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Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14424 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Jeu 13 Oct 2022 - 19:02 | |
| Jean-Pierre Mocky : Les dragueurs 1959 Ce film est la première réalisation de Jean-Pierre Mocky et je trouve assez amusant de la replacer dans le contexte car elle est assez ambivalente : à la fois, elle va typiquement dans l'esprit de la nouvelle vague (tournages dans les rues de Paris, protagonistes plutôt jeunes, thématiques légères, approche assez naturaliste, au fil de l'eau) mais d'un autre côté, c'est déjà une thématiques très mockienne et la distribution (par son aspect hétéroclite) l'est aussi un peu (Charles Aznavour, Anouk Aimée, Dany Carrel, Dany Robin) sans toutefois que l'on y trouve des acteurices mockien(ne)s ; en fait, ce film, c'est un peu la fable contrariée à la Rancière : un film partiellement nouvelle vague (peut-être pour se faire produire ?) et partiellement mockien, un casting mi-mockien, un buddy-movie (même si je ne suis pas sûr qu'employer cette qualification pour un film de la fin des années cinquante ait beaucoup de sens) contrariée. Bon, en tout cas, pour en venir à des choses plus concrètes, j'ai trouvé le film assez ennuyeux, parfois cringe (mais peut-être pas autant que ce à quoi je m'attendais - certain(e)s diront "voilà, toujours à juger..." (avec ou sans majuscule pour le j)), parfois drôle mais jamais passionnant : je me suis pas mal foutu des trajectoires des personnages, en fait ; heureusement, ça ne dure qu'à peine une heure vingt. |
| | | Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14424 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Ven 14 Oct 2022 - 18:31 | |
| Jean Epstein : L'or des mers 1933 + Ce film est un docu-fiction et raconte la vie des personnes vivant sur une île au large de Quiberon, ils sont les protagonistes d'une histoire où un vieux pêcheur mis un peu à l'écart du reste de la population va soudain revenir sur le devant de la scène suite à la découverte d'un trésor que tout le monde soupçonne être rempli d'or. Ce film rejoint quelques-uns de ses films précédents mais cette démarche du docu-fiction est assez nouvelle chez Epstein ; en plus de cela, même s'il y a plusieurs scènes où la mer recouvre l'écran, il y a surtout beaucoup de scènes à l'intérieur des maisons ; Epstein utilise une sorte de lentille déformante, c'est assez curieux. J'ai en tout cas trouvé que l'ambiance de ce film était assez prenante et cette idée de trésor mystérieux était une bonne idée ; malheureusement, ce film a de sérieux problèmes techniques : il a été tourné en muet puis sonorisé par la suite (sans doute parce que le parlant commençait et que c'était à la mode) et cette sonorisation en post-synchronisation est une catastrophe : le tons des gens qui disent le texte est souvent à côté de la plaque, les dialogues ne sont quasiment jamais synchronisés avec le mouvement des lèvres et par-dessus le marché, le film a été augmenté d'une musique omniprésente et lourde (qu'Epstein n'aimait pas, en plus, apparemment) qui nous sort de cette belle ambiance - tout comme les voix, elles sont presque risibles par moments ; un conseil : si vous regardez ce film, ne faites pas comme moi : coupez le son. |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Ven 14 Oct 2022 - 20:16 | |
| • Claude CHABROL: Les Fantômes du chapelierPeut-être un des rares bons Chabrol que je n’avais vus qu’une fois. Prévisiblement, j’ai adoré le cabotinage de Serrault et la fragilité d’Aznavour. Et puis, l’emboîtement des dispositifs spatiaux montre vraiment le Chabrol hitchcocko-langien à son meilleur. Cela dit j’ai remarqué un truc un peu étrange: il y a comme une espèce de flottement dans le contexte temporel. En voyant les vêtements, les coiffures, les automobiles, les rapports sociaux eux-mêmes, on a la plupart du temps l’impression que le film se situe bien à l’époque où Simenon l’a écrit (soit la fin des années 40); mais à plusieurs reprises, on a l’impression que Cahbrol veut brouiller ce cadre en le déplaçant vers l’époque de la réalisation du film (le style des autres clients du restaurant lorsque Serrault s’y rend le soir, les affiches du cinéma et du kiosque à journaux, la chanson très «variétés françaises années 70-80» qu’on entend à deux reprises dans le film): un peu comme si en fait tous les personnages du récit étaient des fantômes. (On note aussi que le tueur psychopathe du film est particulièrement friand d’escargots.) |
| | | Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14424 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Sam 15 Oct 2022 - 9:36 | |
| Oui ! Il y a vraiment quelque chose d'intangible dans ce film mais mis en place de façon assez subtile : le décalage temporel dont tu parles et j'avais trouvé que la régularité du film (notamment avec ces parties de cartes) y contribuent pas mal. |
| | | Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14424 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Sam 15 Oct 2022 - 10:10 | |
| Guillaume Nicloux : L'enlèvement de Michel Houellebecq 2014 + Il s'agit de la première collaboration entre Nicloux et Houellebecq (qui se poursuivra dans le mauvais Thalasso où il rencontrera une autre personnage de la filmographie de Nicloux : Gérard Depardieu) ; c'est un téléfilm initialement diffusé sur Arte, je dois dire que j'ai été assez (positivement) surpris par ce téléfilm (avec Nicloux, c'est un peu la loterie, on dirait) : j'ai trouvé ça vraiment intelligent. Plus précisément, j'ai trouvé que le film arrivait à faire quelque chose avec Houellebecq (au-delà d'un personnage un peu lunaire) ; j'ai toujours trouvé qu'il y avait chez Houellebecq une sorte d'impossibilité (ou une envie systématique de prendre le truc à l'envers - bon, après, c'est pas hyper informé car je n'ai lu aucun de ses livres mais je parle par exemple de ses disques ou de son jeu d'acteur) et j'ai trouvé que c'est ici cette impossibilité qui gouvernait tout le film (ne serait-ce que dans l'enlèvement qui ne remplit absolument rien de ce qu'on attendrait à ce propos, pareil pour certains acteurs autour) et finalement, l'enlèvement est comme déterritorialisé : au lieu d'opérer au niveau du récit (par exemple, mener à une remise en rançon ou à de l'attention médiatique), il opère en dehors du récit, dans le processus du film lui-même et même dans la fabrique du personnage de Houellebecq en général : cet enlèvement met finalement Houellebecq au centre et l'amène à parler, à s'exposer, à commenter les éléments biographiques et leur éventuelle fausseté. À part ça, il y a également quelques passages amusants qui sont soit des petits détails (les sports de combat) mais également des running gags (les livres qu'il lit pendant sa captivité, le briquet, etc.). |
| | | xoph Mélomane chevronné
Nombre de messages : 6075 Age : 66 Localisation : là Date d'inscription : 12/10/2011
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Sam 15 Oct 2022 - 10:55 | |
| Pascal PlanteNadia ButterflyBeau film de natation (celles ou ceux qui aiment nager apprécieront les scènes de nage "papillon", mais aussi un magnifique crawl rêvé). Filmé par un ancien nageur, et avec des actrices (et acteurs) sportifs professionnel·le·s (dont deux médaillées olympiques en natation). C'est aussi l’histoire d'une chrysalide (c'est Pascal Plante qui se permet ce rapprochement), et l'histoire d'un désarroi, à grandir, à quitter, et des dérives qui accompagnent cette éclosion en forme d'abandon. Beaucoup aimé |
| | | / Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20537 Date d'inscription : 25/11/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Sam 15 Oct 2022 - 14:39 | |
| - Benedictus a écrit:
- (On note aussi que le tueur psychopathe du film est particulièrement friand d’escargots.)
