Votre dernier film visionné

Les vieux fourneaux

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U-571

Un classique revu à la télé avec grand plaisir.

The Philadelphia story

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Gaspar Noé : Vortex        2021

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Je ne suis habituellement pas un grand fan de Gaspar Noé (c'est le moins qu'on puisse dire...) et il me semble que les seuls films qu'il a réalisés et que j'ai aimés sont ses premiers films (Carne et Seul contre tous) et le film qui vient juste avant celui-ci (Lux aeterna) ; pour cette raison (et aussi pour le casting (hétéroclite) exclusivement composé de personnes que j'aime bien : Dario Argento, Françoise Lebrun, Alex Lutz), ce film piquait pas mal ma curiosité mais je dois dire que quasiment deux heures et demi de Noé, ça m'a également un peu tenu à distance. Ce film raconte l'histoire d'un couple de personnes âgées (interprété par Argento et Lebrun, donc ; c'est-à-dire deux idoles de Noé puisque Argento est le réalisateur que l'on connait et Lebrun joue l'un des rôles principaux du superbe La maman et la putain de Jean Eustache), elle est une ancienne psychiatre atteinte de la maladie d’Alzheimer et lui est un théoricien du cinéma qui écrit un livre sur la place du rêve dans le cinéma ; le film suit simplement leur vie. Le film met pas mal de temps à véritablement démarrer (au début, ils vivent juste leur vie plus ou moins chacun de leur côté) mais je ne vois pas trop comment le film aurait pu marcher sans cette partie puisque si le split-screen (d'usage quasi-constant dans le film) fonctionne autant à la fin (notamment lorsque l'un des deux écrans est éteint ou lorsqu'il s'agit d'avoir plusieurs vues simultanément exprimées) fonctionne autant à la fin, c'est certainement par dissolution : au début, il rend l'espace de visibilité tellement plein, tellement homogène qu'à la fin, cette dissolution de la visibilité donne vraiment une existence d'ordre cinématographique à la vieillesse, j'ai trouvé ça vraiment pas mal et bien vu. C'est d'ailleurs assez amusant que finalement le message soit en gros le même que celui d'Irréversible (à savoir : le temps détruit tout) mais les films ne semblent presque pas avoir été fait par la même personne : dans Vortex, on n'est plus du tout dans l'épate pénible d'Irréversible avec beaucoup de scènes qui semblent être là pour pousser le curseur plus loin (la longue scène de viol, la longue scène de destruction de crâne à coup d'extincteur) et ça ne peut être qu'appréciable ; j'ai été agréablement surpris par ce film.

Michel Franco : Sundown        2021


Le dernier film de Michel Franco que j'avais vu (Chronic) m'avait beaucoup agacé notamment par son aspect caricatural : un recours systématique aux scènes violentes (en filmant de manière extrêmement rigide et glacée) avec des acteurs d'une froideur extrême pour au final ne rien raconter, comme si le seul intérêt était de choquer - ce genre de cinéaste m'agacent de toute façon. À l'occasion de mon rattrapage sur les films qui sont sortis en 2022 dans les salles françaises, j'ai décidé de découvrir son petit dernier qui est sorti fin juillet 2022 en France. Pas de doute, c'est du Franco : une famille de grands bourgeois londoniens passe ses vacances à Acapulco et doit revenir à Londres car la grand-mère est mourante, arrivé à l'aéroport, le mari prétexte avoir oublié son passeport (on apprend rapidement ensuite qu'il n'a juste pas envie de partir avec eux) donc il reste là-bas, se la coule douce, est mené à un autre hôtel, rencontre une autre femme puis sa vraie femme est tuée, il est emprisonné (car le chauffeur de taxi qui l'a mené à l'hôtel est proche des tueurs) puis, comme si ça ne suffisait pas, il termine avec un cancer ; je crois que l'aspect caricatural est limpide, ici, d'autant plus que le film est extrêmement linéaire et systématique (en gros, tout son passé remonte progressivement à la surface - comme dans Chronic, en fait). Je n'ai donc pas beaucoup aimé le film mais je crois que je ne l'ai pas détesté non plus : je crois que cette linéarité extrême va bien avec le personnage de connard complètement apathique interprété par Tim Roth : il continue sa route quoi qu'il arrive et je crois que ça retient un peu le film ; cela dit, ça ne suffit pas à rendre le film vraiment digne d'intérêt puisque, pour moi, il ne raconte rien de véritablement intéressant - mais c'est déjà un petit mieux. 

