?

Sauron le Dispensateur a écrit:

Il me semble que les enregistrements Praga sont tous regroupés en un unique coffret non?

Pas cher en plus!

Non mais c'est n'importe quoi... dire que ces disques se vendaient 8 euros pièce... comment un type peut espérer revendre son truc à ce prix là?

En rejetant un coup d'oeil dans mes vieux vinyles melodya de l'ère de l'URSS, j'ai retrouvé ceci, qui n'a jamais été publié je crois: l'opus 111 (sonate n°32) par Sofronitzky, enregistré en 1951. Le passage jazzy de l'opus 111, dont on a déjà parlé sur le forum, hyper-rythmé, vous saute à la figure d'une façon !... de manière inattendue (à 1 min 12s) après un tempo relativement lent, ce qui lui donne un impact d'autant plus grand.


La partition c'est ici :




Et voilà la musique :

un extrait

Sofro a écrit:

En rejetant un coup d'oeil dans mes vieux vinyles melodya de l'ère de l'URSS, j'ai retrouvé ceci, qui n'a jamais été publié je crois: l'opus 111 (sonate n°32) par Sofronitzky, enregistré en 1951

Publié par Urania en cds... très belle version au demeurant... c'st couplé avec la clair de lune et de beaux Mozart -dont la Fantaisie.

Sauron le Dispensateur a écrit:

Sofro a écrit:

En rejetant un coup d'oeil dans mes vieux vinyles melodya de l'ère de l'URSS, j'ai retrouvé ceci, qui n'a jamais été publié je crois: l'opus 111 (sonate n°32) par Sofronitzky, enregistré en 1951

Publié par Urania en cds... très belle version au demeurant... c'st couplé avec la clair de lune et de beaux Mozart -dont la Fantaisie.

Quel connaisseur ! parce que je n'ai rien trouvé sur les sites de vente par correspondance. Ca ne doit plus être disponible, alors...
Une petite question hors sujet en passant: connais-tu ses préludes de Chopin?

Non par contre j'ai beaucoup de très belle mazurkas et une superbe barcarolle...
Et toi tu n'as rien à dire sur les sonates de Beethoven d'une certaine pianiste portugaise?

sofro a écrit:

La partition c'est ici :

Il y a beaucoup de notes.

Alex a écrit:

sofro a écrit:

La partition c'est ici :

Il y a beaucoup de notes.

Pas tant que ça, en fait, la plupart du temps c'est une à la main droite et une à la main gauche : il y a plus de hampes que de notes.

Je suis encore déçu, je ne trouve rien d'extraordinaire à cet allant syncopé et ces montées et descentes.

vartan a écrit:

Je suis encore déçu, je ne trouve rien d'extraordinaire à cet allant syncopé et ces montées et descentes.

Il faut dire que si c'était joué proprement...

Vous êtes incorrigibles !

DavidLeMarrec a écrit:

vartan a écrit:

Je suis encore déçu, je ne trouve rien d'extraordinaire à cet allant syncopé et ces montées et descentes.

Il faut dire que si c'était joué proprement...

Il faut dire que si ce n'était pas écouté avec l'oreille d'une ménagère, aussi...

vartan a écrit:

Vous êtes incorrigibles !

C'est lui qui a commencé !...




Tu es témoin, vartan ?...

Ah non, je n'y suis pour rien, j'ai dit ça pour défendre Beethoven contre Vartan - alors que je m'étais sagement abstenu.

Autant j'adore l'intégralité de ses symphonies et tous les pianos concertos que j'ai de lui, mais là j'ai un peu de mal .ça finis par m'ennuyer.
WILHELM KEMPFF ???

atomlegend a écrit:

Autant j'adore l'intégralité de ses symphonies et tous les pianos concertos que j'ai de lui, mais là j'ai un peu de mal .ça finis par m'ennuyer.
WILHELM KEMPFF ???

A cause de ses sonates pour piano de Beethoven, j'ai cru pendant longtemps que je n'aimais pas Kempff.
Je n'ai jamais accroché: je les trouve un peu scolaires, conventionnelles, honorables sans plus.
Alors que ses enregistrements mono des années 50 sont enthousiasmants, ainsi que certaines sonates de Schubert et d'autres choses également.

ce cd est surement l'une des meilleure interprétation des celebres sonates avec Ashkenazy et gulda , Brendel , j'aime bien mais moins que les autres ...