toujours chouette d’en apprendre plus sur les habitudes alimentaires de certains de nos membres. |
| | | Rubato Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14620 Date d'inscription : 21/01/2007
| | | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Sam 15 Oct 2022 - 15:22 | |
| C'est, pour ainsi dire, la revanche de la Suze. |
| | | Thelonious Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2452 Date d'inscription : 10/01/2011
| | | | Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14424 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| | | | Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14424 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Dim 16 Oct 2022 - 15:12 | |
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| | | Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14424 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Dim 16 Oct 2022 - 15:33 | |
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| | | xoph Mélomane chevronné
Nombre de messages : 6075 Age : 66 Localisation : là Date d'inscription : 12/10/2011
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Lun 17 Oct 2022 - 0:09 | |
| - Thelonious a écrit:
- xoph a écrit:
- Pascal Plante
Nadia Butterfly
Tu m'as donné très envie de le voir. Je n'ai plus qu'à le trouver. Le DVD contient aussi le premier film de Pascal Plante, Les faux tatouages, plus malhabile, attachant néanmoins. L'influence d' Andrea Arnold, qu'il reconnaît, y est assez sensible, il me semble. |
| | | Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14424 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Lun 17 Oct 2022 - 9:41 | |
| Luc Moullet : Essai d'ouverture 1988 Ici, on revient à des choses qui me parlent davantage dans la filmographie de Moullet : c'est ouvertement humoristique-pince-sans-rire et il y a toujours cette manière de tourner autour d'un sujet (a priori insignifiant) jusqu'à l'épuiser. Il s'agira ici de l'ouverture d'une bouteille de Coca-Cola ; de l'ouverture traditionnelle, à l'utilisation d'une ceinture, d'eau bouillante, d'un congélateur ou d'un chalumeau, tout y passe. J'ai aimé la manière dont les choses s'enchaînent : d'abord, il essaie de mettre la bouteille dans de l'eau bouillante, ensuite c'est chaud alors il va chercher un torchon puis une fois la bouteille ouverte, le coca est trop chaud, il choisit donc d'essayer le congélateur ensuite mais manque de bol, la bouteille se fend, mais qu'à cela ne tienne : il récupère le Coca-Cola glacé et le fait fondre, ce qui l'amène à utiliser une machine invraisemblable. Plus précisément, j'aime la manière dont les actions s'enchaînent de manière logique mais complètement absurde vis-à-vis de la donnée initiale : une fois que la bouteille est ouverte, c'est bon. On retrouve la encore la voix de Moullet en off, assez amusante. En fait, je crois que ce film a quelque chose du film d'aventure en format de poche, ne serait-ce que par son titre (qui pourrait annoncer un film opératique) mais aussi par la trajectoire du personnage principal qui est confronté à de multiples embûches en voulant accomplir son objectif, chacune d'entre elles l'amenant à revoir ses plans - tout cela, bien sûr, en restant dans son salon - on n'est peut-être pas si loin de la démarche de Une aventure de Billy le Kid mais de manière sans doute plus radicale. Ce n'est peut-être pas dans le haut du panier mais c'est tout de même assez réussi. |
| | | Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14424 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Lun 17 Oct 2022 - 18:48 | |
| Henri Decoin : Bonnes à tuer 1954 Je n'ai jamais été un très grand fan de Decoin (même si La vérité sur bébé Donge n'est pas mal) mais là, c'est vraiment d'un ennui assez superlatif. Le film commence par la fin : un des personnages chute et meurt sur le coup, vient ensuite un flashback où l'on découvre un personnage insupportable, un journaliste maintenant plein aux cas qui, prenant pour prétexte l'acquisition d'un nouvel appartement aux Champs-Elysées, invite en gros quatre amantes avec en tête le projet d'en tuer l'une d'elles en utilisant le fait que certains barreaux du balcon ne tiennent pas ; on a donc le droit à un portrait des quatre femmes et la logique à l'œuvre est incroyable... en effet, ces portraits n'ont pour but que l'éclaircissement de la séquence d'ouverture et donc de savoir qui a bien pu mériter (!) ce sort, vraiment incroyable - et quand on ajoute à ça le titre du film : encore mieux ! Bref, en fait, spoiler, on a le droit à un twist un peu nul : en fait, c'est le gars qui chute de son balcon parce que celle qu'il veut pousser lui dit qu'en fait, s'il est obsédé par elle, c'est parce qu'il l'aime encore et paf, il chute. J'ai vraiment eu l'impression d'avoir suivi tout le film pour rien : les personnages ne sont pas passionnants et la chute (sans mauvais jeu de mots) du film semble n'avoir aucun lien de causalité avec ce qui précède ; la mise en scène nous offre bien quelques scènes un peu intéressantes mais pas des masses. |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Lun 17 Oct 2022 - 19:18 | |
| - Emeryck a écrit:
- Je n'ai jamais été un très grand fan de Decoin (même si La vérité sur bébé Donge n'est pas mal)
Pareil (mais je garde aussi un assez bon souvenir de Razzia sur la chnouff.) |
| | | Cololi chaste Col
Nombre de messages : 33399 Age : 43 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 10/04/2009
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Lun 17 Oct 2022 - 21:42 | |
| Je n'étais pas un grand fan de Decoin ... mais je suis devenu, non un fan, mais j'aime pas mal.
En dehors de La vérité sur bébé Donge et Razzia sur la chnouff qui sont très bons, il faut voir : Battement de coeur Les Inconnus dans la maison Non coupable
(en revanche Les amoureux sont seuls au monde ... pas terrible) _________________ Car l'impuissance aime refléter son néant dans la souffrance d'autrui - Georges Bernanos (Sous le Soleil de Satan)
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| | | Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14424 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Lun 17 Oct 2022 - 22:15 | |
| - Benedictus a écrit:
- Emeryck a écrit:
- Je n'ai jamais été un très grand fan de Decoin (même si La vérité sur bébé Donge n'est pas mal)
Pareil (mais je garde aussi un assez bon souvenir de Razzia sur la chnouff.) Moi, pas tellement, à part quelques scènes presque documentaires et certaines fulgurances, je m'étais pas mal ennuyé. - Cololi a écrit:
- Je n'étais pas un grand fan de Decoin ... mais je suis devenu, non un fan, mais j'aime pas mal.