Jean-Pierre Pozzi : La disparition ?        2021

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À l'occasion des quarante ans de l'élection de François Mitterrand, le dessinateur Mathieu Sapin décide de faire quelques planches de bande dessinée pour Libération afin de commémorer cet événement ; pour en savoir un peu plus, il décide d'interviewer quelques membres du parti socialiste : Julien Dray (qui a notamment cofondé SOS Racisme), Laure Adler (une journaliste qui a été conseillère à la culture pour Mitterrand), Gérard Colé (qui a été conseiller en communication pour Mitterrand pendant les années 80) et Philippe Moreau-Chevrolet (je sais plus ce qu'il faisait là, celui-ci). Le documentaire procède chronologiquement depuis la victoire de Mitterrand en 1981 jusqu'à, en gros, la victoire d'Emmanuel Macron en 2017 avec une question en ligne de mire : le PS est-il amené à disparaître ? (la scène d'introduction du film montre d'ailleurs le déménagement du siège historique du PS rue de Solférino) Le documentaire est un peu décevant dans cette perspective puisqu'il ne donne pas de réponse intéressante à cette question (il aurait peut-être été bien d'inviter des gens extérieur et même d'évoquer autre chose que le PS) mais reste toutefois plutôt agréable à suivre (même si assez peu surprenant) par son lot d'anecdotes sans aller beaucoup plus loin - ça aurait été pas mal d'interviewer des gens plus jeunes, aussi, parce qu'on sent que les réponses de certains sont parfois cringe ou parfois caricaturales mais ce n'est pas majoritaire ; ça aurait été pas mal de discuter de la place du PS dans la gauche parmi les autres partis parce que finalement, on s'en fout pas mal de la disparition du PS, il me semble.

Emeryck a écrit:

si le split-screen (d'usage quasi-constant dans le film) fonctionne autant à la fin (notamment lorsque l'un des deux écrans est éteint ou lorsqu'il s'agit d'avoir plusieurs vues simultanément exprimées) fonctionne autant à la fin, c'est certainement par dissolution : au début, il rend l'espace de visibilité tellement plein, tellement homogène qu'à la fin, cette dissolution de la visibilité donne vraiment une existence d'ordre cinématographique à la vieillesse, j'ai trouvé ça vraiment pas mal et bien vu. C'est d'ailleurs assez amusant que finalement le message soit en gros le même que celui d'Irréversible (à savoir : le temps détruit tout) mais les films ne semblent presque pas avoir été fait par la même personne : dans Vortex, on n'est plus du tout dans l'épate pénible d'Irréversible avec beaucoup de scènes qui semblent être là pour pousser le curseur plus loin (la longue scène de viol, la longue scène de destruction de crâne à coup d'extincteur) et ça ne peut être qu'appréciable ; j'ai été agréablement surpris par ce film.

C'est amusant: un copain critique (qui n'aime pas du tout Gaspar Noé) m'avait dit exactement la même chose de ce film, presque mot pour mot.

Benedictus a écrit:

Emeryck a écrit:

si le split-screen (d'usage quasi-constant dans le film) fonctionne autant à la fin (notamment lorsque l'un des deux écrans est éteint ou lorsqu'il s'agit d'avoir plusieurs vues simultanément exprimées) fonctionne autant à la fin, c'est certainement par dissolution : au début, il rend l'espace de visibilité tellement plein, tellement homogène qu'à la fin, cette dissolution de la visibilité donne vraiment une existence d'ordre cinématographique à la vieillesse, j'ai trouvé ça vraiment pas mal et bien vu. C'est d'ailleurs assez amusant que finalement le message soit en gros le même que celui d'Irréversible (à savoir : le temps détruit tout) mais les films ne semblent presque pas avoir été fait par la même personne : dans Vortex, on n'est plus du tout dans l'épate pénible d'Irréversible avec beaucoup de scènes qui semblent être là pour pousser le curseur plus loin (la longue scène de viol, la longue scène de destruction de crâne à coup d'extincteur) et ça ne peut être qu'appréciable ; j'ai été agréablement surpris par ce film.