Bonjour à tous,

Le choix d'une intégrale dépend beaucoup des goûts...
Mais il existe quelques "valeurs sûres", qui sont à mon sens les enregistrements des spécialistes de Beethoven

- Schnabel : la version que je possède. Des mouvements rapides parfois un peu brouillons mais le reste est magnifique malgré une prise de son des années 1930. Un prix très abordable aussi.

- Kempff : une référence, il met Beethoven à la portée du grand public, ne dégoute pas les pianistes ; un jeu clair, limpide. Son enregistrement de l'Opus 110 (sonate n°31 en la bémol) est sublime.

- Brendel : trop vite critiqué par certains, c'est peut être pour moi le meilleur des interprètes (n'a t-il pas fait 3 intégrales ?). C'est la version que je rêve d'avoir dans ma discothèque.

- Kovacevitch : le beethovénien actuel. Une version moderne des sonates, une interprétation puissante particulièrement réussie.

Sinon, pour des sonates isolées, un très (trop ?) grand nombre de pianistes sont à notre disposition...

Et Gelber chez Denon ?

abbado67 a écrit:

Et Gelber chez Denon ?

Je le connais dans quelques concertos chez EMI mais je ne savais même pas qu'il avait fait les Sonates! Avec un artiste d'exception comme lui, plein d'énergie et de lyrisme, ça doit pas être mal du tout.

Est-ce que Serkin a enregistré une intégrale ?

Non.

Malheureusement, même en mettant bout à bout les enregistrements existants, tu n'arriveras pas à une intégrale.

Ce qui existe est listé ici :

http://my.dreamwiz.com/fischer/Serkin/discography-serkin.htm

Le hasard fait bien les choses, je me promenais à la Fnac quand j'entends annoncer un mini (mais alors vraiment mini) récital de Lidija Bizjak et Régis Pasquier. C'était dans le cadre d'un festival Messiaen, et ils ont joué... deux sonates de Beethoven. La cinquième, et une autre mais je ne sais plus laquelle...

Bon en fait ils commençaient par du Beethoven pour ensuite joeur du Messiaen mais moi je n'ai entendu que les Beethoven puisque je ne pouvais pas rester plus longtemps.

Et je me suis rendu compte en écoutant cela (dans des conditions déplorables, il faut dire) que bon ben ce n'est pas forcément ce que je préfère chez Beethoven, ses sonates, que cela soit pour piano seul ou non. Il y a évidemment des choses magnifiques (j'adore le disque que Freire a sorti récemment) mais finalement il me parle plus quand il compose pour trois cent musiciens...

Pourtant, Pasquier est admirable dans ces pièces... et le langage n'a rien à voir avec les sonates pour piano solo, il est bien plus classique.

Moi, j'en raffole.

Pas moi.
Je les trouve assez ennuyeuses.

DavidLeMarrec a écrit:

Pourtant, Pasquier est admirable dans ces pièces... et le langage n'a rien à voir avec les sonates pour piano solo, il est bien plus classique.

Moi, j'en raffole.

Comme je l'ai dit, les conditions étaient déplorables, et les musiciens ne sont pas en cause parce que franchement je trouve presque indécent qu'on leur ait demandé de jouer dans un tel environnement. J'imagine qu'ils n'ont pas le choix. Mais voilà, même une porte fermée, la salle de la Fnac jouxtant un photomaton, on a eu droit aux cris de mômes hystériques de se faire tirer le portrait... Après pas de bol moi j'étais juste à côté, mais quand même... Et puis le son en général était pas terrible, les instruments sortaient froids... Donc bon, enfin, tout ça pour dire que je ne reproche rien à l'exécution, après j'étais content d'assister à ça mais sans être particulièrement ébahi par les oeuvres en soi. Donc là c'est une pure question de goût ou de subjectivité initiale.

Oui, c'est peut-être une question d'environnement, on perd en concentration. Parce que je suis vraiment étonné que tu n'aimes pas plus que ça.

Ben après c'est très joli, certes, mais que veux-tu, les deux sonates qu'ils ont joué avait un petit côté « les réceptions de l'ambassadeur » qui m'a quelque peu heurté... Désolé d'être aussi trivial...