En dehors de La vérité sur bébé Donge et Razzia sur la chnouff qui sont très bons, il faut voir : Battement de coeur Les Inconnus dans la maison Non coupable
(en revanche Les amoureux sont seuls au monde ... pas terrible) Merci ! Ça tombe bien, le dernier est le seul que je n'ai pas (encore) ! J'en ai pas mal d'autres, je ne sais pas ce qu'ils valent. |
| | | xoph Mélomane chevronné
Nombre de messages : 6075 Age : 66 Localisation : là Date d'inscription : 12/10/2011
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Lun 17 Oct 2022 - 23:44 | |
| Tony RichardsonMademoiselleAussi noir dans son propos que formellement abouti. |
| | | Abnegor Mélomaniaque
Nombre de messages : 1673 Age : 42 Localisation : Angers Date d'inscription : 19/12/2009
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mar 18 Oct 2022 - 7:43 | |
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| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mar 18 Oct 2022 - 15:00 | |
| • Jacques RIVETTE: Paris nous appartientJe n’avais pas revu ce film depuis au moins douze ans, et le plaisir ne s’en est pas émoussé, bien au contraire. Ce qui m’a peut-être le plus frappé par rapport au souvenir que j’en avais, c’est le caractère très composite du film: certes beaucoup de moment archétypalement Nouvelle Vague, avec toutes ces scènes en décors réels entre Saint-Sulpice et Saint-Germain (avec bien sûr Brialy - et les caméos de Chabrol et de Godard, vraiment drôles!) - mais aussi des passages qui jouent avec des codes de film noir américain (Françoise Prévost et Daniel Crohem ont vraiment un côté Lauren Bacall et Sterling Hayden en simili, surtout avec leur décapotable rutilante; et tous les extérieurs nuit - comme Paris était alors peu éclairé!), ou encore une certaine façon de composer avec le cinéma français «non-Nouvelle Vague» de ces années-là (l’expressivité très codifiée, entre «théâtre» et «qualité française», du jeu de Gianni Esposito, François Maistre ou Jean-Marie Robain; ou encore la maison forestière de la fin, avec Henri Poirier en blouson, qui semble sortie de films de truands de l’époque.) Ce qui m’a subjugué, comme à chaque fois que j’ai vu le film (et a fortiori les deux fois où je l’ai vu en salle), c’est la façon musicale dont Rivette filme les paysages urbains de Paris - avec une ampleur et une maîtrise incroyables, dans ces grands morceaux de bravoure que sont la séquence générique dans train, le pano/grue/travelling arrière sur la cour intérieure qui se termine dans la chambre de Betty Schneider (au moins à deux reprises), le grand pano depuis les toits du Théâtre de la Ville, ou, dans la scène d’extérieur à Montmartre, tout le jeu sur le montage d’espaces contigus (définis par des pentes et des textures différenciées) autour d’un point central, ou encore ce montage purement rythmique (avec la vitesse des voitures et le clignotement lancinant des feux à l’orange) sur les rues de Paris désertes au petit matin. (Et que le grain de cette photographie en noir et blanc est beau!) Et puis, d’une manière plus générale, il est assez incroyable de voir à quel point tout Rivette est déjà là (ce film, c’est un peu Out 1 dix ans avant Out 1): non seulement cet art de filmer les paysages urbains, mais aussi cette façon de filmer les répétition de théâtre - et surtout la matérialité de ces lieux à moitié désaffectés où elles ont lieu - tout comme d’ailleurs ces intérieurs un peu de passage, liminaires (ces escaliers, ces coulisses, ces combles, ces chambres de bonne et ces studios à mezzanine bizarrement découpés, ces couloirs des derniers étages...), décrépits, mi à l’abandon, mi parsemés d’objets qui composent comme des espèces de jeux de piste (les dessins de monstres enfantins, les masques, les photographies punaisées…) Déjà très prégnant aussi, cette façon de subvertir par la durée et l’étoilement de ramifications digressives, le rythme traditionnel et la condensation linéaire du récit cinématographique. Et bien sûr cette thématique du complot - même si, ici, curieusement, elle semble beaucoup moins dérisoire que dans les films ultérieurs: plus précisément identifiée et contextualisée, à la fois mise en perspective historique (via l’insertion de la séquence de Métropolis), et directement en prise sur l’actualité, voire un peu en avance sur elle (révolutionnaires espagnols ou blacklistés du maccarthysme en exil, recyclage des fascistes et noyautage des réseaux de pouvoir internationaux qui annoncent la «stratégie de la tension» et les «années de plomb.») Au total donc, un revisionnage qui m’a tout à fait enthousiasmé - au point que je compte me programmer une intégrale Rivette (il me manquera quelques courts métrages, mais j’ai déjà réussi à récupérer certains films que je n’avais pas encore vus.) (Ah, et j’ai aussi bien aimé la musique, dont je ne me souvenais pas.) |
| | | Cololi chaste Col
Nombre de messages : 33399 Age : 43 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 10/04/2009
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mar 18 Oct 2022 - 17:14 | |
| Étrange, autant j'adore Out1... autant celui là je déteste (c'est vraiment une purge de mon point de vue). _________________ Car l'impuissance aime refléter son néant dans la souffrance d'autrui - Georges Bernanos (Sous le Soleil de Satan)
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| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mar 18 Oct 2022 - 17:45 | |
| En effet, là, c'est un peu du même tonneau que « Winchester '73, c'est génial mais les autres westerns d'Anthony Mann, c'est de la daube.» (En plus, dans ton cas à toi, il y aurait toutes les raisons pour que ce soit l'inverse - pour Rivette, hein, pas pour les westerns.) |
| | | Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14424 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mar 18 Oct 2022 - 18:20 | |
| - Benedictus a écrit:
• Jacques RIVETTE: Paris nous appartient
Je n’avais pas revu ce film depuis au moins douze ans, et le plaisir ne s’en est pas émoussé, bien au contraire.
Ce qui m’a peut-être le plus frappé par rapport au souvenir que j’en avais, c’est le caractère très composite du film: certes beaucoup de moment archétypalement Nouvelle Vague, avec toutes ces scènes en décors réels entre Saint-Sulpice et Saint-Germain (avec bien sûr Brialy - et les caméos de Chabrol et de Godard, vraiment drôles!) - mais aussi des passages qui jouent avec des codes de film noir américain (Françoise Prévost et Daniel Crohem ont vraiment un côté Lauren Bacall et Sterling Hayden en simili, surtout avec leur décapotable rutilante; et tous les extérieurs nuit - comme Paris était alors peu éclairé!), ou encore une certaine façon de composer avec le cinéma français «non-Nouvelle Vague» de ces années-là (l’expressivité très codifiée, entre «théâtre» et «qualité française», du jeu de Gianni Esposito, François Maistre ou Jean-Marie Robain; ou encore la maison forestière de la fin, avec Henri Poirier en blouson, qui semble sortie de films de truands de l’époque.)
Ce qui m’a subjugué, comme à chaque fois que j’ai vu le film (et a fortiori les deux fois où je l’ai vu en salle), c’est la façon musicale dont Rivette filme les paysages urbains de Paris - avec une ampleur et une maîtrise incroyables, dans ces grands morceaux de bravoure que sont la séquence générique dans train, le pano/grue/travelling arrière sur la cour intérieure qui se termine dans la chambre de Betty Schneider (au moins à deux reprises), le grand pano depuis les toits du Théâtre de la Ville, ou, dans la scène d’extérieur à Montmartre, tout le jeu sur le montage d’espaces contigus (définis par des pentes et des textures différenciées) autour d’un point central, ou encore ce montage purement rythmique (avec la vitesse des voitures et le clignotement lancinant des feux à l’orange) sur les rues de Paris désertes au petit matin. (Et que le grain de cette photographie en noir et blanc est beau!)