C'est amusant: un copain critique (qui n'aime pas du tout Gaspar Noé) m'avait dit exactement la même chose de ce film, presque mot pour mot.

Ça, c'est bien la preuve de la dictature woke et de l'uniformisation des pensées qui en découle !!!

Spoiler:

Emeryck a écrit:

on s'en fout pas mal de la disparition du PS, il me semble.

 Presque tout le monde.

Il y a encore qq profs en fin de carrière qui sont nostalgiques du PS (c'est du vécu).

Ca peut se comprendre, c'est pas la même génération aussi.

Xavier a écrit:

Ca peut se comprendre, c'est pas la même génération aussi.

Tout à fait.

Toi et moi, on est de la génération Mitterand ... on a entendu depuis tout petit le PS dire "on a tout essayé" (c'est la variante soft du "there is no alternative" de Tatcher), alors difficile d'être très nostalgique ... même s'il y a eu certains trucs positifs sous Jospin (35h).
Les générations suivantes ... c'est encore pire que pour la nôtre, même pas la peine de préciser.

Je peux comprendre qu'il en soit différemment pour les générations plus anciennes.

Rodrigo Sorogoyen : As bestas        2022


J'avais découvert Sorogoyen avec Madre que j'avais détesté : j'étais agacé par le propos mais également par la longueur du truc - et puis, quand même, on se retrouvait avec du Saez dans la bande originale, c'est dire le niveau. Je lui redonne une chance avec As bestas (notamment parce que le duo de tête est composé d'une actrice et d'un acteur que j'aime beaucoup : Marina Foïs et Denis Ménochet) et c'est encore un raté : je n'ai peut-être pas autant detesté que Madre mais je n'ai pas aimé du tout. D'un point de vue technique, c'est pas si mal (même si la manière de filmer est quand même un peu poseuse avec ces ralentis...) mais la gestion de la longueur, ce n'est pas encore ça (j'ai trouvé la seconde partie du film beaucoup moins bien gérée, comme si on était quasiment passé à autre chose - et le jeu de la fille est assez mauvais (pourtant, je ne suis pas difficile sur ce point) ; par contre, la première partie n'est pas si mal, la tension est plutôt bien gérée). Ce qui m'a vraiment agacé, c'est ce que le film raconte : on suit un couple de français qui s'est installé en Galice, ils font leur petit jardin et restaurent des maisons délabrées pour favoriser le repeuplement de cette région (des sauveurs, en somme) ; par ailleurs, ils s'opposent à un projet de parc éolien qui semble soutenu par les gens qui habitent là depuis longtemps et ça va notamment être une source de conflit ; ensuite, le film nous dit clairement que les populations locales sont des méchants sauvages alors que le couple de français est très gentil : toute l'empathie est du côté du couple alors que bon... c'est un couple de bourgeois qui arrive de nulle part pour faire ses trucs ; en même temps, c'est vrai que c'est génial, cette dynamique (non) ; et puis bon, si on avait pas compris que c'étaient des méchants, le réalisateur va aller jusqu'à les faire tuer le gars et puis la police va aussi un peu s'en foutre. En tout cas, ça m'a bien gonflé mais apparemment, c'est génial ; le consensus autour de ce film est vraiment uniforme - encore plus que pour Madre, c'est dire ! 

Emeryck a écrit:

Spoiler:

Spoiler:

Cololi a écrit:

Toi et moi, on est de la génération Mitterand

Mitterrand, ça prend deux r.

Oups désolé

Je rajoute que les bons trucs sous Mitterrand c'est surtout avant 83 ... et du coup, on a pas connu les points positifs, on a surtout émergé à la politique avec le "on a tout essayé" (avec comme horizon, comme imaginaire le chômage et l'impuissance politique).

Ritesh Batra
The Lunchbox

A partir d'une erreur persistante d'aiguillage, les saveurs culinaires manquent leur cible, et virent au roman épistolaire, où se révèlent manques, désir et peurs. Très jolie fable, qui au final, redonne à chacun-chacune goût à vivre.
Le DVD est accompagné d'un livre de recettes, celles des Lunchbox

Je suis une légende

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On le savait déjà (mais les smiley et le + font un peu prétentieux, du coup).

Rhoo...

(j'avoue que ça m'a fait un peu drôle en l'écrivant)

Xavier a écrit:

(j'avoue que ça m'a fait un peu drôle en l'écrivant)

Oui, ça fait ça, au début.
Après, on s'habitue, tu verras.



Signé: Pelé

Vincent Maël Cardona : Les magnétiques        2021

 +
Ce film est le premier long-métrage de Vincent Maël Cardona, je l'ai trouvé vraiment proche des Passagers de la nuit de Mikhaël Hers notamment parce que ce sont un peu les deux seuls (?) films que je connais qui parlent de la jeunesse dans sa (petite) vingtaine au moment de l'élection de François Mitterrand et qui donne une part importante à la radio ; malheureusement, Les magnétiques n'est pas au niveau des Passagers de la nuit. Sa première partie est la plus réussie : pas mal de belles scènes, j'ai beaucoup aimé l'emphase sur la bande magnétique, sur le procédé très combinatoire du mixage comme s'il s'agissait d'un complexe (les plus belles scènes du film sont d'ailleurs à mon avis celles où le personnage principal du film élabore (par superposition) le générique de son émission de radio et celle où il diffuse un message (toujours par superposition) sur une radio britannique pour la fille qu'il aime) ; j'aime bien les tons assez sombres de la photographie, aussi. Ce qui mine ce film, c'est vraiment sa deuxième partie : elle met globalement de côté toutes les choses intéressantes développées dans la première partie (à part la scène que j'ai évoquée à la radio) pour se focaliser sur une histoire d'amour qui est tout ce qu'il y a de plus convenue - et même lorsque l'on revient au frère, c'est assez convenu ; ça m'a beaucoup frustré car il y aurait eu moyen, en cultivant cette logique de superposition, de poursuivre toutes les trajectoires, de jouer de leur enchevêtrement et de faire quelque chose de complètement exalté et superbe - c'est ce que réussit davantage Mikhaël Hers dans son film. Je suis malgré tout curieux de voir ce que va nous proposer Cardona par la suite.

François Ozon : x2000        1998

 + / 
Ce film est un court-métrage d'une petite dizaine de minutes, il ne raconte en soi pas tellement de choses mais je l'ai trouvé assez réussi : il se contente de filmer un lendemain de soirée après le nouvel an ayant mené à l'an 2000, le film est quasiment sans dialogue et met l'accent sur le vide ainsi que le plein du corps (j'ai beaucoup aimé la manière dont Ozon filmait les corps dans certaines séquences, ça m'a un peu fait penser à Varda) ; j'ai trouvé qu'il arrivait pas mal à mettre en image cette ambiance un peu statique de lendemain de fête.

Danièle Huillet & Jean-Marie Straub : Toute révolution est un coup de dés        1977


C'est la première réalisation du couple Huillet/Straub que je vois (point de départ assez peu banal), il s'agit d'un court-métrage d'une dizaine de minutes dont l'action groupée et l'assemblage semblent être le cœur : le titre est une phrase de Jules Michelet et dans le film, les protagoniste récitent tour-à-tour (mais dans l'ordre) des bribes du poème Un coup de dés n'abolira jamais le hasard de Mallarmé dans le cimetière du Père-Lachaise non loin de la plaque en hommage aux mort(e)s de la Commune. Il faudrait que j'essaie leurs longs-métrages qui sont sans doute moins limités - même si ce court n'est pas complètement inintéressant.