Et puis, d’une manière plus générale, il est assez incroyable de voir à quel point tout Rivette est déjà là (ce film, c’est un peu Out 1 dix ans avant Out 1): non seulement cet art de filmer les paysages urbains, mais aussi cette façon de filmer les répétition de théâtre - et surtout la matérialité de ces lieux à moitié désaffectés où elles ont lieu - tout comme d’ailleurs ces intérieurs un peu de passage, liminaires (ces escaliers, ces coulisses, ces combles, ces chambres de bonne et ces studios à mezzanine bizarrement découpés, ces couloirs des derniers étages...), décrépits, mi à l’abandon, mi parsemés d’objets qui composent comme des espèces de jeux de piste (les dessins de monstres enfantins, les masques, les photographies punaisées…) Déjà très prégnant aussi, cette façon de subvertir par la durée et l’étoilement de ramifications digressives, le rythme traditionnel et la condensation linéaire du récit cinématographique.
Et bien sûr cette thématique du complot - même si, ici, curieusement, elle semble beaucoup moins dérisoire que dans les films ultérieurs: plus précisément identifiée et contextualisée, à la fois mise en perspective historique (via l’insertion de la séquence de Métropolis), et directement en prise sur l’actualité, voire un peu en avance sur elle (révolutionnaires espagnols ou blacklistés du maccarthysme en exil, recyclage des fascistes et noyautage des réseaux de pouvoir internationaux qui annoncent la «stratégie de la tension» et les «années de plomb.»)
Au total donc, un revisionnage qui m’a tout à fait enthousiasmé - au point que je compte me programmer une intégrale Rivette (il me manquera quelques courts métrages, mais j’ai déjà réussi à récupérer certains films que je n’avais pas encore vus.)
(Ah, et j’ai aussi bien aimé la musique, dont je ne me souvenais pas.) tout à fait d'accord avec tout ça ! Ça fait longtemps que je n'ai pas vu ce film, il faudrait que je le revoie - en plus, je crois que j'ai une copie en haute définition maintenant. J'espère que tu vas te faire cette quasi-intégrale Rivette ; lesquels n'avais-tu pas jusqu'ici et quels sont ceux que tu n'as toujours pas ? Pour ma part, je les aime presque tous (parmi ceux que j'ai vus) sauf vraiment Noroît et 36 vues du pic Saint-Loup qui ne passent pas. |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mar 18 Oct 2022 - 18:31 | |
| Il ne me manque que les trois courts-métrages du début des années 50 ( Aux quatre coins, Le Quadrille, Le Divertissement) et Naissance et mort de Prométhée. Ceux que je n’ai pas encore vus (mais que j’ai pu récupérer ces jours-ci ), c’est Duelle, Noroît et Merry-Go-Round, d’une part, Out 1 en version longue et les trois derniers ( Histoire de Marie et Julien, Ne touchez pas la hache et 36 vues du pic Saint-Loup.) Les autres, je les ai tous vus au moins une fois au cinéma (et, de La Belle Noiseuse à Va savoir, à leur sortie.) |
| | | Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14424 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mar 18 Oct 2022 - 19:04 | |
| Jean-François Davy : La femme en spirale 1984 + C'est le premier film de Davy que je vois, je ne le connaissais que de nom, notamment par le fait qu'il a produit Change pas de main de Paul Vecchiali. Ce film est le dernier film de Davy avant une césure d'une vingtaine d'années, il rejoint des films (assez documentaires où beaucoup de gens du milieu du cinéma pornographiques sont interviewés) comme Prostitution, Exhibition ou Les pornocrates. Ici, le film raconte l'histoire d'une publicitaire appelée à la rescousse par un producteur de films érotiques pour remplacer le réalisateur qu'il a fraîchement renvoyé ; elle va modifier le scénario pour en faire un documentaire où elles interview des femmes (du milieu du porno mais pas seulement) ; j'ai trouvé ce pitch intéressant. J'ai par contre trouvé le jeu d'acteur pas toujours à la hauteur mais surtout, ce qui était le plus frappant, c'est la bizarrerie du montage et celle à l'œuvre dans la gestion de la musique : il y a des séquences dont on se demande ce qu'elles font là ; par exemple, il y a cette séquence (qui ouvre d'ailleurs le film) que l'on retrouve à plusieurs reprises dans le film et qui arrive à chaque fois de manière complètement impromptue ; en y réfléchissant un peu, je me suis dit que ça pouvait traduire le fait qu'avec toute la bonne volonté du monde, la publicitaire avait du mal à se faire entendre : comme si malgré sa volonté de changer le film de cap et d'y faire parler les femmes du métier, il était difficile de faire disparaître les velléités du producteur - dont ces séquences logiquement dissonantes sont la manifestation ; pareil pour la gestion de la musique ; d'ailleurs, la séquence musicale qui est choisie est ce moment de la troisième Suite pour orchestre de Bach (son deuxième mouvement, c'est-à-dire le tube) et plus précisément, le moment d'ascension avec ces dissonances particulièrement audibles. Malgré tout, je trouve quand même ça un peu maladroit et le film manque de direction mais globalement, c'est une assez bonne surprise : au-delà de ce que j'ai déjà relevé, il y a quelques scènes à la mise en scène aventureuse, quelques belles séquences - et certaines sont même plutôt drôles ; et sinon, j'aime beaucoup le titre du film. |
| | | Emeryck Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mar 18 Oct 2022 - 19:11 | |
| - Benedictus a écrit:
- Naissance et mort de Prométhée.
Je ne sais pas si quelqu'un l'a déjà vu, celui-ci ; il n'est même pas passé lors de la dernière rétrospective Rivette à la Cinémathèque qui a eu lieu au début de cette année. |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mer 19 Oct 2022 - 1:01 | |
| Alors, c'est parti: • Jacques RIVETTE: Le Coup du berger (1956) Un de ces courts-métrages réalisés par la bande des Cahiers avec l’héritage de Chabrol et quelques sous de Braunberger, souvent avec Brialy en jeune premier: intrigue retorse en mode «tel est pris qui croyait prendre», marivaudage un peu snob (mais avec plus de naturel, moins de sophistication que chez un Kast), scènes d’intérieur parfois assez amusantes, scène de réception avec les copains en figurants (Truffaut, Rohmer, Chabrol) voire dans un des rôles principaux (Doniol-Valcroze), mais aussi de très beaux extérieurs parisiens lumineux - et du Couperin comme on pouvait le jouer à cette époque alternant avec du piano entre hard bop et atonalité française années 50. (Et Straub en assistant réalisateur!) Personnellement, je trouve que ça a un charme fou, mais je suis prêt à admettre que ça manque un peu de substance. Cela dit, je trouve qu’il y a quand même un truc assez frappant (et déjà rivettien), c’est qu’en définitive on ne sait pas avec certitude - Attention, spoiler:
qui, du mari ou de l’amant, a substitué le manteau de fourrure pour le donner à la sœur - les quelques indices ténus qui semblent plutôt désigner le mari sont tout à fait réversibles.