- : Messe noire        1928


Ce court métrage de 1928 est complètement anonyme, aussi anonyme que prévisible ; j'exagère peut-être un peu : l'imagerie est plutôt originale mais j'ai trouvé le court un peu répétitif et excessivement programmatique ; heureusement que ça ne dure que six minutes.

Virgil Vernier : Vega        2014


J'aime en général beaucoup les réalisations de Virgil Vernier mais ici, j'ai été très déçu : Vernier filme une femme la nuit dans une rue vide, elle raconte sa vie sans qu'il y ait vraiment de fil directeur puis d'un coup, on a des plans de ciel étoilé, ça ne marche vraiment pas du tout : à la fois en terme d'intelligibilité mais aussi en terme de fluidité de la construction.

Emeryck a écrit:

C'est la première réalisation du couple Huillet/Straub que je vois

Jean Rollin : Fascination        1979

 +
J'ai lancé ce film un peu au hasard en me disant que ça faisait longtemps que je n'avais pas vu un film de Rollin et également animé par la curiosité puisque Fascination est sans doute le film le plus connu et apprécié de ce réalisateur ; d'ailleurs, c'est assez amusant car je finis 2022 avec un film de Rollin et je l'avais commencée par un documentaire sur Rollin. Pour ce film, il m'a semblé que Rollin avait peut-être un tout petit peu plus de budget : il a tourné le film dans un assez beau château et la décoration est peut-être un peu plus fourni que d'ordinaire. Comme souvent, le scénario et les dialogues ne sont pas hyper denses mais l'atmosphère est assez bonne (même si le jeu de Jean-Marie Lemaire est parfois un peu pénible) : un braqueur décide de partir seul avec le butin et trouve refuge dans un château, c'est là qu'il trouve deux jeunes femmes qui prétendent être les domestiques du château mais il s'agit en fait de deux vampires et elles servent d'appât pour leur bande ; j'ai trouvé ça assez ludique et il y a pas mal de beaux plans et des idées visuelles ; ce n'est à mon avis peut-être pas tout à fait au niveau de La rose de fer mais c'est dans le haut de la filmographie de Rollin.

Benedictus a écrit:

Emeryck a écrit:

C'est la première réalisation du couple Huillet/Straub que je vois

Eh oui !

Bon, un petit bilan cinématographique pour cette année :

Les dix meilleurs films sortis en 2022 en France :

1. Chan-wook Park, Decision to leave.
   
2. Alain Guiraudie, Viens je t'emmène.
   
3. Mikhaël Hers, Les passagers de la nuit.
   
4. Samuel Theïs, Petite nature.
   
5. Vincent Le Port, Bruno Reidal, confession d'un meurtrier.
   
6. Pierre Salvadori, La petite bande.
   
7. Thomas Paulot, Municipale.
   
8. Elisabeth Subrin, Maria Schneider, 1983.
   
9. Bertrand Mandico, After blue (paradis sale).
   
10. Éléonore Weber, Il n'y aura plus de nuit.
    

Je n'ai bien sûr mis ici que les films que j'ai pu voir, il y en a beaucoup que j'aimerais beaucoup voir (Coma de Bertrand Bonello, Un beau matin de Mia Hansen-Love, Rodéo de Lola Quivoron, Pacifiction d'Albert Serra et sans doute d'autres que j'oublie.) Il y a eu aussi des assez grosses déceptions (le dernier Desplechin, le dernier Mysius, le dernier Cronenberg) et de belles surprises (le dernier Noé).

Mes vingt (re)découvertes cinématographiques de l'année :

• Agnès Varda, Cléo de 5 à 7. (1962) *
  
• Mikhaël Hers, Amanda. (2018)
  
• Nicholas Ray, Johnny Guitar. (1954)
  
• Jacques Demy, Les parapluies de Cherbourg. (1964) *
  
• Mervyn LeRoy, I am a fugitive from a chain gang. (1932)
  
• Agnès Varda, Le bonheur. (1965) *
  
• Luc Moullet, Ma première brasse. (1981)
  
• Jean-Pierre Jeunet & Marc Caro, Delicatessen. (1991) *
  
• Léa Mysius, Ava. (2018)
  
• Éric Rohmer, Le rayon vert. (1986) *
  
• Arthur J. Bressan Jr., Buddies. (1985)
  
• Georges Lautner, Le septième juré. (1961)
  
• Mathieu Amalric, Serre moi fort. (2021)
  
• Jacques Audiard, Les olympiades. (2021)
  
• Martin Scorsese, The king of comedy. (1983)
  
• Bertrand Tavernier, Un dimanche à la campagne. (1984)
  
• Bertrand Mandico, Les garçons sauvages. (2018)
  
• Joseph Losey, Monsieur Klein. (1976)
  
• Sandrine Veysset, Y aura-t-il de la neige à Noël ? (1996)
  
• Callisto McNullty, Delphine et Carole insoumuses. (2019) 
  

Le fabuleux monde de l'entreprise... (ARTE)

https://www.youtube.com/watch?v=mm_UidMxDcM

Jane Campion : The power of the dog

Un scénario inattendu et un déroulement elliptique, des profils psychologiques fouillés, une lenteur nécessaire et assez hypnotique. J'ai trouvé ça excellent.

Benoît Forgeard : Fuck UK        2012


Il s'agit d'un court-métrage d'une bonne dizaine de minutes, un peu amusant mais sans être tordant ni complètement abouti : le personnage principal est, comme le suggère le titre, profondément anti-anglais et décide de monter un petit groupe pour déployer ça ; au programme (entre autres), une sodomie (symbolique) du Royaume-Uni à coup d'entrées et sorties répétées d'Eurostar. Bref, ça vient complètement au hasard, il n'y a aucun ancrage mais j'ai quand même trouvé que cet aspect non ancré rappelait l'anti-américanisme forcené que l'on peut parfois entendre. Sinon, sans véritable surprise, Gaspard Proust est assez limité dans le rôle titre.

Jean-Claude Carrière : La pince à ongles        1969


Ce court-métrage d'une dizaine de minutes est l'unique réalisation de l'écrivain/scénariste Jean-Claude Carrière et je dois dire que c'est assez dommage car j'ai trouvé que c'était une franche réussite. L'histoire est d'une très grande simplicité (des bourgeois se rendent dans un hôtel mais malheur : le mari a perdu sa pince à ongles !) et il n'y a quasiment pas de dialogues mais grâce aux acteurices (Lonsdale en tête, génial), le film arrive à installer très rapidement une ambiance un peu étrange (mais pas inquiétante) et assez drôle ; j'ai également beaucoup aimé la résolution : elle est absolument sans surprise (on retrouve la pince à ongles) mais je trouve que c'est justement une des forces du film puisque l'intrigue est très mince et le ton relativement ironique : c'est un peu un équivalent de la clef du sonnet sur le plan de l'ironie, un équivalent narratif du "(!)" ; en tout cas, ce court est vraiment plaisant.

The Dream team



Pas un grand film à proprement parler, mais tellement réjouissant.

Darius Marder : Sound of metal        2019

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Ce film est le premier long-métrage du réalisateur américain Darius Marder, il nous raconte la surdité soudaine d'un batteur et ses conséquences. J'ai été agréablement surpris par le film qui évite un certain nombre d'écueils, tout d'abord dans la manière de montrer la surdité : le film aurait pu viser de façon totale la sortie de la surdité du personnage principal (en mettant l'accent sur le fait que c'est un musicien) mais le film ne s'engouffre pas du tout dans cette trajectoire convenue ; au contraire, même si sa première réaction est de vouloir corriger à tout prix sa surdité soudaine pour pouvoir continuer sa tournée avec sa femme chanteuse, il va ensuite suivre une trajectoire plutôt initiatique (apprentissage de la langue des signes, découverte des différents appareils). Pour donner une réalité sensible à cette expérience de la surdité, le film va proposer pas mal de séquences où l'on entendra à travers les oreilles du personnage principal (tous les sons sont comme écrasés) et c'est à mon avis, avec son traitement non validiste de la surdité, ses points distinctifs. J'ai également beaucoup aimé le jeu (très Actors Studio - il a joué certaines scènes avec des générateurs de bruit blanc dans ses oreilles) de Riz Ahmed qui joue le personnage principal. Je suis cependant un peu plus dubitatif sur le parallèle entre le passé d'héroïnomane du personnage principal et sa difficulté à accepter qu'il est sourd - quitte à se faire poser un appareil archaïquement moderne qui lui rend une audition complètement bruitée. Enfin bon, de manière globale, ça reste tout de même véritablement de bonne tenue - surtout que c'est un premier long-métrage.