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| | | Cololi chaste Col
Nombre de messages : 33399 Age : 43 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 10/04/2009
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mer 19 Oct 2022 - 8:33 | |
| - Benedictus a écrit:
- En effet, là, c'est un peu du même tonneau que «Winchester '73, c'est génial mais les autres westerns d'Anthony Mann, c'est de la daube.»
(En plus, dans ton cas à toi, il y aurait toutes les raisons pour que ce soit l'inverse - pour Rivette, hein, pas pour les westerns.) Oui ... je suis un être profondément incohérent. La voilà l'explication. Pour Mann ... je n'ai pas parlé de "daube" concernant ses westerns (je réserve le qualificatif au Cid ), mais de westerns très surévalués (au moins pour ceux avec Stewart ... n'ayant pas vu celui avec Cooper) - et par extension, Mann extrêmement surévalué. _________________ Car l'impuissance aime refléter son néant dans la souffrance d'autrui - Georges Bernanos (Sous le Soleil de Satan)
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| | | néthou JazzAuNeth
Nombre de messages : 2030 Date d'inscription : 04/03/2011
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mer 19 Oct 2022 - 9:00 | |
| - Cololi a écrit:
- je suis un être profondément incohérent. La voilà l'explication.
Au contraire. Porter les westerns italiens de Sergio Leone au pinacle et trouver ceux d'Anthony Mann surévalués est très cohérent ! Les arguments pour justifier ça, par contre... |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mer 19 Oct 2022 - 11:33 | |
| - Cololi a écrit:
- Oui ... je suis un être profondément incohérent. La voilà l'explication.
Cololiméro... Personne n'a dit que tu étais «un être profondément incohérent», j'ai juste voulu suggérer que l'expression de tes goûts cinématographiques rendait difficile d'en saisir l'éventuelle cohérence. (À part celle suggérée par néthou.) - Cololi a écrit:
- Pour Mann ... je n'ai pas parlé de "daube" concernant ses westerns [...], mais de westerns très surévalués (au moins pour ceux avec Stewart ... n'ayant pas vu celui avec Cooper) - et par extension, Mann extrêmement surévalué.
Voilà l'exemple frappant: dont acte - mais ça n'explique toujours pas sur quels critères tu arrives à discerner une telle différence entre Winchester '73 et les cinq autres, ni en quoi Winchester ne serait pas aussi «surévalué» que The Naked Spur, par exemple. (Même chose pour Rivette: je comprends tout à fait qu'on n'aime pas du tout Rivette, je comprends tout à fait que, pour des tas de raisons, on puisse préférer Out 1 à Paris nous appartient; mais j'ai du mal à voir sur la base de quels critères on peut à la fois «adorer» Out 1 et qualifier Paris nous appartient de «purge.») - Cololi a écrit:
- "daube" [...] (je réserve le qualificatif au Cid )
(Finalement, néthou a peut-être raison.) |
| | | Pan Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3461 Date d'inscription : 24/12/2006
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mer 19 Oct 2022 - 16:19 | |
| Le Roi de cœur de Philippe de BrocaAttention chef d’œuvre ! J’étais dubitatif, au début, sur cette histoire de fous (au sens propre ! ), mais la mayonnaise prend petit à petit et la fin, démontrant à quel point le commun des mortels est bien plus insane que les aliénés, a fini d’emporter mon adhésion. Soit dit en passant, je pense que la musique de Georges Delerue est pour beaucoup dans la réussite de ce film et je m’étonne qu’il n’y ait aucun sujet sur ce compositeur ici. |
| | | Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14424 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mer 19 Oct 2022 - 18:26 | |
| Raphaël Delpard : La nuit de la mort ! 1980 + Je ne connaissais pas du tout ce réalisateur (je ne sais pas s'il est très connu, cela dit) et sa filmographie (au moins le début de celle-ci) a l'air d'être un foutoir : il y a des comédies (notamment un volet des Bidasses et d'autres aux titres très inspirés comme Vive le fric !) et deux films d'horreur (celui-ci et Clash) et aussi un porno (au vu du titre) ; il a ensuite poursuivi avec plusieurs documentaires. Pour savoir où l'on met les pieds : ce film a une chronique dans Nanarland et je crois que c'est assez compréhensible. Tout d'abord, le scénario est assez mince (et par moments, assez invraisemblable) : une femme quitte son copain et décide de rejoindre une maison de retraite dans lequel elle prend un poste d'infirmière ; elle y arrive, découvre les gens qui la peuplent pour finalement découvrir qu'en fait, les pensionnaires sont cannibales - ça n'a pas été sans mal ! c'est à peu près tout. La technique est assez approximative : au-delà des effets spéciaux, la mise-en-scène est assez frontale avec quelques plans où l'on peut voir le micro (ou plutôt son ombre) ; les acteurs (notamment parmi les pensionnaires) sont en roue libre (mention spéciale au révolutionnaire sur le qui-vive), j'ai trouvé ça assez drôle ; par contre, j'ai trouvé le jeu d'Isabelle Goguey vraiment pas très bon mais pas dans le genre roue libre. Je crois que ce qui m'a le plus agacé, c'est la musique de Laurent Petitgirard sorte de mauvais pastiche de la musique qu'a écrite Herrmann pour Psycho et dont la gestion est abominable : en gros, dès qu'il y a un moment un peu tendu, on nous met la musique à fond, toujours de la même façon ; bref, la subtilité, ce n'est pas le fort de ce film. Contrairement à des films comme ceux de Rollin (enfin, certains d'entre eux) où des idées visuelles germent (souvent entravées par le manque de budget ou de technique), ici j'ai trouvé qu'il n'y avait vraiment pas grand-chose mais malgré tout, j'ai du mal à m'énerver contre un film comme ça : il n'est pas bon et peut-être moins bons que Bonnes à tuer de Decoin mais pourtant je me vois pas lui mettre moins parce que le Decoin m'a assez ennuyé et agacé - en plus de n'être pas très surprenant. |
| | | Cololi chaste Col
Nombre de messages : 33399 Age : 43 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 10/04/2009
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mer 19 Oct 2022 - 19:29 | |
| - Benedictus a écrit:
- Cololi a écrit:
- Oui ... je suis un être profondément incohérent. La voilà l'explication.
Cololiméro...
Personne n'a dit que tu étais «un être profondément incohérent», j'ai juste voulu suggérer que l'expression de tes goûts cinématographiques rendait difficile d'en saisir l'éventuelle cohérence.
(À part celle suggérée par néthou.)
- Cololi a écrit:
- Pour Mann ... je n'ai pas parlé de "daube" concernant ses westerns [...], mais de westerns très surévalués (au moins pour ceux avec Stewart ... n'ayant pas vu celui avec Cooper) - et par extension, Mann extrêmement surévalué.
Voilà l'exemple frappant: dont acte - mais ça n'explique toujours pas sur quels critères tu arrives à discerner une telle différence entre Winchester '73 et les cinq autres, ni en quoi Winchester ne serait pas aussi «surévalué» que The Naked Spur, par exemple.
(Même chose pour Rivette: je comprends tout à fait qu'on n'aime pas du tout Rivette, je comprends tout à fait que, pour des tas de raisons, on puisse préférer Out 1 à Paris nous appartient; mais j'ai du mal à voir sur la base de quels critères on peut à la fois «adorer» Out 1 et qualifier Paris nous appartient de «purge.»)
- Cololi a écrit:
- "daube" [...] (je réserve le qualificatif au Cid )
(Finalement, néthou a peut-être raison.) Je ne l'explique pas, je le constate. Depuis quand aimer ou ne pas aimer, est une somme de critères que l'on coche ou pas ? Ca peut paraître étrange ... mais pourtant nous avons des centaines d'exemple ici sur ce forum de musique : j'aime beaucoup les opéras de Mozart ... pourtant Idomeneo m'assomme ... pourquoi ? je n'en sais rien ^^. Pourtant on peut toujours dire que c'est très proche dans la grammaire musicale de ses autres seria ... et on aura pas tort ... mais ce n'est pas suffisant. Et cela t'arrive à toi aussi forcément en musique ... donc je ne vois pas pourquoi en cinéma ça serait différent. _________________ Car l'impuissance aime refléter son néant dans la souffrance d'autrui - Georges Bernanos (Sous le Soleil de Satan)
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| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mer 19 Oct 2022 - 21:23 | |
| - Cololi a écrit:
- Je ne l'explique pas, je le constate.
Sauf que tu dis plutôt des trucs du style « À part Winchester '73 , évidemment, je trouve que les westerns d'Anthony Mann avec James Stewart sont très surestimés... mou du genou ... sans le moindre intérêt», ce qui n'est pas la même chose que « Bizarrement, j'aime bien Winchester '73 , alors que les autres westerns d'Anthony Mann ne me touchent pas du tout.» - Cololi a écrit:
- Depuis quand aimer ou ne pas aimer, est une somme de critères que l'on coche ou pas ?
[...] Et cela t'arrive à toi aussi forcément en musique ... donc je ne vois pas pourquoi en cinéma ça serait différent. Ben... Ça ne m'arrive pas tant que ça, en fait. Et surtout (qu'il s'agisse de musique ou de cinéma), il est très rare qu'entre deux œuvres qui se ressemblent beaucoup, j'en porte une vraiment au pinacle et que j'en trouve une totalement purgative. Ensuite, ce que je trouve intéressant, à partir d'une expérience de réception un peu contre-intuitive (par exemple: «tiens, c'est bizarre, la Symphonie lyrique de Zemlinsky ça me touche très peu, alors que sur le papier je devrais adorer»), c'est d'essayer de comprendre pourquoi, autrement dit: essayer de trouver ce qui fait que ça me parle moins, de déterminer où se situeraient mes points d'achoppement (une harmonie profuse mais globalement trop consonnante, une orchestration foisonnante mais trop dominée par la masse des cordes, une écriture vocale sans évidence mélodique mais dont les sinuosités sont de nature plus «instrumentale» que «déclamatoire», etc.) - ce que j'appelle des «critères», mais pas des critères donnés a priori et que l'œuvre devrait ou non cocher; plutôt des éléments identifiables qui feraient que j'accroche plus ou moins à telle œuvre qu'à telle autre, et que je mettrais à jour en essayant de comprendre pourquoi j'ai plus ou moins aimé. C'est précisément pour ça que je passe autant de temps ici: pour aller au-delà du simple «j'aime / je n'aime pas» en discutant avec des gens (sympathiques) dont les goûts vont m'apporter quelque chose, y compris si je ne les partage pas. |
| | | Cololi chaste Col
Nombre de messages : 33399 Age : 43 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 10/04/2009
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mer 19 Oct 2022 - 21:48 | |
| J'entends bien ton dernier point, mais là ... tu surestimes mes capacités à analyser mes ressentis (je ne fais pas d'effort particulier pour ça, mais c'est à la fois car cela ne m'est pas facile et également car je trouve ça assez vain). Cela étant dit, même si je suis assez admiratif de cette capacité très développée chez des personnes comme toi ... je n'en suis pas non plus dupe : en lisant ce genre de compte rendu, j'ai toujours l'impression que c'est en partie artificiel (pas les tiens spécifiquement ... je parle en général ... indépendamment du talent), car j'ai l'impression de lire un compte rendu complètement objectivé de l'écoute, une radiographie du ressenti (voire de l'oeuvre ... ce qui est p être plus facile quand on a de solides notions de musique - et un minimum d'oreille). Comme si ça se passait réellement comme cela. Bon et puis exprimer un ressenti esthétique ... c'est une capacité très socialement située (on le sait au moins depuis Bourdieu). Cette pratique m'est assez étrangère (c'est d'ailleurs pour cela que je vouais un culte aux profs de lettres au lycée car je les pensais être de véritables magiciens pour arriver à exprimer avec autant d'aisance ce que les textes charriaient de percepts - pour employer ce beau terme deleuzien). Ceci n'est en aucune façon un snobisme de mauvais élève, snobant les capacités des bons élèves faute de les avoir en sa possession, que ce soit clair _________________ Car l'impuissance aime refléter son néant dans la souffrance d'autrui - Georges Bernanos (Sous le Soleil de Satan)
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| | | Emeryck Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Jeu 20 Oct 2022 - 19:37 | |
| Patrice Leconte : La fille sur le pont 1999 Petit saut dans la filmographie de Leconte qui est décidément assez étonnante : on est assez loin de tous les autres films que j'ai pu voir - qui étaient, soit dit en passant, déjà assez différents les uns des autres. Le film s'ouvre sur un long (vrai) plan-séquence où une jeune fille (interprétée par Vanessa Paradis) décide de tout déballer, elle en a marre : que faire contre la poisse? Elle décide alors d'en finir, c'est alors qu'au moment où elle est prête à sauter qu'un gars (interprété par Daniel Auteuil) l'aborde, lui demandant si elle voulait bien jouer le rôle de sa cible, c'est un lanceur de couteaux - très caraxien. S'ensuit une tournée en forme d'embardée dans les casinos et les cabarets (donnant à Leconte l'occasion de citer La baie des anges de Demy) puis le retour du spleen du côté du personnage de Paradis, la chute du côté du personnage d'Auteuil puis la fin en symétrie par rapport au début. On pourrait trouver ça trop léger, trop facile (la photographie noir et blanc, notamment) - peut-être même trop mièvre - mais j'ai aimé le rythme du film, sa manière de tout vérifier à chaque fois, de tester la chance des personnages ; j'ai également trouvé que le duo Paradis-Auteuil fonctionnait bien et j'ai apprécié qu'Auteuil ne soit pas en mode sauveur ; c'est finalement un film assez joli. |
| | | Emeryck Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Ven 21 Oct 2022 - 18:55 | |