Je l'ai depuis quelques mois (achat VOD), mais le soir, au moment de choisir un film, je n'arrive jamais à me convaincre de lancer celui-là car j'ai peur de déprimer

Wes Anderson, The French Dispatch
J'ai l'impression qu'avec ce film, il a fait pas mal de déçus. Moi j'ai continué à bien marcher à la vision du bonhomme (quelques longueurs tout de même dans certaines histoires, sinon j'aurais mis la note maximale).

Sébastien Marnier : Irréprochable        2016


J'avais découvert Sébastien Marnier par son deuxième long-métrage (L'heure de la sortie) que je n'avais pas trouvé parfait mais j'avais beaucoup aimé l'ambiance un peu inquiète qui s'en dégageait notamment à cause de la faible dissipation de l'information. Irréprochable est son premier long-métrage et on y trouve déjà ce sens de l'atmosphère (c'est par ailleurs également un thriller sur un (léger) fond social) ; on y suit Constance (!), une femme quittant Paris car elle ne parvient plus à y vivre, elle rejoint alors la ville où elle vivait avant et espère reprendre son ancien travail en tant qu'agente immobilière, elle candidate mais son ancien patron lui préfère une candidate plus jeune ; s'ensuit une tentative de rapprochement avec la candidate en question. En premier lieu, je crois que si le film ne sombre pas dans quelque chose de complètement improbable, c'est grâce à Marina Foïs qui est vraiment remarquable, elle arrive à vraiment transmettre cet aspect sur-le-fil-du-rasoir de son personnage (manifeste dans la couleur de ses cheveux avec sa raie noire transversale ; du coup, c'est assez amusant qu'elle s'appelle Constance) et arrive à rendre crédible les scènes plutôt amicales ; avec cette composition remarquable, elle permet au film de maintenir la tension jusqu'au craquage (dont on sait qu'il va forcément arriver) et est d'ailleurs accompagnée par les faux amorçages du film (je pense notamment à cette scène où elle veut prendre en filature la nouvelle agente mais qu'elle croise une amie qu'elle n'avait pas vue depuis belle lurette : on pourrait imaginer qu'elle lui dirait "je dois y aller, là" et qu'elle parte en trombe mais en fait, elle continue la discussion tranquillement). Malgré certaines qualités d'écriture et la performance de Foïs, je n'ai été complètement convaincu car j'ai trouvé le film finalement assez restreint (surtout dans un genre aussi banal que le thriller psychologique obsessionnel - on pense pas mal à Chabrol).