| Pierre Salvadori : Cible émouvante 1993 Ce film est le premier film réalisé par Pierre Salvadori et c'est d'assez loin de meilleur que j'ai vu (parmi les quatre de ses films que j'ai vus), pourtant le pitch est assez sommaire : un tueur à gage vieillissant (interprété par Jean Rochefort), un peu solitaire et vivant toujours chez sa mère ; on lui a confié l'exécution d'une jeune femme (interprétée par Marie Trintignant) et lors de l'exercice de ses fonctions, il est repéré par un jeune homme (interprété par Guillaume Depardieu) qu'il va du coup prendre comme apprenti mais évidemment (spoiler) rien ne va se passer comme prévu et la mission n'arrivera pas à terme. C'est une histoire assez banale (variation sur un duo-relais jeune/vieux en mode Adieu poulet - par exemple -, un tueur à gages qui n'arrive à rien - on pense aux comédies policières (plus ou moins réussies) des années soixante) mais j'ai trouvé que la direction d'acteurs était vraiment excellente (tou(te)s les acteurices sont très très bon(ne)s, j'en profite pour mentionner Patachou dans le rôle de la mère du tueur à gages, elle est vraiment extraordinaire) et surtout la mise en scène fourmille de petits détails et a un grand sens du rythme : pour donner un exemple, à un moment il y a une poursuite entre des gens qui voulaient également tuer la jeune femme (d'ailleurs, il y a un quiproquo assez drôle : Rochefort arrive dans le parking souterrain pour la tuer mais il découvre que quelqu'un est sur le coup, du coup, il décide de la sauver mais une fois dans la voiture, il y avait un autre gars) et notre binôme ; vient alors une scène assez classique où lors de la poursuite, une poussette s'engage sur le passage clouté et là, au lieu de simplement filmer l'accélération ou l'arrêt brutal les deux pieds sur la pédale de frein, Salvadori décide de faire quelque chose d'étonnant : il filme d'abord l'accélération puis filme la poussette avançant lentement grâce à son inertie, heurtant doucement une voiture garée sur le côté de la route, il fait entendre très nettement le bruit du choc, petit temps avec un zoom avant sur les bébés qui semblent amusés puis zoom avant sur la voiture des assaillants encastrée dans l'arbre ; cette manière d'envisager le rythme me rappelle pas mal la scène d'ouverture de Une femme douce de Bresson avec qui il partage ce sens de la rupture. Il y a également beaucoup de scènes drôles (la fin !) et des scènes assez belles visuellement mais il y a une chose sur laquelle j'aimerais dire quelques mots, c'est le titre : déjà, je l'aime énormément et je le trouve extrêmement pertinent : il traduit exactement la logique générative du film, à savoir celle du retard, du pas de côté, du déplacement (qu'il soit temporel ou spatial) - que l'on trouve dans le "cible mouvante" sous-jacent - mais le trait est redoublé : le titre subit ce même procédé par ajout de ce petit "é" qui colore le titre de manière complètement différente et permet d'évoquer un moteur important de ce film : le moteur affectif - si l'on voulait compléter l'idée du déplacement, on pourrait même parler de transport, ça me semble tout à fait approprié. Je ne sais pas si je trouverai un film aussi réussi en poursuivant la découverte de la filmographie de Salvadori - je l'espère. |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Sam 22 Oct 2022 - 0:00 | |
| • Jacques RIVETTE: Suzanne Simonin, la Religieuse de Diderot (1966) Un film que je me souvenais avoir beaucoup aimé, mais qui m’a sinon déçu, en tout cas trouvé assez dubitatif au revisionnage (à vrai dire, je me suis un peu forcé pour le regarder jusqu’au bout.) Avant toute autre considération, je trouve assez incompréhensible la censure de ce film (même seulement trois ans après Vatican II), tant il m’apparaît rigoureusement inattaquable du point de vue de la théologie catholique. Le seul message que je discerne dans ce film, c’est que la vie consacrée suppose l’adhésion sincère à une vocation personnelle réelle qui ne relève en définitive que de la grâce divine, et que prétendre remplacer celle-ci par des considérations séculières expose à de grands malheurs; et que pratiquer la contrainte en la matière, c’est livrer l’Église à des personnes qui instrumentaliseront le principe d’obéissance au profit de leur goût du pouvoir ou de leur concupiscence. (Et, accessoirement, une espèce de dimension de critique historique: montrer très précisément en quoi le fonctionnement de l’institution cléricale du XVIIIᵉ était déviant au regard des valeurs chrétiennes.) De sorte que je ne vois vraiment pas où est le problème. Ce que l’on pourrait à l’inverse reprocher à Rivette et Gruault, c’est d’avoir finalement distordu en ce sens la dimension antireligieuse du texte de Diderot, qui, lui, suggérerait plutôt qu’il n’y a pas de grâce ni de vocation personnelle, mais seulement des rapports de domination - et le mettait en récit avec une verve polémique qui ne se refusait pas les exagérations scabreuses. Mais le résultat de cette distorsion est peut-être en partie ce qui m’a posé problème avec ce film: le propos du film étant celui que j’ai dit, pourquoi alors avoir quand même conservé (dans la seconde partie du film) ces mêmes exagérations, a fortiori en les mettant en scène avec cette retenue qui en déplace le caractère de «scandale sexuel» vers un austère questionnement moral? L’impression qui s’en dégage est du coup celle d’une espèce de cote mal taillée, d’un dispositif qui fonctionne mal - comme si un producteur avait demandé à Bresson de retravailler un script de Buñuel. Cette impression est aussi renforcée par certains choix esthétiques du film. D’abord, il y a un problème de hiatus entre une volonté extrêmement poussée d’exactitude historique (dont peut attester quiconque a un peu étudié l’histoire des institutions religieuses et de la conditions féminine dans la France du XVIIIᵉ siècle) - en particulier toute la première partie - et le fait d’avoir conservé dans le même temps - surtout dans la seconde - des scènes dont le caractère relève de la dimension satirique, caricaturale, largement fantasmatique et délibérément outrancière du texte de Diderot, si atténué soit-il. (Un peu comme si l’on avait mêlé dans le même ouvrage une étude moderne serrée des sources sur la Saint-Barthélémy, façon Jérémie Foa, et les visions de Dumas dans La Reine Margot ou des Huguenots de Scribe et Meyerbeer.) Un hiatus dont me semble d’ailleurs rendre compte cet étrange titre: Suzanne Simonin, la Religieuse de Diderot - comme si le film était une adaptation du roman de Diderot, tout en ne l’étant pas non plus tout à fait. (Au demeurant, il n’est pas impossible qu’un nouveau revisionnage permette de creuser ce hiatus et d’y trouver un sens qui, pour l’instant, me semble tout sauf évident.) Autre hiatus, qui rend peut-être davantage compte de ma difficulté à entrer dans le film: celui entre, d’une part, le caractère tout à fait traditionnel et «naturaliste» de la plupart des choix esthétique de la représentation qui tire dangereusement le film vers un certain cinéma académique de cette époque (presque «qualité française», pour reprendre la terminologie des Cahiers: les décors et les costumes soignés, le caractère très écrit des dialogues, le grain et les couleurs, la gestuelle et l’intonation de la plupart des acteurs, Micheline Presle en tête, la musique diégétique très «baroque français en 1960» façon Rameau par Paillard et Veyron-Lacroix¹…), et, d’autre part, un certains nombre de traits presque agressivement modernistes qui viennent fissurer cette trame un peu lisse: certains recadrages surprenants, le jeu sur la profondeur de champ (qu’on sent influencé par les vues de Bazin), la musique extra-diégétique atonale de Jean-Claude Éloy, le jeu beaucoup plus «Nouvelle Vague» et l’accent d’Anna Karina… Or, si, tout au long du film, j’ai bien ressenti cette tension, et compris qu’elle était manifestement au cœur de ce que voulait faire Rivette, je n’ai jamais réussi à saisir comment elle fonctionnait. Donc un film qui m’a posé beaucoup de questions restées un peu en suspens - et dont je ne sais au total pas trop quoi penser. ¹ «Tristes apprêts» (de Castor et Pollux) par Anna Karina, c’est quelque chose… Bon, allez, ce week-end, je visionne L'Amour fou. |
| | | Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14424 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Sam 22 Oct 2022 - 9:57 | |
| - Benedictus a écrit:
- Bon, allez, ce week-end, je visionne L'Amour fou.