David Cronenberg : The fly        1986

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Ce film est une autre adaptation (plus connue) de la nouvelle homonyme de Langelaan - la précédente ayant été réalisée presque trente ans auparavant par Kurt Neumann, elle a d'ailleurs bénéficié de deux suites. L'histoire est assez simple : un scientifique solitaire rencontre dans une sorte de salon d'exposition une journaliste pour un magasine scientifique, il lui présente une invention qui va révolutionner le monde, elle s'appelle le telepod et permet (comme son nom l'indique) de téléporter des choses entre deux cabines ; il a déjà réussi à téléporter des objets inanimés mais obtient des résultats étranges avec des créatures vivante ; un jour, il décide de tenter l'expérience lui-même sauf qu'une mouche vient s'immiscer dans la cabine. Le propos du film en tant que tel ne m'a pas tellement intéressé parce que c'est vraiment : finitude/arbitraire de la machine vs. infinie complexité de l'homme - c'est assez clair dans l'explication proposée par le scientifique du fait que la téléportation échoue avec les créatures vivantes : il dit que la machine traduit les données et du coup, à cause de la perte, n'arrive pas à recréer la créature à l'identique - et puis le personnage principal appartient parfaitement au cliché du savant-solitaire-génial, c'est-à-dire une vision complètement flinguée de la recherche ; bon, après, j'exagère un peu car il me semble que le film date de la fin des années cinquante donc à l'époque, ces deux points étaient sans doute moins des banalités que maintenant ; soit dit en passant, on comprend pourquoi l'adaptation a été confiée à Cronenberg (apparemment, elle devait initialement être confiée à Tim Burton) mais d'un autre côté, je trouve que le propos est sensiblement différent du genre de propos que l'on trouve habituellement dans les films de Cronenberg (le propos est soit très axé sur l'hybridation du corps et des nouvelles technologies ou soit (en général) assez anti-capitaliste au sens large). Au-delà de ça, c'est un détail mais j'ai aimé le générique, j'ai aussi trouvé assez bluffant le travail sur les costumes, la mouche et toutes ces choses (la scène finale est tout de même un sommet de dégueulasserie organique) et du point de vue narratif, j'ai bien aimé le dévoilement très progressif de l'hybridation avec la mouche (c'est d'abord suggéré sur le plan sonore puis visuellement et enfin, la transformation se fait) : avant de voir le film, je pensais qu'au moment de la tentative de téléportation, on allait nous montrer qu'une mouche était rentrée dans la cabine, que la téléportation allait fusionner les deux, recréant une créature hybride bizarre et qu'on allait suivre les conséquences de cette hybridation accidentelle ; c'est bien mieux que ça n'ait pas été raconté comme ça.

Hélène Cattet & Bruno Forzani : Amer        2009

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Il y avait déjà longtemps que je voulais découvrir la filmographie du couple Cattet/Forzani notamment parce qu'on m'avait dit qu'ils étaient très inspirés par le giallo - et moi, ça, j'aime bien. Il s'agit ici de leur premier long-métrage et c'est effectivement très inspiré par le giallo : on suit Ana à travers trois âges de sa vie selon un axe typiquement giallesque type Le venin de la peur de Fulci ; en fait, ce film est vraiment un post-giallo au sens où on a vraiment l'impression qu'il convoque toutes les configurations situationnelles du giallo en tant que base et produit, comme par évaporation, une sorte de film-résultante qui viendrait de l'entremêlement de toutes ces configurations évaporées ; pour moi, le procédé est du même ordre de L'homme à la caméra de Vertov en remplaçant le montage par le genre - ou de Malina de Schroeter en remplaçant la dramaturgie par le genre ; ça ne veut pas du tout dire la même chose, du coup, bien sûr mais je trouve qu'on retrouve cette matrice de film périphérique (au sens où ici, on n'a que très peu de scènes iconiques du giallo du type scène (parfois grandguignolesques) de meurtre avec effusion de violence). Le résultat est assez saisissant de ce point de vue (et visuellement, c'est quand même très beau) et je crois que le fait qu'il n'y ait quasiment pas de dialogues rend le film encore davantage tout tendu vers son caractère périphérique - je suis sûr que Roland Barthes aurait beaucoup aimé ce film - mais malgré cet aspect très intéressant, je trouve que le film est loin d'être parfait : déjà, je n'ai pas beaucoup aimé le jeu des acteurices (même s'ils n'ont pas grand-chose à jouer) ; ensuite, je trouve le film un peu limité (il aurait dû pousser son caractère périphérique plus loin, le ramifier) et j'aurais aimé que le film soit un peu critique vis-à-vis de cet héritage (assez problématique, je trouve) du giallo où les femmes (souvent jeunes) sont hypersexualisées. Pour donner une idée du résultat, vous prenez un film de Carlos Saura genre Cria cuervos (je pense que ce n'est pas un hasard si le personnage principal se prénomme Ana) et vous le mélangez avec un giallo, vous obtiendrez une idée assez juste de ce film. En tout cas, curieux de voir leur deux autres longs-métrages.

C'est peut-être mon choc ciné de l'année dernière.
Du cinéma vraiment différent, vraiment original.

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