je ne l'ai encore jamais vu. |
| | | Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14424 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Sam 22 Oct 2022 - 10:31 | |
| Carlos Saura : Peppermint frappé 1967 + Je n'ai pas vu énormément de films de Carlos Saura mais j'en garde à chaque fois un souvenir en demi-teinte (à part peut-être Cria cuervos) : je trouve qu'il y a véritablement des idées (aussi bien narratives qu'en terme de mise-en-scène) et ce sont toujours des films qui racontent quelque chose mais à la fois, je les trouve toujours assez laborieux (et parfois maladroit) et du coup, je m'y ennuie toujours un peu. Ici, c'était à nouveau le cas mais le film était assez différent de ce que j'avais pu voir jusqu'alors : les couleurs étaient beaucoup plus vives et le paysage visuel beaucoup plus pop et surtout, le film ressemble presque à un collage de différents films : on peut y voir du Buñuel (à qui le film est dédié) dans les personnages, on peut y voir du Hitchcock et bien sûr le personnage control-freak-violent au centre du récit rappelle énormément le photographe de Blow-up d'Antonioni. Pour faire bref, ce personnage principal est un radiologue qui est invité chez son ami d'enfance et qui croit reconnaître en la femme de ce dernier une fille qu'il a vu jouer du tambour étant enfant ; du coup, il manipule et modèle son assistante à l'image qu'il a en tête ; ensuite, la femme de son ami le troll et du coup, il tue le couple avec le cocktail préféré du mari - qui est, spoiler, un peppermint frappé auquel il a adjoint du poison. Le film va suffisamment peu dans les détails pour que pas mal de lectures soient possibles (la plus littérale étant sans doute sur le système de la mode - cf. la scène pré-générique) mais du coup, ce n'est peut-être pas extrêmement intéressant. |
| | | xoph Mélomane chevronné
Nombre de messages : 6075 Age : 66 Localisation : là Date d'inscription : 12/10/2011
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Sam 22 Oct 2022 - 11:50 | |
| Bill DouglasComrades,a Lanternist's Account of the Tolpuddle Martyrs and What Became of Them.(Camarades, le récit d'un lanterniste sur les martyrs de Tolpuddle, et ce qu'il advint d'eux)Second film (si l'on considère que la Trilogie est un tout) et dernier film de Bill Douglas. Film en deux parties : la première dans le Dorset qui voit émerger les premières sociétés (certaines scènes pourraient presque faire penser à un rituel initiatique) syndicales paysannes, artisanales ; puis la seconde qui raconte la déportation de ses instigateurs en Australie, et la poursuite de leur combat pour la dignité. En contrepoint (et lien) : le proto-cinéma (dont Bill Douglas était un fin connaisseur, et collectionneur) rythme le film par des saynètes, mettant en relief chaque fois une technique différente (proto-cinéma, mais aussi illusion, début de la photo), sous quatorze formes (et un même acteur) reliées au temps long du récit de façon plus ou moins directe. Ce contrepoint, la force plastique de certains plans, l'attachement minutieux de Douglas à celles et ceux qu'il filme (professionnel·le·s ou non), font du film bien plus qu'un récit édifiant (ce qu'il reste néanmoins au sens noble du terme). La seconde partie est sans doute plus décousue que la première (elle fut aussi plus difficile à tourner - le tournage en Australie s'étant avéré long, compliqué - il pleuvait ! ce qui pour casser du caillou en plein cagnard n'est pas le plus pertinent). Moins aimé que la Trilogie, mais très beau film. https://www.arte.tv/sites/olivierpere/2014/07/28/comrades-de-bill-douglas/ |
| | | Thelonious Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2452 Date d'inscription : 10/01/2011
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Sam 22 Oct 2022 - 15:45 | |
| La légende de Musashi - 1954 Duel à Ichijôji - 1955 La voie de la lumière -1956 Réalisation : Hiroshi Inagaki |
| | | Rubato Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14620 Date d'inscription : 21/01/2007
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Sam 22 Oct 2022 - 16:02 | |
| @ TheloniousPour Musashi, il existe aussi la version de Tomu Uchida, en 6 films allant de 1961 à 1971. - Visuel:
- La légende de Miyamoto Musashi - Les moines lanciers du temple Hozoin - À deux sabres - Seul contre tous à Ichijoji - Le duel de l'aube - Musashi contre Baiken ...j'ai les deux versions. |
| | | Thelonious Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2452 Date d'inscription : 10/01/2011
| | | | Rubato Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14620 Date d'inscription : 21/01/2007
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Sam 22 Oct 2022 - 17:03 | |
| - Thelonious a écrit:
- Rubato a écrit:
- @Thelonious
Pour Musashi, il existe aussi la version de Tomu Uchida, en 6 films allant de 1961 à 1971.
- Visuel:
- La légende de Miyamoto Musashi - Les moines lanciers du temple Hozoin - À deux sabres - Seul contre tous à Ichijoji - Le duel de l'aube - Musashi contre Baiken
...j'ai les deux versions. Laquelle a ta préférence?
Difficile à dire, il faudrait que je revisionne tout!! Mais j'aime beaucoup Toshiro Mifune qui joue dans la version d' Hiroshi...en fait j'ai plus de souvenirs de celle-ci que de celle d' Uchida. ...mais bon, Tomu Uchida n'est pas n'importe qui non plus!...j'aime beaucoup Le détroit de la faim. |
| | | Thelonious Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2452 Date d'inscription : 10/01/2011
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Sam 22 Oct 2022 - 18:20 | |
| - Rubato a écrit:
- Difficile à dire, il faudrait que je revisionne tout!!
Mais j'aime beaucoup Toshiro Mifune qui joue dans la version d'Hiroshi...en fait j'ai plus de souvenirs de celle-ci que de celle d'Uchida. ...mais bon, Tomu Uchida n'est pas n'importe qui non plus!...j'aime beaucoup Le détroit de la faim. C'est certainement ta préférée alors. Si je trouve celle d'Uchida, je testerai. |
| | | Rubato Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14620 Date d'inscription : 21/01/2007
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Sam 22 Oct 2022 - 19:40 | |
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| | | Cololi chaste Col
Nombre de messages : 33399 Age : 43 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 10/04/2009
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Sam 22 Oct 2022 - 19:46 | |
| J'hésite encore à acheter la trilogie d'Inagaki. Vous rapprochez ça de quels films ? _________________ Car l'impuissance aime refléter son néant dans la souffrance d'autrui - Georges Bernanos (Sous le Soleil de Satan)
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| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné | |
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